Dictionnaire de la Bible/Tome 2.2.a DA'AH-ECCHELLENSIS - Wikisource (2024)

Fulcran Vigouroux

Dictionnaire de la Bible

Letouzey et Ané, (Volume II,p.1195-1196-1533-1534).

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D

D, quatrième lettre de l’alphabet hébreu. Voir Daleth.


DÂ’ÂH, mot hébreu qui vient du verbe dâ’âh, «voler,» et qui désigne un oiseau de proie rangé parmiles animaux impurs. Lev., xi, 14. Dans le passage parallèle, Deut., xiv, 13, ce nom est remplacé par râ’âh, quivient du verbe râ’âh, «voir.» Dans les deux cas, les Septante traduisent par γύψ, «vautour;» la Vulgate rend lepremier mot par milvus et le second par ixion. Faut-ilvoir dans dà’âh et dans râ’âh deux noms différents dumême oiseau, considéré tantôt à raison de son vol, tantôtà raison de sa vue, comme le croient quelques interprètes?Ou bien faut-il supposer une faute de copiste, par suitede la confusion si facile et si fréquente entre les deuxlettres daleth, ד, et resch, ר? C’est ce que donnerait à penser le texte samaritain, qui dans les deux cas lit dâ’âh. Voir plusieurs cas de la confusion entre le daleth, ד, et le resch, ר, dans Rosenmüller, Scholia in Leviticum, Leipzig, 1798, p. 63. Gesenius, Thesaurus, p. 309, 1247, incline à croire qu’il faudrait lire dâ’âh dans les deuxpassages. C’était aussi l’avis de Bochart, Hierozoicon, Leipzig, 1793, t. ii, p. 777, qui pensait qu’un nom d’oiseautire plus convenablement son étymologie du verbe quisignifie «voler» que de celui qui signifie «voir» Rosenmüller, loc. cit., rapproche de dâ’âh le nom arabe du milan, hida. D’autre part, Tristram, The natural history of the Bible. Londres, 1889, p. 186, ne fait aucune mention du dà’âh, et s’en tient au râ’âh du Deutéronome, qui désigne probablement le busard. Voir Busard. Il estprobable que les deux mots dà’âh et râ’âh doivent êtreramenés à la même leçon. La place qu’ils occupent dansles deux passages parallèles montre assez qu’ils désignentdes oiseaux de proie à peu près semblables et faciles àprendre l’un pour l’autre. Si le râ’âh peut s’identifier avecle busard, le dâ’âh désignerait le milan ou le vautour.Voir Milan, Vautour. Aquila, Deut., xiv, 13, a traduit râ’âh par ἴξος, et la Vulgate par ixion. Ces deux mots n’ont le sens d’oiseau ni en grec ni en latin. Leur emploi prouve que les traducteurs n’ont pu saisir la signification du mot hébreu.

H. Lesêtre.

En cours


DABÉRETH (hébreu: had-Dâberat, avec l’article, Jos., xix, 12; Dâberaf, Jos., xxi, 28; Dobrat, I Par., vi, 57f Vulgate, 72]; Septante: Δαβιρώθ; Δαβράθ, dans le Codex Atexandrinus et plusieurs autres manuscrits, Jos., xix, 12; τὴν Δεββά; Codex Alexandrinus: Δεβράθ, Jos., xxi, 28; τὴν Δεβερὶ… καὶ τὴν Δαβώρ, répétition fautive, I Par., vi, 72), ville située sur les frontières de Zabulon, Jos., xix, 12; mais attribuée à Issachar, Jos., xxi, 28; I Par., vi, 72, où elle est comptée parmi les cités lévitiques données aux fils de Gerson. C’est sans doute «le village de Dabaritta», Δαβάριττα, Δαβαρίττῶν κώμη, mentionné par Josèphe, «à l’extrême frontière de Galilée, dans la grande plaine» d’Esdrelon, Bell. jud., Il, xxi, 3; Vita, 62. Reland, Palseslina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 737, nie sans raisons suffisantes cette assimilation, admise par les auteurs modernes. C’est aussi la localité appelée Dabalarfah par le Talmud de Jérusalem, Orlali, 1, 1; cf. A. Neubauer, La Géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 265. Eusèbe et saint Jérôme, Ononmsiica sacra, Goetlingue, 1870, p. 116, 250, la nomment également Δαβράθ, Dabrath; mais elle doit en même temps correspondre à Δαβειρά, Dabira, «bourg des Juifs,» qu’ils signalent «sur le [au pied du] mont Thabor, dans la région de Diocésarée»; Sepphoris, aujourd’hui Sejfouriijéh, au nord deNazareth), p. 115, 250. Ces diverses identifications jointesà celles de l’Écriture, qui place Dabérelh sur la limitedes deux tribus de Zabulon et d’Issachar, et dans le voisinage de Céseleth Thabor (Ihsdl), nous amènent à reconnaître avec certitude la cité biblique dans le villageactuel de Debouriyéh, à l’ouest et au pied du Thabor.L’arabe دبورية, Debûriyéh, reproduit exactement l’hébreu דָֽבְרַת, Dâberaṭ, sauf la différence des deux terminaisons féminines. Les écrivains du moyen âge ont défiguré le nom en retranchant la première syllabe; maisBuria ou Bourie, situé près de Naïm et de la montagnede la Transfiguration, désigne bien le même endroit.Cf. Les chemins et les pèlerinages de la Terre Sainte(avant 1265), dans les Itinéraires français publiés parla Société de l’Orient latin, Genève, 1882, t. iii, p. 197.» Ce village [Debouriyéh], peu considérable, est assisen amphithéâtre sur différents monticules au bas duThabor. Des jardins bordés de cactus l’environnent. Onremarque au milieu des maisons les restes d’un ancienédifice, mesurant vingt-deux pas de long sur dix de largeet orienté de l’ouest à l’est. Il avait été construit enpierres dé taille, et un certain nombre d’assises sontencore debout. L’intérieur est actuellement occupé parune habitation particulière et par une écurie, au-dessusdesquelles s’élève le medafeh ou maison affectée à laréception des étrangers. Tout porte à croire, à-cause deson orientation, que cet édifice était jadis une église chrétienne. Dans ce cas, il aurait été probablement bâti àl’endroit où Notre —Seigneur guérit un possédé du démonet en souvenir de cet événement… C’est à Daberalh que, d’après une tradition très accréditée, les neuf apôtresattendirent Notre —Seigneur, pendant qu’avec Pierre, Jacques et Jean, son frère, il gravit le Thabor et s’ytransfigura en la présence de ces trois disciples privilégiés. En redescendant de la montagne, le Sauveur rejoignit en cet endroit ses autres disciples, et guérit devanteux un jeune homme possédé d’un démon qu’ils n’avaientpu chasser eux-mêmes. Matth., xvii, 14-17; Marc, ix, 16-26; Luc, ix, 38-43.» V. Guérin, Galilée, 1. 1, p. 141, 14’2.— Lors de la conquête de Chanaan par les Israélites, Dabéreth devait avoir une certaine importance, puisqu’elleest mentionnée, I Par., vi, 72, «avec ses faubourgs,» c’est-à-dire des hameaux voisins placés sous sa dépendance. Elle marque exactement la limite de Zabulon versle sud-est.

A. Legendre.


DABIR, nom d’un roi d’Églon et. de deux villes situées, l’une à l’ouest du Jourdain, appartenant à la tribu deJuda; l’autre à l’est, de la tribu de Gad.

1. DABIR (hébreu: Debîr; Septante, Δαβίν; Codex Alexandrinus: Δαβείρ), roi d’Églon, auquel Adonisé-

dech, roi de Jérusalem, demanda du secours pour attaquerGabaon, qui avait passé du côté de Josué. AvecAdonisédech et trois autres rois alliés il fut pris, mis àmort et pendu. Josué, x, 3, 23.

2. DABIR (hébreu: Debir, défectivement écrit, Jos., xi, 21; xir, 13; xv, 15, 49; xxi, 15; pleinement écrit, Jud., 1, 11; I Par., vi, 43 [Vulgate, 58]; Debirâh, avec hélocal, Jos., x, 38, 39; Septante: Aaêîp; Codex Alexandrinus: Aa6eip), ville royale chananéenne, Jos., xii, 13, habitée par les Énacim, Jos., xi, 21; prise par Josué, x, 38, 39; xii, 13, et par Othoniel, Jos., xv, 15; Jud., i, 11; assignée à la tribu de Juda et rangée parmi les villes de «la montagne», Jos., xv, 49; donnée «avec ses faubourgs» aux enfants d’Aaron, Jos., xxi, 15; I Par., vi, 58; primitivement appelée Cariath-Sépher, Jos., xv, 15; Jud., I, 11, et Cariathsenna, Jos., xv, 49.

I. Nom. — L’hébreu debir signifie «la partie la plusreculée» d’un édifice, d’un temple; cf. Gesenius, Thésaurus, p. 318. C’est le nom que portait le Saint dessaints dans le tabernacle de Moïse et dans le Temple deSalomon. NI Reg., vi, 5, 19-22; viii, 6, 8, etc. Aussiquelques auteurs, comme A. H. Sayce, La lumière nouvelleapportée par les monuments anciens, trad. franc., in-8°, Paris, 1888, p. 126, appliquent-ils à l’antique citébiblique le titre de «sanctuaire», qui rappelle celui deCadès, «la ville sainte.» D’autres, rattachant le mot à la racinedâbar, «parler,» voient plutôt ici le sens de «parole, oracle», et veulent rapprocher cette étymologie de cellede Cariath-Sépher, hébreu: Qiryaf-Sêfér, «ville du livre,» cherchant parfois dans d’autres langues certains pointsde comparaison plus ou moins problématiques. Cf. PalestineExploration Fund, Quarterly Statement, 1888, p. 282; J. Furst, Hebrâisches Handworterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 281. Il convient de ne pas trop insister surces sortes d’explications. Ce qu’il y a de certain, c’est quenon seulement le vocabulaire, mais la tradition et l’histoire, donnent un réel fondement à l’interprétation deCariath-Sépher, la mSXi; Ypajijiâtwv des Septante, la civitaslitterarum de la Vulgate, la «ville des archives» de laparaphrase chaldaïque. Voir Cariath-Sépher et Cariathsenna, t. ii, col. 278.

II. Identification. — L’emplacement de Dabir n’estpas encore connu d’une manière certaine. Pour le fixer, au moins approximativement, examinons d’abord les indicationsde l’Écriture. Cette ville se trouvait dans la contrée «montagneuse» de la Palestine «méridionale», dontHébron occupe un des points culminants. Jos., x, 36-39; Xi, 21; xii, 13. L’ensemble du groupe auquel elle appartientdans la tribu de Juda, Jos., xv, 48-51, détermineparfaitement le rayon dans lequel nous la devons chercher; c’est le preinier de «la montagne», comprenantles localités suivantes, dont la plupart sont bien identifiées: Samir (aujourd’hui Khirbet Sômerah, au sud-ouestd’Hébron), Jéther (Khivbet’Attir), Socoth (KhirbetSchouéikéh), Anab (’Anab), Istemo (Es-Semou’a), Anim(Gliououéin et Fôqâ ou’et-Tahta). Elle est citée entreHébron et Anab, Jos., xi, 21; Danna (inconnue.) et Anab, Jos., xv, 49-50; Ilolon (inconnue) et Ain (voir Ain 2, t. i, col. 315), Jos., xxi, 15-16. Voir la carte de la tribude Juda. Elle devait être dans une position importanteet d’un siège difficile, puisque Caleb, pour stimuler le couragede ses gens, promit sa fille Axa en mariage à celuiqui réussirait à s’emparer de la place. Jos., xv, 16; Jud., I, 12. L’eau était peu abondante sur son territoire, carOthoniel, après l’avoir reçu comme prix de sa victoire, eut soin de faire demander un sol mieux pourvu et plusfertile. Axa dit donc à son père: «Vous m’avez donnéune terre au midi et desséchée; ajoutez-en une autrebien arrosée. Caleb lui donna donc en haut et en basdes lieux arrosés d’eau» (hébreu: «des sources supérieureset inférieures» ). Jos., xv, 19; Jud., i, 15. Il s’agitsans dgute de champs situés sur le flanc d’une colline ou

dans une vallée, et possédant à différente niveaux dessources d’eaux vives; ils devaient être dans les paragesde Dabir.

C’est sur ces bases qu’ont été établies les trois hypothèsessuivantes. — 1° Le D r Rosen, dans la Zeitschriftdes deutschen morgenlândischen Gesellschaft, 1857, t. ii, p. 50-64, a cru retrouver l’emplacement de la ville, à cinqquarts d’heure à l’ouest d’Hébron, sur une haute collinetrès abrupte, dont le nom Daouirbdn lui semble unealtération de celui de Debir. VAïn Nunkûr (ou plutôtUnqur, selon la carte anglaise du Palestine ExplorationFund), descendant d’un petit plateau dans une riante et.fertile vallée, représenterait, d’après lui, les «sourcessupérieures et inférieures» signalées dans le texte sacré.Cette position expliquerait aussi l’expression dont se sert, la Bible à propos de la conquête de Josué, qui, d’Églon(Khirbet’Adjlân) marchant en droite ligne sur Hébron, «revint ensuite à Dabir,» Jos., x, 36-38, ce qui permetde supposer que cette dernière ville était sur la route dela première à la seconde, et par là même à l’ouest decelle-ci. Il est facile de répondre, d’abord, que le rapprochemententre les deux noms n’offre aucun fondementsolide. Ensuite, le groupe auquel appartient notreantique cité, Jos., xv, 48-51, marque sa place non pasaux environs immédiats ni à l’ouest d’Hébron, mais plusbas vers le sud. Enfin l’hébreu sûb, «retourner,» ne signifiepas nécessairement «revenir sur ses pas»; il indiquesimplement un «détour», un changement de direction, et c’est ce que fit Josué en «tournant» au sud pour venirattaquer Dabir: Ajoutons à ces raisons, avec M.V. Guérin, Judée, t. iii, p. 264, 266, l’absence de ruines tant soitpeu considérables sur la colline de Daoulrbân, bien quela cité chananéenne ait pu, comme beaucoup d’autresjadis importantes, en Palestine, être presque effacée dusol. Il n’y a plus là que quelques tombeaux creusés dansle roc et divers amas de pierres qui peuvent provenir deconstructions démolies. Le terrain a été, en effet, depuisbien des siècles sans doute, livré à la culture et envahipar des plantations de vignes.

2° Van deVelde, Memoir to accompany the map oftheHoly Land, Gotha, 1858, p. 307, adopte une autre conjecture, en cherchant, avec le D r Stewart, la ville de Dabirau Khirbet Dilbéh, situé sur le sommet d’une colline, aunord de Youadi Dilbéh, à deux heures au sud-ouestd’Hébron. La conformité du nom avec celui de la villeancienne, l’existence d’une belle source dont les eauxdescendent par un conduit jusqu’à un réservoir appeléBirkét edDilbéh, au pied de la colline, enfin les ruineséparses au milieu des broussailles sur la hauteur quidomine le bassin: telles sont les raisons invoquées enfaveur de cette hypothèse, auxquelles on ajoute la proximitéd’Hébron et d’Anab. L’ouadi Dilbéh est peut-êtreVouadi Dibir que R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 59, signale, d’après lesArabes, au sud-ouest d’Hébron. Cette opinion est admise, mais. non sans réserve, par Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 88; Riehm, Handworterbuch des biblischen Altertunis, Leipzig, 1884, 1. 1, p. 265; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1889, t. ii, p. 43, etc. Elle paraît très problématique àM. V. Guérin, Judée, p. 265-266. «D’abord, dit-il, lesruines de Delbéh (Dilbéh) sont seulement celles d’unsimple village et non point d’une ville de l’importancede Dabir, dont la conquête, regardée sans doute commedifficile, valut à Othoniel la main d’Axa, fille de Caleb.En second lieu, le mot Delbéh n’a qu’un rapport assezéloigné avec celui de Dabir. Enfin, si l’Ain Delbéh dérived’un peu plus haut avant d’aboutir au réservoir mentionné, sa position n’explique pas le verset de Jos., xv, 19.Ces expressions irriguum superius et inferius… fontsupposer un plateau et une vallée ou bien deux vallées, l’une haute, l’autre plus basse, arrosées soit par dessources différentes, soit par la même source s’écoulantde la première vallée dans la seconde. Or l’Ain Delbéh U99

DABlîl

1200

semble sortir des flancs inférieurs de la colline dont lespentes sont couvertes par les ruines du Khirbet Delbéh, et cette source ne fertilise que la vallée au milieu delaquelle est le birket en question

3° Une troisième hypothèse, adoptée par les explorateursanglais, place Dabir plus bas encore, à quatre oucinq heures au sud-ouest d’Hébron, au village d’edh-Dhâherîyéh.Cf. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand places in the Old and New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 49. Ce village, situé sur un plateaurocheux, visible d’une assez grande distance dans toutesles directions, occupe une position remarquable. Plusieursmaisons sont bâties avec de beaux matériaux, provenantd’anciennes constructions; quelques-unes mêmeparaissent dater, soit en totalité, soit seulement dansleurs assises inférieures, de l’époque romaine. On y remarqueun ouali construit, du moins en partie, avec desblocs antiques équarris avec soin, et un édifice carré, mesurant seize pas sur chaque face et bâti en bellespierres de taille, avec un soubassem*nt en talus. II renfermeplusieurs compartiments voûtés, en pierres fortbien appareillées; c’est actuellement l’habitation d’un desscheikhs du village. Sur la colline et aux alentours, ontrouve de nombreuses citernes, des tombeaux et des pressoirscreusés dans le roc, des caveaux qui servent encoreaux besoins des habitants. Ce bourg semble appartenirà la ligne des petites forteresses qui apparemment existaientautrefois le long de la frontière méridionale dePalestine. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 361; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. î, p. 211; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 402, 406-407. Cette opinion s’appuiesur les raisons suivantes. — 1° On a cherché un

rapprochement entre les deux noms: <Jo» AUi, Zâheriyéh(doybLô, Dâherîyéh, d’après V. Guérin), et ~ai, Debir, mai, Debir&h. Le premier ne serait-il point une corruptiondu second? On peut encore admettre le changementdu i, daleth hébreu, en la lettre emphatiquearabe jâ, et surtout en dâd; mais le remplacement du a, beth, par l’aspirée ha est inoins facile à expliquer.Quelques auteurs ont cru trouver une certaine similitudede sens entre les deux mots; mais leur interprétationnous paraît plus subtile que fondée. Cf. Keil, Josua, p. 88, note 1; Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 402. Ce premier argument philologique ne serait doncpas, à notre avis, suffisant pour établir l’identification.

— 2° Le second a, pour nous, une tout autre portée: EdhDhâheriyéh rentre parfaitement dans le territoireoù l’énumération de Josué, xv, 48-51, circonscrit legroupe dont fait partie Dabir, et dont nous avons plushaut rappelé les principaux points. Il suffit de jeter uncoup d’oeil sur la carte pour saisir l’exactitude de cedétail, et, quand on connaît l’ordre ordinairement précisqu’a suivi l’auteur sacré dans ses listes, on ne peut guèren’être pas frappé par cette raison. — 3° La position dece village correspond à l’importance que l’Écriture attribueà l’antique cité chananéenne. La colline sur laquelleil est assis forme le centre d’où partent plusieurs routesanciennes, par lesquelles Dabir communiquait avec lesvilles qui en dépendaient. Ces routes vont ainsi versKhirbet Zânoûta (Zanoé) et Khirbet’Attir (Jether) ausud - est; vers Khirbet Schouéikéh ( Socoth) et Es-Semou’a(Istemo) à l’est; vers’Anâb (Anab) à l’ouest; Bir-es-Séba’(Bersabée) au sud, et Hébron au nord, tous chemins fréquentés dans les temps les plus reculés.D’un autre côté, les excavations pratiquées dans le rocsont en Palestine de sûrs vestiges d’antiquité. — 4° Lanature du sol représente bien cette «terre desséchée», qui était loin de satisfaire Othoniel et Axa. Jos., XV, 19.Les environs paraissent nus et stériles; les roches calcairessortent en larges blocs des flancs et du sommet

des collines, donnant au paysage une teinte blanchâtre.L’eau n’est fournie que par la pluie du ciel: aucunesource de quelque importance; pas d’arbres; quelqueschamps de blé seulement au fond d’étroites vallées. Ceterrain n’est guère favorable qu’aux troupeaux, qui ytrouvent de bons pâturages. — 5° Mais, dans ces conditions, où placer «les sources supérieures et inférieures» ajoutées par Caleb au patrimoine de sa fille? Rien n’indiquedans le texte sacré qu’elles fussent nécessairementauprès de Dabir. Il suffit de les trouver dans les environs, dans le district montagneux d’Hébron appelé «lemidi de Caleb». I Reg., xxx, 14. Voir Caleb 4. On peutles reconnaître dans VOuadi ed-Dilbéh, dont nous avonsdéjà parlé, mais en le prenant dans toute son étendue.Il y a là une provision d’eau assez rare en Palestine, etplus extraordinaire encore dans le négéb ou a le midi».Du haut en bas de la vallée, on rencontre des sourcesassez abondantes pour représenter la «terre bien arrosée», réclamée par Axa. On en compte jusqu’à quatorze, divisées en trois groupes. Le premier comprend: ’Ainel Mddjour, ’Ain et Fouréidis, ’Ain Abou Khelt, ’AinSchekhâkh Abou Thôr, et une autre plus petite, ’AinAbou Saif, sur la pente du Ras et Biâth, au sud deDoura; le second: ’Ain ed-Dilbéh, ’Aïn el-Hedjari, et trois autres plus petites, situées dans une large valléeet s’écoulant dans le torrent; la plus forte est’Ain ed-Dilbéh, qui alimente un petit réservoir. L’ouadi, quittantla direction de l’est, tourne au sud et s’avance vers letroisième groupe, composé d’'Aïn et Foûouâr et de troisautres moins importantes. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 302, et la grande carte, Londres, 1880, feuille xxi. Les arguments que nous venons d’apporternous semblent donner à l’hypothèse une assezgrande probabilité. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1875, p. 48-56.

III. Histoire. — L’importance historique de Dabir necorrespond pas à son importance topographique ou àcelle qu’elle avait au début de l’histoire israélite; tout seborne pour elle à cette époque et à la période chananéenne.Ville royale, Josué marcha droit sur elle aprèsla conquête d’Hébron; «il la prit et la ravagea; il en fitaussi passer le roi au fil de l’épée avec tout ce qui setrouva dans la place et dans les villes d’alentour, sans yrien épargner.» Jos., x, 38, 39; xii, 13. Il extermina lesÉnacim qui l’habitaient. Jos., xi, 21. Mais, comme cetterace de géants était restée encore assez nombreuse dansle pays philistin, à Gaza, Geth et Azot, Jos., xi, 22, il estprobable qu’elle reprit possession de l’antique cité, pendantque les Hébreux combattaient les Chananéens dunord. Nous voyons, en effet, Caleb, qui avait obtenu ceterritoire en partage, Jos., xiv, 12-15, «marcher vers leshabitants de Dabir, appelée auparavant Cariath-Sépher,» et s’en emparer par la valeur d’Othoniel. Jos., xv, 15-17; Jud., i, 11-13. Assignée à la tribu de Juda, Jos., xv, 49, elle devint ville sacerdotale. Jos., xxi, 15; I Par., vi, 58.Après cela elle tombe complètement dans l’oubli: Eusèbeet saint Jérôme, qui résument son histoire, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 115, 250, ignorent son emplacement.A. Leoendre.

3. DABIR (hébreu: Debir; on le trouve pleinementécrit dans un certain nombre de manuscrits, cf. B. Kennicott, Vet. Test. heb. cum variis lect., Oxford, 1776, t. i, p. 463; Septante: Aacëûv; Codex Alexandrinus: àaêtlp), ville frontière de la tribu de Gad, à l’orient duJourdain. Jos., xiii, 26. L’hébreu porte: naib boj-jy, ’ad-gebûl Lidbir, «jusqu’à la frontière de Lidbir;» onne saurait, en effet, prendre ici le b, lamed, pour unpréfixe; voir la même locution dans ce chap. xiii, 3, 10, et ailleurs. Mais un copiste n’aurait-il point par erreurrépété devant Debir là dernière lettre du mot précédent, gebûl? Quelques-uns l’ont cru. Cf. E. F. C. Rosenmùller,

Scholia in Vet. Test., Josua, Leipzig, 1833, p. 255.A part la paraphrase chaldaïque, qui offre la même leçonLidbîr, les autres versions anciennes, Septante, Vulgate, Peschito (Dobir), arabe (Doubîra’), semblent donnerraison à cette hypothèse. D’un autre côté cependant, onne trouve aucune variante sous ce rapport dans les manuscritshébreux. Aussi a-t-on généralement supposé queLidbir était identique à Lodabar, hébreu isilb, Lôdebâr, iniNS, Lô’debâr, localité transjordanienne, dont il

est question II Reg., ix, 4, 5; xvii, 27. Cf. Reland, Pàlxstina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 734; Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 109; F. de Hummelauer, Comment, in lib.Samuelis, Paris, 1886, p. 335, etc. Voir Lodabar.

A. Legendre.

    1. DABRI##

DABRI (hébreu: Bibri; Septante: Aagpd), Danite, père de Salumith, la mère de cet Israélite qui fut lapidédans le désert du Sinaï pour avoir blasphémé le nom deJéhovah. Lévit., xxiv, 11.

    1. DACUS##

DACUS, insecte de l’ordre des diptères et de lafamille des athéricères. Il existe plusieurs espèces dedacus, dont la plus importante est celle du dacus oleseou dacus des olives (fig. 459). Cette mouche, moitié moins

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459. — Dacus de l’olive.

En bas, à gauche, olive entière, et, à droite, olive coupée

par le milieu, l’une et l’autre ravagées par le dacus.

grosse que notre mouche commune, a la tête jaune, le dosgris et les ailes à reflets de diverses couleurs. Ces ailesdemeurent habituellement étendues, et l’insecte sautilleplutôt qu’il ne vole. Le dacus exerce les plus désastreuxravages dans les récoltes d’oliviers, et ces ravages sechiffrent par cinq ou six millions de perte, rien qu’enFrance, les années où l’insecte abonde. Quand les olivessont formées, la femelle du dacus vient se poser sur undes fruits, et en perce la peau à l’aide d’un petit dardcontenu dans une espèce de gaine cornée qui caractériseles athéricères. Elle dépose alors un œuf dans le trou, etva ensuite répéter la même opération sur d’autres olives, jusqu’à ce qu’elle ait placé les trois ou quatre cents œufsdont elle dispose. Ces œufs deviennent des larves blanchâtres, qui passent quinze ou seize jours dans la pulpede l’olive et s’y creusent une galerie, aboutissant d’abordau noyau et se rapprochant ensuite de la surface. Lalarve devient alors chrysalide, et douze jours après lamouche est éclose et sort par le trou primitivement forépar la mère. Les pontes commençant au début de l’été, plusieurs générations de dacus ont le temps de se produireet d’exercer leurs ravages avant la fin de l’automne.Voir Guérin-Méneville, Mémoire sur le dacus des olives,

dans la Revue nouvelle, Paris, 15 juillet 1847, — La Biblene nomme pas cet insecte, mais elle parle plusieurs foisde la perte des récoltes d’olives. Deut., xxviii, 40; Ara., iv, 9; Mich., vi, 15; Hab., iii, 17; Agg., ii, 20. Il est présumableque dans bien des cas les olives ont manqué enPalestine par suite de la multiplication du dacus.

H. Lesêtre.

    1. DADAN##

DADAN, nom de deux chefs de tribus, l’un descendantde Cham par Chus et Regma, Gen., x, 7; I Par., i, 9; l’autre descendant de Sem par Abraham et Jecsan. Gen., xxv, 3; I Par., i, 32.

1. DADAN (hébreu: Deddn; Septante: AaSdcv, Gen., x, 7; Codex Vaticanus: ’IouSaSiv; Codex Alexandrinus: AaSiv, I Par., i, 9; Codex Vaticanus.’Poôlcov; Codex Alexandrinus: ’Apaoïmv, Ezech., xxvii, 15, Aou-Sâv, Ezech., xxxviii, 13; Vulgate: Dadan, Gen., x, 7;

I Par., i, 9; Bedan, Ezech., xxvii, 15; xxxviii, 13), secondfils de Regma, descendant lui-même de Cham parChus. Gen., x, 7; I Par., i, 9. Les Septante, du moinsdans un passage, I Par., i, 9, et d’après certains manuscrits, semblent avoir lu pli», Youdedan, avec iod préfixe, au lieu de pn, ve-Dedan. On trouve la même lecturedans Josèphe, Ant. jud., i, VI, 2, qui, de plus, retranchelé noun final, et donne ainsi’IouSaSaç commele père des Judadéens, peuple de l’Ethiopie occidentale.

II est certain qu’il y a eu des Couschites ou fils de Chusau sud de l’Egypte, voir Chus 1, col. 743; mais cettegrande famille, en descendant du berceau primitif del’humanité, a laissé de ses rameaux sur une immenseétendue de pays, depuis le bassin méridional du Tigre etde l’Euphrate jusqu’au Haut-NiL en passant par les bordsdu golfe Persique et de la mer Rouge, vers la pointe sudde l’Arabie. Comme on s’accorde généralement à placerRegma, père de Dadan, sur la rive arabe du golfe Persique, et que plusieurs même placent Soba, son frère, surla côte de l’Oman actuel, on est plus en droit de chercherla tribu dont nous parlons dans la même contrée. «Bedan, dit M. Lenormant, correspond sûrement à l’appellationde Daden, donnée à l’une des îles Bahréïn.» Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., Paris, 1881, t. i, p. 267. C’est ce qu’avaient déjà reconnu S. Bochart, Phaleg, iv, 6, Cæn, 1646, p. 248; Gesenius, Thésaurus, p. 322; Rosenmûller, Scholia in Genesim, Leipzig, 1821, p. 208, etc.’Ce point ainsi déterminé nous permet d’appliquer àcette première famille, plutôt qu’à la suivante, les parolesd’Ézéchiel, dans son oracle contre Tyr, xxvii, 15: «Lesenfants de Dédan trafiquaient avec toi; le commerced’îles nombreuses était dans ta main; on échangeaitcontre tes marchandises des dents d’ivoire et de l’ébène.» Le prophète nous représente ici les Dédanites comme unpeuple commerçant, transportant sur les marchés de Palestineet de Phénicie des objets de provenance étrangère, apportés sur leurs côtes par les vaisseaux, en particulierl’ivoire et l’ébène, que les anciens faisaient venir soit del’Inde, soit de l’Ethiopie. En échange, ils rapportaient deTyr d’autres produits. Les «îles» peuvent indiquer cellesdu golfe Persique ou des rives lointaines. Au lieu de «filsde Dédan», les Septante ont mis: uîol’PoSîmv ou’Apa8(ci)v; le syriaque, Doron. La confusion entre le i, daleth, et le i, resch, se comprend très bien; mais on ne voitpas pourquoi Tyr, avec un port si fréquenté, aurait reçude Rhodes ou d’Arad les richesses de l’Inde, tandisqu’une route toute naturelle et la plus courte pouvaitamener les marchandises à la côte orientale de l’Arabie, pour être de là transportées par les caravanes sur la côteméditerranéenne. — Faut-il également rapporter à cespremiers Dédanites ce qu’Ézéchiel dit, au chap. xxxviii, 13, de «Saba, de Dédan et des marchands de Tharsis s? Cen’est pas sûr. Ces trois noms représentent les peuplescommerçants que mettent en émoi les entreprises guerrièresde Gog. Les deux premiers pourraient désigner les

trafiquants de l’extrême orient aux yeux des Israélites, comme Tharsis désignait pour eux l’extrême occident; mais, d’un autre côté, rien n’indique qu’il ne soit pasquestion ici des Sabéens et Dédanites de l’Arabie méridionaleet septentrionale, également renommés pour leurcommerce, comme nous allons le voir, Dàdan 2.

A. Legendre.

2. DADAN (hébreu: Dedân, Gen., xxv, 3; I Par., i, 32; Jer., xxv, 23; xlix, 8; Ezech., xxvii, 20; Dedânéh, avec hé local, Ezech., xxv, 13; au pluriel, Deddnîm, Is., xxi, 13; Septante: AeSâv, Gen., xxv, 3; AaiSdw, I Par., i, 32; Is., xxi, 13; Jer., xxv, 23; Ezech., xxvii, 20; AaiSau., Jer., xlix, 8; Sswxô’u.evoi, Ezech., xxv, 13; Vulgale: Dadan, Gen., xxv, 3; I Par., i, 32; Dedan, Jer., xxv, 23; xlix, 8; Ezech., xxv, 13; xxvii, 20; Dedanim, Is., xxi, 13), second fils de Jecsan, un des enfantsqu’Abraham eut de Cétura. Gen., xxv, 3; I Par., i, 32.Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gcettingue, 1870, p. 116, 256, plaçaient le peuple qui en descendait «dans l’Idumée, à quatre milles (six kilomètres) au nordde Phana ou Phceno». Ce n’est pas exact; mais ce quiest certain, c’est que la proximité d’Édom est nettementindiquée dans les différents passages prophétiques où ilest question de cette famille. C’est bien d’elle que parleIsaïe, xxi, 13-15, quand il dit:

ꝟ. 13. Oracle sur l’Arabie.

Dans la forêt, au soir, vous ferez votre halte,

Caravanes de Dédan.

ꝟ. 14. Venez au-devant de ceux qui ont soif,

Et portez-leur de l’eau,

Habitants du pays de Tèma.

Venez avee du pain au-devant des fugitifs; t. 15. Car ils fuient devant les glaives,

Devant le glaive menaçant,

Devant l’arc tendu,

Devant la terreur de la guerre.

Le prophète nous montre ici une caravane obligée, pouréchapper à un ennemi qui approche, d’abandonner laroute ordinaire, de camper, de se cacher dans la forêt.Le danger venant du nord, elle s’élance au plus vite dansla direction du midi. Voilà pourquoi l’homme de Dieus’adresse aux habitants de Têma (Vulgate: de la terredu midi), et les exhorte à porter des vivres aux fugitifs, mourant de faim et de soif. Têma est une ville de l’Arabieseptentrionale, située au sud du désert de Néfoud, et ausud-est d’Élath (Akabah). Voir la carte d’Arabie, t. i, col. 858. Jérémie unit de même Dédan à Têma et auxtribus arabes, lorsque, parlant de la coupe de la colèredivine, il dit, xxv, 23-24, qu’il la fit boire, entre autrespeuples:

?. 23. À Dédan, à Tèma, à Buz,

A tous ceux qui se coupent la chevelure,

ꝟ. 24. À tous les rois de l’Arabie,

A tous les rois i du mélange» ( Vulgate: «de l’occident» )qui habitent au désert.

Voir Buz 3, t. i, col. 1982. Le même prophète, qui distingueici Dédan de l’Idumée, xxv, 21, fait allusion plusloin, xlix, 8, au voisinage de cette contrée et aux relationsdes Dédanites avec elle: «Fuyez et tournez le dos, descendez dans les profondeurs, habitants de Dédan, carc’est la ruine d’Ésaù que j’amène sur lui, le temps où jedois le visiter.» Notre tribu est ainsi invitée à cesser toutrapport commercial avec Édom, et même à se cacherjusque sous terre, si elle ne veut point partager sa ruine.C’est ce qui ressort également de l’oracle d’Ézéchiel, xxv, 13:

J’étendrai ma main sur Edom,

J’en exterminerai hommes et bêtes.

J’en ferai un désert depuis Téman ( Vulgate: du côté du midi),

Et jusqu’à Dédan ils tomberont par l’épée.

Et, deux chapitres après, xxvii, 20, l’auteur sacré, distinguant cette peuplade de celle qu’il mentionne au ꝟ. 15, l’associe encore à l’Arabie et à Cédar. Il la représentecomme faisant avec Tyr le trafic des housses de chevaux(Vulgate: tapis pour s’asseoir). De tous ces détails, noustirons la conclusion que le Dédan jecsanite habitait auxconfins du royaume édomite, dans le Hedjaz septentrional, et que le souvenir en est rappelé par la ruine Daïdân, à l’est de Téimâ et au sud-est d’Aïla. Voir Arabie, t. i, col. 861. Plusieurs auteurs pensent que les deux famillescouschite et sémite se sont mêlées par suite d’émigrationset de mariages. Rien d’étonnant à cela, étant donnéle caractère nomade et le rôle commercial de ces tribus.Le nom de Dédan, uni à celui de Saba dans les deuxgénéalogies, se retrouve dans les inscriptions sabéennes.Voir Saba. Dédan eut pour descendants les Assurim, les Latusim et les Loomim. Gen., xxv, 3; 1 Par., i, 32.

Voir ces mots.

A. Legendre.

    1. DAGON##

DAGON (hébreu: Dâgôn; Septante: Aotfwv), dieuprincipal des Philistins, moitié homme moitié poisson.

I. Nom et caractères. — Le nom de Dagon vient dela racine dag, qui signifie «poisson» dans les languessémitiques. Il était le dieu de la force génératrice. Lelivre des Juges et les monuments nous font connaître laforme sous laquelle il était représenté. Malgré les différencesde détails, il apparaît toujours comme un monstre, homme par la partie supérieure et poisson ou animalmarin par l’extrémité inférieure. Sur une médaille, il

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460. — Dagon sur une monnaie d’Ascalon.

Dagon ichthyomorphe, à gauche, tenant une couronne et un

trident. — ^. 4-±. Lion marchant adroite sur des rochers.

est figuré nageant; la queue est celle d’un dauphin, F. Lajard, Recherches sur le culte de Vénus, atlas in-f°, Paris, 1837-1847, pi. xxxiv, n° 20, cf. n° 19; sur uneautre il a des pieds de quadrupède. F. Lajard, Recherches, pi. xxxiv, n° 16. Sur les deux il tient un poissonà la main et paraît au milieu des Ilots. D’autres monumentsle montrent tantôt se terminant en poisson, F. Lajard, Recherches, pi. xxxii, n°! 3, 4, 6, 7 a, 9; tantôtsous une forme purement humaine. Ibid., n os 5, 6, 8.Une médaille d’Ascalon ou d’Azot le représente droit surune queue de dauphin (fig. 460). E. Babelon, Catalogue desmonnaies de la Bibliothèque Nationale; les Achéménides, in-4°, Paris, 1893, pi. viii, fig. 3. Cf. Ohnefalsch Richter, Kypros, die Bibel und Homer, in-4°, Berlin, 1893, p. xcvn. Les monnaies d’Aradus en Phénicie portent l’effigiedu même dieu, mais il a les cheveux nattés en cordeletteset la barbe frisée à l’assyrienne. E. Babelon, Les Achéménides, pi. xxii, fig. 1-9, 23-25. Le type deDagon est, en effet, originaire d’Assyrie. Dagân est nomméparmi les dieux protecteurs des rois assyriens, avec Anou, Western Asia inscriptions, t. iv, 20, 1. 16; 79, 1. 7-8; cf. t. iii, 68, 1. 21; Catalogue de la collection de Clercq, t. i, in-f°, Paris, 1888, p. 188. Le dieu est parfois représentéassistant les prêtres qui offrent des sacrifices. Cataloguede la collection de Clercq, p. 189, n° 343 etpi. xxxii; J. Menant, Glyptique orientale, in-8°, Paris, 1886, p. 51, fig. 6. Sur une plaque de bronze de la collectionde Clercq (fig. 461), Dagon est figuré près d’un mort placésur son lit funèbre; le dieu accomplit les rites de la purification; on le retrouve aussi au pied du lit, se disposantà livrer le défunt à ceux qui doivent le conduire outre

tombe. Ce travail assyrophénicien montre que Dagôn jouaitun rôle important dans les mythes relatifs à la vie future.J. Menant, Glyptique orientale, p. 54, fig. 42. Cf. Clermont-Ganneau, dans la Revue archéologique, 2e série, t. xxxviii, 1879, p. 345. Son culte persista jusque sous la dominationperse. La figure de Dagon se retrouve en effet surl’empreinte d’un cachet apposé à un contrat passé à Babylone, en 500, sous Darius, fils d’Hystaspe. J. Menant, Glyptique orientale, p. 50. M. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, t. ii, gr. in-8°, Paris, 1897, p. 167, 170, n" 2, appelle le dieu-poisson assyrophénicien: le Baal marin. Dans la cosmogonie chaldéenne, il est souvent question de dieux moitié homme moitiépoisson. Bérose, i, dans Eusèbe, Chronic., i, 2, t. xix, col. 109-112; cf. Fragm. histor. grsec, édit. Didot, t. ii, p. 496, dit que la première année du monde Oannèssortit de la mer Erythrée. Il avait tout le corps d’unpoisson; mais au-dessous de sa tête de poisson il avaitune tête humaine. Des pieds d’homme sortaient de saqueue de poisson. Cet Oannès vivait pendant le jour

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461. — Dagon des deux côtés d’un Ut funèbre.

au milieu des hommes, et la nuit il rentrait dans lesflots. Dans le récit qu’il a laissé de la création et queBérose a recueilli, il est plusieurs fois question d’hommespoissons.Bérose, i, fragm. 6, Fragm. hist. grsec, t. ii, p. 500. Cf. Fr. Lenormant, Essai de commentaire surBérose, in-8°, Paris, 1871, p. Il et 12. Les monumentsle représentent à peu près tel que le décrit Bérose; loufoison voit apparaître une queue d’aigle sous la queuede poisson, et la tête d’homme est, pour ainsi dire, coifféede la tête de poisson. Layard, Discoveries in the ruinsof Nineveh, in-8°, Londres, 1853, p. 350; F. Lajard, Introduction à l’étude du culte public de Mithra enOrient et en Occident, atlas in-f°, Paris, 1848, pi. xvi, n° 4; Ohucfalsch Bichter, ouvr. cité, pi. xcvn. Bérose, i, fragm. 5, Fragm. hist. grsec, t. ii, p. 496, parle d’unautre monstre moitié homme moitié poisson, qu’il nomme’QSâxtiw ou’Oââxuv. Ce nom paraît être celui de Dagon, précédé de l’article grec. D’après Philon de Byblos, ii, 14, 16, dans Eusèbe, Prsep. Evang., i, 10, t. xli, col. 81; cf. Fragm. hist. grsec, édit. Didot, t. iii, p. 567, Dagonest le même qu’un dieu phénicien, fils d’Ouranos et deGê, c’est-à-dire du Ciel et de la Terre, frère d’El, deKronos, de Baityle et d’Atlas. Kronos se révolta contreOuranos, et après l’avoir vaincu il donna une des concubinesde son père pour épouse à Dagon. Philon ajouteque Dagon s’appelait aussi Siton, parce qu’il inventa lacharrue et la culture du blé, et que les Grecs l’honorentsous le nom de Zeus Arotrios. Cette légende est néed’une fausse étymologie du nom de Dagon, qu’on a faitvenir du mot hébreu dâgân, qui signifie «blé». J. Selden, De diis Syriis, in-12, Londres, 1667, t. ii, c. iii, p. 173. Dagon avait pour compagne la déesse Atargatisou Dercéto, moitié femme moitié poisson, souvent confondueavec Astarthé. Voir Atargatis, 1. 1, col. 1199-1203, et Astarthé, 1. 1, col. 1180-1187. Le couple est représentéensemble sur un certain nombre de monuments. F. Lajard, Essai sur le culte de Vénus, pi. xxiv, n° 12; pi. xxxii, n» la.

II. Dagon dans l’Écritdre. — Il est plusieurs foisquestion de ce dieu dans l’Ancien Testament. — 1° Lorsqueles Philistins se furent emparés de Samson, ils résolurent,

en signe de réjouissance, d’offrir un sacrifice à Dagon, dans le temple qu’il avait à Gaza. Ils firent venir leurprisonnier pour insulter à son malheur. Celui-ci, à quiles forces étaient revenues en même temps que ses cheveuxétaient repoussés, ébranla les colonnes du templeet périt sous les décombres, qui écrasèrent aussi les principauxde ses ennemis. Jud., XVI, 22-31. — 2° Au tempsde Samuel, les Philistins, après s’être emparés de l’arche, la conduisirent à Azot (voir Azot, t. i, col. 1307-1311)et la placèrent dans le temple de Dagon, à côté de lastatue du dieu. lis considéraient, en effet, leur victoirecomme un triomphe de leur dieu sur Jéhovah. Le lendemainmatin, les prêtres, en entrant dans le temple, trouvèrent Dagon étendu la face contre terre devant

Wïh

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462. — Dagon assyrien. Bas-relief du Musée du Louvre.

l’arche. Ils le remirent à sa place. Le jour suivant, ilstrouvèrent de nouveau la statue du dieu dans la mêmeposition; mais cette fois la tête et les mains étaient abattuessur le seuil, et il ne restait en place que le tronc.A partir de ce jour, les prêtres de Dagon ne foulèrentplus le seuil à l’endroit où était tombé le dieu. I Reg.(I Sam.), v, 1-6. — Un bas-relief du palais de Sargon, à Khorsabad, ’conservé aujourd’hui au Musée du Louvre(fig. 462) (Botta, Le monument de Ninive, t. i, pi. 32et 34; cf. F. Lajard, Introduction à l’étude du culte deMithra, pi. iii, n" 4), fait très bien comprendre ce qui sepassa alors dans le temple de Dagon. On y voit le dieupoissonnageant en avant de la flotte assyrienne. Le hautdu corps est purement humain, les cheveux et la barbesont ceux d’un Assyrien; il est coiffé d’une sorte de tiare.Le buste est placé verticalement, les bras en avant. Laqueue est celle d’un poisson, et il n’y a pas de jambeshumaines. Elle est placée horizontalement. Le texte hébreude I Sam. (I Reg.), v, 4, dit qu’il ne restait quedâgôn après la chute de la partie supérieure du corps, c’est-à-dire que la queue de poisson seule resta et quele buste humain tomba. — 3° Après la mort de Saûl, lesPhilistins déposèrent dans le temple de Dagon, à Azot, la tête et les armes du roi qu’ils avaient vaincu. I Par., x, 10. D’après I Reg. (Sam.), xxxi, 10, ce fut dans letemple des Astaroth, forme plurielle qui désigne lecouple des dieuxpoissons Dagon et Atargatis. — 4° Cetemple fut incendié par Jonathas en même temps que laville. Un grand nombre de Philistins, qui s’y étaientréfugiés, périrent dans l’incendie. I Mach., x, 83, 84; xi, 4. — 5° Deux villes de Palestine, l’une dans la tribude Juda, l’autre dans la tribu d’Aser, portaient le nomde Bethdagon, c’est- à - dire maison de Dagon, parce queces villes avaient appartenu autrefois aux Philistins etpossédaient un temple de leur dieu. Voir Bethdagojj, 1. 1, col. 1668-1071.

III. Bibliographie. — Outre les ouvrages cités: F. Movers, Die Phônizier, in-8°, Bonn, 1841, t. i, p. 143-145; Stark, Gaza und die Philistâische Kûste, in-8°, Iéna, 1852, p. 248 et 308; Layard, Miiiw and its remains, in-8°, Londres, 1849, p. 466-467; I. P. Six, NumismatikChronicle, 1878, p. 125-128; A. de Longpérier, Œuvres, in-8% Paris, 1883, t. i, p. 104; W. Roscher, Ausfùhrliches Lexicon der Griechischen und RômischenMythologie, in-8°, Leipzig, 1884, t. i, col. 933; Ohne, falsch Richter, Kypros, die Bibel und Homer, in-4°, Berlin, 1893, p. 296-297; E. Babelon, Catalogue desmonnaies de la Bibliothèque Nationale, Les Achéménides, gr. in-8°, Paris, 1893, pi. lv, lvi, lxv, fig. 47, 123-125; F. Yigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., in-12, Paris, 4896, t. i, p. 210-214; t. iii, p. 226-229. E. Beurlier.

DAIM, quadrupède du genre cerf (voir Cerf), appelé parles naturalistes cervus dama ou dama vulgaris. La tailledu daim, intermédiaire entre celle du cerf et du chevreuil, est d’environ un mètre au garrot. La femelle n’a pas debois (fig. 463). Chez le mâle, les andouillers supérieurs «3.

Le daitn.

s’aplatissent dans le sens de la longueur et prennent uneforme palmée. L’animal vit en troupes. Il est très timideet très rapide. Il habite les régions à climat tempéré etse rencontre communément en Europe. Mais il est rareen Palestine, et c’est à peine si l’on en aperçoit quelques-unsde temps à autre dans les parties boisées du pays, entre le Thabor et le Liban, particulièrement dans lesgorges du Litâni, ou ancien Léontès. Il ne paraît pasqu’autrefois le daim ait été plus commun dans le pays.Toutefois on a trouvé de ses dents parmi les ossem*ntsdes cavernes du Liban. L’animal n’existe pas eii Arabie.On le rencontre abondamment en Arménie et dans lenord de la Perse, d’où on le croit originaire. L’absenced’eau et de bois ont dû l’empêcher de s’établir dans lapresqu’île sinaïtique. Aussi est-il fort à présumer queMoïse ne l’a pas nommé. Cf. Tristram, The naturalHistory of the Bible, Londres, 1889, p. 85, 1M. — S’ilest fait mention du daim dans la Bible, l’animal est certainementcompris dans le nom hébreu du cerf, ’ayyàl. LaYulgate mentionne deux fois la daine, damula. Mais dansles deux passages, Prov., vi, 5; Is., un, 14, il est questiondu sebi, Septante: Sopxi; , SopxiSiov, l’antilope dorcasou gazelle. Voir Gazelle. Du reste, ce qui est dit de

l’agilité de la gazelle à prendre la fuite s’applique aussifort bien au daim. H. Lesêtke.

    1. OALAIA##

OALAIA (hébreu:

de trois Israélites.

Délâyâh; Septante: AiWa), nom

1. DALAIA, sixième fils d’Élioénaï, l’un des descendantsde Zorobabel. I Par., iii, 24.

2. DALAIA, père de plusieurs personnes qui, au retourde la captivité de Babylone, ne purent donner les preuvesde leur origine israélite. I Esdr., ii, 60; II Esdr., vii, 62.

3. DALAIA, père de Sémaias et fils de Métabéel, autemps de Néhémie. II Esdr., vi, 10.

    1. DALAIAS##

DALAIAS (hébreu: Delâyâhû; Septante: AaXaiaç), un des trois officiers du roi qui prièrent Joakim de nepas brûler le livre des prophéties de Jérémie. Il était filsde Séméïas. Jer., xxxvi, 12, 25.

    1. DALAIAU##

DALAIAU (hébreu: Delâyâhû; Septante: A8aXXat), prêtre de la branche d’Ithamar et chef de la vingt-troisième(Septante: vingt-deuxième) famille sacerdotale autemps de David. 1 Par., xxiv, 18.

    1. DALETH##

DALETH, 1, nom de la quatrième lettre de l’alphabethébreu, exprimant la consonne d. Daleth signifie «porte». Dans l’ancienne écriture phénicienne, cettelettre avait, en effet, la forme triangulaire de la porte

d’une tente, 4, laquelle s’est à peu près conservée dans

le delta grec, à, et d’où dérive, avec des modificationslinéaires, notre propre D. Sur les différentes formes dudaleth, voir t. 1, col. 407.

    1. DALHER Jean-Georges##

DALHER Jean-Georges, théologien protestant, né àStrasbourg le 7 décembre 1760, mort dans cette ville le3 juin 1832. Il fit ses études dans sa ville natale et dansles universités allemandes. En 1807, il obtint la suppléancedu cours de théologie, à Strasbourg; puis devinttitulaire de cette chaire, et enfin doyen de la faculté decette ville. On a de cet auteur: De lïbrorum Paralipomenonauctoritate, atque fide historica, in-8°, Strasbourg, 1819; Les prophéties de Jérémie traduites en

français, 3 in-8°, Strasbourg, 1825.

B. Heurtebize.

    1. DALILA##

DALILA (hébreu: Delîlâh; Septanter: AaXiSa), femme célèbre dans l’histoire sainte par sa trahisonenvers Samson, qu’elle livra aux Philistins. Ce fait dutavoir lieu peu de temps après que ce juge d’Israël, surpriset enfermé dans Gaza par les Philistins, se fut échappéen emportant les portes de la ville. Jud., xvi, 3-4. Cedernier exploit avait achevé de convaincre ses ennemisqu’ils ne pourraient jamais triompher du héros ou serendre maîtres de lui par la force; ils résolurent doncde recourir" à la ruse pour le faire tomber entre leursmains. Une occasion favorable ne tarda pas à s’offrir.Après son aventure de Gaza, Samson «aima, dit l’Écriture, une femme qui habitait la vallée de Sorec», probablementl’ouadi Serâr actuel. Jud., xvi, 4. C’était Dalila.Les chefs des Philistins, c’est-à-dire sans doute les cinqserânîm ou princes de la nation, cf. Jos., xiii, 3; Jud., m, 3; I Reg., vi, 16, lui promirent onze cents pièces d’argentchacun, en tout plus de quinze mille cinq cents francs, si elle parvenait, en abusant de la confiance de Samson, à se faire livrer par lui le secret de cette force mystérieuse, qu’ils devaient attribuer à quelque vertu magique.Jud., xvi, 5. Dalila accepta cette proposition sans répugnance.Elle se mit aussitôt à l’œuvre, et après plusieurstentatives infructueuses elle réussit enfin à arracher sonsecret à Samson, qu’elle livra immédiatement à ses ennemis.Jud., xvi, 13-21. Voir Samson.

4209

DALILA — DALMANUTHA

1210

Le livre des Juges ne nous apprend rien touchant lanationalité de Dalila et sa condition sociale. Sur le premierpoint il se contente de dire qu’elle «habitait lavallée de Sorec», Jud., xvi, 4; or nous ignorons si cettevallée faisait alors partie du territoire des Philistins oude celui des Hébreux. Cependant le sentiment presquegénéral est que Dalila était Philistine, et tout, dans lerécit, semble l’insinuer: la démarche des serânim, lafacilité avec laquelle leur proposition est accueillie, l’espècede mépris et de haine que cette femme montre audernier moment pour Samson, Jud., xvi, 19; les antécédentsde celui-ci, Jud., xiv, 1; xvi, 1, le silence del’Écriture, qui serait assez surprenant, s’il s’agissait d’uneIsraélite.

En ce qui touche la condition sociale de Dalila, quelques Pères, entre autres saint Chrysostome, Homil.xvii, ex variis in Matth., dans Cornélius a Lapide, In Jud., Paris, 1859, t. iii, p. 210, et saint Éphrem, Adversusimprobas tnulieres, Anvers, 1619, in-f°, p. 103, ontpensé qu’elle était l’épouse de Samson. Leur sentiment asans doute sa raison dans leur respect pour la mémoired’un juge d’Israël. Mais une mission divine et les donsgratuits dont Dieu l’accompagne ne garantissent pasla vertu de l’homme qui reçoit cette mission et ne lerendent pas impeccable. Cf. I Cor., xiii, 1-2. La plupartdes interprètes regardent Dalila comme une courtisane.C’est du reste l’idée qu’éveille d’abord dans l’esprit lamanière dont l’Écriture parle de ses rapports avec Samson, Jud., xvi, 4 a; et c’est l’impression que laisse au lecteurl’ensemble du récit comme les divers détails de laconduite de la Philistine. — Il n’est pas vraisemblable, d’autre part, que les chefs philistins aient proposé avectant de confiance à une femme mariée de trahir son mariet de le vendre à ses ennemis, ni que celle-ci ait acceptési facilement un pareil marché; Il ne serait guère moinsinvraisemblable que Dalila eût pu, à plusieurs reprises, faire entrer un certain nombre de Philistins dans unemaison dont Samson aurait été le maître sans qu’il s’enaperçût ou qu’il en fût averti de quelque manière. Enfincomment expliquer que Samson n’eût pas emmené danssa patrie une femme dont il aurait fait son épouse?Cf. Jud., xiv, 8, où le mot «prendre sa femme» doit s’entendredans le sens de la prendre pour la ramener. Josèphe, Ant. jud., V, viii, 11, partage l’opinion commune.

E. Palis.

    1. DALMANUTHA##

DALMANUTHA (AaX^ocvouQâ) n’est mentionné qu’uneseule fois dans les Écritures. Nous lisons dans saintMarc, viii, 10, qu’après la seconde multiplication despains, Matth., xv, 32-38; Marc, viii, 1-9, Notre-Seigneur «entra dans la barque et vint dans la région de Dalmanutha», où il eut une discussion avec des pharisiens, quilui demandèrent un signe du ciel. Matth., xvi, 1-4; Marc, vin, Il et suiv. Le texte parallèle de saint Matthieu remplace «la contrée de Dalmanutha» par celle «de Magadan»,

— nom qui s’est glissé aussi dans quelques manuscritsgrecs et deux versions de saint Marc (l’ancienne versionlatine et la version syro-sinaïtique). Malheureusem*ntla leçon de saint Matthieu est plus ou moins douteuse.On lit Magdal, Magdala ou Magdalan dans bon nombrede manuscrits onciaux et dans les versions copte, arménienne, syro-sinaïtique, peschito et éthiopienne, auxquellesil faut ajouter des manuscrits minuscules et lesversions copte et gothique de saint Marc. Quoique lescritiques s’accordent à préférer la leçon Magadan, lesexégètes sont plutôt d’accord avec le correcteur ancienqui l’a changée en Magdala, — en ce sens que tout enlisant Magadan ils voient dans ce nom une forme plusou moins corrompue de Magdala, aujourd’hui El-Medjdel, au nord de Tibériade, à l’entrée méridionalede la plaine de Génésareth ou du Guweir actuel. Aussia-t-on fait l’impos.sible pour retrouver dans ces environsquelques traces de Dalmanutha. Les diverses hypothèsesénoncées à ce sujet nous semblent tout à fait dénuées de

fondement. Celle de Lightfoot, Decas chorogr. in Marcum, v, 2, dans Ugolini, Thésaurus antiq. sacr., t. v, col. 1054, qui confond Dalmanutha avec un $almôn talmudique, ne donne aucune lumière, le site de ce dernierétant parfaitement inconnu. Voir Neubauer, La géographiedu Talmud, p. 275. — Le rabbin Schwarz, dans Dasheilige Land, Francfort, 1852, p. 150, prétend avoir trouvéun «document» juif, d’âge inconnu, où il était dit queMagdala lui-même portait le nom de Telîmân. Cf. Sepp, Jérusalem und das heilige Land, Schaffhausen, 1853, t. ii, p. 166. Mais l’existence simultanée de deux noms sémitiquespour le même endroit est invraisemblable, et la ressemblanceentre les noms Telîmân et Dalmanutha est loinde prouver leur identité. — Sepp, Jérusalem, p. 165-167,?.commencé par vouloir retrouver, sans aucune preuve, Dalmanuthadans le Qal’at Ibn Ma’an, «château du fils deMa’an,» grandes cavernes dans les montagnes à l’ouest deMedjdel. Voir Arbèle, t. i, col. 884-886. Dans un opusculerécent, Kritische Beitrâge zum Leben Jesu und zur neutestamentlichenTopographie Palâstinas, p. 31-35, 142, le savant bavarois ne mentionne même plus son opinionantérieure, et transporte Dalmanutha au bord du lac, àl’endroit appelé aujourd’hui’Ain el-Fûlîyéh, à environtrois quarts d’heure au nord de Tibériade. Mais les quatrepages d’une érudition variée qu’il a consacrées à ce sujetn’offrent guère que des combinaisons fausses ou du moinsarbitraires et invraisemblables, comme la correction arbitrairede AaX(ji.avou6à en AaXjiioùvTï, accusatif supposé, mais inadmissible dans le contexte, de AaXjjuxoO; , etl’identification de celui-ci avec le Beth-Mâ’ôn de Josèphe, Vita, 12, et du Talmud, Jer.’Erûbin, , 22 b; cf. Neubauer, Géographie, p. 218, qui de fait n’était qu’à quatrestades (à l’ouest) de Tibériade, et qui porte encore lenom de Tell Ma’ûn. — Enfin le docteur Furrer, DieOrtschaften aniSee Genezareth, dans la Zeitschrift desdeutschen Palâstina-Vereins, t. ii, p. 58-63, a cherchéDalmanutha dans la Khirbet Minyéh, située dans la partieseptentrionale de la plaine de Génésareth, et identifiéepar les uns avec Bethsaïde de Galilée (voir Bethsaïde, t. i, col. 1718-1721), par les autres avec Capharnaùm.Voir Capharnaùm, col. 201-210. Il pensait que le nom deDalmanutha avait pu être abrégé en Manûtâ ou Menôlôet arabisé ensuite en Minyéh. Cette opinion a été réfutéesolidement par Gildemeister, dans un article intitulé DerName Chân Minje, dans la même revue, t. iv, p. 194-199.Minyéh ou plutôt, selon la prononciation ancienne, Munyéh, ne saurait s’expliquer d’après les lois phonétiquescomme dérivé de l’araméen Manûtâ ou Menôtô.C’est un mot arabe, signifiant une «maison de campagne», un «hameau», une «ferme», et très répandudans tous les pays de langue arabe, quoique dérivant(parole copte) du grec [iovV; , «habitation.» La Minyéhqui nous occupe ici est appelée par Qazouini: MunyetHisâm, «la maison de campagne de Hisam, d probablementd’après le khalife Ommayade de ce nom (723-742après J. -C), qui bâtit plusieurs maisons de campagne.

— Toutes les opinions que nous venons d’énumérer seheurtent du reste au fait connu, que nos deux évangélistes, Matth., xiv, 34; Marc, VI, 53, désignent les environsde Magdala sous le nom de «pays de Génésareth».Pour plus de détails, voir Notes de géographie biblique, dans la Revue biblique, janvier 1897, p. 93-99. — Le paysde Dalmanutha ou de Magadan doit être la partie septentrionalede la vallée du Jourdain, au delà de ce fleuve: le premier nom étant conservé dans EdDelhamiyéhou peut-être EdDelhamiyéh (voir Survey of WesternPalestine, Name lists, p. 160, 164), le second dansMâ’ad. Voir Schumacher, Pella, p. 73, 75. Ces deux localités, peu connues jusqu’ici, sont marquées sur le Oldand New Testament Map d’Armstrong. Le premier y està environ sept kilomètres de la pointe méridionale dulac, vis-à-vis du point où, sur la rive droite, le ruisseaude VOuâdî Walhàn se jette dans le Jourdain. Aussi h

gué voisin s’appelle Makhâdet ed-Delhamîyéh. Md’adest plus loin vers le midi, au delà de VOuâdî el-Egseir, «vallée du petit château,» à environ sept kilomètresà’Ed-Delhamîyéh et à deux ou trois kilomètres du Jourdain.On y trouve un sanctuaire musulman, appelé SeikhMâ’ad, et tout près, à la Khirbet es-Sâkhinéh, Schumachera trouvé des restes de sépultures juives, desgrottes avec kokim ou tombeaux en forme de four. VoirSchumacher, Pella, Londres, 1888, p. 73. Victor Guérin, dans son voyage de 1875, dit que Ed-Delhamîyéh «s’élèvesur une colline, tout près de la rive gauche du Jourdain.Les maisons sont bâties en pisé et avec de menus matériaux, et la plupart sont surmontées de huttes en roseaux». Galilée, t. i, p. 284. Mâ’ad alors était abandonnédepuis quelque temps. Il ne formait qu’ «un petit grouped’habitations», également situé sur une colline, près duoualy (sanctuaire) que nous venons d’indiquer. Galilée, t. i, p. 287. — Le tombeau de Seikh-Ma’ad était connudes auteurs du moyen âge. P. Lagrange, dans la Revuebiblique, 1895, p. 508.

Le nom de Mâ’ad se rattache sans difficulté à la formegrecque MayocSâv. D’abord le y correspond souvent à un’aïn hébreu. La finale etv peut représenter un on hébreu, qui a pu disparaître, comme il a disparu dans Beth-Jfôrôn= Beit’Ur. Peut - être nous avons à faire toutsimplement au mot hébreu ma’âdan ou ma’âdân, «délices, endroit délicieux.» Si le’aïn de cette racine avaitchez les Hébreux la prononciation dure qu’il a retenueen arabe (gadana avec gain), le y grec serait parfaitementclair. — Quant à la transition de Dalmanutha enEd-Delhamîyéh, il n’y a rien de bien certain à dire, puisque la dérivation et même la forme primitive sémitiquedu mot ne sont pas claires. Toujours est-il que lesdeux noms présentent les trois consonnes fixes dans lemême ordre, et suivis d’une terminaison dissyllabique, dont la première appartient à certains noms fémininsaraméens, la seconde à certains adjectifs féminins arabes.Le h arabe peut être original, puisque cette consonnedisparaît fréquemment dans la transcription grecque. Sile mot primitif est composé, le h peut représenter l’articlehébreu. Dal hammenât pourrait être: «la portede la portion [de l’héritage].» D’un autre côté, le h arabepeut s’expliquer aussi comme l’effet d’une étymologiepopulaire, rattachant le nom ancien à l’arabe delham, «loup,» ou le conformant à l’autre Delhamiyéh, situéeprès de VOuâdî hom*onyme dans le Djaulan occidental, au sud-est d’El-Qouneitra. — Ajoutons qu’Eusèbe, auIVe siècle (Onomasticon, 2e édit. deLagarde, p. 141. 282), nous parle d’un district du nom de MayeSaviî, Magedena, qu’il place près de Gérasa, évidemment beaucoup troploin du lac de Tibériade pour qu’on y cherche le Magadande saint Matthieu. Si au lieu de Tepaaâv on pouvaitlire TaSapocv, nom de la ville célèbre qui dominait lapartie de la vallée du Jourdain dont nous venons de parler, tout s’expliquerait. C’est ainsi, on le sait, que lesra8ap7|vot de saint Matthieu, viii, 28, sont dans plusieurssources critiques devenues des Tepoto-rivoi. — Ensomme, sans résoudre tous les problèmes de détail, cettedernière opinion semble la plus probable.

J. VAN KaSTEREN.

    1. DALMATIE##

DALMATIE ( Aa/^arfa), province de l’empire romain, située au nord-est de la mer Adriatique. Saint Paul, II Tim., IV, 10, dit qu’il a envoyé Tite en Dalmatie. C’estprobablement pendant la seconde captivité de saint Paulque fut écrite la seconde Épltre à Timothée, et par conséquentpendant cette captivité ou un peu auparavant queTite fut envoyé en Dalmatie. La Dalmatie faisait partiedu groupe des provinces comprises dans Vlllyricum.Tacite, Hist., i, ii, 76, etc. Saint Paul, Rom., xv, 19, ditqu’il a prêché l’Évangile jusqu’à I’Illyrie. S’est-il arrêtéà la frontière ou a-t-il pénétré dans le pays? Nousl’ignorons.

La Dalmatie est très accidentée; elle est divisée en

deux parties par la chaîne de l’Adrius, qui court parallèlementà la mer. La côte est coupée par des rades nombreuseset sûres. Le sol, qui eût pu être fertile, était peucultivé par les habitants, qui se livraient à la piraterie.Ils ne se servaient pas de monnaie, et faisaient un nouveaupartage des terres tous les huit ans. Ce pays fut unde ceux que les Romains eurent le plus de peine à conquérir.Strabon, VII, v, 5 et 10. Ils y apparurent pour lapremière fois en 229 avant J.-C. Polybe, ii, 12; Appien, IUyric, vu. Mais on ne trouve des traces certaines del’existence d’une province d’IUyrie que vers les dernierstemps de la république. César en fut gouverneur enl’an 59 avant J.-C. Dion Cassius, xxxviii, 8; Suétone, Cœsar, xxii; César, De bell. gall., ii, 35; v, 1 et 2.Octave se fit donner cette province en 40. Dion Cassius, xlviii, 28. Eu 27, elle fut attribuée au sénat et gouvernéepar un proconsul. Dion Cassius, Lin, 12; liv, 20. Corpusinscript. latin., t. iii, n° 2973. Aussitôt après Auguste, la province d’IUyrie reçut le nom de Dalmatie. DionCassius, xlix, 36; Tacite, Annal., iv, 5; Josèphe, Bell, jud., II, xvi. La Dalmatie eut pour gouverneur un légatpropréteur de rang consulaire. Suétone, Claude, xm; Tacite, Annal., xa, 52; Hist., ii, 36; Corpus inscript.latin., t. iii, n # " 2908, 4023; J. Marquardt, Organisation del’empire romain, trad. franc., t. ii, p. 178, n. 1. Le légatrésidait à Salonæ aujourd’hui Spalato. Corpus inscript.latin., t. iii, n os 1985, 2075. Il y avait peu de villes en Dalmatie.Auguste brûla celles qui existaient. Ses successeursy fondèrent cinq colonies romaines: Épidaure, Narone, Salon», jEquum et Jader. Pline, H. N., iii, 141-143; Corpus inscript. latin., t. iii, n «1933, 2026, 2909, 2932.Saint Jérôme était originaire de Slridon, ville située surla frontière de Dalmatie. — Voir A. Poinsignond, Quidprescipue apud Romanos adusque Diocletiani temporaIllyricum fuerit, in-8°, Paris, 1846; IL Cons, Laprovince romaine de Dalmatie, in-8°, Paris, 1882; Th. Mommsen, Corpus inscript. latin., t. iii, p. 278; J. Marquardt, L’organisation de l’empire romain, trad.franc. (Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquitésromaines, t. îx), in-8°, Paris, 1892, t. ii, p. 171-180.

E. Beurlier.

1. DALMATIN Antoine, prédicateur protestant, néen Dalmatie, et propagateur du protestantisme à Ljubljan(Laibach). Sur l’invitation du baron J. Ungnad, grandpromoteur de la réformation dans les pays croates, ils’occupa avec Etienne Istrian à traduire en croate leslivres religieux, à Tubingue. En 1566, il quitta le Wurtembergpour aller à Ratisbonne; on ne sait pas ce qu’ildevint dans la suite. Il traduisit et publia: le NouveauTestament, Novy Zakon, en écriture glagolitique, en1562, et en cyrillique, en 1563, à Tubingue; Postula, oul’explication des évangiles d’après les écrits des réformateurs.J. Sedlacek.

2. DALMATIN Georges, théologien luthérien, né àKersko (Gurkfeld), en Carniole, en 1550, mort en 1589.Il fit son éducation à Bebenhausen, près de Tubingue, devint maître d’école protestant et pasteur, en 1572, àLjubljan, capitale de la Carniole. Il voyagea beaucouppour propager le protestantisme, et fut curé de la paroissede Saint-Kancian (Auersperg). Il perfectionna l’orthographeSlovène (croate) avec le primat Trubar et Bohoric, et travailla pour donner aux Croates une version complètede la Bible. Ses écrits sont: Jésus Sirach (Ecclésiastique), en Slovène, Ljubljan, 1575; Passion is usih shtirihEuangelistou, «La Passion d’après les quatre Évangiles,» Ljubljan, 1576. Les états de Carniole éditèrent le premiervolume de la version Slovène de la Bible, faite par Dalmatin, à Ljubljan, en 1578: Biblia tu je: Vsega svetigapisrna pervi dil. La Bible entière fut imprimée à Wittemberg, en Saxe, en 1584: Biblia tu je vse svetu pismuslovenski talmacenu skuzi Juria Dalmatina (traduite enSlovène par G. Dalmatin). — Voir Schnurrer’s, Slavischer

Bûcherdruck in Wurtemberg, Tubingue, 1799; IvanKostrenic, Urkundttche Beitrâge, Vienne, 1874; Th. Elze, Die Universitât Tubingen und die Studenten aus Krain; D r K. Glaser, Zgodovina slovenskeho slovstva I, Ljubljan, 1894. J. Sedlacek.

DAMAN. Voir Chœrogrylle.

    1. DAMARIS##

DAMARIS (Aâ(ictpiç), femme d’Athènes, couvertiea la foi par la prédication de saint Paul. Act., xvii, 34.D’après saint Jean Chrysostome, De sacerdot., iv, 7, t. XLViii, col. 669, elle aurait été la femme de Denysi’Aréopagite, mais rien ne le prouve. Les Grecs célèbrentsa fête le 4 octobre.

    1. DAMAS##

DAMAS (hébreu: Damméèéq; à la pause: Damméèéq; une fois, Dûmméèéq, IV Reg., xvi, 10; dans lesParalipomènes, Darméèéq, I Par., xviii, 5, 6; II Par., xvi, 2; xxiv, 23; xxviii, 5, 23; Septante: Aa[iaoxAç; une fois, Aajiaséx; Codex Alexandrinus: Aa[iasx<jç, III Reg., xi, 24; Vulgate: Damascus, Damascenus), capitale de la Syrie, Is., vii, 8, et, par son antiquité, sonhistoire et sa grandeur constante, la beauté de son site, une des villes les plus importantes de l’Asie.

I. Nom. — Le nom hébreu, ptew, Damméèéq, dont

l’origine est obscure (cf. Gesenius, Thésaurus, p. 345), se retrouve exactement avec la même forme dans leslangues anciennes. Sur les murailles de Karnak, il est

écrit 1 (Il lk, Ti-ms-qu, ou Dimasqou. Cf. A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 17; G. Maspero, Sur les nomsgéographiques de la Liste de Thoutmès III qu’onpeut rapporter à la Galilée, extrait des Transactionsof the Victoi-ia lnstitute, or Philosophical Society ofGreat Britain, 1886, p. 4; W. Max Mùller, Asien undEuropa nach altàgyptischen Denkmàlern, Leipzig, 1803, p. 98. Une inscription de Salmanasar II le transcrit^E^r — |- ]i=. Di-maS-qi. Cf. Cuneiform Inscriptionsof Western Asia, t. iii, pi. 5, n°6; A. Amiaudet V. Scheil, Les Inscriptions de Salmanasar II, Paris, 1890, p. 60. Les monuments assyriens le représententainsi avec ou sans le redoublement de la seconde radicale: Di-ma-aS-qi =j= Dimasqi; Dimaiqa; Dim-mas-qa= DimmaSqa. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriftenund dos Alte Testament, Giessen, 1883, p. 138, 209, 213.

— Le livre des Paralipomènes nous a conservé la formearaméenne, ptraiT, Darméèéq, dans laquelle le daguesch

fort s’est, suivant le dialecte syrien, résolu en resch; c’estainsi que l’hébreu hissé’devient en chaldéen korsê’, enarabe koursî, «siège, trône.» Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1245. Le scribe égyptien de la Liste de Ramsès III l’areproduite, avec un léger changement de l’orthographe

ancienne (k pour q; i pour u): 1 I (Il |l ii, Ti-ramas-ki. Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa, p. 234.

Elle existe également dans le syriaque, tjDj&£Oâoj}<Darmsûq, et le talmudique, j’pODTn, Dôrmasqîn.Cf. F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1890, p. 197; A. Neubauer, La Géographiedu Talmud, Paris, 1868, p. 296. — Le nom anciens’est maintenu chez les Arabes, ( 3 > i, .. «>>, Dimascfiq(cf. Àbulféda, Tabula Syrise, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 50, 100), bien que celui de f L£Jl, Esch-Schâm, «. la Syrie,» soit plus usité, suivant leur habitude dedonner le nom du pays à sa capitale, comme le Caireest appelé Misr, «l’Egypte.» — Le mot Damméèéq estemployé une fois-, Ezech., xxvir, 18, pour «habitant deDamas», avec ellipse de’is, «homme.» Enfin dans leDeméséq d’Amos, iii, 12, les plus vieilles versions,

grecque, syriaque, latine, ont reconnu la ville de Damas, tandis que plusieurs exégètes modernes attribuent plutôtà l’expression bi-dméséq’âréè le sens de «coussin ensoie ou en velours». Cf. Trochon, Les petit* Prophètes, Paris, 1883, p. 156; pour la critique textuelle, voir J. B. deRossi, Variæ lectiones Vet. Testamenti, Parme, 1785, t. iii, p. 186.

II. Description. — 1. Site. — Damas est située dansune vaste plaine, appelée El-Ghoûtah, bornée au nord, au nord-ouest et au sud par des montagnes, et ouverteà l’est du côté du désert. C’est une admirable oasis qui aété célèbre de tout temps, et dont la beauté réalise, auxyeux des Arabes en particulier, l’idéal de toutes les magnificencesterrestres. Bien plus, c’est le reflet du paradispour les disciples du Coran, qui conçoivent le ciel commeun splendide jardin, arrosé d’eaux vives, plein de fruitset embaumé de senteurs. Nous ne pouvons sans réservesouscrire à ces louanges, et il est tel coin de l’Italie, de laFrance ou des bords du Rhin, qui les mériterait mieux.Ce qui rend plus sensibles les merveilles de la nature dansce lieu de délices, c’est le contraste avec le cadre quil’entoure. Après les longues marches dans un désertbrûlé, on comprend l’éblouissem*nt du voyageur oriental, tombant tout à coup au sein d’une végétation luxuriante.De quelque côté qu’on aborde la grande cité, il faut traverserdes pays rocailleux et nus, d’une morne tristesse.Tous ceux qui ont fait le voyage de Jérusalem àDamas se rappellent les cris de joie avec lesquels ils ontsalué l’espèce d’Ile enchantée qui apparaît à l’horizoncomme le rivage longtemps attendu. Pour mieux enjuger, du reste, jetons un premier coup d’œil sur lesplendide panorama qui se déroule aux regards du spectateurplacé non loin du village de Doummar, sur leshauteurs du Djebel Qasioûn (voir fig. 464). À ses piedss’étend la ville, inondée de lumière, avec un fond deverdure qui se détache admirablement sur le jaune dorédu désert. Une vaste ceinture de vergers, de prairies, demassifs d’arbres, entoure l’amas confus des maisons enterrasses, dominé par d’innombrables coupoles et minarets.A l’ouest, la montagne s’élève jusqu’au grand Hermori, qui semble très rapproché et dresse sa tête blanchedans l’azur du ciel. À gauche, vers le nord-est, l’Anti-Libans’abaisse en collines arrondies et marque d’uneligne violacée la direction que suivent les caravanes quis’en vont à Homs, Palmyre et Bagdad. En face, au delàde la Ghoùtah, se dressent, regardant l’un pardessusl’autre, le Djebel el-Asouad et le Djebel el-Mâni’a.Enfin, comme fond de tableau, se dessinent à l’horizonles cimes bleues du Djebel Hauran et, plus à l’est, lescollines coniques du Touloùl.

2. Eaux et jardins. — Le plateau sur lequel est bâtieDamas est à une altitude de 697 mètres. Assez froid enhiver, en raison même de cette élévation, il devient brûlanten été, sous le souffle des vents desséchés qui arriventdes déserts de la Mésopotamie et de l’Arabie. Latempérature moyenne de l’année est assez forte pourdonner aux orangers et aux palmiers une belle venuedans les endroits abrités. Mais ce qui fait la richesse dece territoire, au milieu des contrées sablonneuses et rocheusesqui l’enserrent, c’est le Barada, l’Abana de l’Écriture.IV Reg., v, 12. Sorti, à travers de profondés crevasses, des gorges de l’Anti - Liban, ce torrent débouchedans la plaine de Damas, coupe un coin de la ville aunord, et va se perdre, à une vingtaine de kilomètres àl’est, dans un grand lac, le Bahr eUAtéïbéh.’Soxc Abana, t. i", col. 13. Ses eaux, distribuées par une multitude decanaux, portent partout dans les jardins la fraîcheur etla vie, alimentent de nombreuses fontaines, se répandentmême, par un aménagement très bien entendu, jusqu’ausein des demeures les plus importantes. Grâce à ce systèmede canalisation, pratiqué dès les temps les plusreculés, et sous les rayons d’un soleil qui, au printempset en été, brille dans un ciel toujours pur, les jardins de


464. — Vue de Damas, prise de Es-Salahiyéh. D’après une photographie.

Damas sont ce qu’on peut rêver de plus délicieux. Séparésles uns des autres par des murs en pisé pétri avecde la paille hachée, ils sont aussi riches par la variétéque par la beauté des arbres qu’ils renferment. Amandiers, figuiers, grenadiers, pêchers, cerisiers, citronniers, mûriers, noyers, etc., y étendent et y entremêlent leursbranches vigoureuses, chargées à la saison de fruits abondants, et auxquelles la vigne entrelace ses rameaux grimpants.Les abricotiers surtout y sont superbes; leurs produits, appelés mischmisch, sont petit*, mais d’un jaunedoré, à peau lisse, et d’un goût excellent. Les habitants «n font des pâtes célèbres dans tout l’Orient. Les raisins, à grains allongés et à peau épaisse, sont mangés frais, secs, ou sont transformés en un sirop qui remplace le

que la ville avait des faubourgs autrefois comme aujourd’hui.Neuf portes donnaient accès dans la cité, qui, partoutoù elle n’est pas protégée par le Barada, était défenduepar un large fossé, a présent aux trois quarts comblé, et par un avant-mur, presque entièrement détruit.L’une des plus remarquables actuellement est celle qu’ondésigne sous le nom de Bâb esch-Scharqi, «la porteorientale.» D’un caractère monumental et de constructionromaine, elle se compose d’une grande arcade centraleaccostée de deux autres moitié plus petites, l’une au sud, l’autre au nord. Cette dernière seule est restée ouverte, les baies centrale et méridionale ayant été murées, il y aplusieurs siècles, par les musulmans. L’entrée actuelleest défendue par une tour surmontée d’un minaret, du

S» Buil

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465. — Plan de Damas.

sucre. Enfin dans ces vergers et dans les champs on cultivele sorgho, dont la graine sert à faire une farinegrossière; des fèves, des courges, du lin et du chanvre, d’énormes ricins dont on recueille précieusem*nt l’huile; le maïs, le blé et l’orge occupent d’assez grandes étendues, et sont semés suivant la nature du sol, selon qu’ilest humide ou plus sec.

3. Murs de la ville. — Telle est la couronne de verdurequi ceint le front de Damas. La ville proprementdite, telle qu’elle est délimitée par son ancienne enceinte, plusieurs fois remaniée, mais debout encore en grandepartie, forme un ovale long d’environ i 700 mètres sur850 dans sa plus grande largeur. (Voir fig. 465.) Elle adébordé au nord avec le faubourg El Afnàra, mais surtoutau sud, où le faubourg du Méidân constitue commeun immense appendice, long de plus de i 600 mètres, les assises inférieures de l’enceinte, d’origine romaine, sont construites avec de belles pierres de taille, bienagencées entre elles; les assises supérieures accusent desrestaurations d’époques diverses, arabe et turque. De distanceen distance, la muraille est flanquée de tours rondesou carrées, dont la plupart menacent ruine. Le pourtource devait pas être très considérable; ce qui fait supposer

DICT. DE LA. BIBLE.

haut duquel on peut admirer le panorama de Damas etdes environs. En dehors, un peu plus loin, une collineformée de décombres a révélé, dans les fouilles qu’on ya pratiquées, l’existence d’anciennes fabriques de poteriesémaillées autrefois célèbres. Une léproserie abandonnéepasse pour occuper l’emplacement de la maison de Naamanle Syrien, miraculeusem*nt guéri par Elisée. IV Reg., v, 1-19. En suivant le mur de la ville vers le sud, onarrive bientôt à un angle saillant où l’on voit encore lesdébris d’une puissante tour, dont les blocs sont taillés enbossage. L’enceinte tourne alors brusquement à droite, et après quelques centaines de pas on arrive près d’uneseconde porte, aujourd’hui murée et appelée Bâb Kisân, du nom du gouverneur qui la bâtit, vers le VIIe siècle, surl’emplacement d’une plus ancienne. C’est près de là que, suivant la tradition actuelle, il faudrait chercher l’endroitpar où s’évada saint Paul (voir fig. 466). L’Apôtre nousapprend lui-même, en effet, que, pour le soustraire auxmains des Juifs, ses disciples le descendirent jusque dansles fossés, à l’aide d’une corbeille, par une fenêtre surplombantl’enceinte ou s’ouvrant dans la muraille. II Cor., xi, 32, 33; Act., ix, 24, 25. C’est ainsi que, longtempsauparavant, Rahab avait, à Jéricho, sauvé les espions

II. — 39

1219

DAMAS

1220

Israélites qui s’étaient abrités dans sa demeure, adosséeau rempart. Jos., ii, 15. En face de cette porte, quelquesnoyers ombragent une petite coupole désignée commele tombeau de saint Georges, le soldat qui, chargé degarder la tour, aurait favorisé l’évasion de saint Paul etaurait été martyrisé pour cela. Un peu plus loin, près desvestiges d’une voie romaine et d’un cimetière chrétien, un rocher de forme allongée marquerait le site de laconversion de saint Paul. Act., IX, 3. C’est une traditionrelativement assez récente, et l’on place plus généralementle théâtre de ce grand événement près du village deKaoûkdb, à douze kilomètres au sud-ouest de Damas. Enremontant de ce point pour longer, dans la direction de

mais il a été remanié à plusieurs reprises. Le fossé quil’environne peut recevoir l’eau du Barada. Cette rivièreborde l’enceinte au coté septentrional, et sur ses rivesombragées s’étendent de frais jardins. Pour terminercette excursion autour de la ville, citons les portes qui laferment au nord; ce sont, en allant de l’ouest à l’est, Bdb el-Faradj, Bâb el-Faradis, Bâb es-Sélam et BâbTourna, «porte de Thomas,» un guerrier chrétien qui, en 634, sut relever le courage abattu de la ville assiégée.De ce côté encore les fondations sont anciennes.

4. Maisons et rues. — Si nous pénétrons maintenantdans l’intérieur de la grande cité, nous y rencontreronsun dédale de rues généralement étroites, mal bâties, plus

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460. — Partie des mura de Damas où, selon la tradition, eut lieu l’évasion de saint Paul. D’après nne photographie.

l’ouest, la face méridionale de l’enceinte, on entre dansl’immense faubourg du Méidân, où la muraille ne s’aperçoitplus que par intervalles au milieu des maisons. Onatteint ainsi la porte Bâb es-Saghir, près de laquelle onremarque le double mur qui entourait autrefois la ville.Après un détour vers le nord, on arrive à la porte occidentaleappelée Bâb el-Djabyah, du nom d’un villagequi l’avoisinait anciennement. Elle fait le pendant de Bâbesch-Scharqi, qui se trouve à l’autre extrémité de la rueDroite, et se composait comme elle de trois arcades, dontcelle du sud, seule visible aujourd’hui, a été réparée parNour-ed-Dln, suivant une inscription gravée sur le linteau.

Vers l’angle nord-ouest de la cité se trouvent, près dela porte Bdb el-Hadid, «la porte de fer,» d’un côté leSerai ou palais du gouverneur, avec de vastes casernes; de l’autre le château, El-Qasr. Ce dernier forme un quadrilatèreirrégulier, de 280 mètres de long sur 200 delarge. Flanqué de grosses tours carrées, il est bâti enpierres de taille dont beaucoup sont relevées en bossage.Les fondations semblent remonter à la période romaine,

mal entretenues, s’enchevêtrant souvent d’une façon déconcertantepour l’étranger. Couvertes pour la plupartde nattes ou de toits en planches, pour intercepter lachaleur, elles sont bordées de maisons bâties avec de laboueet de la paille hachée ou de larges briques cuitesseulement au soleil. Cependant, derrière ces murs àl’aspect délabré, se cachent plusieurs habitations splen<dides, où s’étale un luxe inouï. Dans une vaste cour plantéede rosiers, de lauriers, d’orangers et de jasmins, degracieuses vasques eu marbre blanc laissent jaillir uneeau limpide. On entre ensuite dans de magnifiques sallesd’une richesse d’ornementation impossible à décrire: murs en marbres de plusieurs couleurs, incrustés demilleentrelacs creusés dans la pierre; plafonds à caissonsen bois découpé, où s’entrecroisent de légères et capricieusesarabesques; vitraux enchâssés dans l’albâtre; bassin supporté par un faisceau de piliers multicoloresavec un mince jet d’eau pour rafraîchir l’atmosphère; meubles précieux: en un mot, toutes les délicatesses d’unart dont nous avons peine à nous faire une idée, Damas est coupée dans sa plus grande longueur, de

l’est à l’ouest, par une rue connue des musulmans sousle nom de Es-Soultânl, «la Royale,» et qui va du Bâbesch-Scharqi au Bâb el-Djabyah. Elle s’appelle aussi enarabe Derb ou Tarîq el-Moustaqim, «la rue Droite,» et occupe, en effet, l’emplacement de la Via Recta desRomains. C’est donc le Vicus Reclus, pO[i.T) e-iôeta, oùsaint Paul aveugle alla loger chez un certain Jude. Act., IX, 11. Jadis large de trente mètres, elle était ornée dedeux rangées de colonnes corinthiennes qui constituaienttrois magnifiques avenues répondant à chacune des troisbaies que nous avons signalées aux portes. Cette colonnade, qui se prolongeait sur une longueur de seize centsmètres, comme à Palmyre, Djerasch et ailleurs, a depuis

de moulures fines et délicates représentant des espècesde stalactites d’un gracieux aspect. Leurs colonnes, enmarbre, en pierre du pays, parfois même en porphyre, ont été d’ordinaire empruntées à des édifices plus anciens, et leurs fûts, presque tous monolithes, sont surmontésde chapiteaux divers, antiques, byzantins ouarabes. Nous n’en pouvons citer qu’une, la plus grandeet la plus remarquable, une des plus belles même del’Orient, la Djâmi’el-Kébir, «la grande mosquée,» ouDjàmï el-Oumaoui, «la mosquée des Ommiades.» Nousla décrivons telle que nous l’avons vue en mars 1893; car, le 14 octobre de la même année, un incendie quidura douze heures l’a détruite en partie, avec quantité

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467. — Ancien arc de triomphe, & Damas. D’après une photographie.

longtemps disparu. En creusant des ondations, on entrouve çà et là des débris épars et même des bases encoreen place. Les nombreux remaniements qu’a subis cetterue l’ont rendue tortueuse et très resserrée en beaucoupd’endroits. Elle sépare les trois principaux quartiers dela ville: au sud, le quartier des juifs, au nord-est celuides chrétiens, et au nordouest celui des musulmans.Vers l’extrémité occidentale, une petite mosquée occupele site traditionnel de la maison de Jude, où saint Paulreçut l’hospitalité. En la remontant vers l’est et en tournantau nord, on arrive à un sanctuaire bâti, dit-on, surl’emplacement de la maison d’Ananie. Act., ix, 10-18.C’est une petite et pauvre chapelle, une crypte à laquelleon aborde par un escalier, débouchant en face d’un arceauen ciment et pierre basaltique qui ne semble pastrès ancien.

5. Monuments. — Les principaux monuments de Damassont les mosquées, très nombreuses, mais la plupart trèsdégradées. Avec leurs sveltes minarets et leurs bellescoupoles, elles produisent un effet pittoresque au-dessusdes maisons de la ville. Leurs portes sont souvent ornées

d’objets d’art et de manuscrits précieux qu’elle contenait.Située au centre de la ville et enfermée dans les bazars, elle forme un rectangle long de 160 mètres de l’est àl’ouest sur 105 de large du sud au nord, clos d’un muren belle maçonnerie. Le côté septentrional est occupé parune grande cour, de trois côtés environnée de cloîtresdont les arcades reposent sur de magnifiques colonnescorinthiennes en granit. Jadis pavée de marbre précieux, elle possède au centre une fontaine, ornée de huit colonnetteset surmontée d’une coupole octogone, et de chaquecôté, à l’est et à l’ouest, deux autres petites coupoles. Lamosquée proprement dite, à la partie méridionale, mesure140 mètres de long sur 40 de large. Elle est diviséeen trois nefs, parallèles au grand axe de Pédifice, par unedouble colonnade d’ordre corinthien. Ces nefs sont elles-mêmescoupées vers le milieu par un transept à frontontriangulaire que supportent intérieurement quatreimmenses piliers et couronné à son centre par un dômeassez élevé. Près du transept, un gracieux monumententouré d’une grille, appelé <i Tombeau de saint Jean s, Maqàm Nébi Yayha, passe aux yeux des musulmans

pour renfermer la tête du saint Précurseur. Trois hautsminarets dominent la mosquée: celui de «la Fiancée» au nord, celui de «Jésus» à Test, et celui qui est appelé «de l’ouest». Ce monument occupe évidemment l’emplacementd’un ancien temple païen, primitivement peut-être, dédié à Rimmon, la principale divinité de Damas(IV Reg., v, 18), et plus tard, à l’époque grécoromaine, à Jupiter. Ce temple était, comme celui de Palmyre, entouré de magnifiques colonnades, dont une partie sevoit dans la cour actuelle de la mosquée, et dont l’autre, incrustée dans les constructions modernes, se retrouvedans le bazar des cordonniers et celui des orfèvres.A l’est et à l’ouest s’élevaient deux entrées triomphales.Celle de l’ouest forme une des plus belles ruines deDamas (voir fig. 467). Quatre énormes colonnes, dontles fûts seuls sont visibles, sont ornées de ravissants chapiteauxcorinthiens. Elles supportaient un arc magnifique, dont il reste encore une portion considérable. Lafrise et la corniche sont finement sculptées. Ce monumentavait environ 25 mètres de large sur 20 de hauteur: il se rattachait au temple par une double colonnaded’environ 60 mètres de longueur. Le sanctuairepaïen fut transformé en église chrétienne, sous le vocablede saint Jean-Baptiste: une inscription grecque, découverteprès de la porte orientale de la grande cour, nousapprend que «l’église du bienheureux saint Jean-Baptistefut restaurée par Arcadius, fils de Théodose» (395-408).Lors de la prise de la ville par les Sarrasins, elle fut partagéeentre les chrétiens et les musulmans; mais ceux-cil’occupèrent totalement en 705. Cependant, sur ces muraillesprofanées par l’islamisme, le nom du Christ vainqueurest toujours resté gravé dans une belle inscriptiongrecque, qui porte: «Ta royauté, ô Christ, est une royautéqui embrasse tous les siècles, et ta domination s’étend degénération en génération.»

6. Population et commerce. — Damas n’a point, commele Caire ou Constantinople, de grandes places ni de largespromenades; mais elle a pour nous un attrait que neprésentent pas, du moins au même degré, ces deux villes, c’est qu’elle a gardé presque sans mélange le caractèrecomplètement oriental. Il y a dans sa physionomie quelquechose de la grandeur sauvage et mystérieuse des désertsqui l’entourent. Sa population, loin d’offrir, comme beaucoupd’autres cités de la Syrie, la variété des types et lemélange des races, a conservé dans la beauté et la fiertéde ses traits la pureté du sang arabe. Elle passe cependantpour avoir assez mauvais caractère, s’il faut encroire le proverbe arabe: Schâmi schoûmi, «Dainasquin, coquin.» Son fanatisme cruel ne s’est que trop révélédans les massacres de 1860. Si elle laisse maintenant plusde liberté aux étrangers, ceux-ci n’en doivent pas moinsmontrer une très grande prudence.

Damas, avec ses 120000 habitants (d’après la statistiqueofficielle de 1888; mais ce chiffre n’a qu’une valeurapproximative), fait un commerce considérable et n’estqu’un vaste entrepôt pour les produits de l’Orient. Admirablementsituée au.carrefour des grandes routes quimènent de l’Euphrate à la Palestine, du Hauran à lagrande plaine de Cœlésyrie et aux côtes méditerranéennes, elle est le rendez - vous de toutes les caravanesqui sillonnent ces chemins. Les Bédouins des contréesles plus éloignées y apportent leurs marchandises et s’yapprovisionnent de tout ce qui leur est nécessaire. Aussiune des principales curiosités de la ville, ce sont sesbazars, qui forment tout un immense quartier. Le longde ces rues couvertes, entrecoupées de cours bien éclairées, s’ouvrent de petites échoppes assez étroites; maisdans tous ces quartiers distincts sont entassés les objetsles plus variés, depuis les vieilles armes, les porcelainesprécieuses, les pièces d’orfèvrerie, jusqu’aux manteaux, sandales ou, matières de première nécessité. Rien de pluspittoresque que de voir la foule bigarrée qui se presse, crie, gesticule dans ce dédale de ruelles, au milieu desquelles passent chameaux et ânes chargés. Damas fabriquebeaucoup de soieries et d’étoffes pour abayéh (sorte demanteau), pour kouffiéh (voile dont les Arabes se couvrentla tête pour la protéger contre les ardeurs du soleil). Elleest maintenant reliée aux riches plaines du Hauran parun tramway; une route carrossable et un chemin de ferla mettent en communication avec Beyrout. De nombreusescaravanes établissent ses rapports avec Bagdad, Alep, Tripoli et Saint-Jean-d’Acre.

III. Histoire. — L’admirable site qu’occupe Damas est, on le voit, un de ceux qui semblent avoir été de touttemps destinés à l’emplacement d’une grande ville. Aussicelle qu’on a appelée «la perle» ou «l’œil de l’Orient apeut-elle être rangée parmi les plus antiques cités dumonde. Son origine et sa puissance n’égalent point cellesdes grandes capitales des bords du Nil et de l’Euphrate; mais elle a sur elles l’avantage d’avoir, presque sanséclipse, gardé sa splendeur jusqu’à nos jours. Babyloneet Ninive, longtemps même ignorées, ne sont plus quedes collines pleines de débris; Memphis est devenue unchamp de palmiers, et Thèbes n’est plus qu’un splendideamas de ruines: Damas est toujours là vivante et gracieuse, dominant en reine, au moins par ses richesseset son commerce, les pays qui l’asservirent autrefois.C’est un exemple assez rare dans les annales de l’humanité.

I. psemièbe période. — 1° Origines. — Nous ne savonsrien de précis sur l’origine de cette ville. D’après Josèphe, Ant. jud., i, vi, 4, elle aurait été fondée par Us, Oî<toç, fils d’Aram et petit-fils de Sem. Elle apparaît pour lapremière fois dans la Bible avec Abraham. Gen., xiv, 15; xv, 2. Placée sur la route de Mésopotamie en Palestine, elle vit passer la caravane du grand patriarche descendantde Haran sur les rives du Jourdain. Suivant unetradition locale, rapportée par Nicolas de Damas dansJosèphe, Ant. jud., 1, vii, 2, Abraham y aurait même faitséjour et en aurait été roi. Des souvenirs plus ou moinsauthentiques désignaient encore, au temps de l’historienjuif, Ant. jud., i, vii, 2, près dé Damas, l’emplacementde son habitation. Le texte sacré n’a pas expressémentmentionné cette station de l’élu de Dieu, mais en nousmontrant la ville comme la patrie d’Éliézer, son serviteurde confiance, Gen, , xv, 2, il indique bien que, si celui-cin’est pas’le trophée d’une victoire sur les habitants, il estau moins la preuve d’un séjour au milieu d’eux. Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 452. Plus tard, le saint patriarchepoursuivit avec sa petite troupe, jusqu’au nord de Damas, Chodorlahom*or et ses alliés vaincus, qui suivaient ensens inverse la route de Mésopotamie, par lui parcouruepour venir en Palestine. — D’Abraham à David, l’Écriturene nous dit absolument rien, et les monuments ancienstrès peu de chose, sur Damas. «Si le nom que lesinscriptions cunéiformes donnent à Damas et au paysde Damas, Gar - ImiriSu, ImiriSu, ImiriM, signifieréellement ta forteresse des Amorrhéens (Sayce, dansThe Academy, 1881, p. 161; Hommel, Die SemitischenVôlker und Sprachen, p. 178; F. Lenormant, Les originesde l’histoire, t. ii, p. 288, 338), on y trouverait lapreuve que ce peuple possédait réellement la Syrie Damascène: elle leur aurait été enlevée par les Hittites, d’après Hommel vers le xxe siècle avant notre ère, selonLenormant tout à la fin de la XVIIIe dynastie. Si, d’autrepart, le nom a été lu réellement par les Assyriens Saimiri-Su, de manière à signifier ta ville de ses ânes(Haupt, Der keilschriftliche Name des Reiches vonDamaskus, dans la Zeitschrifl fur Assyriologie, t. ii, p. 321-322), ce serait par un jeu de mots purement assyrien, qui ne préjugerait rien sur la valeur primitive dunom.» G. Maspero, Histoire ancienne des peuples del’Orient classique, Paris, 1897, t. ii, p. 140, note 3. Soumisepar Thoutmès III, elle reconnut la suzeraineté del’Egypte, et son nom, comme nous l’avons dit plus haut,

est inscrit sur les pylônes de Kamak dans la liste desvilles de la Syrie que signale le bulletin de victoire.

2° Du temps de David et de Salomon. — À l’époquede David, la Syrie était morcelée en divers royaumes, ceux de Damas (hébreu: ’Aram Damméèéq, Vulgate: Syria Damasci), de Soba (’Aram Sôbd’; Syrus Soba), de Rohob (’Aram bêt-Rehôb; Syrus Rohob) et de Maacha(’Aram Ma’âkâh; Syria Maacha). Le prince quirégnait alors sur Soba, Adarézer, fils de Rohob, s’apprêtaità les englober tous et rêvait même de porter sesarmes jusqu’à l’Euphrate, profitant de l’abaissem*nt de lapuissance assyrienne, quand David, déjà vainqueur desPhilistins et des Moabites, fondit sur lui et remportaune" victoire signalée. Alarmés de cette défaite, les voisinsdu roi vaincu, principalement ceux de Damas, envoyèrentdes troupes à son secours. Mais David leur tua vingt-deuxmille hommes, plaça une garnison dans la SyrieDamascène, qui lui fut assujettie et paya un lourd tribut.II Reg., viii, 5-6; I Par., xviii, 5-6. Le roi de cettecontrée, selon Nicolas de Damas, cité par Josèphe, Ant.jud., VII, v, 2, s’appelait alors Hadad, et sa postérité auraitoccupé le trône de Syrie pendant dix générations. Sice dernier détail est exact, il faut cependant dire quece ne fut pas sans interruption; car un des principauxadversaires de Salomon fut Razon, fils d’Éliada, qui, après avoir quitté Adarézer, son maître, assembla desgens contre lui, se fit chef d’une bande de voleurs, quivinrent habiter Damas et l’y établirent roi. «Et il futennemi d’Israël pendant tout le règne de Salomon, … etil régna en Syrie.» III Reg., xi, 23-25.

II. DEUXIÈME PÉRIODE. GUERRES DE DAXAS À VEC ISRAËL

st L’Assyrie. — Voici, pour l’intelligence de cette époque, la liste des rois de Damas, tels qu’ils nous sont connus parla Bible et par l’épigraphie assyrienne, d’après 6. Smith, The Assyrian Eponym Canon, p. 191:

Noms. Dates.

Razon ( Rasin I"). 990-970

Tabrémon 970-950

Bénadad I"… 950-930Roi dont le nomest inconnu… 930-910

Bénadad II 910-886

Hazaël I" 886-857

Bénadad III… 857-844

(Hazaël II 844-830)

(Bénadad IV… 830-800)

Mariha 800-770

Hadara(?)… 770-750

Rasin II 750-732

Contemporains deSalomon; III Reg., xi, 23-25;

appelé Hézion III Reg.,

xv, 18.Jéroboam I «; III Reg., xv, 18.Baasa; III Reg., xv, 18-20.

Amri; III Reg., xx, 34.

Achab; III Reg., xx.

Jéhu; IV Reg., viii, 9.

Joachaz; IV Reg., xiii, 3; Inscription de Salmanasar.

Joachaz et Joas; IV Reg., xii, 17; xiii, 22.

Joaset Jéroboam II; IV Reg., xm, 24.

Jéroboam II; Inscription deRammannirar III.

Manahem; Inscription deThéglathphalasar III (Extractxvi, 11).

Phacée; IV Reg., xv, 37; Inscriptions de ThéglathphalasarIII.

M. Smith fait suivre, non sans raison, ce tableau en partiehypothétique des réflexions suivantes: «Les deux roisles plus douteux dans cette liste sont Hazaël II et BénadadIV; il est possible qu’ils ne soient que des dédoublementsde Hazaël I" et de Bénadad III.» La date despremiers rois n’est pas non plus exacte. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 457-458.

Sous les descendants de Razon, la puissance de Damass’accrut au point que les deux royaumes d’Israël et deJuda, dont elle était pourtant l’ennemie naturelle, se disputèrentson amitié. C’est ainsi qu’ «Asa, prenant tout

l’argent et l’or qui étaient restés dans les trésors de lamaison du Seigneur et dans les trésors du palais du roi, les mit entre les mains de ses serviteurs, et les envoyaà Bénadad, fils de Tabrémon, fils d’Hézion, roi de Syrie, qui demeurait à Damas, et lui fit dire: Il y a allianceentre vous et moi, comme entre mon père et le vôtre.C’est pourquoi je vous ai envoyé des présents, de l’argentet de l’or; et je vous prie de venir et de rompre l’allianceque vous avez avec Baasa, roi d’Israël, afin qu’il se retirede dessus mes terres. Bénadad, s’étant rendu à la prièredu roi Asa, envoya les généraux de son armée contre lesvilles d’Israël, et ils prirent Ahion, Dan, Abel-Beth-Maacha, et toute la contrée de Cennéroth, c’est-à-diretoutes les terres de Nephthali». III Reg., xv, 18-20;

II Par., xvi, 2-4. Cette puissante diversion sur la frontièrenord d’Israël força Baasa d’abandonner ses conquêtestemporaires’dans la partie septentrionale de Juda. Maisune telle alliance, conclue avec un roi païen, déplut àDieu, qui par la bouche d’un prophète adressa de gravesreproches à Asa. II Par., xvi, 7-9.

Le prophète Élie reçut un jour du Seigneur l’ordred’aller à Damas et de sacrer Hazaël roi de Syrie. III Reg., xix, 15. Cette mission ne fut remplie que plus tard, etpar Elisée, IV Reg., viii, 7-15; mais le prince syrien n’enfut pas moins dès lors désigné comme le futur instrumentdes vengeances divines, III Reg., xix, 17, et songlaive devait, en effet, être terrible pour le royaume d’Israël.Cf. IV Reg., viii, 28-29; x, 32-33; xiii, 3. CependantSamarie, à peine fondée par Amri, avait vu un deses quartiers occupé par les Syriens, sous le successeurde Bénadad I", dont le nom est inconnu. III Reg., xx, 34.Bénadad II vint l’assiéger, sous Achab, avec trente-deuxdynastes, ses vassaux, et une nombreuse armée. Vaincu, il recommença la guerre un an après; mais, battu denouveau et fait prisonnier à Aphec, il sut fléchir sonvainqueur et en obtenir une paix honorable. Entre autresconditions, il proposa de lui rendre certaines villes enlevéesprécédemment, et lui permit «de se faire des placespubliques dans Damas», c’est-à-dire probablement d’yoccuper, pour le commerce, certains emplacements oudes rues qui appartiendraient en propre aux Israélites.Achab accepta ses propositions avec une étonnante légè->reté, sans consulter celui qui lui avait donné la victoire.

III Reg., xx. Peut-être cependant le roi d’Israël, alorsinquiet des progrès menaçants de la puissance assyrienne, et en particulier des excursions d’Assurnasirabal sur lelittoral de la Méditerranée, était-il bien aisé de ménagerle roi de Damas, qui devait servir de rempart à sonroyaume contre les attaques de ces nouveaux ennemis.Si le texte sacré ne nous dit pas que l’alliance fut faitedans ce but, cela résulte des documents assyriens. BénadadII régnait quand Salmanasar II monta sur le trôned’Assyrie. C’était le plus puissant prince à l’ouest del’Euphrate; la ligue dont il était le chef comprenaitdouze rois, parmi lesquels Irkulini de Hamath et Achabd’Israël. Cette confédération entreprit d’arrêter le monarquede Ninive dans sa marche triomphante vers l’occident.Celui-ci nous raconte, dans une inscription, la victoirequ’il remporta sur elle. Voici ce qu’il dit sur Damaset Israël: «90. …Il réunit à son secours 1200 chars, 1200 cavalierset 20000 hommes de Benhadar «91. de Damas (du pays d’imeriiu), 700 chars, 700 cavaliers et 10000 hommes d’Irkulini de Hamat, 2000 chars et 10000 hommes d’Achab «92. d’Israël (Sirlaai), etc. «95. …Ces douze rois ensemble se liguèrent… «97. …De Karkar à Gilzau j’achevai leur défaite: 14000 hommes «98. de leurs troupes je tuai.»

Cf. Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 8; Kurkh Monolilh, Reverse, 1. 78-102; E. Schrader, Die

Keilinschriften und das Aile Testament, p. 193-198; A. Amiaud et V. Scheil, Les irise riptions de SalmanasarII, p. 40-41; F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, t. iii, p. 458-461. Achab profita sans doute decet échec pour rompre son alliance avec Bénadad. Aprèstrois années de paix entre la Syrie et Israël, lit Reg., XXII, 1, la guerre recommença à propos de Ramoth-Galaad, et c’est sur ce champ de bataille que mourutAchab. 1Il Reg., xxii, 1-37. Son fils et successeur, Ochozias, fut probablement obligé par Bénadad, comme conditionde paix, de fournir son contingent à la ligue forméepar les puissances de l’Asie occidentale contre le redoutableempire de Ninive. Il dut donc être l’un des douzeprinces alliés contre l’Assyrie dont parlent les inscriptionsde Salmanasar. Il en fut de même pour Joram, sonfrère, qui lui succéda au bout de deux ans, et qui dutêtre au nombre des rois vaincus, avec Damas, par lemonarque assyrien, la dixième, la onzième et la qualorzièmeannée de son règne. Cf. E. Schrader, .Die Keilinschriftenund das A. T., p. 202; Amiaud et Scheil, Lesinscriptions de Salmanasar II, p. 52-57; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 475-477.Il avait cependant été d’abord en bons termes avec Bénadad, comme le prouve la lettre de recommandation quelui écrivit ce dernier en faveur de Naaman, le chef deson armée, bien que la façon dont la reçut le roi d’Israëlnous montre aussi ses sentiments de défiance à l’égardde son puissant et exigeant voisin. IV Reg., v, 5-7. Onsait comment l’officier lépreux, d’abord irrité et humiliéqu’Elisée préférât les eaux du Jourdain à celles des «fleuvesde Damas, l’Abana et le Pharphar», trouva la guérisondans le fleuve sacré, en s’y lavant sept fois. IV Reg., v, 10-14. Voir Abana. Plus tard, le prince syrien forma unplan d’invasion du royaume d’Israël. Anéanti une premièrefois, le projet fut repris, et le roi de Damas vintassiéger Samarie, qui fut réduite aux horreurs de la famine; mais une panique miraculeuse mit son armée endéroute. IV Reg., v i, 8-33; vii, 1-16. Bénadad, malade, touchant à sa fin, envoya un de ses principaux officiers, Hazaël, consulter sur sa guérison Elisée, qui se trouvaitalors à Damas. Il fit présenter au prophète, sur quarantechameaux, de riches présents, «tous les biens de Damas,» c’est-à-dire ses plus beaux produits et les objets les plusprécieux que renfermaient ses entrepôts. L’homme deDieu prédit la mort du roi, la prochaine élévation d’Hazaëlau trône, et les cruels traitements que celui-ci militeraitaux enfants d’Israël. Bientôt, en effet, l’officierassassinait son prince et régnait à sa place. IV Reg., viii, 7-15.

Joram semble avoir mis à profit ce qui se passait àDamas pour fortifier sa frontière orientale et reprendreRamoth-Galaad. Hazaël se vengea de la perte de cetteville eu battant les Israélites dans les environs de Ramothet blessant le roi dans le combat. IV Reg., viii, 28. Jéhu, qui succéda à Joram, chercha dès le commencement àse prémunir contre les attaques des Syriens, et, inaugurantla politique fatale que devait suivre plus tard Achaz, roi de Juda, il implora contre Hazaël la protection deSalmanasar II, et s’assura son appui en lui payant tribut.C’est ce que nous permettent de croire les inscriptionscunéiformes, qui nous racontent la campagne du roi deNinive contre Hazaël, peu de temps après l’avènementde ce dernier au trône. Cf. Bull Inscription, Cuneiformlnscript. of West. Asia, t. iii, pi. 5, n» 6; E. Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., p. 209-210; Amiaudet Scheil, Les inscript. deSalm., p. 58-61; F. Vigouroux, La Bible et les découv. mod., p. 482. L’obélisque de Nimroudmentionne brièvement une dernière campagne deSalmanasar contre Hazaël, la vingt et unième année deson règne. Cf. Black Obelisk, Layard, Inscriptions, pi. 92, L 102-104; Schrader, p. 207; Amiaud et Scheil, p. 60-61; F. Vigourouxi p. 481. Le roi de Damas fut, suivant laprédiction d’Elisée, le constant ennemi d’Israël et lui

causa les plus grands maux, principalement sur les frontièresorientales, qui étaient en contact avec la Syrie, «depuis le Jourdain, vers l’orient, [il ruina] tout le paysde Galaad, de Gad, de Ruben et de Manassé, depuisAroër qui est le long du torrent d’Àrnon, cl Galaad etBasan.» IV Reg., x, 33. C’est ainsi que Damas se vengeaitdes défaites essuyées et punissait Jéhu de s’êtrereconnu vassal du grand roi. Elle fit également une expéditioncontre le royaume de Juda, et Joas obtint la paixà prix d’argent. IV Reg., xii, 17, 18; II Par., xxiv, 23, 24.

Cependant, à mesure que la puissance ninivile se développait, le pouvoir de Damas s’affaiblissait. Il déclina surtoutsous Bénadad III, fils et successeur d’Hazaël, princefaible, qui n’avait ni la valeur ni l’habileté de son père.Du reste les crimes de ce dernier, qui «aflligea Israëlpendant tous les jours de Joachaz», fils de Jéhu, IV Reg., xiii, 22, criaient vengeance, et le berger de Thécué, Amos, i, 3-5, lui prédit le châtiment qui l’attendait. L’Assyrie, par les armes de Rammanirar III, accomplit en partiecette prédiction, en dévastant la ville. Cf. CuneiformInscriptions of West. Asia, t. i, pî. 35, 1. 1-21; E. Schrader, Die Keilinschriften, p. 212-216; F. Vigouroux, LaBible et les découv. mod., t. iii, p. 488. En attendantque Théglathphalasar III en achevât l’exécution, JéroboamII, roi d’Israël, sut mettre à profit l’affaiblissem*ntde la puissance syrienne, pour reconquérir l’est du Jourdainet pour faire cette pointe contre Damas dont il estquestion IV Reg., xi v, 28.

Le dernier roi cité dans notre liste, Rasin II, tributairede Théglathphalasar III, mais toujours prêt à se révoltercontre l’Assyrie, se ligua avec Phacée, roi d’Israël, et tousdeux cherchèrent à s’emparer de la Judée, pour se lapartager, et peut-être faciliter ainsi l’attaque du pharaon, leur allié, contre le monarque ninivite. Ils avaient commencéà inquiéter Juda vers la fin du règne de Joatham, fils d’Ozias. IV Reg., xv, 37. Achaz, son fils et successeur, jeune encore, faible et sans caractère, se voyantassailli de tous côtés, se laissa aller au découragementmalgré les assurances d’Isaïe, vii, 1-9, qui annonçait quebientôt «la force de Damas» serait enlevée, et montraitdéjà l’invasion assyrienne, viii, 4. Cependant les deuxconfédérés avaient infligé à Juda des pertes sanglantes.II Par., xxviii, 5, 6. Ils étaient allés mettre le siège devantJérusalem, qui avait résisté à leurs efforts. IV Reg., xvi, 5; Is., vii, 1. Isaïe disait, en effet, au roi de ne pascraindre «devant ces deux bouts de tisons fumants», que «Damas, capitale de la Syrie», rie remplacerait pointJérusalem pour le royaume de Juda. Is., vii, 4, 8. MaisAchaz, effrayé de la puissance dé ses ennemis et necomptant que sur les ressources de la politique humaine, implora le secours de Théglathphalasar III, en lui envoyantl’argent et l’or qu’il put trouver dans le Temple et dansses propres trésors. IV Reg., xvi, 7; II Par., xxviii, 16.Cette requête servait à merveille les desseins du monarqueassyrien, qui rêvait précisément de soumettreà son pouvoir toute l’Asie occidentale. Il partit, en 734, àla tête d’une armée considérable, et tailla en pièces lestroupes alliées. Dans une inscription, il raconte commentles chars du roi de Damas furent détruits, et les diverscorps de son armée, cavaliers, archers, lanciers, faitsprisonniers. Le prince lui-même, «pour sauver sa vie, s’enfuit seul, et, semblable à une gazelle, dans la portede sa ville il entra.» Ses généraux, pris et empalés, furentexposés en spectacle à leur pays. Damas fut assiégée, etle roi enfermé «comme un oiseau dans sa cage». Lesplantations d’arbres et de roseaux furent saccagées, et «seize districts de Damas comme une inondation furentbalayés». Cf. A. Layard, Inscriptions in the cuneiformcharacter, plate 72; E. Schrader, Die Keilinschriftenund das A. T., p. 261-263; F. Vigouroux, La Bible et lesdécouv. mod., t. iii, p. 521. Cependant le vainqueur neput se rendre tout de suite maître de la ville. Laissantautour d’elle une partie de ses troupes, il alla châtier les

alliés de Rasin. Il revint ensuite consommer la ruine decelui-ci, chef de la confédération, désormais isolé. Il luifallut deux ans pour réduire complètement Damas. Aprèsun long siège, elle succomba; Rasin fut tué, et les habitantsfurent transportés à Kir. IV Reg., xvï, 9. AlorsAchaz alla rendre hommage à son suzerain dans la villeconquise, et, ayant vu un autel païen, peut-être un de ceuxque les rois d’Assyrie emportaient avec eux dans leursexpéditions pour y offrir leurs sacrifices, il en fit faire unsemblable, qu’il établit dans la cour du Temple, à Jérusalem.IV Reg., xvï, 10-12.

/II. troisième période, décadence. — Combien detemps Damas resta-t-elle sous le coup de cette humiliation?nous ne savons. Mais, une fois relevée, elle devaitencore subir des jours mauvais. Elle reçut, comme lesautres tributaires de l’Asie occidendale, les sommationsde Nabuchodonosor (Assurbanipal), Judith, i, 7, et unjour Holopherne «descendit dans la plaine de Damas, aux jours de la moisson du froment, et il mit le feu àtous les champs, et il enleva les brebis et les bœufs, etil pilla leurs villes, il ravagea leurs campagnes, et il.fit passer tous les jeunes gens au fil de l’épée». Judith, H, 27 (texte grec). La Vulgale, ii, 17, ajoute qu’ «il fitcouper tous leurs arbres et leurs vignes». Et d’autresépreuves l’attendaient dans la suite. De même qu’Isaïeavait autrefois annoncé qu’elle cesserait d’être une ville, qu’elle serait comme un monceau de pierres en ruines, perdant la royauté, comme Éphraïm perdrait tout appui, Is., xvii, 1, 3, ainsi Jérémie la contemplait plus tard enproie à une indicible douleur, xlix, 23-27. Quand etcomment s’accomplirent ces prédictions? Aucun monumentne l’indique. On peut croire cependant que les Chaldéensfurent pour elle ce qu’avaient été les Assyriens.Ézéchiel néanmoins nous la montre, XXVil, 18, faisantavec Tyr un important commerce de «vin d’Helbon» ^d’après l’hébreu; voir Helbon) et de «laines d’unecouleur exquise». Le même prophète la cite plusieursfois dans sa description des nouvelles limites de la TerreSainte, xlvii, 16, 17, 18; xlviii, 1. Enfin une parole deZacharie, IX, 1, nous fait voir que la colère divinen’était pas encore apaisée à cette époque et pesait toujourssur la ville.

Damas va maintenant suivre les vicissitudes des différentsempires qui se succéderont en Asie. Après uneéclipse momentanée, elle reprit une place brillante, etStrabon, xvï, p. 756, trad. franc., Paris, 1805-1819, t. v, p. 219, nous dit qu’elle était une des villes les plus remarquablesde la Syrie au temps de la domination desPerses. Avant la bataille d’Issus, Darius y envoya, pourplus de sécurité, une bonne partie du trésor royal. Aprèscette bataille (333 avant J.-C.), la Syrie tomba tout entièreau pouvoir d’Alexandre, et Damas fut livrée à Parménion.A l’époque des Séleucides, Antioche seule luidisputa le premier rang. C’est pendant les démêlés quiagitaient le trône de Syrie que Jonathas put pousser sesexpéditions jusqu’à la Damascène. I Mach., xi, 62; xii, 32.Vers l’an 112 avant J.-C, la grande cité devint la capitaledu roi Anliochus IX Cyzizène, dont les possessions comprenaientla Phénicie et la Cœlésyrie. Voir Cœlésyrie, col. 820. Ensuite Démétrius Eucoerus, le quatrième filsde Gryphus, avec l’aide de l’Egypte se fit reconnaîtreroi de Damas, et, l’an 88, appelé par les Juifs, il envahitla Palestine et défit Alexandre Jannée à Sichem. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 4; xi’v, 1. Renversé à son tour parson frère Philippe, allié des Parthes, il mourut en captivité.Josèphe, Ant. jud., XIII, xiv, 3. Son autre frère, Anliochus XII Dionysus, régna en Syrie pendant troisans; mais il périt dans une bataille contre Arétas IIIPhilhellène, roi des Arabes (85), qui devint roi de Damas.Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 1, 2. Plus tard, la villetomba aux mains de Tigrane, roi d’Arménie, et fut ensuiteconquise par le général romain Métellus. Josèphe, Ant. jud., XIV, ii, 3. Pompée y reçut, l’an 61, les ambassadeurs et les présents des princes voisins, et, en 65, la Syrie fut réduite en province romaine. Josèphe, Ant.jud., XIV, iii, 1. C’est là que le jeune Hérode renditvisite au proconsul Sexfus César et obtint de lui le territoirede la Béqà’a, entre le Liban et l’AntiLiban. Bienque Damas ne fit point partie de son royaume, il y fitnéanmoins construire un théâtre et un gymnase. Josèphe, Bell, jud., i, xxi, II.

Damas subit naturellement l’influence de la civilisationgréco-romaine, qui dut y jeter des racines plus profondesque chez les Juifs, opposés à toute innovationpaïenne. Ceux-ci y formaient toutefois une importantecolonie, comme le montre l’histoire de saint Paul. Si, eneffet, la brillante cité est célèbre dans l’Ancien Testament, elle l’est aussi dans le Nouveau par la conversionet la première prédication du grand Apôtre. Elle était àce moment gouvernée par Arétas IV Philodème, roi desArabes, qui y avait établi un ethnarque pour l’administrer.Les Nabatéens avaient étendu jusque-là leurroyaume. Voir Arétas 2, t. i, col. 943. La communautéjuive y avait alors une grande puissance. D’après Josèphe, Bell, jud., II, xx, 2, on comptait parmi les Israélites quil’habitaient dix mille hommes en état de porter les armes, ce qui suppose une population totale de cinquante milleJuifs environ. Leur influence était telle, qu’ils avaientattiré presque toutes les femmes au culte de Jéhovah.Josèphe, Ant. jud., XVIII, v, 1, 3. C’est donc dans desvues politiques, pour gagner le corps le plus considérablede la cité, qu’Arétas lui avait octroyé les libertésdont jouissait Israël dans tout l’empire romain, lui attribuantune véritable autonomie, des tribunaux qui décidaientdes questions religieuses et possédaient la puissancecoercitive, tout en relevant de Jérusalem. C’est ceque nous montrent les instructions dont se munit saintPaul pour les synagogues de Damas, Act., ix, 2; xxii, 5; il savait aussi qu’au besoin les officiers d’Arétas lui prêteraientmain-forte: il devait lui-même en faire plustard l’expérience au péril de sa vie. On sait comment lelion fut changé en agneau, «comme il approchait deDamas.» Act., ix, 3; xxii, 6; xxvi, 12. Pour le lieu probablede cette conversion, cf. V. Guérin, La Terre Sainte, t. i, p. 409. Introduit dans la ville, et logé chez Jude, dans la rue Droite, Act., ix, 11; xxii, 10, 11, il y reçut lebaptême des mains d’Ananie, puis se mit à prêcher Jésus-Christ, confondant les Juifs par la force et l’éclat de saparole. Act., ix, 8-22; xxvi, 20. Exposé à leur haine et àde pressants dangers, appelé d’ailleurs à la solitude parla voix du divin Maître, il quitta Damas et se retira enArabie. Mais il revint ensuite, Gal., i, 17, et parut denouveau dans les synagogues, pour y annoncer la doctrinedu Sauveur. Aux arguments irréfutables de leurancien coreligionnaire, les Juifs répondirent par la violence, et cherchèrent par toute sorte d’embûches à mettreà mort le vaincu de Jésus, qui devenait leur vainqueur.Pour s’en emparer sûrement, ils tirent garder nuit etjour les portes de la ville, Act., IX, 24, aidés dans leurspoursuites par l’ethnarque d’Arétas. II Cor., xi, 32. C’estalors que les disciples de l’Apôtre «le prirent et, durantla nuit, le descendirent dans une corbeille, par une fenêtre, le long de la muraille». Act., ix, 25. Malgré cela, le christianisme ne tarda pas à faire des progrès à Damas, qui fut plus tard le siège d’un évêché, le second dupatriarcat d’Antioche. Mais là s’arrête pour nous l’histoirede la ville.

Nous avons vii, en parcourant Damas, les souvenirsqui restent de l’époque grécoromaine, les plus anciensconstatés jusqu’ici; car l’étude archéologique de la villeest encore à faire. Les traditions relatives à saint Pauls’y sont maintenues, malheureusem*nt avec un caractèred’authenticité que nous aimerions à voir mieux affermi, en ce qui concerne la détermination des lieux historiques.Nous avons un assez grand nombre de monnaies deDamas, autonomes ou non, avec ou sans date. Il y en a

entre autres de Cléopâtre, frappées dans les années 37, 36et 32 avant J.-C, offrant le type de la ville assise sur unrocher, avec le fleuve Chrysorrhoas (Abana) à ses pieds(fig. 468). Cf. F. de Saulcy, Numismatique de la TerreSainte, in-4°, Paris, -1874, p. 30-56, 401, pi. 2. La Bible, nous l’avons vu aussi, fait plusieurs fois allusion à labeauté, à la richesse et au commerce de la capitale syrienne.Elle mentionne également un des dieux qu’ony adorait, Remmon, IV Reg., v, 18, dont le nom se retrouvedans celui d’un roi, Tabrémon, comme le nom

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468. — Monnaie de Damas.

Buste de Cléopâtre. à droite. — r). AAMAEKHNQN | EŒ, ou plutôt COS (275 on 276). Femme coiffée de tours, assisesur un rocher, tournée à gauche, le bras droit étendu, ettenant de la main gauche une corne d’abondance. Devant sespieds, un épi; sous ses pieds, un Fleuve vu à mi-corps. Letout dans une couronne.

de Hadad revient dans celui de Bénadad. Pour la civilisation, la langue et la religion, voir Syrie.

IV. Bibliographie. — G. H. von Schubert, Reise indas Morgenland, 3 in-8°, Erlangen, 1840, t. iii, p. 276-304; J. Wilson, The Lands of the Bible, 3 in-8°, Edimbourg, 1847, t. ii, p. 325-369; J. L. Porter, Five years in Damascus, 2 in-8°, Londres, 1855, 1. 1, p. 24-148; The giantçities of Bashan, in-8°, Londres, 1871, p. 336-353; U. J. Seetzen, Reisen durch Syrien, etc., 4 in-8°, édit.Kruse, Berlin, 1854, 1. 1, p. 264-285; E. Robinson, BiblicalResearches in Palestine, 3 in-8°, Londres, 1856, t. iii, p: 443-472; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 414 g-m; A. Chauvet et E. Isambert, Syrie, Palestine, in-8°, Paris, 1887, p. 632-644; K. Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1893, p. 308-334; W. M. Thomson, The Land and the Book, 3 in-8°, Londres, 1886, t. iii, p. 361 - 417; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xiiv, p. 358-384; V. Guérin, La Terre Sainte, 2 in-f°, Paris, 1882, t. i, p. 383-420; E. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, 3 in-8°, Paris, 1890, t. ii, p. 296-311; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 123-129; H. Sauvaire, Description de Damas, dans le Journal

asiatique, 1894, 1895 et 1896.

A. Legendre.

    1. DAMNA##

DAMNA (hébreu: Dimnâh; Septante, Codex Alexandrinus: Aau.vdt; omis par le Codex Vaticanus ou remplacépar SsXXà), ville de la tribu de Zabulon, donnéeaux Lévites fils de Mérari. Jos., xxi, 35. Mentionnée uneseule fois dans l’Écriture, elle ne se trouve point dansl’énumération des cités assignées à la tribu. Jos., xix, 10-16. La liste parallèle de I Par., vi, 77 (hébreu, 62), ne donne que deux noms au lieu de quatre, et le premierest Remmono, dans lequel on a voulu voir la vraie formedu mot, dont Dimnâh ne serait qu’une lecture fautive. Ilest, en effet, facile de comprendre comment "liai, Rimmônô, ou peut-être n: fai, Rimmônàh, a pu devenir

ïi: dt, Dimnâh, par le changement assez fréquent du

resch, i, en daleth, "i, deux lettres qu’il est aisé de confondre.La Peschito appuie cette hypothèse, car elle amis, Jos., xxi, 35, Remîn au lieu de Dimnâh, que laparaphrase chaldaïque a conservé. Cependant les manuscritshébreux n’offrent pas de variantes. Il faut dire aussi

que le texte sacré a bien pu subir quelque altération.A la place des quatre villes lévitiques indiquées parJosué, xxi, 34-35, Jecnam, Carlha, Damna et Naalol, lepremier livre des Paralipomènes, vi, 77, n’en désigneque deux, et encore sont-elles différentes, Remmono etThabor. Les Septante, dans le Codex Vaticanus, ne mentionnentque trois villes, Jos., xxi, 35, Maàv, KâSniç etSsXXà, et deux, comme l’hébreu, I Par., vi, 77, ’Ps|jiu.ù-» et @&xxt{a ou ôaêùp. Le Codex Alexandrinus, qui suitassez exactement le texte original, Jos., xxi, 35, le complète, I Par., vi, 77, d’après Josué. Malgré ces difficultés, la conjecture: Damna = Remmono, reste plausible, etdans ce cas la cité lévitique dont nous parlons serait actuellementreprésentée par Roummanéh, village situéau nord de Nazareth, et qui n’est autre que l’ancienneville de Zabulon appelée Remmon (hébreu: Rimmôn).Jos., xix, 13. Cette identilication est admise, quoiqueavec réserve, par G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 51. Van de Velde, Reise durch Syrienund Palâstina, Leipzig, 1855, t. i, p. 216, note 2, avaitcru reconnaître Damna dans le bourg de Damoun, qui, à l’ouest de Kaboul (l’ancienne Cabul de Jos., xix, .27), domine la plaine de Saint-Jean-d’Acre; mais cette localité

appartient à la tribu d’Aser.

A. Legendre.

    1. DAMNATION##

DAMNATION, DAMNÉS. Voir Enfer.

DAN (hébreu: Dan; Septante: Aiv), nom d’un desfils de Jacob, de deux ou trois villes et d’un pays.

1. DAN, cinquième fils de Jacob, le premier qu’il eutde Bala, servante de Rachel. Celle-ci, désolée de n’avoirpas d’enfants, pria Jacob de lui en donner de sa servante, comme Sara avait demandé à Abraham de lui donner unfils d’Agar, Jacob eut ainsi de Bala un premier fils, etRachel dit: s Dieu a jugé (dan) en ma faveur, il a exaucéma voix et m’a donné un fils. C’est pourquoi elle l’appeladu nom de Dan.» Gen., xxx, 1-6. Le nom de Dan(sous-entendu: Dieu) correspond, comme l’a observéJosèphe, Ant. jud., i, xix, 8, à celui de Théocrite: Aâv, OsixptTOv av tiv£5 sîjcoiev xarà rrçv’EXXrjvtôv y^< «>tvav. Le patriarche Jacob fait aussi allusion au sens dunom de Dan dans sa bénédiction. Gen., xlix, 16. Balaeut plus tard un second fils, qui fut Nephthali. Le nomde Dina, fille de Jacob, paraît être, à part le changementde genre, le même que celui de Dan. — Nous ne savonsrien de particulier sur l’histoire du fils aîné de Bala. Sonnom apparaît seulement, Gen., xxxv, 25, dans l’énumérationdes fils de Jacob, et Gen., xlvi, 23, dans la listegénéalogique des enfants des douze patriarches, où nouslisons: «Fils de Dan: Husim.» C’est le seul de ses descendantsqui soit nommé; mais comme Husim est en hébreu(Husim) une forme plurielle, il est possible que ce motdésigne une famille, non un individu. Cette explicationpermettrait de comprendre plus facilement comment latribu de Dan, lors de l’exode, était la plus nombreuse detoutes, après celle de Juda; elle ne comptait pas moinsde 62700 hommes capables de porter les armes. Num., i, 38-39. Tous les autres passages de l’Écriture où se lit lenom de Dan, même dans la bénédiction de Jacob, Gen., xlix, 16-17, et dans celle de Moïse, Deut., xxxiii, 32, serapportent, non à la personne du patriarche, mais à latribu issue de lui. Voir Dan 2. Le plus célèbre des descendantsde Dan fut Samson. F. Vigourobx.

2. DAN, une des douze tribus d’Israël. — I. GÉOGRA-PHIE.— La tribu de Dan était bornée au nord et au nordestpar celle d’Éphraïm, à l’est par celle de Benjamin, ansud par celle de Juda, et à l’ouest par la mer Méditerranée.Le territoire assez restreint qu’elle occupait comprenaitla partie septentrionale de la plaine de Séphélaet les premiers contreforts de la montagne. Après avoir 4

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énuméré ses villes, dont plusieurs sont aujourd’hui bienidentifiées, nous essayerons de tracer ses limites, pour ladécrire ensuite dans son ensemble. Voir la carte.

1° tilles pmncipalbs. — Les principales villes de Dansont mentionnées dans Josué, xix, 40-48. Nous donnonsici, en suivant l’ordre même de l’auteur sacré, leursidentifications ou certaines, ou probables, ou douteuses; on devra chercher les développements dans les articlesqui concernent chacune d’elles en particulier.

1. Saraa (hébreu: Sor’âh; Septante: SapàO; CodexAlexandrinus: Eapaà; ailleurs: Eapaà, Sapa, ’P «à; Vulgate: Sarea, Jos., xv, 33), comptée d’abord parmiles villes de la Séphéla appartenant à Juda, Jos., xv, 33; assignée plus tard à Dan, Jos., xjx, 41; patrie de Samson.Jud., xiii, 2, 21-25. Elle porte encore aujourd’huiexactement le même nom, Sûr’ah, suivant le Survey ofWestern Palestine, Names List, Londres, 1881, p. 329; Sara’â, selon M. Guérin, Judée, t. ii, p. 15. Elle couronneune colline assez élevée, en dehors du massif proprementdit des montagnes de Judée, et forme groupeavec les deux suivantes au sud-est de la tribu.

2. Esthaol (hébreu: ’ÉSfà’ôl: Septante: ’Airdi; CodexAlexandrinus: Eabotôl; ailleurs: ’Eo-OxôX, ’AoxatiX; Vulgate: Estaol, Jos., xv, 33), citée parmi les villes de Judasituées «dans la plaine», Jos., XV, 33; puis attribuée àDan. Jos-, xix, 41. Elle est toujours mentionnée avecSaraa, sa voisine, ce qui permet de la reconnaître dansle village actuel d’Eschou’a ou Aschou’a, placé à peu dedistance au nord-est de cette dernière: identificationqui devient certaine si l’on en croit une ancienne traditionrecueillie sur les lieux par M. Guérin, Judée, t. ii, p. 13, et d’après laquelle Aschou’a se serait primitivementappelé Aschou’al ou Aschthou’al.

3. Hirsémés (hébreu: ’/r SéméS, «ville du soleil;» Vulgate: Civitas solis; Septante: itôXeiç 2âu, ii, ctu; ; CodexAlexandrinus: rrfXts Eajtéç). C’est, sous un nom dontle premier élément seul a été changé, la même ville queBethsamès (hébreu: Bê( séméS, «maison du soleil» ), située sur la frontière nord de Juda, entre Cheslon(Kesla) et Thamna (Khirbet Tibnéh), Jos., xv, 10, donnéeaux prêtres, Jos., xxi, 16; puis comptée parmi lescités de Dan. Jos., xix, 41. Nous croyons, en effet, inutilede distinguer ici deux localités (voir Bethsamès 1, t. i, col. 1732); elles ont leur correspondant exact dans’Ain Schems, «la source du soleil,» au sud de Sara’âh.

4. Sélébin (hébreu: Sa’âlabbin, Jos., xix, 42; Sa’albîm, Jud., i, 35; III Reg., iv, 9; Septante: SaXaixiv; Codex Alexandrinus: EaXâ[ieiv; ailleurs: ©aXaëfv, Jud., I, 35; SaXotëiv; Codex Alexandrinus: EaXaëet’jt, III Reg., iv, 9; Vulgate: Salebim, Jud., i, 35; III Reg., iv, 9). Lamention de cette ville avec Aïalon, qui suit, a fait conjecturerqu’elle subsistait peut-être dans Selbît, au nordouestde Yâlô (Aïalon). Cf. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 159. Si la correspondance onomastiquelaisse à désirer, il y a conformité au point devue de l’emplacement.

5. Aïalon ( hébreu: ’Ayyâlân; Septante: ’Ajijiùv; Codex Alexandrinus: IaaXwv; ailleurs: AiXovv, AÏXù; Codex Alexandrinus: 'IaXo>v, Jos., xxi, 24; ’HXtiv, I Par., vi, 69; AtaXùv, II Par., xi, 10; AtXùv; II Par., xxviii, 18; Vulgate: Helon, I Par., vi, 69), immortalisée par laparole de Josué arrêtant le soleil et la lune, Jos., x, 12, est universellement reconnue aujourd’hui dans le villagede Yâlô, au nord de la route de Jaffa, entre Ramléh etJérusalem. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 253; V. Guérin, Judée, t. i, p. 290.

6. Jéthela (hébreu: Ytlâh; Septante: 21Xa8 «; CodexAlexandrinus: ’IeOXà). On a voulu l’identifier avec DeitToûl, au sud-est de Yâlô. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 43. C’est le voisinaged’Aïalon qui a suggéré cette idée; le rapprochement

entre les deux noms est insuffisant. C. F. Tynvhitt Drakes’est appuyé sur le EiXaôi des Septante pour chercher cettelocalité dans Schilta, à l’est de Ramléh, au nord de Yâlô.Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Slatement,

1873, p. 101. Ce serait bon si le mot grec représentait lenom primitif; ce qui n’est pas sur. Enfin, suivant d’autres, Youadi’Atallah, à l’ouest de Yâlô, rappellerait notre citébiblique. Cf. Riehnl, Handwôrterbuch des BiblischenAltertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 726. En somme, identificationincertaine.

7. Élon (hébreu: ’Êlôn; Septante: ’EXwv; Codex Vaticanus: AîXùv). On a proposé de la reconnaître dans levillage de Beit Ello, au nord-ouest de Béthel, au nordde Béthoron. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places, etc., p. 56. Ce point appartient plutôtà la tribu d’Éphraïm. Quelques-uns ont pensé à’Ellin(’Alin, suivant la carte anglaise), au sud-est et tout prèsà." Ain Schems (Bethsamès). Cf. Keil, Josua, Leipzig,

1874, p. 163.

8. Themna (hébreu: Timnâfâk, Jos., xix, 43; Jud., xiv, 1, 2, 5; Timnâh, Jos., xv, 10; Septante: 0au.vâ8a; Codex Alexandrinus: ©otjivi, Jos., xix, 43; Vulgate: Thamna, Jos., xv, 10; Thamnatha, Jud., xiv, 1, 2, 5), sur la limite septentrionale de Juda, Jos., xv, 10, nonloin de Saraa, Jud., xiv, 1-6, est généralement identifiéeavec Khirbet Tibnéh, à l’ouest d"Aïn Schems. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 29-31. Nous préférons cette opinionà celle des explorateurs anglais, qui placent, bien qued’une manière douteuse, Themna de Dan à Tibnéh, aunord-est et assez loin de Lydda. Cf. Survey of WesternPalestine, Memoirs, t. ii, p. 299; G. Armstrong, W. Wilsonet Conder, Names and places, etc., p. 175. — Themnaest la Ta-am-na-a ou Tam-na des inscriptions cunéiformes.Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und dasvlteTestament, Giessen, 1883, p. 170.

9. Acron (hébreu: ’Éqrôn; Septante: ’Axicoeptov; Vulgateordinairement: Accaron, Jos., xiii, 3, et ailleurs), une des cinq satrapies philistines, se retrouve aujour. d’hui, sans aucun doute, sous le nom à peine changé, simplementprivé de la désinence finale, d"Aqir, au sudouestde Ramléh. Cf. Robinson, Biblical Researches inPalestine, t. ii, p. 227; V. Guérin, Judée, t. ii, p. 37.Les inscriptions assyriennes la mentionnent sous la formeAm-qar-ru-na. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften unddas Alte Testament, p. 164.

10. Elthécé (hébreu: ’Élfeqêh; Septante: ’AXxaOà; Codex Alexandrinus: ’EXŒxw, Jos., xix, 44; ’EXx<o60u[i; Codex Alexandrinus: ’EXôexù, Jos., xxi, 23; Vulgate: Eltheco, Jos., xxi, 23) n’a pu jusqu’ici être identifiée.Les auteurs anglais, G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places, p. 57, ont proposé Beit Liqia, ausud de Béthoron inférieur; mais il n’y a là aucune analogiede nom, ni même de position. Elthécé est bienVAltaqu (Al-ta-qu-u) des inscriptions assyriennes.Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, p. 171. Or celles-ci fixent très approximativementnotre ville dans les environs d’Accaron et de Thamnatha.

11. Gebbéthon (hébreu: Gibbepôn; Septante: Be-feOwv; Codex Alexandrinus: raë16<iv, Jos., xix, 44; ailleurs: TeôeSâv, Jos., xxi, 23; raga6(ov, III Reg., xv, 27; xvi, 17; Taëaùv, III Reg., xvi, 15; Vulgate: Gabathon, Jos., xxi, 23). Nous n’avons rien de certain sur son emplacement.On peut cependant reconnaître cette localité dansle village actuel de Qibbiyéh, au sud-est d’El-Yehoudiyéh, la ville de Jud, qui vient presque immédiatementaprès. Cf. Names and places, p. 69.

12. Balaath (hébreu: Ba’âlât; Septante: TegeeXâv; Codex Alexandrinus: BaaXûv, Jos., xix, 44; BaXâS, III Reg., ix, 18; BaXaâS, II Par., viii, 6; Vulgate: Baalath, III Reg., ix, 18). Van de Velde, Memoir to accompanythe Map of the Hohj Land, Gotha, 1859, p. 291, pensequ’elle se retrouve probablement dans Deir Balloût, au

nord-est d’El-Yekoudiyéh. Ce point pourrait, en effet, croyons-nous, rentrer dans les limites de Dan. MaisJosèphe, Ant. jud., VIII, vi, 1, la place plus bas: si sonindication est vraiment basée sur la tradition, il est permisd’accepter la conjecture qui assimile Balaath à Beîa’în, un peu au nordouest de Béthoron inférieur.

13. Jud ( hébreu: Yehud; Septante: ’AÇùp; CodexAlexandrinus: ’Io-J6). Il n’y a pas lieu, ce nous semble, d’hésiter, comme Eobinson, Biblical Researches, t. ir, p. 242, et V. Guérin, Judée, t. i, p. 322, à l’identifier avecEl-Yehoudiyéh, à l’est de Jaffa: la correspondance estexacte au point de vue du nom et de la position.

14. Bané et Barach (hébreu: Benê-Beraq; Septante: BavaiSaxit; Codex Alexandrinus: Bivi, gapâx). Ces deuxmots, comme l’indiquent l’hébreu et le grec, ne désignentqu’une seule ville, qui, mentionnée après Jud, subsisteencore près d’elle, sous le nom à peine changé d’Ibn-Ibrâk.Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 251. La même situation lui est assignée dans l’inscriptionde Sennachérib, où elle est citée sous la formeBa-na-ai-bar-qa, parfaitement semblable à l’hébreu.Cf. E. Schrader, Die Keilinschriflen, p. 172, 289.

15. Gethremmon (hébreu: Gat-Rimmôn; Septante: TeOp£|jiH(iv, Jos., XIX, 45; ailleurs: VtQip£uî>y, Jos.,

xxi, 24; re6(i>pi>v; Codex Alexandrinus: re6p£u.[i(Jv, I Par-, VI, 69); inconnue.

16. Méiarcon (hébreu: Mê hayyarqôn, «les eaux duYarqon,» ou aqu.se flavedinis, «eaux de couleur jaune;» Septante: i; To"6 «).aærr]c’hpâxwv, ce qui suppose la lecture: miyyâm Yeraqôn, «à partir de la mer, Yeraqon» )se retrouve peut-être dans le Nahr el-Aoudjéh, qui sejette dans la mer au nord de Jaffa. Cf. Conder, Handbookto the Bible, Londres, 1887, p. 262.

17. Arécon (hébreu: Hà-Raqqôn, avec l’article) aété assez justement identifiée par les explorateurs anglaisavec Tell er-Reqqeit, localité située sur les bords de lamer, au nord du Nahr el-Aoudjéh. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Narnes and places, p. 147.

18. Joppé (hébreu: Yâfô; Septante: ’lômtr]) est leport bien connu de Jaffa; arabe: Yafa. Son nom seretrouve sous la forme Iopou ou Tapou dans les listesgéographiques des pylônes de Karnak. (n° 62). Cf. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de’T/ioutmès III qu’on peut rapporter à la Judée, 1888, p. 1. Les inscriptions assyriennes le donnent sous cellede Ia-ap-pu-u = Iap-pu. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriflenund das Alte Testament, p. 172.

On peut ajouter à cette liste quelques villes, mentionnéesailleurs dans l’Écriture et englobées dans le territoirede Dan, comme Gazer (Tell-Djezer), Gamzo (Djimzou), Modin (El-Midiyéh), Lod (Loudd) et Ono (Kefr’Ana).

2° limites. — Dans cette énumération, Josué, fidèleà sa méthode, suit un ordre régulier, comme pour Aser, Benjamin et d’autres tribus. (Voir, en particulier, notreremarque sur ce sujet, à l’article Aser 3, t. i, col. 1086.)On y distingue deux groupes bien déterminés, celui dusud et celui du nord, reliés entre eux par quelques localitésdu centre et de l’est. Le groupe méridional comprend: Saraa, Esthaol, Hirsémès, Sélebin, Aïalon, Jéthéla, Elon, Themna, Accarpn et Ellhécé. L’auteur sacré passeensuite par Gebbéthon et Balaath pour arriver au groupeseptentrional, formé de Jud, Bané et Barach, Gethremmon, Méiarcon, Arécon et Joppé.

Josué n’a pas pris soin, comme pour Juda et Benjamin, Jos., XV, 1-12; xviii, 11-20, de nous décrire lui-mêmeles limites de Dan. Cependant l’énumération seuledes villes principales nous donne des jalons bien suffisants.Si la Méditerranée forme une barrière naturelle àl’occident, Arécon (Tell er-Reqqeit), de ce côté, marquela frontière nord, tandis que le point opposé, Accaron(, ’Aqîr), l’arrête vers le sud. Le coin sud-est est parfaitementdéterminé par la ligne courbe que dessinent

Themna (Khirbet Tibnéh), Hirsémès (’Aïn-Schems), Saraa (Sara’a) et Esthaol (Eschou’a); peut-être mêmepourrait-on y faire rentrer Élon en la plaçant à’Alîn.L’orient, enfin, est délimité par Aïalon (Ydlô), Balaath(Bela’in) et Gebbéthon (Qibbiyéh). Ce tracé est encoreprécisé davantage au sud et à l’est par celui que Josuénous offre des tribus de Juda et de Benjamin. Voici, eneffet, comment l’auteur sacré établit la frontière septentrionalede Juda, et par là même celle de Dan, du côtédu midi, à partir de Baala ou Cariathiarim (Qariet el-’Enab), point de jonction des trois tribus voisines: «Etde Baala elle tourne vers l’occident jusqu’à la montagnede Séir (Sorts), passe à côté du mont Jarim au septentrionvers Cheslon ( Kesla), descend vers Belhsamès(’Aïn-Schems), passe jusqu’à Thamna [Khirbet Tibnéh), vient vers le côté d’Accaron vers le nord, incline versSéchrona, passe le mont Baala, s’étend jusqu’à Jebnéel(Yebna), et se termine enfin du côté de l’occident par lagrande mer.» Jos., xv, 10, 11. Cette ligne de démarcationnous semble assez bien suivre, d’une façon générale, ïouadi es-Sowar et le Nahr Boubin. D’autre part, déterminantla limite occidentale de Benjamin, Josué nousdit: s Elle descend à Ataroth-Addar (Khirbet ed-Dâriyéh), près de la montagne qui est au midi de Béthoron inférieur(Beit’Our et-Tahta); puis elle tourne en inclinantvers la mer, au midi de la montagne qui regardeBéthoron du côté du midi, et elle se termine à Cariathbaal, qui s’appelle aussi Cariathiarim, ville des enfants deJuda.» Jos., xviii, 13, 14. Comme on le voit, il n’y aguère que la frontière nord dont les contours restent unpeu indécis. Josèphe, Ant. jud., V, i, 22, nous paraîtexagérer les possessions de Dan, du côté de l’ouest, enles étendant d’Azot (Esdoûd) au midi jusqu’à Dora (Tantourah) au nord, c’est-à-dire à la plus grande partie dela plaine fertile qui longe la Méditerranée.

3° description. — La ti’ibu de Dan occupait, on levoit, comme celle de Benjamin, sa voisine, un territoireassez restreint, mais qui avait l’avantage de la richesseet l’importance de la position. Il comprenait deux partiesdistinctes: la plaine et les premiers contreforts de lamontagne. La plaine était le centre de cette large bandede terre, d’une merveilleuse fertilité, qui s’étend, parallèlementà la mer, de Gaza au Carmel, et porte, au sudde Jaffa, le nom de Séphéla, au nord celui de Saron. Ellese développait, dans la région dont nous venons de tracerles limites, sur une longueur approximative d’une dizaine.de lieues et une largeur de sept à huit. Après les dunesde sable qui longent la côte, on rencontre cette vasteplage légèrement ondulée, qui, aux dernières époquesgéologiques, émergea du sein des eaux, quand la mercessa de battre le pied des montagnes calcaires d’Éphraïmet de Juda. Les hauteurs dont elle est parsemée vont de50 à 60, 80 mètres et plus au-dessus du niveau de la mer.Elle est composée d’une arène fine et rougeâtre que lapluie ou de fréquentes irrigations transforment en unvéritable terreau extrêmement fertile. En dehors de lasaison des pluies, il est facile de l’arroser; car, si l’onveut se donner la peine de creuser, on est à peu prèssur de trouver l’eau partout, à quelques mètres seulementde profondeur. Aussi, malgré la déchéance du pays, mêmeau point de vue physique, la richesse de ses produitsrappellet-elle l’Egypte. À certains moments de l’année, cette vaste plaine n’est qu’une immense nappe verte oujaune d’or suivant le degré plus ou moins avancé desmoissons, s’étendant à perte de vue. D’endroits en endroits, son uniformité est coupée par des bouquets deverdure qui marquent les villages. Ceux-ci sont placéssur de petit* monticules élevés de trois ou quatre mètres, collines souvent artificielles formées par les restes desanciennes habitations écroulées. Ils sont entourés de palmiersélancés, de figuiers, de sycomores et d’impénétrableshaies de cactus. Les maisons sont bâties en piséou terre mélangée de paille hachée; parfois de petites

pierres non taillées entrent dans la construction. Plusieursvilles importantes, comme Jaffa, Ramléh, Lydda, ont de magnifiques jardins, qui rappellent la beauté premièrede cette Terre Promise, si brillamment dépeintepar la Bible, et en particulier de cette plaine de Saron, dont Isaïe, xxxv, 2, chantait «la magnificence». Les vergersde Jafla surtout sont célèbres; on croirait, en lesparcourant, errer dans les fabuleux jardins des Hespérides.C’est dans cette plaine, qui faisait l’orgueil et larichesse des Philistins, que Samson lança les trois centschacals qui devaient, pour le venger, détruire sur piedles blés déjà mûrs. Jud., xv, 1-5.

A mesure qu’on avance vers l’est, la plaine onduledavantage, et le terrain se relève en collines plus oumoins accentuées. La partie montagneuse forme le piedde la grande arête qui traverse la Palestine du nord ausud et en constitue comme l’épine dorsale. Elle n’atteintguère, dans ses points les plus élevés, que la moitié dela hauteur moyenne de celle-ci, de 3 à 400 mètres, excepté vers la frontière sud-est, où, dans les enviions deSàris et de Qariet el-Énab, l’altitude dépasse 700 mètres.Cette chaîne, qui domine la plaine et la ferme commeune barrière, prend, sous les rayons du soleil couchant, des teintes aussi belles que variées. Les nombreux ouadis<nii en descendent, se dirigeant tous vers la Méditerranée, la coupent en fossés plus ou moins profonds, et de largesvallées ou d’étroits ravins, s’abaissant graduellementvers la Séphéla, la relient aux plateaux élevés de Benjaminet d’Éphraïm. Les vallées sont parfois bien cultivées.Les rochers, quoique dénudés, sont néanmoins souventtapissés d’une belle végétation de fleurs. Étages surles hauteurs, les villages s’élèvent, entourés de verdure, avec de nombreuses grottes creusées dans la montagneet servant de tombeaux ou de silos, magasins souterrainsdestinés à ramasser la paille, le blé, l’orge, etc. Desciternes également taillées dans le roc gardent les provisionsd’eau si nécessaires dans une contrée où les sourcessont rares et les torrents seulement temporaires. Si l’onveut avoir une belle vue d’ensemble du territoire deDan, il faut monter au sommet de la tour de Ramléh.

Les principaux ouadis, dont nous ne citons que les plusimportants, ouadis Nousrah, Deir Balloût, En-Nâtûf, ’Aly, Es-Souràr, alimentés par des branches secondaires, vont se déverser dans la mer par deux canaux, dont l’un est situé au nord de Jaffa, le Nahr el-Aoud/éh, et l’autre au sud, le Nahr Roubin, tous deux marquantà peu près, nous l’avons dit, les frontières de la tribu.

La tribu de Dan n’avait pas seulement la richesse dusol; sa situation était des plus importantes. Et d’abordelle possédait le port de Jafla, de tout temps le plus fréquentédans cette partie de la côte méditerranéenne. Ilouvrait à ses vaisseaux, objet de toutes ses préoccupations, Jud., v, 17, les routes du commerce maritime.Quoique d’un accès assez difficile, il n’en était pas moinsla clef de toute la contrée. De là partent maintenant lesroutes qui aboutissent au cœur même du pays, Jérusalem.Le chemin de fer traverse d’un bout à l’autre leterritoire danite, suivant la plaine et l’ouadi Sourar pourentrer en Juda. Une route carrossable passe par Yazoûr, Sarfend, Ramléh, El-Qoubâb, Lâtroun, Qariet el-Enab, et va directement à la ville sainte. Un autre chemin, passantpar Loudd (Lydda), se ramifie à Djimzou, une doses branches se dirigeant vers les deux Beit’Our (Béthoroninférieur et supérieur), l’autre plus bas, allant par’Annâbéh, Berqah, Beit Nouba, etc., sans compter unevoie intermédiaire et quelques embranchements, aboutissantà Jérusalem. C’est par les vallées et les sentiersqui unissent la plaine à la montagne que les Philistinsfaisaient leurs incursions dans le haut pays. Ensuite, outre ces communications qui reliaient le rivage aux plateauxélevés, la grande route d’Egypte à Damas et enAssyrie, suivant la plaine côtière, traversait du sud aunord la tribu de Dan. Il y avait là des places importantes;

c’est pour cela que tant de noms dans ce petit coin nousont été conservés par les monuments égyptiens et assyriens: lopou, lap-pou (Jaffa), A-zou-rou (Yàzoûr), Bit-Da-gan-na (Beit-Dedjan; Vulgate: Bethdagon, selon l’identification adoptée par quelques auteurs), Ba-nai-bar-qa (lbn lbràk, Bané-Barach), Aounaou(Kefr’Ana, Oxo), Houditi (Hadithéh, Hadid, Addus), Salouli (Schilta), Gaziro (Tell Djézer, Gazer), Am-qarrou-na(’Aqir, Accaron), Tam-na (Khirbet Tibnéh, Thamnatha).

Certaines particularités naturelles du territoire de Danse reflètent dans les noms mêmes des cités bibliques: les charmes et la richesse dans Joppé (hébreu: Yâfô, «beauté» ), Élon (hébreu: ’Êlôn, «chêne» ), Gethremmon(hébreu: Gat-rimmôn, «pressoir de grenades» ); la faune dans Sélebiri (hébreu: Sa’âlabbîn ou Sa’albîm, «les chacals» ), Aïalon (hébreu: ’Ayyâlôn, «gazelle» ).Les lions, mentionnés avec les chacals dans l’histoire deSamson, Jud., xiv, 5, 8, ont aujourd’hui disparu de cesmontagnes; mais ces derniers y sont encore très nombreux.Les différents aspects de la contrée sont indiquéspar des mots comme Séphéla (hébreu: Sefélàh), «paysbas;» Gebbethon (hébreu: Gibbefôn), «hauteur;» commeSeir (hébreu: Sê’ir) qui veut dire «escarpé». Le nomarabe de Ramléh, «sable,» caractérise bien la naturedu sol sur lequel la ville est bâtie.

II. Histoire. — L’histoire de Dan n’offre en sommerien de bien extraordinaire, à. part son expédition dansle nord de la Palestine et l’épisode de son héros principal, Samson. Au dénombrement du Sinaï, elle comptaitsoixante-deux mille sept cents hommes en état de porterles armes. Num., i, 38-39; ii, 26. Son contingent étaitainsi le plus nombreux après celui de Juda (74600).Num., i, 27. Elle avait alors pour chef Ahiézer, fils d’Àmmisaddaï.Num., i, 12. Dans les campements, elle étaitplacée au nord du Tabernacle, avec Aser et Nephthali, issus comme Dan de femmes secondaires. Num., ii, 25-30.L’effectif total de ce corps d’armée était de cent cinquante-septmille six cents hommes, et leur ordre de marche àl’arrière-garde. Num., ii, 31; x, 25. Les offrandes que fitau sanctuaire, au nom de la tribu, Ahiézer, son prince, sont ainsi énumérées: «Un plat d’argent qui pesait centtrente sicles, et un vase d’argent de soixantedix siclesau poids du sanctuaire, tous deux pleins de farine mêléed’huile pour le sacrifice; un petit vase d’or du poids dedix sicles, plein d’encens; un bœuf de troupeau, un bélier, un agneau d’un an pour l’holocauste, un bouc pour lepéché, et, pour les hosties pacifiques, deux bœufs, cinqbéliers, cinq boucs, et cinq agneaux d’un an.» Num., vii, 67-7 1. Parmi ses personnages remarquables à cette époque, l’Écriture cite Ooliab, habile artiste, qui fut adjoint àBéséléel de Juda pour la fabrication des objets destinésau culte divin, Exod., xxxi, 6; xxxv, 31; xxxviii, 23, etAmmiel, fils de Gémalli, qui fut un des explorateurs dela Terre Promise. Num., xiii, 13. La Bible a égalementconservé le nom de la mère du blasphémateur lapidé parordre de Moïse: c’était Salumith, fille de Dabir, de Dan.Lev., xxiv, 11.

Pendant le séjour au désert, le nombre des guerriersdanites varia beaucoup moins que celui de plusieursautres tribus. Au second recensem*nt qui se fit dans lesplaines de Moab, le long du Jourdain, ils étaient soixante-quatremille quatre cents, c’est-à-dire avec une augmentationde dix-sept cents. Num., xxvi, 42^43. Le prince quifut choisi parmi eux pour travailler au partage de la TerreSainte fut Bocci, fils de Jogli. Num., xxxiv, 22. Dansla scène solennelle des bénédictions et malédictions, àSichem, la tribu de Dan se tenait sur le mont Ébal, «pourmaudire,» avec celle de Buben ( le fils aîné, dépouillé deses droits), Gad (le dernier fils de Lia), Aser, Zabulonet Nephthali (fils d’esclaves). Deut., xxvii, 13. Nous avonsvu la part qui lui revint dans le pays de Chanaan. Jos., xix, 40-47. Elle fournit quatre villes aux Lévites, fils do

Caath: Elthéco, Gabathon, Aïalon et Gethremmon, avecleurs faubourgs. Jos., xxi, 23, 24. Mais elle ne put jouiren paix de la riche contrée qui lui était échue. Les Amorrhéens, vaincus, mais non exterminés, «tinrent les filsde Dan resserrés dans la montagne, sans leur permettrede s’étendre en descendant dans la plaine (la Séphéla); et ils habitèrent sur la montagne d’Harès, c’est-à-direla montagne de l’argile, dans Aïalon et dans Salebim.» Jud., i, 3Î, 35. Il fallut le secours de la maison de Josephpour réduire l’ennemi; mais c’est sans doute en raison deces difficultés et de l’exiguïté de leur territoire que lesDanites allèrent fonder une colonie à l’extrémité de laPalestine; tel est le sens qu’il faut donner à ces parolesdu texte sacré: «La tribu de Dan cherchait des terrespour y habiter; car jusqu’alors elle n’avait point reçu sapart du territoire avec les autres tribus.» Jud., xviii, 1.Nous les voyons néanmoins tranquillement occupés deleurs vaisseaux pendant que les tribus du nord combattaientavec Débora et Barac. Jud., v, 17. Ils eurent lagloire de donner à Israël un de ses Juges les plus célèbres, Samson. Jud., xm-xvi. Les Philistins avaient remplacéles Amorrhéens dans la plaine et exerçaient les mêmesravages. On sait quelles représailles exerça contre eux lefils de Manué. Voir Samson. C’est pendant cette mêmeépoque des Juges que six cents d’entre eux partirent deSaraa et d’Esthaol pour aller faire la conquête de Laïs, qu’a ils appelèrent Dan, du nom de leur père». Jud., xviu.Voir Dan 3.

Au temps de David, notre tribu maintenait son ranget son caractère guerrier. Elle fournit, pour l’électionroyale, à Hébron, vingt-huit mille six cents hommes bienarmés. I Par., xii, 35. Son chef, sous ce prince, étaitEzrihel, fils de Jéroham. I Par., xxvil, 22. Un des plushabiles artistes envoyés à Salomon par le roi de Tyr, et appelélui-même Hiram ou Hiromabi, était fils d’une Danite.II Par., ir, 13, 14. Dans le partage de la Palestine entreles douze tribus, tel qu’il est décrit par Ézéchiel, Danest placé au nord du territoire sacré, probablement àcause de la colonie dont nous avons parlé. Ezech., xlviij, 1,% Le même prophète, dans sa reconstitution idéale dela cité sainte, indique à l’est une «porte de Dan». Ezech., XLViii, 32. La Vulgate cite ce nom dans un autre passagede l’auteur sacré, Ezech., xxvii, 19; mais on lit généralement, avec l’hébreu, Vedân, que quelques auteurs identifientavec la ville d’Aden, en Arabie. Notons en dernierlieu l’omission qui est faite de Dan en deux endroits dela Bible, d’abord dans les listes généalogiques des tribus, I Par., ii-x, bien que le patriarche lui-même soit citéparmi les fils d’Israël, et à la même place que lui donnela prophétie de Jacob (Gen., xlix, 16), I Par., ii, 2; ensuitedans l’énumération de saint Jean, Apoc, vii, 4-8, à proposdes élus marqués du sceau de Dieu. Ou a apporté, principalementpour cette dernière, différentes explicationsplus ou moins plausibles, qu’on peut voir dans les commentateurs.Cf. Drach, Apocalypse de saint Jean, Paris, 1879, p. 92-93.

III. Caractère. — Le caractère des Danites se résumedans la ruse et la force, deux éléments de la valeur guerrière, surtout à ces époques reculées de l’histoire. Ilavait été parfaitement dépeint dans les deux prophétiesde Jacob et de Moïse. Le patriarche mourant avait dit deson fils, Gen., xux, 16, 17:

Dan juge son peuple,

Comme une des tribus d’Israël.

Dan est un serpent dans le chemin,

Un céraste dans le sentier,

Qui mord le cheval au talon,

Et fait tomber à la renverse le cavalier.

Le premier trait est, avec paronomase, une explicationdu mot Dan, «juger,» appliqué à une circonstance particulièrede l’histoire. «Dan juge (hébreu: Dân yâdîn)son peuple,» c’est-à-dire, quoique né d’une esclave, il

ne sera pas inférieur «aux autres tribus d’Israël». LesJuifs, saint Jérôme et beaucoup d’interprètes voient làune allusion à la judicature de Samson. Le second est unecomparaison très frappante, qui peint un esprit parfoiscruellement rusé. Le mot nâhâS désigne le serpent engénéral, symbole de l’astuce; mais le terme Sefifônindique le «céraste» ou «serpent à cornes», xlpas, quiest un reptile extrêmement dangereux. Ayant une couleurde terre, il se cache facilement dans les creux oules ornières du chemin, sur le passage des caravanes.Ne laissant dépasser que ses cornes ou antennes quisurmontent chacune de ses paupières, et dissimulé dansle sable, il guette les oiseaux ou d’autres proies. Si unhomme à cheval s’approche trop près, il se roule tout àcoup autour d’un des pieds de l’animal et le mord. Saisipar la douleur, celui-ci se cabre et renverse son cavalier.Voir Céraste, col. 432. La ruse, loin d’être mépriséechez les Orientaux, est, au contraire, estimée à l’égal dela bravoure. Cette finesse est personnifiée dans Samson; mais le caractère du céraste paraît surtout dans l’expéditionde six cents Danites contre Laïs: espions envoyés «pour explorer le pays et l’examiner avec soin», Jud., xvin, 2, promptitude de l’exécution: «point de négligence, point de retard; allons et possédons-la [cette terrefertile], nous entrerons chez des gens qui se croient ensûreté,» ^. 9, 10; surprise de l’attaque et destruction dela ville, ꝟ. 27. Il y a en particulier, dans la façon dontils dépouillent le sanctuaire de Michas, certains traits pittoresquesqui nous montrent le sarcasme se joignant àl’astuce, la menace audacieuse succédant à l’ironie. Pourfaire main basse sur les idoles de Michas, ils occupentle prêtre en avant de la porte, et pendant ce temps-là lescinq explorateurs, qui connaissent les lieux, dérobentles objets de leur convoitise, ꝟ. 16, 17. Ils savent habilementattirer le jeune lévite, lui exposant les avantagessupérieurs qu’il trouvera auprès d’eux. ^. 19, 20. Puis, loi-sque le propriétaire volé vient réclamer ses dieux, ilslui répondent avec une tranquille assurance: «Quedemandez-vous? Pourquoi criez-vous?» ^. 23. Enfin, sesentant les plus forts, ils passent d’un faux étonnementà la menace tragique: «Gardez - vous de nous parlerdavantage, disent-ils, de peur qu’il ne vous arrive desgens qui s’emportent de colère, et que vous ne périssiezavec toute votremaison,»! 25. Moïse, Deut., xxxiii, 22, dépeint aussi par une comparaison la force qui caractériserala tribu:

Dan est comme un jeune lion;

H s’élance de Basan.

Dans le pays de Basan, à l’est du Jourdain, et particulièrementsur les pentes boisées du Hauran, les caverneset les fourrés servaient de retraites à des lions qui seruaient sur les troupeaux et causaient d’affreux ravages.Ainsi les Danites se jetaient sur leurs ennemis. Cetteforce est encore représentée par Samson. L’Écriture nousdépeint d’ailleurs les guerriers de cette tribu comme «des hommes très vaillants s, Jud., xviir, 17; «bienarmés,» jL 16; «ceints d’armes guerrières,» ^. Il; «préparésau combat.» I Par., xii, 35. Le lion de Dan dominaitau nord, comme celui de Juda au sud.

A. LEGENDRE.

3. DAN (hébreu: Dân; Septante: Aiv; une fois À «(TîvSàv; Codex Vaticanus: AauevvSix, par l’union desdeux noms Lésem et Dan; Codex Alexandrinus: AéuevAiv, Jos., xix, 47), ville de Palestine, appeléeaussi Laïs(hébreu: Lais, Jud., xviii, 14, 27, 29; Lâyesdh, avec hélocal, Jud., xviii, 7; Septante: Aaio-i, Jud., xviii, 7, 14, 27; Oj), au, âi{; Codex Alexandrinus: ’AXei; , Jud., xviii, 29)et Lésem ( hébreu: LéSém, Jos., xix, 47; Septante: A<x-/t; Codex Alexandrinus: Aiuepi), conquise par six centsguerriers de la tribu de Dan, qui lui donnèrent le nomde leur père, Jos., xix, 47; Jud., xviii, 29, et servant, chez les auteurs sacrés, à désigner la frontière septen

trionale de la Terre Sainte, dans la locution bien connue: «depuis Dan jusqu’à Bersabée.» Josèphe l’appelleAâva, Ant. jud., V, III, 1, et Aivov, Ant. jud., i, X, 1.I. Situation et description. — L’Écriture et les auteursanciens nous donnent sur sa situation des détailsprécis, qui nous permettent de l’identifier avec certitude, bien qu’elle ait complètement disparu (fig. 470). Outre la locutionque nous venons de mentionner, et qui fixe sa placeà l’extrémité nord du pays deChanaan, d’autres passagesde la Bible nous la montrent sur le territoire de Nephthali, avec Ahion, dont le nom est rappelé par celui deMerdj’Ayoun, vallée fertile, située entre le Nahr Hasbàuiet. le Léontès, et avec A.bel - Beth - Maacha, aujourDan, «fleuve de Dan.» ) Le voisinage de Panéas a faitconfondre par quelques auteurs ces deux villes parfaitementdistinctes. Cf. Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 919. D’après le Talmud de Babylone, Megillâh, 6 a, Panéas serait également identique avec la Lésembiblique; mais le Targum de Jérusalem, Gen., xiv, 14, rend le mot Dan par Dan de Qisriôn, «Dan de Césarée,» c’est-à-dire près de Césarée (Banias). Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 236.Ajoutons que, dans les Listes de Karnak, Laïs, appeléeLouisa (n° 31), vient immédiatement avant Azor, Ilouzar(n° 32), dont elle ne devait pas par là même être trèséloignée. Cf. A. Mariette, Les Listes géographiques des

r

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470. — Tell el-Qadi.

d’hui Abil el-Kamh, village élevé sur une colline, à l’estdu Derdarâh, petit affluent du Jourdain, et à une heureet demie environ au nord-ouest de Tell el-Qadi. III Reg., xv, 20; II Par., xvi, 4. Voir la carte de Nephthali. Probablementcolonie sidonienne, elle était cependant loinde la métropole, Jud., xviii, 7, 28, dans une contrée d’unemerveilleuse fertilité, Jud., xviii, 9, 10, «dans la valléequi était près de Beth-Rohob» (Septante: èv t>j xiii).â81toû ot’xou’Paie, «dans la vallée de la maison de Raab;» Vulgate: «dans la région de Rohob» ), Jud., xviii, 28; malheureusem*nt cette dernière indication est trop obscurepour que nous puissions en tirer parti. Voir Rohob. Josèphenous la représente «non loin du Liban et des sourcesdu petit Jourdain, dans la grande plaine et à un jour demarche de Sidon». Ant. jud., V, iii, 1; I, x, 1; VIII, vin, 4. Enfin Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 114, 249, signalent «le bourg (xûiu), viculus) de Dan à quatre milles (six kilomètres) de Panéas(Banias), sur le chemin de Tyr, limite septentrionalede la Judée, et d’où sort le Jourdain». (Saint Jérômeen tire même une fausse étymologie du Jourdain: Iorpylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 23; G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmos IIIqu’on peut rapporter à la Galilée, p. 5, extrait du Journalof Transactions of the Victoria Institute, or philosophicalSociety of Great Britain, 1887, t. XX, p. 301.Tous ces détails nous conduisent sûrement à l’emplacementde Dan, c’est-à-dire à Tell el-Qadi, dont le nommême, «colline du juge,» reproduit la signification dumot hébreu. Situé au sud-est de Sidon, dont il est séparépar la base méridionale du Liban, cet endroit se trouveau-dessous et à l’ouest de Banias, l’ancienne Césarée dePhilippe, et est un des plus pittoresques de la Palestine.Le tell ou monticule s’élève, pour ainsi dire, au pied del’Hermon, à deux ou trois kilomètres de l’angle sud-ouest.De forme quadrangulaire, avec coins arrondis, il peutavoir treize cents mètres de pourtour, sa plus grandelongueur s’étendant de l’est à l’ouest (voir fig. 471). Il reposesur deux, étages inégaux de la plaine, ce qui donneà sa face nord une simple élévation de dix à douze mètres, tandis que celle du sud domine d’une hauteur de plus devingt mètres. Son sommet, qui se relève un peu vers l’est,

est à une altitude de 216 mètres au-dessus de la mer. Leplateau culminant de cette colline, que plusieurs regardentcomme un cône d’éruption, est occupé par un fourréimpénétrable de chênes, de figuiers sauvages, de térébinthes, de platanes, etc., mêlés à des ronces et à desrosiers superbes. La partie centrale ressemble à un vastebassin, comparable à l’arène d’un immense amphithéâtre.Le bord supérieur avait été jadis environné d’un murd’enceinte, dont la trace est encore visible sur plusieurspoints. Les ruines les plus apparentes sont du côté sud; ce sont des monceaux de pierres taillées, la plupart denature volcanique; d’autres sont des blocs calcaires dégrandes dimensions. Là avait été bâti un village musulman, actuellement renversé de fond en comble.

A l’ouest du monticule, au milieu d’épais buissons delauriers-roses, s’échappe, entre les roches basaltiques,

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471. — Plan de Tell el-Qadl.

une source qui a dix mètres de large sur soixante-cinqcentimètres de profondeur; l’eau est d’une fraîcheur glacialeet d’une extrême limpidité. Elle forme un ruisseauqui se précipite avec rapidité à travers un épais fourré deplatanes, de vignes grimpantes, de roseaux gigantesques, de ronces et de hautes herbes. Ce torrent perce au sudouestles flancs de la colline, en s’y ouvrant un passage, àl’entrée duquel s’élèvent les deux plus beaux arbres qu’onpuisse voir. C’est d’abord un vieux chêne ( Quercus ïthaburensis), qui ombrage le tombeau d’un scheikh musulman, puis un magnifique térébinthe (Pistacia Palestina), dont le tronc mesure sept mètres de développement. Al’ouest de la source, on observe plusieurs tas de blocsbasaltiques assez régulièrement taillés et qui proviennentprobablement d’un édifice antique. Une autre source aussiconsidérable jaillit au pied du tell, vers l’angle nordouest: les eaux froides et transparentes se répandentdans un grand bassin où viennent se baigner les buffleset qui est entouré de buissons d’agnus castus et de plantesherbacées de toute hauteur. Le ruisseau qu’elle formeva rejoindre le premier vers le sud, et tous deux réunisprennent le nom de Nahr Ledddn; c’est cette branchedu fleuve que Josèphe appelle «le petit Jourdain». Lemot Leddân semble n’être qu’une corruption de ed-Dânou Dan. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 392. Les Arabes de la contréeregardent ce nahr ou torrent comme la véritable sourcedu Jourdain, puisqu’il fournit trois fois plus d’eau quele Nahr Hasbâni, et deux fois plus que les sources deBanias, avec lesquelles ils se réunissent à un kilomètreplus loin. — Tel est ce ravissant petit coin de la TerreSainte, qui en constituait la limite naturelle, même aupoint de vue géologique; c’est là que finit le calcaire dePalestine et que commence le terrain volcanique de Syrie.En le visitant, au mois de mars 1898, je ne pouvaisdétacher mes regards du splendide panorama qu’il déroulait devant moi. Du sommet de la colline, je voyaisà mes pieds une large vallée couverte d’une luxuriantevégétation et fermée par une double muraille: à l’ouest, les monts de Galilée avec leurs déchirures plus ou moinsprofondes; à l’est, la ligne plus unie des montagnes duDjôlan. Le lac Houléh étendait sa nappe triangulaire aumilieu des marécages et derrière une bordure de gigantesquespapyrus. Plus loin, tout à fait au fond de l’immensebassin formé par les deux chaînes parallèles, sedessinait l’étroite fente par laquelle le fleuve se jetledans le lac de Tibériade. Vers le nord-est, presque au-dessusde ma tête, se dressait le rocher pointu que couvrele vieux château de Banias. Enfin, au nord, le grand 11ermondominait majestueusem*nt toute cette scène avecson sommet couronné de neige. Je comprenais le tranquillebonheur au sein duquel l’Écriture nous représenteles habitants de Laïs, vivant «sans aucune crainte, à lamanière des Sidoniens, en paix et en assurance, personnene les troublant, avec de grandes richesses, loinde Sidon, et séparés de tous les autres hommes». Jud., xviii, 7. Mais ce furent précisément cette richesse et cetisolement qui causèrent leur perte: la première attirales Danites, le second priva de tout secours les trop confiantspossesseurs de cette terre privilégiée. — Pour ladescription, on peut voir Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 390-393; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1831, t. i, p. 139-142; V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 338-339; Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans LeTour, du monde, t. xliv, p. 346-347; J. Macgregor, TheRob Roy on ihe Jordan, in-8°, Londres, 1869, p. 213-219.H. Histoire. — Dan paraît dès les premières pagesde l’histoire sacrée, à propos delà victoire d’Abrahamsur Chodorlahom*or et ses alliés. Gen., xiv, 14. Maiss’agit-il bien ici de la cité biblique que nous venons dedécrire? Quelques-uns, comme Keil, Genesis, Leipzig, 1878, p. 175, le nient, parce qu’elle n’est sur aucune desdeux routes qui, dé la vallée de Siddim ou du Jourdain, conduisaient à Damas, l’une passant par Fik et Naoua, l’autre par le Pont de Jacob. Et puis, ajoutent-ils, si lesennemis, au lieu de s’en retourner directement par Damaset Palmyre vers l’Euphrate, étaient remontés parlepays de Chanaan jusqu’aux sources du Jourdain, ils seseraient évidemment, une fois surpris et battus, plutôtenfuis vers Émath par la plaine de Cœlésyrie. Il y aencore, suivant d’autres, la difficulté d’expliquer, dansce cas, la poursuite des fuyards jusqu’à Damas et Hobah.Le lieu où le patriarche atteignit les rois vainqueurs doitdonc être cherché à l’est, du côté de Galaad, et n’estautre sans doute queDan-lVcmfVulgate: Dansilvestria), mentionné llReg., xxiv, 6. Voir Dan-¥aan. Cette opinionserait plausible si elle n’avait contre elle le témoignageformel de Josèphe, Ant. jud., i, x, 1, et de saint Jérôme, Hebr. Quxst. in Genesim, xiv, 14, t. xxiii, col. 961, quiplacent la défaite de Chodorlahom*or aux sources du Jourdain.Qui nous dit du reste que les Élamites, au lieu dereprendre le chemin direct de leur pays, ne cherchaientpas, en retournant de leur expédition, à faire des razziascomme en venant? La fertile contrée de Laïs devait lesattirer, et leur déroute s’explique très bien. «Surpris parAbraham, [ils] songent à échapper au carnage, non à sedéfendre. Dans la précipitation de leur fuite, ils se noientau milieu des marécages qui abondent dans ces régions, ou bien ils sont déchirés par les fourrés épineux duBaniasy. Ceux qui parviennent à se sauver traversent lavallée duYafoury, et, descendant dans la grande plainepar Beit Djenn, ils ne s’arrêtent dans leur course qu’àHobah, à main gauche de Damas.» F. Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 500. — Mais comment se faitil que la ville soitappelée Dan par l’auteur de la Genèse, alors que ce nomlui fut seulement imposé au moment de la Conquête desDanites? Jud., xviiï, 29. On répond à cela que l’antiquenom de Laïs ou Lésem a pu être plus tard remplacé dans

le texte sacré par celui de Dan plus usité. On apporteaussi une autre solution, d’après laquelle Dan aurait étéla dénomination primitive de la vieille cité biblique, etque les conquérants la lui auraient restituée, en lui don^nant une origine et une signification différentes. Il y avait, en effet, près de Laïs ou Lésem, un temple fameux consacréau dieu Pan, que les Phéniciens appelaient BaalYaan ou Dan-Yaan (le maître ou le juge joueur deflûte); d’où la ville aurait été appelée Dan-Yaan. Riendonc d’étonnant à ce que les Dauites aient ressuscité cenom, mais en y rattachant le souvenir de leur père. Telleest l’opinion adoptée par R. Cornely, Cursus ScripturalSacras, Introductio, Paris, 1887, t. ii, part, i, p. 91, d’aprèsSmith, The Pentateuch, p. 446-454, et d’autres. Voir DanYaan. La difficulté est la même et les réponses doiventêtre identiques pour Deut., xxxiv, 1, où Dieu montre àMoïse, du sommet du Nébo, «toute la terre de Galaadjusqu’à Dan.» Au lieu de chercher ici une localité inconnue, ne serait-il pas plus naturel d’y reconnaître la villefrontière dont le nom devait, pour ainsi dire, passer enproverbe?

: La conquête de Laïs, résumée dans Josué, xix, 47, est

racontée tout au long au chapitre xviii du livre des Juges.Les fils de Dan, se trouvant à l’étroit dans la portion deleur héritage, et d’ailleurs refoulés dans la montagne parles Amorrhéens (voir Dan 2), choisirent parmi les vaillantsde la tribu cinq hommes de Saraa et d’Esthaol, etles envoyèrent explorer le pays. Arrivés à la montagneû’Éphraïm, ceux-ci rencontrèrent dans la maison deMichas un jeune lévite qui, après avoir, à leur demande, consulté le Seigneur, les encouragea dans leur entreprise: la consultation d’ailleurs était peu orthodoxe, etla réponse assez vague, puisque l’auteur la tirait de sonpropre fonds. Les explorateurs vinrent donc à Laïs, et yvirent un peuple vivant «sans aucune crainte, à la manièredes Sidoniens», ꝟ. 7, c’est-à-dire pacifiques, préférantle commerce à la guerre, comme les habitantsde Sidôn, dont ils étaient une colonie. Émerveillés de larichesse de la contrée et frappés du peu de résistancequ’offrait la ville elle-même, isolée au pied des montagnes, ils revinrent, et, dans un compte rendu enthousiaste, pressèrent leurs frères de hâter l’expédition. Sixcents hommes bien armés partirent alors de Saraa etd’Esthaol, avec leurs femmes, leurs enfants et leurs troupeaux.Le rassemblement eut lieu à l’ouest de Cariathiarim[Qariet él-’Enab), et l’endroit porta depuis le nomde «Camp de Dan» (hébreu: Mahânêh San). Ils passèrentde là dans la montagne d’Éphraïm, suivant à petitesjournées le chemin du nord. L’heureux présage reçunaguère dans la maison de Michas leur donna l’idée d’assurerle succès de l’expédition en s’appropriant les objetssacrés qui servaient au lévite, «un éphod, des théraphims, une image taillée et une autre coulée en fonte,» ꝟ. 14. Avec une ruse dénuée de scrupule, ils firent mainbasse sur le trésor de Michas, et réussirent même, parde brillantes promesses, à emmener le lévite avec eux, pour leur «tenir lieu de père et de prêtre». ꝟ. 19. Auxjustes réclamations du propriétaire ainsi dépouillé ils nerépondirent que par l’ironie et la menace. Enfin, continuantleur route, ils arrivèrent à Laïs, qui, sans défianceet sans secours, fut facilement prise. Vouée à l’anathème, elle fut livrée aux flammes, et les habitants furent passésau fil de l’épée. Les Danites la rebâtirent et l’habitèrent, en changeant son nom de Laïs en celui de Dan, «dunom’de leur père, qui était fils d’Israël.» ꝟ. 29. Elle futdès l’origine le centre d’un culte idolâtrique, mais d’uneidolâtrie restreinte, puisqu’on y honorait Jéhovah, touten violant par les images un des premiers préceptes duDécalogue. «Ils se dressèrent l’image taillée, et ils établirentJonathan, fils de Gersam, qui était fils de Moïse, et ses fils, en qualité de prêtres dans la tribu de Dan, jusqu’au jour de leur captivité,» ꝟ. 30, c’est-à-dire, suivantplusieurs auteurs, non pas la captivité des dix tribus

d’Israël, mais l’état d’oppression auquel les Philistinsréduisirent les Hébreux jusqu’au règne de David. I Reg., iv, 11, 22. Cf. Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1889, t. ii, p. 172. Cette interprétation semble confirmée par le détailajouté au dernier verset, 31: «Et l’idole de Michasdemeura parmi eux pendant tout le temps que la maisonde Dieu fut à Silo.» Sur la difficulté que présentent cesdeux versets, on peut voir F. de Hummelauer, Comment, in libros Judicum et Ruth, Paris, 1888, p. 310-312; R. Cornely, Cursus Scripturx Sacrx, Introductio, t. ii, part, i, p. 221.

Dan devint alors si connue, qu’elle servit à désigner, avec Bersabée, toute l’étendue de la Terre Sainte. Jud., xx, 1; I Reg., iii, 20; II Reg., iii, 10; xvii, 11; xxiv, 2, 15; III Reg., iv, 25; I Par., xxi, 2; II Par., xxx, 5(dans ces deux derniers passages, on lit: «de Bersabéejusqu’à Dan» ). C’est aussi à sa situation de ville frontièrequ’elle dut d’être choisie par Jéroboam pour recevoirl’un des veaux d’or destinés à éloigner de Jérusalem lesIsraélites du royaume schismatique. III Reg., xii, 29, 30; IV Reg., x, 29. «Vive ton dieu, Dan!» tel est le sermentqu’Amos, viii, 14, met dans la bouche de ceux qui couraientaprès ces fausses divinités. À la prière d’Asa, quiétait en guerre avec Baasa, roi d’Israël, Benadad, deSyrie, «envoya les généraux de sqn armée contre lesvilles d’Israël, et ils prirent Ahion, Dan, Abel-Beth-Maacha, et toute la contrée de Cénéroth, c’est-à-diretoute la terre de Nephthali.» III Reg., xv, 20; II Par., xvi, 4. Par sa position même, la brillante cité devait êtrela première exposée aux coups d’un ennemi venant dunord. Voilà pourquoi Jérémie, montrant déjà l’invasionchaldéenne, s’écriait: «Une voix de Dan l’annonce,» iv, 15, et plus loin: «Depuis Dan on entend le frémissem*ntde ses coursiers; tout le pays est ébranlé par leshennissem*nts de ses chevaux de guerre.» viii, 16. À partirde ce moment, il n’en est plus question dans la Bible.

A. Legendrb.

4. DAN (CAMP DE). La Vulgate appelle Castra Dan, «camp de Dan,» une localité située près de Cariathiarim, Jud., xviii, 12, traduisant ainsi l’hébreu MaJiânàh-Dân.Lorsque les Danites qui habitaient à Saraa et àEsthaol partirent de ces deux villes pour aller conquérirLaïs, dans le nord de la Palestine, ils campèrent près deCariathiarim, «_derrière» la ville, dans la tribu de Juda, ce qui fit donner à cet endroit le nom de Mahânêh-Dân.Jud., xviii, 11-12. Le Camp de Dan est aussi nomméJud., xiii, 25, où il est dit que l’esprit de Dieu commençaà animer Samson «à Mahânêh-Dân, entre Saraa et Esthaol».’5. DAN LA SYLVESTRE (hébreu: Dan-Yaân). VoirDan-Yaan.

6. DAN, ville ou région mentionnée dans Ézéchiel, xxvii, 19, avec Javan (Vulgate: Grxcia et Mosel; hébreu: Ydvân de’Uzzâl), comme fournissant au commerce deTyr du fer travaillé et des parfums (casse et roseau aromatique).La plupart des manuscrits des Septante omettentDan dans ce passage. Il est d’ailleurs difficile de déterminerla situation de Dan. Les uns le placent dans l’Arabieméridionale et croient que Dan ne diffère pas de Dadan, Gen., xxv, 3; Ezech., xxvii, 20; voir Dadan 2; d’autreslisent Vedàn, au lieu de «et Dan», et l’identifientavec Aden, ville d’Arabie (col. 1239); d’autres enfinsupposent que ce nom désigne simplement la tribu deDan, parce que l’Écriture mentionne des Danites habilesà travailler les métaux, tels que Ooliab, Exod., xxxv, 34, et Hiram le Tyrien, fils d’une femme de la tribu de Dan.II Par., ii, 13-14. Cette troisième opinion n’est guèresatisfaisante, et les deux premières ne sont que desconjectures. Il y a néanmoins lieu de penser que Danou Vedan était situé dans le Yémen, où l’on trouve toutesles productions indiquées dans Ézéchiel, xxvii, 19.

1247

DANÉE — DANIEL LE PROPHÈTE

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    1. DANÉE ou DANEAU Lambert##

DANÉE ou DANEAU Lambert, théologien protestant, né à Beaugency vers 1530, mort à Castres le Il novembre1595. Né de parents catholiques, il étudia le droitcivil à Orléans, sous Anne Dubourg, et après le supplicede ce dernier (décembre 1559) se déclara partisan desnouvelles erreurs. Il alla étudier la théologie à Genève, où il fut un auditeur assidu de Calvin, et Théodore deBèze l’accueillit avec honneur. En 1562, il était pasteurà Gien, d’où, dix ans plus tard, il revint à Genève, et ilobtint d’y être nommé pasteur et professeur de théologie.En 1582, il avait à remplir les mêmes fonctions à l’universitéde Leyde; mais il ne put rester dans cette ville, d’où, après un court séjour à Gand, il vint demanderasile au roi de Navarre. Il fut pasteur et professeur dethéologie à Orthez, puis à Lescar. Enfin, en 1593, il étaità Castres, où il mourut. On a de cet auteur: Commentariusin Joelem, Anws, Michmurn, Nahum, Habacuc, Sophoniam, Haggseum, Zachariam et Malachiam, in-8°, Genève, 1578; Commentarius in D. Pauli prioremEpistolam ad Timotheum, in-8°, Genève, 1578; Methodus Sacrée Scripturse utiliter tractandx quseexemplis aliquot et perpétua in Epistolam Pauli adPhilemonem commentario illustratur, in-8°, Genève, 1581; Tractatus de Anti-Christo, in quo anti-christianilocus regni, tempus, forma, ministri, fulcimenta, progressio, exitium et intérims demonstrantur ubi difficilioresDanielis et Apocalypseos loci explicantur, in-8°, Genève, 1582; Commentarius in très Epistolas D. Joanniset unicam Judse, in-8°, Genève, 1585; Commentariusin Joannis Evangelium, iri-8°, Genève, 1585; Commentariusin Prophetas minores, in-8°, Genève, 1586; Commentarius in Matthœum, in-8°, Genève, 1593; Quœstiones et scholia in Marcum, in-8°, Genève, 1594.Une partie des ouvrages de Danée a été publiée sous letitre: Opuscula theologica omnia, in-f°, Genève, 1554.

— Voir Walch, Bibliotheca theologica, t. iv, p. 565, 576, etc.; Haag, La France protestante, t. iv, p. 192.

B. Heurtebize.

DANIEL. Hébreu: Dâniy’êl, «Dieu me juge, meprotège; s Septante: Aavi’ïjX. Nom de quatre Israélites.

1. DANIEL (Septante: Act[m^X; Codex Alexandrinus: AaXouta), second fils de David, qu’il eut d’Abigaïlà Hébron. I Par., iii, 1. Dans le passage parallèle, Il Reg., m, 3, il est appelé Chiléab. Voir Chiléab.

2. DANIEL, prêtre de la branche d’ithamar. Il revintde la captivité de Babylone avec Esdras. I Esdr., viii, 2.

3. DANIEL, prêtre qui signa l’alliance solennelle avecDieu à l’exemple de Néhémie. Esdr., x, vi. Rien ne s’opposeà ce que ce soit le même personnage que Daniel 2.

4. DANIEL LE PROPHÈTE (hébreu: Dânîyê’l, Dan., l, 6, 7, 8, ou simplement Dâni’êl, Ezech., xiv, 14, 20, xxviii, 3; Septante: Aavri)X), le dernier des quatre grandsprophètes. — Étymologiquement, ce nom signifie: «Monjuge (défenseur) est Dieu.» Voir J. Knabenbauer, InDanielem prophetam, Paris, 1891, p. 3. Cf. A. Hebbelynck, De auctorit. histor. libri Danielis, Louvain, 1887, p. 2, not. 2.

I. Origine et éducation de Daniel. — On ne connaîtde certain sur sa vie que ce que nous en apprend sonlivre. D’après le Pseudo-Épiphane, De proph., x, t. xliii, col. 403, il serait né à Bethabara, non loin de Jérusalem, mais ce n’est pas certain. Il n’est pas certain non plusqu’il fût de race royale, comme le prétend Josèphe, Ànt.jud., X, x, 1. Cf. S. Jérôme, In Dan., i, 3, t. xxv, col. 518.Mais ce que l’on peut affirmer, c’est qu’il sortait de latribu de Juda, Dan., i, 6, et, sinon de race royale, aumoins d’un sang noble, ꝟ. 3 (Vulgate: desemine tyrannorum[parfemîm = principum]. Cf. Pusey, Danielthe prophet, Oxford, 1876, p. 574J. — Il fut déporté

à Babylone en 605 ou 601, la troisième année du roi Joakim, par ordre de Nabuchodonosor; il avait, selon touteapparence, quatorze ans. On le confia, lui et d’autresjeunes gens de son âge et de son pays, à Asphenez, lerab-saris (= chef des eunuques) du palais. Il devait y êtreélevé pendant trois ans, mangeant des mets et buvantdu vin du roi, apprenant la science des Kasdim. Sonnom hébreu fut changé en celui de Baltassar (hébreu: Bêllesa’sar; assyrien: balâtsu-usur, pour Bel-balàtsuusur= Bel, vitam ejus protège. Dan., i, 7. Cf. Dan., iv, 5. Glossæ Frid. Delitzschii babylonicæ, dans S. Bær, Libri Danielis, Ezrse et Nehemix, Leipzig, 1882, p. ix).Il pria l’échanson (hébreu: hammélsar, nom d’originedouteuse, peut-être babylonienne: amil-usur; voir Fr. Lenormant, La divination chez les Chaldéens, Paris, 1875, p. 196) à qui Asphenez l’avait spécialement confié, de lelaisser manger et vivre selon la loi. Dan., i, 11-13. Aprèsune épreuve, on le lui permit. Il devint très habile danstout ce qu’on lui enseigna. Il apprit ainsi l’écriture (hébreu: sêfér; Vulgate: Utteras) dite cunéiforme et la languedes Kasdim, c’est-à-dire la langue assyro-babylonienne, avec les sciences qui s’y rattachent. Il eut, de plus queses trois compagnons, le don et l’intelligence des visionset des songes, don si estimé en Babylonie. Dan., i, 17.Lorsque leur éducation fut terminée, ils furent présentésà Nabuchodonosor, qui les interrogea lui-même (hébreu: biqqês); et, les trouvant dix fois plus sages et plussavants que les mages et les devins, les admit à sa courpour le servir, Dan., i, 20: c’était en 602 ou 001.

IL Sagesse de Daniel. — Elle parut avec éclat trèspeu de temps après. On peut rapporter, en effet, à cettedate l’épisode de Susanne, Dan., ira, l-61, qu’il sauvade la mort en confondant les infâmes vieillards qui calomniaientson innocence. Voir Susanne. — L’interprétationd’un songe lui valut aussi devant les Babyloniensun grand renom. Cet événement arriva peu detemps après, Dan., ii, 1, la deuxième année du règnede Nabuchodonosor (c’était la troisième depuis son associationau trône par son père [J. Knabenbauer, InDaniel., p. 77; cf. J. M. Fuller, dans The Holy Bible, Londres, 1882, t. vi, p. 239], à moins qu’il ne faille enreculer la date à la douzième année, par la correctiondu texte a = 2 en a» = 12, ce qui peut être). Le roiNabuchodonosor avait eu un songe, qui l’avait effrayéet dont il ne lui restait qu’un vague souvenir. Il fit appelertous les sages de Babylone (hakkîmê Bâbél, nom génériquecomprenant les quatre ordres, Dan., ii, 2, 18, 27), pour obtenir d’eux et le songe et le sens du songe; mais ils furent impuissants à lui répondre, et il ordonnaqu’on les fît mourir. Daniel, qui l’apprit par Arioch (voirt. i, col. 963), le chef des exécuteurs (rab-tabbâhayyâ’), obtint du roi un délai, et par ses prières auprès de Dieuet celles de ses compagnons, il arriva à connaître lesonge et ce qu’il signifiait. Il parut devant le roi et ayantconfessé que le Dieu du ciel peut seul, à l’exclusion dessages, révéler un tel mystère, il lui rappela son songe: Nabuchodonosor avait vu une statue, selém, ayant formed’homme, d’une taille extraordinaire, d’un éclat effrayant, variée de couleurs, diverse de matériaux, de qualité inférieureà mesure que l’on descendait de la tête auxpieds: la tête, — la poitrine avec les bras, — le ventreavec les cuisses, — les jambes avec les pieds, qui étaientde fer mêlé d’argile, statue combinée de manière à offrirtout le contraire de la solidité. J. M. Fuller, ouvr. cité, p. 259. Une pierre, ’ébén, se détacha soudain, frappala statue par ses pieds, et tout se broya en une finepoussière, que le vent dissipa. Puis cette pierre devintune haute montagne, tûr rab, qui remplit toute la terre.Daniel donna alors au roi l’interprétation du songe.Quatre grands empires correspondent aux métaux diversde la statue: les Babyloniens à l’or, les Perses à l’argent, les Grecs à l’airain, les Romains au fer; ils seront détruitset brisés par un royaume, l’Église, qui viendra du

Dieu du ciel et qui durera éternellement. Luc, i, 32-33.Quand le songe eut été expliqué, Nabuchodonosor seprosterna devant Daniel en confessant que son Dieu estle Dieu des dieux et le maître des rois, et il conféra auprophète les honneurs promis avec des dons magnifiques.Il le mit à la tête de la Babylonie, le plaça comme prince(rab signîn) sur tous les sages de Babel, et lui donnaen qualité d’auxiliaires ses trois compagnons. C’est ainsique Daniel se fit un grand nom parmi «les enfants dela captivité» et. dans cette monarchie chaldéenne, verslaquelle il fut envoyé de Dieu comme son prophète etson représentant.

III. Second songe et folie de Nabuchodonosor. — Lahaute situation qu’il avait conquise si jeune et si rapidement, Daniel l’occupa avec éclat jusqu’à la fin. Dan., i, 21.Son livre n’entre pas d’ailleurs dans les détails, parcequ’il n’est pas une biographie du prophète; il rapporteseulement trois ou quatre épisodes plus caractéristiques, et donne quelques indications historiques qui formentle cadre des visions. — Il n’est pas question de Daniel(en voir quelques raisons dans J. Knabenbauer, In Daniel., p. 109) lorsque Dan., iii, 1-19, Nabuchodonosor fitjeter dans la fournaise les trois jeunes Hébreux, ses compagnons, Sidrach, Misach et Abdénago, qui refusaientd’adorer la colossale statue d’or du roi. Mais le prophèteintervient avec éclat dans l’épisode de la folie du monarque.Le fait, selon plusieurs indices, dut arriverprobablement dans la seconde moitié de son long règne.Lui-même le raconte dans un manifeste aux peuples desa domination. Dan., iii, 98-iv, 34 (hébreu, iii, 31-iv, 34).Il vivait en paix et glorieux (ra’ânàn == virens, IV, 1)dans son palais, quand il eut un songe, que tousles sages de Babel ne surent lui expliquer. Il appelaDaniel, «en qui était l’esprit des dieux saints,» et luifit connaître le songe. C’était un arbre haut comme lescieux, large comme les extrémités de la terre, séjouret abri des bêtes de la création. Un ange descendit duciel, et il cria de couper l’arbre et d’en lier, avec du feret de l’airain, la racine restée dans l’herbe et la rosée. «Qu’on lui change son cœur d’homme et qu’on lui donneun cœur de bête, et sept temps passeront ainsi sur lui.» Daniel troublé se recueille, et, tremblant, il expliquele songe. L’arbre, c’est Nabuchodonosor. On le chasserad’entre les hommes et il habitera avec les bêtes, etcomme le bœuf il mangera de l’herbe, mouillé par larosée du ciel, pendant sept temps, jusqu’à ce qu’il confesseque le Très-Haut (’illây’â') domine sur les royaumeset qu’il les donne à qui il veut. Le prophète lui conseillede racheter ses péchés par la pratique de la justice etpar des œuvres de miséricorde; ainsi son royaume luisera conservé. Un an s’écoula et la prédiction s’accomplit.Dans un moment de suprême orgueil, le glorieuxroi fut frappé de folie subite, du genre de celles que lessavants appellent lycanthropie. Il errait dans les boisautour de son palais, vivant avec les bêtes, ayant toutl’aspect de celles-ci. Il demeura ainsi sept temps, troisans et demi, croyons-nous. (Voir à ce sujet les différentesopinions rapportées par G. Brunengo, L’Impero di Babilonie di Ninive, Prato, 1885, t. ii, p. 237; E. B. Pusey, Daniel the prophet, Oxford, 1870, p. 428.) L’empire, dans cette crise, fut gouverné sans révolution, on ignorepar qui. Après quoi il leva les yeux au ciel, se reconnut, et l’esprit ainsi que la gloire du visage lui fut rendu avecl’empire. Alors il béni} et glorifia le Très-Haut, qui vitéternellement, devant qui les hommes sont comme lenéant, et à qui personne ne peut résister et dire: Pourquoias-tu fait cela? Voir Nabuchodonosor.

IV. Vision des quatre animaux. — Nabuchodonosormourut en 561. Daniel ne perdit, semble-t-il, ni sescharges ni son crédit sous ses successeurs, Évilmérodach, Nériglissor, Laborosoarchod, Nabonide et son fils Baltassar, qui lui fut associé comme roi trois ans avant la «hute de Babylone et en fut le dernier souverain. II n’est

pas douteux qu’il ne soit le Baltassar de Daniel. Voirt. i, col. 1370 et 1420. Le prophète resta sans douteétranger à toutes les révolutions politiques qui précédèrentl’avènement de Nabonide.

Il eut vers cette époque deux révélations. L’une, Dan., vii, est datée de l’association de Baltassar au trônede son père, 542. Il voyait quatre grands animaux «quimontaient l’un après l’autre de la mer immense»: lelion ailé, l’ours ayant sa proie dans la gueule, le léopardavec quatre têtes et quatre ailes, et un quatrième plusterrible que les autres, portant dix cornes, d’où sort unecorne plus petite, qui en détruit trois des autres. L’Anciendes jours vient ensuite en grand cortège, pourexercer le jugement. La quatrième bête est livrée au feu; les autres sont aussi abattues, et le Fils de l’hommereçoit du Juge «le royaume des saints du Très -Haut».Daniel tremblant interroge un des anges sur le sens dela vision. On le lui donne: elle a le même objet que lesonge expliqué Dan., n. Il en est très impressionné.Deux ans plus tard il en a le complément. Dan., viii, l b.Le prophète était (ou en réalité ou en vision, on ne sait, J. M. Fuller, dans The Holy Bible, t. VI, p. 310; J. Knabenbauer, In Daniel., p. 208), — à Suse, en Élam.Il vit d’abord un bélier donnant des cornes à l’ouest, au nord et au sud, et nul ne pouvait lui résister. Puisun bouc accourut de l’ouest par bonds prodigieux, sanspresque toucher terre, et il se jeta sur le bélier et l’abattitet le piétina. La corne qu’il avait entre les yeux se rompit, et il en sortit quatre autres, et, peu après, de cellesciil en surgit une petite, qui fit à Dieu et au peuple dessaints une guerre terrible: elle dura 2300 jours. L’intelligencede cette vision lui fut donnée, sur sa prière, par l’ange Gabriel: elle marquait le développement historiquede l’empire médoperse (le bélier) et de l’empiregrec (le bouc), avec une prédiction sur le règned’Antiochus IV Épiphane. L’esprit de Daniel demeuratroublé de cette vision, et il lui fallut plusieurs jourspour se remettre. Dan., viii, 27.

V. Festin de Baltassar. — Cependant les arméesmédo-perses se concentraient autour de Babylone. Nabonidevenait d’être battu à Rulu, et, après avoir essayé detenir dans Borsippa, il s’était rendu à Cyrus. Baltassars’était jeté avec le gros de ses troupes et les principauxBabyloniens dans la ville, qu’ils croyaient imprenableet d’où ils défiaient les ennemis. G. Brunengo, L’Impero, t. ii, p. 423, 430; J. Knabenbauer, In Daniel., p. 157. Ildonna, dans une nuit de fête, un grand festin. Ivre déjà, il fit apporter du trésor du temple de Bel, Dan., v, 2; cf. i, 2, les vases d’or et d’argent ravis au temple deJéhovahpar son aïeul, et il les profana, lui, ses officiers, ses femmes et ses concubines. Mais voici que des doigtscomme d’une main d’homme parurent sur la paroi blanched’en face, écrivant quelques mots. Nul des sages appelésne put même les lire, loin de pouvoir en donner le sens.On fit venir Daniel. Le prophète, dans cette salle, parla entermes magnifiques de Nabuchodonosor, le père du roi, qui après une épreuve terrible avait reconnu que «leTrès - Haut domine sur les royaumes humains», tandisque son successeur venait de s’élever contre «le Maîtredu ciel», en buvant dans ses coupes sacrées et enlouant des dieux qui ne vivent pas. Puis il lut l’écriture: Mené’mené’feqêl ûfarsîn, et l’interpréta de l’empirebabylonien dont le temps est décidément achevé, compté, mené’(numeratum), le poids trop faible, feqel (appensum), et qui est divisé, pharsin (dividentes —divisum, v, 28) et transporté aux Médo-Perses. Voirt. i, col. 1422. Daniel reçut alors les honneurs royauxqui lui avaient été promis, la robe de pourpre, lecollier d’or et le troisième rang; et sa prédiction s’accomplitquelques heures à peine après. Baltassar fut tué, la hache symbolique à la main, dans le tumulte causé parl’irruption subite des Perses dans la salle royale: c’étaitle 3 de marchesvan 538. Tablette des À nnales de A’a&oII. — 40

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DANIEL LE PROPHÈTE

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nide, verso, col. 1, lig. 18, 19; F. Vigoureux, La Bibleet tes découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 369.

VI. Daniel sous Darius le Mède. — Babylone prise, Darius le Mède en fut établi roi par le vainqueur ou dumoins gouverna la ville avec un titre équivalent. VoirDarius le Mède. Il tint Daniel, quoique celui-ci eûtservi la dynastie vaincue, en très haute estime. C’estpeut-être à ce moment que le prophète eut sa fameusevision des soixante-dfx semaines; c’était, en effet, lapremière année de Darius. Dan., ix, 1. Il méditait detoute son âme sur les soixante-dix ans prédits par Jérémie, ^. 2, qu’il voyait sur le point de finir, et iladressait à Dieu, dans la pénitence et le jeune, une prièrehumble, touchante, très fortement motivée. Le mêmeange Gabriel, qui déjà lui avait parlé, ch. viii, lui annonçaalors, dans un avenir lointain, les soixante-dixsemaines d’années, qui commencent à la publication del’édit (dâbâr) pour rebâtir Jérusalem, «les places (portes)et les murs» de la ville, et se terminent à la mort violentedu Messie par une alliance remplaçant l’ancienne désormaisabolie, ch. ix. Il était encore tout rempli de cettevision, lorsqu’il fut placé par Darius, avec deux autres, à la tête des cent vingt gouverneurs (’âhaSdarpenayyâ’; Vulgate: satrapse) que ce roi venait d’instituer. Il leurétait supérieur à tous, «parce que l’esprit de Dieu étaitplus vaste en lui» qu’en eux. Cf. v, 12; vi, 2. Dariussongeait même à l’établir sur tout le royaume, lorsquela jalousie des grands de Babylone l’en empêcha. Ilslui firent porter un édit qui interdisait d’adorer pendanttrente jours tout autre que le roi. Daniel, qui n’en tintaucun compte, fut surpris, dénoncé et, malgré les effortset la douleur du roi, jeté dans la fosse aux lions. Cf.Ezech., xix, 6-9. Étant venu de grand matin, Darius futjoyeux de trouver le prophète sain et sauf; il livra sesaccusateurs et leurs familles aux lions, qui les dévorèrentsur-le-champ, et il promulgua un décret ordonnant «de révérer et de craindre le Dieu de Daniel, Dieuvivant et éternel, Dieu libérateur et sauveur, dont leroyaume ne sera pas détruit». Or Daniel fut en faveur(haslafy = prospère egit, vi, 29; Vulgate, 28) auprès deDarius et auprès de Cyrus le Perse.

VII. Dernières années de Daniel. — Il était survenuà cette date dans la vie d’Israël un changement qui dutémouvoir profondément l’àme du prophète. Cyrus, inaugurantau lendemain de sa conquête une politique nouvellevis-à-vis des peuples vaincus, leur permit de rentreren paix dans leur patrie (voir I Esdr., i, 1): c’était la premièreannée de son règne, l’année de la chute de Babylone; car Cyrus prit immédiatement le titre de roi deBabylone (sar Babilu) simultanément avec Darius, qu’ilétablit avec lui gouverneur de cette ville. J. Knabenbauer, In Daniel., p. 345. Il fit rendre à la première caravaneles vases saints emportésjadis de Jérusalem par Nabuchodonbsor, et voulut qu’on vint à son aide de toute manière.

Pourquoi Daniel ne retourna-t-il pas en Judée avec sesfrères? On ne le sait pas sûrement, mais c’est sans douteparce qu’il était chargé d’années (plus qu’octogénaire); qu’il pouvait être très utile, nécessaire même à ceux quirestaient pour les protéger, et à ceux qui partaient pourles aider à la cour dans la restauration de Jérusalem, qui allait se heurter à tant d’obstacles. Il demeura doncet fut le conseiller plus que jamais écouté du roi persan.Il en était l’hôte ordinaire (Septante: (ru[16twTTK) et leconvive. Un jour le roi de Babylone (Cyrus) lui reprochade ne pas adorer Bel, voir t. i, col. 1556, ce dieu qu’ilrévérait lui-même par politique, qui vivait, puisqu’ilmangeait et buvait. Daniel répondit en souriant, et parun stratagème très simple, il convainquit devant le roide supercherie et de mensonge les soixantedix prêtresqui desservaient le temple. Le sanctuaire (eîSwXsïov), partie du temple (B^tov) ou peut-être le temple lui-même(rien ne s’y oppose historiquement), fut ensuite détruit.— Une autre fois, c’est le serpent adoré par les

Babyloniens, un dieu vivant, disait le roi, que Danielfait mourir, selon sa promesse, «sans épée et sansbâton, avec un gâteau de poix, de graisse et de poils,» et dont l’étouffement porte au comble la fureur des Babylonienscontre le roi, «devenu juif,» disent-ils. Ilss’ameutent et exigent la mort du prophète. Le roi cède.Daniel est jeté dans une fosse où il y avait sept lions, dont on irritait intentionnellement la faim. Il y restesix jours, nourri miraculeusem*nt. Au septième, Cyrusvient à la fosse, où il le voit vivant, «assis au milieu deslions.» Jetant un cri, il l’en fait retirer, et, comme sesprédécesseurs, Nabuchodonosor, Baltassar et Darius, ilproclame la grandeur de Dieu par toute la terre, ch. xiv.

— Une dernière révélation, datée du 24 nisan 536, achève d’éclairer Daniel sur l’avenir de son peuple aumilieu des puissances de ce monde, et clôt la vie duprophète; Dan., x, 1, 4. Il était sur le Tigre lorsqu’unange de forme humaine et rayonnant lui apparut etl’instruisit «de ce qui devait arriver au peuple de Dieudans les derniers jours». Après la monarchie médo-perseviendra un roi vaillant, l’auteur de la monarchie grécomacédonienne.Il y aura entre les rois des deux royaumesdu nord (Syrie) et du sud (Egypte), qui en sortiront, des luttes sanglantes et opiniâtres et pleines de vicissitudes.Un de ces premiers nommément (Antiochus IVÉpiphane) fera une guerre terrible et causera des mauxinouïs «au pays de gloire», enjeu de toutes ces rivalités.A la fin il périra, et le peuple sera sauvé par le secoursde l’ange Michel. Le temps de l’épreuve est ensuitefixé dans une vision complémentaire à 1290 et à1 335 jours. Après quoi Daniel fut laissé par l’ange pourtoujours. — Il n’est plus question nulle part du prophète.Une foule de légendes ont couru sur sa mort et sasépulture. Babylone, Ecbatane, Suse, passent pour avoirson tombeau (fig. 472). Voir Àcta sanctorum, julii t. v, p. 117-131. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophèteDaniel, Paris, 1888, t. i, p. 20-22. Il pouvait être nonagénairelorsqu’il mourut. Pour la vie de Daniel, voir notamment: Payne Smith, Daniel, Londres, 1886; H. Deane, Daniel, his life and times, Londres, 1888. Cf. Fabred’Envieu, Daniel, t. i, p. 1 et suiv.; R. Cornely, Introductiospecialis, t. ii, 2, p. 466. Voir le beau portrait deDaniel, tracé par E. B. Pusey, Daniel, p. 15-20.

VIII. Mission de Daniel. — On peut voir ce qu’elle futpar tout ce qui précède. On peut dire qu’il eut une triplemission et qu’il la remplit avec éclat. 1° Vis-à-vis des captifs, ses frères, il fut un docteur de justice et de piété, et, par sa haute influence auprès des rois qui se succédèrenten Babylonie, un très puissant protecteur. Transportésdans le monde chaldéen, si semblable à eux pour leshabitudes religieuses, la forme cultuelle, les formulesmême de prières (Lenormant, Études accadiennes, t. iii, p. 161), ils étaient très exposés au péril d’apostasie.Il est certain qu’ils passaient par une crise où leur foiet leur religion, espérance de l’avenir, pouvaient périr.Dieu leur envoya des prophètes qui les secoururent, Ézèchiel ( voir Ézéchiel) et Daniel. Daniel, par sarigide fidélité à la loi, par sa piété intrépide et par sesvisions mystérieuses, affermit la foi des captifs et les préservade l’idolâtrie ou de l’apostasie; c’est pour cela quela Providence l’envoya à Babylone dès le commencement, dans la première des quatre grandes transmigrationschaldéennes. Il fut ainsi le protecteur et le défenseurde ses frères. Vivant au milieu de leurs vainqueurs, leurcondition était misérable. On sait en général, par lestablettes et les représentations venues jusqu’à nous, àquels travaux d’esclaves et à quelle vie très dure ilsétaient assujettis. Ps. cxxxvi. Certainement Daniel, queDieu avait fait si grand et si puissant à Babylone, mêléactivement à toutes les affaires, sut adoucir leur sortet leur assurer la bienveillance des rois. Cf. IV Reg., xxv, 27-30. On en trouve la preuve dans son livre. —2° Il eut aussi une mission pour les Babyloniens eux

mêmes. Leur orgueil était extrême; ils voyaient la terreentière ( moins l’Egypte, et encore combien aflaiblie! )c faire silence devant eux,» et ils en rapportaient lagloire à leurs dieux. C’était pour eux un dogme que lavictoire d’un peuple était la victoire de son dieu sur ledieu des vaincus. Israël et Juda avaient succombé. DoncJéhovah, leur Dieu, était censé vaincu par Bel-Mardouk, ou Nébo; il n’était plus qu’un dieu local, secondaire, abaissé et diminué. Telle était leur conviction, quirisquait d’être partagée par les Juifs, hésitants et troublés.Daniel fut suscité pour écarter ce scandale, et releveraux yeux des Chaldéens la gloire humiliée du Dieuunique et souverain. C’est pourquoi, à cinq ou six reprises, des faits d’un surnaturel extraordinaire se produip. 24-36; C. Keil, Der Prophet Daniel, Leipzig, 1869, p. 4, 5-10. E. Philippe.

5. DANIEL (LE LIVRE DE). — T. CARACTÈRE DE CElivre. — Il a pour objet général de montrer le souverainpouvoir de Dieu sur les peuples et dans le gouvernementde l’univers. Il est visible, à la simple lecture, que telleest la conclusion des récits historiques et des prophétiesproprement dites qui le composent. Les récits où Danielintervient, — récits choisis et comme détachés, — tombentuniformément sur cette finale, que Dieu est le Dieu desdieux, le maître des vois; qu’il donne et qu’il enlève l’empireà qui il lui plaît. Dan., ii, 47; iii, 96, 99, 100; iv, 34; VI, 26, 27. Les prophéties le révèlent encore mieux en

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472. — Tombeau de Daniel, 4 Snse.

sirent, qui exaltaient pardessus tous les dieux le Dieude Daniel, «dont le pouvoir est éternel, s Dan., ii, 47; m, 95, 96, 99, 100; iv, 31, 32, 31; vi, 26, 27; xiv, 42: c’est manifestement le sens final de ces chapitres. —3° Une autre mission de Daniel fut de conserver et dedévelopper au sein du monde païen les idées et les espérancesmessianiques. La forme dans laquelle on les voitprésentées, c’est la vision du royaume qui aura une origineinvisible, qui succédera aux grands empires et auxroyaumes issus d’eux, et qui, formé du «peuple des saintsdu Très-Haut s, avec le Messie pour prince, s’établira àtravers mille vicissitudes et des luttes constantes, et nesera jamais détruit. C’est pour faire paraître ces véritésque Dieu suscita Daniel. C’est lui qui les publia etqui contribua puissamment par sa parole et son actionprédominante à créer dans tout l’Orient ce courantd’opinion qui remplit plus tard l’Occident comme «unevieille et constante tradition: que des hommes partis deJudée prendraient enfin le gouvernement du monde».Daniel fut le prophète des nations comme saint Pauldevait en être l’apôtre. R. Cornely, Introductio in librostacros, t. ii, p. 472, 4; Fabre d’Envieu, Daniel, t. i,

exposant dans une synthèse saisissante, répétée quatrefois, la succession des empires de ce monde, qui doiventdisparaître devant le Messie et être remplacés par sonimpérissable empire.

II. Division du livre. — Il est formé de deux partieset de deux appendices. Les deux appendices rentrentdans la première partie, où ils trouvent place, par ordrede temps: l’un, le chap. xiii, 1-64, avant le chap. ii, et l’autre, le chap. xiii, 65-xiv, 42, après le chap. vi. Lapremière partie est historique, la seconde prophétique.Très communément, on fait commencer la seconde auchap. vu; la partie historique comprend seulement lessix premiers chapitres, le premier excepté. Telle est, eneffet, la division admise par les anciens et par beaucoupde modernes, même rationalistes. J. Knabenbauer, In Daniel., p. 16. Mais il en est d’autres qui joignent lechap. vu à la première partie, parce qu’il reprend, dansune autre forme, le chap. ii, et qu’il est, comme celui-ci, écrit en araméen. Ces raisons ne sont pas convaincantes.Cf. Auberlen, dans Trochon, Daniel, Paris, 1889, p. 8.

III. Analyse du liviie. — I. Isiuoductios, — Trans

porté à Babylone, Daniel est élevé dans le palais du roi, avec trois jeunes Hébreux de sa tribu, et s’y livre à l’étudede la littérature chaldéenne. Resté Adèle à Dieu et à laloi, il est admis, pour sa sagesse et son intelligence desvisions et des songes, au service du roi, I.

il. Première partie: partie historique. — (1° Histoirede Suzanne, xm. — Susanne, très belle et trèspieuse, est sollicitée au mal par deux juges, deux vieillards, qui se sont entendus pour la séduire, 1-20. Susannerésiste, 22-24. Les vieillards l’accusent d’adultère et lafont condamner à mort, 25-41. Daniel, suscité de Dieu, intervient, revise le procès, convainc les juges de fauxtémoignage et justifie Susanne. Grandeur de Daniel, 42-64.[ Addition deutérocanonique.]) — 2° Songe de Nabuchodonosor, n. — Le roi a un songe que personne d’entreles sages ne peut ni rappeler ni expliquer, 1-13. Danielen obtient de Dieu, par ses prières > le récit et l’intelligence, 14-23. Il le révèle au roi, et l’interprète: c’est lavision delà statue aux quatre métaux symboliques, détruitepar une pierre qui devient une montagne, 24-45.Le roi, très ému, proclame Dieu le Dieu des dieux, lenullre des rois, et élève Daniel à une très haute dignité, 4C-49. — 3° Les trois amis de Daniel dans la fournaise, m. — Les trois jeunes Hébreux ayant refuséd’adorer, comme le roi le commandait sous peine d’êtrecondamnés à périr dans le feu, le grande statue de laplaine de Dura, sont jetés avec leurs vêtements dansla fournaise, chauffée ce jour-là à l’excès, 1-23. (Azariaset ses deux compagnons marchent dans les flammes enchantant. Prière d’Azarias, puis cantique d’action degrâces, où toutes les œuvres de Dieu sont invitées pargroupe à le louer, chanté par tous les trois, 24-90. [Additiondeutérocanonique.]) Le roi, qui s’est approché et aconstaté qu’ils étaient vivants, ayant au milieu d’euxcomme un fils des dieux (un ange), bénit et loue Jéhovah, et porte un décret pour défendre de le blasphémer, 91-97. — 4° Édit relatif au songe et à la folie de Nabuchodonosor, n, 98- iv. — Inscription. Salut. Doxologie.98-100. Ayant eu un songe, que les sages babyloniens nepeuvent expliquer, le roi appelle Daniel, qui le lui explique.Le grand arbre qu’il a vii, c’est lui-même. Il sera privédu royaume pendant sept temps et vivra parmi les bêtes, après quoi il sera rétabli. Qu’il fléchisse donc la colèrede Dieu par des bonnes œuvres, iv, 1-24. La prédiction sevérifie un an après, tout entière. Revenu à lui, il reprendle pouvoir. Fin de l’édit, qui est une louange du «Roi duciel», 25-34. — 5° Festin et mort de Baltassar, v, —Dans un grand banquet, la nuit, le roi profane les vasesdu Temple de Jérusalem, qu’il a fait retirer du trésor.Apparition sur la muraille d’en face de doigts traçant desmots fatidiques, que les sages se déclarent incapablesmême de lire, 1-8. Daniel, après avoir reproché au roison impiété et son orgueil, les lit et les interprète, 9-29, col. 1250. Réalisation de la prédiction, 30-31. — 6° Danieljeté dans la fosse aux lions, et sauvé, vi. — Darius leMède, par le très grand crédit qu’il accorde à Daniel, excite contre celui-ci la jalousie des satrapes, qui luifont lancer un décret obligeant à n’adorer pendant trentejours que lui seul, 1-9. Daniel, surpris à prier malgré ledécret, est dénoncé et jeté aux lions, 10-17. Préservationmiraculeuse du prophète. Joie du roi, qui ordonne à sessujets de révérer le Dieu de Daniel, 17-28. — (7° Destructionde Bel et du dragon, xiv, 1-42. — Daniel, invité par le roi à adorer Bel, lui prouve l’imposture desprêtres qui servent ce dieu. Mort des imposteurs. Renversem*ntdu sanctuaire, xiii, 65-xiv, 21. Invité de nouveauà adorer le grand serpent, vivant celui-là, Danielle tue sans épée ni bâton, 22-26. Émeute dans Babylonecontre lui. Il est jeté dans la fosse aux lions. Il en sortsix jours après. Ordre royal d’adorer avec crainte le Dieude Daniel, 27-42. [Addition deutérocanonique.])

/II. Deuxième. partie: partie pboprétiqve. —1° Vision des quatre animaux, gui représentent les

quatre grands empires, auxquels succédera le royaumedu Messie, vu. — 1. Vision des quatre grands animaux, 1-8; — 2. Apparition de l’ «Ancien des jours», et sonjugement, 9-15; — 3. Explication par un ange de cettevision, 16-28. — 2° Vision du bélier et du bouc, quireprésentent le second et le troisième des grands empires, vin. — 1. Description de la vision, 1-14; — 2. Sonexplication par un ange, 15-27. — 3° Vision des soixante-dixsemaines, rx. — 1. Prière de Daniel pour son peuple; 1-14; — 2. en faveur de qui il implore la miséricorde deDieu, 15-19; — 3. Révélation par l’ange Gabriel du tempsprécis de la venue du Messie et de la conclusion de lanouvelle alliance, 20-27. — 4° Vision des empires et spécialementde l’empire grec et de l’Antéchrist, x-XH. —

1. Apparition d’un ange resplendissant de lumière, quirévèle à Daniel ce qui doit arriver à son peuple, x; —

2. Révélation sur les deux empires perse et grécomacédonien, puis spécialement sur les deux royaumes issusde ce dernier et sur les persécutions d’Antiochus IV Épiphane, figure de l’Antéchrist, xi-xh, 3; — 3. Autre révélationsur la durée de ce qui a été prédit, xii, 4-13.

IV. Unité du livre. — Ce livre, quoi qu’il en soit desapparences, forme un tout logique, dont l’unité est assezévidente. — 1° Tout se tient dans la première partie. Lamention des vases sacrés, I, 2, prépare l’ordre de Baltassar, v, 2, 3, 23. L’éducation chaldéenne des trois amis deDaniel et leur piété rigide expliquent les dignités dont ilssont revêtus et leur résistance au roi, i, 4, 17, 19, 20; cf. m.L’intelligence des visions et des songes, don spécial faità Daniel, rend très naturelle son intervention dans leprocès de Susanne, xiii, et dans le songe de Nabuchodonosor, n. Très connu du roi pour ce motif, on conçoit qu’illui explique la vision du chap. iv. Son apparition dansla salle, chap. v, n’a plus rien ensuite qui surprenne. Ettoute cette extraordinaire réputation qu’il s’est faite ainsijustifie les faits racontés chap. vi et chap. xiv: c’est lemême genre de prodiges et la même raison d’influenceà la cour babylonienne. — 2° Tout se tient aussi dans laseconde partie. Les quatre visions dont elle est composéese complètent l’une l’autre. On peut dire que les troisdernières sont implicitement dans la première. Voir vii, 4, 5, et vm; vii, 22 b, 26, et ix; vii, 6, 26, et x-xii. Voiraussi viii, 9-14, 22, 23-26, et x-xii. Ajoutez qu’une visioncommune les relie et les domine, — celle de ]’ «Anciendes jours», dont les empires sont dits, ici et là, dépendreet relever. — 3° Les deux parties, à leur tour, s’appellentmutuellement. Même objet général: ainsi le chap. vuest le chap. H autrement symbolisé. Même espèce de prédiction, par vision et par songe. Même esprit, mêmesvues sur l’avenir prochain et éloigné. Même ordre: ordrede temps suivi dans le classem*nt des chapitres des deuxparties. Même fin: prouver que Dieu est le Dieu des dieux, le maître des rois et des empires. L’unité est donc certaine.Gall, Die Einheitlichkeit des Bûches Daniel, Giessen, 1895; J. Knabenbauer, In Daniel., p. 17-19; Hebbelinck, De Auctoritate, p. 19-25, et surtout Pusey, Daniel, p. 9-15. — Cette unité n’est contredite ni parl’usage successif de la première et de la troisième personne(on le trouve dans Isaïe, vi, 1, 5; vii, 3; viii, 1; xxxvii, 6); ni par l’usage des deux langues que l’onconstate dans le livre, car on le trouve dans Esdras, dontl’écrit n’a jamais été attribué à deux auteurs. Du reste, la manière dont la transition de l’hébreu à l’araméen estfaite, en plein verset ii, 4* et 4 b, écarte toute dualitéd’auteurs. Aussi cette unité est-elle reconnue aujourd’huipar les rationalistes eux-mêmes. A. Kuenen, Histoire critiquedes livres de l’Ancien Testament, trad. A. Pierson, Paris, 1868, t. ii, p. 519, 520; Bleek-Wellhausen, Einleitungin das Alte Testament, Berlin, 1886, p. 414, 415.

V. Auteur du livre. — Si le livre est un, il faut qu’iln’ait qu’un seul auteur. Et en effet, quoi qu’on ait dit etsoutenu autrefois (J. Knabenbauer, In Daniel., p. 19). ilest communément reçu qu’il n’a qu’un auteur. — Il a

pour auteur un contemporain de Daniel, vivant en Chaldée, au vi» siècle, et c’est Daniel lui-même.

I. Preuves positives. — 1° Preuves internes, tiréesdu livre lui-même. — Il est certain que Daniel a écritla partie prophétique du livre, vn-xii. — 1. Il l’affirmeimplicitement, car il y parle constamment à la premièrepersonne. Dan., vii, 2, 6, 7, 8, 9, 11, 13, 15, 16, 19, 21, 28; vm, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 26, 27; ix, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 13, 20, 21, 22; x, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 15-21; xi, 2; cf. xii, 1, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 13. Ill’atfirme, en outre, explicitement. Dan., vii, 1. Araméen: B’êdayin helmâ’kefab re’S millin’amar, «alors il écrivitle songe, et il en dit le sommaire.» Le moins qu’onpuisse conclure, c’est que Daniel écrivit cette vision; ceque l’on doit aussi dire des autres, qui en sont le complémentnécessaire. Voir Dan., viii, 26, et surtout xii, 4, cꝟ. 9 (avec le commentaire de J. Knabenbauer, In Daniel., p. 221 et 317). Mais, s’il faut attribuer à Daniel lesprophéties, il faut lui attribuer aussi les récits, à causedu lien qui unit étroitement ceux-ci à celles-là, et à causede l’unité prouvée du livre, — c’est-à-dire, en somme, lelivre tout entier. — 2. Cette preuve est confirmée en premierlieu par la dualité des langues usitées dans le livre.Il est écrit, en effet, en deux langues, l’hébreu et l’araméenoriental ou chaldéen. L’hébreu aramaïse quelquepeu, et le chaldéen hébraïse légèrement. L’usage de cesdeux idiomes y est tel, qu’ils paraissent à n’en pas doutertrès familiers à l’auteur. Donc a) cet auteur était Juif: un Juif seul peut ainsi se servir de l’hébreu; et b) il vivaitau milieu du vje siècle, exactement; car c’est alors seulement, vers l’an 550, que l’emploi simultané, par un Juif, de l’hébreu et de l’araméen est possible, historiquementparlant: plus tôt, l’araméen n’est pas encore vulgaire.Ajoutez en particulier que l’araméen de Daniel ressembleautant à l’araméen d’Esdras, qu’ils diffèrent égalementtous deux de celui des Targums postérieurs.Voir plus loin sur la langue.— Elle est confirmée en secondlieu par la coïncidence merveilleusem*nt exactequi existe entre les données du livre, données historiques, archéologiques, orientales, et par ce que noussavons sûrement d’ailleurs. Il serait trop long de l’exposeren détail. Quelques savants l’ont fait. Nommonsentre autres: F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, Paris, 1896, t. iv, p. 255-419; Id., Les LivresSaints et la critique rationaliste, Paris, 1891, t. v, p. 171-228; G. Brunengo, L’impero di Babiloniae diNinive, Prato, 1885, t. ii, p. 244-522; Fr. Lenormant, La divination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875, Appendice, p. 169-226; F. Kaulen, Assyrien und Babylonien, Fribourg-en-Brisgau, 2e édit., p. 103-129. — Résumons très rapidement cette preuveavec F. Kaulen. «La partie historique du livre, dit-il, répond exactement aux données de l’Ancien Testament.Les autres livres ne parlent pas du siège de Jérusalempar Nabuchodonosor, mentionné 1, 1; mais il est exigépar IV Reg., xxiv, 1, et II far., xxxvi, 6. La troisièmeannée de Joakim est justement désignée comme datedu départ de Nabuchodonosor, N3, bâ’} et la quatrièmecomme date de son accession au trône, Jer., xxv, 1; xlvi, 2; et cette antinomie ne fait que confirmer la crédibilitédu récit.» — À partir du moment où les jeunesHébreux entrent au palais du roi, le livre a souvent occasionde rappeler les institutions babyloniennes. Par suitedes découvertes que l’on a faites, ces institutions, identiquesdu reste à celles d’Assyrie, sont très connues. Orà cet égard tout ce qui a paru jusqu’ici confirme le livrede Daniel. Ainsi l’intendant de la maison du roi s’appellebien «le chef des eunuques,» comme il paraît dans denombreuses figures, i, 3. Les jeunes Hébreux destinésau service du roi sont «instruits dans l’écriture et lalangue des Chaldéens». On sait aujourd’hui qu’à Babyloneil existait une écriture et une langue étrangères, création d’une race non sémitique, dont les débris vivaient

en caste séparée, sous le nom de Kasdim. J. M. Fuller, Daniel, p. 252. Que les classes élevées dussent apprendrecette langue, c’est ce que prouvent les syllabaires et lesvocabulaires que donnent les tablettes. Parmi les nomsimposés aux jeunes Hébreux, i, 7, ceux de Baltassar etd’Abdénago sont si clairement babyloniens, qu’il faut aussiregarder comme tels les deux autres, quoiqu’ils ne soientpas encore expliqués. Que les mages aient été très considérésen Babylonie et par les rois, comme on le voiti, 20; ii, 2; iv, 3, on le sait de reste par les écrivainsclassiques, et une série de rapports faits par eux le confirme.Records of the Past, t. i, p. 153. Les sciencesoccultes, qui sont en faveur auprès des rois, étaient eneffet, si l’on en croit F. Lenormant, une partie intégrantede la culture babylonienne. Les sciences occultes en Asie, 2 in-8°, Paris, 1874-1875. La formule «Rex in aeternumvive», par laquelle on salue les rois chaldéens, ii, 4; m, 9; v, 10; vi, 6, 21, est commandée par l’étiquetteorientale. II Esdr., ii, 3; Cf. Judith, xii, 4; ^Elien, llist.var., i, 32; Quinte-Curce, vi, 5. Cf. F. Kaulen, Assyr.und Babyl., 2e édit., p. 185-192. Même formule dans lessuppliques aux monarques assyriens. Smith, AssyrianDiscov., Londres, 1875, p. 230, 309, 409, 414. Les exigencesabsurdes de Nabuchodonosor, ii, 3, s’expliquent parfaitementpar le despotisme babylonien. Menacer de fuite «des maisons un amas de boue», c’était menacer, enstyle ordinaire, d’une entière destruction. Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek, t. ii, p. 34. Le titre de «roides rois», donné par Daniel au monarque babylonien, se lit couramment sur toutes les tablettes royales de l’Asieantérieure. F. Kaulen, Assyrien, p. 109. La plaine deDura, iii, 1, a été retrouvée par M. Oppert dans l’enceintede la vieille Babylone, et l’on y voit aujourd’huiencore la substruction d’un colossal monument. Expéditionen Mésopotamie, t. i, p. 239, 240. L’endroit portetoujours le même nom, Journal of the Royal GeographicalSociety, t. x, 1840, p. 93, qui signifie «remblai ouenceinte», selon la version des Septante: Iv neMu> toOrcspt60Xou. L’érection d’une statue dans un but politiqueou religieux était chose fréquente en Assyrie et en Chaldée.Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. i, p. 181.Dans la bouche des rois comme en Daniel, elle s’appellezalam. Les dimensions de la statue élevée par Nabuchodonosorpourraient paraître invraisemblables, si l’on nepensait qu’elles comprennent à la fois le piédestal et lastatue elle-même. Hérodote, II, 149, en vit de pareillesen Egypte. Le supplice du feu, surtout pour cause politique, était très commun en Assyrie et en Babylonie, comme nous l’apprennent les inscriptions: c’est ainsi, par exemple, qu’Assurbanipal punit son frère révolté, Samassumukin, «en le jetant dans une fournaise incandescente.» Smith, History of Assurbanipal, Londres, 1871, p. 163; J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 263.Le même monarque raconte comment il avait imité sonaïeul Sennachérib, en faisant jeter aux lions un certainnombre de révoltés. Smith, Assurbanipal, p. 166; F. Talbot, Illustrations of the Prophet Daniel from the Assyrianwritings, dans les Transactions of the Society ofBïblical Arcliseology, t. ii, 1873, p. 361. Les édits de Nabuchodonosorsont conçus exactement dans la forme officielleque révèlent des édits analogues. Cf. I Esdr., iv, 17; vu, 12; G. Smith, History of Assurbanipal, p. 252. Lesconceptions religieuses de Nabuchodonosor sont d’unevérité historique frappante, comme il apparaît de sa reconnaissancedu Dieu très-haut au sein de l’idolâtrie etde l’incrédulité babyloniennes. En particulier, iv, 29, répondparfaitement aux idées que l’on se faisait en Babyloniede l’action des dieux dans le monde. F. Lenormant, Les premières civilisations, 2e édit., Paris, 1874, t. ii, p. 166, 1. Que si Nabuchodonosor, enivré, s’écrie ^N’estcepas là cette grande Babylone,» etc., IV, 27, c’est unephrase qu’on lit presque mot à mot dans une inscriptionde ce roi. Voir Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, Ô

f. iii, 2, p. 25; Flemming, Diè grosse SteinplalteninsckriftNebukadnezars II, Gœttingue, 1883, p. 18. Les «dieux d’or, d’argent, d’airain, de fer, de bois et depierre», dont il est parlé, v, 4, sont déjà connus par lalettre de Jérémie. Bar., vi. La main effrayante écrivit, v, 5, «sur la chaux de la muraille;» les monarques assyrienset chaldéens ne connaissaient, en effet, pour décorerl’intérieur de leurs appartements, qu’un léger enduitde chaux blanche. F. Kaulen, Assyr., p. 52, 109. Uneconnaissance parfaite des temps de l’histoire se trahitdans l’expression «Mèdes et Perses», v, 28: au début deCyrus, on admettait encore que le royaume des Mèdesétait passé à une autre dynastie, les Perses leur étanttoujours volontairement soumis; ce n’est que plus tard, quand les Achéménides furent devenus maîtres incontestésdu pouvoir, que les Perses s’affirmèrent partout, dans ce vaste empire, comme nation privilégiée. VoirSpiegel, Die persische Inschriften, p. 3, 5, etc. — Cetteparfaite exactitude se retrouve également en matièred’histoire. La vérité de l’Écriture est justifiée plus victorieusem*ntencore ici que partout ailleurs. On sait présentementpar les tablettes de Nabonide, comme aussipar celles de Cyrus, son vainqueur, qu’il eut un flls premier-nédu nom de Belsassar (assyrien: Bel-sar-usur)ou Baitassar, qui fut associé au trône, comme Nabuchodonosorl’avait été au temps de la bataille de Charcamis.Jer., xlvi, 2. On peut donc parler de la «troisième annéedu roi Baitassar», viii, 1. Pinches, dans les Transactionsof the Society of Biblical Archœology, vii, 1, 1880, p. 139. Baitassar dut défendre Babylone, pendant que sonpère tenait la province avec une armée; mais il péritdans la catastrophe rapportée v, 30, et dans Hérodote.Voilà comment Nabonide était le premier et Baitassar lesecond personnage de l’empire, et c’est ce qui expliquepourquoi, lorsqu’il s’agit du plus haut rang pour Daniel, v, 29, on ne lui promet et on ne lui donne que «le troisième». Après sa victoire, Cyrus fit gouverner Babylonepar Darius le Mède. Voir Darius le Mède. — Le silencedes auteurs classiques sur ces détails n’infirme en rienla véracité du livre, et les pages de Daniel entrent sanseffort dans la trame de l’histoire inattaquée. F. Kaulen, Einleitung in die Heilige Schrift, 3e édit., p. 392, 393.Cf. Foigl, Cyrus und Herodot, in-8°, Leipzig, 1881, p. 2et suiv.; Schrader, Die Keilinschriften und das AlléTestament, p. 443 et suiv. — De ces deux dernièrespreuves il ne résulte pas que le livre est nécessairementde Daniel; mais on doit en conclure qu’il a pour auteurun Juif, vivant à Babylone, au temps du prophète. Quece Juif soit précisément Daniel, c’est une conclusion quel’on tire d’ailleurs avec certitude. Voir Fr. Lenormant, La divination, p. 188, 189. Cf. A. Hebbelynck, De auctoritate, p. 275-280.

2° Preuves externes, tirées de la tradition juive etde la tradition chrétienne. — 1. Daniel est nommé dansÉzéchiel, xiv, 20; mais nous n’insisterons pas sur ce passage, qui n’est pas explicite, non plus que sur la prièrede Néhémie, II Esdr., ix: les. pensées et la forme de cetteprière rappellent certainement Dan., ix, 5-19; mais il n’estpas certain qu’elles soient prises de Daniel. Cf. E.-B. Pusey, Daniel, p. 345-359. Dans Zacharie, i, 8-10; VI, 1-8, la vision des quatre cornes, des quatre chars et desquatre vents a pu être inspirée par Dan., vu; maiscela est douteux. — Le canon hébreu de l’Ancien Testament, que l’on dit avoir été clos alors, contient parmi leshagiographes le livre de Daniel. — La version des Septante, par ses allusions, son adaptation visible aux tempsd’Antiochus, prouve que le livre ainsi traduit est aumoins antérieur à l’an 163, date à laquelle les rationalistesrapportent, en effet, cet écrit. — Le troisième livresibyllin, composé par un Juif, vers l’an 170-168 (E. B. Pusey, Daniel, p. 364, note 6), s’inspire manifestement deDaniel. Sib. iii, v.’397, 400: «Il y aura dix cornes. Prèsd’elles il en fera pousser une autre… Et alors la corne

qui aura poussé régnera…» Cf. Dan., vii, 7, 8, 11, 20.

— On ne saurait nier non plus que Mathathias n’ait empruntéà ce livre les deux faits de cette époque qu’il rappelleI Mach., ii, 59, 60: le contexte l’exige évidemment.

— Plus explicites encore sont les textes de l’historienJosèphe. On peut les discuter, et avec A. Kuenen, Hist.crit., t. ii, p. 515 et suiv., les trouver incohérents, invraisemblables; mais on ne peut méconnaître que le prêtrehistorien attribue à Daniel, en pleine conviction, le livreet les prophéties qui portent son nom. «Les livres qu’ila écrits et laissés (|316Xîa ôoa êvj auyypi’^âiJievo; xaToO.eloretv), nous les lisons encore aujourd’hui.» Il parle nettementd’un livre de Daniel qui fut montré à Alexandre, quand, de Gaza, il vint en Judée. Ant. jud., X, xi, 7; cf. Bell, jud., IV, vi, 3; VI, ii, 1. Nul doute que telle aitété à cet égard la tradition juive de son temps.

2. La tradition chrétienne n’est pas moins expresse eta plus d’autorité encore. — Jésus attribue à Daniel uneprophétie qui se trouve dans son livre. Matth., xxiv, 15; cf. Marc, xiii, 14. Il lui prend des expressions, parexemple, «Fils de l’homme,» qui lui sont spéciales.Math., xxiv, 30; Marc, xiii, 26; Luc, xxi, 27, cf. Dan., vu, 13, 14. Saint Paul a des idées et des manières de direqui sont propres à Daniel. Il Thess., ii, 3, 4, 8, cf. Dan., vu, 8, 25, 11, 19; I Cor., vi, 2, cf. Dan., vii, 22; Hebr., xi, 33, allusion à Dan., vi et xiv; I Petr., i, 10, cf. Dan., xii, 8. L’auteur de l’Apocalypse a certainement connuDaniel: c’est le même genre d’écrire, ce sont les mêmesrévélations et souvent les mêmes images. A. Hebbelynck, op. cit., p. 64. — Avec le temps, la tradition sur l’originedu livre s’accentue de plus en plus. Les Pères et les écrivainsecclésiastiques se prononcent nettement pour l’attributionà Daniel. Porphyre, au me siècle, est le premierqui s’écarte de l’opinion traditionnelle. Il recule la compositiondu livre au temps d’Antiochus IV Épiphane, selon cette règle posée par lui, qu’un écrit où se lit uneprophétie est postérieur à l’événement prédit. Il a faitécole, non pas immédiatement, mais quinze siècles après, parmi nos rationalistes. Dans l’intervalle, l’authenticitédu livre, défendue contre Porphyre par Methodius, Apollinaire, l’historien Eusébe (S. Jérôme, In Dan., Prol., t. xxv, col. 491), est affirmée par Théodoret nommément, et sans ombre d’hésitation, In Dan., vii, t. lxxxi, col. 1411, et par tous ceux qui vinrent ensuite. Il fautdescendre jusqu’à Semler et surtout à Bertholdt pourtrouver ce système de négation, qui est suivi aujourd’huipar la foule des exégètes et des critiques protestants etrationalistes. La base de leur système est l’axiome dePorphyre, et leurs thèses ne sont pas différentes au fonddes siennes. «En présence des faits rapportés dans lelivre, dit S. B. Driver, An Introduction to the Littératureof the Old Testament, Edimbourg, 1891, p.. 467, l’opinion qu’il est l’œuvre de Daniel n’est plus soutenante.L’évidence interne amène irrésistiblement à cetteconclusion, qu’il n’a pas dû être écrit avant l’an 300 environ, et il est au moins psobable qu’il fut composé pendantla persécution d’Antiochus IV Épiphane, en l’an 168ou 167.» Le plus fameux de ses adversaires par la scienceest A. Kuenen, qui, dans son Histoire critique, a recueilliet fait valoir avec talent (t. ii, p. 515-582, notes explicativesxxx-xxxv) toutes les objections possibles contre lacomposition du livre de Daniel. — Il n’en est aucune quisoit insoluble, comme nous allons le voir.

il. Preuves négatives. — Elles consistent dans laréfutation des objections soulevées contre l’authenticité.Les objections que nous discuterons, nous les prendronsnon pas à A. Kuenen, à qui M. Trochon, Daniel, p. 16-58, a largement répondu, mais à S. R. Driver, qui est plusrécent, et dont la critique est plus objective et moinsradicale. Il en a trois séries, dont l’une se rapporte auxdonnées historiques du livre, l’autre à la langue, l’autreaux doctrines particulières qu’il renferme.

1° Objections historiques. — «Les faits historiques sui-1261

    1. DANIEL##

DANIEL (LE LIVRE DE)

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vants sont une preuve plus ou moins décisive que l’auteurest plus jeune que Daniel: — 1. La place donnée aulivre dans le canon, non pas avec les prophètes, maisdans la classe mixte des écrits que Ton nomme hagiographes, et encore au dernier rang de ceux-ci, dans levoisinage d’Esther. On sait peu de chose de certain surla formation du canon. On sait cependant que «les Prophètes» furent antérieurs aux hagiographes. Si le livrede Daniel eût existé alors, on peut croire qu’il eut étéadmis comme œuvre de prophète et classé avec les prophètes.— 2. Jésus, fils de Sirach (environ 200), dans son «numération des gloires d’Israël, Eccli., xliv-l, parled’Isaïe, de Jérémie, d’Ézéchiel et des douze petit* prophètes(collectivement). Il est muet sur Daniel. — 3. QueUabuchodonosor ait assiégé Jérusalem et emporté lesvases du Temple «la troisième année de Joakim», Dan., 1, 1, c’est bien improbable, quoiqu’on ne puisse, strictementparlant, démontrer le contraire. Non seulement lelivre des Rois n’en dit mot, mais Jérémie, l’année suivante, parle (xxv et ailleurs) des Chaldéens de manièreà faire croire que leurs armées n’avaient pas encore étévues en Juda. — 4. Les «Chaldéens», Dan., i, 4; ii, 2 etsuiv., sont une expression qui équivaut à la caste des sages.Ce sens «est inconnu» au vocabulaire assyro-babylonien; il n’apparaît qu’après la chute de l’empire babylonien, son emploi dans Daniel prouve ainsi que ce livre a étécomposé après l’exil. Schrader, Die Keilinschriften unddas Alte Testament, p. 4’29. Il date nommément du tempsoù, en fait, les seuls Chaldéens connus appartenaient àla caste en question. Cf. Meinhold, Beitràge, 1888, p. 28.

— 5. Baltassar est donné comme roi de Babylone, etNabuchodonosor, chap. v, 2, 11, 13, 18, 22, comme sonpère. Mais en réalité, c’est Nabonide (Nabu-nahid) quifut le dernier roi de Babylone; c’était un usurpateur, sans lien avec Nabuchodonosor, et dont un fils est connusous le nom de Belsarusur. Schrader, Keilinschriften, p. 433 et suiv. On peut regarder comme probable, quoiquenous n’en ayons encore aucune preuve dans les textescunéiformes, que Baltassar commanda à Babylone pourson père, quand celui-ci (voir Sayce, Fresh Light, 1883, p. 170 et suiv.) marcha contre Cyrus; mais il est difficilede croire qu’un contemporain ait pu, à cause de cela, luidonner le titre de roi. Pour sa parenté avec Nabuchodonosor, il est possible que Nabonide ait pu songer à s’affermiren prenant pour femme une fille du grand roi, lequel alors aurait été le père (le grand-père, en stylehébreu) de Baltassar. Les termes du chap. v causentd’ailleurs l’impression que, dans l’idée de l’auteur, Baltassarest vraiment le fils de Nabuchodonosor. QuoiqueBaltassar soit un personnage historique, ayant probablementoccupé une haute position au temps de la conquête, il faut bien avouer que le portrait qui en est tracé confirmel’opinion qu’il provient de la tradition juive postérieure.Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 434 et suiv. —6. Darius, fils d’Assuérus, un Mède, est «établi roi surle royaume des Chaldéens», après la mort de Baltassar, "V, 31; vi, 1 et suiv.; ix, 1; xr, 1. Il semble qu’il n’y aitpas place pour ce roi. D’après tous les auteurs, c’estCyrus qui succéda immédiatement à Nabonide, et devintroi de l’empire perse tout entier. On a conjecturé queDarius avait pu régner comme un vice-roi, — par conséquent, qu’on peut l’identifier avec Cyaxare II (de Xénophon) ou un plus jeune frère d’Astyage, — que Cyrusaurait établi sur Babylone. D’ailleurs, vi, 1, où il organisel’empire en le partageant en cent vingt satrapies, etVI, 27, il est représenté comme roi absolu de la Babylonie, sans aucune limitation de pouvoir. De plus, vi, 1, on est très incliné à croire à une confusion avec Darius, fils d’Hystaspe. Toutefois les circonstances marquées nesont pas telles qu’on ne puisse, absolument parlant, lesadapter au rôle et à l’existence de Darius le Mède; et lecritique prudent n’appuiera pas trop sur le silence desinscriptions, car il en est encore qui n’ont pas paru au

jour. — 7. Il est dit, ix, 2, que Daniel o comprit parles livres», bas-sefârim, le nombre d’années pendantlesquelles Jérusalem devait être dévastée, selon Jérémie.L’expression dont on se sert implique que les prophétiesde Jérémie faisaient partie d’une collection de livressaints, laquelle cependant, on peut l’affirmer hardiment, n’existait pas en 536. — 8. D’autres indications montrentque le livre n’est pas d’un contemporain, telles que lessuivantes: l’improbabilité que Daniel, un Juif si religieux, ait consenti à entrer dans la classe des Chaldéens «sages», et que ceux-ci l’aient reçu parmi eux (i; cf. ii, 13); la folie septennaire de Nabuchodonosor (lycanthropie), et l’édit qui s’y rapporte; les termes absolusqu’ils emploient tous deux, lui et Darius (iv, 1-3, 34-37; VI, 25-27), pour, tout en persévérant vraisemblablementdans leur idolâtrie, confesser la suprématie du Dieu deDaniel et ordonner qu’on lui rende hommage.» S. R. Driver, Introduction, p. 467, 468, 469.

Réponses aux objections. — 1. Il est vrai que le livrese trouve actuellement parmi les hagiographes, mais primitivementil se trouvait parmi les Prophètes, commeon. l’a conclu de l’état des manuscrits des Septante et dutexte de Josèphe, Contr. Apion., i, 8. Le Talmud et lestalmudistes l’ont fait passer dans les hagiographes pourune raison d’école, très probablement parce qu’ils s’avisèrentde distinguer entre les prophètes d’office et lesprophètes de grâce. Daniel étant plutôt un de ceux-ci, ils le séparèrent de ceux-là, et reléguèrent son livre, avecEsther et les autres; dans la classe inférieure. Voir R. Cornely, lntroductio generalis, 1. 1, p. 29. Mais cette manièred’agir n’est certes pas une preuve de l’origine postérieuredu livre. D’autant plus que les auteurs du canon n’ontpas suivi dans leur classem*nt l’ordre du temps de composition.— 2. Le silence du livre de l’Ecclésiastique n’estpas une meilleure preuve. L’auteur ne se propose pas dedonner une liste complète des gloires d’Israël; il en est, et des plus pures, dont il ne dit mot. Puis, il n’observeaucun ordre dans l’éloge de celles qu’il célèbre. Enfinil n’est pas impossible que le manuscrit sur lequel la versionfut faite n’ait été en mauvais état. On soupçonnefort les derniers chapitres d’être mutilés et interpolés.J. Fabre d’Envieu, Daniel, i, t. i, p. 764-765. — 3. «Iln’est pas improbable» que Nabuchodonosor ait assiégéJérusalem «la troisième année de Joakim». Du moins, ce qu’affirme Daniel (i, 1), c’est qu’ «il vint», bâ", se miten marche pour cette campagne, la troisième année deJoakim. Nul ne peut convaincre d’erreur cette date ainsicomprise. Il marcha donc sur la Judée cette année, maisce n’est que l’année suivante qu’il prit la ville. L’expéditionest attestée non pas seulement par cet endroit, mais expressément par II Par., xxxvi, 6-7, et implicitementpar IV Reg., xxiv, 1, 2. Cf..1er., xlvi, 2. Et c’est bien «l’année suivante», savoir, en fait, la quatrième année, que le prophète (xxv, 1) rappelle l’arrivée prédite desChaldéens, que l’on allait voir à Jérusalem incessamment.Voir A. Hebbelynck, De auctoritate, p. 75-78. — 4. Le mot «Chaldéens» (hébreu: Kasdim) offre, dans Daniel, deuxsens: l’un général, i, 4, celui de «sages» babyloniens; l’autre plus strict, ii, 2, celui d’ «astrologues», une descinq classes dans lesquelles les premiers se divisaient. Lesens strict n’apparaît pas, que l’on sache, dans les textescunéiformes publiés jusqu’ici; mais dira-t-on pour cela quenotre livre est écrit après l’exil? Ce serait illogique. Quesavons-nous d’ailleurs de l’assyro-babylonien, de ses éléments, de l’histoire de ses mots? Peu de chose. E. B. Pusey, Daniel, p. 423, à propos de cette difficulté, se contentede dire: «Ce titre [de Chaldéens] ne s’appliquepas à tous les mages, comme on l’a prétendu; mais ilest pris cette fois seulement dans son sens historique.» Cf. J. M. Fuller, Holy Bible, t. vi, p. 252. — 5. On refused’admettre que Baltassar ait porté le titre de roi. Or on nepeut guère douter aujourd’hui qu’il n’ait eu le titre de roiou au moins de vice-roi, 11 était fils da Nabonide, et fut

associé au trône par son père. Cette opinion est fondéesur les inscriptions. On sait, par une tablette d’argile, queNabonide étant à Téva ou Ténia, les septième, neuvième, dixième et onzième années de son règne, «le fils du roi, les officiers et les soldats étaient [ dans les forteresses dupays d’] Accad.» lig. 5, 10, 19, 23 (T. Pinches, Transactions, t. vii, p. 139-176); cette expression de la tablette: «le fils du roi,» abal sarru, doit se traduire, selon leP. Delattre (Salomon, Assurbanipal, Baltassar, Bruxelles, 1883), par «le fils-roi», ou mieux «le roi associé», ce quiprouve que Nabonide s’associa dans le gouvernement sonfils. Il est naturel que ce fils associé ait été son premierné.Or son premier-né, «le rejeton de son cœur,» s’appelaitBel-sar-usur (Baltassar), suivant un des quatrecylindres trouvés à Mughéir ( Western Asiatic Inscriptions, t. i, p. 68; voir J. Menant, Babylonie et Chaldée, Paris, 1875, p. 258, col. ii, lig. 24, 25, 26), et plusieursautres documents cunéiformes. Il est donc fort croyablequ’un contemporain ait pu parler de lui comme d’un roi.

— L’association de Baltassar au trône se justifie en outrepar d’autres faits analogues, et surtout par Dan., v, 16: «Tu seras le troisième dans mon royaume.» Pourquoi letroisième, et pas le second? Parce que le second étaitBaltassar lui-même, le corégent. F. Vigouroux, La Bibleet les découvertes, t. iv, p. 464. — Nabuchodonosorest appelé son père, dans le texte, à plusieurs reprises, et c’est avec raison. Le mot «père», ’ab, a, en assyriencomme en hébreu, un sens large. Il signifie aussi «prédécesseur», comme des exemples le prouvent. Il veut diresans doute ici «grand-père» ou s aïeul». Baltassar étaiten réalité le petit-fils de Nabuchodonosor, son père Nabonideayant épousé, pour s’affermir sur un trône usurpé, l’une des filles de ce glorieux monarque, peut-être laveuve de Nergal-sar-usur. Le fait est qu’il eut après Baltassarun autre fils portant ce grand nom, puisque dansl’inscription dite de Behistun, on lit que la Babylonie futsoulevée successivement par deux aventuriers «criantfaussem*nt: Je suis Nabuchodonosor, le fils de Nabonide».La preuve, sans être péremptoire, n’est pas sans valeur.

— 6. On ne sait pas encore avec certitude à quel personnagehistorique répond Darius le Mède, vi. Il existeà cet égard sept ou huit hypothèses (voir G. Brunengo, L’impero, p. 452 et suiv.; A. Hebbelynck, De auctoritate, p. 191) que nous n’avons pas à discuter ici. Voir Darius leMède. — La création des cent vingt satrapies, dont il estparlé vi, 1, n’est pas incroyable, pourvu que l’on entendeces satrapies de simples districts, et ces satrapes de simplesgouverneurs assez semblables aux pihat assyriens. Y voirune copie de l’organisation faite par Darius Hystaspe, plustard, c’est forcer le texte. Nous pensons, au contraire, que les divisions administratives du Mède furent commele germe de ce qui se fit postérieurement, avec extension.Voir J. M. Fuller, Holy Bible, t. VI, p. 315. Rien d’ailleurs, dans vi, 23, ne nous oblige à croire que sa juridictionfût universelle et sans limite; et il n’est pas àcraindre, ce semble, que les inscriptions à découvrir ouà déchiffrer ne viennent donner raison à M. Driver. —7. Le mot bas-sefarim, «par les livres,» Dan., ix, 2, nesignifie pas nécessairement une collection de livres saints.Il signifie simplement les livres, des livres déterminés, peut-être les seuls écrits de Jérémie, qui certes existaientavant Daniel. J. M. Fuller, op. cit., p. 352. Cf. J. Knabenbauer, In Daniel., p. 224. — 8. Il n’est pas improbableque Daniel ait pris rang parmi les «mages», et queceux-ci lui aient fait place parmi eux. Moïse a été instruitpar les prêtres égyptiens, Act., vii, 22; pourquoiDaniel ne l’auraitil pas été par les chaldéens? Il a trèsbien pu s’initier aux secrets de leur science sans professerleurs doctrines. Il est vrai que les Perses n’instruisaientjamais de non-Perses, à moins d’un ordre du roi.Et on doit en dire autant des Babyloniens, par analogie.Mais cet ordre, les mages ici l’avaient explicite et formel.Cf. i, 3, 4. On sait par les textes cunéiformes que

les Assyriens faisaient élever à leur cour de jeunes étrangers, dont ils se servaient ensuite pour le gouvernementdes pays conquis. — 9. La folie de Nabuchodonosor étaitune lvcanthropie. Le texte, Dan., iv, 22, rend la choseindubitable. Voir E. B. Pusey, op. cit., p. 428-440.Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints, t. iv, p. 331 et suiv.; A. Hebbelynck, De auctoritate, p. 159-169. La difficulté, à proprement parler, n’est donc pas là. La. difficulté estplutôt historique. Il n’est parlé nulle part de cette longuefolie. Donc elle n’a pas existé, c’est une légende. Notonsd’abord que sa durée n’est pas définie. Le texte annonce «sept temps», ce qui peut être, selon nous, trois ans etdemi; moins encore, suivant d’autres. Puis, du silencedes contemporains on ne saurait conclure à l’inexistencedu fait. Le silence est explicable. Parmi ceux qui pouvaientécrire ou écrivirent de Nabuchodonosor, plusieurs, comme Jérémie et Ézéchiel, étaient morts sans doute; du reste rien ne les amenait à traiter ce sujet; d’autresvinrent plus tard, comme Esdras et Néhémie, assez longtempsaprès; d’autres ne nous ont laissé que de simplesfragments ou se sont bornés à une partie du règne, comme l’auteur des Annales des Phéniciens et Philostrate.Mais encore n’est-il pas absolument vrai qu’il n’y a aununetrace du fait. On s’accorde généralement à le reconnaître, quelque peu défiguré, dans un texte d’Abydène.(Voir Eusèbe, Prsep. Ev., ix, 41, t. xxi, col. 760; Chron. arm., édit. Aucher, t. i, p. 59.) De plus, ne pourrait-onpas voir, avec des assyriologues de renom, uneallusion à cette folie dans la Standard Inscription ofNebuchadnezzar, rapportée par les Western AsiaticInscriptions, t. i, tabl. 56-64, col. vin. Cf. G. Brunengo, L’impero, p. 251 et suiv. et p. 340, 341. On ne s’attendpas d’ailleurs à la voir rappelée par les successeurs; carc’est une loi des rois d’Assyrie et de Babylonie de tairetout ce qui peut, à certains égards, obscurcir leur gloireou celle de la dynastie. Et enfin, cet accident singuliern’a pas dû laisser de trace bien sensible, parce qu’il durapeu, et qu’il est censé n’avoir été connu dans l’immenseempire que très discrètement, les affaires continuantd’être dirigées fermement, comme d’habitude, ou par lafemme favorite, ou par le rab-mag Bel-labar-iskun, oumême, a - 1 - on dit, par un conseil ayant Daniel à sa tête.L’édit qui annonce aux peuples, en style de curie, cetétrange événement, pour irrégulière qu’en paraisse larédaction, n’offre vraiment aucune difficulté. Il n’y en apas non plus dans les termes de suprême louange dontil se sert, lui, et après lui Darius et Cyrus même, pour.exalter le grand Dieu d’Israël; car ils pouvaient en agirainsi tout en restant idolâtres. Leur polythéisme, car ilsétaient polythéistes, même Cyrus (on n’en doute plusaujourd’hui), excluait le monothéisme, mais non pas laconfession et le culte d’un premier et souverain Dieu, —Deus exsuperantissimus, — dominant la foule des dieuxinférieurs. Il n’y a donc pas contradicition. Cf. E. B. Pusey, Daniel, p. 440.

2° Objections philologiques. — «Le verdict de la langueestclair. Les mots persans [qu’on y rencontre] font conclureà une époque postérieure à l’établissem*nt de l’empiredes Perses. D’autre part, les mots grecs demandent, les mots hébreux appuient, les mots araméens permettentune date postérieure aussi à la conquête de la Palestinepar Alexandre le Grand (332).» S. R. Driver, Introduction, p. 469. — Réponse. — Ni les mots ni la languene réclament cette date et cette époque. Les mots persansne sont pas si nombreux qu’on prétend, «probablementquinze au moins,» dit M. Driver, p. 469, note 1.Du reste, on n’est pas encore fixé sur leur véritable origine(E. B. Pusey, Daniel, note A, p. 569 et suiv.); mais, quoi qu’il en soit, Daniel ayant vécu à la fin de sa viesous la domination perse, rien n’empêche qu’il y ait desmots perses dans son livre. En tout cas, leur présencerenverse l’opinion de la date machabéenne du livre; cartrès certainement, en 163, l’influence persane n’existait

plus en Judée. Leur très petit nombre enfin n’exige pasqu’on reporte après l’exil la composition de l’ouvrage. —Il en faut dire autant au sujet des mots grecs. Il y en aquatre, y compris même sabeka, ?a|16ùxi], iii, 5, 7, 10, 15, qu’on reconnaît aujourd’hui comme asiatique, savoir: g «; ercis = x£9<xpi; , iii, 5, 7, 10, 15; pesantérin = <|/aXT>5pcov, m, 5, 7 (pesantérin), 10, 15; et sumfônîah = iu|i ?o)via, m, 5, 15. Or il n’est pas prouvé que ces mots soient certainementgrecs. De bons critiques en doutent et retrouventen Asie, bien avant Daniel, les instruments qu’ilsdésignent. J. M. Fuller, Holy Bible, t. vi, p. 281 (Excursuson the Musical Instruments). Et quand même ils seraientde racine grecque, il n’en résulterait pas que le livre où ilssont mentionnés fut écrit après l’exil: on établit très bienque dès le vin 8 siècle les Grecs étaient en relations avecles Assyriens et les Babyloniens. Les auteurs ont là-dessusles plus curieux détails. Voir Trochon, Daniel, p. 36 etsuiv. On s’explique par là que ces instruments aient passéavec leur nom grec, — «le nom voyage avec la chose,» —dans l’Asie. — La conclusion que l’on tire du caractèrede l’hébreu et de l’araméen de Daniel n’est pas plus juste.On l’a dit déjà, ces deux langues du livre sont bien dutemps de la captivité, et non pas des siècles qui vinrentmême immédiatement après. Nous donnerons les preuvesà l’appui.

3° Objections doctrinales. — «La théologie du livre, dans ce qui la distingue, prouve qu’il a été composé aprèsl’exil. Cette preuve, certes, a été présentée maintes fois, avec exagération. Par exemple, lorsqu’on avance que ladoctrine de la résurrection ou la distribution hiérarchiquedes anges que l’on y rencontre est due à l’influence duparsisme, ou que l’ascétisme de Daniel et de ses compagnonset la fréquence de leurs prières sont des traits particuliersau judaïsme synagogal. Ces exagérations se justifientdifficilement. Néanmoins il est indéniable que lesdoctrines du livre sur le Messie, les anges, la résurrection, le jugement du monde, y sont enseignées plus clairement, plus distinctement et plus largement que partoutailleurs dans l’Ancien Testament, et avec des traits approchantfort, sans être identiques, de ce qui se remarquedans la première partie du livre d’Hénoch, cent ans avantnotre ère. Quoi qu’il en soit de quelques-uns de cesdéveloppements, qu’ils soient dus ou non, en partie, àdes influences étrangères, ce qui n’est pas douteux, c’estqu’ils trahissent dans l’histoire de la révélation une périodepostérieure à la date traditionnelle du livre. Et cetteconclusion est confirmée par le souffle général qui letraverse et le ton qui y règne: ce souffle et ce ton ne serencontrent dans aucune des écritures appartenant autemps de l’exil. Ils sont plutôt de l’époque qui séparela littérature postexilienne de la littérature juive quisurgit après le dernier écrit inspiré. Un certain nombrede considérations indépendantes l’une de l’autre, et dontplusieurs sont très pressantes, s’unissent ainsi pour établirque le livre de Daniel n’a pas été écrit avant l’an 300.» S. R. Driver, Introduction, p. 477.’— Réponse. — Toutcela ne prouve pas que le livre n’a pu être écrit dansl’exil; encore moins qu’il l’a été vers l’an 300, et plusradicalement en l’an 163. — 1. Les doctrines dont il s’agitne, proviennent certainement pas du parsisme. On a soutenuque les deux systèmes religieux, parsisme oumazdéisme et judaïsme, ont puisé à une source commune; mais on a soutenu aussi que c’est le parsismequi a emprunté à l’autre, et cette affirmation de Ms r deHarlez, dans le Journal asiatique, 1880, t. xvi, p. 150, n’a pas été réfutée. Il est donc faux de rapporter au parsismel’angélologie du livre, en particulier. Les rationalistes, en le faisant, vont même contre leur thèse, enun sens; car enfin, en l’an 163, si une influence dominaitparmi les Juifs, ce n’était pas celle des Perses, mais celle des Grecs. L’auteur avait du reste, sans alleren Perse, dans les théogonies chaldéennes de l’exil dequoi se créer une angélologie très développée. On trouve,

en effet, dans le vieux système accadien et dans lesystème plus épuré des Babyloniens, une hiérarchie trèscompliquée et très exactement classifiée d’esprits bonset d’esprits mauvais, que les études des assyriologuesnous ont révélés. Voir Fr. Lenormant, La magie chezles Chaldéens, p. 23, 138, 139; G. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient, t. i, 1895, p. 630et suiv. — 2. D’ailleurs pourquoi serait-il sorti du judaïsme?Toute sa théologie se retrouve dans les écritsparus avant la captivité. Le peu qu’il a surajouté ne sontque des développements attendus, appropriés au tempset au degré de culture de l’époque. Les anges, — leurexistence, leur nombre, leur office, leur condition, mêmeleurs classes, — sont mentionnés dans les livres historiques, les Psaumes, les Prophètes. Voir E. B. Pusey, Daniel, p. 517 et suiv. Il n’a de nouveau que les deuxnoms d’anges, Michel et Gabriel. La résurrection des corpsest exprimée dans Job, xix, 25-27, et très clairementenseignée dans Is., xxvi, 10. Il y est fait allusion dansOse., vi, 2, et l’on ne peut en méconnaître l’idée dansEzech., xxxvii, 1-10. Ôr Ézéchiel est contemporain deDaniel. — Toutes les pratiques d’ascétisme, qu’on rapporteau bas judaïsme, on en constate l’origine et l’exerciceavant Daniel, comme ces abstinences rigoureuses, dont parlent les livres des Rois et des Prophètes; commeces prières faites trois fois par jour, dont parle déjà lePsaume Liv, 18. Il n’y a pas jusqu’au développement del’idée messianique qui ne soit parfaitement à sa place, tel qu’il nous est offert par le livre, au temps de l’exil.Il n’est que l’évolution régulière des révélations antérieuressur le Messie, sa personne, son empire, contenuesdans les Écritures. Ainsi les doctrines en questionne sauraient être invoquées contre l’origine que nousaffirmons. Le souffle qui traverse les pages de ce livrevient bien de l’époque indiquée. Comment, du reste, enserait-il autrement, quand le livre tout entier respire lesidées et la culture babyloniennes juives du vi 8 siècle? —Et telles sont les difficultés qu’une critique prévenue asoulevées contre l’authenticité de Daniel. La plupart ontleur principe dans un préjugé dogmatique. Toutes, parles réponses qu’on y fait, contribuent en un sens à confirmerla thèse de la composition du livre par un contemporain, par Daniel lui-même.

4° Difficultés spéciales relatives aux Additions deDaniel ou parties deutérocanoniques de son livre. — Cesont: 1. la prière d’Azarias et l’hymne Benedicite, iii, 24-90; 2. l’histoire de Susanne, xm; 3. Bel et le dragon, xiv. Plusieurs anciens et des modernes en assezgrand nombre les regardent comme inauthentiques: saintJérôme les appelle fabulee, Jules l’Africain les traitait depièces fausses, |iépo; x165r)Xov ov, qu’il faut ranger parmiles apocryphes. Mais il n’en est pas ainsi. On peut établir, en effet, qu’elles ont Daniel pour auteur, ou du moinsqu’elles complètent son livre. — 1. Il est certain qu’elles ontété écrites en hébreu, et non en grec. Actuellement nousavons de ces parties deux versions grecques, celle deThéodotion et celle des Septante. Or il est reconnu quela première diffère radicalement de la seconde, donc ellen’en vient pas; donc elle a été faite sur l’hébreu (ou l’araméen), comme le reste de la version, de l’aveu de tous.De plus, on y constate des hébraïsmes tels qu’ils supposentun original hébreu. Cf. J. Knabenbauer, In Daniel., p. 51. Enfin deux manuscrits, le chisianus et lesyro - hexaplaire, portent les signes critiques d’Origène, révélateurs, comme on sait, d’un texte hébraïque, etdans le manuscrit 87, on voit distinctement, xiii, 1-5, les sigles AS© qui indiquent les trois traducteurs grecs(Aquila, Symmaque et Théodotion), ayant tous trois traduitde l’hébreu. — 2. Il est également certain que cesAdditions sont historiquement vraies: il ne s’y trouveaucune trace d’erreur. Aucune, en effet, dans la prièred’Azarias et l’hymne Benedicite: ce qu’on y reprend estinsignifiant. Wiederholt, Dos Gebet Azarias dans la lu

binger Quarlalschrift, 1871, p. 389 et suiv. Aucune dansl’histoire de Susanne: le jeu de mots (en grec) que l’onoppose comme preuve d’origine grecque n’est pas unedifficulté, car il existe trois ou quatre façons de l’expliqueradmises même par des rationalistes. Trochon, Daniel., p. il et 12; F. Vigoureux, Mélanges bibliques, 1889, p. 477; Wiederhol’t, Die Geschichle Susanna, dans laTûbinger Quarlalschrift, 1869, p. 583 et suiv. Aucuneenfin dans Bel et le dragon: le culte du serpent à Babylone, le polythéisme politique de Cyrus, le renversem*ntdu vT|<S; , et non de la pyramide elle-même de Bel, difficultésobjectées, sont aujourd’hui des faits établis.L’identification d’Habacuc, dont il est question dans cetépisode avec le prophète de ce nom (Septante: ’A[iëïy.où|i), cf. Hab. i, 1, est bien douteuse. Wiederholt, Bel und derDrache, 1872, p. 555. Cf. J. Fiirst, Der Kanon des AlteTestament, Leipzig, p. 102, 140. — 3. Telles qu’ellessont enfin, les Additions font partie du livre. C’estl’opinion universellement reçue, avec quelques exceptions.Aussi bien cette opinion est-elle confirmée par lecontexte. Ainsi, iii, 23, pris avec le ꝟ. 91, exige les versetsdeutérocauoniques intermédiaires. Ainsi le chap. xmet le chap. xiv rentrent dans le plan du livre, pour luidonner l’unité: accrédité auprès du roi, il faut que Danielle soit aussi auprès de son peuple, or c’est ce qui a lieuchap. xm; ayant, par des prodiges, fait confesser le Dieud’Israël à Nabuchodonosor, à Darius, il faut qu’il le fasseconfesser aussi au Perse Cyrus, par des prodiges analogues, or c’est ce qui a lieu chap. xiv. Les Additions sejoignent donc parfaitement au livre, et font avec lui unseul et même tout. Mais le livre est de Daniel, donc aussiles Additions, qui le complètent et lui appartiennent. Onne saurait d’ailleurs objecter à cela l’existence séparéedes Additions; car, si on lésa détachées du livre, ce n’estque plus tard, et pour des raisons adventices. La première, m, 24-90, a été retranchée parce qu’elle retarde Jerécit et est en dehors du but final. La seconde, chap. xiii, parce qu’elle est infamante pour les juges d’Israël (V. Ori£ène, t. xi, col. 61). La troisième, chap. xiv, parce qu’elleparut à tort, aux juifs, faire double emploi avec un récitpareil, vi. Voir J. Knabenbauer, In Dan., p. 56; R. Cor-Jiely, Introd. sp., ii, 2, p. 510 et suiv., et les auteurs cités.

— On peut d’ailleurs admettre, avec plusieurs critiques, que les chapitres xm-xiv ne sont pas de Daniel, maisd’un auteur différent, sans que leur valeur historique ensoit diminuée ou atteinte.

VI. Inspiration et canonicité du livre de Daniel. —L’inspiration et la canonicité ne font aucun doute. Prenonsseulement les cinq premiers siècles. Il est aisé demontrer que dans cet intervalle le livre de Daniel n’a «essé d’appartenir au canon. Il est cité comme prophétiquedans deux évangiles, et il y est fait allusion ailleurs, tomme on l’a vu. Les deux premiers siècles en parlentpeu. Nommons toutefois saint Paul, saint Jean, puis saintdément Romain, / ad Cor., édit. Gebhardt, p. 90; Il adVirg., édit. Beelcn, p. 103. Mais peu après il se répandpartout comme livre canonique. Voici trois séries de témoignagesqui le prouvent: — 1° Il fait partie de la versiondes Septante transmise à l’Église par les Apôtres. Il estlu publiquement — et l’on sait la signification dogmatiquede la lecture liturgique — dans l’office divin. Il sert à établirle dogme, à combattre les Juifs et les hérétiques, cequi est assez dire qu’il est reçu universellement commelivre inspiré et canonique. La meilleure preuve d’unetelle réception sont les manuscrits grecs que nous avonsencore, V Alexandrinus, le Valicanus, le Sinaiticus, leClaromontanus. Le Sinaiticus ne l’a pas aujourd’hui, mais c’est par accident. Ajoutez les autres versions faitessur les Septante, ou Théodotion, qui dans les Septantesuccéda en son temps à la première version grecque. Lasyro-hexaplaire, la pesclnto actuelle, l’éthiopienne, etc., contiennent aussi Daniel et ses Additions. — 2° Il est citétrès fréquemment par les Pères. Lisant le Daniel grec

complet, c’est lui qu’ils reproduisent. Indiquons les principalescitations. Saint Irénée, t. vii, col. 984, 1054: «Et ils entendront les paroles qui ont été dites par Danielle prophète: Race de Chanaan, etc.-» Dan., xm. Cf. Dissert: , iii, a. 1, 247 suiv. Clément d’Alexandrie, t. viii, col. 327, 1330. Origène nommément défend tout Danielcomme canonique. Il s’en explique clairement dans saréponse à Jules Africain, qui avait attaqué l’histoire deSusanne, parce qu’elle n’est pas dans l’hébreu et qu’ellerenferme des erreurs et des jeux de mots tirés du grec. Ilréfute «ex professe» cette série d’objections, affirmantentre autres qu’en matière de textes inspirés, ce ne sontpas les Juifs, c’est l’Eglise qu’il faut croire, t. xii, col. 405; t. xiv, col. 687; ꝟ. xi, 42-47, 47-80. Cf. L. Coletta, Dellibro di Esther, Naples, 1869, p. 220-230. Tertullien, t. ii, col. 963 (Dan., xiii). Saint Hippolyte, t. x, col. 690, et suiv.866: il a composé un commentaire sur Daniel, édité parO. Bardenhewer, Des h. Hippolytus Commentât’zumBûche Daniels, Fribourg en Brisgau, 1877, p. 71 (Susanne), p. 80 (Bel et le dragon). Lucifer de Cagliari, t. xiii, col.894-899. Eusèbe de Verceil, t. xii, col. 952, 964. Zenonde Vérone est remarquable. Il a écrit neuf petit* traitéssur Daniel: De Daniele, qui sont très beaux. Il y rappelle, entre autres, l’hymne Benedicite (incensi hymnumcanurit), et la seconde fosse aux lions (cœlestiprandio satur). Il loue éloquemment Susanne: De Susanna, t. xi, 443, 444, 299, 300 (magnifique), 523, 525, 526, 527. Saint Ambroise, t xv, col. 150, 151, cꝟ. 154, 594, 789. Saint Athanase, t. xxv, col. 35, 39, 387, 542, 547, 618, 671, 1192, H93, 1255, 1378. Didyme, t. xxxix, col. 374, 431, 548, 654 (quia apud Danielem in judiciode Susanna habito legitur: Suscitavit, etc.); xiii, 45 (Hicquoque Deum esse Spiritum sanctum ostendit Scriptura), 1084. Cf. Mingarelli, De sacra Script., 994, 995. SaintCyrille de Jérusalem, t. xxxiii, 403, 639, 857, 962.Méthode, t. xviii, col. 390. Eusèbe de Césarée, t. xxi, 483.Saint Grégoire de Nazianze, t. xxv, col. 471, 699, 898, 1182; xxxvi, 270. Saint Grégoire de Nysse, t. xlv, col. 1235, 1284. Théodoret, t. lxxxi, col. 1159, 1251, 1314 (1316 touoî y, commentaire du chapitre iii, avecl’Addition deutérocanonique). Saint Jean Chrysostome, édit. Gaume, I, p. 710; iii, p. 676, 805, 191, 192; vi, p. 253, 294, 368 seqq. Cf. p. 363 (Synopse), x, p. 153.Les trois jeunes Hébreux, épisode familier au grand docteur, t. iv, p. 582, 851, 882, 899; t. v, p. 121, 183, 337, 352, 385, 589; t. ix, p. 119, 727; x, p. 182, 184; xi, p. 496, 564; xii, p. 346. Saint Isidore de Péluse, t. lxxvhi, 970, 1055, 1095, 1235, 730, 1130 (Susanne). Ammonius, Fragmenta in Daniel., t. lxxxv, col. 1363-1369. Rufin, t. xxi, 611. Saint Jérôme, t. xxii, col. 329, 332, 353, 1027; t. xxiii, 245, 568 (Daniel et omnes prophetse, Dan., iii, 27); xxv, 509, cꝟ. 511, 568, 569, 570, 580seqq., 581, 582, 1274, 1542; t. xxvi, 350; t. xxviii. Iladmet les Additions. Voir Prol., de can. hebr. verit., t. v, col. 87. Il affirme, t. v, col. 1291, cf. note ii, col. 1292, queles Additions ne sont pas dans l’hébreu, mais que cependantelles sont universellement reçues dans l’Eglise. Sestextes contraires expriment moins son opinion que celled’autrui. Saint Augustin, édit. Gaume, t. vii, col. 448(Sancta Scriptura), 2075, 1970 seqq.; t. x, p. 1118. Detout cela il résulte que la foi ecclésiastique à l’inspirationdu livre est, du moins à cette époque, très constante ettrès distincte. On peut donc ne pas rapporter les listesou canons, officiels ou privés, qui la confirment, depuisla liste du concile de Nicée passée en Afrique, approuvéeâ Rome et reproduite ailleurs, jusqu’aux listes desgrands docteurs et des écrivains moins autorisés. Toutesrenferment Daniel et ses Additions. — 3° Il est encore untroisième genre de preuves qu’il faut exposer très rapidement.Il est tiré de l’archéologie chrétienne primitive, et il regarde moins le livre que les Additions. Il consistedans des verres dorés, des fresques, des sarcophages dece temps-là, représentant des sujets empruntés au Daniel

controversé. Voici une première série de sujets, mêlés àd’autres qui proviennent des protocanoniques: — Dansun verre à fond d’or du musée Kircher, les trois enfantsdans la fournaise, les mains levées comme s’ils priaient, la tiare flottant au vent, comme pour rappeler ce verset: «Il envoya un vent,» etc. Dan., iii, 26 (R. Garrucci, Vetri ornati di figure in oro. Tavole. Roma, 1864, tav. i, ꝟ. 1). Dans deux Fragments de la patène de Cologne, un Daniel qui prie et un de ses lions, puis un des troisenfants avec sa mitre flottante (P. Allard, Rome souterraine, Paris, 177, p. 422). Voir aussi pi. xrx, p. 437 et 439, et Canon, col. 158, 159. La série des sujets isolés est plusconsidérable. — 1. Les trois jeunes Hébreux. — Un de cesjeunes gens sur un sarcophage du cimetière de Callixte, —le groupe tout entier, et en outre, par derrière, commeun ange ailé sur un arcosolium du même cimetière, — lemême avec un ange en dehors sur un sarcophage du Vatican, — le même sur un ivoire du Ve siècle, — un angeau-dessus des trois enfants dont l’un, à droite, touche d’uninstrument, Azarias sans doute, sur une très belle lamped’Afrique (R. Garrucci, Vetri, tav. iii, fig. 8, 9, 11). Voircol. 156. — 2. Susanne.^ On la voit debout, voilée, entredeux vieillards lui parlant avec feu, sur trois sarcophagesd’Italie, — la même sur des sarcophages du midi de la Gaule, avec cette différence que l’un d’eux représente deux arbresderrière lesquels les vieillards aux yeux ardents se dissimulent, et l’autre reproduit en plus un serpent enrouléautour d’un arbre qui cherche à atteindre, au sommet, un nid de colombes, — une brebis sur une colline entreun léopard et un loup, peinture symbolique très belle ettrès simple du cimetière de Callixte. Martigny, Dictionnairedes antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 447. —3. Bel et le dragon. — Dans un bas-relief de sarcophage(me siècle), un autel, un arbre avec un serpent lové derrièrel’autel, et devant lui Daniel donnant au serpent legâteau qu’il a pétri, — le même, sur un sarcophage deVérone, — le même, avec, auprès de Daniel, une autrefigure (le Sauveur?), qui lui communique son pouvoir.Garrucci, Vetri, tav. iii, fig. 13. Texte p. 38. — Sur unetombe de Brescia, le ciel figuré par sept étoiles, d’entrelesquelles sort une main tenant, par la tête, Habacucavec sa corbeille de pains. U. Ubaldi, Introductio inS. Script., Rome, 1878, ii, p. 391, 395 (avec les planches), etc. De tout cela il ressort que le livre de Daniel et ses Additionsétait très connu dans cette période, et qu’il étaitconnu et reçu comme inspiré et canonique, car c’est unedoctrine affirmée par les théologiens, que, dans les travauxde ce genre, les premiers artistes chrétiens ne devaients’inspirer que des Livres Saints universellementadmis, ce qui du reste est confirmé par le voisinage desujets exclusivement bibliques, et tirés des protocanoniques, mêlés à ceux que nous venons de décrire. VoirP. Allard, Rome, p. 357, cf. p. 285, 286, 369. Nul douteque ces Additions et le livre entier, comme l’entendentles conciles de Florence et de Trente, ne soient inspiréset canoniques.

VII. Texte du livre de Daniel. — 1° Texte original.

— Le texte primitif, que nous possédons encore, est enmauvais état, surtout la partie chaldéenne: aucun livrepeut-être de la Bible hébraïque n’est aussi corrompu. Lenombre considérable des variantes placées en marge ouau bas des éditions imprimées en est la preuve. J.-B. deRossi en a relevé plus d’une centaine dans ses VariéeLectiones Veteris Testamenti, Parme, 1788, t. iv, p. 139et suiv., et il en est une foule d’autres qu’il n’a pas notées.Cf. S. Bær, Libri Danielis, Esdrae et Nehemiee, Leipzig, 1882, p. 62-85, et à la marge inférieure du texte.Ce sont en général des mots ajoutés, omis, altérés, deslettres tombées, changées, transposées, surtout des différencesd’écriture et d’accent. En voici quelques exemples: mizzéra’pour ûmizzéra’, 1, 3; min kol pour min, i, 15; upiSerêh (ejus) pour ûpiserâ’[et interprelatio), ii, 4-5, y, 17; ûbe’ah pour iïbe’â', H 16; kol medinôt pour kol

medinat, ii, 48, et souvent’ad dî pour’al di, iii, 19; beSa’âh pour keSd’âh, iv, 16; Savîiv pour savii, v, 21; veliMar pour velistar, vii, 5; lehagîd lekd pour lehagid, IX, 23; lekalah (ad consumendum) pour lekalê’( adcohibendum), IX, 24; ûlehatam (et ad finienda) pourûlehâtêm (et ad sigillanda), ix, 24; hattat pour hatlâ’ôt, ix, 24; môlsd’(exilum) pour min môlsd’(ab exitu), IX, 25; mesîah nâgid (unctus ducis) pour mâsia/i nâgîd(unctus dux), ix, 25; seba’îm Sdnâh pour Sabu’ûnsibe’âh, ix, 25; ’dm (populus) pour’am nâgid (populusducis), ix, 25; iSl.têt pour iâshît (destruet), ix, 20; ’im (cum) pour’am (populus), ix, 26; ve’ad (et usque)pour ve’al (et super), ix, 27; ’at (tcmpus) pour qêls(finem), ix, 26; ubeheikol ieheiêh siqûls (et in lemploerit abominalio) pour ve’al kenaf siqûtsîm (et superalam abominâtionum). Cf. J.-B. de Rossi, Variée lectiones, p. 147, etc. Aucune de ces variantes n’affecte, onle voit, la substance du livre. Toutes portent sur les accidentset la forme. — On a très peu fait pour améliorerà cet égard le texte primitif. J. Norzi est le premier, jecrois, qui ait essayé une correction critique dans soncommentaire intitulé: Minhat Saî, Mantoue, 1742. Récemment, ce travail de révision a été repris par S. Bær, qui s’est aidé de manuscrits que ne connut pas J. Norzi.Voir S. Bær, Libri Danielis, p. i-vr. Son édition, plusparfaite certainement, ne saurait être définitive. Du resle, elle ne vise qu’à donner le texte massorétique. On pourraitélargir la base de reconstitution du premier texte. Ily aurait avantage à y faire figurer les anciennes versionsimmédiates trop négligées. On aurait par là, non pas toujourssans doute la leçon massorétique, mais souvent letexte vraiment original. Exemples: au lieu de USelêvelâke(tranquillitati tuse) on aura lesâlevâ(âke (peccatis tuis), IV, 24, que donnent quatre manuscrits de Théodotion, lapeschito, la Vulgate (delictis tuis); au lieu de savi, onaura sovi, Théod. (èSôSrj), la peschito, Vulgate (positionest), etc. Kaulen, op. cit., p. 402. Disons enfin que HermannL. Strack vient de publier le texte araméen deDaniel, en prenant pour base celui de S. Bær. Il l’a modifiéet corrigé, mais légèrement; il a utilisé des manuscrits, dont il fait la description. Abriss des BiblischenAramaïsch, Leipzig, 1896. Texte: Liber Danielis, ii-vii, p. 9* -29*. Voir aussi A. Kamphausen, The Book ofDaniel, À critical édition of the Hebrew and Aramaictext printed in colors exhibiting the bilingual characlerof the BoOk, Leipzig, 1896. — Le texte grec des Additionsa suivi le sort du texte des Septante.

2° Versions. — Les versions immédiates du livre sont: les Septante, la version de Théodotion, la peschito et laVulgate hiéronymienne, moins les Additions traduites deThéodotion. Les versions dérivées sont: l’italique (Muenter, Fragmenta vers, antiq. lat. antehier. ProphétieDanielis, Copenhague, 1819), la syro-hexaplaire de Paulde Tela, qui date de 617, du reste très fidèle, presqueservile, la philoxénieniie revue en 616 par Thomas deMarkel, les égyptiennes, sahidique et memphitique, Muenter, Spécimen versionum Danielis copticarum, Rome, 1786; P. Ciasca, Sacr. Bibl. fragmenta copto-sahidicaMus. Borg., II Rome, 1889 (Daniel, p. 306-324); Tattam, Prophète majores, Londres, 1852 (Daniel, t. ii, p. 270suiv.), l’éthiopienne, l’arménienne et la géorgique, laslavonne et l’arabe. Toutes, excepté la seconde et la troisième, sont faites sur Théodotion, disent les uns. Selond’autres, elles descendraient des Septante. A. Bludau, De Alexandrinæ Interp. libri Danielis indole critica, Munster, 1891, p. 31, 32. Quoi qu’il en soit de leur origine, elles sont d’une médiocre utilité. Ajoutez queplusieurs n’ont pas encore été imprimées. Il en est autrementdes versions immédiates. Ne parlons pas de lapeschito et de la Vulgate. La version de Théodotion, faiteplus probablement vers l’an 120 ou 130, suit les Septanted’assez près, mais en les corrigeant sur l’original: elledonne le sens plus qu’elle ne rend les mots (S. Jérôme,

t. xxiii, 1024; xxix, 120; xxviii, 35); au fond, elle s’accordeavec l’hébreu et la Vulgate. Le Daniel des Septante, qui parut en Egypte en 140 à peu près, passa «auxéglises où il fut lu» (S. Jérôme, t. xxv, 493) jusqu’aumilieu du ne siècle, comme on le prouve par les citationsdes Pères. A. Bludau, op. cit., p. 12-20. Cette version «fut alors répudiée par un jugement des maîtres del’Église» (S. Jérôme, t. xxv, col. 514) et remplacée parcelle de Théodotion, qui est éditée parfois dans les Septantemême. — On peut croire qu’elle fut abandonnée parcequ’ «elle s’éloignait beaucoup trop de la vérité hébraïque» et qu’elle était particulièrement infidèle dans ix, 25-27.Cf. A. Bludau, op. cit., p. 33 et suiv. Le fait est que, si onla compare au texte, elle en diffère beaucoup, surtoutpour les récits. On y constate, en effet, fréquemment desadditions, des omissions, parfois même un autre sens.Additions: i, 20; ii, 8; iii, 18, 24, 46; iv (très bouleversé).Omissions et abréviations: VI, 8 (omis); vi, 3, 6, 7, 10, 15; vii, 6 (abrégés). Autre sens: vii, 13, 18, 22, 23, 27, 28; viii, ii, 12, 25. Voir J. Knabenbauer, In Daniel., p. 47-50. A. Bludau, op. cit., p. 44 et suiv.E. B. Pusey, Daniel, p. 624-637, note E. Wiesler (Die70 Wochen und die 63 Jahrwochen des Proph. Daniels, Gœttingue, 1839, p. 197 et suiv.), et F. Fraidl (DieExégèse der Siebzig Wochen Daniels, Gratz, 1883, p. 4-11) nommément, ont noté avec soin les divergences desSeptante et de l’hébreu dans ix, 24-27. Cf. A. Bevan, TheBook of Daniel, Cambridge, 1892, p. 43-54. Les Septantede Daniel ainsi répudiés, on n’en lut plus les manuscrits.On les croyait disparus, lorsqu’on découvrit le CodexGhisianus ( Bibliothèque Chigi), lequel fut publié à Romeen 1772, par Simeone de Magistris: Daniel secundumLXX ex Tetraplis Origenis nunc primum edituse singularichisiano codice annorum supra DCCC. Il fut ensuiteréédité par J. D. Michælis, in-8°, Gœttingue, 1773, et in-4°, 1774; par C. Segaar, in-8°, Utrecht, 1775, et parPearsons, 1818 et 1848. Autres éditions: AavutjXxaTa tovçe680(iïixovtc<, e codice chisiano post C. Segaaram ediditsecund. syro hex. recognovit A. Hahn, Leipzig, 1845; T. Cozza, Sacr. Bibl. vetustis. Fragmenta, P. iii, Rome, 4877. Le Codex chisianus, qui est du XIe siècle, cf. A. Bludau, op. cit., p. 38, est cependant moins précieux qu’unmanuscrit de la Bibliothèque ambrosienne, attribué auvme siècle et publié sous ce titre: Daniel secundumeditionem LXX Interpretum ex Tetraplis desumptus excodice syro estrangelo Bibliothecse Ambrosianse syriaceedidit latine vertit etnotis illustravit CaiusBugati, in-4°, Milan, 1788. M. J. Ceriani le réédita depuis avec ce titre: Codex Syro-hexaplaris Ambros. photolithographïce editus, Milan, 1874 (t. viii, Monumenta sacra et prof.). Ilreprésente la version de Paul de Tela faite sur une copiedes hexaples possédée par Eusèbe et Pamphile. Il offreen général un texte plus pur et plus complet. Il pourraitservir à reconstituer fidèlement le Daniel des Septante.Cf. S. Davidson, Introduction, etc., t. iii, p. 223, 227.3° Langue. — Le livre est écrit en hébreu et en araméen.Il contient en outre, mais en petit nombre, desmots d’origine aryenne, mots grecs et mots persans.Hébr. i, 1-11, 4 1 et vii, 1; xii, 13. Aram. ii, 4 b; vii, 28.Mots grecs: nous les avons cités plus haut. Mots persans: ce sont des noms d’office ou d’emploi, de vêtements, d’instruments de musique, de nourriture, et ils se trouventpresque exclusivement dans la partie chaldéenne. E. B. Pusey, d’après Max Muller, op. cit., 378 et 569. Notes À et C.Cf. J. N. Fuller, op. cit., p. 246 et suiv. Ajoutons-y les motssyriens’àSaf, ii, 10, 27; resam, vi, 10, 11, 13, 14; v, 24; aphadnô, xi, 47; palmônî, viii, 13. Reprenons. L’hébreude Daniel est l’hébreu de l’exil, que distinguent les aramaïsmes.Gesenius, Geschichte der hebraïschen Spracheund Schrift, p. 25, 26. Il se rapproche en effet beaucoupdes écrits de l’exil. Ézéchiel nommément a avec Daniel, à cet égard, l’affinité la plus étroite: — i, 10 hiiêb (reumfecit) Ezech., xvili, 7; viii, 9; xi, 16, 4L isebî [terra

décora = Israël) Ezech., xx, 6-15; x, 6 nehôUêt gâlal(ses lœve) Ezech., i, 7. x, 21 ketab (scriptum) pourséfêr (liber) Ezech., xiii, 9; xii, 3 zohar (splendor); Ezech., viii, 2. xii, 0; lebûé habbadim (indutus lineis) Ezech., ix, 3. D’autre part, l’araméen de Danielest l’araméen d’Esdras, c’est-à-dire qu’il reproduit, àquelques différences près, — différences justifiées du restepar le court espace qui sépare les deux écrivains, — l’araméenmême d’Esdras, lexique et grammaire, et de plusqu’il s’écarte beaucoup de l’araméen des Targums postérieurs, ce qui est une preuve, répétons-le, que le livreest de l’exil. L’araméen ou chaldéen biblique a été l’objetde travaux récents. Nommons en particulier les grammairesde Fr. Delitzsch, dans S. Bær, Daniel, p. xm etsuiv., de E. Kautzsch, Grammatik des Biblisch Aramaïschen, 1884, et de Hermann L. Strack, Abriss, etc.L’araméen de Daniel notamment a été scrupuleusem*ntétudié par E. B. Pusey, Daniel, p. 45 et suiv., note D, p. 602 et suiv. sur la base d’un article de J. Mac-Gill(The Chaldee of Daniel and Ezra dans Journal forsacred Littérature, janvier 1861, p. 373-391). Malgréces imperfections de langue, le livre est loin d’être, littérairementparlant, «un livre de complète décadencelittéraire, … dont la langue soit détestable, plate, prolixe, incorrecte.» Il ne rappelle sans doute ni Isaïe, ni mêmeHabacuc; mais il a des chapitres (il, vi) qui par le grandiosedes images et le relief extraordinaire de la penséeprophétique ne le cèdent en rien aux plus beaux. Lestyle en est très varié. «On y distingue, dit Pusey, Daniel, p. 37, quatre styles: 1. celui du simple récit, chap. î; 2. celui de la prière ardente, chap. ix, joignez-yles versets d’actions de grâces en chaldéen, chap. ii, 20-24; 3. celui de la prophétie pure, dans la vision dessoixante-dix semaines, chap. ix, et 4. celui delà descriptionprophétique, chap. xi, où chaque phrase, presquechaque mot exprime tout un événement ou même unesérie d’événements. La simplicité du récit, l’ardeur émuede la prière, la noblesse et la grandeur de la prophétie, la vie intense de la vision historique, tout cela témoigneclairement de la maîtrise incontestable de l’écrivain.» Ses mérites littéraires peuvent être inégaux dans ce livre, mais nul ne lui refusera une rare vigueur d’imaginationet un grand talent d’exposition. — Pour achever de faireconnaître le livre, disons comment il diffère des autresLivres Saints par le fond et par la forme. Il en diffère parle fond de trois manières: — 1. Le prophète reçoit sesrévélations, ou en songe, ou d’un ange qui lui en expliquele songe ou la vision, ou encore simplement d’un angequi lui raconte l’avenir: ce qui n’existe pas pour les autresprophètes. — 2. Il annonce le sort et la succession desquatre grands empires antimessianiques, ne parlant d’Israëlqu’indirectement en général, si l’on peut dire. Vivantà Babylone, attaché au palais des rois, leur conseillertrès influent et leur ami, il est moins le prophète desJuifs que le prophète des gentils. Tels ne sont pas lesautres: dans ceux-ci l’horizon est circonscrit à la Judée, à Sion, au temple, aux prêtres, au peuple. Ont-ils deséchappées sur le monde des nations, c’est qu’ainsi leveulent les rapports qu’ils ont avec Israël. — 3. Il reculel’arrivée du Messie bien au delà de ce que l’on se figuraitsuivant les autres prophéties, d’où l’on concluait, à tort, que la fin de l’exil amènerait nécessairement lafin des maux et coïnciderait avec l’avènement de la paixmessianique. Désormais, par Daniel, on sait que de longsjours et de longues calamités sépareront le retour del’exil, la venue du Messie et l’établissem*nt de son royaume.Et c’est ainsi que ce livre se distingue des autres par sonobjet: il universalise, complète, précise ce qu’ils renferment.— Il s’en distingue aussi par sa forme. La formeest la forme dite apocalyptique. Deux éléments la constituent: 1. des révélations générales, à7toxiX «t| «ç, ayantpour objet principal la fin de toutes choses,-rà eo-^aia, et 2. de grandioses images, des symboles extraordinaires

perçus dans des visions divines. Ézéchiel (i) et Zacharie(i-vi) ont eu de ces visions, mais ni aussi nombreuses niaussi pleines et larges que Daniel. L’étrangeté des figureset des emblèmes dont il s’est servi pour s’exprimer estprovidentiellement causée par le milieu babylonien etchaldéen dans lequel il a vécu. Cf. R. Cornely, Introd., il, 2, p. 483. Auberlen, Le prophète Daniel, trad. franc., Lausanne, 1880, p. 92 et suiv.

VIII. Prophéties de Daniel. — Elles comprennentdeux visions, H et vil, viii, et deux révélations, ix-xii.I. visioy des quatre EMPIRES, il et vu. — Les visionsdu chap. il et du chap. vu ont le même objet en général.On peut donc les expliquer l’une par l’autre. Lavision du chap. vu eut lieu dans un songe, la nuit, l’annéemême (542) où Baltassar fut associé au trône. On ydistingue trois parties. — 1° La vision des quatre grandsanimaux, vii, 1-8. «Les quatre vents du ciel soufflaientavec rage sur la grande mer, l’un contre l’autre.» Voircette image dans G. Smith, Transactions of the Societyof Ihe Biblical Archéologie, t. ii, p. 221; t. iii, p. 530.Puis «il monta de la mer successivement, cf. ꝟ. 6, 7, quatre grands animaux différents», symboles d’empiresselon la conception biblique connue, et surtout les idéesbabyloniennes et assyriennes. J. Fuller, Daniel, p. 324. «Le premier était un lion ( Vulgate: quasi lesena) avecdes ailes d’aigle… Ses ailes lui furent arrachées, etlui-même enlevé de terre et mis sur ses pieds commeun homme (ke’énôS), et il reçut un cœur d’homme.» Après «une autre bête parut, pareille à un ours». «Ilavait un côté plus élevé que l’autre.» Voir dans J. Knabenbauer, In Daniel., p. 190, les sens donnés à cetteexpression. «Il avait entre les dents trois côtes ou troisproies, et on lui disait: Lève-toi et mange des chairs.» «Puis une autre bête semblable à un léopard, avecquatre ailes d’oiseau sur le dos et quatre têtes, et il eutl’empire.» «Voici maintenant après les autres la quatrièmebête,» anonyme, un loup peut-être, J. Fuller, Daniel, p. 332, «différente des autres, avec des dents etdes griffes de fer (d’airain): elle dévorait et broyait tout, II, 40, et le reste elle le foulait aux pieds, et elle avaitdix cornes.» Voir les dix doigts des pieds de la statue.Cf. ii, 41, 42. J. Fuller, Daniel, p. 326. «Je considéraisattentivement ces cornes, quand une autre corne, pluspetite, surgit du milieu d’elles et en arracha trois, et elleavait des yeux comme des yeux d’homme et une bouchedisant de grandes choses, des blasphèmes,» 25; rx, 36.Apoc, xiii, 5. — 2° Le jugement, 9-16. Un changementse produit alors, s Des trônes de juges sont dressés entreciel et terre, et l’Ancien des jours (’atiq iômîn) s’assied» avec ses assesseurs les anges. La gloire, la sainteté, la majesté divine, sont indiquées par son âge, sonvêtement et sa blanche chevelure. «Son trône est deflammes, soutenu sur des roues de feu. Un fleuve de feusort rapide devant lui,» ce qui donne l’impression d’unrayonnement infini de la gloire divine et d’une justicepurifiant tout, au loin, irrésistiblement, très rapidement.Cf. Dcut., iv, 21; Ps. ciii, 2; lxxxviii, 46; xcvi, 3. «Lajustice (dinâ’—judicium—judices) prend place.» «Leslivres» où sont relatées les actions humaines, base de lasentence, «sont ouverts.» Le jugement est rendu. Puis, quand le prophète a encore devant lui la petite corne quiblasphème, soudain, sans transition, il voit la sentenceexécutée: la quatrième bête tuée et livrée au feu, et lesautres bêtes, dont la durée de pouvoir était fixée, ꝟ. 12 b, détruites. Vient ensuite le Messie et son royaume. Il vient «sur les nuées comme un fils d’homme (kebar’ends)», et il s’arrête devant l’Ancien des jours, auquel il est conduitpar des anges. Il reçoit de lui une puissance indéfectibleet un royaume éternel. Nul doute qu’il ne s’agisseici du Messie: c’est la tradition juive et chrétienne, etc’est le sens absolument exigé par le texte. Or Jésus-Christs’est attribué ce mode d’apparition, ce titre de Fils<le l’homme et ce genre d’empire et de pouvoir. Matth.,

xxvi, 61; Marc, xiii, 26; Apoc, i, 7. Le prophète est trèseffrayé de cette vision, et il prie un des anges présents dela lui expliquer. — 3° L’interprétation sommaire, 17-27.L’ange le fait, en insistant sur le sort du dernier empireannoncé: «Les quatre grands animaux sont quatre empires(malekîn: rois pour royaumes, cf. ꝟ. 23), qui surgirontsuccessivement de la terre. Ils seront remplacés parle peuple du Messie, qui régnera éternellement. Le premier, symbolisé par le lion ailé, est l’empire assyro-babylonien.Ce symbole, familier à ce peuple (voir col. 672, fig. 247), signifie combien grande fut sa puissance, etrapides ses conquêtes. Sa splendeur et son éclat sontindiqués par l’or, ii, 38; cf. ꝟ. 37. Il lui est donné un cœurd’homme, c’est-à-dire qu’il perdit enfin ses royales qualitéset fut réduit à l’infirme condition humaine, qui estde périr. Nulle allusion à la folie de Nabuchodonosor.S. Jérôme, In Daniel., ad h. 1., t. xxv, col. 528). — Ledeuxième, figuré par l’ours, est l’empire médoperse, dans lequel les Perses prévalent sur les Mèdes, et oùl’ambition des conquêtes et la cruauté des supplices rappellentla nature gloutonne et féroce de l’ours. Il dévora, en effet, trois proies choisies, la Babylonie, la Lydie etl’Egypte, sans parler d’autres. Les Mèdes et les Persesqui le composent sont les deux bras de la statue, ii, 32.

— Le troisième, représenté par le léopard aux quatreailes et aux quatre têtes, est l’empire gréco-macédonien.Il se forme très rapidement, en douze ans. Son auteur, Alexandre, ce héros aux dons extraordinaires, variéscomme la robe d’une panthère, vole de victoire en victoire.Il meurt, et son empire, très peu après (312), estpartagé en quatre grands royaumes, — les quatre têtes, vu, C, et les quatre cornes, viii, 22, — savoir: l’Egypte, la Syrie, la Thrace et la Macédoine. — Le quatrième enfin, signifié par la bête terrible, est l’empire romain; il estimpossible, en effet, d’y reconnaître aucun des empiresprécédents. Aucun, du reste, ne l’a égalé en étendue eten intensité de puissance et en gloire. Il dut se diviserensuite, par manque de cohésion, pour former deux empires, et finit par périr, II, 33, 40-43. Il n’est pas nécessairede rattacher chronologiquement à l’empire romain, quoique beaucoup l’aient fait, les dix rois ou royaumeset le roi impie symbolisés par les dix cornes et par lapetite corne de la quatrième bête. Il y a là un contexteoptique, explicable par la nature de la vision prophétique, qui voit souvent comme un tout indivisé un objet complexe, dont les parties sont séparées par des années etmême de longs siècles de distance. Les dix rois quidoivent apparaître simultanément appartiennent, selonnous, au dernier avenir. Le roi impie qui sort du milieud’eux est l’Antéchrist. Il est certain par le texte lui-même, vu, 8; cf. viii, 9, 23, que ce n’est pas Antiochus IV Épiphane, comme plusieurs le prétendent. Il s’agit doncenfin des luttes et des combats suprêmes qui marquerontla fin, et après lesquels le peuple de Dieu, le jugementayant eu lieu, régnera éternellement dans les cieux.A. Hebbelynck, De auctoritate, p. 223-238. «Là s’arrêtel’explication.» Et Daniel, qui en est visiblement impressionné, la conserve religieusem*nt.

II. VISI02T DU DEUXIÈME ET DU TROISIÈME EMPIRE,

vm; cf. ii, vu. — Quoiqu’elle se rattache à la précédente, vm, 1, cette vision a cependant son objet propre, qui estl’histoire des rapports hostiles des deux seconds empires.On voit qu’elle eut lieu la troisième année de l’associationde Baltassar au trône (539), Daniel étant, réellementou en esprit, en esprit plutôt, à Suse en Élam, sur lefleuve Ulaï. — 1° Récit de la vision, 3-14. — «Je levailes yeux, et je vis un bélier qui se tenait en face dufleuve. Il avait deux cornes très hautes, l’une plus quel’autre, celle-là ayant grandi la dernière…» «Il donnaitdes cornes à l’ouest, au nord et au sud. Aucune bête nepouvait lui résister, aucune lui échapper. Il faisait à saguise. Et il devint grand.» — «Je cherchais à comprendre, quand voici venir de l’ouest, parcourant toute la terre, un bouc, chef de troupeau. Il ne touchait pas le sol. Il avait une corne insigne entre les deux yeux.» Il parvint jusqu’au bélier, et il bondit sur lui de toute sa force. Arrivé auprès, il se précipita, le frappa avec rage, lui brisa les deux cornes: le bélier était sans vertu contre lui. Il le jeta par terre et le foula avec fureur. Puis «le bouc devint extraordinairement grand», et, tandis qu’il était dans toute sa force, «sa grande corne fut brisée et remplacée par quatre cornes qui poussèrent vers les quatre vents.»

De l’une d’elles sortit une corne toute petite, qui prévalut au sud, à l’est et vers la terre de gloire, la Palestine, ’él hâssébî. Jer., iii, 19; Ezech., xx, 6, 15; xi, 16, 41. Et cette petite corne grandit jusqu’aux régions sidérales, dont elle jeta par terre une partie, et jusqu’au seigneur de l’armée céleste, à qui elle enleva le culte perpétuel (tâmid: sacrifice quotidien, pains de proposition, lampe du sanctuaire), et elle renversa le sanctuaire. L’armée du ciel, le tâmid, la vérité, lui seront livrés, et tout lui réussira. Le temps de ces choses est fixé par un ange à 2300 jours, chiffre corrigé dans le texte avec probabilité par J. Knabenbauer, In Dan., p. 215. Après quoi le culte sera rétabli.

Application, 15-27. Une voix qui vient de l'Ulaï ordonne à Gabriel d’expliquer à Daniel la vision.

Le bélier aux deux cornes symbolise la monarchie médo-perse. Le symbole du bélier à une ou deux cornes se voit dans la mythologie persane (G. Rawlinson, Ancient Monarchies, Londres, 1879, t. iii, p. 356) et encore ailleurs. Il convient du reste aux rois du second empire et aux deux peuples qui le composent. Le Mède, dominateur d’abord, finit par être absorbé dans l’autre, à qui reste le premier rang. Il s’étend dans trois directions; il subjugue successivement: à l’ouest, la Lydie et les côtes de l’Asie; au nord, l’Arménie et la Scythie; au sud, Babylone et l’Arabie, et plus tard l’Egypte et la Libye. Nul ne peut lui résister. L’histoire en fait foi. Voir dans G. Rawlinson, Ancient Monarchies, t. iii, c. vii, p. 364 et suiv., l’origine et le développement, la gloire et la décadence et la chute de cet empire.

Il fait place au troisième, dont l'emblème est le bouc pétulant et indomptable: emblème très justement choisi pour exprimer le genre de gouvernement gréco-macédonien, si différent du régime plus pacifique et plus lourd des Perses. La grande corne du bouc est le premier roi de Javan, Alexandre. Il procède comme par sauts et par bonds. Le voilà au Granique (334), puis à Issus (333), puis enfin à Arbelles (332), et l’empire du bélier est par terre. Mais, étant dans toute sa force et à l’apogée de sa gloire, il meurt soudain (323): la grande corne était rompue. A sa place, dans le même empire, apparaissaient aux quatre vents, après vingt-deux ans de compétitions sanglantes, quatre royaumes, n’ayant pas la force du premier: la Syrie, l’Egypte, la Macédoine et la Thrace. Il n’est rien dit de plus à leur sujet.

Mais, à la fin du temps, quand le mal eut empiré dans ces royaumes, il sortit de l’une de ces dynasties, des Séleucides de Syrie, un prince fier et cruel, intelligent et rusé: c’est incontestablement Antiochus IV Épiphane. Faibles sont ses commencements: il n’arrive au trône que par la ruse et protégé par l’étranger. Il grandit et se développe, Dieu le permettant ainsi. Il s’assujettit l’Egypte au sud. Il fait la guerre aux Perses à l’est. Il s’acharne particulièrement contre la terre de gloire. Il supprime le culte et profane le Temple. Il s’attaque avec fureur au peuple des saints sublimes, qadîšė’ėliônîm, et même à leur seigneur et maître. Il réussit par finesse et habileté dans ses desseins. Mais enfin il est brisé tout à coup, et personne n’y a mis la main. L’oppression avait duré de 170 à 163, juste 2300 jours.

Quelques-uns ont vu dans cette petite corne l’Antéchrist. Ils se trompent. Littéralement il s’agit d’Antiochus IV Épiphane, spirituellement, et encore dans certains traits seulement, de l’Antéchrist, dont Antiochus est reconnu généralement pour être le type et la figure. S. Jérôme, Comment. in Dan., viii, 14, t. xxv, col. 537.

Daniel, très frappé et malade de cette vision, reçoit l’ordre de la sceller, et il cherche à la comprendre.

III.RÉVÉLATION SUR LES RAPPORTS HOSTILES DU ROYAUME DU SUD ET DU ROYAUHE DU NORD, ET DE CEUX-CI AVEC LA TERRE DE GLOIRE (ISRAËL). L’ANTÉCHRIST, X, XI, XII.

Il faut distinguer dans cette révélation une préface, la révélation même et une conclusion.

La préface, x, xi, 1, est un récit des conditions et de l’origine de la vision-révélée. Elle est datée de la troisième année de Cyrus (536), vingt-quatrième jour du premier mois (nisan). L’occasion en est la tristesse et le long jeûne du prophète, très inquiet des hostilités que rencontre la reconstruction du Temple. I Esdr., iv, 1-5. Elle a lieu sur les bords du grand fleuve Isiddéqél, le Tigre. Elle lui est manifestée par l’intermédiaire d’une forme humaine merveilleusem*nt splendide, c’est-à-dire par l’ange Gabriel, qui peu à peu le prépare à recevoir cette révélation. Il lui apprend qu’il est chargé, avec le prince Michel pour auxiliaire, de protéger et de défendre le peuple. Il l’a fait contre l’ange protecteur des Perses et contre celui des Grecs. Il va lui révéler quelque chose de l’avenir sur Israël. En même temps il lui inspire la force d’écouter et de comprendre. —

La révélation, xi, 2-xii, 4, se présente avec une forme particulière. Il est visible qu’elle tend à Antiochus IV Épiphane et à l’Antéchrist comme à son objet principal. C’est donc comme en passant seulement qu’elle touche, et à grands traits, à la succession des royaumes et des rois d’où Antiochus est sorti. Ainsi elle n’a guère qu’un mot sur les trois autres rois de Perse et sur un quatrième, qui vont se succéder, ꝟ. 2b; un mot seulement aussi sur Alexandre, qui, une fois victorieux et maître assuré, meurt et laisse un empire qui se partage en quatre royaumes dont héritent non pas ses deux fils ou son frère, mais ses princes, des étrangers, ꝟ. 3, 4.

A partir de là, toute la révélation se concentre sur deux de ces royaumes, celui d’Egypte et celui de Syrie, entre lesquels la Palestine se trouvé placée comme un objet d’ardente convoitise. C’est du reste à cause de ces rapports étroits qu’a lieu cette vision: tout, dans le plan général de Dieu, converge vers Israël. Remarquons en outre qu’elle procède par grands traits, — je l’ai dit, — mais par grands traits très irréguliers, par mots vagues, et aussi parfois par mots très brefs, sans souci des liaisons réelles et de la suite des temps. Aussi est-il trop long de donner en détail l’explication du sens et l’application de l’histoire qui en rapporte l’accomplissem*nt. Nous nous contenterons de renvoyer premièrement à saint Jérôme, qui est à cet égard excellent, et puis aux anciens historiens, Justin, Appien, Polybe, Tite-Live, dont on peut lire les textes dans les commentateurs. Cet accord merveilleux entre la prédiction et l’histoire cause la conviction que l’exégèse catholique est absolument dans le vrai et qu’il faut la suivre. Dressons un tableau synchronique des rois d’Egypte et de Syrie engagés dans les luttes qui sont racontées, et donnons à chaque roi nommé le verset ou les versets qui le concernent.

Rois de Syrie.

Séleucus Nicator,

ꝟ.5 . . . 310-281

Antiochus Ier Soter.. 261

Antiochus II Tlieus,

ꝟ. 6 . . . 241

Séleucus Cassinicus,

ꝟ. 7-9 . . . 220

Séleucus Ceraunus,

ꝟ— 10a . . . 222

Antiochus III Magnus,

ꝟ. 10-19 . . . 187

Séleucus Philopator,

ꝟ. 20 . . . 175

Antiochus IV Épiphane,

ꝟ. 21-45 . . . 164

Rois d’Egypte.

Ptolémée I er Soter (Lagus),

ꝟ. 5 . . . 323-285

Ptolémée II Philadelphe,

ꝟ. 6 . . . 247

Ptolémée 111 Évergète Ier,

ꝟ. 7, 8 . . . 221

Ptolémée IV Philopator,

ꝟ. 9-12 . . . 205

Ptolémée l’Épiphane,

ꝟ. 13-18 . . . 181

Ptolémée VI Philométor,

ꝟ. 22 . . . 167

Ptolémée VII Évergète II (Physcon),

ꝟ. 26, 27 . . . 117

Il est admis communément que les versets 21-36 se rapportentà Antiochus IV Épiphane, dont ils prédisent lesintrigues pour obtenir le trône de son frère, ꝟ. 21, et lesexpéditions répétées en Egypte, ꝟ. 22-36. S’agit-il desversets 36-45, on n’est plus unanime. Il en est qui lesentendent non pas d’Antiochus, mais de l’Antéchrist. Ilen est aussi qui les appliquent à tous les deux, au premiercomme à la figure du second. Il nous semble difficiled’adopter l’opinion de ceux-ci, car il y a des expressionsqui ne peuvent se comprendre d’Antiochus. Cf. A. Rahling, Das Buch Daniel, p. 330-331. Avouons cependant que lapremière opinion n’est pas sans difficulté. Quoi qu’il ensoit, la plupart expliquent xii, 1-4, des temps de l’Antéchrist.Voir A. Hebbelynck, Daniel, p. 244-268; F. Dusterwald, Die Wellreicke und das Gotlesreich, Fribourg, 1890, p. 145-176. — 3 8 La conclusion, XII, 5-13, est commune, par un côté, à toutes les visions de Daniel. Deuxanges s’adjoignent comme témoins à celui qui a parlé, etle prophète demande quand donc viendra la fin. L’angerépond obscurément, en assignant pour terme un temps, deux temps et la moitié d’un temps. Il révèle cependantque le feu de la persécution d’Antiochus durera 1290 joursà partir de l’interruption du culte. Il donne bien encoreune autre date, 1 335 jours, mais on ne voit’pas à quelfait elle aboutit. Puis il quitte le prophète pour toujours.

IV RÉVÉLATION DES SOIXANTE-DIX SEMAINES, IX. —

I. Texte. — Cette prophétie, très célèbre dans l’apologétiquechrétienne, date de 539 ou 538, première annéede Darius le Mède, 1, 2. Une prière humble et touchanteen fut l’occasion. Daniel méditait sur les soixante-dix ansde captivité prédits par Jérémie, xxv, 11-12; cf. xxvi, 10.Il comprit qu’ils tiraient à leur fin. Il voulut donc prier, «non pas qu’il doutât des choses promises; mais il craignaitque la certitude de la foi n’engendrât une négligence, et la négligence, une offense.» S. Jérôme, InDaniel., t. xxv, col. 540. Sa prière a deux parties: l’une, ꝟ. 4-14, est une confession douloureuse dans laquelle ilreconnaît ses péchés et les péchés de son peuple, péchésqui ont fait «fondre sur eux la malédiction écrite dansla loi de Moïse contre les prévaricateurs», IX, 11; l’autre, y. 15-19, est un appel véhément à la miséricorde divine, appuyé des raisons les plus pressantes. «Écoutez, Seigneur! Ayez pitié, Seigneur! Voyez, voyez et faites.Ne tardez pas, à cause de vous-même, ô mon Élohim!» Rien n’est beau et pathétique comme cette prière. Ilpriait encore, sans autre désir, n’attendant aucune révélation, lorsqu’une forme humaine, l’ange Gabriel, volarapidement vers lui, au moment où l’on offrait le sacrificedu soir. Il venait, lui dit-il, pour l’instruire, lui, lebienaimé de Dieu. Il l’exhorta à écouter attentivementet à comprendre le discours, dàbâr, qu’il lui apportait.Voici Ce discours ou cette révélation traduite aussi littéralementque possible de l’hébreu massorétique:

24. «Soixante-dix semaines ont été décrétées au sujetde votre peuple et de votre cité sainte, afin de terminerla prévarication, de faire cesser le péché et d’expier l’iniquité; afin d’amener la justice (sainteté) éternelle, defermer la vision et le prophète et d’oindre le Saint dessaints. 25. Sachez donc et remarquez-le: Du décret portépour rebâtir Jérusalem jusqu’au Prêtre -Roi (mâSiahnâgid, unctus princeps) il y aura sept semaines etsoixante-deux semaines, et elle sera rebâtie, les placeset l’enceinte, et cela dans l’angoisse des temps. 26. Etaprès soixante - deux semaines, le Prêtre (Christ) seramis à mort, et il n’aura plus [le peuple qui est à lui]. Etla ville et le sanctuaire, le chef d’un peuple qui accourtsur eux les détruira, et leur fin [aura lieu] dans le débordement, et jusqu’à cette ruine finale, guerre et dévastationdécidée. 27. Il confirmera l’alliance avec plusieursdans une semaine. Le milieu de cette semaine fera cesserle sacrifice [sanglant] et l’oblation (sacrifice non sanglant), et l’abomination, cause de dévastation, sera dans

le Temple, et la dévastation se répandra jusqu’à la ruineabsolue et décrétée.»

H. Interprétation verbale. — Le premier verset, 24, est un sommaire de la prophétie; les autres, 25, 26, 27, en sont un développement. — 1° Soixante-dix semainessont fixées et arrêtées, pour le peuple et la ville chers auprophète, comme époque de la rénovation messianique.Les soixante-dix semaines dont il s’agit sont des semainesd’années, en tout 490 ans, et non pas des semaines dejours, un peu plus de seize mois; seize mois, en elfet, nesuffiraient pas pour remplir tout ce qui est annoncé. Lessemaines sont fixées et arrêtées. Le verbe néhlak, usitéici seulement et dans les Targums, signifie exactement: «découpées [ dans le temps ],» ce qui revient à dire: «définies et déterminées.» Théodotion traduit: iruvETiir, 6r, dav. Leur terme final est la rénovation messianique, b = ad. La rénovation messianique, dont il est tant parlédans les prophètes, comprend ici six choses distinctesou deux séries de biens surnaturels. Les uns sont négatifs: 1. la cessation de l’apostasie ou de la ruptureavec le Dieu de l’alliance: lekalè’est mis pour lekalêh, selon toutes les anciennes versions. On doit rejeter l’opinionde plusieurs Pères, saint Hippolyte, Origène, Eusèbe, saint Jean Chrysostome, Théodoret, Euthymius; cf. F. Fraidl, Die Exégèse der siebzig Wochen Daniel, p. loi, qui entendent ce verset du déicide, qui fut lecomble (ad consummandum) mis à leurs crimes parles Juifs coupables; 2. l’abolition ou la rémission dupéché: lehâfém (ad finiendum) ne s’écarte pas sensiblementde lehatém (ad cohibendum [ne serpat]), qu’ontlu Théodotion et la vieille Vulgate latine; 3. l’expiationde l’iniquité originelle, ’âvôn, par la satisfaction dueau Messie. Cf. D. Palmieri, De verit. hist. I. Judith, DeVaticinio Danielis, Gulpen, 1886, p. 71. — Les autres bienspositifs sont: 1. l’avènement de la justice = la saintetémorale éternelle; 2. l’accomplissem*nt des visions etdes prophéties: le verbe est lahelôm, qui peut signifierou «accomplir» ou «faire cesser», plutôt «accomplir», croyons - nous, bien que l’autre sens ait sa valeur; 3. l’onction du Saint des saints. Le Saint des saints, selonnous, est l’Église, cf. Ephes., ii, 21, 22; I Tim., iii, 15; Apoc, xxi, 2; mais l’Église dont la tête et le fondementest le Messie Jésus-Christ. Que ce soit le Messie, en touscas, c’est certain; il y a même obligation de le croire, àcause des Pères et des écrivains ecclésiastiques, qui làdessussont moralement unanimes. Que ce soit le Messie, et son corps mystique l’Église, c’est ce que nous soutenonspour de très graves raisons. J. Knabenbauer, InDaniel., p. 239-242; D. Palmieri, Vaticinium, p. 72-76.Cf. J. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, "1881, 1. 1, p. 496. Et tels sont les grands biens qui doiventse réaliser dans l’intervalle ou à la fin des soixante-dixsemaines: c’est «l’ordre des grands siècles» ou les tempsmessianiques qui s’annoncent. — 2° La distinction dessemaines et la fixation à ces semaines distinctes des événementsqui s’y rapportent sont exprimées dans les versetsqui suivent, et c’est ce qui explique que la Vulgateait rendu l’hébreu veféda’par «scilo ergo». Les soixante-dixsemaines sont donc divisées en trois groupes inégaux: 7 + 62 +’! Les deux premiers sont ouverts et fermés parun grand fait. Le fait initial des soixante - neuf semainesest la publication d’un décret. Le fait qui les ferme estl’avènement du Messie-Roi. Le décret a pour objet derebâtir Jérusalem. Le mot lehâsîb, qui fait difficulté, setraduit avec quelques-uns par ad restituendum, maisavec la Vulgate, ce qui est mieux, par iterum. Pourl’autre terme, le «Messie -Roi», c’est un être déterminé, quoiqu’il manque de l’article. De plus, il faut prendre lesecond titre, nâgid (princeps), comme une appositiondu premier, mâsiah (unctus). Et, en fait, c’est d’unPrêtre -Roi qu’il s’agit, puisque c’est par un sacrifice, cf. ꝟ. 27, qu’il remplit son rôle. Notons que Vatnach quiaffecte le mot Sibe’dh n’est pas disjonctif. Il s’écoulera

donc d’après cela, entre le décret et le Messie -Roi, soixante-neuf semaines ou 483 ans. — Le fait assigné àla fin des sept semaines, premier groupe, est la reconstructionde Jérusalem, de ses portes et de ses murs ou deses fossés dans des temps difficiles. Plusieurs précisentdavantage. Ils pensent que la ville a été restaurée en49 ans, comme il est dit; mais, coupant le verset, ilsavancent que les places et les murs l’ont été dans untemps plus court, très court. D. Palmieri, Vaticinium, p. 78. Il n’est pas nécessaire de faire cette coupure, carle féminin nibenefâh peut très bien avoir pour sujet leféminin rehôb, qui suit immédiatement. Mais remarquons, par contre, que la conjonction ve est tombée dutexte devant fâHûb (iterum), car l’autorité et la critiques’accordent pour en réclamer la présence. — Le fait quise rattache aux soixantedeux semaines, second groupe, est la mort violente du Messie, avec les deux effets terriblesqu’elle entraîne. Il s’agit du déicide. Le verbeikkàrép (occidetur) est usité des grands coupables à quil’on applique une mort violenté. Voir Gen., xviii, 14; Num., ix, 13; Exod., xii, 15; Lev., vii, 20; xvii, 4, 9, etc.Il est donc bien affirmé que le Messie sera frappé demort. Au lieu du Messie, plusieurs, entre autres Théodotion, ont lu l’abstrait: «onction» (x ?ia>a). Mais c’estmanifestement une faute, le texte, Aquila, Symmaque, la Vulgate, portant uniformément le Messie. Le premiereffet de cette mort violente est l’abandon et le rejet dupeuple, ce qui est exprimé par: ve’én lô (et non ei).Phrase obscure, une croix pour les interprètes. Littéralementtraduite, - elle donne ce sens: «il n’y a pas à lui,» ou mieux: «n’est pas à lui (le Messie).» Il y a évidemmentellipse. Le "supplément de l’ellipse doit se trouverdans le contexte. Parmi les hypothèses possibles, deuxparaissent probables. L’une: «Il sera frappé de mort, mais il n’y aura pas de mort pour lui;» opinion qui s’autorisedu contexte prochain (logique) et d’une analogieétroite avec, en particulier, la doctrine d’Isaïe, qui, dansle même contexte, présente le serviteur de Dieu commeétant tué et comme n’étant pas tué. Is., lui, 3-9; cf. Ps.xxi, 22, 23; xv, 10. Voir J. Knabenbauer, In Daniel, p. 236.L’autre: «Il sera frappé de mort, et il n’aura pas ce qu’ildoit avoir, ce qui lui appartient.» Or ce qui lui appartientcomme Messie, c’est le peuple, qui en le répudiantcessera d’être un peuple à lui. La Vulgate, en ajoutantfopulus, qui eum negaturus est, a paraphrasé justementle texte: c’est le sens qu’il faut suivre. D. Palmieri, Vaticinium, p. 99. Le second effet prédit du déicide est, dans un intervalle imprécis, la destruction complète dela ville et du Temple et le renversem*nt du culte et dela nation. Le peuple d’un prince marchera, habbâ’(= «venir» dans un sens militaire hostile, i, 1; xi, 10), contre la ville et le sanctuaire, et les ruinera. Cette destructionfinale aura la violence rapide et l’enveloppementabsolu de l’inondation; du grand déluge sans doute. Lemot du texte rendu par vaslitas est basétéf (avec l’article), qui exprime l’image du cataclysme universel auquelest comparée l’armée vengeresse qui viendra. Laguerre, en effet, durera jusqu’à l’extrême fin: c’est unedévastation irrévocablement décrétée. Hébreu: Et finisejus (erit) in inundatione, et usque ad fineni (extremitatem) ejus, bellurn; decretum vastationum. — Ilne reste plus qu’une semaine, la soixante-dixième. Il s’ypasse deux faits précis qui la distinguent: 1. l’affermissem*ntde l’alliance et 2. la cessation du culte ancien.L’alliance, qui renferme les biens messianiques mentionnésplus haut, est confirmée ou affermie, en ce sensque de promise seulement elle devient un fait et uneréalité; et c’est le Messie qui en est l’auteur. C’est luiégalement qui fait tomber le culte ancien, au milieu, —non pas dans une moitié, — de cette dernière semaine.L’hostie et l’oblation, ce sont les deux grandes divisionsdes sacrifices mosaïques, désignent le culte tout entier, dont le sacrifice est le centre. Au fond, c’est la prédiction que la nouvelle alliance est substituée à l’ancienne; car, les sacrifices abrogés, il est nécessaire que l’économiedont ils font partie soit abrogée aussi: abrogationde droit d’ailleurs plutôt que de fait. — Ensuite, aprèscette semaine, à une date non fixée, il y aura dans leTemple des abominations qui causeront une irréparableet éternelle ruine. Les auteurs sontpartagés sur le sensde ces phrases difficiles, que nous entendons ainsi: «Ily aura (hébreu: ’al kenaf = «sur l’aile [dû Temple],» pour: dans le Temple; Septante: lits to îepov; Vulgate: in templo; Matth., xxiv, 15) des choses abominables, savoir des idoles, des actes d’idolâtrie, des crimes horribles(Siqûçîm), qui amèneront comme châtiment ladévastation complète. Voir t. i, col. C9. Et ce sera ainsijusqu’à la ruine finale décrétée, qui couvrira au loin, comme un voile de deuil étendu, ces lieux désolés (hébreu: Et [erit] usque ad internecionem eamque décrétant[quss] effundet se super vastatum).» Septante, Théodotion, Symmaque. — La prophétie ainsi comprise peutse ramener à ce qui suit: 1° Il y a soixante-dix semainesde fixées pour établir un nouvel ordre de choses, quedistinguent la cessation du péché et l’avènement de lasainteté morale. 2° Il y aura soixante-neuf semaines quis’ouvriront’au décret enjoignant de reconstruire Jérusalemet qui finiront à l’arrivée du Messie -Roi. Cessoixante-neuf semaines se divisent en deux séries: l’unede sept semaines, pendant lesquelles la ville sera rebâtiebelle et forte; l’autre de soixante-deux semaines, aprèslesquelles le Messie -Roi sera violemment mis à mort.L’effet de cette mort violente sera 1. la répudiation dupeuple qui l’a sacrifié et 2. la destruction totale de la citésainte et du Temple. 3° Il y aura une dernière semainedurant laquelle la nouvelle alliance sera conclue. Exactementau milieu de cette semaine le culte ancien cesseraen droit. Puis l’abomination, qui causera la ruine, pXe-Suyixitij; Ipmuaaini, régnera dans le Temple, et il ensera ainsi jusqu’à la destruction complète décrétée. Voyonsmaintenant à qui s’applique cette prophétie.

m. Interprétation réelle. — Il existe présentementdeux grandes conceptions de la prophétie, l’une rationaliste, l’autre catholique. Ajoutons-en une troisième, quil’applique à la fin des temps. N’ayant pour elle ni le texteni le nombre, il suffit de l’avoir nommée. Voir J. Knabenbauer, In Danielem, p. 266-268. — Les rationalistesrapportent donG cette prophétie aux temps d’Antiochus IVÉpiphane, et ils en fixent l’accomplissem*nt final avantl’an 163 au plus tard. Pour eux, c’est non pas une prophétie, — ils n’en reconnaissent point, — mais un vaticiniumpost eventum, c’est-à-dire une histoire passée écriteen style prophétique. Ils n’admettent pas qu’il y soit aucunementquestion du Messie. Ils l’interprètent à peu préschacun à sa guise, et ils se divisent à l’envi les uns desautres en l’interprétant. Division sur le point de départdes soixante-dix semaines, sur leur point d’arrivée, surla nature de ces semaines (les uns en faisant des semainesde jours, d’autres des semaines d’années, d’autres dessemaines symboliques, imprécises), sur la fin des septsemaines, sur le commencement et la fin des soixante-deuxsemaines, sur la succession des différents groupesde semaines, et enfin sur la date initiale de la dernièresemaine. Puis division sur les Messies nommés JK 25 et 26: les uns les identifient, les autres les distinguent. Divisionsur la personne de ces Messies; ils nomment, quandils les séparent: pour le premier, Cyrus, Onias III, Josué, Zorobabel, Nabuchodonosor, Sédécias; pour le second, Onias, Séleucus Philopator, Alexandre, le sacerdoce(unctio), le souverain pontificat suspendu par Antiochusou interrompu après Onias. Naturellement l’exégèse dutexte répond à cette divergence de conceptions, elle estd’une variété infinie: l’on s’y perd. Impossible donc d’exposer, même très rapidement, ce chaos d’opinions. Ons’en fera quelque idée en lisant A. Rohling, Dos BuchDaniel, p. 302, et en étudiant le tableau des vingt-cinq

systèmes principaux qu’il a dressé, p. 290, et sur lesquelsil porte avec raison le jugement suivant: «Ils sont unanimes, dit-il, à exclure de la prophétie le vrai Messie, leRédempteur. En dehors de cela ils abandonnent tout lereste, libéralement, au gré et au caprice de chaque chercheur.Aussi le résultat est-il une vaine chimère où sontfoulées aux pieds toutes les lois de la langue, de l’exégèseet de l’histoire,» p. 285. — La conception catholique, au contraire, regarde unanimement cette prophétiecomme messianique, c’est-à-dire, pour parler nettement, comme se rapportant à Jésus-Christ Notre -Seigneur, àson temps et à son œuvre. Que s’il reste encore despoints obscurs, ils ne nuisent pas à l’attribution générale, et l’on peut commodément les éclaircir.

Preuves. — 1° Aux dates et aux faits du texte répondentexactement les dates et les faits de la vie de Jésus, et seulsils y répondent. Les soixante-dix semaines (490 ans)finissent à l’apparition des biens messianiques, dont nousavons parlé. La crucifixion de Jésus a amené la rémissiondes péchés, la réalisation des anciennes prophéties etl’onction par l’Esprit de l’Église naissante. La date dudécret de reconstruction de Jérusalem, date qui ouvre lapériode totale des 490 ans et la période initiale des 49 ans, est, suivant un plus grand nombre, — car plusieurs ontpréféré la septième année, ce qui en somme ne fait pas ungrand écart, — la vingtième année d’Artaxerxès Longue-Main, c’est-à-dire, d’après un comput probable, l’an 290de Rome fondée. Ajoutez les soixante-dix semaines ou490 ans, et vous arrivez à l’an 780, date effective de larénovation prédite. La ville est rebâtie dans les sept premièressemaines (49 ans); dans quelles angoisses! on lesait par Esdras. Soixante-deux semaines après (434 ans), le Christ est mis à mort Puis le peuple qui l’a renié. estrejeté. Puis, à une date qui suit, la ville et le Templesont détruits par l’armée de Titus, et la ruine et la dévastationpersévèrent. Dans la soixante-dixième semaine, Jésus inaugure l’alliance avec ses Apôtres d’abord, lessacrifices anciens sont abrogés, et peu après des horreursse commettent dans le Temple par les idolâtres etpar les zélotes eux-mêmes, et une guerre de dévastationamène une désolation irrémédiable. L’accord entre laprophétie et l’histoire de Jésus et de son temps est doncparfait. Tel est par conséquent le sens dans lequel ilfaut l’entendre. On objecte que les chiffres ne coïncidentpas. Avouons-le. Mais il n’y a rien de «fort surprenant, dit Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, H" partie, ch. IX, s’il se trouve quelque incertitude dans lesdates… Le peu d’années dont on pourrait disputer sur uncompte de 490 ans ne fera jamais une importante question». L’écart du reste est presque insignifiant, sept ouhuit ans au plus, et il tient à l’ignorance où nous sommesde la date précise de la naissance de Jésus. «Mais pourquoidiscourir davantage? Dieu a tranché lui-même la difficulté..., dit encore Bossuet, ibid. Un événement manifestenous met au-dessus de tous les raffinements des chronologistes, et la ruine totale des Juifs, qui a suivi de si prèsla mort de Notre -Seigneur, fait entendre aux moinsclairvoyants l’accomplissem*nt de la prophétie.» — 2° Uneautre preuve de la vérité de la conception catholique estl’unanime tradition des anciens et nommément des Pères etdes écrivains ecclésiastiques. Il est fait allusion par Notre-Seigneurà 26e -" et à 27°- J dans Matth., xxiv, 15; Marc, xm, 14: nul doute qu’il ne s’agisse de la catastrophe del’an 70. L’historien Josèphe, Ant. jud., X, xi, 7, y rapporteaussi cette partie de la prophétie, et il voit ailleurs, Bell, jud., IV, vi, 3; v, 2; ii, 1, dans les profanations etles crimes des zélotes la cause de cette ruine. Cf. Fr. Fraidl, Die Exégèse, p. 19-23. Les premiers Juifs l’entendentaussi comme lui, notamment ceux du temps de saintJérôme, In Dan., t. xxv, col. 552. Ils se divisent plustard, mais les plus illustres maintiennent à cet oraclele caractère messianique et reconnaissent la ruine deleur nation dans les derniers versets. Nommons Saadias

ha-Gaon, R. Salomon Jarchi, Aben-Esra, Abarbanel.Cf. Fr. Fraidl, Die Exégèse, p. 124-134. — Les Pères etles auteurs chrétiens sont unanimes. Il en est quelques-uns, saint Justin, saint Cyprien, Lactance et saint Grégoirede Nysse, qui, ayant occasion de citer cette prophétie, ne la citent pas. Il faut attribuer ce silence àl’incertitude des dates et à des difficultés singulières d’interprétation, mais non à leur méconnaissance de sa messianité.Il n’y a, que l’on sache, que trois écrivains quien doutent ou la nient. Deux modernes, le P. Hardouinet D. Calmet, tranchent sur le commun en ce sens qu’ilsne l’appliquent au Messie qu’au sens spirituel. À part cela, tous, les rationalistes exceptés, l’interprètent de Jésus deNazareth et de son temps. Fr. Fraidl, qui a étudié consciencieusem*ntles quinze premiers siècles à cet égard, en est arrivé comme résultat aux conclusions suivantes: Les auteurs qui l’ont commentée avec soin, à l’exceptionde Julius Hitarianius et des deux eschatologues Apollinaireet Hésychius, l’ont considérée tous comme étantmessianique. La justice éternelle est le Christ lui-mêmeou les biens surnaturels apportés par lui. En somme: «À côté de l’unanimité dans l’explication générale de laprophétie, il règne une grande division sur le sens desphrases particulières et sur la computation des semaines.On doit admettre une interprétation traditionnelle dela prophétie, mais il faut dire qu’il n’en existe pas surla manière de compter les semaines.» À cet égard, ondistingue trois sortes d’opinions, les unes fixant la venuedu Messie au milieu de la soixantedixième semaine, lesautres exactement à la fin de la soixante-neuvième ouencore de la soixante-dixième, et les troisièmes après lasoixante-neuvième, mais en la combinant avec l’oraclede Jacob sur le sceptre qui doit sortir de Juda. VoirFr. Fraidl, Die Exégèse, p. 153-159: on y voit un tableaude trente-deux computations diverses des soixante-dixsemaines. Et ainsi l’histoire s’accorde avec la traditionexégétique pour rapporter à Jésus-Christ les grands traitsde cette prophétie. Que si après tant d’éclaircissem*ntselle offre encore quelque obscurité, disons que cetteobscurité a été voulue de Dieu. «Il veut que sa révélationsoit assez claire pour qu’un esprit attentif et droitpuisse la saisir, mais il ne veut pas que l’évidence tue laliberté. Le langage de Daniel aurait pu être plus clair, siDieu l’avait voulu; mais il est suffisamment intelligiblepour l’homme sincère.» M9 r Lamy, La prophétie deDaniel, p. 214, dans La Controverse, février 1886 Cf.E. B. Pusey, Daniel, p. 166. Telle est cette magnifiquerévélation, qui complète en les précisant les révélationsprécédentes, en particulier celle de Jacob, sur les tempsmessianiques. — À voir: Scholl, Comment, exeget. deSeptuaginta hebdomad. Danielis, 1829; * Wieseler, Die70 Wochen und die 63 Jarhwochen des Propheten Daniels, Goettingue, 1839; * K. Hoffmann, Die 70 Jahre desJerem. und die 63 Jahreswochen des Daniels, Goettingue, 1839; Stawars, Die Weissagung Daniels in Beziehungauf das Taufjahr Christi, dans la Tùbing. Quarlalschrift, 1868, p. 416; Neteler, Die Zeit der 70 JahreswochenDaniels, dans la Tùbing. Quartalschrift, 1875, , p. 133; Reusch, Patristische Berechnung der 70 Jahreswochen, dans la Tùbing. Quartalschrift, 1868, p. 536; Franz Fraidl, Die Exégèse der Siebzig Wochen Daniels, Grâtz, 1883; Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, 1. 1, p. 474-615; D. Palmiêri, De verilate hisloricalibri Judith, Appendix, Vaticinium Danielis, Gulpen, 1886, p. 61-112; * J. W. van Lennep, De zeventig Jaarweekenvan Daniel, Ulrecht, 1888; L. Reihke, DieMessianischen Weissagungen, Giessen, 1862, t. iv, p. 167-440; J. Bade, Christologie des Alten Testament, m, 2, Munster, 1852, p. 75-134; G. K. Mayer, Die messianischenProphezien des Daniel, Vienne, 1866, p. 158.

IX. Bibliographie. — 1° Prolégomènes. — * Hengstenberg, Die Authentie des Daniel, Berlin, 1831; J. Fabred’Envieu, Le livre du prophète Daniel, Introduction,

II. — 41

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    1. DANIEL##

DANIEL (LE LIVRE DE) — DANOISES (VERSIONS)

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critique, Paris, 1888; * Tregelles, Defence of the authenticityof the book of Daniel, 1852; * Zûndel, KritischeUntersuchungen ûber die Abfassungszeit des BûchesDaniel, Bàle, 1861; F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, t. iv, Paris, 1896; Ncteier, Die Gliedertingdes Bûches Daniel, Munster, 1870; A. Hebbelynck, De auctoritate historica libri Danielis necnon de interpretationeLXX?iebdomadum, Dissertatio, Louvain, 1887; Dusterwald, Die Weltreiche und dos Gottesfeich nachden Weissagungen des Propheten Daniel, Fribourg, 1890; " A. von Gall, Die Einheitlichkeit des Bûches Daniel, Giessen, 1895; * A. Kamphausen, Das Buch Danielund die neueste Geschichtsforschung, Leipzig, 1892;

  • F. W. Farrar, The Book of Daniel, 1895; *E. B. Pusey,

Daniel Ihe Prophet, Londres, 1876 (très érudit); PaynêSmith, Daniel, Londres, 1886; * H. Deane, Daniel, hislife and Unies, Londres, 1888; * Auberlen, Le prophèteDaniel et l’Apocalypse de saint Jean, traduit par H. deRougemont, Lausanne, 1880..

2° Commentaires. — Nous ne nommerons qu’une partiedes principaux: S. Hippolyte, Fragmenta et scholia, Migne, t. x, col. 638-700; Hippolyti romani qux ferunluromnia grsece, Leipzig, 1855, édit. de P. de Lagarde; S. Éphrem, Exposilio in Daniel., Opp. syr., ii, p. 203-233, Rome, 1740; Théodorct, Commentarius in visiones Daniel., t. lxxxi, col. 1256-1549; S. Jérôme, Commenlariorumin Dan. liber unus, t. xxv, col. 513-610; — B. Albertle Grand, Expositio in Dan., Lyon, 1551; Opéra, t. viii, édit. Jemmy; S. Thomas d’Aquin, In Danielem Expositio, Opéra, Panne, t. xxm (cette Exposition est communémentattribuée à Thomas Vv’allensis); — H. Pinto, ]n divinum vatem Danielem, Commentarii, Coïmbre, 1582; B. Pereirius, Commentarii in Danielem, Rome, 1587; G. Sanctius, Commentarius in Danielem prophetam, Lyon, 1612, 1619; J. G. Kerkerdere, De monarchiaRomse paganx secundum concordiam inter Danielemet Joannem, Louvain, 1727; G. Forti, Le profezie diDaniele nei capi 7-12 interpretate rnerc’e il rigoredélia cronologia ê l’autorità délia storia, Capolago, 1845; Trochon, Daniel, in-8°, Paris, 1882; A. Rohling, Das Buch des Propheten Daniel, in-8°, Mayence, 1876; J. Knabenbauer, Commentarius in Danielem prophetam, Lamentationes et Baruch, in-8°, Paris, 1890. —Protestants, anglicans ou rationalistes: Hitzig, Das BuchDaniel, in-8°, Leipzig, 1850; Zœckler, Der ProphetDiniel, in-8°, Leipzig, 1870; F. C. Keil, BiblischerCommentar ûber den Propheten Daniel, in-8°, Leipzig, 1869; J. Meinhold, Das Buch Daniel, in-8°, Nordlingue, 1889; J. M. Fuller, Daniel, dans Holy Bible ivith Comtnentary, t. vi, in-8°, Londres, 1882, p. 210-398; A. A. Bevan, A short commentary on the Book of Daniel, in-8°, Cambridge, 1892; G. Behrmann, Das Buch Daniel, in-8°, - Gœttingue, 1894. E.Philippe.

    1. DANNA##

DANNA (hébreu: Danndh; Septante: ’Pevvi, parsuite de la confusion assez fréquente entre le daleth etle resch; la version syriaque porte de même: Rano’), ville de Juda, mentionnée une seule fois dans l’Écriture.Jos., xv, 49. Elle fait partie du premier groupe de «lamontagne», Jos; , xv, 48-51, où elle est citée entre Socothet Cariatiisenna ou Dabir. On a voulu l’identifier avecIdhnah, village situé entre Hébron et Beil Djibrin., Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. ni, p. 305. Cette localité correspond bien à l’ancienneIedna, qu’Ëusébe et saint Jérôme, Onomastkasacra, Gœttingue, 1870, p. 132, 266, signalent à six milles(près de neuf kilomètres) d’Éleuthéropolis (Beit Djibrin), sur la route d’Hébron; mais nous ne pouvons guère yreconnaître Danna. Et la raison, pour nous, se tire principalementde la place qu’occupe cette ville dans l’énumérationde Josué. L’auteur sacré suit, en effet, un ordrerégulier dans ses listes, comme le prouvent de nombreuxexemples, t. i, col. J086, 1092, etc., et il semble difficile

de chercher un nom en dehors du groupe où il est déterminé, fût-il parfaitement au sein de la même tribu.Or les limites dans lesquelles notre cité biblique est circonscritesont bien marquées, car la plupart de cellesqui l’entourent sont assez exactement identifiées: Samir, Khirbet Sômerah; Jéther, Khirbet’A ttîr; Socoth, KhirbetSchouéikéh; Dabir, EdhDhâheriyéh; Anab, ’Anab; Istemo, Es-Semou’a; Anim, Ghououeïn. Le territoireainsi jalonné appartient à l’arête montagneuse qui setrouve au sud et au sud-ouest d’Hébron. Idhna, au contraire, semble plutôt rentrer dans le troisième groupe de «la plaine», Jos., xv, 42-44, avec Éther, Khirbet el-’Atr; Nésib, Beit Nousib; Ceila, Khirbet Qila, et Marésa, Khirbet Mérasch, ce qui nous transporte au nord-ouestd’Hébron, dans les environs de Beit Djibrin. Voilà pourquoinous l’assimilerions plus volontiers à Esna, du ^.43.Voir Juda, tribu et carte. La difficulté est la même pourKhirbet Dahnéh, situé à sept kilomètres environ au sudde Beit Djibrin. Cf. G. Armslrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, .Londres, 1889, p. 48. Évidemment, le principe que nousémettons peut bien n’être pas absolu; mais il faut, pouraller contre, d’autres motifs qu’un simple rapprochementde noms. Danna reste donc pour nous jusqu’à présent

inconnue.

A. Legendre.

    1. DANOISES##

DANOISES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES. — La plus ancienne version danoise de laBible se trouve dans un manuscrit de la Bibliothèqueroyale de Copenhague, qui paraît être du XVe, selonquelques-uns du xiv» siècle. Cette traduction, qui suitpas à pas la Vulgate, s’arrête au second livre des Rois.Elle a été publiée par M. Chr. Molbech: Den seldstedanske Bibel-overssettelse eller det garnie Testamentesotte forste Bogger, fordanskede efter Vulgala. Udgivenefter et Haandskrift fra det 15 aarh., in-8°, Copenhague, 1828. Hans Mikkelsen (appelé quelquefois JeanMichælis), secrétaire de Christian II, publia sous lepatronage de ce roi la première version danoise detout le Nouveau Testament. Pour les Évangiles, il seguida dans sa traduction sur la version latine d’Érasme, pour les Actes, les Épîtres et l’Apocalypse, il suivit motà mot la version allemande de Luther. Sa langue n’estpas le pur danois, mais un dialecte moitié danois, moitiésuédois. Cette version fut éditée à Leipzig, in-8°, 1524, et réimprimée à Anvers, en 1529. En 1528 parurent deuxversions danoises des Psaumes: l’une de Fr. Wormord, in-8°, à Rostock; l’autre publiée à Anvers, par Pedersen.Ce dernier eut sous les yeux et le texte hébreu et la traductionde saint Jérôme; son style est pur; en tête deson Psautier se lit une préface remarquable sur la beautédes Psaumes. Cet ouvrage fut réimprimé en 1531 et en1584 et 1586, à Copenhague. Le même auteur traduisitle Nouveau Testament en se servant de l’œuvre de Mikkelsen: cette traduction, d’un meilleur style, parut àAnvers, en 1529, et fut très répandue. Une seconde édition, jointe aux Psaumes, fut publiée à Anvers, en 1531.Hans Tausen donna en 1535, à Magdebourg, une versiondu Pentateuque d’après le texte hébreu et à l’aide de laVulgate et de la traduction de Luther. Une seconde éditionfut imprimée l’année suivante au même endroit.C’est également en s’aidant de la Vulgate et de la versionde Luther que Peter Tideman publia le livre des Jugesà Copenhague, en 1539. Tous ces travaux préparaient lavoie à une traduction de la Bible entière. Sous l’inspirationde Bugenhagen et la protection du roi Christian III, la faculté de théologie de Copenhague se mit à l’œuvre.Les professeurs P. Palladius, Olaus Chrysostome, JeanSynning, Jean Machabée ou Macalpine, furent aidés deTideman et de Pedersen, qui avaient déjà donné des traductionspartielles de l’Écriture. On suivit la version deLuther. En 1550 parut la première édition, tirée à troismille exemplaires, in-f» de 552 pages, avec figures sur 1285 DANOISES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES — DANSE 1280

bois, à Copenhague. Une seconde édition en beaux caractèreset augmentée des introductions et notes marginalesde Luther et des sommaires de Vite Théodore futdonnée en 1589. L’amélioration du texte consista presqueexclusivement à supprimer les archaïsmes de la premièreédition. J. Wandalin, Epistola apud J. F. Mayerum deversione Lulheri, p. 69. Une seconde édition revisée enfut publiée en 1633, 2 in-f», Copenhague. Les éditionsin-8° imprimées depuis (1670, 1690 et 1699) l’ont reproduite.J. Wandalin, Epistola, p. 70. Les Psaumes, extraitsde cette version de Palladius, furent publiés a Copenhague, en 1591 et 1598, et accompagnés de l’allemand, à Lubeck, en 1599. Hans Poulsen Resen (Joannes PaulusResenius), évéque de Seeland, ne trouvant pas assezlittérales les versions précédentes de 1550 et de 1589, faites d’après celle de Luther, entreprit de les reviser etde suivre de plus près l’hébreu et le grec. Le NouveauTestament fut publié en 2 vol. in-8°, en 1605; la Bibleentière fut terminée en 1607: Biblia paa Danske, det ér: Den gantske hellige Skriftis Bogger, igennemseete effterKing Chr. 1III Befaling. ved Hans Poulsen Resen, in-£°,

quand ces sentiments atteignent un haut degré d’intensité, le corps entre en mouvement comme pour semettre à l’unisson des vibrations de l’âme. Ce mouvementinstinctif du corps a été soumis à des règles etest devenu la danse, de même que l’expression verbalede la pensée et l’émission de la voix, soumises à descadences particulières, ont donné naissance à la poésieet à la musique. Ces trois arts, poésie, musique et danse, se trouvèrent associés par la force même des choses. «L’exemple des enfants prouve que la poésie et la musiqueréunies conduisent naturellement à la danse. Lessensations vives, vivement exprimées par des paroles etpar des sons, demandent l’accompagnement du geste.» Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad. de Carlowitz, Paris, 1851, p. 445. Sur les monuments égyptiens, on voit les danseurs exécutant des mouvements cadencéset se présentant dans les attitudes les plus gracieuses. Ilssont souvent deux à deux, et reproduisent avec leurs bras etleurs jambes les mêmes figures symétriques (fig. 473-475).Chez les Hébreux, il n’est pas question de danse à l’époquepatriarcale. Mais après le passage de la mer Rouge, Marie,

&m Anji

473. — Danseur» égyptiens. v «dynastie. Pyramides de Ghizéh. D’après Lepsius, Denlcmaler, Abth. ii, Til. 52.’Copenhague, 1607. Une seconde édition en fut préparéeet donnée par Hans Swaning, archevêque de Seeland: Biblia paa Danske, det er: Den gandske hellige SkriftisBogger, paa ny igiennemseete efter den Ebrseiske oeGrxkiske Text (ved. Hans Svane), 2 in-4° ou 4 vol. in-8°, Copenhague, 1647. Cette édition revisée fut réimpriméeen in-8°, dans la même ville, en 1715, en 1717-1718, en 1722, grâce au collège des Missions, fondé en 1714, qui répandit un nombre considérable d’exemplaires. Leséditions qui suivirent, de 1732 à 1748, reproduisent lemême texte: en cette dernière année le Nouveau Testamentfut retouché, mais la traduction de l’Ancien futlaissée intacte. Depuis des réimpressions en furent donnéesen 1760, 1766, 1771, 1780, 1787, 1791, 1799, toutesin-8°. La Société biblique répandit à profusion deux éditionsfaites en 1810 et 1814, d’après celle de 1799. En 1819parut une édition in-8° revisée du Nouveau Testamentpar l’évêque Mùnter et cinq autres savants, réimpriméeen 1820, in-8°; et en 1824 le même travail fut achevépour l’Ancien Testament, qui fut publié avec le Nouveauen in-4°. Une édition avec des notes de plusieurs théologiensfut donnée à Copenhague, en 2 vol. gr. in-8°, 1846-1847. — Voir Le Long, Bibliotheca sacra, in-f°, 1723, t. i, p. 415-417; S. Bagster, The Bible of everyLand, in-4°, 1860, p. 217-221; Chr. V. Bruun, BibliothecaDanica, in-4°, 1877, t. i, p. 10. E. Levesque.

    1. DANSE##

DANSE (hébreu: mâhôl et mehôlâh, de hûl ou hil, «danser en rond;» Septante: x°P<Sî> Vulgate; chorus), suite de sauts et de pas exécutés en cadence, ordinairementavec accompagnement de musique.

I. La danse en général. — 1° Chez tous les ancienspeuples, la danse est née naturellement du besoin d’exprimerextérieurement certains sentiments de l’âme;

sœur d’Aaron et de Moïse, se montre habile à chanter età danser. Exod., xv, 20. Même dès cette première époque, la danse n’est point un privilège de certaines classesde la société; c’est tout un peuple qui danse autour duveau d’or, quelques semaines seulement après la sortied’Egypte. Exod., xxxii, 6, 19. — 2° Ce qui montre quelleplace tenait la danse dans les habitudes des anciensHébreux, c’est qu’ils n’ont pas moins de huit verbespour désigner l’action de danser: Ijûl et hîl, Jud., xxi, 21, d’où dérivent les deux substantifs qui signifient «danse»; — dûs, «sauter,» Job^ xli, 13 (s’il ne fautpas lire rûs, «courir» ); — hàgag, «danser,» I Reg., XXX, 16, verbe qui a cet autre sens caractéristique de «célébrer une fête», un hag; danse et fête apparaissentdonc ici comme choses connexes; — kârar, «sauter, aller en rond, danser,» II Reg., vi, 14, 16; — pâzaz, «sauter et danser,» II Reg., vi, 16; — pâsah, «boiter,» et par ironie «danser» ridiculement, III Reg., xviii, 26;

— râqad, «sauter de joie et danser,» I Par., xv, 29; Job, xxi, 11; Eccl., iii, 4; Is., xiii, 21; — silfaq, a. danser,» pihel de iâl.iaq, qui veut dire «rire, jouer», Ttxt’fetv, ludere, Jud., xvi, 25; II Reg., vi, 5, 22; I Par., xiii, 8; Jer., xxx, 19; xxxi, 4. Cf. Prov., viii, 30. Le verbe grec naîÇeiv, «fairel’enfant, jouer,» a également le sens de «danser». Odys., vm, 251; xxiii, 147; Hésiode, Scut., 277; Aristophane, Thesmophor., 1227. — 3° La Sainte Écriture fait plusieursallusions au goût des Hébreux pour la danse. Job, xxi, 11, parle des heureux du siècle dont «les enfants dansent».Ailleurs, xli, 13, par une figure hardie, il dit que a l’épouvantedanse devant le crocodile». Dans le Cantique descantiques, vii, 1, Salomon compare la Sulamile à «unedanse des deux camps», c’est-à-dire à deux troupes dedanseuses qui se répondent. L’Ecclésiaste, iii, 4, rappellequ’il y a «temps de pleurer et temps de danser». Dans

les Proverbes, xxvi, 7, on compare «la parabole dans labouche des sots à l’élévation des jambes», c’est-à-direà la danse «d’un boiteux». Vulgate: «De même que leboiteux a en vain de belles jambes, ainsi la parabole estindécente dans la bouche des sots.» Il y a à conclurede cette sentence que les boiteux eux-mêmes ne se privaientpas de danser. Il n’est question de danseuse deprofession que dans l’Ecclésiastique, ix, 4, qui dit: «Ne

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474. — Danseuses égyptiennes. xix «dynastie.

Thèbes. El-Gournah.

D’après Champollton, Monuments de l’Egypte, t. ii, pi. clxxxvi.

fréquente pas la danseuse.» Le texte grec parle de joueused’instruments, <]/aXXo’J<T7|. Mais, comme nous l’avons remarquéplus haut, la danse ne se séparait pas de la musique.IReg., xviii, 7; xxi, 11; II Reg., VI, 5; Jer., xxxi, 4.Les enfants aimaient à imiter ce dont ils étaient fréquemmenttémoins. Notre-Seigneur daigne lui-même répéterun de leurs refrains: «Nous avons chanté, et vous n’avezpas dansé.» Matth., xi, 17; Luc, vii, 32. — 4° Nous nesavons pas de quelles sortes de mouvements se composaientles anciennes danses hébraïques. Les verbes quiexpriment l’action de danser montrent toutefois que, chezles Hébreux comme partout ailleurs, la danse comportait

sions, III Reg., xviii, 26; toutefois David paraît avoirexcité quelque étonnement par sa danse devant l’arche.II Reg., vi, 5, 22; I Par., xv, 29. Dans les temps voisinsde la venue de Notre-Seigneur, la danse fut considéréecomme indécente pour des hommes. À Rome, on disaitque «pour danser, il faut qu’un homme soit ivre ou fou».Cicéron, Pro Muren., 14. Cf. Corn. Nepos, xv, 1; Suétone, Domit., 8; Horace, Od., xxi, 11, 12; xxxii, 1, 2.Antipater, (ils de Salomé, accusait Archélaûs de s’enivf erpendant la nuit et de se livrer à des danses bachiques.Josèphe, Bell, jud., II, ii, 5. Cependant, s’il faut en croirele Talmud de Babylone, Ketuboth, ꝟ. 16 b, les hommesles plus graves ne dédaignaient pas de danser devant lesnouveaux mariés dans les festins de noces.

II. Les danses religieuses. — La danse avait sa placemarquée dans les cérémonies religieuses, soit commeaccompagnement naturel du chant et de la musique, soitcomme moyen de faire participer le corps tout entier auculte de la divinité. — 1° Elle n’était point exclue du cultedu vrai Dieu. Au jour d’une «fête de Jéhovah», les jeunesfilles de Silo sortaient dans les vignes pour danser, et lesBenjaminites en profitèrent pour s’assurer des épousesqu’on leur refusait, Jud., xxi, 19-23, comme plus tardles Romains devaient le faire vis-à-vis des Sabines. Sices danses de Silo ne constituaient pas un acte strictementreligieux, du moins avaient-elles lieu à l’occasiond’une fête du Seigneur. — La danse de David devantl’arche a un caractère plus tranché. C’est en l’honneurdu Seigneur que le roi se livre à cet exercice. II Reg., vi, 5, 14, 16; I Par., xiii, 8. Quand Michol lui reprochede s’être déshonoré devant des servantes et de s’être conduitcomme un rêq, un homme de rien, David répond: «Devant Jéhovah, qui m’a choisi de préférence à tonpère, … je danserai, et je m’abaisserai plus encore que jen’ai fait.» II Reg., vi, 20-22; I Par., xv, 29. — Dans 1*liturgie du second Temple, des chants étaient exécutésavec accompagnement de danses, au son du tambourin.Ps. cxlix, 3; cl, 4. — 2° La danse jouait un grand rôle

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475. — Danseurs égyptiens. D’après P. E. Newberry, BéniHassan, part, ii, pi. 13.

dos sauts, des tours sur soi-même, des mouvements circulairesexécutés par une ou plusieurs personnes, et engénéral une allure vive et joyeuse. Tout permet donc desupposer que ces danses ne différaient pas essentiellementdes danses actuelles des peuples orientaux. La gesticulationqui les accompagnait devait être vive et expressive, mais sans jamais rien présenter d’immoral. De nos jours, les Bédouines exécutent des danses très caractéristiques, mais en gardant toujours cette réserve particulière àl’Orient, dont les danseuses égyptiennes ont le tort des’exempter trop facilement. Winer, Biblisches Realwôrterbuck, Leipzig, 1833, p. 655. — 5° C’étaient les jeunesfilles qui dansaient le plus ordinairement, soit seules, Exod., xv, 20; Jud., xi, 31; Matth., xiv, 6, etc., soit enchœur, Jud., xxi, 21; Jer., xxxi, 4, 13, etc. Mais ellesne dansaient qu’entre elles, et à part des jeunes gens.Jud., xxi, 21; Jer., xxxi, 13. Les femmes dansaient aussi, I Reg., xviii, 6, 7, etc., et parfois toute une populationse livrait à cet exercice. Exod., xxxii, 6, 19; Judith, Jii, 10, etc. Les hommes dansaient dans certaines occadans les cultes idolâtriques. Les dieux d’Egypte avaientleurs collèges de musiciennes et de danseuses, Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 126; on dansait en l’honneur del’Astarthé chananéenne, t. i, col. 1187, et du Dionysosdes Grecs, t. i, col. 1376. À Rome, les prêtres de Marsportaient le nom de Saliens, à cause des danses (satire)qu’ils exécutaient par la ville à la fête de leur dieu. Ladanse idolâtrique se rencontre chez les Hébreux dèsleur sortie d’Egypte, quand tout le peuple est réuni autourdu veau d’or. Exod., xxxii, 6, 19. D’autres danses; analogues se pratiquèrent chaque fois que les Israélitess’adonnèrent aux cultes étrangers; mais la Bible n’enparle pas. — À l’époque du prophète Élie, on voit lesprêtres de Baal danser longuement devant leur autel.III Reg., xviii, 26. La danse était en grand usage dans leculte de Baal. Il existait même près de Béryte (Beyrouth), en Phénicie, un temple en l’honneur de Ba’al-Markoâ, ou «Baal de la dansé», ïtarkod venant de râqad, «danser.» On y a trouvé des inscriptions dont l’une mentionne -1289

DANSE — DAN-YAA.N

1290 «Balmarkos maître des danses». Corpus inscript, grœc, Ia 4536; Corpus inscript, lat., t. iii, n° 155; Ph. Le Baset W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latinesrecueillies en Grèce et en Asie Mineure, t. iii, Paris, 1870, ii os 1855-1857; Clermont-Ganneau, Une nouvelle dédicaceA Baal-Marhod, dans le Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1888, p. 94-96, 101-114; F. Vigoureux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit-, t. iii, p. 600-601.

III. Les danses profanes. — Elles ont lieu dans toutesles circonstances où la joie a besoin de se manifesteravec plus d’éclat qu’à l’ordinaire. On danse donc: 1° à lasuite d’une victoire, comme Marie après le passage de lamer Rouge, Exod., xv, 20; la fille de Jephté, après la victoirede son père sur les Ammonites, Jud., xi, 34; lesfemmes d’Israël, après la victoire de David sur Goliath, I Reg., xviii, 6, 7; xxi, 12; xxix, 5; les Amalécites, après leurvictoire sur les Philistins. I Reg., xxx, 16. Chez les Égyptiens, on trouve des représentations de danses guerrièresavant la bataille (voir 1. 1, fig. 232). Rosellini, Monumenticivili, pi. cxvii, 2; Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient, Paris, 1897, t. ii, p. 220. La Bible ne faitaucune allusion à des danses de ce genre chez les Hébreux.

— 2° Dans les festins solennels. À la suite d’un festin, les Philistins font venir Samson pour qu’il danse devanteux. Jud., xvi, 25. Le fils de Sirach parle de la musiquequi accompagnait les festins, et il recommande aux vieillardsde ne pas l’empêcher. Eccli., xxxii, 5, 7; XL, 20; xlix, 2. À cette musique se joignait habituellement ladanse. — Quand le prodigue revient à la maison paternelle, on y fait un festin avec accompagnement de musique etde danse. Luc, xv, 25. — Au jour anniversaire de la naissanced’Hérode, la fille d’Hérodiade danse devant l’assistanceà la suite du festin. Malth., xiv, 6; Marc, vi, 21, 22. L’Évangile remarque qu’elle plut à Hérode et àl’assistance. Pour obtenir ce résultat, il fallait sans douteune de ces danses lascives, introduites avec les coutumesgrecques à la cour des Hérodes. Une danse simplementgracieuse eût été peu goûtée de convives mis en un telétat par le festin, que le roi promettait inconsidérémentà la danseuse tout ce qu’elle demanderait, même la moitiéJe son royaume. Marc, vi, 23. — 3° Après les vendanges.A l’époque des Juges, les Sichimites «vont dans leurschamps, vendangent leur vigne, foulent [le raisin] etcélèbrent les louanges», c’est-à-dire les chants joyeuxaccompagnés de danses. Vulgate: «et font des chœursde chanteurs;» chaldéen: «font des danses.» Jud., ix, 27.Cf. Is., xvi, 10; Jer., xxv, 30. — 4° En général, en signede joie et de prospérité. Les habitants des villes de Syrieaccueillent en dansant les envoyés de Nabuchodonosor.Judith, iii, 10. Ici sans doute la joie n’a rien de spontané.Les danses cessent à Jérusalem pendant les jours de lacaptivité. Lam., v, 15. Mais les chœurs de danse reprendrontdans Sion restaurée. Jer., xxx, 19; xxxi, 4, 13.

H. Lesêtre.

    1. DANTINE Maur François##

DANTINE Maur François, bénédictin, né le 1 er avril1688 à Gouriem, dans le diocèse de Liège, mort à Parisle 3 novembre 1746. Il fit profession dans l’ordre deSaiut-Benoit le 14 août 1712, à l’abbaye de SaintJuliende Beau vais, et enseigna la philosophie à Saint -Nicaise’de Reims. Appelé à Saint-Germain-des-Prés, il travaillaà la collection des lettres des papes et à une édition duGlossaire de Ducange. Son attachement aux doctrines dujansénisme le fit envoyer à Saint-Martin de Pontoise, où il s’appliqua avec un soin tout particulier à l’étudede l’Écriture Sainte. Étant revenu à Paris, à l’abbaye desBlancsManteaux, il publia une traduction des Psaumesbous ce titre: Les Psaumes traduits sur l’hébreu avecdes notes, par un religieux bénédictin de la congrégationde Saint-Maur, in-8°, Paris, 1739. La même année, il dut donner une seconde édition de ce travail. Unetroisième, corrigée et augmentée des cantiques et dediverses prières, parut l’année suivante, in-12, Paris, 1740.

— Voir dom Tassin, Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur (1770), p. 631; dom François, Bibliothèquegénérale de tous les écrivains de l’ordre de Saint-Benoît(1777), 1. 1, p. 235; Polain, Notice sur dom MaurDantine, dans la Revue belge, t. i, p. 265.

B. Heurtebize.

    1. DAN-YAAN##

DAN-YAAN (hébreu: Dânâh (avec hé local) Ya’an; Septante: AavtSiv xoù OùBiv; Codex Vaticanus: AivEiSàv xaï O08âv; Codex Alexandrinus: Aàv’Iapâv xa’louSiv; Vulgate: Dan silveslria), ville de Palestine nomméeune seule fois dans l’Écriture, II Reg., xxiv, 6, commeun des points visités par Joab et les chefs de l’armée quifirent le dénombrement du peuple ordonné par David.Est-ce une localité distincte, ou n’est-ce point plutôt lacité de Dan-Laïs, bien connue dans la Bible? Telle estla question. Le nom lui-même, on le voit d’après lesversions, offre quelque confusion. La Vulgate et les Septante, au moins d’après le Codex Alexandrinus, ont lu

ny fïï, Dân ya’ar, «Dan de la forêt,» au lieu de jï» ii,

Ddn Ya’an. Cependant Kennicott et de Rossi ne donnentaucune variante pour le texte original, et la paraphrasechaldaïque maintient la leçon de l’hébreu.

Quoi qu’il en soit du nom, qui ne peut rien trancherpour la question d’emplacement, nous nous trouvons enprésence de trois opinions. — 1° Plusieurs auteurs regardentDan Yaan comme une ville inconnue de la Péréeseptentrionale, située au sud-ouest de Damas, identiqueà celle qui est mentionnée Gen., xiv, 14, à propos dela victoire d’Abraham sur Chodorlahom*or et ses alliés.Cf. Keil, Die Bûcher Samuels, Leipzig, 1875, p. 393.Cette opinion s’appuie, d’une part, sur les difficultés quenous avons signalées au sujet de la route et de la fuitedes Élamites (voir Dan 3, col. 1244); de l’autre, sur ceque Dan est ici, comme Deut., xxxiv, 1, citée avec laterre de Galaad. Cette dernière raison ne nous paraît passuffisante. L’auteur sacré trace à grandes lignes l’itinérairedes officiers de David. Commençant leur recensem*ntpar l’est du Jourdain, ils remontent du sud aunord; après avoir traversé le pays de Galaad et la «terreinférieure d’Hodsi» (le pays des Héthéens, col. 369), ilsviennent à «Dan la Sylvestre»; puis, «tournant du côtéde Sidon,» ils passent près des murailles de Tyr, pourparcourir du nord au sud la région occidentale. Rienn’indique ici qu’il faille chercher notre ville du côté deDamas. Dan-Laïs, située au nord de Galaad, à la frontièreseptentrionale du royaume, sur la route de Tyr etde Sidon, nous paraît fort bien rentrer dans la routesuivie par les gens du roi. Pourquoi d’ailleurs donnercomme point de repère dans ce jalonnement une villementionnée pour la première ou la seconde et dernièrefois, alors que la vieille cité des Danites était proverbiale?Il serait même étonnant que celle-ci ne fût pascomprise dans la liste, du côté du nord, comme sonopposé, Bersabée, l’est du côté du sud. II Reg., xxiv, 7.

— 2° Depuis la découverte par le D r Schultz, consulprussien à Jérusalem, des ruines appelées Khirbet Dâniân, à l’est et non loin du Râs en-Nàqourah, sur lacôte méditerranéenne, quelques - uns ont voulu y retrouverDan Yaan, que le nom moderne semble rappeler.Cf. Van de Velde, Memoir to accompany tke Mapofthe Holy Land, Gotha, 1858, p. 306; Survey of WesternPalestine, Memoirs, Londres, 1881, t. i, p. 152; NameLists, p. 47; G. Armstrong, ’W. Wilson et Conder, Namesand places in tke Old and New Testament, Londres, 1889, p. 48. Nous ferons remarquer que la ressemblanceonomastique n’est pas tout dans les identifications, ilfaut de plus l’accord avec les indications du texte sacré.Or c’est ce qui manque ici. Nous voyons bien les envoyésde David tourner de l’est à l’ouest en passant de Galaadà Dan pour parcourir les environs de Sidon et de Tyr, etde là descendre vers le sud; mais nous ne comprenonspas du tout qu’ils soient venus de l’est directement àKhirbet Dânîân, pour remonter vers Sidon et revenir «près des murailles de Tyr», ꝟ. 6, 7, c’est-à-dire fairedouble trajet dans cette visite du nord-ouest. — 3° Restedonc l’identité de Dan Yaan avec Dan-Laïs. Elle ressortdes arguments apportés contre les deux opinions précédentes, et est admise par un certain nombre d’auteurs, R. von Riess, Bibel-Atlas,% édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 9; Mûhlau, dans le Handwôrterbuch des BiblischenAltertums, de Riehm, 2e édit., Leipzig, 1893, t. i, p. 294, etc. Aux raisons déjà données s’ajoutent lessuivantes. Si l’on accepte la leçon de la Vulgate, le nomde Dân Ya’ar, «Dan de la forêt,» peut très bien s’appliquerà Tell el-Qadi, avec ses magnifiques fourrésd’arbres, surtout par opposition au territoire de la tribude Dan, qui se composait en grande partie de la plainede Séphéla. Si l’on maintient l’hébreu Ya’an, il s’expliquepar le nom phénicien de Ba’al Ya’an, «le seigneurjoueur de flûte,» donné au dieu Pan sur certainesmonnaies de Panéas (Banias), où il était honoré. DanYaan aurait été ainsi la dénomination primitive de lacélèbre cité voisine, appelée ensuite Laïs ou Lésem, età laquelle les conquérants danites n’auraient fait querestituer son ancien nom, en y rattachant une autresignification. Cf. Fiirst, Hebrâisches Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, t. i, p. 303; F. de Hummelauer, Comment, in ïibros Samuelis, Paris, 1886, p. 448.

A. Legendre.

    1. DAPHCA##

DAPHCA (hébreu: Dofqàh; Septante: ’Pa<paxâ, parsuite de la confusion entre le i, dalelh, et le ii, resch), une des stations des Israélites dans la péninsule du Sinaï, mentionnée seulement au livre des Nombres, xxxiii, 12, 13.Elle forma, avec Alus, un des deux points d’arrêt entre ledésert de Sin, Exod., xvi, 1; Num., xxxiii, 11, c’est-à-direla plaine d’El-Markha, sur les bords du golfe de Suez, et Raphidim, Exod., xvii, 1; Num., xxxiii, 14, ou YouadiFeiran. On n’a pu jusqu’ici déterminer d’une manièrecertaine la position de ce double campement, qui ne futmarqué par aucun événement de quelque importance, puisque l’Exode le passe sous silence. Nous avons cependantdes probabilités en faveur de Daphca. Pour allerd’El-Markha à l’ouadi Feiran, les Hébreux avaient deuxroutes principales. Ils pouvaient longer la côte jusqu’àl’embouchure de l’ouadi, à quarante-six kilomètres del’Aïn Dhafary, la source d’eau douce qui les avait alimentésdans le désert de Sin, puis remonter la valléejusqu’à Hési el-Khattatin. C’est le chemin le plus facile, mais le plus long: il n’a pas moins de soixante-dix-huitkilomètres. Une voie plus courte s’ouvrait par YouadiSidréh, à douze ou treize kilomètres au sud d’Ain Dhafary: suivant la vallée jusqu’aux mines de Magharah, elle tourne à droite dans Youadi Mokatteb, la fameuse «Vallée écrite», remarquable par ses inscriptions, etfranchit par une penle douce un large col pour retomberdans l’ouadi Feiran, à vingt-sept kilomètres au-dessus deson embouchure. La brièveté du chemin et d’autres motifsdont nous parlerons tout à l’heure portent à croireque Moïse choisit cette dernière roule, du moins pour laprincipale colonne qu’il conduisait. Il est probable, eneffet, qu’il fit passer les bagages et les troupeaux par lapremière, plus facile, mieux garnie d’herbages. Une tellemultitude, du reste, avait avantage à se diviser sur desroutes parallèles. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., Paris, 1896, t. ii, p. 478.

Dans ces conditions, où chercher Daphca? Plusieurspensent que le nom s’est conservé dans celui d’el-Tabbaccha, localité signalée par Seetzen à une heure et demieau nord-ouest de l’ouadi Mokatteb, dans l’étroite valléede Youadi Gné ou Kenéh. Cf. Riehm, Handwôrterbuchdes Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 285. —Un savant égyptologue allemand, M. Ebers, Durch Gosenzum Sinai, in-8°, 2e édit., Leipzig, 1881, p. 149, a rapprochéDaphca du nom égyptien Mafka, donné à larégion des mines du.Sinaï. Il y a, en effet, vers le pointde jonction des ouadis Sidréh, Gné ou Igné, et Mokatteb,

dans un endroit appelé Magharah, i la caverne,» desexcavations dont les richesses métalliques furent exploitéespar les pharaons, longtemps avant l’exode. Mafkadésigne la matière précieuse qu’on extrayait de ces mines, c’est-à-dire la turquoise, d’après M. Birch; le cuivre, d’après MM. Lepsius et Ebers; la malachite, d’aprèsM. Chabas. La contrée était nommée «le pays du mafk».Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa nach altàgyptischenDenkmâlern, iir-8°, Leipzig, 1893, p. 133. Or, dit M. Ebers, le mot, précédé de l’article féminin ta, seprononçait Tmafka, d’où serait venu Dafka par la chutede la consonne nasale, comme de Tmermut est venuThermuthis, 0ép(iou61; . «Cette similitude de nom, la situationdu lieu sur la route de Raphidim, à une petitejournée du désert de Sin, la vaste plaine qui fait suite àl’ouadi Sidr, la source située à une demi-heure au bordde la plaine, l’eau que d’anciennes inscriptions supposentvoisine des mines: tout cela constitue en faveur de l’opinionqui place ici la station de Daphca un ensemble considérablede probabilités.» M. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 75. Si l’on objecte contre cet itinéraire desHébreux la crainte qu’ils auraient pu avoir des Égyptiensqui gardaient Magharah, nous répondrons que l’exploitationde ces mines paraît avoir cessé sous la XIIe dynastie, longtemps avant le passage des Israélites à travers, la péninsule. — M. Léon de Laborde, Commentaire géographiquesur l’Exode et tes Nombres, in-f°, Paris, 1841, p. 98, place Daphca dans l’ouadi Feiran.

A. Legendre.

    1. DAPHNÉ##

DAPHNÉ (Aâçvïi), lieu célèbre, près d’Antioche deSyrie, avec un temple d’Apollon et-de Diane qui possédaitle droit d’asile. II Mach., iv, 33. C’est là que se réfugiale grand prêtre Onias III, quand il voulut dénoncerle vol sacrilège commis dans le Temple de Jérusalem parMénélas. Celui-ci, pour se débarrasser de son accusateur, vint trouver Andronique, dont il avait d’avance payé lacomplicité avec une partie des vases dérobés, et le priade le mettre à mort. Le Grec, qui ne pouvait rien refuserà son corrupteur, s’en alla à Daphné, et, tendant lamain à Onias, lui affirma par serment qu’il n’avait rienà craindre et lui persuada de sortir du lieu de refuge.Malgré sa défiance, le grand prêtre se laissa prendre àcette promesse; mais à peine avait-il franchi les limitesde l’asile, qu’il tomba percé de coups. Le meurtre d’unhomme si vénérable souleva, non seulement parmi lesJuifs, mais chez les Grecs eux-mêmes, une indignationgénérale. Aussi le roi, à son retour de Cilicie, reçutildes deux côtés une accusation formelle contre celui quiétait en même temps traître à sa parole et bourreau.Antiochus Épiphane, peu facile pourtant à émouvoir surles malheurs des Juifs, ne put s’empêcher de pleurer lamort d’un pontife dont il connaissait la conduite digneet la modération. Plein de colère, il ordonna qu’on dépouillâtAndronique de la pourpre, qu’on le menât à traverstoute la ville, etque ce sacrilège fût tué au mêmelieu où il avait accompli son crime: c’était un juste rétourde la justice divine. II Mach., iv, 32-38.

Au point de vue" topographique comme au point de vuehistorique, Daphné et Antioche sont tellement unies, qu’on les désigne l’une par l’autre. On disait: «Daphnéd’Antioche,» Aa<pyi) tîj; ’Avrio^ei’oc; , Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 11, ou «près d’Antioche», Josèphe, Bell, jud., I, XII, 5, et «Antioche près de Daphné de Syrie», êv’Avïto^Eii Trj im Aaçvîj tt|C Supfaç. Josèphe, Ant. jud., XVII, ii, 1. C’est ainsi que le Codex Alexandrinus, II Mach., iv, 33, porte: èitl Adtçvrn tÏ|{ itpôt’Avuoxei «cxEiuivuc, e Daphné qui est située près d’Antioche.» Cf. H. B. Swete, The Old Testament in Greek, Cambridge, 1894, t. iii, p. 673. La première était regardée comme unfaubourg de la seconde, bien qu’elle en fût distante dequarante stades ou huit kilomètres. Cf. Ammien Marcellin, xix, 12, 19; Strabon, xvi, p. 750. Elle se trouvait ausud-ouest, près d’un coure d’eau qui descendait vers

l’Oronte. Un chemin pratiqué au flanc de la montagney conduisait, bordé de gracieux édifices, maisons privées, jardins publics, sanctuaires, lieux de réjouissances. Cesite délicieux s’appelle aujourd’hui Beit el-Mâ, «la maisonde l’eau.» Il a, comme beaucoup de localités orientales, perdu de sa fraicheur et de ses charmes d’autrefois; mais il en a assez gardé pour laisser entrevoir lesressources que la nature offrait là à la main et à l’imaginationde l’homme. Le laurier, l’arbre sacré dont PhébusTesta épris, y croit en vastes massifs, des bouquets defleurs aux vives couleurs parfument l’air; çà et là quelquesroses rappellent celles qui avaient lait donner à une partiede la route le nom de Rhodion. Quelques vieux cyprèsreprésentent ceux qui entouraient jadis le téménos d’Apollon.Tels sont les vestiges de ces bosquets ou boissacrés dans lesquels un culte immoral amollit et souillatant de générations. Nulle trace de la ville elle-même, de ses thermes, de ses théâtres, des temples d’Isis, deDiane et de Vénus, du stade où se célébraient les jeuxolympiques. Cf. E. Le Camus, Notre voyage aux paysbibliques, Paris, 1890, t. iii, p. 03-66.

Et pourtant quel lieu de plaisance, quel pèlerinage fréquentéfut longtemps Daphné! Son origine, comme celled’Antioche, remonte à Séleucus Nicator, qui y localisa, dans un but de vaine gloire, des traditions mythologiquesécloses ailleurs, les fables d’Apollon et de Daphné métamorphoséeen laurier. Il bâtit, au milieu d’un bois delauriers et de cyprès, un magnifique temple à Apollon.La cella, entre deux portiques, était ornée de marbresprécieux et de bois rares habilement sculptés; elle renfermaitla statue colossale du dieu, chef-d’œuvre deBryaxis d’Athènes. Plus tard, Antiochus Épiphane associaà ce culte celui de Jupiter, dont il plaça dans le sanctuairela statue d’ivoire et d’or, également colossale, rappelantcelle de Phidias à Olympie. Les cortèges sacrés, partant d’Antioche, se rendaient au temple, et la foule serépandait partout où bains, théâtres, jardins, fontaines, la conviaient à tous les plaisirs, à toutes les débauches.La célébrité de Daphné continua sous les Romains, dePompée à Constantin, et les Daphnici mores passèrenten proverbe. Elle commença à décliner sous Julien l’Apostat, après la mort duquel autels et idoles furent jetés àterre, et des sanctuaires chrétiens, aujourd’hui égalementdisparus, remplacèrent les temples païens.

Josèphe, qui ne donne pas sur la mort d’Onias le récitbiblique, Ant.jud., XII, v, 1, a gardé le souvenir d’autresévénements relatifs à l’histoire juive, qui se passèrentà Daphné. C’est là qu’Antoine reçut la députation composéede cent membres, choisis parmi les personnagesles plus puissants et les plus éloquents de la nation, quivenait renouveler des accusations contre Hérode et sespartisans. Après avoir écouté les parties et demandél’avis de Hyrcan, qui fut favorable aux fils d’Antipater, il donna à Phasaël et à Hérode le titre de tétrarques, etpar un décret en forme leur confia l’administration dela Judée. Quant à leurs adversaires, il en jeta quinze enprison, et il s’apprêtait à les faire conduire au supplice, lorsque Hérode intercéda pour eux et obtint leur grâce.Ant. jud., XIV, xiii, 1; Bell, jud., i, XII, 5, 6. C’est aussià Daphné que ce dernier apprit la mort de son frèreJoseph, qui s’était imprudemment lancé, avec six cohortes, sur Jéricho, dont il voulait enlever les moissons. Ant.jud., XIV, xv, 11; Bell, jud., i, xvii, 1, 3. Voir Antioche

de Syrie, t. i, col. 676.

A. Legendre.

    1. DAPHNIS##

DAPHNIS, nom qui ne se trouve que dans la Vulgate, Num., xxxiv, 11, et désigne une «fontaine» (hébreu: lâ’âyin, avec la préposition et l’article; Septante: étc 7T7|Yâ; , * aux sources» ) près de laquelle était situéeRébla, une des villes frontières de la Terre Sainte, ducôté de l’orient. L’absence du mot dans le texte originalet dans les versions anciennes montre qu’il y a eu iciinterpolation. Plusieurs manuscrits même de la Vulgate

omettent Daphnim. On*croit généralement que c’est uneglose empruntée aux commentaires de saint Jérôme, qui, identifiant Rébla avec Antioche de Syrie, en concluaitnaturellement que la fontaine en question était celle deDaphné, à quarante stades ou huit kilomètres de la grandecité. Comment, in Ezech., t. xxv, col. 478. Voir Daphné.Un copiste aura plus tard introduit dans le texte ce quin’était qu’une explication, et une explication erronée, car la Terre Sainte ne s’étendit jamais si loin. Cf. C. Vercellone, Variai lectiones Vulgalse lat’mse, Rome, 1860, t. i, p. 475. —Josèphe, Bell, jud., IV, i, 1, signale bienau-dessus du lac Semechonitis ou Mérom un lieu appeléDaphné, Aâçvi), «endroit délicieux sous beaucoup derapports et abondant en sources qui alimentent du tributde leurs eaux ce que l’on appelle le petit Jourdain, au-dessousdu temple de la génisse d’or, puis aboutissent augrand.» C’est aujourd’hui Tell Difnéh, situé à trois petit*quarts d’heure de marche au sud de Tell el-Qadi, l’ancienneville de Dan, où Jéroboam fit placer un veau d’or.Voir Dan 3. Cette dénomination, qui a bien une apparencegrecque, peut dériver soit des lauriers - roses (engrec Sï^/vt)) dont sont bordés, en beaucoup d’endroits, lesdivers bras du Nahr Leddan et les ruisseaux qui en découlent, soit d’un ancien culte en l’honneur d’Apollon etde la nymphe Daphné, culte qui aurait jadis fleuri dansla contrée. Cf. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 342. Sansl’origine probable de l’interpolation et l’interprétationformelle de saint Jérôme qui s’applique à une autreDaphné, on pourrait croire que’la Vulgate a voulu déterminerici «la source» du Jourdain dont se rapprochaitla frontière orientale de la Terre Promise. Voir Aïn 3, t. i, col. 316. Mais il y a dans le tracé de ces limites denombreuses difficultés qui ne sont pas encore résolues.Cf. Van Kasteren, La frontière septentrionale de la TerrePromise, dans le Compte rendu du 3’congrès scientifiqueinternational des catholiques, 2e section, Bruxelles, 1895, p. 132-134, ou dans la Revue biblique, Paris, 1895, p. 31-34.

A. Legendre.

DARA (hébreu: Dârâ; Septante: AapâS; CodexAlexandrinus: Aapâ), cinquième et dernier fils de Zara, de la tribu de Juda. I Par., ii, 6. Plusieurs manuscritshébreux ont Darda, et ainsi ont lu le Targum, la Peschitoet l’arabe: c’est vraisemblablement la bonne leçon.

    1. DARCON##

DARCON ( hébreu: Darkôn; Septante: Aotpxtiv, Aopxwv), chef de Nathinéens qui revinrent de la captivitéde Babylone avec Zorobabel. II Esdr., vii, 58. LaVulgate l’appelle Dercon. I Esdr., ii, 56.

DARDAR. Mot hébreu rendu dans la Vulgate partribulus. Voir Centaurée.

DARIQUE. Hébreu: ’adarkemôn, darkemôn; Septante: xP u< k>0ç, v6[iidjii ypiioiov, v6|iia|ia -/pyoou, [ivi; Vulgate: solidus, drachma.

I. Description. — La darique fut créée par Darius 1°, fils d’Hystaspe, après qu’il eut organisé son empire en satrapies, auxquelles il imposa un tribut en or et en argent, Hérodote, III, 89; la monnaie nouvelle fut destinée à enfaciliter le payement. Le nom complet de cette monnaieest (rraxrip Sotpeixôç, statère darique, et par abréviation, darique ( fig. 476). La darique était en or, Hérodote, IV, 166; Etymologicutn magnum, au mot Aapcixôç; le monnayagede l’or était, en effet, réservé au souverain. Cet usage futconservé par Alexandre et par les empereurs romains. —L’or de la darique, dit Hérodote, iv, 166, était très pur.L’analyse chimique n’y trouve que 3 °/ d’alliage. B. Head, The Coinage of Lydia and Persia, in-4°, Londres, 1877, p. 25. Ce fut évidemment là, avec la constance du poids, la cause de l’emploi universel de la darique dans le mondegrec comme dans le royaume des Perses. Hérodote, vii, 28, 29; Thucydide, vnr, 28; Aristophane, Ecclesiaz., 602; Corpus inscript, greec., n° 1511; Lebas et "Waddington,

Inscript. d’Asie Mineure, n° 40. Ce fut même surtoutpour le payement des mercenaires grecs qu’ils avaient àleur solde, et pour le commerce qu’ils entretenaient avecles villes grecques, que les Perses se servirent des dariques.Presque toutes furent frappées dans des ateliersd’Asie Mineure, en Cilicie, en Syrie, et probablementaussi à Tyr. B. Head, Coinage, p. 33. Pour leur propreusage, ils continuèrent à peser les lingots, comme l’avaientfait les Assyriens et les Babyloniens. Strabon, XV, iii, 21; E. Babelon, Catalogue des monnaies grecques de laBibliothèque Nationale, Les Achéménides, in-8°, Paris, 1893, p. vu. Cela explique pourquoi on n’a trouvé aucunemonnaie perse ni dans les fouilles de Persépûlis ni dans

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476. — Darique.

I<e roi Darius I", en archer, à demi agenouillé, coiflé de lacldaris et vêtu de la candys, tenant un arc et une javeline. —B). Carré creux très irrégulier.

celles de Suse, tandis qu’on y a trouvé en très grandnombre des monnaies des rois parthes et surtout desSassanides. G. Perrot, Histoire de l’art, t. v, 1890, p. 855.

— La darique pèse.normalement 8a r 42. C’était le poidsdu demi-statère de l’étalon phocéen, de l’ancien statèred’argent eubéen et de la petite darag-mana assyrienne, c’est-à-dire de la soixantième partie de la mine qu’onappelle légère. Voir Mine. Le poids de la darique correspondaitdonc aux poids auxquels étaient habitués lespeuples d’Asie et les Grecs. Cf. Hérodote, iii, 81). Il n’yeut jamais de dëmi-darique. Si Xénophon, Anab., i, iii, 21, emploie ce mot, c’est pour désigner une valeur de compte, mais qui ne pouvait être payée qu’avec une autre monnaie.La double darique fut créée sous les derniers Achéménides.Quoiqu’on l’appelle statère, la darique n’est enréalité qu’un demi-statère.

Le roi de Perse est représenté sur la darique portantsur la tête une couronne crénelée, appelée cidaris, quiest son attribut spécial (fig. 476). Il lléchit les genoux, la jambe droite en avant, le genou gauche à terre. Il tientl’arc de la main gauche, et de la droite une javeline terminéepar une grenade. C’est pourquoi ce type est désignésous le nom d’archer mélophore. Cette attitude, quiétait celle des archers perses dans le combat, Diodorede Sicile, xvii, 115, avait fait donner à la darique la dénominationpopulaire d’ «archer», qui donnait lieu à desplaisanteries sur l’intervention des archers perses dansles affaires grecques. Plutarque, Artaxerx., 20; Xénophon, Hellenic., iv, 2. Le type de l’archer, sauf do trèsrares exceptions, est resté uniforme jusqu’à la fin de ladynastie. Il en est de même du poids et de l’aspect extérieurde la monnaie. Elle ressemble à une lentille épaisse, de forme ovale, aplatie et arrondie sur ses bords. Le revers, où l’on avait cru voir les figures les plus variées, n’en porte aucune. L’empreinte qui s’y trouve n’est quela trace laissée par l’enclume. E. Babelon, Les Achéménides, p. vin. On trouve cependant une proue de navireau revers d’une darique frappée en Carie, au moment del’invasion d’Alexandre. E. Babelon, Les Achéménides, p. vin; et. n° 124, p. 15. La frappe des dariques cessaavec la conquête d’Alexandre. Toutefois, même aprèscette époque, on rencontre des doubles dariques sanscaractère officiel dans la Bactriane et dans l’Inde. Ellessont de frappe barbare. E. Babelon, Les Achéménides, p. 16, n os 137 et 138. Le classem*nt des dariques est trèsdifficile à faire. On ne peut guère se guider d’après lescaractères iconographiques; il faut avoir recours soit auxcirconstances dans lesquelles ont été faites les trouvailles,

soit à d’autres données. E. Babelon, Les Achéménides, p. xiii; B. Head, Coinage, p. 26.

La darique telle que nous venons de la décrire, c’est-à-direla monnaie d’or au type de l’archer, n’exista pasavant Darius, fils d’Hystaspe. Le fait est incontestable.Cependant Xénophon, Cyrop., V, ii, 7, parle de dariqueau temps de Cyrus; de même le scholiaste d’Aristophane, Ecclesiaz., 602, attribue l’invention de la darique à unautre Darius, antérieur au fils d’Hystaspe. Ces passagessont considérés par la plupart des auteurs comme étantsans valeur historique. E. Babelon, Les Achéménides, p. iii, n° 1; B. Head, Coinage, p. 22. D’autres, commeH. Brown, dans Kitto, Cyclopxdia, 3e édit., t. i, p. 66; J. Fuller, Speaker’s commentary, t. vi, p. 314, y ajoutentfoi. Les considérations suivantes expliqueront peut-êtrecette divergence d’opinion. La monnaie n’est en sommequ’une pièce de métal dont le poids est garanti par lesouverain qui y a apposé sa marque. Avant de se servirde monnaie, on pesait chaque fois le métal. Or, chez lespeuples orientaux, la division de la mine, qui fut unpoids avant d’être une monnaie, est désignée par un motdans lequel entre une racine qui signifie «division», quel’on rencontre en Perse sous la forme darag, en assyriensous la forme dariku. B. Head, Historia numorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 698; Berlin, dans les Transactions ofIhe Society of biblical Ajrchœology, 1883, p. 87. Cetteracine a formé en assyrien le mot darak-mana ou daragmana, division de la mine. Fr. Lenormand, Études accadiennes, in-4°, Paris, 1879, t. iii, p. 6; J. Menant, Labibliothèque du palais de Ninive, in-12, Paris, 1882, p. 68. C’est très probablement l’origine du mot grec Spa^(iTJ.Hussey, Essai on the ancient weights and money, in-8°, Oxford, 1836, p. 1883; A. von Werlhof, dans Cavedoni, Numismatica biblica, in-4°, Modéne, 1849, t. ii, p. xvii; Ch. Lenormant, dans la Revue numismatique, 1860, p. 17, n. 4; Oppert et Revillout, Annuaire de la Société denumismatique, 1884, p. 119-122; E. Babelon, Les Achéménides, p. iii, n. 1; B. Head, Historia numorum, p. 698; G. Perrot, Histoire de l’art, t. V, p. 858, n. 2. Ainsi quenous l’avons dit plus haut, la darique était l’équivalenten poids de la petite darag-mana assyrienne. La darique, quoique son nom vint de celui de Darius, était égalementune darak ou darag dé la mine. Après son apparition, les Grecs n’ont plus pensé qu’au nom du roi de Perse. qui l’avait institué, et trouvant la preuve de l’existenceen Orient d’une monnaie portant un nom à peu près semblableà une époque antérieure, ils en ont conclu, à tort, à l’existence d’un autre Darius, qui aurait donné son nomà cette monnaie. Telle paraît être l’origine de la confusionqui embarrasse les numismatistes et les orientalistes.Le nom biblique de la darique, darkemôn ou’adarkem&n, n’a d’ailleurs rien de commun avec le nom deDarius. Les hébraïsanls de nos jours sont unanimes à lereconnaître, et ils rapprochent ces mots de darag-manaet de SpaxR. J. Levy, Neuhebrâisches und chaldâischesWôrterbucH, in-8°, Leipzig, 1876, t. i, p. 425; Gesenius, Hebrâisches und aramâisches Handwôrterbuch, 12e édit., in-8 J, Leipzig, 1895, p. 13; Payne-Smith, Thésaurus syriacus, in-f», Londres, 1879, t. i, p. 948; G. Hoffmann, Ueber einige phôniskische Inschriften, dans les Abhandlungender Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen, t. xxxvi (1890), fasc. 4, p. 8; cf. Zeitschrift furvssyriologie, t. n(1887), p. 49-51.

II. Usage de la darique chez les Juifs. — La dariqueest mentionnée: 1° dans I Esdr., viii, 27, au temps d’ArtaxerxèsI er Longuemain. Parmi les dons offerts pourle Temple sont comptés vingt coupes d’or valant milledariques. Le texte hébreu emploie le mot’adarkemôn; les Septante disent simplement xîàioi, c mille,» sans indiquerde quelle valeur il s’agit. La Vulgate traduit parsolidi. Le solidus romain en or valait la soixante-dixièmepartie de la livre, soit environ 49’50, c’est-à-dire un peuplus que la moitié de la darique. La traduction est donc -1297

DARIQUE — DARIUS LE MËDE

1298

inexacte. — 2° Sous le même roi, les chefs de famille etle peuple versèrent au trésor du Temple une offrandedans le compte de laquelle figurent, avec une somme enargent, vingt mille dariques d’or pour les chefs de familleet vingt mille pour le peuple. II Esdr. (Nehem.), vii, 70-72. Dans ce passage le texte hébreu emploie le motdarkemôn, que les Septante traduisent au ^. 70 parvô[u! T[ia xpuioù, «monnaie d’or,» et au J. 71 par xpiitnov.Dans l’un et l’autre verset, la Vulgate emploie le motdrachma. La drachme d’or équivalait au demi-statèreet par conséquent à la darique. Hésychius et Suidas, aumot 8paxi"i XP U(I ' 0U > Corpus inscript, grssc, n° 150; cf. Fr. Lenormant, dans la Revue de numismatique, 1868, p. 422. On l’appelait ainsi parce que son poids étaitcelui de la drachme d’argent. Le Talmud de Jérusalemcompte également en dariques pour indiquer la sommeque les Juifs payèrent au Temple après le retour de lacaptivité. Shequalin, ii, 3 (Le Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, t. v, 1882, p. 271; cf. ii, 1, p. 268 et 273).

— 3° Les mêmes mots sont employés dans l’Écriture pourune époque antérieure à Darius. Après le retour de lacaptivité, dans le compte dès offrandes faites par les Juifspour la reconstruction du Temple, l’auteur sacré, I Esdr., H, 69, dit qu’ils donnèrent soixante mille dariques d’oret une somme d’argent. Le mot dont se sert le textehébreu est darkemôn. Les Septante traduisent par (ivaî, «mines,» et la Vulgate par solidi. — 4° De même dansI Par., xix, 7, dans le compte des offrandes faites pourl’érection du Temple au temps de David, nous trouvonsle mot darkemôn, traduit dans les Septante par -/puaoCs, et dans la Vulgate par solidus. L’emploi de ces mots àune époque où la darique n’existait pas s’explique parun fait dont nous sommes témoins tous les jours, savoirl’évaluation d’une monnaie antérieure d’après une unitéqui est en usage de notre temps. Esdras a parlé dans lespremiers chapitres de son livre en se servant d’un termequi a commencé à être en usage au temps où se sontpassés les événements racontés dans les chapitres suivants, et si, comme ou le croit généralement, il est l’auteurdes Paralipomènes, il est tout naturel qu’il se soitservi du même mot dans cet écrit. F. Vigouroux, Manuelbiblique, 9e édit., t. i, p. 309. Il était encore plus en droitde le faire si, comme nous l’avons dit, le mot darkemônpouvait aussi s’appliquer au poids du soixantième de lamine, même avant le temps où fut frappée la dariqueproprement dite. — Voir, outre les ouvrages cités, J. Eckel, Doclrina numorum, in-4°, Vienne, 1794, t. iii, p. 551-553; S. Brandis, Das MïmzHaas s und Gewichtswesen inVorderasien, in-8°, Berlin, 1864; E. Bouché-Leclercq, Atlas pour servir à l’histoire grecque de Curtius, in 8°, Paris, 1883, p. 97-101; G. Perrot, Histoire de l’art, t. v, in-8°, Paris, 1890, p. 855-860. E. Beurlier.

DARIUS. Hébreu :wv-n, Daryâvés; Septante: Aapsro; .

En perse: ^ ffy ^f f<- -|£j <^ «

D- Â- RaYavus.

En assyrien: J £](]-fl-J t^|J ^ V-J<

Dariyavus (muS).

Enmédique: J ^-]] — TTT< £=T T T JE] < Z3Dariyavauis.

Nom d’un Mède qui gouverna Babylone après la prise de «elle ville par les Perses et de trois rois de Perse.

1. DARIUS LE MÈDE (hébreu: Daryâvés ham-Mâdi, Dan., xi, 1; chaldéen: Daryâvés’Mâdâyâ’[ chetib ]; Màdd’dh [keri], Dan., vi, 1; Septante: Aapeïo; à MîjSo; ), personnage qui gouverna Babylone après la prise de cetteville par les Perses. Le texte sacré nous apprend qu’il^lait de race mède, Dan., ix, 1, et qu’il était âgé de

soixante-deux ans lorsqu’il prit le pouvoir à Babylone, après la mort de Baltassar, fils de Nabonide. Dan., VI, 1(Vulgate, v, 31). Au chap. IX, 1, il est dit de plus qu’ilétait fils de’AhasvêrôH ou Assuérus. Voir AsstJÉRUS 3, 1. 1, col. 1143, et Cyaxare, col. 1162. Daniel eut les bonnesgrâces de Darius le Mède, qui le choisit comme un destrois ministres qu’il plaça au-dessus des cent vingt’âI.iaSdarpenayyà’, «satrapes,» chargés du gouvernement desdiverses provinces ou subdivisions du royaume. Dan., VI, 2-3 (Vulgate, 1-2). La faveur dont jouissait le prophètelui suscita des envieux. Ils obtinrent de Darius un éditcondamnant à la fosse aux lions quiconque, pendant trentejours, adresserait une demande à un dieu ou à un hommeautre que le roi. Daniel, n’en ayant pas moins continuéà adorer Dieu régulièrement trois fois par jour, fut dénoncépar ses ennemis et jeté dans la fosse aux lions. Iléchappa miraculeusem*nt à leur férocité, et Darius, frappéde ce miracle, écrivit une lettre à tous ses sujets pourleur faire révérer le Dieu de Daniel. Dan. VI, 4-28 (Vulgate, 27). Le récit se termine, ^. 29 (28), en disant que «Daniel prospéra (Vulgate: perseveravit) ainsi sous lerègne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse». Cedernier passage semble indiquer que le gouvernement deDarius ne fut pas de longue durée, puisque le prophète, qui était déjà avancé en âge lors de la prise de Babylone, vécut encore quelque temps sous Cyrus. Cette inductionest confirmée par le fait qu’il n’est queslion que de lapremière année du règne de Darius. Dan., IX, 1, et xi, 1.(Dan., XI, 1, les Septante portent Cyrus au lieu de Darius.)

Voilà tout ce que nous apprend l’Écriture sur Dariusle Mède. De nombreuses tentatives ont été faites pourl’identifier avec quelqu’un des personnages de cette époqueconnus par l’histoire profane comme ayant pris ou ayantpu prendre part à la conquête de Babylone par Cyrus: Cyaxare II, «fils et successeur d’Astyage,» dit Josèphe, Ant.jud., X, xi, 4; Astyage lui-même, d’après Winer, Biblisches Realwôrterbuch, 3° édit., t. i, p. 250; Darius, fils d’Hystaspe, Rdsch, dans Studien und Kritiken, t. ii, 1834, p. 281. Mais tout ce qu’ont écrit autrefois là-dessusles savants ne repose que sur de pures conjectures. Il estinutile désormais, non seulement de les disculer, maismême de les énumérer, parce que nous savons maintenantpar les documents indigènes eux-mêmes quel estcelui qui gouverna Babylone immédiatement après lachute de la dynastie indigène. Un fragment de la Chroniquebabylonienne, découvert en 1879, raconte ainsiqu’il suit les événements qui se passèrent la dix-septièmeannée du règne de Nabonide, roi de Babylone et père deBaltassar: m Les hommes d’Accad se révoltèrent. Les soldats[de Cyrus], le quatorzième jour du mois de tammouzquin-juillet 538 avant J.-C), prirent Sippara (Sépharvaïm) sans combat. Nabonide s’enfuit. Le seizièmejour, Ugbaru, gouverneur de la terre de Gutium, et l’arméede Cyrus, sans combat, descendirent à Babylone…Au mois A’arah samnu (octobre-novembre), le troisièmejour, Cyrus descendit à Babylone. Les routes (?) devantlui étaient sombres. La paix dans la ville il établit. Cyrusannonça la paix à Babylone entière. Il établit Ugbaru, son lieutenant, comme gouverneur dans Babylone.» Eb. Schrader, Keilinschriflliche Bibliothek, t. iii, part. II, 1890, verso, lign. 13-20, p. 134; Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 348-349. On nepeut guère douter, d’après le document cunéiforme qu’onvient de hre, qu Ugbaru ne soit le personnage dont lenom a été altéré par les copistes du livre de Daniel encelui de Darius, qui leur était plus familier.

Ugbaru se rendit donc maître de Babylone et y exerçale souverain pouvoir jusqu’à l’arrivée de Cyrus, qui n’eutlieu que trois mois plus tard. Il continua ensuite à l’administrerpour le grand roi, qui l’en établit expressémentgouverneur. Il ne reçut pas d’ailleurs l’investiture duroyaume de Babylone, et U ne porta jamais, à propre1299

DARIUS LE MÈDE — DARIUS I"

1300

ment parler, le titre de roi de cette ville, car les nombreuxcontrats qu’on y a trouvés, et qui ont été publiés parle P. Strassmaier, Imchriften von Cyrus, Kônig vonBabylon, in-8°, Leipzig, 1890, n» Il et suiv., établissentqu’immédiatement après la conquête, ce fut Cyrus quiprit le titre de roi de Babylone. Voir J. Knabenbauer, Comment, in Danielem, in-8°, Paris, 1891, p. 171. —Comment concilier ce fait avec le texte de l’écrivainsacré qui représente Darius comme roi? Le voici. Il fautremarquer que le livre de Daniel dit de Darius le Mède, vi, 2 (v, 31): qabbêl malkûfâ’, «il reçut le royaume;» il le reçut de la main d’un autre, par l’autorité de Cyrus. «Cette locution, dit le P. Knabenbauer, In Daniel., p. 170, s’applique très bien à celui qui fut établi par Cyruspour administrer à sa place et en son nom comme viceroi.» Celte même locution est employée Dan., vii, 18: Vigabbelûn malkûtâ’gadiSê’Elyonin, «les saints duTrès-Haut recevront le royaume,» et il ne s’agit là aucunementd’une royauté proprement dite, mais simplementde puissance et de gloire. Si Darius le Mède est qualifié deroi, Dan., vi, 4, 6, 8, etc., ce titre doit se prendre simplementdans le sens de vice-roi, comme pour Baltassar.Dan., v, 1. Voir t. i, col. 1421.

Ugbaru, comme on l’a vu plus haut, était gouverneurdu pays de Gutium, dont le site est incertain. Il faut distinguercet. Ugbaru du Gobryas dont parle Hérodote, iii, 70, 73, 78; iv, 132, 134; vii, 2, 5, l’un des sept conjurésqui conspirèrent contre le faux Smerdis (voir Darius 2).Ce Gobryas n’était pas Mède, comme le personnage dulivre de Daniel, maïs Perse; l’historien grec l’attesteexpressément, Hérodote, iii, 70, et l’inscription de Béhistoun, col. iv, 1. 84; col. v, 1. 7, 9, fait de même; elleappelle Gobryas Parsa Gaubaruva, «Gaubaruva le Perse, fils de Mardoniya.» Darius I" l’envoya plus tard contreles Susiens révoltés pour les réduire à l’obéissance.F. II. Weissbach et W. Bang, Die altpersischen Keilinschriften, in-4°, Leipzig, 1893, p. 28-29. Cf. J. Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, in-8°, Paris, 1879, p. 152-153. Ce Gaubaruva qui fait une campagne contreSuse est différent de l’Ugbaru qui avait pris et gouvernéBabylone. du temps de Cyrus. Dans le texte assyrien, lenom du général perse qui se lit dans l’inscription deNaksch - i - Roustam est écrit en assyrien Ku - bar - ra(J. Menant, Le Syllabaire assyrien, dans les Mémoiresde l’Académie des inscriptions, Sujets divers, t. vii, 1869, p. 104), et il est qualifié de «sarastibara ou doryphoredu roi Darius». J. Menant, Les Achéménides, in-8°, Paris, 1872, p. 98; C. Kossowicz, Inscriptiones paleeopersiese, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1872, p. 42.

F. Vigouroux.

2. DARIUS I er, fils d’Hystaspe (ViStàspa), roi de Perse, de la dynastie des Achéménides, né en 550, mort en 486avant J.-C. (fig. 477). Il était âgé de vingt-neuf ansquand un mage, nommé Gaumata, feignit d’être Smerdis(en perse, Bardiya), fils de Cyrus, qui avait été tuépar son frère Cambyse tandis que ce dernier roi faisaitla guerre en Egypte, et s’empara du trône de Perse(août 522). Cambyse étant mort en. Syrie au retour de sa

campagne, Darius, conjuré avec six autres nobles Perses, tua le faux Smerdis et fut reconnu comme roi (avril 521).Pour consolider son pouvoir, il épousa Atossa, soeur deCambyse; mais, avant d’avoir fait accepter sa dominationpar tous les anciens sujets de la Perse, il dut combattreneuf antagonistes et livrer dix-neuf grandes batailles.Ces événements sont racontés par Darius dans la grandeinscription trilingue de Béhistoun. Voir Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., 1. 1, p. 163-166.Babylone révoltée soutint un siège de vingt mois. Dariusy entra en août 519 et y séjourna près d’un an, jusqu’enmai 518. En 517, il affermit la domination perse en Egypteet il conquit une partie du nord-ouest de l’Inde. II soumitaussi plusieurs îles de la mer Egée, la rive européennedu Bosphore et de l’Hellespont et les peupladessauvages du Caucase méridional, ce qui l’amena à entreprendreune campagne contre les Scythes. En 513, ilfranchit le Bosphore sur un pont construit par Mandro477. — Cylindre de Darius I".

Pierre en calcédoine brûlée. British Muséum. Imitation de l’artassyrien. Le roi Darius, sur un char, lanco des flèches contreun lion dressé. Un lion déjà tué est étendu sous les pieds duch*eval. La scène est encadrée entre deux palmiers. À gauche, . une inscription trilingue porte (en perse): «Je suis Darius, roi;» en assyrien: «Je suis Darius, roi grand.» D’aprèsJ. Menant, Recherches sur la glyptique orientale, part, ii, 1886, p. 166.

elès, assujettit la Thrace, passa le Danube et poursuivitjusqu’à l’Ôarus (Volga) les Scythes, qui fuyaient toujoursdevant lui par tactique, et qui lui firent ainsi perdre laplus grande partie de son armée (80000 hommes, d’aprèsCtésias). Vers l’an 500, les villes ioniennes se soulevèrent, et avec l’appui des Athéniens et des Cretois brûlèrent laville de Sardes. Darius défit les révoltés, et, en 491, ilanéantit leur Hotte à l’île de Lade. Le secours que lesAthéniens leur avaient prêté lui avait causé une grandeirritation. En 492, il envoya Mardonius avec une arméeet une flotte contre la Grèce. Ses vaisseaux périrent dansune tempête devant le mont Athos. Une nouvelle armée, sous les ordres de Dalis et d’Artapherne (fig. 478)’, eut

1 Le souvenir de la défaite des Perses, si glorieuse pour les Grecs, a été consacré par l’art dans les peintures d’un beau vase connusous le nom de vase de Darius. Il a été trouvé, en 1851, dans un tombeau, près de Canossa, l’ancienne Canu61um. Aujourd’hui aumusée de Naples. Hauteur: 1™, 30; circonférence dans sa plus grande largeur: l iii, 93. Figures en rouge sur fond noir. Œuvre de lafin du IV* ou du commencement du me siècle avant J.-C. Il symbolise la lutte do la civilisation grecque contre la civilisation asiatique.— Sur le col du vase est figuré le combat des Amazones. — La panse contient trois registres. Celui du milieu représente 1° conseil de Darius décidant contre la Grèce la campagne qui fut conduite par Datis et Artapheme (Hérodote, vi, 94 et suiv.).Darius (AAPEIOS) est assis sur son trôné. H écoute un Perse (nEPSAI) qui parle debout devant lui. — Dans le registresupérieur, les dieux de l’Olympe prennent parti pour la Grèce. À droite est l’Asie (AEIA) assise sur un autel. À coté d’elle cEtla Tromperie (AnA-rr, ). La Grèce (FEAAAE) est debout entre Athéné et Zeus, auprès duquel se tient Nlkê, la déesse do laVictoire. Derrière elle est Apollon avec un cygne, et, a l’extrémité gauche, Artémis avec un cerf. — Dans le registre inférieur, latrésorier de Darius reçoit les riches tributs payés au grand roi. Il est assis devant une table où sont tracés des chiffres M: (10.000), Y (700), H (100), À (10), II (5), O (1 obole), < ( >/î obole), T (’/t d’obole). De la main gauche il tient un diptyque où sontécrits les mots TÀANTA ii, f cent talents». Devant et derrière lui sont des tributaires. À droite, trois suppliants. — Les peinturesdu vase sont partagées, en deux parties dont la séparation correspond aux deux ansBs. — La face postérieure, qui fait pen^dant a celle que nous venons de décrire, représente des scènes mythologiques.

478. — Vase de Darius.

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DARIUS I"

1304

d’abord quelques succès; mais elle fut finalement défaitepar Miltiade à Marathon (492-490). Pendant que Dariuspréparait une nouvelle campagne contre la Grèce etcontre l’Egypte, qui s’était aussi soulevée contre lui, ilmourut en 485, laissant le soin de sa vengeance à son filsXerxès I er (fig. 479). — Ce prince s’était distingué par son

de postes et de courriers qui se relayaient de distance endistance. Il avait enfin crée la monnaie à laquelle on adonné le nom de darique. (Voir Darique.) Son règne avaitété ainsi en somme bienfaisant, et il avait réussi à agrandirle royaume de Cyrus: sa domination s’étendait aunord jusqu’au Caucase et à l’Iaxarte, à l’est jusqu’à l’in479. — Darius sur son trône, à Persépolis. D’après B. Flandin et P. Coste, Toyace en Perse, t. iii, pi. 154.

administration. Après avoir relevé l’empire, il l’avait divisé

  • n vingt satrapies et réglé le tribut que devait payer chacune

d’elles. Les Perses étaient affranchis eux-mêmes detout impôt. Les villes de Suse et de Persépolis avaient étéembellies par les superbes édifices qu’il y avait fait construire.En Egypte, il avait uni par un canal le Nil à la merRouge (fig. 480). Partout il avait créé des routes et faci-Jitéles communications entre les provinces par un service

dus, au sud jusqu’à l’Arabie et au delà de la Nubie, àl’ouest jusqu’au mont Olympe et à la grande Syrte.

La Palestine faisait partie du royaume de Darius, et sesarmées en avaient traversé le territoire dans leurs allées etvenues en Egypte. Elle prospéra sous ce prince. Il s’étaitfait une règle de respecter la religion de ses sujets, etcette habile politique le rendit cher aux Juifs comme Cyrus.Cf. I Esdr., v, 5. L’édit par lequel Cyrus avait permis, 1305

DARIUS I" — DARIUS III CODOMAN

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en 536 avant J.-C, de rebâtir le Temple de Jérusalem, I Esdr., i, 3, n’avait pas encore reçu son exécution. Dèsl’an 535, on avait commencé les préparatifs pour la reconstructionde la maison de Dieu; mais toutes sortesd’obstacles avaient empêché la réalisation d’un projet sicher aux Juifs fidèles. C’étaient surtout l’opposition et lesintrigues des peuples voisins qui avaient entravé l’œuvrede restauration. I Esdr., iv, 4-5, 24. À l’avènement deDarius I er, les prophètes Aggée et Zacharie profitèrent decette circonstance pour exciter les chefs du peuple à semettre résolument au travail. Agg., i, 1-14; ii, 1-10; I Esdr., v, 1. Zorobabel, fils de Salathiel, qui avait ramenéles captifs de Babylone, et le grand prêtre Josué, fils deJosédec, commencèrent donc à rebâtir le Temple. Thathanaï, pehàh, «gouverneur» ou satrape du grand roi pourles provinces à l’ouest de l’Euphrate, prévenu sans doute

480. — Darius I". Fragment trouvé dans l’isthme de Suez.D’après la Description de l’Egypte, t. v, pi. 29.

par la dénonciation des ennemis des Juifs et spécialementpar les Aphaisachéens, arriva bientôt à Jérusalem avecStharbuzanaï et ses conseillers, pour demander compteaux chefs des Juifs de leur conduite. Ceux-ci se justifièrenten alléguant en leur faveur l’édit de Cyrus. Thathanaïen référa à Darius. I Esdr., v, 3-17. Ce prince fitfaire des recherches, et l’édit de Cyrus fut retrouvé dansla bibliothèque royale d’Ecbatane. En conséquence, nonseulement Darius autorisa la reconstruction de l’édificesacré, mais il contribua aux frais et demanda qu’on yoffrît des sacrifices pour lui et sa famille. I Esdr., VI, 1-12. C’était la seconde année de son règne (519). I Esdr., IV, 24; Agg., 1, 1. La reconstruction fut achevée au boutde quatre ans, la sixième année de Darius (515), et leTemple fut solennellement dédié le 3 du mois A’adar.I Esdr., vi, 15. — Une des prophéties de Zacharie estdatée du quatrième jour du neuvième mois (casleu) dela quatrième année (517) du règne de Darius I". Zach., vu, 1. Elle suppose qu’avant l’achèvement complet et ladédicace mentionnée dans I Esdr., VI, 15, le culte étaitdéjà en plein exercice, Zach., vii, 2-3; car rien n’empêchait, en effet, d’offrir les sacrifices ordinaires dans lacour des Prêtres. C’est la seconde année du règne de ceroi (519) que Zacharie avait commencé à prophétiser.Zach., i, 1, 7. — Les quatre courtes prophéties d’Aggéè

sont également de la seconde année de Darius I er, et les.trois premières mentionnent expressément celle date.Agg., 1, 1; ii, 1, 11. — Voir Hérodote, 1, 209, 210; iii, 68-160; iv; vii, 1-4; Ctésias, Persica, 45-50, édit. Gilmore, p. 147-150; H. Rawlinson, Analysis of the BabylonianText at Behistun, dans le Journal of the Royal AsiaticSociety, t. xiv, 1851, part, i; J. Oppert, Le peuple et lalangue des Mèdes, in-8°, Paris, 1891, p. 112-218; G. Bezold, Die Achâmeniden Inschriften, in-4°, Leipzig, 1882, p. 1-28; F. H. Weissbach, Die Achâmenideninschriftenzweiter Art, in-4°, Leipzig, 1890; F. H. Weissbach etW. Bang, Die alterpersischen Keilinschriften, in-4°, Leipzig, 1893; G. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient, 4e édit., 1886, p, 607-625; F. Justi, EinTagaus dem Leben des Kôniges Darius, in-8°, Berlin, 1873; Id., Geschichte des allen Persiens, in-8°, Berlin, 1879, p. 50-112; S. G. W. Benjamin, Persia, in-12, Londres, 1888, p. 102-111. F. Vigouroux.

3. DARIUS II NOTHUS, fils d’Artaxerxès Longuemainet de Kosmartidène de Babylone, roi de Perse de 424à 405. Avant son avènement au trône, il portait le nomd’Ochus. Il succéda à son frère Sogdien, qu’il avait faitpérir. Sa sœur Parysafis, qui devint aussi sa femme, ledomina complètement. Divers satrapes se révoltèrent sousson règne, mais furent finalement réduits à l’obéissance.Il perdit l’Egypte en 414. Il mourut à Babylone en 405 ret eut pour successeur son fils Artaxerxès II. Voir J. Gilmore, The Fragments of the Persica of Ktesias, in-8° rLondres, 1888, 75 (44), p. 166; Diodore de Sicile, xii, 71; xin, 36, 70, 103; Xénophon, Anab., i, i, 1; F. Justi, Geschichte des alten Persiens, p. 128-129. — Le cataloguedes chefs de Lévites donné par Néhémie, Il Esdr., .xii, 22-26, est du temps «de Darius le Perse», ꝟ. 22, c’est-à-direde l’époque de Darius II Nothus. C’est le seul passagede l’Écriture où il soit nommé. Certains commentateursprétendent même que æ «Darius le Perse» estDarius III Codoman. Voir Darius III. Cf. Frd. Keil, Dienachexilischen Geschichtsbûcher, in-8°, Leipzig, 1870, p. 495.

4. DARIUS III CODOMAN, fils de Sisygambis, la filled’Artaxerxès II, dernier roi de Perse de la famille desAchéménides, de 336 à 331. Quand l’eunuque Bagoas eutfait périr le roi Arsés, fils d’Artaxerxès III, avec toute safamille, il plaça Codoman sur le trône, où il prit le nom’de Darius. Il était petit-neveu de Darius II. C’était unprince doux et juste, qui ne manquait pas de bravoure; mais il eut affaire à un ennemi trop supérieur, en la personned’Alexandre le Grand, qui le vainquit à Issus (333)(fig. 481) et à Gaugaméla (2 octobre 331), et mit ainsifin à l’empire de Cyrus. Darius s’enfuyait à Ecbatane, lorsque Bessus, satrape de la Bactriane, le blessa mortellement(330). Avec lui disparut la race des Achéménides, et la domination de l’Asie occidentale et de l’Egyptepassades mains des Perses en celles des Grecs. Cf. t. i, col. 348. Voir Diodore de Sicile, xvii, 5; Justin, x, 3; Quinte-Curce, iii, 9-11; v, 9-16; F. Justi, Geschichtedes alten Persiens, p. 139-144; W. Benjamin, Persia, p. 141-146. — Le premier livre des Machabées, I, 1, rappelle qu’Alexandre le Grand «frappa Darius (III), roi des Perses et des Mèdes >>, et mit fin à son empire vafin d’expliquer comment la Judée passa de la dominationdes Perses sous celle des Grecs, qui héritèrent desconquêtes d’Alexandre. — D’après certains exégètes, le «Darius le Perse» nommé II Esdr., xii, 22 (voirDarius 3), serait aussi Darius Codoman. Selon leur opinion, le catalogue des chefs des Lévites qui vivaient dutemps de «Darius le Perse», comme le dit l’auteur sacré, n’est pas en entier de la main de Néhémie, mais a étécontinué plus tard afin de le rendre plus complet, et lenom de Jeddoa, II Esdr., xii, 11, 22, est celui d’un grandprêtre contemporain d’Alexandre le Grand (Josèphe, .

4307

DARIUS III CODOMAN — DATHE

1308

Ant. jtid., XI, viii, 4) et par conséquent de Darius Codoman.Quoique le passage II Esdr., xii, 11, 22, ne soit, pas sans difficulté (voir Jeddoa), aucune raison décisive «Fils de l’homme, mets ta face dans le chemin verstêmân, fais couler [tes paroles] vers dârôm, et prophétiseà la forêt du champ [qui est] nègeb.» Aussi les

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481. — Fragment d’une mosaïque de Pompéi, représentant Darius III Codoman à la bataille d’Issus. Musée de Naples.

n’empêche d’admeltre que Néhémie, qui vécut du tempsde Darius II, ne parle réellement de ce roi.

F. Vigouroux.

DAROM. Le mot hébreu dârôm signifie le «sud» ou le «vent du sud». Job, xxxvii, 17. Les Septante letraduisent ordinairement par vdro?; une fois, Deut., xxxiii, 23, par liii; une autre fois, Ezech., xx, 46 (hébreu, xxi, 2), ils ont retenu le mot hébreu Aap<i|i. Dansles Targums dârômà rend parfois le dârôm hébreu, parfoisle synonyme nègeb (qui est devenu un nom propre; voir Négeb). Ce dernier mot est encore traduit par Ed-Darûmdans la version arabe de Saadias Haggaon. Deut., xxxiv, 3. — Dans les premiers siècles de notre ère, Daroma(grec: 4 Àapto|jï; ; dans le Talmud: Dârôm, Dârômà, Dârômâh, Dârômtâ), comme nom propre, désignait la partie méridionale de la Palestine. Il est difficiled’en tracer exactement les limites. On sait seulementqu’elle s’étendait entre le territoire de Gaza à l’ouest etla mer Morte à l’est, en comprenant, outre le Négeb del’Ancien Testament, dont les villes sont énumérées dansle livre de Josué, xv, 21-32, plusieurs autres villes quele même livre rapporte à la Séphéla ou aux montagnesde Juda. Cela résulte de plusieurs passages de VOnomasticond’Eusèbe, où ces villes sont signalées comme étantdans la Daroma. Voir Reland, Palmstina illustrata, Utrecht, 1714, p. 185-187. — Dans la Bible il n’y a quele passage indiqué plus haut du chapitre xx d’Ezéchieloù l’on pourrait être tenté de prendre le mot dârôm dansle même sens comme nom propre. Il s’y trouve à côté detêmân et de nègeb, noms synonymes de dârôm, qui égalementdésignent proprement «le sud», mais ensuitesont devenus des noms propres. Dieu y dit au prophète:

Septante ont retenu les mots hébreux comme des nomspropres: Taijjwcv, Aap<i[i, Nafé6, et la version arabe deSaadias les a suivis (en lisant Aaywv). Néanmoins laVulgate, la version syriaque, qui rend les trois mots pariaimeno, et le Targum de Jonathan, qui donne trois foisdârômà, n’y ont vu que trois noms communs synonymes: le midi. C’est aussi l’opinion des traducteurs etinterprètes modernes. Pour le prophète, écrivant en Babylonie, la terre du midi, et la forêt du midi, n’est qu’unsymbole; il «parle en paraboles», ꝟ. 49 (hébreu, xxi, 5), et ne désigne sous ces trois noms synonymes que la villede Jérusalem et le pays d’Israël, xxi, 2 (hébreu, 7). Toutce qu’on peut conclure des Septante, c’est que le traducteurgrec semble déjà avoir connu le mot dârôm commenom propre. J. van Kasteren.

    1. DATHAN##

DATHAN (hébreu: Dâtân; Septante: Aaûiv), fdsd’Éliab et un des chefs de Ruben, qui avec son frèreAbiron se joignit à Coré dans la révolte soulevée contreMoïse et Aaron, au sujet de la souveraine sacrificaturé.Moïse essaya de le ramener à l’obéissance, mais il enreçut une réponse insolente. Dathan fut englouti soudaindans la terre, qui s’ouvrit sous les pas des conjurés. Num., xvi, 1, 12, 24-27; xxvi, 9; Deut., xi, 6; Ps. cv (hébreu, cvi), 17; Eccli., xlv, 22. Voir Coré 3, col. 969-972.

    1. DATHE Jean -Auguste##

DATHE Jean -Auguste, luthérien, orientaliste allemand, né à Weissenfels le 4 juillet 1731, mort à Leipzigle 17 mars 1791. Après avoir étudié dans les diversesuniversités allemandes, il fut, en 1762, nommé professeurde langues orientales à Leipzig. Il donna une éditioncorrigée et annotée de la première partie de l’ouvrage

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DATHE — DAVENANT

1310

de Salomon Glassius: Philologia sacra, his temporibusaccommodata, in-8°, Leipzig, 1776. Il traduisit en latinl’Ancien Testament, et cette traduction, œuvre principalede J. Dathe, jouit pendant longtemps d’une grande autoritéprès des protestants: Libri Vetéris Testamenti exrecensione textus hebrmi et versionum antiquarumlatine versi, notisque philologicis et criticis illuslsati, 6 in-8’, Leipzig, 1789-1794. Les derniers volumes parurentaprès sa mort, ainsi que l’ouvrage suivant, publié parL. P. Rosenmûller: Opuscula ad crisim et inlerpretalionemVeteris Testamenti spectantia, in-8°, Leipzig, 1796. — Voir Aug. Ernesti, Elogium J. A. Dathii, in-4°,

Leipzig, 1792.

B. Heurtebize.

DATHÉMA. Ce nom ne se lit que dans le premierlivre des Machabées, v, 9; Vulgate: ira Dalheman; textegrec, B: cU Aiâ9eu.a; À: eîç Aa9su.a; N: e’t; Aa9at|xa; version syriaque: beromfô, et chez Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 1: d; AâG£|j.a. Il désigne une forteresse (hyt^ipio[j.a) où s’étaient réfugiés les Juifs du pays de Galaad, menacés par les gentils, parmi lesquels ils habitaient.C’est de là qu’ils adressèrent des lettres à Judas Machabée, qui était en campagne dans les environs de Joppé, pour l’appeler à leur secours. Celui-ci, accompagné deson frère Jonathas, traversa le Jourdain, et pendant troisjours marcha avec son armée «dans le désert». Ensuite, ayant reçu des renseignements ultérieurs de quelquesNabathéens qu’il rencontra, il fit un détour vers Bosor(voir BOSOR 3, t. i, col. 1858), qu’il détruisit par le feu, et reprit sa marche vers «la forteresse» assiégée parl’ennemi, où il arriva à temps pour le mettre en pièceset délivrer ses frères. I Mach., v, 10-34. — Toute cettecampagne du héros machabéen, dont d’autres détails sontdonnés dans les versets suivants, 35-54, et dont une partieest racontée dans le second livre des Machabées, xii, 13-31, est sous le rapport topographique d’une difficulté extrême.Nommément sur le site de Dathéma il n’y a que des conjecturestrès incertaines. D’abord il y a quelque probabilitéque c’est le même endroit qui dans le second livreest appelé Characa, «la forteresse,» et qu’on a proposéd’identilier avec El-Harâq et avec El-Kerak, dans lesenvirons de Bosra. (Voir Characa, col. 577-579.) — Indépendammentde Characa, on a énoncé d’autres hypothèses.Ewald, en se fondant sur une variante Aa|xé6a, a proposé Ed-Dâmeh, dans le Ledja: conjecture répétéepar plusieurs autres. Voir Schenkel, Bibellexikon, t. i, p. 579; Kitto, Cyclopmdia ofbiblical literature, 1. 1, p. 631; Armstrong, Names and Places in the Old Testament, p. 49. Ce dernier auteur, à cause sans doute de la leçonsyriaque Romtô, pense à Er-Remthéh, au sud-est deDer’ât (Édrei). Enfin Furrer, Zur Ostjordanischen Topographie] dans la Zeitschrift des deutschen Palàstina-Vereins, t. xiii, p. 200, pense à’Athamân, au nord deDer’ât, au delà de l’Ouddi Thâlîth, en ajoutant toutefoisqu’il n’ose pas prendre une décision.

S’il y a quelque chose d’assez certain, c’est que Dathemane saurait être au midi du Bosor du ^. 28; l’armée deJudas marchait dans la direction du nord, et quoiqu’ellefît un détour «dans le désert de Bosor» pour prendrecette ville, le texte dit qu’ensuite elle «marcha de là jusqu’àla forteresse»: expression qui empêche d’admettrequ’elle revint sur ses pas vers le midi. Malheureusem*ntle site de Bosor reste aussi très douteux. On n’est pasmême d’accord sur la question de savoir s’il s’agit dans «e chapitre de deux ou trois villes aux noms analogues.Voir Barasa, t. i, col 1448-1449; Bosor, 2, 3, col. 18571859; Bosra 2, col. 1860-1864. D’un autre côté, l’opiniond’Ewald, qui place Dathéma au centre du Ledja, noussemble mener trop loin vers le nord. Ce pays âpre etsauvage, il est vrai, était excellemment propre à servirde refuge aux Juifs menacés; mais il était à une grandedistance de ce qu’on entend ordinairement par «le paysde Galaad», dont les réfugiés étaient partis. En somme,

il nous paraît probable que le Bosor du y. 28 doit êtrecherché quelque part au midi d’Er-Remthéh ou de Der’ât, à l’est du chemin du pèlerinage de la Mecque, dans lesdistricts encore peu connus d’Ez-Zumléh et d’Es-Çutveit.Dans ce cas, Dathéma pourrait être Er-Remthéh ou peut-êtreEl-Hosn, au sud-est d’Er-Remthéh, dans la partieorientale des montagnes de’Adjlûn. Car El-ffo$n aussiest une localité antique, dont le nom ancien est jusqu’iciinconnu. Mais le nom arabe moderne signifie «la forteresse», tô ô-/ûp(i>|j.a, nom commun que le texte sacréapplique jusqu’à quatre fois à Dathéma, et que la versionsyriaque traduit par hesnô. J. vax Kasteren.

    1. DATTE##

DATTE, fruit du palmierdattier. Voir Palmier.

    1. DATTIER##

DATTIER, arbre qui produit les dattes. Voir Palmier.

    1. DAUBUS Charles##

DAUBUS Charles, protestant, né en 1670, morten 1740. Il appartenait à une famille de ministres calvinistes.Lors de la révocation de I’édit de Nantes, il passaà Londres et, après avoir souscrit à la confession de foide l’église anglicane, put exercer les fonctions de pasteurà Brotherion. Nous avons de cet auteur: Pro testimoniôFlavii Josephi de Jesu Christi libri ii, cuni J. E. Grabiiprmfatwne, in-8°, Londres, 1706; À perpétuai commentaryon the Révélation of St. John, in-f°, Londres, 1720.

— Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, p. 138.

B. Heurtebize.

    1. DAUPHIN##

DAUPHIN, cétacé cétodonle (fig. 482), aux mâchoiresgarnies de dents nombreuses, et à la tête ter482. — Le dauphin.

minée par une sorte de museau aplati et étroit, qui a faitdonner à l’espèce la plus commune, celle du delphinusdelphis, le nom d’ «oie de mer» ou «bec d’oie». Cecétacé n’a qu’un seul évent sur la tête. Le dauphin vulgairea environ deux mètres de longueur. Il se nourritde poissons, et aime à prendre ses ébats autour des navires, près desquels il rencontre une proie abondante etfacile, attirée par les déchets qu’on jette du bord. Cen’est donc pas par l’effet de mœurs douces et familièresque le dauphin s’approche ainsi de l’homme. Ce mammifèreest, au contraire, proportionnellement à sa taille, le plus brutal et le plus vorace des cétacés. Les histoiresque les anciens racontent sur la prétendue amitié dudauphin pour l’homme ne peuvent dès lors se rapporterqu’à des cétacés plus sociables, comme le phoque, ouaux cétacés herbivores, comme le lamantin ou le dugong.— Le dauphin n’est pas désigné nommément dansla Bible. Les Hébreux qui allaient sur mer l’ont certainementvu, car il abonde partout, particulièrement dansla Méditerranée. Si les écrivains sacrés ont l’intention dele désigner, ils le comprennent vraisemblablement dansle terme général de (annîm. Voir Cétacés. Quelques auteursont cru qu’il pourrait être identifié avec le (ahaiS, cet animal dont la peau a été employée au désert pourla couverture du Tabernacle. Mais le dauphin n’est pasd’une capture assez facile pour qu’on ait pu, à cetteépoque, le prendre en grande quantité dans la mer Rouge.

Voir Dugoxg.

H. Lesêtre.

    1. DAVENANT John##

DAVENANT John, prélat anglican, né à Londresen 1576, mort à Cambridge le 20 avril 1641. Il étudiaà l’université de Cambridge, où, en 1609, il fut appelé à enseigner la théologie. En 1614, il y devint principaldu collège de la Reine. Jacques Ier, en 1618, le désignacomme membre du synode de Dort, et trois ans plustard il était nommé évêque de Salisbury. Ses coreligionnaireslui reprochaient ses tendances au calvinisme.Parmi ses écrits, nous ne mentionnerons que Expositio Epislolæ D. Pauli ad Colossenses, in-f°, Cambridge, 1627.En tête de l’édition de cet ouvrage, publiée à Birmingham, 2 in-8°, 1831, se trouve la Vie de J. Davenant. —Voir W. Orme, Biblioiheca biblica, p. 139.

B. Heurtebize.

1. DAVID (hébreu: Dâvid ou Dâvîd; Septante: Δαβίδ, Δαυίδ, Δαυεὶδ, «le bién-aimé»), le deuxième roi dupeuple de Dieu, 1055-1015 avant l’ère chrétienne, suivant la chronologie ordinaire.

I. Avant sa royauté.

Sa jeunesse, son élection et son séjour à la cour de Saül.

David était le huitièmeet le plus jeune fils d’Isaï ou Jessé, le Bethléhémite.Sa famille était une des plus considérées de la tribu deJuda. Il avait les cheveux blonds, un visage gracieux.I Reg., xvii, 42. Son père lui avait confié la garde de sestroupeaux. Aussi vigoureux qu’aimable, l’audacieux bergerpoursuivait les ours et les lions, qui venaient ravir sesbrebis; il luttait contre eux, leur arrachait leur proie etles étranglait, quand ils se jetaient sur lui. I Reg., xvii, 34-36. Le Seigneur le choisit pour remplacer Saül, qu’ilavait rejeté, et le désigna à Samuel, qui lui donna l’onctionroyale. Personne, dans l’entourage du jeune homme, ne sembla comprendre la haute signification de cetteonction; mais l’Esprit de Jéhovah fut dès lors avec Davidet le prépara mystérieusem*nt à sa future mission. I Reg, xvi, 1-14. C’est dans ce dessein qu’il le fit venir à la cour.Saül, agité par l’esprit mauvais, demanda un harpistehabile, qui pût calmer ses accès de mélancolie et defureur. Un de ses officiers lui désigna le fils d’Isaï, quià la vigueur, à la sagesse et à la beauté joignait l’art dejouer de la harpe, kinnor. Isaï envoya David avec desprésents. Saül l’aima dès l’abord et en fit son écuyer.Chaque fois que l’esprit mauvais s’emparait du roi, Davidjouait de la harpe, et Saül était soulagé. I Reg., xvi, 15-23. Ce premier séjour à la cour ne fut que passager, car la suite de l’histoire montre que Saül connaissait trèspeu David.

Celui-ci révéla sa valeur guerrière dans une campagnecontre les Philistins. Au début, quand ses trois frèresaînés avaient rejoint l’armée, il était retourné à Bethléhempaître son troupeau. Isaï l’envoya au camp porterdes provisions à ses fils. David parvint à Magala au momentoù le combat allait s’engager. Laissant les vivreset les cadeaux qu’il apportait aux mains de l’officier préposéà la garde des bagages, il courut s’enquérir de l’étatde ses frères. Il entendit l’arrogant défi de Goliath.Apprenant en même temps la récompense promise, ils’offrit, malgré les injustes reproches de son ainé, Éliab, qui l’accusait d’orgueil et de présomption, à combattre legéant. La différence d’âge et de force des deux adversairesn’empêcha pas Saül d’acquiescer à ce désir. Le roi donnaau pâtre sa propre armure; mais sous ce costume guerrier, auquel il n’était pas accoutumé, David n’avait pas laliberté de ses mouvements. Plus confiant en la protectiondivine que dans les armes royales, il reprit sa houletteou son bâton de voyage, choisit dans le lit du torrent cinqpierres très polies, et les mit dans sa panetière; puis, safronde à la main, il s’avança vers le Philistin, furieuxd’être attaqué par un aussi faible adversaire. Rempli d’uneinébranlable confiance en Dieu, qui devait venger sonhonneur outragé, il mit une pierre dans sa fronde et lalança prestement. Elle frappa au front le géant, qui tombasous le coup. David se jeta sur Goliath, et de sa propreépée lui trancha la tête. La portant à sa main, il fut présentépar Abner à Saül. Le roi prit alors sur lui desinformations. On en a conclu trop vite qu’il ne le connaissaitpas, et que ce récit était en contradiction avecla narration du séjour de David à la cour comme harpisteet écuyer. L’objection a été résolue de plusieurs manièresdifférentes. Comme ce passage manque dans la version, des Septante, le texte hébreu peut passer comme un targumqui mêle au récit primitif des détails puisés à d’autres sourcesou à des légendes populaires. J. P.. P. Martin, Introduction à la critique générale de l’Ancien Testament. De l’origine du Pentateuque, t. 1, Paris, 1886-1887, p. 62-68. Pour d’autres, s’il n’y a pas interpolation, il y aau moins interversion des récits, et David n’a exercé les fonctionsde harpiste et d’écuyer à la cour de Saül qu’aprèssa victoire sur Goliath. Le plus souvent, les commentateurssuivent l’ordre actuel du texte hébreu, etobservent simplement que Saül demanda à Abner, nonpas qui David était, mais à quelle famille il appartenait.Le roi connaissait son écuyer, mais il ignorait son origine etsa vie antérieure; il n’avait pas eu l’occasion de s’eninformer durant les fonctions momentanées et intermittentesqu’il avait remplies auprès de sa personne. F. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., 1896, t. ii, p. 87-88, etLes Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iv, p. 495-498; F. de Hummelauer, Commentarius in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 13 et 182-185. Plus tard, David apporta à Jérusalem la tête du géant, et mit ses armesdans sa tente comme un trophée. I Reg., xvii, 12-58. Quant à l’épée de Goliath, elle fut exposée dansle sanctuaire de Nob. I Reg., xxi, 9.

Cet exploit valut à David la tendre et forte amitié deJonathas et l’honneur de demeurer définitivement et d’unemanière permanente à la cour. Saül chargea son vaillantécuyer de diriger plusieurs expéditions guerrières. Davidy eut un plein succès. Le peuple et les courtisans eux-mêmesaimaient l’heureux capitaine. Or, au retour d’unecampagne contre les Philistins, les femmes d’Israëlvinrent à la rencontre du vainqueur et chantèrent enchœur: «Saül en a tué mille, et David dix mille.» Cetéloge excita la jalousie du roi, qui craignit dès lors derencontrer en David le rival dont lui avait parlé Samuel.I Reg., xv, 28. Saül ne vit plus David de bon œil, et dèsle lendemain, dans un transport de frénésie, il essayade le percer de sa lance, tandis qu’il jouait de la harpedevant lui. David se détourna et évita le coup à deuxreprises. Saül craignit davantage celui que le Seigneurprotégeait si visiblement, et, pour l’éloigner de sa personne, il le promut à un commandement de mille hommes.David menait sa troupe à de difficiles combats et la ramenaitvictorieuse. Le peuple l’aimait de plus en plus. Saül, qui n’osait pas le tuer, espéra qu’il périrait par le glaivedes Philistins, et, sous prétexte de lui faire mériter lamain de sa fille Mérob, il l’engagea dans les plus grandsdangers. Heureux dans toutes ses entreprises grâce à laprotection divine, David échappa au péril. Infidèle à saparole, Saül lui refusa Mérob, qui lui était déjà due enrécompense de la mort de Goliath. Il lui promit sa secondefille, Michol, qui l’aimait, à la condition qu’ilapporterait en guise de douaire la dépouille de cent Philistins.C’était un nouveau piège: Saül espérait que lehéros tomberait entre les mains des ennemis; mais Davidfournit le double des trophées demandés et le roi futobligé de lui donner Michol. L’aversion de Saül granditavec les succès et la fortune de son rival. I Reg., xviii, 1-30.

Bientôt le roi ne dissimula plus sa haine et donnaouvertement l’ordre de tuer David. Jonathas apaisa momentanémentson père, en faisant valoir les services renduspar son ami. David reprit à la cour ses fonctionsaccoutumées. De nouveaux exploits contre les Philistinsrallumèrent la jalousie de Saül, qui tenta derechef depercer David de sa lance. David s’enfuit dans sa maison, où Saül le fit surveiller par ses gardes; mais Michol fitévader son mari par une fenêtre, et pour laisser au fugitifle temps de se mettre en sûreté, elle eut recours à diversstratagèmes, qui réussirent. David rejoignit Samuel à En cours Ramatha, et tous deux se retirèrent à Naïoth. Saûl, à trois reprises, envoya arrêter David; il alla lai-même àNaïoth; mais il prit part aux exercices pieux des prophèteset ne pensa plus à s’emparer de l’oint du Seigneur. I Reg., xix, 1-24. David revint à Gabaa consulter Jonathâs. Lesdeux amis se lièrent par des serments éternels. Davidproposa un expédient pour connaître les sentiments duroi à son égard. Le second jour de la néoménie, Saül demandacompte de son absence à sa table. Comme il étaitconvenu, Jonathâs répondit que David assistait à une fêtede famille, à Bethléhem. Loin d’accepter cette excuse, Saûl s’emporta contre Jonathâs et menaça David de mort.Celai-ci en fut averti par le signal concerté, et les deuxamis se séparèrent en pleurant. I Reg., xx, 1-43.

2° Vie errante de David. — David proscrit menadésormais une vie errante et remplie d’aventures. Il serendit d’abord à Nobé, auprès du grand prêtre Achimélech(voir t. i, col. 140-142), et reçut de ses mains, avecdes pains de proposition, l’épée de Goliath, qui avait étéconsacrée au Seigneur. Il passa ensuite chez Achis, roide Geth, et, afin de conjurer le danger qu’il courait aumilieu des ennemis de son peuple, il contrefit l’insensé, selon une ruse assez familière aux Orientaux. I Reg., xxi, 1-15. Voir t. i, col. 144-145. Congédié avec mépris, il se retira dans la caverne d’Odollam. Craignant sansdoute d’être persécutés à cause de lui, ses frères le rejoignirent.Les débiteurs insolvables et les mécontents duroyaume se réunirent à lui, et bientôt il fut à la tête d’environquatre cents hommes. L’exilé conduisit sa troupe àMaspha, au pays deMoab. Abiathar, échappé seul au massacrede sa famille, s’enfuit auprès de David; il emportaitavec lui l’éphod, qu’il consulta souvent. Voir t. i, col. 45-46. Rappelé par le prophète Gad, David rentradans sa patrie et se cacha dans la forêt de Haret. I Reg., xxii, 1-5. Avec ses six cents hommes, il délivra les habitantsde Céila d’une incursion des Philistins. Saül voulutle cerner dans cette ville. Averti par le Seigneur que leshabitants, qu’il avait sauvés, allaient le trahir, David ensortit et erra de différents côtés avec sa troupe. Voir t. ii, col. 388. Il trouva un refuge dans la montagne boisée deZiph, où Jonathâs vint le réconforter et renouveler leuralliance. Invités de fournir des subsides, les Ziphéensdénoncèrent à Saül la présence de David dans leurs parageset s’offrirent à le livrer. David se retira dans ledésert de Maon; le roi l’y poursuivit. Il le serrait de trèsprès et il l’aurait pris, si une invasion subite des Philistinsne l’eût obligé à rebrousser chemin. I Reg., xxiii, 1-28.

David passa à Engaddi. Après avoir repoussé les Philistins, Saûl vint l’attaquer. S’étant retiré seul dans unecaverne, où David était caché, il fut à la merci de sonadversaire. David eut la magnanimité de ne pas profiterde la circonstance; il réussit à arrêter ses ardents compagnons, et se contenta de couper un pan du manteauroyal. Saül reconnut que David était plus juste que lui, et il le pria d’épargner sa famille, quand il serait roi.I Reg., xxiv, 1-23. Pour ne pas être trop longtemps acharge aux mêmes habitants, David changeait souventde retraite. Il descendit dans le désert de Pharan, et fitdemander des vivres au riche Nabal. Bien que ses bergersreconnussent la bonté de David à leur égard et laprotection dont il les entourait, celui-ci refusa insolemment.David voulait punir Nabal; mais à la prière de safemme Abigaïl (voir ce nom, t. i, col. 47-49), il oubliason affreux serment de tout détruire dans la maison deNabal, et il pardonna généreusem*nt les outrages reçus.Nabal étant mort dix jours plus tard, David épousa Abigaïl.Il avait pris auparavant Achinoam (voir ce nom, 1. 1, col. 143) pour femme, quand Saül avait donné Micholà un autre. I Reg., xxv, 1-44. Les Ziphéens dénoncèrentde nouveau David. Saül se mit à sa poursuite et tombaune seconde fois entre ses mains. David pénétra dans latente du roi, pendant qu’il dormait, et au lieu de le tuer,


comme le voulait son compagnon, il prit seulement salance et sa coupe. Sorti du camp, il interpella ironiquementAbner, et Saül réveillé rendit justice à l’innocencede celui qu’il persécutait, et s’en retourna chez lui. I Reg., xxvi, 1-25. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 263, note, ne voit dans cet épisode qu’un second récit de la rencontrede la caverne. Mais «le lieu, les circonstances, l’époque, sont différents. Ce n’est pas le même fait racontédeux fois avec des circonstances diverses; ce sontdeux faits parfaitement distincts. David cherchait à désarmerle roi en multipliant les preuves de son respectpour sa vie». M» ’Meignan, David, Paris, 1880, p. 24, note.

N’osant pas se fier aux promesses de Saûl, David seretira de nouveau chez les Philistins. Achis l’accueillitcette fois et lui donna Siceleg. De là, pendant quatremois, David fît des razzias sur le territoire des Amaléciteset d’autres tribus. I Reg., xxvii, 1-12. Il se trouva ensuitedans une situation bien embarrassante. Achis, en guerreavec les Hébreux, voulut l’emmener et l’établit chef desa garde. I Reg., xxviii, 1 et 2. Mais ses officiers, craignantque David ne fît volte-face durant la bataille, lecontraignirent à renvoyer du camp l’étranger. I Reg., xxix, 2-11. Cette décision épargna à David de prendrepart à la guerre contre ses compatriotes. Quand il rentraà Siceleg, il trouva cette ville prise et brûlée par les Amalécites, qui avaient emmené en captivité les femmes etles enfants. Sa troupe, désespérée, s’en prit à" lui et voulutle lapider. Dieu ne le délaissa pas dans cette affliction, et sur son ordre David poursuivit les Amalécites. Guidépar un esclave égyptien, il les rejoignit alors qu’ils célébraientleur victoire dans une orgie, les battit et reprittout ce qu’ils avaient enlevé. Il partagea le butin entretous ses hommes, et il préleva sur sa paît de riches cadeaux, qu’il envoya à ses amis de Juda. I Reg., xxx, 1-31.Cependant Saül et Jonathâs périrent dans la guerre contreles Philistins. Un fuyard amalécite en apporta la nouvelleà David, qui déchira ses vêtements en signe de deuil etfît tuer le messager de malheur, qui se faisait un mérited’avoir frappé Saûl. Sous le coup d’une douleur sincère, David pleura le père, qui l’avait si cruellement persécuté, et le fils, qui lui avait voué une si généreuse amitié, etil composa sur leur mort une touchante élégie, intitulée «le chant de l’arc». II Reg., i, 1-27. Cf. A.-H. Pareau, Elegia Davidis in Saulem et Jonathanem, Groningue, 1826; F. W. C. Umbreit, David und Jonatham. Lied derFreundschaft, Heidelberg, 1844.

II. Règne de David. — 1° À Hébron. — David, quiavait alors trente ans, II Reg., v, 4, ne farda pas à revendiquerles droits à la royauté que lui avait conférés.l’onction sainte. Sur l’ordre du Seigneur, il se hâta dese rendre sur le territoire de Juda, et il se fixa à Hébronavec ses hommes. Les Judéens le reconnurent pour roiet inaugurèrent son règne par une onction publique etsolennelle. Les autres tribus se rangèrent sous le sceptred’Isboseth, fils de Saûl. David s’empressa de témoignersa reconnaissance aux habitants de Jabès-Galaad, quiavaient enseveli Saûl, et il leur fit annoncer son avènementau trône. Abner, qui avait élu Isboseth et qui commandaitson armée, attaqua les troupes de David et futbattu à Gabaon. II Reg., ii, 1-32; I Par., xi, 1-3; xii, 23-40. Le roi, à qui la guerre civile répugnait et qui avaitdû se défendre, n’assistait pas à cette bataille. Il se maintintà Hébron, où sa famille s’accrut, tandis que le partid’Isboseth dépérissait. Six fils lui naquirent de ses cinqfemmes, Achinoam, Abigaïl, Maacha, Haggith et Égla.II Reg., iii, 1-5; I Par., iii, 1-3. Abner, en querelle avecIsboseth, se rapprocha de David et s’engagea à le fairereconnaître par tout Israël. Au préalable, David réclamaMichol, qui lui fut rendue. Abner, ayant gagné à sa causeles anciens des onze tribus, vint à Hébron, et David fiten son honneur un grand festin. Mais, par vengeance oupar envie, Joab fit traîtreusem*nt périr Abner. David

II. — 42

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repoussa toute solidarité dans cet odieux attentat; il menale deuil d’Abner, et épancha sa douleur dans un chantélégiaque, dont le commencement seul nous est parvenu.Il n’osa pas punir Joab, qui était très puissant; mais ilprononça contre lui une terrible imprécation. Sa douleursincère fit taire les soupçons qui s’étaient répandus sursa complicité dans l’assassinat d’Abner. II Reg., iii, 12-39.Voir t. i, col. 62-66. Deux chefs de voleurs tuèrent Isbosethet apportèrent sa tête à David, qui les punit de mort.II Reg., iv, 1-12. Alors toutes les tribus d’Israël reconnurentDavid pour leur roi, et les anciens lui conférèrentune troisième onction royale. Son règne à Hébron, sur laseule tribu de Juda, avait duré sept ans et demi. II Reg., v, 1-5.

2° Débuts du règne de David sur tout Israël. — Davidinaugura son règne sur tout Israël par un brillant exploit.Il marcha sur Jérusalem et s’empara de la forteresse deSion, qui était encore au pouvoir des Jébuséens. Il s’yétablit et la fit entourer de murs. Il existe encore à Jérusalemune tour rectangulaire, nommée tour de David.Bien que la construction actuelle soit généralement attribuéeà Hérode, ses fondations et le massif principalpeuvent être considérés comme l’ouvrage de David etmême des Jébuséens. F. de Saulcy, Voyage autour de lamer Morte, Paris, 1852, t. ii, p. 369-371; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 194-199; Ma’Meignan, David, Paris, 1889, p. 94-95. Jérusalem devint la cité de Davidet la capitale de son royaume. Par cet acte important, David fut le véritable fondateur du royaume d’Israël. «Enlui donnant une tête et un centre, il cessa d’être unsimple chef du peuple, comme l’avait été Saùl, commel’étaient les scheikhs des tribus voisines, maîtres sur leurterritoire, mais ignorants de toute administration et sansrelations suivies au dehors. Il commença à être un vraimonarque, comme les rois d’Egypte et d’Assyrie, avecune organisation politique et une administration régulièrequi se maintinrent et durèrent, au moins pour lefond, jusqu’à la ruine d’Israël.» F. Vigoureux, Manuelbiblique, 9e édit., 1895, t. ii, p. 111-112. Il déploya dèslors un certain luxe, fit construire un palais, eut unecour, augmenta son harem de nouvelles* concubines, dont il eut des enfants. I Par., iii, 5-9; xiv, 1-7. LesPhilistins lui déclarèrent la guerre et furent défaits àBaal-Pharasim et à Gabaon. II Reg., v, 6-25; I Par., xi, 4-7; xiv, 8-17. C’est dans cette campagne qu’on placel’épisode de l’eau, que de braves guerriers allèrent puiser, au péril de leur vie, à la citerne de Bethléhem, pourétancher la soif de David. Mais le roi aurait cru boire lesang des siens; il refusa de se désaltérer, offrit l’eau auSeigneur et la répandit sur terre en son honneur. II Reg., xxm, 13-17; I Par., xi, 13-19. À cinq cents mètres aunord-ouest de Bethléhem, il existe trois citernes, queles Arabes appellent Biar Daoûd, «puits de David,» etdont l’une serait celle où les trois guerriers puisèrent.Mais quelques voyageurs infirment la tradition actuelle, en remarquant que le récit biblique place la citerne à laporte de Bethléhem. F. de Saulcy, Voyage autour de lamer Morte, Paris, 1852, 1. 1, p. 135-136; V. Guérin, Judée, t. i, p. 190-192; voir aussi t. i, col. 1694.

Après avoir restauré et consolidé l’unité politique de lanation par l’établissem*nt d’une capitale, David prit soindé faire de Jérusalem le centre du culte divin. Dans cedessein, il y fit transporter l’arche, qui était restée à Cariathiarim, chez Abinadab. La translation fut douloureusem*ntinterrompue par la mort d’Oza. Frappé de craintepar ce tragique événement, David fit déposer l’arche dansla maison d’Obédédom. Ayant appris, au bout de troismois, que la bénédiction divine était venue avec l’archedans cette maison, il reprit son projet primitif, et introduisitsolennellement et au milieu des réjouissances publiquesl’arche à Sion. Lui-même, vêtu d’un éphod delin, comme un lévite, dansait et menait le chœur devantle Seigneur. Cet acte de piété et d’humilité lui attira le

mépris et les reproches de Michol. David répondit qu’ens’humiliant devant Dieu, qui l’avait préféré à Saùl, ilparaissait plus glorieux aux yeux de son peuple. II Reg., vi, 1-23; I Par., xiii, 1-14; xv, 1-29; xvi, 1-43. Clair, Leslivres des Bois, Pans, 1884, t. ii, p. 38-39. Voir Danse, t. ii, col. 1288. David conçut alors le dessein de bâtir untemple au Seigneur; mais Jéhovah lui fit dire par le prophèteNathan que cet honneur était réservé à son fils etsuccesseur, et, pour récompenser sa piété, il lui promitque son règne serait éternel. David en remercia Dieu etle pria avec ferveur de réaliser ses promesses. II Reg., vu, 1-29; I Par., xvii, 1-27. Voir t. i, col. 920-921.

3° Conquêtes de David. — Dieu donna la victoire auxarmées de David. Le roi battit de nouveau les Philistinset leur imposa le tribut; il défit les Moabites, et, selonl’inexorable loi de la guerre de ce temps, il fit périr lesdeux tiers des prisonniers. Il triompha aussi d’Adarézer, roi de Soba, et des Syriens, qui étaient venus à son secours.Voir t. i, col. 211-213. Le roi d’Énlath lui envoyades présents, qui furent consacrés au Seigneur avec lesdépouilles prises sur l’ennemi dans les guerres précédentes.David remporta encore une grande victoire dansla vallée des Salines et conquit l’Idumée. Il fut dès lorsun roi très puissant, et sa cour comptait un grand nombred’officiers. II Reg., viii, 1-18. Il n’oublia pas dans saprospérité la famille du malheureux Saùl; il fit venir àJérusalem Miphiboseth, fils de Jonathas, l’admit à sa tableet chargea Siba d’administrer ses biens. II Reg., ix, 1-13;

I Par., xviii, 1-17. La guerre reprit bientôt. Le nouveauroi des Ammonites vit des espions dans les députés queDavid lui adressait, et il les renvoya avec déshonneur.Pour venger cet affront, David dirigea toutes ses troupescontre les Ammonites et leurs alliés. Une première victoirefut remportée par Joab. Les Syriens ayant reprisl’offensive, David lui-même les tailla en pièces. Ils sesoumirent aux conditions de paix qui leur furent imposéeset renoncèrent à secourir désormais les Ammonites.

II Reg., x, 1-19; I Par., xix, 1-19. Voir t. i, col. 496.

4° Chute de David, son repentir et son expiation. —L’année suivante, le roi envoya Joab attaquer les Ammonites.Pendant que l’armée assiégeait Rabba, David, livréà l’inaction dans Jérusalem, tomba dans la faute la plusgrave de sa vie et devint adultère et homicide. Bethsabéefut séduite; Urie, son époux, fut exposé au péril et lâchementabandonné. Le coupable se consola facilement dala défaite infligée à son armée, et, le temps du deuilécoulé, il épousa Bethsabée. II Reg., xi, 1-27. Voir t. i, col. 1712-1713. Par ordre du Seigneur justement irrité, Nathan, dans un ingénieux apologue, fit comprendre avecfermeté et prudence sa faute à David, et lui en annonçala punition: le glaive ne devait plus sortir de sa maison.Atteint par sa propre sentence, David n’excuse ni ne diminueson crime; il le confesse humblement et s’écrie: «J’ai péché contre le Seigneur.» Son repentir est si sincère, que Dieu accorde aussitôt le pardon, tout en exigeantl’expiation de la faute. David accepte le châtimentqu’il a mérité, et par sa pénitence devient le modèle despécheurs repentants. F. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 118119; Les Livres Saints et la critiquerationaliste, 1™ édit., t. iv, p. 82-84. L’enfant adultérinmourut; mais Bethsabée donna le jour à Salomon, quele Seigneur aima. Cependant la guerre avec Ammoncontinuait. Pour la terminer, David assembla tout lepeuple et marcha en personne contre Rabba, qu’il pritaprès quelques combats. Il traita cruellement les vaincus.II Reg., xii, 1-31; I Par., xx, 1-3. Ces cruautés, qui nousfont horreur et qu’il ne faut point atténuer à l’exemplede Danz, De mitigata David in Ammonitas crudelitate, Iéna, 1710, s’expliquent suffisamment, sans s’excuser, par les mœurs barbares de l’époque. D’ailleurs, David, qui peut- être cédait à la pression de ses farouches soldats, appliquait aux Ammonites la peine du talion. Leurroi, Naas, répondait aux habitants de Jabès-Galaad que

pour toute composition il leur ferait arracher à tous l’oeildroit. 1 Reg., xi, 1 et 2. Cf. Amos, i, 13. Renan lui-même, Histoire du peuple d’Israël, t. ii, p. 42, reconnaît que «la cruauté a toujours fait partie de la guerre en Orient.La terreur est considérée comme une force. Les Assyriens, dans les bas-reliefs des palais, représentent les supplicesdes vaincus comme un acte glorieux». Cf. J. D. Michælis, Mosaisches Recht, 3e édit., Francfort-sur-le-Main, 1793, t. i, p. 370-378; Mo’Meignan, David, 1889, p. 43-46.

En punition du péché de David, deux crimes énormes, l’inceste d’Amnon (voir t. i, col. 500-501) et le fratricided’Absalom (voir 1. 1, col. 92-99), souillèrent et désolèrent lepalais du roi. II Reg., xiii, 1-39. L’exil d’Absalom duratrois ans. L’industrieuse intervention de la femme deThécué auprès de David le fit cesser. Revenu à Jérusalem, Absalom passa encore deux ans sans être reçu parson père. II Reg., xiv, 1-33. Rentré enfin en grâce, ililatta le peuple, et, sous prétexte d’aller offrir un sacrificeà Hébron, il y rassembla la foule et fut proclaméroi. Vieux et désolé, David s’enfuit avec ses serviteursfidèles. Sa fuite fut marquée par des scènes émouvantes.Après avoir passé le torrent du Cédron et renvoyé l’archeà Jérusalem, il gravit la colline des Oliviers, nu-pieds, la tête enveloppée en signe de deuil et en pleurant. Ausommet, il conseilla à Chusaï (t. ii, col. 746-748) de rentrerà Jérusalem, pour contrebalancer l’influence d’Achitophel(t. i, col. 146-147) dans les conseils d’Absalom.II Reg., xv, 1-37. Plus loin, Siba apporta au fugitif desprésents, et reçut en récompense les biens de Miphiboseth, qu’il administrait. À Bahurim, Séméi, parent deSaûl, maudit David et lui jeta des pierres; le roi lui pardonnases injures. II Reg., xvi. Ainsi trompé par lesuns et injurié par les autres, David traversa avec résignationtoutes les épreuves de la mauvaise fortune. Aprèsavoir déshonoré les dix concubines de son père, Absalomvoulait poursuivre aussitôt le fugitif. Il renonça à ceprojet sur l’avis de Chusaï. Celui-ci prévint David et luiconseilla de passer le Jourdain; ce qui fut fait à la pointedu jour. II Reg., xvii. Quand Absalom rejoignit son père, celui-ci, qui avait été bien reçu par les habitants deManahaïm, avait organisé son armée, et il put l’opposeraux forces du rebelle. Dans l’espoir de la victoire, il exigeaqu’on épargnât la vie d’Absalom, qui périt néanmoins. Enapprenant la mort tragique de son fils qu’il aimait, David, saisi d’une douleur profonde, monta dans une chambresituée au-dessus de la porte de la ville et pleura Absalom.II Reg., xviii, 1-33. Cependant il dut faire trêve àson chagrin pour passer en revue son armée victorieuse.Revenu à de meilleurs sentiments, le peuple rappelason roi, qui se mit en route vers Jérusalem. Le retourfut une marche triomphale. Les partisans d’Absalom sesoumirent. Séméi obtint sa grâce; Miphiboseth se justifia; Berzellaï refusa la récompense qui lui était offerte, et David repassa le Jourdain. II Reg., XIX. La révolte deSéba fut vite réprimée. II Reg., xx, 1-22. Le règne deDavid fut encore attristé par une famine qui sévit duranttrois années. Le Seigneur consulté répondit qu’elle étaitla punition des cruautés de Saül à l’égard des Gabaonites.Ceux-ci, d’autre part, poussés par le désir de la vengeance, demandèrent la mort des sept descendants deSaûl. David, se conformant au précepte qui ordonnait depunir l’homicide par le sang, Num., xxxv, 33, les leurlivra; mais il épargna Miphiboseth, à cause du sermentqu’il avait fait à Jonathas. Ayant appris la belle conduitede Respha, qui chassait les oiseaux de proie loin descadavres de ses fils, David fit ensevelir les crucifiés avecSaùl et Jonathas.

5° Derniers jours du règne de David. — La paix futde nouveau rompue avec les Philistins, et le récit bibliqueréunit quatre expéditions successives. Dans la première, David fatigué faillit être tué par Jesbibenob. Ses hommess’engagèrent par serment à ne plus le laisser aller au

combat, de peur d’éteindre la «lampe d’Israël». Dans lestrois autres campagnes, le succès fut constamment ducôté des Juifs. II Reg., xxi, 15-22. David composaun cantique d’action de grâces pour toutes ses victoires.H Reg., xxii, 1-51. Le roi était vieux. Dans un poème, qui fut son testament, il exprima la confiance absolueque lui inspirait la promesse de l’éternelle durée de sarace. II Reg., xxiii, 1-7. Des pensées d’orgueil et d’ambition, suggérées par Satan, le portèrent à opérer ledénombrement de son peuple, que Joab jugeait inutile.Au point de vue théocratique, c’était une faute, puisquela force d’Israël n’était pas dans le nombre des hommes, mais dans la protection du Seigneur. David compritbientôt sa folie, et le Seigneur, voulant en tirer vengeance, lui proposa par la bouche du prophète Gad lechoix entre trois fléaux, la famine, la guerre ou lapeste. David, préférant tomber entre les mains du Dieudes miséricordes, préféra la peste, qui fit soixante-dixmille victimes. Le roi demanda que l’ange exterminateurle frappât, lui et sa famille, plutôt que son peuple.Un sacrifice, offert sur l’aire d’Areuna, apaisa la colèredivine, et la peste cessa. II Reg., xxiv, 1-25; I Par., xxi, 1-30.

David prit à son service Abisag, la Sunamite (voir 1. 1, col. 58-59), et eut à contenir l’ambition de son fils Adonias(voir t. r, col. 224-226), qui se posait en héritier dutrône. Nathan et Bethsabée décidèrent le roi à désignerSalomon pour lui succéder. Afin d’assurer ses droits à lasuccession, il le fit sacrer le jour même. III Reg., i, 1-40.Sentant sa fin approcher, il adressa à Salomon ses recommandationssuprêmes, qui constituent son testamentreligieux et politique. Elles peuvent se résumer en troispoints: être fidèle à Dieu, récompenser les bons serviteurset punir sévèrement les mauvais. On a reproché àDavid sa conduite envers Joab et Séméi. Pour des causesdiverses, il n’a pu se venger d’eux pendant sa vie, et ilcharge son fils de les punir. Leurs crimes étaient certains; leur conduite passée faisait présager leur conduitefuture. David s’en remet à la sagesse de Salomon, quitrouvera une occasion d’accomplir la juste vengeanceque son père n’a pas pu exercer. David mourut aprèsquarante années de règne, sept à Hébron et trente-trois àJérusalem; il fut enseveli à Sion. III Reg., ri, 1-11; I Par., xxix, 26-30. L’historien Josèphe, Ant. jud., VII, xv, 3, et XVI, viii, 1, ajoute au récit biblique que Salomon fitdéposer dans le tombeau de son père des richesses considérables, qui furent soustraites plus tard en partie parHircan et par Hérode, sans que les restes du roi fussentviolés. Théodoret, Quxst. in III Reg., qusest. VI, t. lxxx, col. 672, cite comme de Josèphe un passage, qui ne setrouve plus dans ses œuvres, et d’après lequel le tombeaude David était proche de la fontaine de Siloé. Ce renseignementest conforme d’ailleurs à ce qui est raconté dansle livre de Néhémie. Il Esdr., iii, 15 et 16. Le jour de laPentecôte, saint Pierre dit aux Juifs en parlant de David: «Son sépulcre est encore parmi nous.» Act., ii, 29. Lesmusulmans montrent aujourd’hui, au Cénacle, un fauxtombeau de David. Le véritable et authentique tombeauétait sur la colline de Sion et n’a pas été retrouvé.

6° Caractère de David et de son règne. — Depuisprès de deux siècles, les ennemis du christianisme sesont attachés à dénigrer David. Assurément David n’aété ni parfait ni innocent. La Bible raconte sincèrementses fautes et ses faiblesses, sans les excuser ni les pallier; mais elle raconte aussi son repentir et sa pénitence, etelle nous le présente comme un des plus beaux exemplesde la miséricorde de Dieu envers les pécheurs contritset repentants. Elle rapporte les actes de vertu qu’il aaccomplis, sa générosité envers Saûl, sa foi et sa religion.Les reproches qu’on lui fait s’expliquent en partie parles circonstances difficiles où il s’est trouvé, en partiepar les mœurs du temps. Quant à sa piété, s elle éclatedans une foule de traits de son histoire, et en particulier

dans le projet qu’il forma d’élever un temple au Seigneur; mais c’est surtout dans les Psaumes qu’elle brillesous le plus beau jour. Depuis qu’il a fait entendre pourla première fois ses chants inspirés, juifs et chrétiensn’ont pas cessé de les répéter; ils sont devenus la prièreuniverselle, l’aliment de la piété de toutes les âmes dévouéesà Dieu.» F. Yigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 1: 18. Un psalmiste, Ps. cxxxi, 1, a loué, selonl’hébreu, ses fatigues, les travaux qu’il s’était imposéspour la gloire de Dieu et l’honneur de son culte (sa douceurpleine de mansuétude, selon la Vulgate). L’auteur del’Ecclésiastique, xlvii, 2-13, a fait son éloge et a célébré sesliauts faits et son esprit de religion. L’Église honore Davidcomme un saint, et sa fête est inscrite au martyrologeromain à la date du 29 décembre. Cf. saint Ambroise, Apologia prophetx David; Apologia altéra prophetseDavid, t. xiv, col. 851-916; du Clôt, La Sainte Biblevengée des attaques de l’incrédulité, Lyon et Paris, 1816, t. iv, p. 60-90; F. Vigouroux, Les Livres Saints et lacritique rationaliste, . 4e édit., t. IV, p. 530-537; Ma r Meignan, David, p. 82-84.

Dieu choisit David de derrière son troupeau, II Reg., vu, 8, pour remplacer Saül sur le trône, parce qu’ilsavait qu’il serait «un homme selon son coeur, qui accompliraittoutes ses volontés». I Reg., xiii, 14; cf. Act., xin, 22. David ne fut donc pas un usurpateur; il avaitreçu de Dieu une mission qu’il a fidèlement remplie. Ilfut le véritable type du roi théocratique; il ne gouvernapas son peuple selon «es caprices, comme les despotesorientaux; mais il se montra l’instrument docile des volontésdivines. Il fut le vrai fondateur de la monarchiejuive et le chef d’une dynastie. C’est à ce titre que saintPierre, Act., ii, 29, l’appelle «patriarche». Guerrier etconquérant, David donna à son royaume l’étendue promisepar Dieu à la race d’Abraham. Gen., xv, 18; Exod., xxiii, 31; Deut., xi, 24. Son autorité fut respectée desbords de l’Euphrate, II Reg., viii, 3; I Par., xviii, 3, autorrent de l’Egypte et aux rives de la mer Rouge. Lespeuples de ces régions étaient ses tributaires. «L’empirede David était un véritable empire oriental, bâti sur lemême modèle que ceux d’Egypte et de Chaldée, maismoins large et moins durable.» G. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient, 5e édit., Paris, 1893, p. 330.

Son règne n’eut pas une moindre importance politiqueà l’intérieur qu’à l’extérieur, et lui-même nous apparaîtcomme un véritable chef d’État et un administrateurhabile. Comme nous l’avons déjà dit, il centralisa le pouvoir, en donnant à son peuple une capitale. Il organisal’armée, sa cour et le culte religieux. — 1. David, quiétait un guerrier, développa l’organisation de la forcearmée, que Saül avait commencée. La forte bande qu’ilavait constituée à Odollam et à Siceleg devint le noyaud’une excellente armée permanente. De leur nombresortirent les gibborim, c’est-à-dire «les forts, les vaillants», dont trente-sept sont nommés II Reg., xxiii, 8-34 et 53; I Par., xi, 10-47. Ils ne formaient pas unecohorte distincte, mais se tenaient auprès du roi commeses aides de camp, et recevaient selon les occasions descommandements ou des missions de confiance. Plusieursétaient célèbres par leurs exploits. Une sorte de légionétrangère, composée de Céréthéens et de Philistins (voirt. ii, col. 441-445), servait de garde du corps. Elle avaità sa tête un Hébreu, Banaïas. Quand David fut reconnuroi par tout Israël, on comptait 339600 hommes en étatde porter les armes et 1224 chefs; leur nombre est énumérétribu par tribu, I Par., xii, 23-38. En faisant ledénombrement du royaume, on trouva 1300000 hommescapables de tirer le glaive, d’après II Reg., xxiv, 9, et1570000, d’après I Par., XXI, 5. À une époque indéterminée, David institua une armée permanente. Elle compritdouze corps de 24000 hommes, qui se succédaientmois par mois pour tenir garnison à Jérusalem. Les

chefs de corps étaient pris parmi les gibborim. I Par., xxvil, 1-15. Cette armée n’avait que de l’infanterie, etne possédait ni cavalerie ni chars de guerre. David, ayantpris à Adarézer dix-sept cents cavaliers, coupa les jarretsaux chevaux et ne garda que cent chars. II Reg., viii, 4.Les armes ordinaires étaient la lance et le bouclier. Unetradition arabe attribue à David l’invention de la cotte demailles. David avait consacré au Seigneur des lances etdes boucliers pris sur l’ennemi, qui furent déposés plustard dans le Temple et utilisés par le grand prêtre Joïada.II Par., xxiii, 9. Un général en chef commandait à toutel’armée et dirigeait en temps de guerre toutes les opérations, en l’absence du roi. Voir Armée chez les Hébreux, t. i, col, 971-982. — 2. David mit de l’ordre dans l’administrationde sa maison et de son royaume. Il laissa auxchefs des tribus leurs attributions, et ceux qui fonctionnaientsous son règne sont mentionnés I Par., xxvii, 16-23. Le service de son palais et la garde de ses biensexigèrent de nombreux intendants. Outre le trésor proprementdit, qui se trouvait à Jérusalem, David possédaitdivers dépôts de sommes importantes dans les villes, lestours et les forteresses du pays. Des officiers étaient préposésau soin de la culture des champs, des vignes, etveillaient sur les celliers royaux et les magasins d’huile.D’autres surveillaient les troupeaux de bœufs, de chameaux, d’ânes et de brebis. I Par., xxvii, 25-31. Le roiavait un conseil privé, et deux des conseillers avaient lacharge de précepteurs de ses enfants. I Par., xxvii, 32-34.Suivant la coutume des rois orientaux, David exerçaitlui-même la justice. II Reg., viii, 15; I Par., xviii, 14.Les procès étaient portés à son tribunal, et il les jugeaiten souverain absolu. II Reg., xiv, 4-22; xv, 2-6. Absalomen profita pour exciter le peuple à la rébellion. Afin d’obviersans doute aux abus qui pouvaient résulter de cettejuridiction unique, David confia l’exercice de la justiceà six mille lévites. I Par., xxiii, 4. Il y avait aussi unmazkir, c’est-à-dire un grand chancelier, archiviste ethistoriographe; un sôfêr ou secrétaire d’État, II Reg., vin, 16 et 17, et un percepteur d’impôts. II Reg., XX, 24.

— 3. Quand David fit transporter l’arche d’alliance àJérusalem, il organisa le service religieux. Le dénombrementdes lévites accus’a le chiffre de 38000. Sur cenombre, 24 000 furent chargés du soin de là maison duSeigneur; 6000 rendirent la justice; 4000 remplirentl’office de portiers, et 4000 celui de chantres. Les fonctionsdes lévites autour de l’arche d’alliance furent délimitées.I Par., xxm. Quant aux prêtres, fils d’Aaron, ilsfurent divisés en vingtquatre familles, seize descendantd’Éléazar et huit d’Ithamar. I Par., xxiv, 1-19. Les chantreset musiciens furent également répartis en vingt-quatrechœurs, sous la conduite d’Asaph, d’Héman et d’Idilhun.I Par., xxv. Voir Chant sacré, Chantres du Temple, col. 553-558, et Chef des Chantres, col. 645. Ces institutionsliturgiques persévérèrent. Toutes les fois que postérieurementà David il est question dans la Bible deschants du sanctuaire, de la musique du Temple; toutesles fois qu’après une interruption plus ou moins longueils sont rétablis, on les mentionne comme dérivant duroi - prophète. Après le meurtre d’Athalie, il est ordonnéaux chefs des prêtres et des lévites de faire offrir desholocaustes avec joie et avec des cantiques, conformémentaux prescriptions de David. II Par., xxiii, 18. À la restaurationdu culte sous Ézéchias, à la première Pàquequi suivit, on joua des instruments et on chanta despsaumes de David et d’Asaph. II Par., xxix, 25-30, etxxx, 21. Quand Josias fit célébrer la fête de Pâque, depuislongtemps abandonnée, les chantres sacrés remplirentleur office selon les ordonnances de David. II Par., xxxv, 15. Après le retour de la captivité de Babylone, l’organisation introduite par David dans le service liturgiquefut rétablie, et il en reste encore une trace dansl’histoire de Zacharie, père de saint Jean-Baptiste. Luc, i, 5-9. — David ne se borna pas à régler les grands ser

vices du culte. S’il dut laisser à son fils l’honneur debâtir la maison du Seigneur, il en prépara du moins laréalisation. Il amassa des ressources et des matériaux, remit à Salomon un projet de construction et un devisdu Temple et de ses parvis, des dessins de tous les ustensilessacrés, avec l’or et l’argent nécessaires à leur fabrication.Voir Temple. Il encouragea son fils à parfaire cettenoble entreprise, et il fit connaître à l’assemblée des chefsles sommes qu’il avait recueillies pour cet objet. I Par., xxviii, 1-21, et xxix, 1-9. David pouvait donc dire auSeigneur en toute vérité: «Le zèle de votre maison m’adévoré.» Ps. lxviii, 10. Cf. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 115-117; Ma r Meignan, David, p. 91-141.

111. David psai.miste. — Les Juifs et les chrétiensreconnaissent d’un commun accord que David a composéen l’honneur de Dieu des psaumes, prières ou cantiquesen vers, que les lévites chantaient devant l’arche, ens’accompagnant des instruments de musique. Plusieurscritiques rationalistes refusent à David l’honneur d’avoirété «l’aimable psalmiste d’Israël», II Reg., xxiii, 1, etils rabaissent l’âge des psaumes d’origine davidique.Cf. E. Reuss, Le Psautier, Paris, 1875, p. 47-61; Die Geschichteder heiligen Schrift Alten Testaments, 6e édit., 1887, § 146; Th. Nôldeke, Histoire littéraire de l’AncienTestament, trad. franc., Paris, 1873, p. 183-187; E. Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. ii, p. 46. — «Essayerd’enlever à David la gloire d’avoir composé une partie denos chants sacrés, c’est une des entreprises les plus follesde l’incrédulité moderne. Si David n’a pas composé depsaumes, il n’y a plus un seul fait certain dans l’histoiredu passé; Pindare n’a écrit aucune ode, et Virgile n’estpas l’auteur. de l’Enéide.» F. Vigouroux, Les LivresSaints et la critique, 4e édit., t.iv, p. 534; cf. t. v, p. 31-34.Que David soit l’auteur de psaumes ou pièces liturgiques, c’est un fait attesté, indépendamment du psautier, parplusieurs livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.Le Psaume xvii est reproduit, II Reg., xxii, commel’œuvre de David. Les Psaumes civ et xcv sont intégralementcités au même titre. I Par., xvi, 7-36. Les chantsdu pieux roi sont rappelés Il Par., vii, 6; xxix, 30, et ilest parlé de leur exécution musicale. La réputation deDavid comme poète, chantre et harpiste, est clairementsignalée par Amos, vi, 5. Dans son éloge du roi-prophète, l’auteur de l’Ecclésiastique, xlvii, Il et 12, rappelleses institutions liturgiques, et lui fait un mérited’avoir composé de douces mélodies, yXyxotivev Wkri, queles chantres psalmodiaient devant l’autel. Nous savonspar l’auteur du second livre des Machabées, ii, 13, queNéhémie avait dans sa bibliothèque ti xoO AayeiS, «uneCollection des psaumes de David.» Le Nouveau Testamentcontinue la tradition juive et commence la tradition chrétienne.Jésus-Christ cite le Psaume cix comme de David, et il fonde sur son origine davidique un argument auquelles pharisiens ne peuvent répondre, et qui reposeraitsur une tausse supposition, si ce psaume n’était pasde David. Matth., xxii, 43 et 45; Marc, xii, 36 et 37; Luc, xx, 42 et 44. Saint Pierre, Act., i, 16 et 20; ii, 25-34, dit que David est l’auteur des Psaumes cviii, xv et cix, et, dans le second cas, il tire de ce fait un argument quiserait sans valeur si les Psaumes xv et cix étaient faussem*ntattribués à David, Saint Paul, à la synagogued’Antioche de Pisidie, donne la même démonstration dela résurrection de Jésus-Christ, Act., xiii, 35-37, en s’appuyant, lui aussi, sur la composition du Psaume xv parDavid. Les chrétiens de Jérusalem dans leur prière, Act., iv, 25 et 26, placent le début du Psaume n sur les lèvresdu saint roi. Saint Paul, Rom., iv, 6-8, donne les premiersversets du Psaume xxxj comme parole de David.Le même Apôtre cite enfui sous le nom de David lePsaume lxviii, Rom., xi, 9, et le xciv «, Hebr., iv, 7. Destémoignages aussi explicites ne peuvent être infirmés parl’hypothèse d’une erreur d’attribution, et aucun historien

de bonne foi ne saurait nier que David ne soit l’auteurau moins de quelques psaumes.

Il n’est pas possible toutefois de soutenir avec plusieursPères de l’Église, saint Philastre, Liber de hseresibus, h. cxxx, t. xii, col. 1259; saint Ambroise, Enarrat. inPs. i et xliii, t. xiv, col. 923, 1087; saint Augustin, De civitate Dei, xvii, 14, t. xii, col. 547-548, etc., queles cent cinquante psaumes sont tous de David. Dès l’antiquité, d’autres écrivains ecclésiastiques, saint Hippolyte, In Psalmos, t. x, col. 712; Origène, Selecta inPsalmos, t. xii, col. 1066: Eusèbe de Césarée, Comment, in Psalmos, proœm., in Ps. xli, lxxii et lxxvii, t. xxiii, col. 73, 368, 821, 901; saint Athanase, Arg. in Psalm., t. xxvii, col. 57; la Synopsis Scripturse Sacrse, attribuéeà ce Père, t. xxviii, col. 322; saint Hilaire de Poitiers, Tract, super Psalmos, prol., t. ix, col. 233; saint Jérôme, Epist. cxl, n° 4, t. xxii, col. 1169, etc., ont reconnu queDavid n’est pas l’unique auteur du psautier. Sur l’opiniondes Juifs, voir L. Wogue, Histoire de la Bible, Paris, 1881, p. 38-42. La multiplicité des psalmistes est aujourd’huiuniversellement admise. R. Cornely, Inlroductiospecialis in didaclicos et propheticos V. T. libros, Paris, 1887, p. 99. Et si l’usage a prévalu de désigner le psautiertout entier sous le nom de David, c’est que le roipoèteest l’auteur du plus grand nombre des psaumes, leplus célèbre des psalmistes et le modèle de tous ceuxqui l’ont suivi. Le concile de Trente, dans son décretDe canonicis Scripturis, en qualifiant le psautier de «davidique», a employé la dénomination usitée, et n’a pasjugé la question des auteurs des psaumes. Pallavicini, Histoiredu concile de Trente, l.vi, ch. xiv, trad. franc., édit.Migne, t. ii, col. 89; A. Theiner, Acta genuina concitii Tridentini, Agram, 1874, t. i, p. 66, 68, 69, 71-73, 76 et 77.

Les titres, dans le texte hébreu, attribuent à Davidsoixantetreize psaumes: m-ix, xi-xxxii, xxxiv-xli,

LI-LXV, LXVIII -LXX, LXXXVI, CI, CIII, CVIII-CX, CXXII,

cxxiv, cxxxi, cxxxiii, cxxxviii-cxlv, selon la computationde la Bible hébraïque. D’autres titres, qui se lisentdans la version grecque des Septante et dans la Vulgatelatine, lui décernent quinze autres Psaumes: x, selonl’hébreu; xxxii, xlii, lxvi, lxx, xc, xcii-xcviii, cm etcxxxvi, selon la computation de la Vulgate. Bien que cestitres ne soient pas généralement regardés comme canoniquesni comme inspirés, ils sont cependant dignes defoi, en raison de leur antiquité. Ce ne sont pas desimples conjectures, émises par les lecteurs ou les collecteursdu psautier, ce sont, pour la plupart, des documentstraditionnels, dont quelques-uns sont confirméspar les témoignages historiques rapportés précédemment, et dont la plupart sont justifiés par l’examen du contenu, de la langue et du style des psaumes. Deux psaumesseulement, le XLlie et le cxxxvie, peuvent être refusésavec certitude à David, malgré les titres. Parmi les psaumesanonymes, c’est-à-dire ceux dont le titre n’indique pasle nom de l’auteur, quelques-uns peuvent être légitimementattribués à David. Les chrétiens de Jérusalem, Act., IV, 25, lui reconnaissent la paternité du Psaume II. Or, comme selon un bon nombre de manuscrits grecs desActes, xiii, 33, saint Paul aurait cité le verset 7 duPsaume il comme étant h tû Tûpià-ra ^aXixù, le Psaume I ern’aurait fait qu’un avec lui et serait aussi de David. Ilen résulterait que tout le premier livre du psautier hébraïque, i-xl, contiendrait des psaumes davidiques, etaurait peut-être été formé en recueil distinct par le saintroi lui-même» D’autres encore lui sont attribués avecvraisemblance. Patrizi, Cent psaumes, trad. franc., Paris, 1890, p. 17-22. Cependant divers commentateurs sontallés trop loin dans cette attribution, et ont accordé àDavid des chants sacrés auxquels il ne peut avoir aucundroit. Le Psaume cli, sur la victoire de Goliath, quequelques écrivains, saint Athanase, Epist. ad Marcellinum, 15, t. xxvii, col. 28-29; la Synopsis ScripturseSacrai, attribuée au même docteur, t. xxviii, col. 332;

Eulhymius Zigabéne, In Psalm., proœrn., t. cxxviii, col. 41, etc., ont regardé comme authentique, est certainementapocryphe. Le titre grec: Outoc ô <J/aX[iôç iàt.6ypaçoçecç Aauîê xai ÊÇwŒv toû àpiBgjioû, 8t6 èfjiovo[iàx*i<rerà> ToXiàS, le montre suffisamment. Fabricius, Codexp’seudepigraphus V. T., Hambourg, 1722, p. 905-912; R. Cornely, Introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 219. La traduction de saint Jérôme est reproduite parF. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 476.

Les indications des titres ou des allusions directesservent. à dater la plupart des psaumes de David. Plusieursde ces dates sont certaines; cependant, pourd’autres, les commentateurs hésitent entre le temps dela persécution de Saùl et la révolte d’Absalom. F. Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 120-121; Ms r Meignan, David, p. 165-195. D’ailleurs tous les psaumes de Davidportent le cachet évident de leur auteur. Ils se «distinguentdes autres par leur originalité plus encore quepar leur titre. On y reconnaît le génie fier, créateur, douéd’une sensibilité exquise, à la liberté des allures dupoèteroi, à la passion, à la prédilection du ton élégiaque, à une poésie pleine à la fois de grâces, de forceet de mouvement, enfin à un cachet d’antiquité, à unemanière plus autoritaire et plus dure, quand il s’agit deflétrir le vice et de reprendre l’impiété». Mfl r Meignan, David, p. 151-152. Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, t. ii, p. 332-333. Cependant le ton se diversifie suivant lesépoques de la vie du psalmiste. «Ce qui caractérise lespsaumes de la jeunesse.de David, c’est 1° la conscienceet l’affirmation de son innocence; 2° une confiance absolueen la justice et la bonté dé Dieu; 3° un sentimenténergique de sa dignité personnelle, due à l’onction quilui a été conférée de la part de Jéhovah. Les psaumesqui suivent son élévation au trône portent l’empreinte dela majesté royale, et, après le transport de l’arche à Sion, font de la montagne sainte le centre de la domination deJéhovah sur Israël et sur le monde entier. Après sa chuteet son pardon, David ne parle plus de son innocence, et on sent très bien aux accents de ses cantiques que sonaffection pour Jéhovah a perdu le parfum virginal despremières années; le roi est encore confiant, mais avecplus de résignation que d’espérance, tant il sent qu’ilmérite les maux qui l’affligent. Mais dans tout ce qu’ilécrit, du commencement à la fin de sa vie, David esttoujours le grand poète sacré; ses chants se distinguenttous par le mouvement et le coloris; le lien logique y estpresque toujours sacrifié aux exigences du lyrisme. Lepoète interpelle tour à tour, et sans avertir l’auditeur, sonâme, son Dieu, ses ennemis; il est toujours vivant, pittoresque, entraînant, et voilà pourquoi, à tant de siècles dedistance, il est si facile à celui qui prie d’exprimer parses cantiques des sentiments qui so.nt de tous les temps, mais qui n’ont jamais été mieux interprétés.» H. Lesêtre, Le livre des Psaumes, Paris, 1883, p. liii-liv. Cf. Ma r Plantier, Études littéraires sur les poètes bibliques, Paris, 1865, t. i, p. 210-255.

IV. David prophète et type du Messie. — David aété prophète. Lui-même avoue que l’Esprit de Dieu parlaitpar sa bouche et que la parole divine sortait de seslèvres. II Reg., xxiii, 2. L’apôtre saint Pierre lui a reconnupubliquement ce titre. Act., Il, 30. David a prophétiséle Christ et son royaume futur, et il les a prophétisésdirectement par ses paroles et dans ses cantiques, et indirectement par ses actes et sa vie, qui étaient figuratifset annonçaient l’avenir. Les prophéties directes setrouvent dans les Psaumes, dont le sens littéral est messianique, et dans les «dernières paroles» du saint roi.Les Psaumes littéralement messianiques sont tous désignéspar les auteurs du Nouveau Testament, et on peutles rapporter à deux périodes différentes de la vie deDavid. Les Psaumes xv, xxi et lxviii, qui paraissent serattacher aux derniers temps de la persécution de Saùl, décrivent le Messie souffrant, persécuté et mis à mort

par ses ennemis, mais triomphant d’eux par sa mort etsortant du tombeau. Les Psaumes n et cix, postérieurs àla translation de l’arche à Sion, célèbrent surtout les prérogativesque le Messie recevra de son Père en récompensede sa victoire. Cf. Bossuet, Discours sur l’histoireuniverselle, il" partie, ch. rv; L. Reinke, Die messianischenPsalmen, 2 vol., Giessen, 1857 et 1858; Schilling, Valicinia messiana V. T. hebraici, t. ii, Lyon et Paris, 1884; Ms’Meignan, David, Paris, 1889, p. 197-481. Lesa dernières paroles» de David, II Reg., xxiii, 1-7, éclairent de vives lumières le caractère du règne futurdu Messie. M3 r Meignan, Les prophéties contenues dansles deux premiers livres des Rois, Paris, 1878, p. 185-209.David n’a pas été prophète du Messie par ses oraclesseulement; sa personne elle-même et sa vie ont été figurativesdu Christ, qui devait être son fils. Les Pères luiont tous reconnu ce. caractère typique, et ils se sont pluà rapprocher ses actes, ses persécutions, ses gloires, sessentiments, des actes, des persécutions, des gloires et dessentiments de Jésus-Christ. S. Hilaire, Tract, in Ps. liv, 9, t. ix, col. 352; S. Ambroise, Enarrat. in Psalmos, passim, t. xiv; S. Augustin, Enarrationes in Psalmos, passim, t. xxxvi et xxxvii; S. Basile, Rom. i in Psalm., t. xxix, col. 213; S. Grégoire de Nysse, In Psalm. inscriptionibus, ii, 11, t. xuv, col. 541. Cf. H. Goldhagen, Introductio in Sacram Scripturam V. T., Mayence, 1766, t. ii, p. 242-246. Beaucoup de Psaumes de David ont étéaussi interprétés par les Pères comme figuratifs du Messieet de l’Église. Le sens typique de quelques-uns, viii, xviii, xxxiv, xxxix, xl, lxviii, xcvi, cvni, est formellementindiqué par les écrivains du Nouveau Testament.Les Pères ont recherché dans d’autres un sens spirituelayant trait au Messie. Quelques-uns ont pu excéder danscette voie; mais le plus souvent l’étude permet de reconnaîtresous la lettre l’élément prophétique, que l’analogiedes situations et la tradition autorisent. C’est ainsi quel’on peut regarder comme messianiques au sens spirituelles Psaumes iv, v, x, xiv, xvi, xxii, xxiii, xxvi, xxvii,

    1. XXVIII##

XXVIII, XXIX, LIN, LV, LVI, LXIII, LXXXV, XCIII, XCV, XCVII,

xcviii, cxxxviii, cxl, cxli, cxlii. Il est plus difficilede justifier l’application messianique qui a été faite desPsaumes iii, xvii, liv, lviii, lxvi, lxix, lxx, ex. Cf.V. Thalhofer, Erklârung der Psalmen, 5e édit., Ratisbonne, 1889, p. 16-20; Mo’Meignan, David, p. 156-159; Trochon, Introduction générale aux Prophètes, Paris, 1883, p. Lxxviii-Lxxx.

V. Bibliographie. — J. Drexel, David regius Psaltesdescriptus et morali doctrina illustratus, in-12, Munich, 1643; de Choisy, Histoire de la vie de David, in-4°, Paris, 1690; P. Delany, Historical account of the life andreign of David, 3 in-12, Londres, 1741-1742; S. Chandler, History of the life of David, 2 in-8°, Londres, 1758, 1766et 1769; Niemeyer, Ueber Leben und Charaktér Davids, in-8°, Halle, 1779; J. L. Ewald, David, 2 in-8°, Leipzig, 1794-1796; Hess, Geschichte Davids, in-8°, Zurich, 1785; Newton, David, the King of Israël, in-8°, Londres, 1854; H. Weiss, David und seine Zeit, in-8°, Munster, 1880; Ms r Meignan, David, roi, psalmiste, prophète, avec une introduction sur la nouvelle critique, in-8°, Paris, 1889; M. Dieulafoy, David, in-16, Paris, 1897, Cf. Œttinger, Bibliographie biographique, Bruxelles, 1859, col. 397. Sur les légendes des Juifs et des musulmansrelatives à David, voir d’Herbelot, Bibliothèqueorientale, Paris, 1697, p. 284; Migne, Dictionnaire desapocryphes, Paris, 1858, t. ii, col. 191-204.

E. Mangenot.

2. DAVID (PUITS DE), puits situé probablement aunord-ouest et non loin de la porte de Bethléhem. Troisdes plus vaillants soldats de David allèrent y puiser del’eau, au risque de leur vie, pour la faire boire à leurchef, pendant une guerre contre les Philistins. Le roil’offrit en libation au Seigneur. II Reg., xxiii, 13-17; 1 Par., xi, 15-19. Voir Bethléhem, t. i, col. 1694.

3. DAVID (VILLE DE), nom fréquemment donné àJérusalem ou à une partie de cette ville. 1 Mach., i, 35, etc. Voir Jérusalem.

    1. DAZA Diego##

DAZA Diego, jésuite espagnol, né à Colmenar deOreja, province de Madrid, en 1579, mort le 16 octobre1623. Il entra au noviciat des Jésuites le 21 mai 1598.En 1612, il fut chargé, avec le P. J. de Pineda, par l’archevêquede Tolède, de rédiger l’Index librorum prohibitorumpour l’Espagne. Il enseigna ensuite la philosophieà Alcala, la théologie morale à Plasencia. François deBorgia, prince de Squillace, ayant été nommé gouverneurdu Pérou, l’emmena à Lima. De retour en Espagne, leP. Daza enseigna la théologie à Tolède, en 1620. Deuxans plus tard, il suivit don Diego Hurtado de Mendoza, ambassadeur d’Espagne, sur la flotte qui ramenait enAngleterre le prince de Galles, et mourut en mer. LeP. Diego Alarcon, S. J., publia à Alcala, en 1626, l’ouvragesuivant du P. Daza, Exegeticajuxta, ac parameticacommentatio in Epistolam B. Jacobi apostoli, in-f».

C. SOMMERVOGEL.

DÉ. Petit objet de forme ordinairement cubique, portantmarqué sur chacune de ses six faces un nombredifférent de points, depuis un jusqu’à six. Dès une trèshaute antiquité ils servent à divers jeux de hasard; onles employait aussi à consulter le sort.

1° L’Egypte a connu les dés: un certain nombre despécimens ont été trouvés dans les tombeaux et figurentdans les divers musées. Celui du Louvre en possède unen ivoire, où les nombres sont représentés par des points

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483. — Dés égyptiens. Musée du Louvre.

noirs (fig. 483). Sur un autre des trous remplacent lespoints, et la forme rappelle celle de deux pyramides réuniespar la base. Plusieurs de ces dés n’ont pas toutes les facesplanes; quatre d’entre elles sont bombées. La questionest de savoir si ces spécimens sont vraiment antérieursà l’époque grecque: cependant il paraît difficile de nierl’existence de dés semblables à l’époque pharaonique.P. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, in-12, Paris, 1875, p. 183; Wilkinson, The Manners of ancien tEgyptians, t. ii, p. 62. — On sait que les Perses étaientpassionnés pour les jeux de hasard. Hérodote, iii, 128.Rien d’étonnant, donc qu’on ait trouvé un dé dans les

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484. — Dé snslen. Musée du Louvre.

ruines de l’acropole de Suse. «Au nombre des objetsdécouverts dans les fouilles profondes du Memnonium, dit SI. Dieulafoy, L’acropole de Suse, in-4°, 1892, p. 362, se trouve un prisme quadrangulaire ayant un centimètrede côté et quatre et demi de haut. Sur les faces rectangulaires, on a gravé au moyen de points des nombres

différents: un, — deux, — cinq, — six» (fig. 484). Il estconservé aujourd’hui au Musée du Louvre. — Les Phéniciensont très probablement connu les dés. Dans une de leurscolonies, à Carthage, il en a été trouvé un dans unetombe punique, remontant au vie siècle avant notre ère(fig. 485). C’est un cube d’ivoire verdâtre, lisse et douxau toucher, ne mesurant que six millimètres de côté.

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485. — Dés puniques. Musée Saint -Louis, à Carthage.

Les arêtes et les angles sont fortement émoussés parl’usage qui en a été fait. Les nombres sont figurés pardes points très petit*, régulièrement pratiqués à l’aided’un instrument très aigu. Le nombre deux est opposéà l’as, le nombre quatre au nombre trois, et enfin lenombre six au nombre cinq. — D’autres dés à jouer, maisbeaucoup moins anciens que le précédent, ont été trouvésà Carthage, dans une unie funéraire romaine, datant duI er ou IIe siècle de notre ère. Ils sont en ivoire, deux ettrois fois plus grands que le dé de l’époque punique. Leurdimension varie entre onze et seize millimètres de côté.Les nombres sont marqués par des cercles ou des doublescercles concentriques avec point central, tracés en creux(fig. 486). Les dés romains diffèrent encore du dé puniqueen ce que le nombre six est toujours opposé à l’as, et lenombre cinq au nombre deux. On trouve aussi dans cessépultures des dés en os, en corne et même en marbre.Ces derniers spécimens, trouvés à Carthage, nous montrent

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486. — Dés romains. Musée Saint-Louis, & Carthage.

la forme des dés romains, de ces dés fréquemment nommésdans les anciens auteurs. Pline, H. N., xvi, 77; xxxvii, 6; Cicéron, Divinat., ii, 41; Martial, xiv, 17; Ovide, Trist., ii, 473. Cf. Al. Adam, Roman Antiquities, 5e édit., in-8°, Londres, 1804, p. 457. — On ne s’aventureraitdonc pas en avançant que les dés étaient connusen Israël comme en Phénicie, et en général dans lemonde oriental aussi bien que dans le monde grec etromain.

2° Il est assez souvent question des sorts dans lesLivres Sacrés; mais nulle part, sauf dans un texte d’Ézéchiel, xxi, 21, où l’on parle de flèches, on ne donned’indication précise sur la manière dont on consultait lesort. On est réduit à des conjectures, assez vraisemblablesen plusieurs cas. Ainsi dans Esther, iii, 7, il est ditqu’Aman consulta le sort (mot à mot: «fit tomber lefur,» c’est-à-dire le sort) lorsqu’il voulut déterminer lejour où, par vengeance contre Mardochée, il ferait massacrertous les Juifs répandus dans le vaste empire perse.M. Dieulafoy, L’acropole de Suse, in-4°, Paris, p. 362-363, a émis l’hypothèse que cette consultation du sort se fitau moyen d’un dé. Le texte, ne précisant rien à ce sujet, laisse le champ libre à toutes les conjectures; celle del’explorateur de Suse, s’appuyaut sur la trouvaille d’undé dans les ruines de l’acropole, est loin d’être certaine, mais a néanmoins en sa faveur quelque vraisemblance.

— Lorsque les soldats qui avaient crucifié Notre -Seigneurse partagèrent ses dépouilles, afin de ne pas déchirersa tunique sans couture, ils la tirèrent au sort.

1327

DÉ - DÉBLATHA

1328

Joa., xix, 23-24; cf. Matth., xxvir, 35; Marc, xv, 24; Luc, xxhi, 34. Ce fut peut-être au moyen de dés qu’ilsse firent ce partage. Voir Sort. A. Delattre.

    1. DEBBASETH##

DEBBASETH (hébreu: DabbâUt; Septante: Batflâpa601; Codex Alexandrinus: Aaéâaôai), ville frontièrede la tribu de Zabulon, mentionnée une seule fois dansl’Écriture. Jos., xix, 11. À prendre son nom dans le sensétymologique, dabbéSé(=d. bosse» [dé chameau] (cf. Is., xxx, 6), on peut croire qu’elle était située sur une hauteur; c’est ainsi, d’après Josèphe, Bell.jud., IV, i, 1, queGamala avait reçu une dénomination en rapport avecl’aspect qu’elle présentait (hébreu: gàmâl, «chameau» ).Si, d’un autre côté, nous considérons la place qu’elleoccupe dans le tracé des limites donné par Josué, xix, 10-16, nous voyons qu’elle devait appartenir au sud-ouestde la tribu. L’auteur sacré, partant, en effet, de Sarid, qu’il est possible de reconnaître dans Tell Schadoud, ausud-ouest de Nazareth, se dirige ensuite vers l’est, pourremonter au nord vers Hanathon et revenir à l’ouestvers la vallée de Jcphtahel. Pour déterminer la frontièreméridionale, il tire une ligne des deux côtés opposés deSarid, qu’il choisit comme point central. «La limite, dit-il, va vers la mer (ou l’occident) et Merala [Ma’loul), puis vient à DabbàSét, jusqu’au torrent qui est contreJéconam. Et elle retourne de Sarid vers l’orient, sur lesfrontières de Céséleth-Thabor (Ihsâl).» ꝟ. 11, 12. Voir lacarte de Zabulon. Ces indications, les seules précises quenous ayons, malgré certaines obscurités, nous conduisentvers la pointe sud-ouesf de Zabulon, du côté du «torrent» de Cison. C’est ce qui rend plausible l’opinion d’aprèslaquelle Debbaseth aurait pour correspondant actuel Djébata, village de trois cent cinquante habitants, situé àl’ouest de Tell Schadoud et au sudouest de Ma’loul, surle sommet d’une colline peu élevée, qui était jadis toutentière occupée par une petite ville, dont il ne subsisteplus que des débris confus. Un certain nombre de pierresde taille, éparses le long des pentes et sur la partie supérieurede la colline, sont les restes de la Gabatha qu’Eusèbeet saint Jérôme, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246 (note, 1. 54), signalent sur les bords de lagrande plaine d’Esdrelon. Cf. V. Guérin, Galilée, t. i, p. 386. Gabatha dérive bien de l’hébreu Gib’âh ou Gib’af, qui veut dire «colline», et Knobel suppose que ce nomaurait remplacé l’expression plus rare de Dabbâséf, quia la même signification, en sorte que Djébata représenteraitsous une forme différente, avec un sens équivalent, notre cité biblique. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 151. Sans vouloir presser plus qu’il ne convient cetteexplication, nous croyons que l’argument tiré du textede Josué favorise cette identification, admise par R. vonRiess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 9. — C. R. Conder, comprenant d’une autre façonla marche de Josué dans le tracé des frontières, placeDebbaseth au nord-ouest de la tribu, et l’identifie avecKhirbet ed-Dabschéh, localité située au sud de Terschiha, sur la rive gauche de Vouadi el-Qoum. Cf. PalestineExploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1883, p. 134-138. Son opinion a été acceptée par lesautres explorateurs anglais. Cf. G. Armstrong, W. Wilsonet Couder, Names and places in the Old and NewTestament, in-8°, Londres, 1889, p. 47, et la Map ofPalestine publiée à Londres, 1890, en 21 feuilles, ꝟ. 6(mais pourquoi a-t-on laissé ici Debbaseth dans la tribud’Aser?). Elle a été combattue dans la même revue duPalestine Exploration Fund, 1892, p. 330, par HaskettSmith, qui assimile la ville en question à Zebdah, aunord-ouest de Djébata. Ce dernier auteur peut avoirraison, d’après ce que nous avons dit, de la chercher dece côté; mais le procédé philologique qu’il emploie, p. 333, pour faire dériver Zebdah de DabbâSét est absolumentinadmissible. Nous reconnaissons en somme quel’identification proposée par Couder offre une correspondance onomastique très frappante, et. est en cela supérieureà celle de Knobel; mais elle nous semble moinsconforme aux données du texte sacré, absolument nécessairespour confirmer le rapprochement des noms.

A. Legendre.

    1. DÉBÉLAÏM##

DÉBÉLAÏM (hébreu: Diblayîm; Septante: A£gr)XaV(i), père de Gomer, que le prophète Osée prit pour épouse.Ose., i, 3.

    1. DÉBÉRA##

DÉBÉRA (hébreu: Debîràh, avec hé local; Septante: êw z6 TÉiap-rov), localité située sur la frontière nord deJuda, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., XV, 7. La traduction des Septante, èiù zô rfraprov [rrjç<pâpaYY°s’Ax» p], «vers le quart [de la vallée d’Achor],»

suppose qu’ils ont lu rmai, rebî’âh, au lieu de m>37,

Debirâh. Cf. Rosenmûller, Scholia in Vet. Test., Josua, Leipzig, 1833, p. 285. La paraphrase chaldaïque et lesyriaque portent comme l’hébreu: Debîr; Dobîr. Le texteoriginal dit littéralement: «Et la frontière monte versDebir, depuis la vallée d’Achor, vers le septentrion regardantGalgala, qui est vis-à-vis de la montée d’Adommim, laquelle est au midi du torrent.» Jos., xv, 7. Letorrent est ici Vouadi el-Qelt, qui des montagnes occidentalesdescend à travers de profondes crevasses versle Jourdain, et Adommim est aujourd’hui Tala’at ed-Demrn, sur la route qui «monte» de Jéricho à Jérusalem.Voir Achor (Vallée d’), t. i, col. 147; Adommim(Montée d’), t. i, col. 222, et la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. C’est donc de ce coté qu’il faut chercher Débérat Or on signale près de Khân el-Halrour un endroitappelé Thoghret ed-Debr. Le nom arabe signifie «défiléde derrière»; cependant Rabbi J. Schwarz, Dos heiligeLand, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 67, le traduit par «lieu de rassemblement de la ville de Dibr», voyantsans doute dans ce plateau assez étendu une des stationsdes Israélites qui venaient à Jérusalem pour les grandesfêtes. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1884, p. 183. On signale également dans les mêmesparages un ouadi Daber qui coule vers la mer Morte.Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 119. On reconnaît doncassez généralement là un souvenir de l’ancienne cité

biblique.

A. Legendre.

    1. DEBIEL Louis##

DEBIEL Louis, jésuite autrichien, né à Vienne le20 septembre 1697, mort à Gratz le 9 novembre 1771. Ilentra au noviciat des Jésuites le Il mars 1717. Il enseignaà Gratz et à Vienne l’hébreu, la philosophie et lathéologie, fut le premier recteur du collège des Nobles, à Vienne, devint en 1760 chancelier de l’université deGratz et conserva cette dignité jusqu’à sa mort. On a delui: 1° Testamentum Novum grsecum cum intercalaritextu latino ad litteram reddito, in-8°, Vienne, 1740; 2° Testamentum Vêtus hebraicum cum intercalari textulatino ad litteram reddito, 4 in-8°, Vienne, 1743-1747.

C. SOMMERVOGEL.

DÉBITEUR. Voir Dette.

    1. DÉBLATHA##

DÉBLATHA (hébreu: Dïblâtâh; Septante: AzëXaQi), localité mentionnée une seule fois dans l’Écriture, Ezech., .vi, 14, et dont la position est incertaine. Le texte sacré, en effet, est obscur et a donné lieu à différentes explications.Dans un oracle contre les Juifs idolâtres, le prophète, annonçant la dévastation du pays tout entier, faitentendre cette menace divine: «J’étendrai ma main sureux, et je rendrai la terre désolée et abandonnée, depuisle désert de Déblatha, dans tous les lieux où ils habitent, et ils sauront que je suis le Seigneur.» (D’après la Vulgate.) La difficulté porte sur les mots:-nSm-zies r

mim-midbar Dïblâtâh. Laissant de côté l’opinion d’Hàvernick, qui prend Dïblâtâh pour un nom commun, dont il cherche à déterminer la signification d’après

l’arabe, et traduit ainsi: «désert de raine, de destruction;» opinion condamnée par toutes les versions et rejetéepar la plupart des commentateurs, nous nous arrêtonsaux hypothèses suivantes, qui peuvent se ramenerà deux chefs principaux: la manière de rendre le passageen question, et la leçon adoptée pour Déblatha.

1° On peut traduire de trois façons les deux mots denotre texte. — 1. «Depuis le désert de Déblatha;» c’estce qu’ont fait les Septante: âjrô ttjî Ipruiou AeëXaOoc, et laVulgate: a deserto Déblatha. Mais alors la phrase sembleincomplète, le terminus a quo ou point de départ appelantcomme corrélatif le terminus ad quem ou pointd’arrivée. En outre Diblâtâh est bien semblable à Timnâfâh, Jud., xiv, 1, mis pour Timnâh, Jos., xv, 10, etpar conséquent possède le hé local qui le distingue demidbar, auquel même il l’oppose. Aussi, — 2. lit-onplus généralement: «depuis le désert jusqu’à Diblah,» expression qui embrasse toute l’étendue du pays menacé, du sud au nord. Keil, Ézéchiel, Leipzig, 1882, p. 83, ditcependant que, dans ce cas, midbar devrait non seulementêtre à l’état absolu, mais encore avoir l’article, puisqu’ils’agit d’un désert déterminé, le désert arabique.A cela s’ajoute la difficulté propre à Diblah, qu’on nesait comment rapporter à la frontière septentrionale. —3. Enfin quelques-uns voient dans le préfixe mim, pourmin, la particule comparative, et traduisent: «plus quele désert de Déblatha.» Outre que cette conjecture supprime, comme la première, le hé local, on peut se demanderpourquoi le prophète eût été chercher son termede comparaison dans un lieu très peu connu, pour nepas dire inconnu, puisqu’il n’est cité qu’en ce seul endroitde la Bible, à moins, comme nous le verrons, qu’on n’assimileDéblatha à Déblathaïm. Certains exégètes, en effet, acceptant cette forme d’interprétation, rendent différemmentla lin du texte, et disent: «plus que le désert [quiva] vers Diblah,» ou Déblathaïm. Qu’on adopte n’importelaquelle de ces hypothèses, la difficulté n’est pas résolue: reste à savoir où se trouvait Déblatha. Et pour arriver àune solution, on a examiné quelle pouvait être la leçonprimitive du texte original.

2° Déblatha étant inconnue, saint Jérôme supposaitqu’en raison de la très grande ressemblance entre le i, daleth, et le "i, resch, il fallait plutôt lire Réblatha, villesignalée par Jérémie, xxxix, 5, 6, «dans la terre d’Émath,» sur l’Oronte. Cf. S. Jérôme, Comment, in Ezech., t. xxv, col. 62. Cette opinion, renouvelée par J. Michælis, a étéadmise par un grand nombre d’auteurs. Cf. J. Knabenbauer, Comment, in Ezech., Paris, 1800, p. 78-79. Elledonne cependant prise à plus d’une objection. — 1. Sielle a en sa faveur cinq ou six manuscrits du texte original(cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentum hebr. cumvariis lect., Oxford, 1780, t. ii, p. 179), elle a contre ellel’autorité de toutes les versions anciennes. — 2. Les Septante, dans plusieurs passages, Jer., lii, 9, 10, 26, 27, mettent bien AeëaXitâ pour Riblafâh, Vulgate: Réblatha; mais ils portent aussi’Ps6Xa81, IV Reg., xxv, 6, 20, 21; Jer., xxxix, 5, 6. D’ailleurs cette ville du paysd’Émath, qui existe encore aujourd’hui sous le même nomde Ribléh, au-dessous de Homs (Émèse), à la hauteur deTripoli, est en dehors de la frontière septentrionale dela Terre Promise. Voir Réblatha. D’un autre côté, laRébla (hébreu: Ed-Riblâh) de Num., xxxiv, 11, appartientà la frontière orientale, et on la cherche dans lesenvirons du lac de Tibériade. Voir Rébla. Aucune de ceslocalités ne semble donc convenir exactement au texteprophétique. — 3. Enfin quand l’Écriture veut désignertoute l’étendue de la Terre Sainte, du sud au nord oudu nord au sud, elle emploie d’autres expressions, parexemple: «depuis le désert de Sin jusqu’à Rohob, à l’entréed’Émath,» Num., xiii, 22; «depuis l’entrée d’Émathjusqu’à la rivière d’Egypte,» III Reg., viii, 65. Cf. IV Reg., xrv, 25; I Par., xiii, 5; II Par., vii, 8; Am., vi, 15. Ézéchiellui-même, xlviii, 1, détermine le nord par «l’entrée

d’Emath». Cf. Keil, Ezéchiel, p. 83-84. On peut, il estvrai, répondre à cette dernière objection que Réblathaétant «de la terre d’Émath», les deux manières d’indiquerla partie septentrionale sont au fond les mêmes. —Si l’on maintient Déblatha, faut-il l’identifier avec Déblathaïm(hébreu: ’AlmônDiblâtâyemâh; Vulgate: HeUmondeblathaim, Num., xxxiii, 46, 47; Bêt-Diblàtâim; domus Deblathaim, Jer., xlviii, 22), ville de Moab, situéeau nord de Dibon (Dhibân)l Mais, dans ce cas, on nepourra évidemment traduire: «c depuis le désert jusqu’àDéblatha.» Quel sera alors «le désert de Déblatha»?Serait-ce la région désolée et stérile (hébreu: Ha-YeSîmô»; Vulgate: desertum, solitudo) que la Bible mentionneprès du Phasga et du Phogor, Num., xxi, 20; xxiir, 28, c’est-à-dire sur la rive nord-est de la mer Morte?La position certaine de Déblathaïm n’étant pas connue, on ne peut faire sous ce rapport que des conjectures. —Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 409, a proposé de reconnaître Déblatha dans le village actuelde Dibl, au sud-est de Beit-Lif (l’ancienne Héleph), dansla tribu de Nephthali. Il n’y a dans ce rapprochementqu’une simple coïncidence. — En résumé, de toutes leshypothèses que nous avons exposées, c’est encore cellede saint Jérôme qui, malgré ses difficultés, satisfait lemieux l’esprit, qu’on accepte la leçon Réblatha au lieude Déblatha ou que la ville ait porté les deux noms.

A. Legendre.

    1. DÉBLATHAÏM##

DÉBLATHAÏM (hébreu: Bêt Dibldtâim; Septante, Codex Vaticanus: olxo; Aa16Xa6ai|i; Codex Alexandrinus: oîxoi; AeoXaOai’ji; Vulgate: domus Deblathaim), ville de Moab dont Jérémie, xlviii (Septante, xxxi), 22, annonce la ruine. Les versions grecque et latine ont traduitBel par le nom commun «maison»; mais ce motentre dans la composition du nom propre BethDéblathaïmcomme dans Bethgamul ( hébreu: Bêt Gâmûl; Septante: olxo; r «t(itiX) et Bethmaon (hébreu: BêtMe’ôn; Septante: oïxo; Mativ), qui suivent, ꝟ. 23. Déblathaïmse retrouve dans un autre mot composé, Helmondéblathaïm(hébreu: ’Almôn Diblâtâyemdh; Septante: rEXu.(iv AsêXaSaîu.), une des dernières stations des Israélitesavant d’arriver au Jourdain. Num., xxxiii, 46, 47.Avons-nous là une seule et même localité? La comparaisondes deux passages conduit à une réponse affirmative.Le campement indiqué est mentionné entre Dibongadou Dibon (aujourd’hui Dhibân), au-dessus de l’Arnou, et les monts Abarim ou la chaîne moabite, dont un desprincipaux sommets est le Nébo. D’un autre côté, Jérémieassocie Beth-Déblathaïm à Dibon, Cariathaïm (Qoureiyat), Bethgamul (Djémaïl) et Bethmaon (Ma’in), toutes villes situées non loin les unes des autres. Ajoutons^qu’elle est citée entre la première et la dernière dans lastèle de Mésa (ligne 30), qui se vante de l’avoir bâtio.Cf. A. Héron de Villefosse, Notice des monuments provenantde la Palestine et conservés au Musée du. Louvre, in-12, Paris, 1879, p. 2; F. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 474.Voir la carte de Moab ou celle de Ruben. C’est donc bienau nord de Dhibân qu’il faut la chercher; mais son emplacementn’est pas connu. Conder a essayé de l’identifieravec Khirbel Deleiydt, au sud de Ma’in. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Oldand New Testament, Londres, 1889, p. 9, 30. La positionrépond bien aux données de l’Écriture; mais fautilvoir dans Deleiydt une corruption de Diblah? On peuten douter. Plusieurs auteurs ont cru qu’elle existait encoreau temps de saint Jérôme, parce que certaines éditionsde son livre De situ et nominibus locorum hebr., au mot Jassa, portent: inter Medaban et Deblatham; mais c’est une lecture fautive pour Debus, Aijëoù; dansEusèbe. Cf. S. Jérôme, t. xxiii, col. 904, note de Martianay; Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 131, 264.Doit-on assimiler Déblathaïm à Déblatha, Ezech., vi, 14?

Rien ne le prouve. Voir Déblatha.

A. Legendre.

    1. DÉBORA##

DÉBORA (hébreu: Debôrâh, «l’abeille;» Septante: AeSippa, Gen., xxxv, 8; Asëëwpa, Jud., iv, 4; Tob., i, 8; Vulgate: Débora et Debbora), nom de trois femmes dansl’Ancien Testament.

1. DÉBORA, nourrice de Rébecca. Gen., xxiv, 59; xxxv, 8. C’est je premier passage des Livres Saints où ilsoit fait mention de l’office de nourrice. Lorsque Rébeccaquitta la Mésopotamie pour se rendre, sous la conduited’Éliézer, dans la terre de Chanaan, où elle devait devenirl’épouse d’Isaac, ses parents la firent accompagner par sanourrice. Gen., xxiv, 59. (Au lieu de sa «nourrice», lesSeptante ont: tù-jjcàpxovTi àitffi, «ses biens.» ) Il n’estplus question de Débora dans la Genèse, jusqu’au momentde sa mort. Alors nous la retrouvons à Béthel, auprèsde Jacob, revenu de Mésopotamie depuis environdix ans. Pour expliquer comment elle se trouvait aveclui, on a supposé, contre toute vraisemblance, qu’elleétait retournée à Haran, et qu’elle était revenue avec le filsde sa maîtresse. L’hypothèse la plus probable est celle-ci.De ce qu’il n’est point parlé de Rébecca, Gen., xxxv, 27, on peut conclure qu’elle était déjà morte lors des événementsracontés Gen., xxxv, 1-8, et que Débora était venuese fixer à partir de ce moment auprès de Jacob. Elle n’estnommée par son nom qu’à l’occasion de sa mort. «Ellefut enterrée sous un chêne, au pied de [la montagne surlaquelle est bâtie] Béthel; et ce lieu fut appelé le Chênedes pleurs.» Gen., xxxv, 8. La mention seule de cet événementsuffirait pour montrer que Débora n’était pasregardée comme une simple servante dans la maison deBathuel et de Jacob; mais l’allusion à la douleur causéepar cette mort, et le soin que prend l’historien sacré d’indiquerle lieu de sa sépulture et le nom commémoratifqui y resta attaché, prouvent que, soit par ses services, soit par ses qualités et son dévouement, Débora avait méritéd’être considérée comme un membre de la famille deJacob. Cf. Gen., xxxv, 19-20. Elle devait avoir au moinscent cinquante ans à l’époque de sa mort, puisqu’elle avaitnourri Rébecca, que celle-ci n’avait mis au monde Jacobque vingt ans après son mariage, Gen., xxv, 19, 26, etque Jacob avait quatre-vingt-dix-sept ans à son retour deHaran. E. Palis.

2. DÉBORA, prophétesse, femme de Lapidoth, et probablementde la tribu d’Éphraim, Jud., iv, 5, quoiquequelques - uns supposent qu’elle appartenait à la tribud’Issachar. Jud., v, 15. Elle vivait dans la période primitivede l’époque des Juges. Celle femme extraordinairenous apparaît dans le récit sacré comme prophétesse, juge du peuple, libératrice d’Israël, et enfin poêle.

I. Débora prophétesse. Jud., iv, 4. — Débora futprophétesse dans les principaux sens que l’Écrilure donneà ce mol. 1° Elle le fut d’abord dans le sens génériqueet primordial exprimé par l’hébreu nâbi, celui qui est «inspiré» de Dieu et rempli de son esprit, pour être souinterprète, parler et agir en son nom; et par le greciipo(pT|Tr)ç, qui a souvent cette signification. Exod., vii, 1; cf. Gen., xx, 7; Matth., xxi, 11, 46; Joa., vi, 14; vii, 52.L’auleur inspiré nous montre, eu effet, Débora mandantBaraç/auprès d’elle, et lui ordonnant de la part de Jéhovahde réunir sur le Thabor les guerriers de Zabulon etde Nephthali. Jud., iv, 6; cf. iv, 14. C’est aussi au nomdu Seigneur qu’elle maudit la terre de Méroz et ses habitants.Jud., v, 23. L’ordre donné à Barac d’engager lalutte paraît bien aussi être venu de Dieu. Jud., iv, 14.Il est d’ailleurs à remarquer que l’écrivain sacré lui donnele nom de prophétesse avant d’avoir rapporté d’elle aucuneprophétie, et il paraît rattacher à ce titre les fonctionsdéjuge, qu’elle remplissait déjà avant de recevoirsa mission auprès de Barac. Aussi beaucoup de commentateursont-ils pensé que c’est à cause de son espritprophétique et de la sagesse qui en était le fruit, que lepeuple allait la consulter, cf. IV Reg., xxii, 13-14, et recourait à elle dans ses différends. Voir Tirin, In Jud., IV, 4. «L’Esprit Saint jugeait par elle, dit saint Augustin, parce qu’elle était prophétesse.» De civit. Dei, xviii, 15, t. xli, col. 572. — 2° Débora fut. encore prophétesse à unautre titre: elle prédit à Barac que le Seigneur lui amèneraitSisara et ses chars au pied du mont Thabor, surles rives du Cison, et qu’il les lui livrerait. Jud., iv, 7.Le refus de Barac de marcher sans elle à l’ennemi luiavait fourni l’occasion d’une au Ire prédiction, à savoir, que Barac n’aurait pas l’honneur de la victoire, et quec’est sous les coups d’une femme que tomberait le généraldes Chananéens. Jud., iv, 9; cf. v, 24-27.

IL Débora juge du peuple. — «Débora jugeait lepeuple…, et les enfants d’Israël montaient vers elle pourtoute sorte de jugements.» Jud., iv, 4-5. Dans le régimepatriarcal sous lequel. vivaient alors les Hébreux, il n’yavait point de tribunaux chargés de rendre la justice.Cf. Jud., xvii, 6; xviii, 1; xxi, 24. Les anciens du peupleréglaient les litiges en présence du peuple. Voir Booz, t. i, col. 1851. C’esl de cette manière que jugeait Débora.Au lieu d’aller porter leurs causes aux anciens, commec’était la coutume, les Israélites venaient les soumellreà la femme de Lapidoth. La raison de cette préférenceétait, avec son esprit de prophétie, la sagesse de sesjugements, et sa bonté, qui la faisait regarder comme «une mère en Israël». Jud., v, 7. Les fonctions deDébora n’avaient donc rien d’officiel, et ses décisions neressemblaient pas à celles de nos tribunaux. Elle n’étaitmême pas juge au même titre que le fut plus tard Samuel, le seul des libérateurs d’Israël qui ait «jugé» comme Débora, mais avec une autorilé souveraine etune suprématie qui s’imposait à tous. Elle habitait dansla montagne d’Éphraim, entre Rama et Béthel, et recevaitceux qui venaient la consulter ou la prendre pourarbitre à l’ombre d’un palmier, qu’on appela le palmierde Débora, Jud., iv, 5, et auprès duquel elle avait sansdoule fixé sa tente. Cf. Gen., xxxv, 8. Le lieu choisi pourrendre ses jugements, au milieu de la campagne et nonà la porte d’une ville, indiquerait déjà par lui-mêmequ’on venait à elle de toute la terre d’Israël; l’auteur dulivre des Juges le donne à entendre par les expressionsgénérales dont il se sert: «le peuple; les enfants d’Israël; tous leurs différends.» Cela s’accorde d’ailleurs fortbien avec le rôle auquel Dieu destinait Débora; sa providencelui assurait par là, comme par le don de prophétie, l’influence dont elle avait besoin pour entraîner une grandepartie du peuple à la guerre de la délivrance. L’Écrilurene dit pas si Débora, une fois les Chananéens vaincus, continua à juger les procès du peuple comme auparavant; mais rien n’est plus vraisemblable, et le souvenirde sa glorieuse mission ne pouvait qu’accroître la confiancedes Israélites et la soumission à ses jugements.

III. Débora libératrice d’Israël. Jud., iv, 6-v, 32..

— Elle reçut de Dieu la mission d’avertir Barac, filsd’Abinoem, de la tribu de Nephthali, qu’il était l’élu deJéhovah, et de lui tracer en même temps le plan de campagnequi lui assurerait la victoire. Là se bornait d’abordla part que Débora devait prendre à l’œuvre de la délivrance; mais Barac ne voulut rien faire sans le concoursde celle dont tout Israël écoutait les paroles comme autantd’oracles, el elle fut ainsi obligée de s’associer effectivementau libérateur pour les préparatifs comme pour l’exécutionde l’entreprise. Elle accompagna donc Barac à Cédés deNephthali, et de là ils adressèrent leur commun appelaux tribus. Lorsque les dix mille guerriers demandés parle Seigneur se trouvèrent réunis au rendez-vous indiquésur le mont Thabor, Jud., v, 6, et que le moment ducombat fut venu, ce fui Débora qui donna le signal del’attaque en s’écriant: «Lève-toi, [Barac, ] voici le jourauquel le Seigneur va livrer Sisara;» et elle enflammales Israélites en leur renouvelant de la part de Dieu l’assurancede la victoire. Jud., iv, 14. Tandis que par lavoix de sa prophétesse il remplissait de courage les sol

dats d’Israël, le Seigneur jetait dans les rangs des Chananéensun effroi surnaturel. La déroute fut complète; les ennemis furent exterminés, Jud., iv, 16, et Sisaralui-même alla périr de la main de Jahel. Jud., iv, 15-23; v, 19-27. La puissance des Chananéens élait à jamais détruite, et Débora ne pouvait rien souhaiter de plus heureuxpour Israël que de voir ainsi traités à l’avenir lesennemis de Jéhovah. Jud., v, 31. Quant à elle, son nomest resté à jamais attaché à cette glorieuse délivrance, etla postérité l’a mise au nombre des juges d’Israël. Pour lesdétails de cette campagne, voirBARAC, 1. 1, col. 1444-1445.IV. Débora poète. Jud., v. — Herder, Histoire de lapoésie des Hébreux, trad. Carlowitz, in-8’, Paris, 1855, p. 440, appelle le cantique de Débora «le plus beau chanthéroïque des Hébreux. Tout [y] est présent, vivant, agissant», dit-il. Le chant de Débora fait ressortir avecéclat les qualités de cette grande âme, et en premièreligne son patriotisme et sa religion. Si la part qu’elle aprise à l’affranchissem*nt du peuple de Dieu lui a valud’être rangée, avec Judith et Esther, au nombre desfemmes de l’Ancien Testament qui ont été les types dela Mère du Sauveur des hommes, son cantique lui donneun trait plus particulier de ressemblance avec Marieexaltant dans son Magnificat le triomphe de Dieu surles superbes et les puissants de la terre. E. Palis.

3. DÉBORA, femme de la tribu de Nephthali, mère deTobiel, père de Tobie, dans les Septante. Tob., i, 8. Sonnom ne se lit pas dans la Vulgate.

    1. DÉCACORDE##

DÉCACORDE (hébreu: ’âéôr; Septante: Ssxoc/ôpiov; Vulgate: decachordon), instrument de musique àdix cordes, comme l’indique son nom. Il est mentionnétrois fois dans les Psaumes, exil (Vulgate, CXI, 4); cxuv(cxliii), 9; xxxm (xxxii), 2. Dans ce dernier passage, la Vulgate a traduit: in psalterio decem chordarum. Letexte hébreu, Ps. cxii, 4, emploie le mot’âsôr commedésignant à lui seul un instrument; mais Ps. xxxiii, 2, et cliv, . 9, ’âsôr est un simple adjectif se rapportant ànébél et indiquant qu’il s’agit d’un nébél ou psaltérionà dix cordes. Voir Psaltérion.

    1. DÉCALOGUE##

DÉCALOGUE, de Séxot, «dix,» et Xoyo.-, «parole,» nom donné aux dix commandements que Dieu imposaà son peuple dans le désert du Sinaï. Exod., xx, 1-17.Cf. Deut., v, 6-21. Ils sont contenus dans «le livre del’alliance», séfér kab-berif. Exod., xxiv, 7. Voir Pentatedque.Le mot «Décalogue» ne se lit pas dans laBible.

DÉCAPITATION. Voir Supplices.

    1. DÉCAPOLE##

DÉCAPOLE ("H AexctTcoXi; ). Ce nom, signifiant les «dix villes», se lit trois fois dans le Nouveau Testament.Les multitudes qui suivaient le Sauveur pendant sa viepublique étaient en partie originaires de la Décapole.Matth., iv, 25. De même le démoniaque, délivré parNotre -Seigneur d’une légion de démons. Marc., v, 2-20.Le Sauveur lui dit de retourner «dans sa maison», chezles siens, pour leur annoncer ce que le Seigneur lui avaitfait. «Et il s’en alla et commença à prêcher dans laDécapole ce que Jésus lui avait fait.» — Une autre foisnous trouvons le divin Maître lui-même dans les confinsde la Décapole, Marc, vii, 31, où il guérit un sourd-muet, y. 32-37. C’est encore très probablement dans la mêmerégion, près de la mer de Galilée, qu’il faut placer lesnombreux miracles dont parle saint Matthieu au chap. xv, 29-31, et la seconde multiplication des pains, qui chezsaint Matthieu, y. 32-38, fait suite à ces miracles, et chezsaint Marc, viii, 1-9, à la guérison du sourd-muet.

L’étendue du territoire de la Décapole ne se laisse guèreexactement définir. La Décapole était une confédérationde villes, presque toutes situées au delà du Jourdain.

Pour la plus grande partie païennes, elles avaient étéassujetties aux Juifs par Alexandre Jannée (104-78 avantJ.-C); mais Pompée leur avait rendu la liberté après laprise de Jérusalem (63 avant J.-C). Cf. Josèphe, Ant.jud., XIII, xv, 3-4; XIV, iv, 4; Bell, jud., i, lv, 8; vii, 7.L’historien juif, il est vrai, ne les nomme pas toutes; mais nous en connaissons plusieurs autres par leurs monnaies, sur lesquelles elles font usage de l’ère de Pompée.Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im ZeitalterJesu Christi, t. i, p. 240, note 24. Le général romain estdonc le vrai fondateur de la Décapole.

A l’origine de la confédération ces villes semblent avoirété au nombre de dix, comme le nom l’indique. Maisdepuis le nombre paraît avoir varié. Pline, H. N., v, 18, énumère une dizaine de noms; seulement il fait observerlui-même que d’autres auteurs donnent des nombres différents.Sa liste est ainsi conçue: Damas, Philadelphie, Raphane, Scythopolis, Gadara, Hippos, Dion, Pella, Galasa(lisez Gérasa) et Canatha. — Ptolémée, dans sa Géographie, v, 14, unit dans un même paragraphe «les villes dela Cœlésyrie et de la Décapole», au nombre de dix-huit.Ce procédé est assez naturel, vu que chez Josèphe aussi, Vit., 65, 74, la Décapole appartient à la Syrie, dont laCœlésyrie (voir Cœlésyrie, col. 820-822) était la partieméridionale. Mais il ne tranche pas assez clairement laquestion de la Décapole.

En supposant que les quatre premières villes sont donnéescomme appartenant à la Cœlésyrie sans faire partiede la Décapole, on retient pour celle-ci une liste qui, comme celle de Pline, commence par Damas et finit parCanatha, mais contient quatorze noms, c’est-à-dire tousceux de Pline, excepté Raphane, et en outre: Samulis(SixjjlouXiç), Abida (lisez Abila), Capitolias, Adra (=Édréï), Gadora (ËaSûpa). Nous ne sommes pas sûrs, il est vrai, de saisir ainsi exactement la pensée de l’auteur. Il a peut-êtreconfondu dans une seule liste les villes de la Décapoleavec d’autres qu’il attribuait en outre à la Cœlésyrie.Seulement la première hypothèse trouve un appuidans Etienne de Byzance (Ethnicorum qux supersuntex recensione Augusti Meinekii, Berlin, 1819, p. 203), quiparle de Gérasa comme d’une des quatorze villes, ttjçTeiT(T «p£<Ty.o(iSsx3m6)xaiç: leçon à laquelle Meineke, loç.cit., a substitué arbitrairement celle de AexaitdXewç. Aussila ville d’Abila, omise par Pline, mais nommée par Ptolémée, doit à une certaine époque avoir fait partie de laconfédération. Cela résulte d’une inscription trouvée àPalmyre et datant du règne d’Hadrien, où est nomméun certain Agathangelos d’Abila de la Décapole, AêiXrpo; TK AexaTtiXewç. Corpus inscript, grsec, n° 4501. Aussiles monnaies qu’on attribue à cette Abila sont-ellesdatées de l’ère de Pompée. Voir Schûrer, Geschichte, t. ii, p. 91.

Il y a du reste d’autres vestiges de changements survenusdans la Décapole. L’an 30 avant J.-C, Hippos etGadara sont jointes au royaume d’Hérode le Grand. Josèphe, Ant. jud., XV, vii, 3; Bell, jud., i, xx, 3. Aprèsla mort de celui-ci, lors de la division de son royaume, les mêmes villes sont attribuées à la province romainede Syrie. Ant. jud., XVII, xi, 4; Bell, jud., II, vi, 3. Etcependant les incursions des Juifs sur le territoire de cesvilles, Vit., 9, sont des attaques contre «la Décapole s deSyrie. Vit., 65, 74. Sous Néron, une ville d’Abila, que nouscroyons être l’Abila de la Décapole (voir Van Kasteren, Bemerkungen ûber einige atte Ortschaften im Ostjordanlande, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. nu, 1890, p. 218-219), est jointe à la tétrarchied’Agrippa II. Josèphe, Bell, jud., II, un, 2. Et vers lecommencement de la révolte juive, Scythopolis aussinous est représentée comme faisant partie du mêmeroyaume, Josèphe, Vit., 65, et dans un autre passage dumême auteur, ayant rapport à la même période, elle estappelée «la plus grande ville de la Décapole». Bell, jud., III, ix, 7. De cette dernière expression on a

conclu avec assez de vraisemblance que Josèphe ne comprenaitpas dans la Décapole la grande ville de Damas, que Pline et (probablement) Ptolémée mettent en têtede leurs listes. Et cela nous semble d’autant plus probable, que la ville de Damas, du temps des empereursCaligula et Claude, paraît avoir été sous la dominationdes rois nabatéens. II Cor, , xi, 32. (Voir Arétas, 4, t. i, col. 943-944.) Ajoutons que Schùrer, Geschichte, t. ii, p. 94, propose de joindre à la Décapole la ville de lCivara, maintenant Kerak, distincte de la Canatha (KavâOot ouKàvw8a) de Pline et de Ptolémée (Qanawât), puisquedes monnaies de Kiva-a ont l’ère de Pompée. Mais commeil existe une autre monnaie de la même ville, datant dumilieu du IIIe siècle et ayant l’ère de la province d’Arabie, il en conclut que depuis la création de cette province(105 après J.-C.), la ville doit avoir été séparée de laDécapole. D’après le même savant, Geschichte, t. ii, p. 84, cette remarque s’applique en partie à plusieurs autresvilles de la Décapole: dès le m siècle, elles apparaissentcomme faisant partie de b province d’Arabie. Aussi croit-ilque dès lors la confédération des «dix villes» avaitcessé d’exister, et que les auteurs postérieurs, commeEusèbe, Onomast., édit. de Lagarde, p. 116, 251; saintÉpiphane, Hœr., xxix, 7; xxx, 2; De pond, et mens., 15; t. xii, col. 401, 408; t. xliii, col. 261; Etienne de Byzance, loc. cit., n’en parlent plus que dans un sens historique.En somme, il faut avouer que nous n’avons de renseignementsassez clairs ni sur la nature de la confédération, ni sur le nombre et les noms.des villes qui à diversesépoques en ont fait partie, ni enfin sur sa durée. Lenombre paraît avoir varié au moins de dix à quatorze.Mais toutes les villes qu’on peut y rapporter avec quelquevraisemblance étaient situées dans le pays transjordanien, excepté Scythopolis. Aussi l’opinion de Brocard, Descr.Terrée Sanctx, ch. VI, dans Ugolini, Thésaurus antiquit.sacr., t. vi, col. mxxxviii, et d’autres auteurs du moyen$ge, qui les cherchent presque toutes dans la Galilée, estdénuée de tout fondement et réfutée déjà par Lightfoot, Decas chorogr. in S. Marcum, ch. vii, dans Ugolini, Thésaurus, t. v, col. mlxi-mlxii. Du reste, ce dernier savantn’est guère plus heureusem*nt inspiré, quand il veutjoindre à la Décapole Cësarée de Philippe et quelquesautres localités, que les auteurs du Talmud, relativementà certaines observances légales, mettent au même rangque Scythopolis, parce qu’elles étaient également situéesdans le «pays d’Israël», mais habitées par une populationen majorité païenne.

Il paraît d’ailleurs que le territoire de nos «dix villes» n’a jamais formé un tout continu. Le royaume d’Hérodele Grand et les tétrarchies qui lui succédèrent, — sanscompter la possession temporaire de Gadara, d’Hippos, d’Abila, de Scythopolis, — séparaient sans aucun doutele territoire de Damas de tout le reste, et très probablementy faisaient d’autres coupures. C’est du moins ce quePline, H. N., v, 18, affirme expressément. En parlantdonc du «pays de la Décapole», on ne saurait donner àcette expression un sens bien déterminé. Aussi les indicationsdes auteurs chrétiens sont des plus vagues: «enPérée, — ou au delà du Jourdain, — autour d’Hippos etGadara et Pella,» Onomast., p. 116, 251; — «dans lesenvirons de Pella, — en Pérée, — près de la Batanée et. de la Basanitide. s S. Épiphane, Adv. hxr., xxix, 7; xxx, 2; De pond, et mens., 15; t. xii, col. 401, 408; t. xliii, col. 261. Toutefois la partie méridionale du Djaulan etles montagnes de’Adjloun doivent en avoir formé lenoyau principal. C’est le plateau qui domine le lac deTibériade à l’est et le pays montagneux et boisé qui s’étendentre l’ancien Yarmouk au nord et l’ancien Jaboc au sud.Là s’élevaient la plupart des villes de la Décapole, cellesqui nous ont laissé les ruines les plus remarquables, mais qui n’ont pas un intérêt directement biblique, parcequ’aucune d’elles n’est nommée dans nos Livres Saints.En allant du nord au sud, nous rencontrons à peu de

distance du Jourdain: Hippos (QaVat el-llosn), Gadara( Umkeis), Pella (Khirbet Fdi.nl), Dion, dont le site estinconnu, mais qui, d’après les données de Ptolémée( «Gerasa, 68° 15’long., 31°45’lat.; Pella, 67° 40’, 31°40’; Dion, 67°50’, 31° 35’» ), ne pouvait être que très peu aunord du Jaboc; et dans l’intérieur: Abila (El-Qoeilbéh, dont une colline porte encore le nom de Tell Abil), Capitolias, nommée par Ptolémée (Beit Râs), Gérasa (Djeras).C’était un pays béni de la nature, et où fleuritassez longtemps la civilisation gréco-romaine, commeles restes de ces villes, nommément ceux de Gérasa, enrendent encore témoignage. Plus d’une fois sans doute cescontrées ont entendu la prédication du Christ. Cf. Matth., vin, 28-34; Marc, v, 1-20; Luc, viii, 26-39; Matth., xv, 29-xvi, 4; Marc, vir, 31-vm, 13; et peut-être Luc, x, 1-37; xiii, 22-xvii, 10; Joa., x, 39-42. Elles ont étéle refuge des chrétiens de Jérusalem pendant le siège deTitus. L’histoire nous a conservé les noms de plusieursévêques d’Hippos, de Gadara, de Pella, d’Abila, de Gérasa, et parmi les ruines de ces villes on trouve encore les restesde basiliques chrétiennes. Mais il faut ajouter, comme nousle raconte saint Épiphane, Adv. hxr., xxix, 1; xxx, 2; t. xli, col. 401, 408, que dès les premiers jours du christianismele même pays a été le berceau de l’hérésie desNazaréens et des Ébionites. Plus tard, la fatale batailledu Yarmouk, en livrant la Syrie et la Palestine à la dominationmusulmane, en fit disparaître à la fois presquecomplètement le christianisme et la civilisation. Les croisadesne purent rien changer à cette triste situation.Dans une bulle de Pascal II (1103) bon nombre de localitésde cette contrée, il est vrai, figurent parmi les possessionsde l’abbaye dit mont Thabor (voir Rôhricht, Studien zur mittelalt. Geogr. und Topogr. Syriens, dansla Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. x, p. 231-234); mais si le christianisme y exerça alors uneinfluence éphémère, il n’en reste aucun vestige." Ce n’estque depuis une dizaine d’années que des missionnairescatholiques, à El-Hosn et’Andjara, ont recommencéà jeter les sem*nces d’un avenir meilleur, en reprenantl’œuvre que le Sauveur lui-même avait commencée. —Quant aux autres villes qui figurent dans les listes dePline et de Ptolémée, presque toutes figurent dans laBible. Voir Bethsan = Scvthopolis, t. i, col. 1738-1744; Çanath = Canatha, col. 121-129; Damas, col. 1213-1231; ÉDRÉï = Adra (de Ptolémée); Rabbath -Ammon = Philadelphia: voir Ammon 4, t. i, col. 489-491; Raphon. Quantà Abila de la Décapole, il faut peut-être lire ce nomHâ-Abilâh au lieu de Rebla (Hà-Riblâh) dans la descriptiondes frontières de la Terre Promise. Num., xxxiv, 11. Voir Chanaan 2, col. 535.

Il ne nous reste que deux noms de la liste de Ptolémée, dont l’identification est très difficile. Samulis nousest totalement inconnu. Le nom pourrait faire penser audistrict d’Ez-Zumléh, à l’est du chemin du pèlerinagede la Mecque, au sud d’Er-Remthéh. Mais la longitudedonnée par Ptolémée (67 «30; , var. 67° 10’; lat. 32° 30’, var. 32° 10) nous mènerait plutôt dans la Galilée, dansles environs du mont Thabor. Le texte est probablementaltéré. Quant à la Gadora de la même liste, qui est nomméeentre Dion et Philadelphie, nous sommes portés àl’identifier avec la ville actuelle d’Es -Sait. Cf. Schlatter, .Zur Topogr. und Gesch. Palàstinas, Calw et Stuttgart, 1893, p. 44-51. Seulement cette ville semble avoir étéplutôt une ville juive que païenne, et dans ce cas l’on neconçoit guère qu’elle ait pu appartenir à la confédérationde la Décapole. J. van Kasteren.

    1. DECHIRER SES VÊTEMENTS##

DECHIRER SES VÊTEMENTS (USAGE DE).

— Ce signe de deuil est celui que la Bible mentionne leplusfréquemment. Le vêtement est un signe du bienêtre, de la richesse, de la dignité de celui qui le porte.On le déchirait pour marquer que le chagrin venait defaire une déchirure au cœur, en l’atteignant dans sa paix.

et son bonheur. Cf. Bàhr, Symbolik des mosaischehCultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 77, 186. D’ailleurs cettepratique n’était pas particulière aux Hébreux. On la retrouvechez les Assyriens, Judith, xiv, 14, 17; Bar., VI, 30; les Perses, Esfh., iv, l; Quinte-Curce, iii, 11, 25; iv, 10, 23; v, 13, 31; x, 5, 17; les Grecs, Hérodote, iii, 66; viii, 99; Lucien, Lucl., 12, et les Romains, Virgile, JEneid., xii, 609; Tite-Live, i, 13; Suétone, Cxsar., 33. Cf. Heden, Sciisio veslium Hebrxis ac Gentilibus usilata, Iéna, 1633, et dans Ugolini, Thésaurus, t. xxix, col. mxxvi. —Dès l’époque patriarcale, on voit les Hébreux déchirer leursvêtements sous l’empire de la douleur. Ainsi font Ruben, au sujet de Joseph, Gen., xxxvii, 30, et plus tard lui etsesneuf frères, à propos de Benjamin. Gen., xliv, 13.Pour des raisons particulières, Moïse défend cette pratiqueà Aaron et à ses fils. Lev., x, 6. Mais on la trouveen pleine vigueur dans tout le cours de l’histoire juive: à l’époque de Josué, Num., xiv, 6; Jos., vii, 6; des juges, xi, 35; I Reg., iv, 12; de Job, i, 20; ii, 12; des rois, II Reg., i, 11; xiii, 19; xiv, 30; xv, 32; III Reg., xxi, 27; IV Reg., v, 7, 8; vi, 30; xi, 14; xviii, 37; xix, 1; xxii, 11; II Par., xxiii, 13; xxxiv, 19, 27; Is., xxxvi, 22; xxxvii, 1; Jer., xxxvi, 24; xi.i, 5; après le retour de la captivité, I Esdr., re, 3, 5; au temps des Machabées, I Mach., ii, 14; III, 47; iv, 39; v, 14; xi, 71; xiii, 45, et à l’époque évangélique.Matth., xxvi, 65; Marc, xiv, 63. On déchirait sesvêtements non seulement dans les cas où l’on était visitépar l’épreuve, mais même quand on s’imposait la souffrancevolontaire pour faire pénitence. Aussi Joël, ii, 13, recommande-til aux Juife, toujours trop formalistes, de «déchirer leurs cœurs plutôt que leurs vêtements», s’ilsveulent que leur pénitence soit agréée du Seigneur. Lemême signe de douleur s’imposait quand on était témoind’une grave offense faite à Dieu. Caïphe déchire ses vêtements, Matth., xxvi, 65: xà ifiâTia; Marc, xiv, 63: toù?^iTùva; , en accusant de blasphème Jésus, qui affirme saqualité de Fils de Dieu. À Lystres, Barnabe et Paul déchirentleurs tuniques en voyant qu’on les prend pourJupiter et Mercure, et qu’on veut les honorer commetels. Act., xiv, 14. — Les rabbins, consignant probablementpar écrit ce qui se pratiquait traditionnellement, formulèrent les règles suivant lesquelles les vêtementsdevaient être déchirés. Il fallait se tenir deboutpour cette opération. La déchirure se faisait en haut, àpartir du cou, jamais derrière, ni sur le côté, ni surles franges d’en bas. Elle devait avoir environ un palme, soit de sept à huit centimètres de long. On ne la pratiquaitni sur le vêlement intérieur ni sur le manteaude dessus; mais tous les autres habits devaient la subir, fussent-ils au nombre de dix. La déchirure faite aprèsla mort des parents n’était jamais recousue; après la mortd’autres personnes, on recousait le vêtement au bout detrente jours. Peut-être l’Ecclésiastique, iii, 4, 7, fait-ilallusion à ces usages quand il dit: «Il y a temps de pleureret temps de rire, … temps de déchirer et temps de recoudre.» La déchirure était obligatoire quand on entendaitun blasphème. Pour éviter d’en entendre et ne pasavoir à endommager leurs vêtements, les Juifs prenaientun ingénieux moyen: ils se bouchaient les oreilles etpoussaient de grands cris. Act., vii, 57. Pareille déchiruren’était jamais recousue, pour signifier que le blasphèmeétait inexpiable. Le grand prêtre déchirait son vêtementde bas en haut, et les autres prêtres de haut en bas. Ilne suit pas de Lev., x, 6, que Caïphe n’avait pas le droitde déchirer sa robe, comme le croit saint Léon, Serm. ride Passione Votnini, 2, t. liv, col. 329. Le texte du Lévitiquevise un cas différent, et l’on voit d’autre part le£rand prêtre Jonathas déchirer ses vêtements. I Mach., xi, 71. Cf. dans la Mischna de Synedriis, 7, 5; Moedkaton, 3, 7; Schabbath, 13, 3; dans le Targum de JonathasHorayath, 3; Siphra, ꝟ. 227; Josèphe, Bell, jud., H, xv, 2; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, Leipzig, 1875,

p. 2146.

H. Lesêtre.

    1. DÉCLA##

DÉCLA (hébreu: Diqldh; Septante: AexVi, Gen., x, 27; Codex Alexandrinus: A°.xX3(jl; omis par le CodexVaticanus, I Par., i, 21), septième fils de Jectan, descendantde Sem. Gen., x, 27; I Par., i, 21. Ce nom, comme tous ceux des peuples issus de cette souche, représenteune tribu arabe. «Les peuples yaqtanides ouqa’htanides constituent dans la péninsule arabique-lacouche de populations que les traditions recueillies parles musulmans appellent Mûle’arriba.» F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., Paris, 1881, t. i, p. 284. Voir Arabe 2, t. i, col. 836. La Genèse, x, 26-30, détermine pour leur habitation une vaste zone qui traversetoute l’Arabie et comprend, à partir du Mésalik, leDjebel Schommer, le Nedjed, le midi du Hedjàz, leYémen, le Hadhramaout et le Mahrah. Les deux tribusqui précèdent immédiatement Décla, c’est-à-dire Aduramou Adoram ( hébreu: Hâdâràm) et Uzal ou Huzal(hébreu: ’Uzâl), appartiennent à la partie méridionaledu pays. Si la première, correspondant aux Adramitesdes géographes classiques, n’a pas d’emplacement toutà fait certain, les savants et les voyageurs, à quelquesexceptions près, s’accordent généralement pour placer laseconde sur le territoire actuel de la ville de San’à, capitaledu Yémen, appelée autrefois Azâl ou Izâl. Cf. Corpusinscriptionum semiticarum, part, iv, Paris, 1889, t. i, p. 1. De même celle qui suitj Ébal ou Hébal (hébreu: ’Êbâl), est assimilée par plusieurs auteurs aux Gébanitesde Pline, qui habitaient à l’ouest du canton d’Uzal, surles bords de la mer, avec Tamna pour ville principale.Ces indications générales nous maintiennent donc dansle sud-ouest de la péninsule, tout en nous laissant, pourDécla, dans la voie des conjectures. Le nom seul nousest un guide, encore est-il insuffisant. Le mot nbpi,

diqlàh, dans les langues sémitiques, signifie «palmier» ou «lieu planté de palmiers», araméen: N^pT, diglà’;

Oj, deqlâ’; arabe: , JJ>, daqal. Il doit doncdésigner une contrée particulièrement riche en arbres decette espèce, «ou bien où l’on rendait un culte religieuxau dattier, comme le faisaient les habitants du Nedjràn: la situation de ce dernier canton conviendrait fort augroupement de Diqlah avec les noms voisins.» F. Lenormant, Histoire ancienne, t. i, p. 285. Les ouvrages arabesmentionnent une seule localité du nom de Daqalah dansle Yemâméh. Ou en connaît quelques autres appeléesNakhléh (mot qui signifie également» palmier» ). Représentent-elles, les unes ou les autres, le territoire jectanitedont nous nous occupons? Nous ne pouvons le savoirau juste. Cf. E. Stanley Poole, dans Smith, Diclionaryof the Bible, 2e édit., Londres, 1893, t. i, p. 783. —S. Bochart, Phaleg, lib. ii, cap. xxii, Cæn, 1646, p. 134, et d’autres auteurs après lui ont cru retrouver les descendantsde Décla dans les Minéens, peuple de l’ArabieHeureuse, habitant une contrée fertile en palmiers. LesMeivaïoi ou Mivatot, Minsei, sont mentionnés par Strabon, xvi, p. 768, 776; Ptolémée, vi, 7, et Pline, VI, 32, comme un peuple puissant, voisin des Adramites, richeen champs et en troupeaux. On a beaucoup discuté sur laposition qu’occupait cette importante tribu. Cf. W. Smith, Dictionary of Greek and Roman geography, Londres, 1873, t. ii, p. 357. On reconnaît aujourd’hui qu’une villedu Yémen, Ma’in ou Mé’in, en représente la capitale. Cf.J. Halévy, Rapport sur une mission archéologique dansle Yémen, dans le Journal asiatique, janvier 1872, p. 32.

A. Legendre.

DÉCURION. La Vulgate désigne par le mot decurio1° certains officiers de l’armée juive au temps des Machabéeset 2° les membres du sanhédrin. — 1° Officier(grec: SexaSip^o; ). Quand Judas Machabée organisal’armée juive, il institua un corps d’officiers parmi lesquelssont nommés des décurions. I Mach., iii, 55. Cesont les moins élevés en grade. Ils commandaient dix

hommes; le texte ne nous dit pas s’il s’agit de fantassinsou de cavaliers. — 2° Membres du sanhédrin (grec: pou-Xevtt); )- Dans le Nouveau Testament il n’est jamais questiondes décurions de l’armée romaine, c’est-à-dire desofliciers de cavalerie qui commandaient une troupe dedix hommes. Ce terme est toujours employé au senscivil, comme synonyme de membre du conseil, c’est-à-diredu sanhédrin. Voir Sanhédrin. Joseph d’Arimathieest appelé décurion. Marc, xv, 43; Luc, xxv, 50.Le mot decurio était, en effet, employé en latin pourdésigner les membres des sénats municipaux. C’est letitre que leur donnent les inscriptions et les textes juridiques.Lex Julia municipalis, dans le Corpus inscrtptionumlatinarum, t. i, n° 206, lig. 86, 94, 109, etc.; cf. t. ii, n° 1963, c xxvi; n» 1964, c. lxi; t. ix, n» 338; Ephémevis epigraphica, t. n (1874), p. 105-107, c. xcvi, etc.; Digeste, XLVIII, x, 13, 1; L, ii, 5; iii, 12, etc. Il estdonc naturel que saint Jérôme ait traduit le mot grecPouXs’jttJ; par le mot latin decurio, quoique le sanhédrinne puisse pas à proprement parler être appelé un sénatmunicipal. E. Beurlier.

    1. DÉDAN##

DÉDAN, nom de deux chefs de tribus, l’un fils deRegma, dont parle Ézéchiel, xxvii, 15; xxxviii, 13; l’autre fils de Jecsan, mentionné dans Jérémie, xxv, 23; xux, 8, et dans Ézéchiel, xxv, 13; xxvii, 20. VoirDadan 1, 2.

    1. DÉDICACE##

DÉDICACE (hébreu: hanûkâh; Septante: è^xaivig(i, 6<; ou ÈYxatvia; Vulgate: dedicatio). Ce mot a, dansla Bible, trois significations, qui sont d’ailleurs connexes.

— 1° Il désigne d’abord la cérémonie par laquelle onvoue ou l’on consacre un lieu Ou un objet, spécialementun temple et un autel, au culte de Dieu. C’est ainsi, parexemple, que Salomon fit la dédicace très solennelledu Temple qu’il avait bâti au Seigneur. III Reg., vm.C’est ainsi également qu’on dédia le nouveau Templequi fut construit au retour de la captivité de Babylone.I Esdr., vi, 16-17. — 2° Il signifie, d’autre part, V inaugurationd’un monument quelconque, sans affectationspéciale au culte divin. C’est en ce sens qu’on fit la dédicacedes murailles de Jérusalem, quand elles furentrebâties après la captivité. Il Esdr., xil, 27. L’inaugurationfut d’ailleurs accompagnée de cérémonies religieuses.Cf. Deut., xx, 5. — La «dédicace de la maison de David», qui est mentionnée au Psaume xxix, en guise de titre, désigne très probablement non pas l’inauguration dupalais que David se bâtit à Sion, après la prise de la citadellejébuséenne; mais le choix que fit ce prince del’aire d’Areuna, au mont Moriah, comme emplacementdu Temple futur, choix qui avait d’ailleurs un caractèrereligieux, marqué par un sacrifice. — 3° Enfin cetteexpression désigne une fête liturgique, qui fut instituéeaprès la captivité. L’Évangile mentionne cette fête sousle nom d’Encénies, Joa., x, 22, mot calqué sur le grecéYxoiîvia, qui signifie «renouvellement», et dans le langagesacré «dédicace». Cf. III Reg., viii, 63; Il Par., vu, 5; Esdr., vi, 16, dans la traduction des Septante.Jésus-Christ assista à la fête des Encénies, ou Dédicace.Joa., x, 22-23. Quelques exégètes, Calmet entre autres, Dictionnaire de la Bible, au mot Dédicace, croient quecette fête, dont parle saint Jean, rappelait le souvenir dela dédicace du temple d’Hérode, qui fut célébrée avec laplus grande pompe au jour anniversaire de l’avènementde ce roi à la couronne. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 6. Mais la plupart des interprètes veulent, et avecraison, que la fête en question se rattache à celle quifut instituée par Judas Machabée, l’an 164 avant J.-C, pour célébrer le souvenir de la purification solennelle duTemple, après la profanation sacrilège d’Antiochus IVÉpiphane. I Mach., i, 23, 39, 49-50; iv, 59; II Mach., x, 1-8, cf. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 4. — La fête dela Dédicace était une des plus grandes fêtes de l’année.

Elle commençait le 25 casleu, II Mach., x, 5, c’est-à-diredans la seconde moitié de décembre, et durait huit jours.On y faisait de brillantes illuminations; d’où le nom defête des Lumières, xà. çôtoi, qu’on lui donnait aussi. Lacélébration de la fête n’était pas attachée d’une façonobligatoire au centre même du culte juif, à Jérusalem, comme la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles; on pouvait la faire partout. — L’Église a recueilli sur cepoint une partie de l’héritage de la synagogue, en s’inspirantde l’Ancien Testament pour dédier ses lieux deprières et de sacrifices, et établir certaines fêtes ou cérémoniesliturgiques. J. Bellamy.

DEESSE. La langue hébraïque ne possède aucunnom particulier pour désigner une déesse, parce queles Hébreux savaient qu’il n’en existait point et que lesdéesses des païens étaient des fictions. Le mot dea, «déesse,» se lit dans la Vulgate, III Reg., xi, 5, 33; appliqué à Astarthé, «déesse des Sidoniens. i> Le texteoriginal porte: ’Êlôhîm, «dieu.» Dans le Nouveau Testament, 0î «, «déesse,» est dit, Act., xix, 35, 37, d’Artémisou Diane des Éphésiens. Voir Astarté et Diane.

    1. DEGRÉS##

DEGRÉS (CANTIQUES DES), nom donné à

quinze Psaumes, cxix-cxxxm, désignés en hébreu sousle titre de sîr ham-ma’alôl, «chant des montées,» soitparce qu’on les chantait en ce montant» en pèlerinage àJérusalem, après le retour de la captivité de Babylone, soit parce qu’ils ont ce qu’on a nommé le rythme degradation, consistant en ce que le sens avance par degréset monte en quelque sorte de verset en verset. On lesappelle aussi Psaumes graduels. Voir F. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., t. ii, p. 351-352.

    1. DEHAUT Pierre-Auguste-Théophile##

DEHAUT Pierre-Auguste-Théophile, exégète français, né à Montcornet (Aisne) le 29 mars 1800, mort à Septmontsle 22 avril 1887. Il fit ses études théologiques augrand séminaire de Soissons, et fut ordonné prêtre le18 juin 1825. Il professa d’abord la philosophie au petit*éminaire de Laon, et ensuite la physique au grand séminairede Soissons. Après avoir été chargé de la paroissede Billy-sur-Aisne, il occupa successivement la cure deVoyenne, en 1826; celle de Nampteuil-la-Fosse, en 1828; de Cuffies, en 1830; de Vassogne, en 1836, et de Septmonts, en 1850, où il mourut. On a de lui: L’Évangileexpliqué, défendu, médité, ou Exposition exégétique, apologétique et homilétique de la vie de Notre-SeigneurJésus-Christ, d’après l’harmonie des Évangiles, 4 in-8°, Bar-le-Duc, 1864-1866; 2= édit., 5 in-8° Paris, 1868; édition abrégée à l’usage des laïques, 3 in-12, Paris, 1868.

— Voir La Semaine religieuse de Soissons et Laon, 1887, p. 275 et 738. O. Rey.

    1. DÉLÉAN##

DÉLÉAN (hébreu: Dil’ân; Septante: AaXtxX), villede Juda, mentionnée une seule fois dans la Bible. Jos., xv, 38. Elle fait partie du second groupe des cités «de laplaine» ou de la Séphélah. Si l’interprétation de Gesenius, Thésaurus, p. 341, dil’ân = «champ de courges oude concombres», est exacte, le nom convient bien à unelocalité de cette fertile contrée. L’emplacement de cetteville n’est pas connu. Magdalgad, qui la précède dansl’énumération de Josué, est bien identifiée avec EUMedjdel, à lest d’Ascalon, et Masepha, qui la suit, semblebien se retrouver dans Tell es - Safiéh, plus loin, vers lenord-est; mais les conjectures faites à son sujet n’ontamené aucun résultat sérieux. Van deVelde, Reise durchSyrien und Palàslina, Leipzig, 1855, t. n. p. 166, pensequ’elle pourrait être représentée aujourd’hui par Tinaou Tinéh, au nord de Tell esSafiéh. Le seul motif decette supposition est le rapprochement des deux endroits; il en faudrait d’autres pour l’appuyer. La même difficultéexiste pour Beit Tima, au sud d’EIMedjdel. Enfin l’hypothèsede Iinobel, cherchant Déléan à Beit Oula, même

écrit Beit Doula par Tobler, à trois heures â l’est de BeitDjibrin, est encore plus impossible, puisqu’il n’y a correspondanceni onomastique ni topographique. Cf. Keil,

Josua, Leipzig, 1874, p. 130.

A. Legendre.

    1. DELITZSCH Franz##

DELITZSCH Franz, exégète luthérien allemand, né à Leipzig le 23 février 1813, mort dans cette ville le4 mars 1890. Issu d’une famille pauvre, il étudia la théologieet les langues orientales à l’université de sa villenatale, et y commença son enseignement comme privatdocent, en 1842; il devint professeur ordinaire de théologieà Rostock en 1846, à Erlangen en 1850, et à Leipzigen 1867. Ses productions littéraires sont nombreuses; elles se distinguent par l’élévation des vues, une connaissanceapprofondie de l’hébreu et de la littératurerabbinique. Pendant les dernières années de sa vie, FranzDelitzsch avait abandonné une partie des croyances traditionnellesqu’il avait d’abord défendues. Ses ouvragesexégétiques ou relatifs à la science biblique sont: ZurGeschichte der jûdischen Poésie vom Abschluss der heiligenSchriften Alten Bundes bis auf die neueste Zeit, in-8°, Leipzig, 1836; Jesurun, isagoge in grammaticamet lexicographiam linguse hébraicse, in-8°, Grimma, 1838; Die biblisch-prophetische Théologie, in-8°, Leipzig, 1845, dans les Biblisch-theologische und apologetische - kritiseheStudien (en collaboration avec Caspari, voir Caspari), 2 in-8°, Berlin, 1845-1848; Neue Vntersuchungenûber Enstehung und Anlage der kanonischen Evangelieri.I Th., Das Matthàus-Evangelium, in-8°, Leipzig, 1853; System der biblischen Psychologie, in-8°, Leipzig, 1855; 2e édit., 1861; Jésus und Hillel mit Rûcksicht aufRenan und Geiger verglichet, in-8 3, Erlangen, 1867; 2e édit., 1867; 3e édit., 1879; Der Messias als Versohner.Ein begrûndetes Zeugniss an die Gebildeten im jûdischenVolke, in-8°, Paris et Strasbourg, 1867; Leipzig, 1885; Handwerkerleben zur Zeit Jesu, in-8°, Erlangen, 1868; 3= édit., 1879; Paulus des Apostels Brief an die Ilômer, aus dem Gnechischen Urtext in das Êebràische ûbersetztund aus dem Talmud und Midrasch erlàutert, in-8°, Leipzig, 1870; Studien zur Enstehungsgeschichteder Polyglottenbibel des Ximenes, 3 in-8°, Erlangen, 1871-1876; Fortgesetzte Studien zur Enstehungsgeschichteder complutensischen Polyglotte, in-4°, Leipzig, 1866; Complutensisclie Varianten zum altestamentlichenTexte, in-4°, Leipzig, 1878; Ein Tag in Kapernaum, in-16, Leipzig, 1871; 2e édit., 1873; 3 8 édit., 1886; DieBïbel und der Wein, Ein Thirza-Vortrag, in-8°, Leipzig, 1885; Durch Krankeit zur Genesung. Eine jerusalemischeGeschichte der Herodierzeit, in-8°, Erlangen, 1873; DieBûcher des neuen Bundes aus dem Griechischen in’sHebràische ùbersetzt, in-16, Leipzig, 1877; 11e édit., 1889.Delitzsch travailla plus de cinquante ans à cette traduction.Voir Eine Uebersetzungsarbeit von 52 Jahren. Aeusserungendes iveil. Prof. Frz. Delitzsch, in-8°, Leipzig, 1891. Cf. du même: The Hebrew New Testament of theBritish and Foreign Bible Society, in-8°, Leipzig, 1883.

— Il a aussi publié des travaux et des commentaires estiméssur plusieurs livres de la Bible: De Habacuci prophetsevitzeatque xtale, commentatio historico-isagogica, in-8°, Leipzig, 1842; Symboles ad Psalmos illustrandosisagogicse, in-8°, Leipzig, 1846; Der Prophet Habakukausgelegt (Heft n de V Exegetisches Handbuch zu denPropheten des alten Bundes, publié avec C. P. Caspari), in-8°, Leipzig, 1843; Dos Hohelied untersucht undausgelegt, in-8°, Leipzig, 1851; Die Genesis ausgelegt, in-8°, Leipzig, 1852; 2e édit., 1853; Commentar ûber dieGenesis, 3e édit., 1860; 4e édit., 1872; Neuer Commentarûber die Genesis, in-8°, Leipzig, 1887; Commentar zumBriefe an die Hebrâer, in-8°, Leipzig, 1860; Commentarûber den Psalter. i Theil. Uebersetzung und Auslegungvon Ps. 1-89, in-8°, Leipzig, 1859; // Theil. Uebersetzungund Auslegung von Ps. 90-150, in-8°, Leipzig, 1860; Hanschriflliche Funde. i Heft. Die Emsmisclien

Enstellungen des Textes der Apokalypse, nachgewiesenaus dem verloren geglaubten Codex Reuchlins, in-8°, Leipzig, 1861; a Heft. Neue Studien ûber den CodexRenchlins und neue textgeschichtliche-Aufschlûsse ûberdie Apokalypse aus dem Bibliotheken in Mûnchen, Wien und Rom, in-8°, Leipzig, 1862. — Bans le BiblischerCommentar ûber das Alte Testament, publié avecFrd. Keil, Delitzsch a donné: 1° Der Prophet Jesaia, in-8°, Leipzig, 1866; 2e édit., 1869; 3e édit., 1879; 4e édit., 1889; — 2° Die Psalmen Neue Ausarbeilung, in-8°, Leipzig, 1867; 2 in-8°, 1873-1874; ¥ édit., 1883; 5e édit., 1894; — 3° Das Buch Job, in-8 «, Leipzig, 1864; 2e édit., 1876; — 4° Biblischer Commentar ûber das SalomonischeSpruchbuch, in-8°, Leipzig, 1873; — 5° BiblischerCommentar ûber das Hohelied und Koheleth, in-8°, 1875. — La dernière œuvre scripturaire de FranzDelitzsch est intitulée: Messianische Weissagungen ingeschichtlichen Folge, in-8°, Leipzig, 1890. — Frz. Delitzscha aussi publié en collaboration avec S. Bær letexte hébreu de plusieurs livres de l’Ancien Testament: Liber Genesis, in-8°, Leipzig, 1869; Liber Jesaia, 1872; Liber Psalmorum hebraicus atque latinus ab Hieronymoex hebrseo conversus (avec la collaboration deC. de Tischendorf), 1874; Liber duodecim prophetarum, 1878; Liber Psalmorum, 1880; Liber Proverbiorum, 1880; Liber Ezechielis, 1884; Liber Chronicorum, 1888; Liber Jeremise, 1890. — La plupart des œuvres exégétiquesde Frz. Delitzsch ont été traduites en anglais.

F. VlGOUROPX.

    1. DÉLOS##

DÉLOS (AtjÂoi; ), île de la mer Egée, faisant partiedu groupe des Cyclades (fig. 487). — Elle est mentionnéeparmi les pays auxquels fut envoyée la lettre écrite par lesRomains après le traité d’alliance conclu entre ce peupleet les Juifs, au temps de Simon. I Mach., xv, 23. Délos

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487. — Monnaie de Délos.

Tête lauréo d’Apollon, à gauche. — IV Lyre entre les deux

lettres AH (Aîj).o; ).

était célèbre par son sanctuaire d’Apollon. Ce dieu, d’après les traditions grecques, y était né. Strabon, X, v, 2. Au vne siècle avant J.-C., le temple d’Apollondevint le centre d’une confédération de villes maritimes, et, après les guerres médiques, d’une ligue dont Athèneseut la direction. Cette ligue, détruite par la victoire deSparte sur Athènes, à la suite de la guerre du Péloponèse, fut reconstituée par Athènes, en 375. Voir E. Curtius, Histoire grecque, trad. franc., in-8°, Paris, 1883, t. ii, p. 368, 379, 424, 450, 496, 523; t. iii, p. 406; t. iv, p. 354; t. v, p. 109. En 315, Délos devint indépendante, et, jusqu’en 166, fut le centre d’une confédération d’insulaires, sous l’hégémonie successive des rois d’Egypte, de Syrie, de Macédoine et de la république de Rhodes.Ce fut la période la plus florissante de l’histoire de l’île.L’administration du sanctuaire délien pendant cette périodenous est connue par de nombreux textes épigraphiques, retrouvés pour la plupart par M. hom*olle dansles fouilles qu’il a faites dans l’Ile, surtout de 1877 à 1888, et dont les résultats ont été publiés dans le Bulletin decorrespondance hellénique, t. i-xix (1877 à 1896). À partirde 250 avant J.-C, des négociants romains s’y établirent.En 166, le sénat rendit Délos à Athènes. En 146, le portfut déclaré franc, et la chute de Corinthe lui donna unegrande importance. C’est peu après cette date que lalettre des Romains en faveur des Juifs fut envoyée auxhabitants de l’Ile. Les marchands de Tyr, de Beyrouth, d’Alexandrie, y établirent des maisons qui furent enrapport avec tout le bassin de la Méditerranée. Corpus

inscript, græc., n° 2271; Bulletin de correspondancehellénique, t. iv (1880), p. 222. Des quais, des môles, des ports furent construits. Lors de la guerre de Mithridate, Délos resta fidèle aux Romains; mais les amirauxdu roi de Pont s’emparèrent de l’Ile et la ravagèrent. Ellefut reconquise, en 87, par Sylla, et se releva de ses ruines.En 69, elle fut pillée par les pirates, et depuis lors ellefut de plus en plus désertée. Strabon, X, v, 4; Pausanias, VIII, xxxiii, 2; IX, xxxiv, 6; Th. hom*olle, dans le Bulletinde correspondance hellénique, t. vm (1884), p. 75-158.Délos possédait une colonie juive, dont plusieurs membresobtinrent le titre de citoyens romains. Joséphe, Ant. jud., XIV, x, 8 et 14. On a trouvé dans l’Ile une inscriptiongrecque en l’honneur d’Hérode Antipas. Bulletin de correspondancehellénique, t. m (1879), p. 365. Outre lesouvrages cités, voir J.-A. Lebègue, Recherches sur Délos, in-8°, Paris, 1876; Th. hom*olle, Les travaux de l’écolefrançaise à Délos, in-8°, Paris, 1890. E. Beurijer.

    1. DELPHON##

DELPHON (hébreu: Dalfôn; Septante: AsXqpiav; quelques manuscrits: àSeXiptûv, et tov AsXçwv), le seconddes dix fils d’Aman, massacrés par les Juifs le 13du mois d’Adar. Esther, ix, 7.

    1. DELRIO Martin -Antoine##

DELRIO Martin -Antoine, jésuite belge, né à Anversen 1551, mort à Louvain le 19 octobre 1608. Il était docteurde Salamanque, vice-chancelier et procureur généralau conseil souverain de Brabant, quand, dégoûté dumonde, il entra au noviciat des Jésuites, à Valladolid, en 1580. Il quitta l’Espagne enl586, se rendit à Louvain, puis à Mayence, pour compléter ses études de théologie, enseigna la philosophie à Douai, puis l’Écriture Sainteà Louvain, à Gratz et à Salamanque. Renvoyé ensuiteen Belgique, il arriva malade à Louvain et ne tarda pasà y succomber à ses souffrances. Delrio, que Juste Lipseappelait le miracle de son temps, était versé dans lesconnaissances les plus variées, comme en témoignentles nombreux ouvrages qu’il a publiés, parmi lesquels: 1° In Cantiçum canticorum Salomonis commentariuslilleralis et catena mystica, Me authore, hssc collectoreMartino Del Rio, in-f «, lngolstadt, 1604; Paris, 1604, 1608; Lyon, 1604, 1611; 2° Commentarius litteralis inThrenos, in-4°, Lyon, 1608; 3° Pharus sacrse sapientiss, in-4°, Lyon, 1608: c’est un commentaire sur la Genèse; 4° Adagialia sacra Veteris et Novi Testamenti, 2 in-4°, Lyon, 1612-1613, 1614-1618. On n’y trouve que les AdagialiaVeteris Testamenti; ceux du Nouveau Testamentfurent composés et publiés par André Schott, S. J., en 1629.

C. SOMMERVOGEL.

    1. DÉLUGE##

DÉLUGE (hébreu: mabbûl; Septante: xaTaxXv<r|ji.ôç; Vulgate: diluvium), nom biblique de l’inondation quieut lieu à une date inconnue dès anciens âges, et qui, selon le récit de la Genèse, couvrit le globe et fit périrl’humanité entière, à l’exception de Noé et de sa famille.Après avoir décrit ce phénomène extraordinaire, nousen établirons la réalité historique, l’étendue et la nature.

I. Description. — 1° Cause morale et annonce prophétique.— La malice des hommes issus de l’union desSéthites avec les Caïnites, voir col. 43-44, et leur violencecroissant sans cesse et étant parvenues aux extrêmeslimites, Dieu se repentit d’avoir créé l’homme et résolutd’exterminer l’humanité coupable et tous les êtres quiavaient été les instruments ou les témoins de ses crimes.Seul Noé, qui était juste, trouva grâce à ses yeux, avecses fils Sem, Cham et Japheth. Le moyen choisi par Dieupour venger sa justice outragée et purifier la terre futune inondation générale, qui ravirait la vie à tous lesêtres vivants. L’instrument de salut, qui devait conserverl’espoir de l’humanité, fut une arche ou vaisseau. Voirt. i, col. 923-926. Dieu en indiqua les dimensions et désignales hommes et les animaux qui devaient y pénétrerpour repeupler la terre. Il ordonna aussi à Noé d’y placerla nourriture nécessaire aux futurs habitants. Gen., vi,

1-21. Le déluge fut donc dans les desseins de Dieu unchâtiment des crimes et de la perversité des hommes, eten même temps ur. moyen de préservation et de reconstitutiond’une nouvelle humanité dans la vraie foi et lesbonnes mœurs. Ce fut un événement providentiel, voulupar la sagesse de Dieu autant que par sa justice.

2° Réalisation. — Quand Noé eut accompli tous lesordres divins, tandis que ses contemporains continuaient, au mépris des avertissem*nts reçus, leur vie indifférenteet dissolue, Matth., xxiv, 37-39; Luc, xvii, 27, Dieu luiordonna d’achever ses préparatifs et d’entrer dans l’archeavec sa femme, ses fils et leurs épouses; en tout huitpersonnes. I Petr., iii, 20. Sur le nombre des animauxde chaque espèce qui devaient être introduits dans l’arche, les commentateurs n’ont jamais été d’accord. Les unsont crû que Dieu avait fixé sept couples d’animaux purset deux d’animaux impurs; les autres n’ont compté quesept individus purs et deux impurs, les expressions «sept, sept; deux, deux», étant des nombres distributifs. Voirt. i, col. 613-614. Sept jours après, tout étant exécutécomme Dieu l’avait commandé, et le Seigneur ayant lui-mêmefermé la porte de l’arche derrière Noé, les eauxdu déluge se répandirent sur la terre. C’était le dix-septièmejour du deuxième mois, la six centième année deNoé. Toutes les sources du grand abîme se rompirent, les cataractes du ciel s’ouvrirent, et la pluie tomba surla terre pendant quarante jours et quarante nuits. Deuxcauses physiques de l’inondation sont seules ainsi métaphoriquementindiquées, l’invasion des eaux marines surterre et une pluie torrentielle. On a pu croire que «leseaux du grand abîme» désignaient les sources souterraines, qui auraient jailli à gros bouillons et se seraientdéversées complètement à la surface. Ce sont plutôt lesflots de l’océan qui, abandonnant leurs réservoirs naturels, firent irruption sur la terre ferme et la couvrirent.Le mot hébreu tehôm employé ici s’entend plus souventde la mer, Is., ii, 10; Ps. xxxvi, 7; lxxviii, 15; Amos, vu, 4, que des sources souterraines. Job, xxxviii, ^16; Ps. lxxi, 20. «Les écluses des cieux» qui en s’ouvrantlaissaient échapper des cataractes, voir col. 348, signifientdans la conception vulgaire de l’atmosphère terrestreles nuages qui crèvent et répandent une pluie violente, gésém. L’inondation fut progressive, et les eaux en grossissantsoulevèrent l’arche et submergèrent toute la surfacede la terre. Tous les êtres vivants et tous les hommes, hormis ceux qui étaient renfermés dans l’arche, périrent.Tandis que le navire sauveur flottait et que la main deDieu tenait le gouvernail, Sap., xiv, 6, les eaux montaient, et leur hauteur devint telle, qu’elles surpassèrentde quinze coudées le sommet de toutes les montagnesqui sont sous le ciel. Elles couvrirent ainsi la terre pendantcent cinquante jours. Gen., vii, 1-24.

3° Diminution et cessation. — Au bout de ce temps, Dieu se souvint de Noé et des êtres qui étaient dansl’arche" et fit cesser le déluge. Les causes de l’inondationn’agirent plus; les sources de l’abîme et les écluses duciel furent fermées, et les pluies furent arrêtées. Dieu fitsouffler sur la terre un vent intense et chaud, qui diminuagraduellement les eaux par l’évaporation. Elles décrurentpeu à peu et se retirèrent, en retournant dansles lieux d’où elles étaient sorties. La mer regagnait sonlit, et les nuages se reformaient dans l’atmosphère. Levingt-septième jour, d’après la Vulgate, ou le dix-septième, suivant les textes hébreu et samaritain, le Targum etplusieurs versions anciennes, du septième mois, l’archese reposa sur le mont Ararat, en Arménie. Voir t. i, col. 878-882. La décroissance des eaux continua jusqu’aucommencement du dixième mois. Le premier jour de cemois, les sommets des montagnes apparurent. Quarantejours plus tard, Noé, désirant savoir si la surface de laterre était à sec, ouvrit la fenêtre de l’arche et lâcha uncorbeau, qui voltigea de divers côtés et ne revint pas. Illâcha aussi une colombe, qui, ne trouvant pas où poser

le pied, revint. Sept jours après, il la fit sortir de nouveau, et le soir elle rapporta dans son bec un rameaud’olivier dont les feuilles s’étaient conservées vertes sousles eaux ou avaient déjà repoussé. À ce signe, Noé compritque les eaux s’étaient entièrement retirées. Aprèssept autres jours, il envoya une troisième fois la colombe, qui ne reparut plus. Ouvrant le toit de l’arche, Noéconstata que la surface de la terre était sèche. C’était lepremier jour du premier mois de la six cent et unièmeannée de Noé. Le vingt-septième jour du deuxième mois, la terre fut entièrement desséchée. Alors Dieu commandaà Noé de sortir de l’arche, lui, sa famille et tous les animaux.Le déluge avait donc duré dans sa totalité uneannée et onze jours. Or, comme les mois se rapportent, dans le récit biblique, à l’année lunaire, voir 1. 1, col. 637645, et t. ii, col. 67, la durée totale du déluge correspondà une année solaire de trois cent soixante - cinq jours.Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, 2e édit., Paris, "1880, t. i, p. 410-412. Le patriarche sauvé offrit au Seigneurun sacrifice d’action de grâces. Jéhovah en agréal’odeur et promit de ne plus punir l’humanité coupablepar les eaux du déluge. Désormais les saisons et les travauxagricoles, que l’inondation avait interrompus, neseront plus bouleversés de cette manière. Gen., viii, 1-22.Dieu bénit Noé et ses enfants, conclut avec eux unealliance, et choisit l’arc-en-ciel comme signe visible etperpétuel de sa promesse de ne plus submerger la terrepar un déluge pareil à celui qui venait d’avoir lieu. Gen., ix, 1-17. Voir Arc-en-ciel, t. i, col. 910-911.

Les critiques modernes tiennent la narration biblique, que nous avons rapidement analysée, comme la combinaisonassez maladroite de deux récits différents et contradictoiresdu déluge, l’un élohiste et l’autre jéhoviste.A les en croire, la distinction des documents résulte avecévidence des contradictions, des répétitions qu’il est aiséde remarquer, du style particulier de chaque source etnotamment de l’emploi des noms divins Élohim et Jého"vah. Le récit élohiste est complet, tandis que le jéhoviste nenous est parvenu que par fragments. Ces conclusions n’ontpas l’évidence qu’on leur attribue, et l’analyse critique dela narration du déluge est loin d’être aussi certaine qu’onle prétend. Les parties élohistes ne constituent pas untout complet, dont la trame est suivie et serrée; ellesprésentent des lacunes et ne sont pas exemptes de répétition.Nonobstant ses redites, la narration actuelle formeun ensemble harmonique et progressif, et les répétitions, en insistant sur les circonstances principales, les précisentde plus en plus et sont d’un effet très frappant.Elles sont d’ailleurs conformes aux usages des Hébreux etaux récits amples et redondants des Orientaux. La légendecunéiforme du déluge, dont nous parlerons bientôt, etqui n’offre aucune trace d’élohisme et de jéhovisme, ales mêmes répétitions et réunit les traits qu’on déclarepropres aux deux documents originaux. La narrationbiblique est l’oeuvre d’un seul et unique rédacteur, qui, s’il a employé des sources antérieures, les a ordonnéesavec une remarquable unité. F. Vigouroux, La Bible etles découvertes modernes, 6e édit., 1896, 1. 1, p. 333-336; Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iv, p. 241-253; Bickell, dans la Zeitschrift fur katholischeThéologie, Inspruck, 1877, p. 128-131; Flunck, ibid., 1885, p. 634; J. Halévy, Recherches bibliques, p. 115-145; de Hummelauer, Commentarius in Genesim, Paris, 1895, p. 25-27; Schopfer, Histoire de l’Ancien Testament, trad. franc., Paris, 1897, t. i, p. 73-77; A. Loisy, Lesmythes chaldéens de la création et du déluge, Amiens, 1892, p. 82-91.

II. Réalité historique du déluge. — Le déluge bibliquen’est pas un mythe astronomique; c’est un faitdont la vérité historique résulte du seul récit mosaïque.Ce récit reproduit la tradition hébraïque du souvenir ducataclysme. Mais il y a de ce fait d’autres preuves, quiont été providentiellement mises en lumière à l’époque

où la narration biblique était le plus fortement attaquée.

I. les traditions DILUVIENNES. — 1° La traditionchaldéenne. — Il existe, en dehors de la Genèse, beaucoupde traditions diluviennes. La plus importante et laplus rapprochée du récit mosaïque est la tradition chaldéenne, dont nous possédons deux versions inégalementdéveloppées: celle de Bérose, conservée par Eusèbe, Chronic, 1. 1, c. iii, t. xix, col. 114-116, et celle du poèmede Gilgamès, déchiffrée en 1872. D’après l’interprétationde Bérose, sous le règne de Xisouthros arriva le granddéluge dont l’histoire est racontée de la manière suivantedans les documents sacrés: «Chronos lui apparut (à Xisouthros) dans son sommeil et lui annonça que le 15 dumois de daisios tous les hommes périraient par un déluge.Il lui ordonna donc de prendre le commencement, le milieu et la fin de tout ce qui était consigné par écritet de l’enfouir dans la ville du Soleil, à Sippara, puis deconstruire un navire et d’y monter avec sa famille et sesamis les plus chers; de déposer dans le navire des provisionspour la nourriture et la boisson, et d’y faire entrerles animaux volatiles et quadrupèdes; enfin de tout préparerpour la navigation. Et quand Xisouthros demandade quel côté il devait tourner la marche de son navire, il lui fut répondu: «Vers les dieux,» et de prier pourqu’il arrivât du bien aux hommes. — Xisouthros obéit etconstruisit un navire long de cinq stades et large de deux; il réunit tout ce qui lui avait été prescrit et embarquasa femme, ses enfants et ses amis intimes. — Le délugeétant survenu et bientôt décroissant, Xisouthros lâchaquelques-uns des oiseaux. Ceux-ci, n’ayant trouvé ninourriture ni lieu pour se poser, revinrent au vaisseau.Quelques jours après, Xisouthros leur donna de nouveaula liberté; mais ils revinrent encore au navire avec lespieds pleins de boue. Enfin, lâchés une troisième fois, les oiseaux ne retournèrent plus, Alors Xisouthros compritque la terre était découverte; il fit une ouvertureau toit du navire et vit que celui-ci était arrêté sur unemontagne. Il descendit donc avec sa femme, sa fille etson pilote, adora la Terre, éleva un autel et y sacrifiaaux dieux; à ce moment, il disparut avec ceux qui l’accompagnaient.— Cependant ceux qui étaient restés dansle navire, ne voyant pas revenir Xisouthros, descendirentà terre à leur tour et se mirent à le chercher en l’appelantpar son nom. Us ne revirent plus Xisouthros, maisune voix du ciel se fit entendre, leur prescrivant d’êtrepieux envers les dieux; qu’en effet il recevait la récompensede sa piété, en étant enlevé pour habiter désormaisau milieu des dieux, et que sa femme, sa fille et lepilote partageaient un tel honneur. La voix dit en outreà ceux qui restaient qu’ils devaient retourner à Babylone, et, conformément aux décrets du destin, déterrer lesécrits enfouis à Sippara, pour les transmettre aux hommes.Elle ajouta que le pays où ils se trouvaient était l’Arménie.Ceux-ci, après avoir entendu la voix, sacrifièrent auxdieux et revinrent à pied à Babylone. Du vaisseau deXisouthros, qui s’était enfin arrêté en Arménie, une partiesubsiste encore dans les monts Gordiens, en Arménie, et les pèlerins en rapportent l’asphalte qu’ils ont raclésur les débris; on s’en sert pour repousser l’influencedes maléfices. Quant aux compagnons de Xisouthros, ilsvinrent à Babylone, déterrèrent les écrits déposés à Sippara, fondèrent des villes nombreuses, bâtirent des templeset restituèrent Babylone.» Fr. Lenormant, Les originesde l’histoire, 2e édit., 1880, t. i, p. 387-389.

L’autre version, qui est plus intéressante encore, estécrite sur des tablettes cunéiformes exhumées de la bibliothèqued’Assurbanipal, à Ninive, et conservées auMusée britannique, à Londres. Ces tablettes ont été copiées, au vu «siècle avant notre ère, sur un exemplaire trèsancien, qui provenait d’Érech, en Chaldée. La date del’original est inconnue. Cependant George Smith la faitremonter à dix-sept siècles au moins avant Jésus-Christ.Le récit du déluge n’est qu’un épisode d’une épopée en.

II. - 43

douze chants, qui raconte les exploits du héros Gilgamès.Il est reproduit sur la onzième tablette et constituele onzième chant, qui existe presque en entier. Gilgamèsest allé trouver son ancêtre, Samas-napistim, dans lepays éloigné et de difficile accès où les dieux l’ont transportépour le faire jouir d’une éternelle félicité. Samasnapistimraconte à son petit-fils l’histoire du déluge etde sa propre conservation. La ville de Surippak sur l’Euphrateétait déjà ancienne, quand les dieux résolurent delaire un déluge. Éa révéla leur dessein à Samas-napistimet lui ordonna de construire un vaisseau, dont il lui indiquales mesures, et il lui suggéra la réponse à donneraux questions des habitants de Surippak. Samas-napistimdevait dire qu’il voulait fuir devant la colère de Bel, quiinonderait bientôt la contrée. Le vaisseau achevé, Samasnapistimoffrit un sacrifice, rassembla ses richesses et fitmonter dans le navire ses serviteurs et ses servantes, lesanimaux des champs et des sem*nces de vie. Dès quela pluie tomba, il entra lui-même dans le vaisseau, dontil ferma la porte. La tempête produite par les dieux futsi effroyable, qu’ils en furent eux-mêmes épouvantés.L’humanité était redevenue de la boue. Le vent, le délugeet l’orage régnèrent sept jours et sept nuits. Le septièmejour, à l’aurore, la pluie cessa, la mer devint tranquilleet le vent s’apaisa. La lumière ayant reparu, Samas-napistimvit la plaine liquide comme un désert. Son vaisseaufut arrêté par la montagne de Nizir et ne put passerau delà. Après sept jours d’arrêt, Samas-napistim lâchaune colombe, qui alla, tourna et revint, parce qu’ellen’avait pas trouvé une place de repos. Une hirondelle fitde même. Un corbeau ne revint pas. Samas-napistim fitsortir les animaux et offrit aux dieux un sacrifice d’agréableodeur. Bel se montra très irrité de la préservation deSamas-napistim. Éa lui reprocha son emportement et luiconseilla de punir désormais les seuls coupables, au lieud’envoyer sur terre un déluge universel. Bel apaisé fitmonter Samas-napistim et sa femme dans le vaisseau, lesbénit, leur conféra l’immortalité et les fit habiter «à labouche des rivières». Voir G. Smith, Assyrian Discoveries, p. 184-193; Chaldxan Account of Genesis, 1876, p. 263-272, et édition Sayce, Londres, 1880, p. 279-289; Transactions of the Society of Biblical Archseology, 1874, p. 534-587. Le texte seul est publié dans les CuneiformInscriptions of Western Asia, t. IV, pi. l-li. Cf.Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, 2 B édit., 1880, 1. 1, p. 390-418, 601-618; P. Haupt, Der KeilinschriftlicheSintflutbericht mit dem autographistem Keilschriftextdes babylonischeri Sintflutfragmenten, Leipzig, 1881, et dans E. Schrader, Die Keilinschriften und das AlteTestament, 2 8 édit., Giessen, 1882, p. 55-79; A. Jeremias, lzdubar-Nimrod, 1891; A. Loisy, Les mythesc/ialdéens de la création et du déluge, Amiens, 1892, p. 39-95; J. Sauveplane, Une épopée babylonienne, Istubar-Gilgamès, Paris, 1894; F. Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 309-325; Sayce, La lumière nouvelle, trad. franc., Paris, 1888, p. 35-48; G. Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient, t. i, Paris, 1893, p. 147-151.

Cette légende présente avec le récit biblique du délugede nombreux points de coutact. Les ressemblances quiexistent dans la marche générale de la narration, dansl’ordre de la composition et parfois jusque dans les détailsdu style, rendent indiscutable la parenté des deux documents.On constate cependant de notables divergences.Sans parler du caractère polythéiste et mythologique dupoème chaldéen, celui-ci a été composé chez un peuplemaritime et porte l’empreinte des mœurs et des coutumesdes habitants du golfe Persique, tandis que la Genèsedécrit le déluge pour un peuple continental. Si les analogiesprouvent la communauté du fond, les divergences, qui sont caractéristiques, établissent l’individualité propredes deux récits. Quant aux rapports originels des deuxtraditions, les critiques ne sont pas d’accord. Les uns;

admettent la dépendance des deux documents, hébreu etchaldéen, ou au moins des deux traditions qu’ils représentent.Aux yeux de certains critiques rationalistes, qui rabaissent la date du Pentateuque, le récit de laGenèse serait un emprunt direct et assez tardif fait aupoème cunéiforme; il n’en est qu’une édition épurée, une adaptation aux idées religieuses des Hébreux etune transformation monothéiste et très abrégée. L’emprunt, s’il a existé, n’a pas eu lieu à une époque récente, et il n’est pas l’oeuvre d’un homme; c’est l’œuvre de plusieursgénérations. La transformation des légendes chaldéenness’était faite chez les Hébreux dans la traditionpopulaire avant que le récit ne fût reproduit dans lesdocuments bibliques. «Rien ne s’oppose à ce que l’histoiredu déluge ait été connue par les ancêtres d’Israëldurant leur séjour en Mésopotamie, et qu’elle se soitconservée, en se modifiant et en s’épurant, chez les descendantsd’Abraham jusqu’au moment où nous la trouvonsfixée dans les textes bibliques.» A. Loisy, Les mytheschaldéens de la création et du déluge, p. 93. Mais d’autrescritiques reconnaissent avec plus de vraisemblance dansla légende chaldéenne et la narration mosaïque deux récitsparallèles, nés d’une tradition commune et primitiveplus ou moins fidèlement conservée. Elles représententdeux formes indépendantes, nationales et localisées dela tradition sémitique. Ce sont des traditions sceurs qui, sous l’empire de causes physiques et morales, ethniqueset géographiques, se sont diversifiées. La tradition mèrese serait mieux conservée dans le récit de Moïse que dansle document babylonien, où elle est défigurée par desaltérations mythologiques. Fr. Lenormant, Les originesde l’histoire, 1880, t. i, p. 407-408; F. Vigouroux, LaBible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, p. 330.

2° Les autres traditions diluviennes. — Des traditionsrelatives au déluge se retrouvent chez la plupart despeuples du monde. On les a généralement rapprochéesdu récit de la Genèse, mais avec des divergences de vuesqui ont donné lieu à trois interprétations différentes. —1. Suivant l’une, la tradition diluvienne est universelle, et tous les peuples ont gardé le souvenir du déluge deNoé. Déjà on a constaté l’existence de ce souvenir chezla plupart, et, si une nation semble ne l’avoir plus, c’estqu’elle n’a pas encore livré toutes ses traditions, ou qu’ellea perdu celle du déluge par suite de migration, de mélangeavec d’autres peuplades ou de quelque autre circonstancehistorique analogue. Or toutes ces traditionsdiluviennes sont des lambeaux plus ou moins mutilés del’unique et véritable tradition primitive. Les transformationsqu’elles ont subies s’expliquent par l’adaptationlocale du cataclysme et se sont produites par restriction.L’événement, de général et universel qu’il était, est devenulocal, particulier et restreint. Cf. Lùken, Traditionsde l’humanité, trad. franc., 1862, t. i, p. 249-350; Lambert, Le déluge mosaïque, 2e édit., Paris, 1870, p. 43-165; F. Vigouroux, Manuel biblique, 9e édit., 1895, t. i, p. 590-596. — 2. Une étude critique et scientifique deces souvenirs du déluge a permis de distinguer les traditionsréellement diluviennes, qui se rapportent de faitau déluge de Noé, des pseudodiluviennes, qui se réfèrentà des inondations locales. Les traditions réellementdiluviennes sont elles-mêmes ou originales etaborigènes, c’est-à-dire originaires des pays où ellessont conservées et propres aux peuples qui les détiennent, ou importées par des étrangers dans la région où on lesretrouve et par conséquent empruntées. Or, si la traditiondiluvienne n’est pas absolument universelle, elleexiste dans toutes les grandes races de l’humanité, saufune, la race nègre, chez laquelle on en a vainementcherché la trace. Les races aryenne ou indo-européenne, sémitique ou syroarabe, chamite ou couschite, l’ont enpropre et ne l’ont pas empruntée l’une à l’autre; chezelles, elle est primitive. La race jaune la possède, mais

par importation. Les populations américaines la connaissent, mais on ne peut dire avec certitude si leurstraditions sont originales ou si elles sont d’importationasiatique ou européenne. Au nombre des légendes pseudodiluviennes, on peut ranger les déluges d’Ogygès et deDeucalion, la grande inondation placée par les livres historiquesde la Chine sous le règne de Yao, et la légendede Botchica, chez les Muyscas de l’Amérique méridionale.Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient jusqu’auxguerres médiques, 9e édit., Paris, 1881, t. i, p. 55-91; Les origines de l’histoire, 2e édit., Paris, 1880, t. i, p. 382-491. — 3. D’autres critiques enfin tirent plusrigoureusem*nt encore les conclusions de l’étude critiquedes traditions diluviennes, et aboutissent à ne plus reconnaîtrepour réellement diluvienne et aborigène que latradition chaldéenne. Elle a été importée de la Mésopotamie, son pays d’origine, dans les contrées voisines; ellea fait souche et a porté les branches hébraïque, phénicienne, syrienne, arabe, phrygienne et arménienne. Lestraditions antéroasiatiques sont seules réellement diluviennes; toutes les autres sont pseudo-diluviennes.L. Diestel, Die Sintflut und die Flutsagen des Altertliums, Berlin, 1876, p. 17-20; A. Dillmann, Genesis, 6e édit., 1802, p. 132; Fr?. Delitzsch, Neuer Commentarûber die Genesis, 1887, p. 159; R. Andrée, Die Fluthsagen, in-12, Brunswick, 1891, p. 1; R. de Girard, Ledéluge devant la critique historique, Fribourg, 1893, p. 53-281. Quoi qu’il en soit, si même on réduit au minimumles traditions réellement diluviennes, le fait dudéluge reste historiquement certain. Sa certitude historiquerepose sur un groupe de traditions réelles, qui onttransmis jusqu’à nous le souvenir du grand cataclysmequi frappa l’humanité à l’origine de l’histoire. Cf. E. Mangenot, Le déluge devant la critique historique, dans laRevue des sciences ecclésiastiques, août 1895, p. 97-119.II. qêologie. — Les premiers géologues avaient crutrouver dans les couches de la surface terrestre des preuvesdirectes de la submersion du globe à une époque historique, et ils attribuaient au déluge mosaïque la formationde terrains alluvionnels, qu’ils nommèrent en conséquencediluvium. Leur opinion est aujourd’hui généralementabandonnée. Les géologues contemporains reconnaissentqu’une inondation du genre de celle de Noé, quin’a duré qu’un an, n’a pu laisser sur le sol de tracesassez durables pour être reconnues avec certitude aprèsdes siècles, ni assez caractéristiques pour être distinguéesde celles d’autres inondations précédentes. Ils rapportentà des époques antérieures et ils expliquent par l’action’d’autres causes les phénomènes que leurs prédécesseursregardaient comme des preuves géologiques du déluge.On a constaté, en effet, qu’il y a plusieurs espèces dediluvium, et dans chacune d’elles plusieurs couches duesà des facteurs différents et se rapportant à des époquesdistantes. Elles ont été produites par une longue série derévolutions dans lesquelles l’eau joue un rôle important, mais non exclusif. Les graviers d’alluvion, qui constituentle diluvium gris, ont été entraînés des montagnes dansles vallées par des cours d’eau plus puissants que nosfleuves actuels et coulant dans d’autres conditions depente et de niveau. Le lœss est dû au ruissellement depluies très abondantes, qui dégradaient les pentes etemmenaient des boues fines et des fragments de pierre.Le diluvium rouge est le résultat d’alternatives de geléeet de dégel sur la surface d’un sol constamment gelédans ses profondeurs: A. de Lapparent, Traité de géologie, Paris, 1883, p. 1079-1091. — Les blocs erratiques, ces immenses rochers transportés à des centaines de kilomètresdes monts auxquels ils ont été arrachés, n’ont pasété roulés par les eaux, car leurs angles ne sont ni brisésni arrondis, ils ont été charriés par les immenses glaciersqui aux temps quaternaires ont couvert une partie_ du globe. Les cavernes et les fissures de rochers rempliesd’ossem*nts d’hommes et d’animaux fortement cimentés ensemble et mêlés de fragments des roches environnantesse sont formées à l’époque où le froid excessifobligea les habitants de l’Europe à chercher un abri dansles cavernes. Leurs ossem*nts se sont entassés avec ceuxdes animaux dont ces grottes avaient été les repaires oudont eux-mêmes se nourrissaient, et le tout s’est soudépar l’action de l’eau qui s’infiltrait. A. de Lapparent, ’Traité de géologie, p. 1092-1096. — Les cavernes à ossem*ntset les brèches osseuses ne sont donc, pas plus queles terrains diluviens et les blocs erratiques, des preuvescertaines du déluge noachique. Toutefois la géologie, quine confirme pas directement l’existence du déluge, ne lecontredit pas. Elle en montre même la possibilité, lorsqu’elleconstate les traces d’inondations considérablesaux temps tertiaires et quaternaires. Le déluge bibliquene peut donc pas être déclaré antiscientifique ni impossible.F. Vigouroux, Manuel biblique, t. i. p. 596-599; Schdpfer, Histoire de l’Ancien Testament, trad. franc., t. i, p. 75-78; Jaugey, Dictionnaire apologétique de lafoi catholique, Paris, p. 870-872.

III. Étendue du déluge. — Le texte biblique présentele déluge comme universel; mais cette universalité a étéentendue dans trois sens différents, et l’inondation a ététenue pour universelle: 1° quant à la surface du globe; 2° quant à la terre habitée par les hommes; 3° quant àla région occupée par une partie seulement de l’humanité.Il y a donc trois opinions relativement à l’étenduedu cataclysme: la première admet l’universalité absolueet géographique du déluge, la deuxième son universalitéanthropologique, la troisième son universalité restreinteà une fraction de l’humanité.

1° Universalité absolue et géographique. — La plupartdes anciens écrivains ecclésiastiques, Pères, docteurs, théologiens et commentateurs, croyaient que le délugeavait été complet dans le sens le plus large du mot, etqu’il avait recouvert toute la terre. Ils donnaient au récitmosaïque le sens qu’il présente au premier aspect, etils l’entendaient d’une inondation qui avait submergé leglobe et détruit tous les animaux et tous les hommes, les termes employés par Moïse ne leur paraissaient pouvoirsouffrir d’autre exception que celle qu’ils indiquentet qui concerne Noé et sa famille. L’universalité absoluedu déluge est décrite dans la Genèse en termes très fortset très nets, et le texte est si clair, que pendant dessiècles il a été entendu dans ce sens. Rien n’indique quel’universalité du cataclysme doive être restreinte, et lecontexte, par là même qu’il excepte Noé et qu’il n’exceptepersonne autre, exclut toute interprétation restrictive.Dieu, en effet, a résolu de produire le déluge pour détruiretoute chair qui est sous le ciel. Des représentantsde toutes les espèces des animaux terrestres sont introduitsdans l’arche pour la conservation des espèces surla terre. Les eaux inondent tout et couvrent les plushautes montagnes qui sont sous tous les cieux. Toutechair périt, et il ne reste que les seuls êtres vivantsqui étaient renfermés dans l’arche. Dieu promet à Noéqu’il n’y aura plus de déluge pour détruire toute chair.Or il y a eu depuis lors des déluges partiels, celui deDeucalion chez les Grecs et la grande inondation desChinois. Si le déluge de Noé n’avait pas été universel, Dieu aurait donc violé sa promesse. Le gage qu’il en adonné, l’arc-en-ciel, se voit dans toutes les contrées, ilest universel. Il faut donc que le déluge, dont il est lesigne, ait été universel. En présence d’un texte si formel, les objections tirées des sciences physiques contre l’universalitéabsolue du déluge ont peu de valeur, et lorsmême que la raison ne pourrait les résoudre suffisamment, la foi du chrétien ne serait pas ébranlée; car Dieu, qui avait tout réglé en vue d’une catastrophe universelle, a eu assez de puissance pour réaliser des effets que lascience est incapable d’expliquer. D’ailleurs les difficultésque soulève un déluge absolument universel ne sont pasaussi fortes qu’on se l’imagine parfois, et il n’est pas

certain que la quantité d’eau existante n’ait pas suffi à lasubmersion générale du globe, surtout si l’on admet quel’irruption des mers sur les continents ne s’est pas faitepartout en même temps, mais a couvert successivementtoutes les contrées du monde. L’universalité absolue dudéluge est confirmée par un passage de la seconde Épitrede saint Pierre, iii, 6 et 7. L’apôtre compare au délugela conflagration universelle qui aura lieu à la fin destemps. Le monde périra alors par le feu comme il a périune première fois par l’eau. La comparaison entre lesdeux catastrophes n’existe que sous le rapport de l’étendue; elle serait inexacte si toutes deux n’avaient pas lamême universalité. — Ces arguments exégétiques, jointsà l’interprétation unanime des anciens et à l’universalitédes traditions diluviennes, ont déterminé quelques exégètesmodernes à admettre encore que le déluge a couvertla terre entière et a détruit tous les hommes et tousles animaux. D’Avino, Enciclopedia dell’Ecclesiastico, 3e édit., 1878, t. i, p. 850-852; Moigno, Les splendeursde la foi, 1877, t. iii, p. 1118-1133; Ubaldi, Introductioin Sacram Scripturam, 2e édit., Rome, 1882, t. i, p. 735-753; T. J. Lamy, Comment, in librurn Geneseos, Malines, 1883, t. i, p. 302-312.

2° Universalité relative et anthropologique. — Beaucoupde commentateurs et de théologiens de nos joursestiment que le déluge de Noé doit être restreint à laportion de la terre qui était colonisée lorsqu’il se produisit.Suivant eux, tous les hommes, hormis la famillede Noé, ont été engloutis dans les flots; mais l’inondationn’a pas recouvert tout le globe ni détruit tous les animaux.L’universalité du déluge n’est ni géographique nizoologique; elle est seulement anthropologique.

Cette interprétation leur paraît nécessaire pour coupercourt aux graves objections que la zoologie et la physiquesoulèvent contre l’universalité absolue du déluge. Le placernent dans l’arche, qui était proportionnellement insuffisante, de toutes les espèces animales aujourd’hui connueset des provisions nécessaires à leur alimentation sivariée durant une année; les soins qu’exigeait leur entretiende la part de huit personnes seulement; la nécessitépour les animaux venus de zones différentes de s’accommoderà un climat uniforme; le repeuplement du globeentier, alors que les migrations des animaux spéciaux àl’Amérique et à l’Océanie, par exemple, n’ont pas laisséde traces, alors que les faunes ont toujours été localiséeset que certaines espèces animales n’ont jamais existé endehors de leurs zones respectives; la conservation despoissons d’eau douce et d’eau salée dans le mélange deseaux de la pluie et des fleuves avec les flots de la mer: tout cela crée des difficultés insurmontables. D’autrepart, dans le domaine de la physique, on ne peut guèreexpliquer la provenance de l’immense masse d’eau nécessairepour inonder le globe entier. La quantité d’eauconnue est insuffisante. Même sans tenir compte des crevasseset des enfoncements de la surface terrestre, ilfaudrait, au-dessus du niveau de la mer, un volume d’eaud’une profondeur égale à la hauteur du pie le plus élevéde l’Himalaya, à une hauteur de 8839 mètres. L’eau fut-ellesuffisante, la submersion simultanée des deux hémisphèresserait physiquement impossible. Celte submersionamènerait dans l’atmosphère un changement quimodifierait les conditions de la vie sur terre. Recourirà la toute-puissance divine pour expliquer ces impossibilités, c’est multiplier les miracles que le récit sacré nementionne pas et que les principes d’une sage exégèse nepermettent pas d’introduire inutilement.

Du reste, le texte de la Genèse peut s’interpréter légitimement, en restreignant les limites de l’inondation. Lesexpressions générales et absolues: «toute chair qui a viesous le ciel, tout ce qui existe sur la terre; toutes leshautes montagnes qui sont sous le ciel,» Gen., vi, 17; vu, 19, doivent être entendues d’après le génie propredes langues orientales. Or les Orientaux emploient souvent l’hyperbole, non seulement dans leurs écrits poétiques, mais jusque dans leurs livres historiques, et rienn’est plus fréquent dans la Bible que de désigner descontrées déterminées par les mots «toute la terre». Lafamine qui régna du temps de Jacob dans les pays voisinsde la Palestine et de l’Egypte a prévalu sur toute la terre.Gen., xli, 54, 56, 57. L’entrée des Israélites en Palestinerépand l’effroi chez tous les peuples qui habitent sous leciel, Deut., ii, 25, c’est-à-dire chez les peuples limitrophes.De même, Deut., xi, 25, et II Par., xx, 29. Toutela terre qui désirait voir Salomon, III Reg., x, 24, étaitseulement la terre qui avait entendu parler de lui. À lapremière Pentecôte chrétienne, il y avait à Jérusalem deshommes de toute nation qui est sous le ciel, c’est-à-diredes Juifs de tous les pays de la dispersion. Les anciensexégètes avaient remarqué chez les écrivains bibliquesl’emploi de termes absolus et généraux pour exprimerdes faits restreints. S. Jérôme, In Isaiam, xiii, 5, t. xxiv, col. 160. Il est donc permis d’appliquer au récitdu déluge dans la Genèse ce procédé de restriction, quiest nécessaire dans d’autres passages bibliques. Ce récitprésente d’ailleurs des indices positifs de restriction. Lacolombe ne trouva pas où poser le pied, parce qu’il yavait de l’eau sur la surface de toute la terre. Gen., viii, 9.L’oiseau voyageur n’avait évidemment pas parcouru leglobe entier, et «toute la terre» désigne simplement icil’espace que la colombe avait exploré. Enfin, dans l’interprétationdu récit biblique, il faut tenir compte du pointde vue subjectif du narrateur et des lecteurs. Or Noé etses premiers descendants, Moïse et ses contemporains, ne connaissaient pas le globe entier; leur science géographiqueétait bornée. Le récit du déluge, longtempstransmis par la tradition orale et enfin consigné par écrit, est conforme à leurs connaissances. Il ne se rapportaitqu’à la terre alors connue d’eux, aux montagnes qu’ilsavaient vues, aux animaux qui les entouraient et dont ilsavaient entendu parler. Il est donc légitime de restreindrele texte sacré à la terre habitée, et, malgré des apparencescontraires, cette restriction n’est pas en contradiction avecla narration de Moïse. Quant à la parole de saint Pierre, elle signifierait, si on la prenait à la rigueur, que la terrefut détruite par l’eau au temps du déluge comme elle lesera par le feu à la fin des temps. Toutefois le but del’apôtre n’est pas de comparer les deux catastrophes aupoint de vue de l’étendue, mais seulement au point de vuede la certitude du fait et des effets produits.

La restriction de l’universalité du déluge à la terrehabitée n’est pas opposée non plus à la tradition ecclésiastique, qui n’a pas reconnu sans exception l’universalitéabsolue de l’inondation. L’auteur anonyme des Quxstioneset responsiones ad orthodoxes, q. xxxiv, Pair, gr., t. vi, col. 1282, réfute quelques écrivains anciens quidisaient que le déluge n’a pas envahi toute la terre, maisseulement les contrées que les hommes habitaient alors.Théodore de Mopsueste soutenait ce sentiment, ainsi quenous l’apprend au vn «siècle Jean Philopon, De mundicréations, 1. i, c. xiii, dans Galland, Bïbliotheca veterumPatrum, Venise, t. xii, 1778, p. 486. Le cardinalCajetan, In Genesim, viii, 18 (dans ses Opéra omnia inS. S., 5 in-f», Lyon, 1639, 1. 1, p. 46), excluait les sommetsdes plus hautes montagnes. Dans la seconde moitié duXVIIe siècle, trois écrivains protestants enseignèrent l’universalitérestreinte du déluge. Isaac Vossius, De verasetate mundi, La Haye, 1659, s’en fit le champion et réponditaux objections de George Horn, Castigationes adobjecta Georgii Hornii, et Auctuarium castigationum adscriptum de setate mundi, La Haye, 1659. Abraham vander Mill avait émis la même opinion dans un écrit publiéplus tard, De origine animalium et migratione populorum, Genève, 1667, et Halle, 1705. Son gendre, AndréColvius, communiqua le manuscrit’de son beau-père àVossius, qui lui adressa une lettre, Ad Andream Colviumepistola qua refelluntur argumenta qux diverst

scripto de mtale mundi opposuere, La Haye, 1659. Unedissertation anonyme, De diluvii universalitate dissertatioprolusoria, 1667, attribuée à George-Gaspard Kirchmaier, restreint le déluge à l’Asie entière, ou même aucentre de l’Asie, la seule partie du monde que les hommesoccupaient alors. En 1685, les ouvrages de Vossius et deHorn sur la chronologie biblique et le déluge furent examinéspar la congrégation de l’Index. Mabillon, qui vintalors à Rome, fut consulté à ce sujet, et, à la séance du29 janvier 1686, il lut son Votum de quibusdam IsaaciVossii opusculis, publié dans ses Œuvres posthumes, 1724, t. ii, p. 59-74. Des trois points incriminés, il n’étudiaque le dernier, le seul contestable, celui qui concernel’étendue du déluge. Il exposa les raisons favorableset défavorables, et conclut qu’à son avis il n’y avaitaucun péril à tolérer le sentiment de Vossius, et qu’il valaitmieux ne pas le censurer. Si cependant la congrégationjugeait plus sage de le condamner, il fallait en mêmetemps frapper les ouvrages de Horn. La congrégation tintcompte des conclusions de Mabillon, et par décret du2 juillet 1686 condamna à la fois dix opuscules de Vossiuset deux de Horn. Les motifs de la censure sontinconnus. On peut présumer que l’opinion du déluge restreintà la terre habitée n’a pas été directement atteinte, et que le décret prohibe seulement la lecture d’ouvragesd’écrivains protestants. Eût-elle été visée, cette opinionfut reprise par des catholiques, et, après avoir été expurgéedes erreurs accessoires et appuyée sur de meilleurespreuves, elle est soutenable et ne paraît pas contraire àl’orthodoxie. Cf. E. Mangenot, L’universalité restreintedu déluge à la fin du xvw siècle, dans la Science catholique, février et mars 1890, p. 148-158, 227-239. Ellecompte de nombreux partisans: Samuel d’Engel, De laprétendue universalité du déluge et des divers systèmesqui ont servi à l’établir, Amsterdam, 1767; AlphonseNicolai, Dissertazionie lezioni di Sacra Scrittura, Genesi, Florence, 1766, t. IV, p. 149 et 152; Marcel de Serres, De la cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, Paris, 1838, p. 205; Maupied, Dieu, l’hommeet le mondé, 1851, t. iii, p. 803-805; de Bonald, Moïseet les géologues modernes, Avignon, 1835, p. 99; A. Sorignet, La cosmogonie devant les sciences perfectionnées, Paris, 1854, p. 59; Godefroy, Cosmogonie de larévélation, Paris, 1847, p. 293; Pianciani, Cosmologianaturale comparata col Genesi, appendice sopra il diluvio, dans la Civiltà cattolica, 19 septembre 1862, p. 28et 290; H. Reusch, La Bible et la nature, trad. franc., Paris, 1867, p. 368-382; F. Hettinger, Apologie du christianisme, trad. franc., 1875, t. iii, p. 337; Lambert, Ledéluge mosaïque, Paris, 1870, p. 359-394; C. Guttler, Naturforschung und Bibel in ihrer Stellung zur Schôpfung, Fribourg-en-Brisgau, 1877, p. 266-278; F. Vigoureux, Manuel biblique, 9e édit., 1. 1, p. 600-604; Crelier, La Genèse, Paris, 1889, p. 97-99; Brucker, L’universalitédu déluge, Bruxelles, 1886, et Questions actuellesd’Écriture Sainte, Paris, 1895, p. 254-325; Thomas, Les temps primitifs et les origines religieuses d’aprèsla Bible et la science, Paris, t. ii, p. 214-267; J. Gonzalez-Arintero, El diluvio universal, Vergara, 1891.

3° Universalité restreinte à une partie de l’humanité.

— D’autres savants, parmi lesquels on compte des écrivainscatholiques, restreignent davantage encore le délugeet admettent que tous les hommes n’ont pas périsous les flots, et que des races entières, éloignées depuislongtemps du théâtre de l’inondation, ont été préservées.Ces races seraient, d’après plusieurs, celles qui étaientissues de Caïn, et seule la lignée de Seth aurait été frappée.Quelques-uns même pensent que les populations qui setrouvaient en dehors de la vallée de l’Euphrate n’ont pasété atteintes. — Cette opinion repose sur les mêmesraisons que la seconde, dont elle n’est qu’une applicationplus rigoureuse. Elle part des difficultés scientifiques quela paléontologie, l’ethnologie et la linguistique opposent

à l’existence d’un déluge qui aurait englouti tous leshommes. Une multitude de faits de plus en plus nombreuxpermettent d’affirmer que dés les temps quaternairesl’homme occupait les quatre parties du monde, qu’il avait atteint les extrémités de l’ancien continent etqu’il touchait à celles du nouveau. A. de Qualrefa*ges, Histoire générale des races humaines, Introduction àl’étude des races humaines, Paris, 1887, p. 64. Or lespaléontologistes ne remarquent pas, par les ossem*ntsfossiles des humains, dans l’histoire des races lés lacunesque le déluge aurait dû y introduire. Aussi loin que remontentles documents historiques, on constate l’existencedes races blanche, jaune et noire. Le nègre apparaîtavec ses caractères distinctifs sur les plus anciens monumentsde l’Egypte. Comme les variations se sont produiteslentement sous l’influence des milieux, «les plusanciennes races humaines se sont formées, selon touteapparence, à la suite des changements qu’a subis notreglobe et des premières migrations». A. de Quatrefa*ges, Histoire générale des races, p. 169. La linguistiqueconfirme les conclusions de l’ethnologie. Les langues, sion admet leur formation naturelle, n’auraient pas eu letemps de se diversifier depuis le déluge jusqu’à l’époqueoù on les voit toutes formées. L’allongement de la chronologiebiblique du déluge à Abraham, voir Chronologiede la Bible, col. 723-727, ne suffit pas à expliquer entièrementles faits constatés. Ces faits justifient donc la restrictiondu déluge à une fraction de l’humanité.

D’ailleurs cette restriction se concilie parfaitement avecle récit de la Genèse. Si, de l’aveu des partisans de l’universalitéanthropologique, les expressions si absolues enapparence: «toute la terre, tous les animaux,» s’interprètentlégitimement dans un sens restrictif, l’expressionsemblable: «Tous les hommes,» dans le même contexte, pourra s’entendre aussi d’une partie des hommes, desindividus qui habitaient le théâtre de la catastrophe.Refuser d’admettre la restriction du mot tout quand ils’agit des humains, alors qu’on l’admet pour la terre etles animaux, serait une inconséquence que rien ne justifie.Il y a autant de motifs de restreindre l’universalitépour l’humanité que pour la terre et les animaux. Lacorruption morale, qui fut la cause du déluge, n’était pasabsolument universelle, sinon dans la contrée où vivaitNoé. La narration de la Genèse raconte les faits suivantla manière ordinaire de parler, selon laquelle «toute laterre» désigne la contrée submergée par les eaux; «tousles hommes,» les habitants de cette contrée. En outre, la Genèse n’est pas l’histoire de l’humanité, mais seulementcelle des ancêtres du peuple de Dieu. Or, au momentoù elle raconte le déluge, elle a éliminé de soncadre des races entières, issues des fils et des filles d’Adamet des autres patriarches. Son récit du déluge, qui ad’ailleurs une couleur locale bien marquée, ne parle plusde ces races et n’a en vue que les habitants de la contréeoù s’étaient passés les faits. Enfin, de l’aveu de tous, latable ethnographique du chapitre x de la Genèse n’est pascomplète et ne mentionne pas les races jaune, rouge etnoire. Ces races proviennent sans doute d’individus quin’étaient pas de la lignée de Noé. L’abbé Motais, Ledéluge biblique, in-8°, Paris, 1885, p. 301-333, avait crutrouver dans le Pentateuque des traces des survivants dudéluge, et il nommait les Caïnites, les Amalécites, lesSodomites et les populations géantes de la Palestine, lesÉmim, les Zomzommim, les Avorim et les Horim. Maisces traces sont peu probables. Voir Amalec, t. i, col. 426427; Cinéens, t. ii, col. 768-770, et Rambouillet, Gainredivivus, in-8°, Amiens, 1887.

A cette interprétation, les partisans de l’universalité dudéluge quant aux hommes objectent, non sans fondement, que le récit biblique renferme divers traits qui sont directementet positivement opposés à toute restriction du cataclysmeà une fraction de l’humanité. L’homme que Dieuveut détruire par le déluge, c’est l’homme qu’il a créé, qu’il

se repent d’avoir fait, Gen., vi, 5-8; c’est donc le genrehumain et non une partie seulement de l’humanité. D’ailleursNoé, après sa sortie de l’arche, est présenté commele père et le chef de tous les hommes qui vivront aprèsle déluge. Gen., ix, 1 et 19. Enfin le plan’de la Genèsen’élimine pas nécessairement avant le chapitre vi lesentants de Cain et les autres descendants des patriarchesen dehors de la lignée principale, qui devait être celledu peuple de Dieu. Cette lignée n’est complètement isoléequ’au début de l’histoire d’Abraham. À la troisième opinion, on oppose aussi des textes bibliques qui sont prisen dehors de la Genèse et qui affirment que tous leshommes ont péri dans le cataclysme. — Mais «l’espérancede l’univers, réfugiée sur un navire», qui conserva «legerme d’une postérité», Sap., xiv, 6, peut s’entendre deNoé, père des hommes postdiluviens, même dans l’hypothèsed’autres races survivantes. En tout état de choses, Noé, juste et parfait, fut la rançon de l’humanité; il futau moins une sem*nce de justes ou le chef d’une nouvellerace. Eccli., xliv, 17 et 18. Si Jésus compare la findu monde avec le déluge, qui emporta sinon tous leshommes, du moins tous les voluptueux du temps, Matlh., xxiv, 37-39, sa comparaison porte non sur l’universalitédes victimes, mais bien sur le caractère inopiné du délugeet du jugement dernier, et il dit seulement: «Malgré lesavertissem*nts et les signes certains, les contemporainsde Noé furent surpris par le déluge, qui les exterminatous.» Cf. Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p, 470. Quand saint Pierre parle des huit âmes quifurent sauvées dans l’arche, I Petr., iii, 19 et 20, son butn’est pas de démontrer la nécessité ou l’universalité dubaptême, mais son efficacité. Il compare l’eau du baptêmeà celle du déluge en tant qu’elle sauve, non en tantqu’elle perd, et il affirme que tous les baptisés serontsauvés aussi certainement que le furent le petit nombred âmes qui étaient renfermées dans l’arche au temps dudéluge. Drach, Êpîtres de saint Paul, Paris, 1871, p. 100.Si le même apôtre dit que Dieu n’a pas épargné le mondeprimitif et n’a sauvé que Noé le huitième, c’est-à-diresept autres personnes avec lui, en amenant le déluge surle monde des impies, II Petr., ii, 5-7, on peut expliquersa parole du monde au milieu duquel vivait Noé, le prédicateurde la justice. Doue ces textes ne prouvent nipour ni contre l’universalité ethriographique du déluge.Oppose-t-on à la troisième opinion l’accord unanimeavec lequel les Pères reconnaissent l’universalité anthropologiquedu déluge, ses partisans répliquent qu’il estloisible de s’écarter du sentiment commun des Pères surce point aussi légitimement qu’au sujet de l’universalitégéographique et zoologique. Il est vrai, on a dit que letémoignage des Pères relativement à l’inondation du globeet à la destruction des animaux ne constitue pas un enseignementecclésiastique, tandis qu’il affirme la destructiondu genre humain comme un point de foi, commeune vérité connexe avec la foi, puisqu’il la donne pourbase à un type certain, à la signification figurative del’arche, représentant l’Église, hors de laquelle il n’y apas de salut. L’existence du type est indiscutable. Maisil n’est pas de la nature du type qu’il y ait équation entrelui et l’antitype qu’il représente. Un fait relativementuniversel peut servir de type à un fait absolument universel.La maison de Rahab est considérée par les Pèrescomme la figure de l’Église, eh dehors de laquelle il n’ya pas de salut. Les huit personnes qui étaient dans l’archereprésentaient tous les sauvés. Les contemporains deNoé, les seuls habitants de la contrée submergée, peuventreprésenter tous ceux qui seront damnés hors de l’Église, sans que la signification typique du déluge perde de savaleur. L’universalité relative du déluge quant aux hommessuffit donc à maintenir la vérité du type. Les Pères, ilest vrai, s’appuient sur l’universalité absolue de la destructiondes hommes. Ils n’en ont pas fait toutefois unecondition nécessaire du type prophétique; ils n’ont pas

exclu expressément l’universalité relative, et leur manièrede s’exprimer ne l’exclut pas équivalemment. Ils n’ontdonc pas tranché d’autorité une question qui ne se posaitpas pour eux.

Si la troisième opinion ne peut pas invoquer en safaveur l’autorité des anciens, elle compte déjà beaucoupde partisans. Elle n’est pas tout à fait nouvelle. Le dominicainJérôme Oléaster, Comment, in Pentateuchum, Lyon, 1586, p. 518, admettait que les Cinéens, Num., xxiv, 21, descendaient de Caîn. Isaac de la Peyrère restreignaitle déluge à la Palestine, Systema theologicumex Prseadamitarum hypothesi, 1655, p. 202-219; Aug. Malbert, Mémoire sur l’origine des nègres et desAméricains, dans le Journal de Trévoux, 1733, p. 19401972; Frdr. Klee, Le déluge, considérations géologiqueset historiques, 1853, p. 311-319; Ch. Schœbel, Del’universalité du déluge, 1856, et Annales de philosophiechrétienne, 1878, p. 422; d’Omalius d’Halloy, Biscoursà la classe des sciences de l’Académie de Belgique, 1866; Scholz, Die KeilschriftVrkunden und die Genesis, 1877, p. 71; ’Notais, Le déluge biblique devant lafoi, l’Écriture et la science, Paris, 1885; Ch. Robert, Lanon-universalité du déluge, Paris et Bruxelles, 1887; Encore la non-universalité du déluge, extraits de laRevue des questions scientifiques. Un plus grand nombred’écrivains, sans l’adopter positivement, la tiennent pourlibre, soutenable et probable. Jaugey, Dictionnaire apologétiquede la foi catholique, p. 748-773; cardinal Meignan, De l’Éden à Moïse, Paris, 1895, p: 235-238; J. A. Zahm, Bible, science et foi, trad. franc., Paris [1896], p. 105-163; Schopfer, Histoire de l’Ancien Testament, trad. franc., Paris, 1897, p. 82-87; Bibel und Wissenchaft, 1896, p. 201-245; F. de Hummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p. 235-236, qui donne une bibliographie trèscomplète. Si les sciences établissaient par une démonstrationrigoureuse ou par un ensemble d’indications préciseset convergentes la non-universalité anthropologiquedu déluge, on devrait admettre que le récit biblique nes’y oppose pas. Mais les sciences n’ont pas encore jusqu’àprésent établi ce fait, et on peut satisfaire à leurs légitimesexigences actuelles en reculant la date du déluge.Il n’est donc pas nécessaire d’adopter le sentiment quirestreint le déluge à une partie de l’humanité. On n’yserait contraint que si la nonuniversalité devenait une^vérité incontestable, et on pourrait le faire; puisque la foin’y apporte pas obstacle. En attendant, il est sage etprudent de s’en tenir à la seconde opinion.

IV. Nature du déluge. — Aussi longtemps qu’on aadmis l’universalité absolue du déluge, on a cru à soncaractère miraculeux. Une intervention directe de Dieuétait, en effet, nécessaire pour expliquer la submersiondu globe entier, et l’universalité absolue de l’inondationentraîne comme conséquence logique une origine miraculeuse.Les anciens exégètes ont pu hésiter et ne pass’accorder dans la détermination du point précis où l’actionimmédiate de Dieu s’était fait sentir, voir Motais, Ledéluge biblique, p. 210-214; d’un accord unanime, ilsont reconnu dans le déluge biblique un fait produit endehors dès lois ordinaires de la nature, un fait miraculeux.Mais dès qu’on a commencé à restreindre l’inondationà des limites déterminées, soit à la région qu’occupaientalors les hommes, soit aux pays connus desHébreux, soit à une contrée particulière, elle est apparuecomme un événement provoqué sans doute par une intentionspéciale de Dieu, mais réalisé par le jeu des forcesnaturelles; comme un fait providentiel dans son but, miraculeux dans son annonce prophétique, mais natureldans son mode de production. Il y a donc lieu de se demandersi le déluge a été produit par une interventiondirecte de Dieu, ou s’il a été l’effet de causes physiquesdirigées seulement par la Providence.

L’annonce prophétique de la catastrophe ne prouve pasque le cataclysme lui-même a été miraculeux. D’autres 4357

DÉLUGE — DËMÉTRIUS I «SOTER

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événements, annoncés dans la Bible comme des vengeancesdivines, comme des châtiments exemplaires, ontété des phénomènes entièrement naturels en eux-mêmes.La destruction de Jérusalem, prédite par Jésus-Christavec des détails plus circonstanciés que ceux du déluge, n’en fut pas moins réalisée par des agents naturels ethumains. Tous les faits prophétisés ne sont pas des miracles.Pour que la prophétie se réalise, Dieu n’a pasbesoin de déroger aux lois naturelles, il suffit que, sansnuire à leur fonctionnement régulier, il les dirige à sesfins, et que les causes physiques agissent spontanémentau moment qu’il a fixé. Dieu est certainement intervenu, quand il a ordonné à Noé de quitter l’arche, Gen., viii, 15-17, et quand il a contracté avec lui une nouvellealliance. Gen., viii, 21 et 22; ix, 1-17. Mais on peut soutenirque son action directe ne s’est pas fait sentir dansla production de l’inondation. Tandis que la légendechaldéenne du déluge fait intervenir les dieux dans l’exécutionmême de l’inondation, le récit de la Genèse, quimontre Dieu agissant avant et après l’événement, neparle pas de son action dans la réalisation du cataclysme.Il indique expressément les causes physiques qui entrèrenten jeu, une pluie torrentielle et l’envahissem*ntde la mer sur le continent, Gen., vii, Il et 12, sans lesmettre dans les mains de Dieu. Les progrès et la décroissancede l’inondation sont aussi présentés comme s’opérantnaturellement. Gen., vii, 17-19, 24, et viii, 2-14.Toute la marche de l’inondation est donc décrite dans laGenèse comme naturelle. Les indices de l’action directede Dieu dans la réalisation même du déluge, qu’on a crutrouver dans le récit de la Genèse, ne sont pas certainsni assez évidents. La leçon de l’Italique: «Intrabunt adte,» au lieu de: «Ingredientur tecum,» Gen., vi, 20, suivant laquelle saint Augustin, De Civit. Dei, xv, 27, t..xli, col. 475, a fait intervenir Dieu dans le rassemblementdes animaux, ne répond pas au texte original, quiannonce simplement le fait, sans indiquer d’aucune manièrele mode de son exécution. La Vulgate montre Dieulerinant la porte de l’arche, Gen., vii, 16; le texte hébreudit seulement que «Dieu ferma sur Noé». Gela peutsignifier simplement que par son action providentielleDieu ne permit à personne, en dehors de la famille deNoé, de trouver un refuge dans l’arche. Muet sur touteaction miraculeuse, le texte biblique est absolument formelen faveur des causes naturelles de l’inondation. Onpeut en conclure que, quoique providentiel dans son but, le déluge fut un événement naturel dans le mode de saréalisation. R. de Girard, Le caractère naturel du déluge, Fribourg, 1894. Cette conclusion serait certaine, s’il étaitdémontré que l’inondation fut localisée dans des limitesassez étroites, ou que l’humanité était encore peu répandue.Elle perd de sa rigueur logique, si les hommesétaient déjà disséminés au loin et de divers côtés. Dansce cas, l’inondation semble avoir dépassé la mesure descatastrophes ordinaires, et avoir exigé l’intervention miraculeusede Dieu, conformément à l’interprétation générale.

Si le déluge peut être considéré comme un événementnaturel, il est logique de chercher à découvrir le modede sa réalisation. On n’a pas manqué à cette tâche, etles essais d’explications scientifiques peuvent se classersuivant leurs tendances en quatre groupes. — 1° Lesthéories cosmiques font appel à un changement dansla position de l’axe des pôles. Le déplacement plus oumoins subit de l’axe terrestre aurait eu pour effet de déversertous les océans sur les continents et de produireune gigantesque barre d’eau qui aurait fait le tour duglobe, en passant au-dessus des montagnes. Il est difficiled’indiquer une cause adéquate de ce brusque déplacementde l’axe terrestre. On a parlé du choc d’unecomète et du soulèvement des montagnes, qui auraientchangé la valeur de l’angle d’inclinaison de l’axe terrestresur le plan de l’écliplique. Frd. Klee, Le déluge.

considérations historiques et géologiques, in-12, Paris, 1846, p. 83-123 et 205-332. — 2° Les partisans des théoriesvolcaniques rapprochent le déluge de la catastrophe récentede la Sonde, et expliquent l’inondation par un soulèvementdes eaux de la mer, produit par l’éruption d’unvolcan. — 3° Les tenants des théories orogéniques rattachentle cataclysme à des soulèvements montagneux ouà des effondrements dans le genre de celui qui a engloutil’Atlantide. K. de Léonhard, Géologie, trad. Grimblotet Toulouzan, 1839 et 1840, t. ii, p. 722; Hugh Miller, Testimony of the rocks, 1858, p. 344-348. Cf. Reusch, La Bible et la nature, p. 395-398. — 4° La théoriesismique, s’appuyant principalement sur l’interprétationscientifique de la légende cunéiforme du déluge, expliquel’inondation par un séisme ou tremblement de terre, quise produisit au fond du golfe Persique et prqjeta surles plaines de la Mésopotamie les flots de la mer. Unterrible cyclone se joignit au raz de marée, et l’ondesismique transporta l’arche de la ville de Surippak, situéesur le rivage de l’Euphrate, aux montagnes de Nizir.Cette translation de l’arche d’aval en amont, à contrepentedes fleuves du pays, est à elle seule un indicecertain du caractère sismique et marin du cataclysme.E. Suess, Die Sintfluth, eine geologische Studie, Ie’fasciculede YAntlitz der Erde, Prague et Leipzig, 1883, p. 11-27; R. de Girard, La théorie sismique du déluge, Fribourg, 1895, p. 23-541. Il est impossible de dire laquellede ces théories se rapproche le plus de la vérité.Toutes prêtent le flanc à la critique. Elles ont au moinsle mérite de montrer que le déluge, qui est historiquementcertain, est physiquement possible.

E. Mangenot.

    1. DEMAS##

DEMAS ( Ay]u.î-, nom probablement contracté deAy]iJiif)Tpioç, ou selon quelques-uns de A^ap^o; ), compagnonde saint Paul, qui le nomme parmi ses collaborateurs.Philem., 24. Dans la conclusion de l’Épitre auxColossiens, iv, 14, il est également nommé, mais sans leséloges et recommandations qui accompagnent les autresnoms. On voit par ces deux Epitres que Démas était avecl’Apôtre pendant sa première captivité, à Rome. Maisdurant son second emprisonnement, saint Paul se plaintà Timothée que Démas, par amour du monde présent, l’ait abandonné et se soit retiré à Thessalonique. II Tim., iv, 9. Son retour dans cette ville a fait supposer qu’il enétait originaire. Saint Jean Chrysostome, In II Tim., hom. x, 1, t. lxii, col. 655. En tout cas, il n’était pas derace juive, puisque saint Paul, Col., iv, 11, 14, le sépare «de ceux qui étaient circoncis». On ne sait comment ilfinit sa vie. Quelques Pères, entre autres saint Épiphane, Hxres., li, 6, t. xli, col. 897, ont conclu de II Tim., iv, 9, qu’il avait apostasie. D’après Estius, au contraire, ceserait Démas que saint Ignace dans sa leltre aux Magnésiensappelle leur évêque digne de Dieu. Mais aucundocument ne vient appuyer ces diverses conjectures.

E. Levesque.

    1. DÉMÉTRIUS##

DÉMÉTRIUS (AY]M-f, Tpio-). Nom de deux rois deSyrie, d’un orfèvre d’Éphèse et d’un chrétien.

1. DÉMÉTRIUS l «SOTER, roi de Syrie, fils de SéleucusIV Philopator et petit-fils d’Antiochus III le Grand(fig. 488). Il régna de 162 à 150 avant J.-C; de l’ère desSéleucides, 151-162.

I. Son histoire. — Tout enfant, en 175 avant J.-C, il fut envoyé en otage à Rome, en échange de son oncle, Antiochus IV Épiphane, et y resta pendant tout le régnede ce prince. À la mort d’Ëpiphane, en 164, il demandaau sénat la liberté et la permission d’aller occuper letrône de Syrie. Le sénat refusa. Démétrius s’échappa deRome avec la complicité de Polybe et débarqua en Syrie.Il avait alors vingt-trois ans. Polybe, xxxi, 12. Le paysse déclara en sa faveur; le jeune Antiochus V Eupator, son cousin, fut mis à mort avec son tuteur Lysias, etDémétrius devint maître du royaume. Polybe, xxxi, 19-23; 1359

DÉMÉTRIUS I" SOTER

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Appien, Syriac, 46, 47; Justin, xxxiv, 3; Tite-Live, Epit., xlvi; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 1. I Mach., vii, 1-4; II Mach., xiv, 1-2. Voir Lysias. Il s’efforça de gagnerla sympathie des Romains en leur envoyant une ambassadechargée de présents et en leur livrant l’assassin del’ambassadeur Cn. Octavius. Ceux-ci le reconnurent pourroi sur les instances de Tibérius Gracchus. Polybe, xxxii, 4 et 6. Il s’occupa alors de pacifier l’Orient et délivraBabylone du satrape Héracléides, qui s’y était établi enmaître. Ce fut alors que les Babyloniens lui décernèrentle titre de Soter ou Sauveur. Polybe, ibid.; Appien, Syr., 47. Il chassa Aiiarafhe de Cappadoce; mais le sénatromain soutint ce roi et le rétablit. Polybe, xxxii, 20, 3; cf. iii, 5, 2; Appien, Syr., 47; Tite-Live, Epit., xlvii; Justin, xxv, 1. Démétrius tenta ensuite, mais sans succès,

488. — Tétradrachme de Démétrius I" Soter.Tête de Démétrius diadème, à droite. — $. BASIAEÛSAHMHTPIOT 2QTHP02. La Fortune de profil, àgauche, assise sur un trône, tenant un sceptre et une corned’abondance. Dans le champ, à gauche, Ail et AIN, enmonogramme; dans l’exergue, la date EP (an 160 de l’èredes Séleucldes).

de s’emparer de Cypre par trahison. Polybe, xxxiii, 3, 2.Il s’aliéna bientôt ses sujets par ses débauches. Polybe, Xxxi, ’21, 8; xxxiii, 14, 1; Justin, xxxv, 1. Héracléidessuscita contre lui Alexandre Balas. Polybe, xxxiii, 14 et 16.Voir Alexandre Balas-, t. i, col. 348-350. Soutenu par depuissants alliés, entre lesquels étaient les Romains, Attale, roi de Pergame, Ariarathe, roi de Cappadoce, et PtoléméeVI Philométor, roi d’Egypte, Alexandre vainquit Démétrius, et celui-ci périt dans la bataille. Polybe, xxxiii, 16; Appien, Syr., 67; Justin, xxxv, 1. Démétrius périt en150 avant J.-C, après douze ans de règne. Polybe, iii, 5.II. Rapports de Démétrius avec les Juifs. — Dès ledébut du règne de Démétrius, Alcime, qui voulait êtregrand prêtre, se rendit auprès du roi de Syrie avecquelques-uns de ses partisans, pour l’engagera se rendrecompte des désordres que, selon lui, Judas Machabéefomentait en Judée, et pour l’en punir, lui et ses amis.I Mach., vii, 5-7. Voir Alcime, 1. 1, col. 338-340. En 161, Démétrius envoya une armée, à la tête de laquelle il plaçaBacchide, gouverneur de Mésopotamie, avec ordre d’établirAlcime dans la dignité de grand prêtre et de châtierJudas. I Mach., vii, 8-9; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 2.Voir Bacchide, t. i, col. 1373-1374. Alcime et Bacchidefeignirent des intentions pacifiques. Judas et ses frèresne s’y trompèrent pas (voir Judas Machabée); mais lesAssidéens se laissèrent gagner. Voir Assidéens, t. i, col. 1131. Alcime et Bacchide saisirent soixante d’entreeux et les mirent à mort. L’épouvante s’empara alors detout le peuple. I Mach., vii, 10-19; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 2. Bacchide quitta Jérusalem et s’établit à Bethzétha.I Mach., vii, 25; II Mach., xiv, 3-11; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 3. Voir Bethzétiia, t. i, col. 1763. Leroi envoya en Judée Nicanor, chef des éléphants et grandennemi des Juifs, avec ordre de châtier ce peuple. Ildevait s’emparer de Judas Machabée et rétablir Alcimedans le souverain pontificat. I Mach., vii, 26; II Mach., xiv, 12-13. Voir Nicakor. Les habitants de la Judée qui

n’étaient pas de race juive se joignirent à Nicanor, dansl’espoir de voir la ruine de leurs ennemis. II Mach., xiv, 14. Les Juifs furent remplis de terreur. Sur l’ordrede Judas, ils établirent leur camp à Dessau. II Mach., xiv, 15-16. Voir Dessau. Simon, frère de Judas, marcha à larencontre des Syriens; mais leur arrivée soudaine le miten fuite. II Mach., xiv, 17. Voir Simon. Nicanor, qui avaiten haute estime la valeur de Judas et de ses compagnons, résolut d’entrer en pourparlers avec eux. Il envoya enambassade Posidonius, Théodotion et Mathias. Une entrevuefut décidée entre Judas et Nicanor. Judas prit sesprécautions pour ne pas être surpris. Nicanor, de soncôté, se conduisit avec douceur. Judas lui était sympathique; il lui donna une épouse, et pendant quelquetemps ils vécurent en paix. I Mach., vii, 27-29; II Mach., xiv, 18-25. Ces relations pacifiques furent interrompuespar les intrigues d’Alcime. Celui-ci dénonça Nicanor àDémétrius. Il présenta au roi le chef des éléphants commeun conspirateur, qui voulait placer Judas sur le trône deSyrie. Le roi, irrité, donna à Nicanor l’ordre de lui amenerJudas enchaîné à Antioche. Nicanor n’osait romprela trêve sans que Judas lui donnât un motif de le faire.Cependant il chercha une occasion d’exécuter l’ordrequ’il avait reçu. Judas s’aperçut du changement survenudans l’esprit de Nicanor et se cacha. II Mach., xiv, 26-30; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 3-4. Une batailles’engagea à Capharsalama, entre les troupes syrienneset celles de Judas. Voir Capharsalama, col. 210.Nicanor fit de nombreux prisonniers, en massacra uncertain nombre et jeta leurs corps dans un puits. Ilconfia ensuite le pays à Alcime, laissa quelques troupespour le défendre et retourna vers Démétrius. I Mach., vu, 20-21. Judas entreprit de délivrer son pays de latyrannie d’Alcime. Celui-ci, incapable de résister, demandade nouveau le secours de Démétrius. I Mach., vii, 27-31. Près de cinq mille Syriens périrent dans le combat; le reste s’enfuit dans la cité de David. I Mach., vii, 32; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 4. Nicanor monta alors versle mont Sion. Un groupe de prêtres vint le saluer et luimontrer les victimes destinées aux holocaustes qu’onoffrait pour le roi. Il les traita avec insolence et menaçade brûler le Temple, si Judas et son armée n’étaientlivrés entre ses mains. Les prêtres implorèrent la vengeancede Dieu contre l’impie. I Mach., vii, 33-38; II Mach., xiv, 31-36; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 5. Nicanorquitta ensuite Jérusalem et s’établit à Béthoron, oùil fut rejoint par une armée syrienne. Judas et son arméecampèrent dans le voisinage, à Adarsa. I Mach., vii, 39-40.Voir Adarsa, t. i, col. 213-214, et Béthoron 1, t. i, col. 1699-1705. En apprenant cela, Nicanor résolut d’attaquerl’armée juive un jour de sabbat. Les Juifs qui s’étaientralliés à lui le supplièrent de respecter, le jour du Seigneur.Il leur répondit insolemment; mais il ne put exécuterson dessein. II Mach., xv, 1-5. Judas pria et exhortases soldats à combattre avec courage et confiance en Dieu.I Mach., vii, 41-42; II Mach., xv, 7-11. Le grand prêtreOnias et le prophète Jérémie lui apparurent en songe etlui promirent la protection céleste. II Mach., xv, 12-16.L’armée tout entière fut remplie d’ardeur, et les habitantsde Jérusalem eurent grand espoir. II Mach., xv, 19-20. Le combat fut livré le 13 du mois d’adar. I Mach., vu, 43. Voir Adar 3, t. i, col. 211. Judas invoqua le Dieud’Israël, et remporta une victoire complète. Nicanor lui-mêmesuccomba. I Mach., vii, 43-46; II Mach., xv, 25-29.Un jour de fête fut établi en souvenir de ce triomphe, laveille du jour de Mardochée. I Mach., "vu, 48-49; II Mach., xv, 36-37; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 5; MeghillathThaamith, 12; Le Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, t. viii, in-8°, Paris, 1886, p. 217. Judas profita de la défaitede Nicanor (161) pour mettre à exécution un projetqu’il caressait depuis longtemps, celui de faire allianceavec Rome. Les ambassadeurs juifs devaient en mêmetemps demander au sénat de signifier à Démétrius qu’il eût 1361

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à s’abstenir de toute guerre contre leur nation. L’alliancefut conclue, et ordre fut envoyé de Rome à Démétriusde respecter désormais la Judée, sous peine d’être châtiépar Rome. I Mach., viii, 19 et 31-32. Pendant ces négociations, Démétrius, pour venger Nicanor, avait envoyéune armée considérable, commandée par Racchide (160).Alcime accompagnait le général syrien. Les troupesgrecques traversèrent la Galilée, campèrent à Masalothet tuèrent un grand nombre de Juifs qui s’étaient réfugiésprès de là, dans les cavernes d’Arbèles (voir Arbèles, t. i, col. 884); elles marchèrent ensuite vers Jérusalem, puis se rendirent à Béréa. 1 Mach., ix, 1-4. Voir Bérée, t. i, col. 1606. Judas campait à Laisa. Voir Laisa. Bacchides’avança pour l’attaquer. Effrayés par le nombredes Syriens, les soldats de Judas désertèrent presquetous. Huit cents seulement restèrent fidèles. Malgré cetteinfériorité, Judas engagea la lutte. I Mach., ix, 5-10. Josèphe, Ant.jud., XII, xr, 1. Il mit en déroute l’aile droitede l’armée syrienne et la poursuivit jusqu’à Azôt ou Aza.Voir Azot, t. i, col. 1309. Mais l’aile gauche enveloppaJudas, et ce héros succomba criblé de blessures. I Mach., ix, 11-22. Délivré de son vaillant adversaire, Bacchideétablit la domination syrienne par la violence et la cruauté, et avec la complicité de tous les Juifs traîtres à leur patrieet à leur Dieu. I Mach., IX, 23-27. Ceux qui restèrentfidèles élurent pour chef Jonathas, frère de Judas. I Mach., ix, 28-31. Voir Jonathas. Bacchide lui dressa des embûches; mais Jonathas et Simon, son frère, s’enfuirentdans le désert de Thécué, près du lac Asphar. I Mach., ix, 32-34. Voir Simon. Bacchide les poursuivit peu après etattaqua les Juifs un jour de sabbat, sur les bords marécageuxdu Jourdain. Malgré la sainteté du jour, Jonathasn’hésita pas à livrer combat. Il faillit tuer Bacchide; puis, vaincu par le nombre, il se sauva à la nage avec sonarmée. I Mach., ix, 43-48. Bacchide retourna à Jérusalem, et pour assurer la domination de Démétrius il fortifia lesvilles d’Ammaûs, de Béthoron, de Béthel, de Jéricho, deThamnatha, de Phara, de Thopus, de Bethsura, de Gazara, et y établit des garnisons syriennes et des dépôts de vivres.I Mach., IX, 50-53. Il enferma comme otages dans la citadellede Jérusalem les fils des principaux habitants dupays. I Mach., ix, 54. Après la mort d’Alcime, qui survintvers cotte époque, Bacchide retourna auprès de Démétrius, et la Judée fut tranquille pendant deux ans. I Mach., IX, 54-57. Cependant les intrigues des ennemis de Jonathasramenèrent Bacchide en Judée. Jonathas, averti, fitmettre à mort cinquante des traîtres et se réfugia à Bethbessen, dans le désert. Simon fut chargé de la défensede la forteresse, et Jonathas fit des incursions dans lepays. I Mach., IX, 58-66. Bacchide attaqua Simon et futvaincu. Jonathas lui offrit la paix. Bacchide accepta et seretira pour ne plus revenir. Cependant les troupes deDémétrius I er continuèrent à tenir garnison dans les forteressessyriennes et à Jérusalem. Jonathas s! établit àMachmas. I Mach., ix, 67-73. Pendant quatre ans, de 157à 153, la Judée fut tranquille.

En 153, Démétrius Soter, inquiet des agissem*ntsd’Alexandre Balas, écrivit à Jonathas pour lui demanderson appui contre l’usurpateur. Il conféra au chef juif ledroit de lever des troupes et de fabriquer des armes etlui rendit les otages. Jonathas vint à Jérusalem et lutles lettres du roi; il restaura les murs de la ville et yétablit sa résidence. I Mach., x, 1-12. Cependant il ne secrut pas engagé envers Démétrius, et, plus confiant dansles promesses d’Alexandre Balas, il fit alliance avec cedernier. I Mach., x, 15-21. Démétrius écrivit alors uneseconde lettre par laquelle il exemptait les Juifs d’impôtsde diverses natures, déclarait Jérusalem ville sainte etlibre, remettait à Jonathas la citadelle, le confirmait danssa dignité de grand prêtre et promettait de faire don auTemple de quinze mille sicles par an et des revenus dela ville de Ptolémaïde, de mettre en liberté tous les prisonniersjuifs et de les exempter d’impôîs, de respecter

le sabbat et les jours de fêtes, ainsi que les trois joursqui précéderaient et qui suivraient, d’empêcher touteaction contre les Juifs pendant ce temps, de prendre àsa solde trente mille de leurs compatriotes, qui seraientcommandés par des chefs de leur propre race, de leurouvrir l’accès des fonctions publiques. Trois villes deSamarie devaient être jointes au pays gouverné par legrand prêtre. Droit d’asile était donné au Temple. DémétriusI er s’engageait enfin à contribuer à la restaurationdes murailles de Jérusalem. I Mach., x, 25-45. Ces promessesétaient trop belles pour que Jonathas les crût sincères; il resta fidèle à Alexandre. Un combat s’engageaentre les deux rois, et Démétrius fut tué. I Mach., x, 46-50.Voir de Saulcy, Histoire des Machabées, in-8°, Paris, 1880, p. 201-233. E. Beurlier.

2. DÉMÉTRIUS II NICATOR, roi de Syrie, fils deDémétrius Soter (fig. 489). Il régna une première fois489.

Tétradraohme de Démétrius II ÏUcator.

Tête de Démétrius barbu et diadème, de profil, à droite. —fi. BASIAEQS AHMHTPIOT ©EOT NIKATOPOS.Zeus, assis sur un trône, à gauche, la chlamyde sur l’épauleet sur les genoux, s’appuyant sur un long sceptre et portantune petite Victoire sur sa main droite. Sous le trône rSI; dans l’exergue, la date EIIP (an 185 de l’ère des Séleucides), et un monogramme composé des lettres Ail. Monnaiefrappée à Sidon.

de 146 à 138 avant J.-C. (de l’ère des Séleucides, 166 175), et une seconde fois de 130 à 125 avant J.-C. (de l’ère desSéleucides, 182-187).

I. Son histoire. — Son père l’envoya à Cnide aumoment où Alexandre I er Balas envahit la Syrie, et ainsiil put échapper aux mains du vainqueur. Voir AlexandreBalas, t. i, col. 348-350. Il demeura en exil pendantquelques années; puis, en 148 ou 147 avant J.-C, il débarquaen Cilicie avec une troupe de Cretois. Voir Cretois, col. 1116. Ptolémée Philométor se déclara en safaveur et lui donna en mariage sa fille Cléopâtre, qu’ilavait d’abord donnée à Alexandre. Avec cet appui, il défitson adversaire, qui périt en Arabie, où il s’était réfugié.Justin, xxxv, 2; Tite-Live, Epit., lui; Appien, Syriac., 67; Josèphe, Ant.jud., XIII, iv; I Mach., x, 67; xi, 1-18.Cette victoire valut à Démétrius II le surnom de Nicator.Ptolémée mourut peu après. Désormais exempt de toutecrainte, Démétrius s’abandonna à ses instincts de cruautéet s’aliéna l’esprit de ses sujets. Il licencia toutes sestroupes, à l’exception des mercenaires crétois. I Mach., xi, 38. Un prétendant nommé Diodote et surnommé Tryphonalla chercher en Arabie un fils d’Alexandre Bdaset groupa autour de lui tous les mécontents. Il réussità s’emparer d’Antioche et d’une grande partie de laSyrie. Démétrius se retira à Séleucie et à Babylone, d’où il-s’engagea dans une expédition contre les Parthes.Après avoir remporté quelques succès, il fut attirédans un piège, défait et emmené captif (138). Justin, xxxvi, 1; xxxvii, 9; Tite Live, Epit., lui; Appien, Syriac., 67; Josèphe, Ant.jud., XII, v; I Mach., xi, 39-40; xlv, 1-3. Justin et Appien, ibid., placent la révolte deTryphon après la captivité de Démétrius, le premier livredes Machabées la place avant. Le récit biblique est cer4363

DÉMÉTRIUS II NICATOR — DÉMÉTRIUS, ORFÈVRE

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tainement celui qui donne la suite exacte des événements.Le roi des Parthes, Arsace VI Mithridate I er, traita sonprisonnier avec magnanimité, lui donna un train royalet lui fit épouser sa fille Rhodogune. Après la mort deMithridate, Démétrius tenta plusieurs fois de s’échapper; malgré cela, Arsace VII Phraate III le traita avec douceur.Cependant Antiochus VII Sidetès, frère de Démétrius, vainquit Tryphon. Une fois en possession du trône, le nouveau roi commença une expédition contre lesParthes. Ceux - ci, pour faire diversion, délivrèrentDémétrius, qui marcha contre son frère. Antiochus VIIpérit dans un combat, et Démétrius recouvra sa couronne( 130), qu’il conserva en dépit des efforts de Phraate.Justin, xxxviii, 9, 10; Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 4.Il entreprit alors une expédition contre l’Egypte; mais ilfut abandonné par ses soldats et par ses sujets, qui ledétestaient. Ptolémée Physcon lui suscita un adversaireen la personne d’Alexandre Zébina. Démétrius fut défaitet obligé de fuir. Cléopâtre, qui ne pouvait lui pardonnerson mariage avec Rhodogune, lui refusa l’entrée de Ptolémaïde.Démétrius périt assassiné (125), peut-être par lesordres de la reine, au moment où il tentait de s’embarquerpour Tyr. Justin, xxxix, 1; Josèphe, Ant. jud., XIII, rx, 3; Appien, Syriac, 68; Tite Live, Epit., lx. Démétriusporte sur ses monnaies, outre le surnom de Nicator, ceux de Théos et de Philadelphe. Sur les monnaies antérieuresà sa captivité, il est toujours représenté imherbe; après sa délivrance, il porte souvent une longueharbe, comme les rois parthes. Eckhel, Doctrina nurnorum, t. iii, p. 229-231, croit que c’est en souvenir desa captivité. M. Babelon, Catalogues de monnaies grecquesde la Bibliothèque nationale. Les rois de Syrie, in-8°, Paris, 1890, p. cxlv-cxlvi, pense qu’il voulait ainsi sedonner un type divin, celui de Jupiter Olympien. Lespièces où le roi est barbu sortent de l’atelier d’Antioche; celui de Tyr conserva le type imberbe.

II. Rapports de Démétrius II avec les Juifs. — Jonathas, comme Judas Machabée, resta fidèle à Alexandre I erBalas; il eut pour cette raison à soutenir l’attaque d’Apollonius, gouverneur de Cœlésyrie, qui s’était déclaré enfaveur de Démétrius II. Voir Apollonius 1, t. i, col. 776.Le gouverneur rassembla une armée près de Janina, etprovoqua Jonathas au combat. Celui-ci réunit dix millehommes et marcha sur Joppé, dont il s’empara. I Mach., x, 69-76. Après une victoire remportée près d’Azot, Jonathass’empara de cette ville et y mit le feu. Le temple deDagon fut détruit; un grand nombre d’habitants de laville et de Syriens périrent par le glaive ou dans lesflammes. Ascalon eut le même sort, et Jonathas rentratriomphant à Jérusalem. I Mach., x, 77-87; Josèphe, Ant.jud., XIII, IV, 4. Après la mort d’Alexandre Balas, Jonathasmit le siège devant la citadelle de Jérusalem. Démétriusle fit venir à Plolémaïde, pour rendre compte de saconduite. Jonathas se rendit dans cette ville, accompagnéd’une nombreuse suite de prêtres et d’anciens du peupleet porteur de riches présents. Le roi fut gagné, comblaJonathas d’honneurs, le confirma dans sa dignité de grandprêtre et, moyennant la promesse de trois cents talents, exempta d’impôts la Judée et les trois districts de Samarieet de Galilée joints à ce pays. I Mach., xi, 20-28, 11écrivit à Lasthène le Cretois, qui lui avait fourni les auxiliairesà l’aide desquels il avait conquis son royaume, età qui il avait confié les rênes du gouvernement, unelettre dans laquelle il indiquait toutes les immunitésaccordées à la Judée et à ses dépendances. I Mach., xi, 29-37; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9. Lors de la révoltede Tryphon (143), Jonathas écrivit à Démétrius II pourlui demander de rappeler la garnison syrienne établiedans la citadelle de Jérusalem. Le roi promit tout cequ’on lui demanda et plus encore, si les Juifs venaientà son aide. Jonathas envoya trois mille hommes à Antioche.Les Juifs trouvèrent la ville révoltée, le roi menacéde mort et enfermé dans son palais; ils massacrèrent les

insurgés, mirent le feu à la ville, délivrèrent le roi etretournèrent à Jérusalem chargés de dépouilles. I Mach., xi, 44-51. Démétrius, une fois hors de danger, oublia sespromesses. I Mach., xi, 52-53; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 1-3. Cependant Tryphon et le jeune Antiochus VI, fils d’Alexandre Balas, s’avançaient avec’les troupes licenciéespar Démétrius et s’emparaient d’Antioche. DémétriusII fut contraint de fuir, et Antiochus fut proclaméroi. I Mach., xi, 54-56. Antiochus écrivit aussitôt à Jonathaspour le confirmer dans tous ses privilèges, et luienvoya de riches présents; il nommait en outre Simongénéral de l’armée qui défendait la côte depuis Tyr jusqu’àl’Egypte. 1 Mach., xi, 57-59; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 4. Jonathas soutint Antiochus contre Démétrius, prit Ascalon et Gaza, et conquit pour le jeune roi tout lepays jusqu’à Damas. I Mach., XI, 60-63. Cependant lestroupes de Démétrius II, partant de Cadès en Galilée, attaquèrent Jonathas dans les plaines d’Azor. Un momentsurpris, les Juifs furent mis d’abord en déroute; maisJonathas releva leur courage, et l’armée de Démétriusfut défaite. I Mach., xi, 63-74; Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 6-8.

L’année suivante (143), ayant appris que les lieutenantsde Démétrius, avec des forces nouvelles, voulaientattaquer la Judée, il marcha au-devant d’eux et les rencontradans la région d’Amathite, voir t. i, col. 447. Informépar ses espions que les Syriens voulaient tenterune surprise nocturne, il se tint sur ses gardes, et lesassaillants se retirèrent découragés. Jonathas les poursuivitsans pouvoir les atteindre. I Mach., xii, 24-30.Simon mit une garnison à Joppé, pour empêcher qu’onne livrât cette ville à Démétrius. I Mach., xii, 33-34; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 10-11. Après la mort deJonathas, traîtreusem*nt assassiné par Tryphon, Simonse retourna du côté de Démétrius. Le roi répondit à sesavances par une lettre où il lui promettait la paix, luipermettait de tenir garnison dans certaines forteresses, enfin lui faisait remise des impôts. En même temps illui envoyait de riches présents. L’autonomie de la Judéeétait reconnue sous le gouvernement de Simon (142).I Mach., xiii, 34-43; Josèphe, Ant. jud., ’XIII, vi, 1-6.

Dans la lettre qu’il écrivit aux Romains pour solliciterleur alliance, Simon rappelle que Démétrius l’a reconnuen qualité de grand prêtre et a fait alliance avec lui.I Mach., xiv, 38-39. Les Romains envoyèrent à DémétriusII notification du traité conclu entre eux et Simon.I Mach., xv, 22. Mais celui-ci n’était plus sur le trône, il était prisonnier d’Arsace. I Mach., xiv, 1-3. Depuis cemoment il n’eut plus aucune relation avec les Juifs. Voirde Saulcy, Histoire des Machabées, in-8°, Paris, 1880, p. 233-278. E. Beurlier.

3. DÉMÉTRIUS, orfèvre d’Éphèse qui fabriquait depetit* temples en argent, à l’imitation du fameux sanctuairede Diane, à Ephèse. Act. xix, 24. Il employait denombreux ouvriers et se faisait un revenu considérableavec ces petit* édicules, qu’il vendait comme des talismansou objets de piété pour se procurer la protectionde la grande déesse. (Voir Diane.) En voyant les progrèsde l’Évangile, il craignit pour son trafic; alors, réunissanttous les artisans qui vivaient de ce travail, il leurreprésenta non seulement le tort que la prédication dePaul allait faire à leur métier, mais l’abandon dans lequeltomberait forcément le culte de Diane. Excités parces paroles, ils se mettent à crier: «Elle est grande, laDiane des Éphésiens. m La ville fut bientôt toute dansl’agitation et le trouble; on se précipite au théâtre, en yentraînant deux compagnons de saint Paul. L’Apôtre voulaits’y rendre pour haranguer la foule; mais ses discipleset quelques-uns des Asiarques (voir ASIARQUE, t, i, col. 1001) l’en détournèrent. Un Juif nomméAlexandre, poussé par ses coreligionnaires, voulut parlerau peuple, sans doute pour dégager leur cause de celle des chrétiens (voir Alexandre 5. t. i. col. 350), mais dès qu’on sut qu’il était Juif, les cris redoublèrent et durèrent pendant deux heures. Enfin un greffier ou secrétaire de la ville persuada habilement au peuple que personne n’en voulait à la grande déesse, et que s’ils continuaient ce tumulte, on les accuserait de sédition; que si Démétrius avait à se plaindre, il pouvait s’adresser aux magistrats, qui jugeraient la cause. Il congédia ensuite l’assemblée, et tout rentra dans le calme. Act. xix, 23-40.

E. Levesque.

4.DÉMÉTRIUS. Chrétien, vivement recommandé par saint Jean dans sa lettre à Gaïus. III Joa., 12. Peut-être était-il le porteur de cette lettre; on ne sait rien de plus sur ce personnage. Quelques auteurs, comme Serarius, Comm. in Epist. Canon., in-f°, Paris, 1704, p. 104, ont supposé que ce Démétrius d’Éphèse n’était autre que le précédent converti à la foi. Mais rien n’appuie cette conjecture, pas plus que celle de Salmeron, Disputation., t. xvi, p. 336, qui semble faire de ce chrétien un évêque, ni celle de la Chronique controuvée de Lucius Dexter, d’après laquelle Démétrius serait le frère de Gaïus, à qui saint Jean adressa cette lettre.

E. Levesque.


DEMOISELLE DE NUMIDIE, oiseau appartenant au genre grue (voir Grue), et nommé ardea virgo par

[Image à insérer]400. — Demoiselle de Numidie.

les naturalistes (fig. 490). Cet oiseau est remarquable par la grande élégance de ses formes. Les plumes de sa tête sont noires et se prolongent en avant par une belle touffe de même couleur, qui retombe sur la poitrine. Sur cette parure sombre se détachent deux aigrettes de plumes blanches, qui prennent naissance auprès des yeux et se dirigent en arrière de la tête. Cet ensemble gracieux a valu à l’animal son nom de virgo, «demoiselle.» La taille de l’oiseau est celle de la grue cendrée. Il se rencontre en Turquie, dans la Russie méridionale, dans le nord de l’Afrique et dans les régions avoisinantes en Asie. Les monuments égyptiens le reproduisent. Aussi est-on fondé à croire que la demoiselle de Numidie est mentionnée, en même temps que la grue cendrée, sous le nom générique de ’âgûr, dans les deux passages où il est parlé des cris de la grue, Is., xxxviii, 14, et de l’époque de sa migration. Jer., viii, 7.

H. Lesètre.


DÉMON, ange révolté contre Dieu et précipité du ciel en enfer. Le même nom s’applique à tous les anges déchus, devenus pervers et méchants et cherchant à nuire aux hommes.

I. Les noms du démon.

Dans le texte hébreu.

1. Ṡâtân, dans Job avec l’article, haṡṡatân, du verbe ṡâtân, «dresser des embûches, persécuter, être adversaire.» Ce nom implique donc à la fois ruse et méchanceté. Le nom de Satan ne se trouve du reste que très

[Image à insérer]491. — Invocation au démon malfaisant.

On a trouvé à Carthage, dans une tombe romaine datant du Ier ou du IIe siècle de notre ère, une lamelle de plomb portant une Invocation au «démon», génie malfaisant. Un magicien a tracé, au stylet, sur cette feuille de métal une enceinte elliptique quadrillée, qui représente le cirque, puis de petit* ronds séparés par des barres pour figurer les carceres d’où partaient les chars pour la course. Enfin on y voit une double liste de noms de chevaux accompagnés de lettres cabalistiques, ΑΒΡΑΧ, etc., et on y lit cette invocation:

DEMON • QVI (H)IC • CONVER
SANS • TRADO • TIBI • (H)OS
EQVOS • VT DETENEAS
ILLOS • ET • INPLICENTVR
(N)EC SE MOVERE POSSINT

(Corpus Inscriptionum Latinarum, t. viii, n° 12504).

rarement dans la Bible hébraïque pour désigner le démon. Job, i, 6, 9, 12; ii, 3, 4, 6, 7; I Par., xxi, 1; Zach., iii, 1, 2. —

2. Les deux noms belilya‘al et ‘âzâ’zêl ne peuvent être considérés comme désignant le démon dans le texte hébreu. Voir t. i, col. 1561, 1874.

Dans les versions.

1. Σατᾶν, Satan, pour traduire le ṡâtân hébreu. Il faut remarquer toutefois que les Septante n’emploient jamais Σατᾶν pour traduire ṡâtân comme nom propre; ils se servent alors de διάβολος. Σατᾶν ne se trouve que pour rendre le mot hébreu en tant que nom commun. III Reg., xi, 14, 24. La Vulgate traduit alors par adversarius. —

2. Δαίμων, dæmon, et δαιμόνιον, dæmonium. Le mot δαίμων, qui vient probablement comme δαήμων, «savant,» d’un radical δάω, «enseigner,» et au passif «connaître», ou encore de δαίω, «diviser» et «allumer», désigne dans les auteurs grecs les dieux, le destin, les divinités inférieures, les âmes des morts et les génies, bons ou mauvais, attachés à un homme, à une cité, etc. Le mot δαιμόνιον est donné par les mêmes auteurs quelquefois aux divinités, Act., xvii, 18; plus souvent aux êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes et aux génies. Dans certains textes, «Démon» est réellement un génie malfaisant. Plutarque, Cæs., 69 (fig. 491). Les deux mots grecs ne prennent le sens précis de «démon» que dans les Septante et le Nouveau Testament. Il y a donc là adaptation d’un mot ancien à une idée nouvelle. Cf. Bailly-Egger, Dictionnaire grec-français, Paris, 1895, p. 425, 434. Les versions traduisent par ce nom différents mots du texte hébreu dont le sens est moins déterminé: še‘îrîm, «boucs,» idoles ayant la forme de ces animaux, Lev., xvii, 7; II Par., xi, 15, et parfois boucs sauvages vivant au désert, Is., xiii, 21; xxxiv, 14; voir t. i, col. 1871; — šēdîm, «puissants,» idoles analogues aux be‘âlîm, «seigneurs» ou dieux, Deut., xxxii, 17; Ps. cvi (cv), 37; — ĕlilim, «des néants,» autre nom donné aux idoles, Ps. xcvi (xcv), 5; — ṣiyyîm, «bêtes sauvages» habitant le désert, Is., xxxiv, 14; — yâšûd, «ce qui dévaste,» dans ce texte du Ps. xcxi (xcx), 6:

La peste qui se glisse dans les ténèbres,
La ruine qui dévaste en plein midi.

Les Septante mentionnent ici un «démon du midi», par suite du rapport qu’ils supposent entre yâsûd et Sêdîm, «puissants,» et d’après eux c démons», les deux mots venant du même radical sud, «être puissant» et «dévaster». Les versions de Baruch, iv, 7, 35, emploient les mots δαιμόνια, dæmonia. — 3. Διάβολος, diabolus, de διάβαλλω, «diviser, attaquer, calomnier.» Chez les auteurs grecs, διάβολος est le nom de l’homme qui inspire la haine ou l’envie, Pindare, Fragm. 270; Aristophane, Equit., 45, et du calomniateur. Aristote, Topic., 4, 5, 9, 11. L’Écriture se sert de ce nom pour désigner le démon. Les Septante rendent par διάβολος le šâtân hébreu dans les deux premiers chapitres de Job, I Par., xxi, 1, et Zach., iii, 1, 2, où la Vulgate traduit par Satan. — Au Ps. cix (cviii), 6, où David souhaite que l’accusateur (šâtân employé comme nom commun) se tienne à la droite du traître, on lit διάβολος, diabolus dans les versions. Voir Diable. — Dans le texte de III Reg., xxi, 13, des hommes de belîya‘al, c’est-à-dire des vauriens, sont appelés par les Septante hommes de «transgressions» et d’«apostasie», et par la Vulgate filii diaboli et viri diabolici. — Les versions du psaume lxxvii (lxxviii), 49, parlent d’ «anges mauvais», ἀγγέλοι πονηροί, angeli mali. En hébreu, les mal’âkê rà‘îm sont seulement des «anges de malheurs», probablement de bons anges envoyés par Dieu, comme l’ange exterminateur, pour châtier les coupables.

3ᵒ Dans le Nouveau Testament.


1. Σατανᾶς, Satanas, et jamais l’indéclinable Satan. Ce mot désigne ordinairement le prince des démons. —
2. Διάβολος, diabolus, avec le même sens. —
3. Δαίμον, δαιμόνιον, dæmon, dæmonium, nom donné aux anges qui obéissent à Satan. —
4. Béelzébub. Voir t. i, col. 1547. —
5. Le «dragon» ou «serpent antique» du paradis terrestre. Apoc, xii, 3, 9; xiii, 2; xvi, 13; xx, 2. —
6. Le «tentateur», ὁ πειράζων, tentator. Matth., iv, 3. —
7. Le «mauvais», πονηρός, malignus, nequam. Act., xix, 12; I Joa., ii, 13. —
8. L’ «adversaire», ὁ ἀντίδικος, qualificatif du diable. I Petr., v, 8. —
9. L’ «esprit immonde», τὸ ἀκάθαρτον πνεῦμα, spiritus immundus. Matth., xii, 43, etc. Ce nom est donné à Satan et à tous les démons. —
10. Dans saint Paul, Ephes., vi, 12, «princes et puissances,» «gouverneurs de ce monde de ténèbres,» κοσμοκράτορες τοῦ σκότους τούτου, mundi redores tenebrarum harum, cf. Luc, xxii, 53, «esprits de malice,» πνευματικὰ τῆς πονηρίας, spiritualia nequitise. —
11. Belial. Voir t. i, col. 1561. —
On ne peut présenter comme des noms du démon, ainsi que quelques Pères l’ont fait, les mots Behemoth, qui désigne l’hippopotame, voir 1. 1, col. 1551, et Leviathan, qui désigne le crocodile, voir t. ii, col. 1120. Le nom de «Lucifer» lui-même n’apparaît dans la Sainte Écriture que pour signifier l’aurore ou une brillante étoile, ἑωσφόρος, hêylêl. Dans le passage où Isaïe, xiv, 12, écrit: «Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer!» il s’adresse à Babylone, dont il prédit la chute retentissante. Le nom de Lucifer, comme du reste tout le passage d’Isaïe, xiv, 12-15, ne peuvent donc s’appliquer à Satan que dans le sens figuré. Voir Petau, De angelis, III, ii, 21.

II. La notion du démon dans l’Écriture. —

1ᵒ De Moïse à Salomon.

Ainsi que nous l’avons constaté à propos des noms du démon, l’idée de l’ange déchu semble avoir été à dessein laissée dans l’ombre à travers les plus anciens livres de l’Écriture. Dans le récit de la chute, il n’est question que d’un serpent; mais ce serpent cache une personnalité spirituelle et invisible qui n’est pas nommée. La tromperie dont la femme est victime est attribuée, non pas à l’esprit qui se dissimule dans le serpent, mais au serpent lui-même, et c’est ce dernier seul que semble frapper la sentence divine. Gen., ii, 13-15. L’intention formelle du narrateur sacré est donc de ne pas nommer Satan. Le motif de ce silence se comprend. Le but de Moïse était d’établir inébranlablement dans l’esprit de son peuple l’idée du Dieu invisible, mais unique, tout-puissant, maître absolu de toutes choses en ce monde, particulièrement du bien et du mal. S’il eût nommé dès la première page de la Genèse un être invisible, assez puissant pour contrecarrer par sa malice les volontés de Dieu et faire avorter ses plans , les Hébreux grossiers n’auraient sans doute pas manqué de faire dé cet être une divinité du mal, analogue à la divinité du bien , et de détourner vers elle la plus grande partie de leurs hommages inspirés par la crainte. C’est ainsi que les Égyptiens honoraient à la fois Râ et les dieux du bien, Set et les dieux du mal. Chez les Chaldéens, la plupart des dieux étaient malfaisants, et le culte consistait principalement à conjurer leurs attaques. Cf. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 157, 630-636. Il n’en pouvait être ainsi chez les Hébreux. Aussi le législateur inspiré et, à son exemple, les écrivains sacrés qui le suivent, n’attribuent-ils au génie du mal qu’un rôle tout subalterne.

2ᵒ Dans le livre de Job et après la captivité de Babylone.

Pour la première fois le nom de Satan apparaît dans le livre de Job. Le démon s’y montre envieux, malfaisant, cruel envers l’homme vertueux, dont il semble se faire un ennemi personnel. Mais son action est étroitement subordonnée à la permission de Dieu. Job, I, 12; ii, 6. Cette subordination est même si accusée, qu’Herder a cru pouvoir ne reconnaître dans le Satan de Job qu’un g ange entièrement soumis à Dieu, dont il n’est que le messager…; l’ange justicier de Dieu, qui l’envoie pour découvrir et punir le mal». Histoire de la poésie chez les Hébreux, trad. Carlowitz, Paris, 1851, p. 102. Cette idée n’est point juste, car Satan manifeste des sentiments de haine qui ne sauraient convenir à un ange fidèle. Job, i, 9-11; ii, 5. Il ne serait pas exact non plus d’affirmer, comme l’ont fait quelques auteurs, que la notion distincte du démon n’est parvenue aux Hébreux qu’à la suite de leur contact avec les Perses, durant la captivité, et qu’en conséquence le Satan de Job ne désignerait qu’un «adversaire » indéterminé. Le silence de l’Ecriture ne prouve

pas que le nom et la personnalité de Satan hissent inconnusdes Hébreux avant la captivité. Les fréquentesallusions que l’un des livres salomoniens fait à l’arbrede vie, Prov., iii, 18; xi, 30; xiir, 12; xv, 4, et au che. min de vie, Prov., ii, 19; v, 6; x, 17; xii, 28, démontrent, au contraire, que l’histoire du paradis terrestre était alorsfamilière à tous, et que le rôle joué par l’esprit du maln’échappait à personne. Rosenmûller, Iobus, Leipzig, 1806, t. i, p. 51; Fr. Delitzsch, Bas Buch lob, Leipzig, 1876, p. 50. À l’époque où fut composé le livre de Job, le danger d’une déification de Satan était beaucoupmoindre qu’au temps de Moïse. À plus forte raison enfutil ainsi après la captivité de Babylone. Satan estnommé deux fois dans les livres postérieurs à cetteépoque. Tandis que le texte des Rois, II, xxiv, 1, ditsimplement, à propos du dénombrement suggéré à David: «La fureur du Seigneur continua à s’irriter contreIsraël,» le livre des Paralipomènes, I, xxi, 1, s’exprimeainsi: «Satan s’éleva contre Israël.» Zacharie, iii, 1, 2, signale la présence de Satan debout devant le grandprêtre Jésus pour lui faire opposition. — On a prétenduà tort que les Juifs avaient emprunté aux Perses, à lafin de la captivité, la notion de Satan. Les documentscunéiformes établissent que, longtemps avant les Perses, les Chaldéens admettaient l’existence d’esprits méchants, et c’est là une des croyances primitives de l’humanité.Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Crédit., t. i, p. 227.

3° Dans les Septante. — Après la captivité, le nom deSatan fut regardé comme exécrable, et il fut interdit dele prononcer. Berachoth, ꝟ. 60, 1. Aussi ne se trouvet-iljamais comme nom propre sous la plume des Septante, qui étaient des traducteurs juifs. Par contre, ceuxcise croient le droit de substituer le nom des «c démons» à d’autres noms moins précis usités dans les livres hébreux.Ainsi ils appellent formellement SatinSvc» les idoles dedifférents noms: se’îrîm, Lev, , xvir, 7; II Par., xi, 15; Mdîm, Deut., xxxii, 17; Ps. cvi (cv), 37; elilîm, Ps. xcvi(xcv), 6; d’autres idoles de nom inconnu, Bar., iv, 7, 35, et même des animaux du désert. Is., xxxiv, 14. Dans lelivre de Tobie, iii, 8, il est question d’un irovïipbv Satuôvtovdu nom d’Asmodée. Voir Asmodée. Dans la Sagesse, H, 24, le démon est appelé 8t160Xo; . «Cependant nullepart la littérature hébraïque ne confond Satan avec unedivinité adorée dans les contrées voisines; nulle part iln’est dit que les hommages adressés à Baal ou à Molochs’adressent en définitive à Satan.» Dëllinger, Paganismeet judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. iv, p. 232.Les Septante se contentent seulement d’identifier lesidoles avec les démons en général. — Josèphe, Bell, jud., VII, vi, 3, donne le nom de 5a: y.6vux aux âmes desméchants qui sont morts. Celte idée n’a rien de biblique.4° Dans le Nouveau Testament. — L’Évangile et lesécrits des Apôtres nomment fréquemment Satan et lesdémons. Le Sauveur dénonce formellement aux hommesleur ennemi acharné, «celui qui peut perdre en enfer lecorps et l’âme.» Matth., x, 28. Non seulement cette révélationrie court plus le risque de favoriser la démonolâtrie, mais elle est absolument nécessaire pour expliquer l’existencedu mal moral au sein de l’humanité, faire comprendrela vie de Jésus-Christ venu «pour détruire lesœuvres du démon», I Joa., iii, 8, et justifier la lutte àlaquelle il convie ses disciples.

III. L’action du démon d’après l’Écriture. — 1° Auparadis terrestre. — La Genèse ne parle que d’un serpent.Saint Jean, à la dernière page des Saints Livres, déclare que Satan, le diable, est le serpent antique dontil est question à la première page. Apoc, xii, 9; xx, 2.C’est par son envie, par sa jalousie contre l’homme, quela mort est entrée dans le monde à la suite du péché.Sap., ii, 24; Hebr., ii, 14. Il est ainsi homicide dès lecommencement. Joa., viii, 44. Sa jalousie contre l’hommevient de ce qu’il n’a pas su lui-même demeurer dans la

vérité, Joa., vni, 44, et qu’avec ses anges il a été précipitédans le feu éternel. Matth., xxv, 41.

2° Dans le livre de Job. — Satan se présente avec lesanges au conseil de Dieu, parle de ses allées et venuessur la terre et tient sur Job des propos ironiques. Job, i, 6, 8, 10. Cette description fait partie du prologue d’unlivre poétique, et les anciens interprètes ne se sont pascrus obligés d’y voir autre chose qu’une allégorie, destinéeà rendre sensible ce que l’intelligence humaine nepourrait naturellement concevoir. Knabenbauer, In Job, Pans, 1885, p. 41-43. Le récit «renferme au moins unfonds de vérité historique, savoir: que Satan a été l’instrumentdont Dieu s’est servi pour éprouver son serviteur, et qu’il n’a rien pu que ce que Dieu lui a permis.Mais ces communications de Dieu avec de purs esprits, comprenons-nous comment elles se passent, et pouvons-nousles exprimer d’une manière simple et vulgaire autrementque par des métaphores? Le langage figuré étaitdonc ici nécessaire». Le Hir, Le livre de Job, Paris, 1873, p. 234. — Satan fait le tour de la terre et la parcourten tous sens. Job, i, 7. C’est «l’adversaire, le diablequi rôde partout comme un lion rugissant, à la recherched’une proie». I Petr., v, 8. — Satan accuse Job de nepratiquer la vertu que par intérêt. Job, i, 10, 11; ii, 5.Saint Jean dit de lui: «Il est à bas l’accusateur de nosfrères, lui qui les accusait nuit et jour en présence denotre Dieu.» Apoc, xii, 10. — Satan frappe Job dans sesbiens et dans son corps, de même qu’il frappera les septpremiers maris de Sara, fille de Raguel, Tob., iii, 8, etbeaucoup d’autres malheureux dont parle l’Évangile.Luc, xiii, 16, etc. — Les afflictions que Satan inflige àJob ne triomphent pas de sa vertu. Donc, non seulementDieu commande en maître à Satan et règle la mesure deses attaques, I Cor., x, 13; mais l’homme lui-mêmepeut résister au démon et lui disputer victorieusem*ntson âme.

3° Dans le livre de Tobie. — Contre le démon homicideAsmodée, la prière adressée à Dieu obtient le secoursdu saint ange du Seigneur Raphaël. Tob., iii, 8, 24, 25. Les hommes ne sont donc pas abandonnés à lamalice des démons; les bons anges interviennent pourles défendre. — Ce qui fait que le démon peut violenterles hommes, c’est que ceux-ci s’abandonnent à leursmauvaises passions. Tob., vi, 17. — Raphaël, après que, sur son ordre, le jeune Tobie a brûlé le foie du poisson, «se saisit du démon et le relègue dans le désert de lahaute Egypte.» Tob., viii, 3. À partir de ce moment, ledémon n’inquiète plus Sara. Le désert était regardécomme l’habitation du démon. Bar., iv, 35. Notre -Seigneurdit que, «quand l’esprit immonde est sorti d’unhomme, il s’en va errer dans les lieux arides et y cherchele repos sans le trouver.» Matth., xii, 43. C’est pourquoiles Septante parlent de 8ai(idvia dans deux passagesd’Isaïe, xiii, 21; xxxiv, 14, où il n’est question que debêtes du désert. Saint Jean fera aussi de Babylone ruinéeet déserte l’habitation des démons et le repaire des espritsimmondes. Apoc, xviii, 2. Ce séjour est assigné au démonparce qu’il n’y trouve point d’hommes auxquels il puissenuire.

4° Dans les Évangiles et les Épîtres. — 1. La plupartdes passages évangéliques qui parlent du démon se rapportentà des possessions. Voir Démoniaques. — 2. Ledémon ne cherche pas seulement à nuire aux corps; ils’attaque surtout aux âmes. Il les tente pour les fairetomber dans le mal, Act., v, 3; I Cor., vii, 5; II Cor., il, 11; il leur dresse des embûches, Ephes., iv, 27; vi, 11, et cherche à les prendre dans ses liens. I Tim., iii, 6, 7; vi, 9; II Tim., ii, 26. Pécheur dès l’origine, il travailleà faire commettre le péché. I Joa., iii, 8. Pour mieuxguetter sa proie, il se tient dans les régions aériennesvoisines de la terre. Ephes., vi, 12. Il en veut surtout àceux qui sont chargés de procurer le salut des âmes, II Cor., xii, 7; il contrarie leurs projets, I Thess., ii, 18,

et s’acharne à les faire passer par le crible des persécutions.Luc, xxii, 31. — 3. Pour mieux séduire, Satansait se transformer en ange de lumière. II Cor., xi, 4.Il sème le mauvais grain dans le champ du Seigneur, Mat th., xiii, 39, et en ôte le bon grain. Marc, iv, 15; Luc, viii, 12. Les démons ont leur doctrine, qui combatla foi et les mœurs. I Tim., iv, 1. Par le culte desidoles, ils se font rendre l’honneur qui n’est dû qu’àDieu. I Cor., x, 20, 21. — 4. Le pouvoir des démonsest limité par Dieu, et ils ne peuvent l’exercer qu’avecsa permission. Ils sont habituellement enchaînés dansles prisons infernales, dans lesquelles ils ont été précipitéssans que le pardon leur ait été offert, et ils attendentle jugement qui les réduira à l’impuissance absolue.II Petr., ii, 4; Jud., 6. «Les démons croient ettremblent.» Jacob., Il, 19. Us sont à la torture quand ilssentent la présence de Dieu. Matth., xi, 29; Marc, v, 7; Luc, viii, 28. Les bons anges luttent contre eux, maisrespectent la liberté que Dieu leur laisse. «Quand l’archangeMichel entra en contestation avec le diable pourlui disputer le corps de Moïse, il n’osa pas porter unjugement et le taxer de blasphème; mais il dit: Que leSeigneur te commande!» Jud., 9. Aussi Satan est-ilappelé le «prince de ce monde», Joa., xii, 31; xiv, 30, et le «dieu de ce siècle». II Cor., iv, 4; Ephes., Il, 2. —5. Les disciples de JésusChrist doivent lutter contre lesdémons avec «une foi courageuse». I Petr., v, 8; Ephes., vi, 12. Ils peuvent vaincre Satan avec la grâce de Dieu, II Cor., xii, 7, 9; I Joa., ii, 13, 14, qui’les aide à le fouleraux pieds. Rom., XVI, 20. La résistance qu’on lui opposele met en fuite. Jacob., iv, 6. Quand les disciples lechassaient, Jésus-Christ voyait «Satan tombant commela foudre du haut du ciel», Luc, x, 18, c’est-à-dire précipitéhonteusem*nt et en un clin d’œil des hauteurs oùil s’établit pour persécuter les âmes. Un jour, les chrétiensfidèles seront les juges des mauvais anges. I Cor., vi, 3. — 6. Tous ne savent pas résister victorieusem*nt àSatan. Il en est même qui font cause commune avec lui.Notre-Seigneur reprochait aux scribes et aux pharisiensleur opposition à sa mission et leur disait: «Vous faitesce que vous avez vu auprès de votre père… Vous venezd’un père qui est le diable, et vous voulez mettre àexécution les désirs de votre père.» Joa., viii, 41, 44.Satan eut une action particulière sur l’apôtre Judas.Déjà un an avant la trahison, le Sauveur pouvait direà propos du traître: «L’un de vous est un diable.» Joa., vi, 71. Satan inspira à Judas sa trahison, Joa., XIII, 2, et il finit par rentrer en lui pour l’aider à exécuterson forfait. Luc, xxii, 3; Joa., xjii, 27. Parl’excommunication, l’Église livrait à Satan ceux quicommettaient des crimes scandaleux. Cf. I Cor., v, 5;

I Tim., i, 20. Les hommes se trouvent donc divisés endeux camps, les enfants de Dieu et les enfants du diable.Act., xxvi, 18; Col. i, 13; IThess., v, 5; I Joa., iii, 10.

II ne peut exister aucun accord entre les deux camps, entre le Christ et Bélial. II Cor., vi, 14-17. Cf. Dôllinger, Le christianisme et l’Église, trad. Bayle, Tournai, 1863, p. 229-231; Petau, De angelis, III, ii-vi; O. Everling, Diepaulinischevngelologie, in-8°, Gœttingue, 1888.

5° Dans l’Apocalypse. — Saint Jean décrit dans celivre les destinées de l’Église de Dieu, et, à cette occasion, donne d’importants détails sur la lutte entreprise contreelle par Satan. Il signale la présence à Smyroe de fauxJuifs qui combattent l’Évangile et forment une «synagoguede Satan». Le diable doit exciter la persécutiondans cette ville et faire mettre en prison les disciples duSeigneur. Apoc, ii, 9, 10. — À Pergame, il y a le «siègede Satan», les temples de Jupiter, de Minerve, de Bacchus, et surtout celui d’Esculape, qui était un puissantfoyer d’idolâtrie. Apoc, ii, 13. — À Philadelphie se trouveune autre «synagogue de Satan», composée de fauxJuifs. Apoc, iii, 9. — L’invasion de sauterelles, qui suitle signal donné par la trompette du cinquième ange, est

commandée par ï l’ange de l’abîme, qui se nomme enhébreu Abaddon, en grec Apollyon, et en latin l’Exterminateur». Apoc, ix, 11. Voir Abaddon. — Au chapitre xii, 1-17, saint Jean trace le tableau de la guerre entreprisepar le Dragon contre la femme qui représente l’Église.Ce Dragon a sept têtes couronnées et dix cornes, et saqueue entraîne la chute du tiers des étoiles. Il s’apprêteà dévorer l’enfant de la femme. «Alors un grand combatse livra dans le ciel: Michel et ses anges combattaientcontre le Dragon, le Dragon combattait avec ses anges.Mais ceux-ci ne l’emportèrent pas, et il ne se trouva plusde place pour eux dans le ciel. Et fut précipité ce grandDragon, le serpent antique, appelé diable et Satan, quiséduit le monde entier; il fut précipité sur la terre, et sesanges furent chassés avec lui.» C’était l’accusateur denos frères devant Dieu. Il cherche à assouvir sa fureursur la terre, «sachant qu’il ne dispose pas d’un longtemps.» Il persécute la femme, cherche à l’engloutir et, ne le pouvant pas, tourne sa rage contre ses enfants, lesserviteurs de Dieu. Ce passage semble faire allusion à lalutte initiale qui eut lieu dans le ciel, au moment de larévolte du premier ange et de ses complices. Toutefoisil ne s’y rapporte pas littéralement. Le combat dont parleici saint Jean est postérieur à l’existence de la femme, qui est l’Église, et à la naissance de son enfant. D’ailleursl’apôlre note expressément que ce Dragon, qui lutte dansle ciel avec Michel, n’est autre que le «serpent antique».La description de saint Jean a donc trait à une des phasesde la guerre menée par Satan contre l’Église. — De labouche du Dragon sortent des esprits immondes, desdémons qui opèrent des prodiges. Apoc, xvi, 13, 14. —Un ange du ciel saisit le Dragon, le lie pour mille anset l’enferme dans l’abîme, d’où Satan sortira, après cettepériode écoulée, pour recommencer la lutte. Apoc, xx, 2, 3, 7. — De tous ces passages de l’Apocalypse, il résulteque Satan est l’ennemi acharné de l’Église, qu’il met touten œuvre pour perdre ses enfants; mais que Dieu se sertde ses anges pour contenir la fureur des démons et assurerleur châtiment final. Cette révélation devient claireet complète à la fin des Livres Saints. Les actes et lesparoles de Notre-Seigneur ont démasqué Satan, et lemystère de la rédemption a porté sa malice au comble.Il convient donc qu’alors l’Église soit officiellement avertiede la guerre que va lui livrer l’ennemi, et qu’elle soitencouragée à la lutte par la certitude de la victoire finale.IV. Les démons en face de Jésus-Christ. — 1. Ledémon se présente pour la première fois à Notre-Seigneurau désert, après le jeune de quarante jours. Jésus-Christest conduit dans ce désert par l’Esprit pour être tentépar le démon. Il ne pouvait être tenté à la manière deshommes, et surtout ne pouvait succomber à la tentation.Il consent néanmoins à se prêter humblement aux recherchesde Satan. Celui-ci pose deux fois la questionsignificative: «Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierresse changent en pain…; jette-toi du haut en bas.» Il ressortnettement du texte qu’il veut savoir si l’homme auquelil s’adresse est le Fils de Dieu. Les deux premièresréponses de Jésus ne. lui apprennent rien. Alors, avec plusd’audace, Satan propose au Sauveur un acte abominabled’idolâtrie, qui sera récompensé par la possession de toutesles richesses de la terre. Le divin Maître le chasse avecindignation, sans rien dire qui puisse le renseigner dansun sens ou dans l’autre. Matth., iv, 1-11; Marc, I, 12, 13; Luc, iv, 1-13. Peu satisfait du résultat de son enquête, le tentateur <c s’en va pour un temps», Luc, iv, 13, sepromettant de renouveler l’expérience sous une autreforme. — 2. Peu après, Jésus trouve un possédé dans lasynagogue de Capharnaùm, et l’esprit immonde lui crie: il Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth? Tuviens donc nous perdre? Je sais bien qui tu es, le Saintde Dieu.» Marc, i, 24; Luc, iv, 34. Le Sauveur ne répondpas à l’insinuation du démon et lui commande de setaire. Les démons persistaient à prétendre qu’ils le con

naissaient et qu’il était le Christ. Le divin Maître leurimposait silence et ne leur répondait ni oui ni non.Marc, i, 34; Luc, iv, 41. — Une autre fois, «les espritsimmondes, on le voyant, se prosternaient devant lui ets'écriaient: C’est toi le Fils de Dieu. Et il les menaçaitsévèrement pour qu’ils ne le découvrissent point.» Marc, m, 12. Ils l’appelaient «Fils du Dieu Très-Haut», et lesuppliaient de ne pas les torturer. Matth., viii, 29; Marc, v, 7; Luc, viii, 28. Notre -Seigneur prescrivait aux démons de se taire pour rejeter tout témoignage venu d’eux.Cf. Petau, De angelis, I, viii, 13-15. D’ailleurs ce cri desdémons ne pouvait être inspiré par aucun bon sentiment.Interpeller ainsi NotreSeigneur, «c’est une manière decombattre le Prophète; en appelant Jésus: Saint de Dieu, Fils de David, Messie enfin, ils réveillent dans la fouleles idées fausses qu’elle attache à ce titre, et nous savonsque rien n'était plus propre à entraver i’action du vraimessianisme.» Didon, Jésus-Christ, Paris, 1891, t. i, p. 295. — 3. Jésus-Christ manifeste l’opposition que luifait Satan au moyen des Juifs qui se laissent conduire parses inspirations, et auxquels il reproche d’avoir le diablepour père. Joa., viii, 44. Satan trouve un auxiliaire dansJudas, dont il s’empare. Luc, xxii, 3; Joa., xiii, 2, 27. —4. Notre -Seigneur déclare formellement, peu avant sapassion, que «c’eut maintenant le jugement du monde, maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors». Joa., xii, 31. La rédemption va, en effet, le déposséder de l’empire qu’il possédait sur l’humanité. Aprèsla dernière Cène, le Sauveur ajoute: «Voici venir leprince de ce monde, et il n’a rien contre moi.» Joa., xiv, 30. Il n’a, en effet, aucun droit de mort sur celuiqui n’a point péché en Adam. «Le prince de ce mondeest déjà jugé,» Joa., xvi, 11, dit encore Notre-Seigneur; sa sentence définitive a été portée dès sa révolte dans leciel, et le nouvel attentat qu’il va commettre ne serviraqu'à la faire ratifier. Au jardin de l’agonie, Jésus-Christdéclare qu’il pourrait recevoir du Père pour sa défenseplus de douze légions d’anges, Matth., xxvi, 53, maisqu’il s’abandonne à ses ennemis parce que c’est leurheure et «la puissance des ténèbres», Luc, xxii, 53, c’est-à-dire l’heure où Satan, prince des ténèbres, Eph., vi, 12, pourra tout oser contre lui. — 5. Par samort, Jésus-Christ «détruit celui qui avait l’empire dela mort, c’est-à-dire le diable». Hebr., ii, 14. «Il a effacéle texte du décret qui nous était contraire, et l’a mis horsd’usage en le fixant à la croix. Dépouillant ainsi les principautés et les puissances, il les a données hardiment enspectacle et en a publiquement triomphé en sa propre

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492. — Têtes de démons. Musée de Saint -Louis à Cartbage.

personne.» Col., ii, 14, 15. Ainsi a cessé en droit l’empire de Satan, en attendant qu’il cesse en fait à la findu monde.

Les mauvais esprits ont été figurés par l’art chrétiensous la forme d'êtres hideux. Ces représentations sontantérieures au christianisme, et on les retrouve chez lespæns. Parmi les amulettes que l’on rencontre parfoisen si grand nombre dans les tombeaux puniques de Carthage, on remarque souvent des têtes cornues à face desatyre (Qg- 492), offrant les diverses expressions que l’ondonne de nos jours aux figures du démon. Tous cesmasques proviennent de sépultures datant du vi «siècle

environ avant notre ère.

H. Lesêtre.

    1. DÉMONIAQUES##

DÉMONIAQUES (SaijH>v: £ô|i.evoi, Sat|iovio-81vT£ç, 8ai(idvca ïxovteç, acX>]vta£<>tievot, a demonio vexati, deemonia kabentes, lunalici), possédés du démon, c’est-à-direhommes sur le corps desquels le démon exerce un pouvoir malfaisant. Voir § III.

I. Les cas de possession diabolique. — 1° Dansl’Ancien Testament. — Par deux fois, il est dit de Saûlqu’un esprit mauvais, rûah râ'dh, venant de Dieu, c’està-dire déchaîné par la permission de Dieu, fit irruptionen lui. Cet esprit l’agitait, lui inspirait une humeur farouche et homicide, qu’il fallait calmer au moyen de lamusique. I Reg., xvi, 14-16; xix, 9. Josèphe, Ant. jud., VI, viii, 2, raconte que les mauvais esprits causaient àSaûl des suffocations et des étranglements, si bien queles médecins ne lui prescrivaient aucun autre remèdeque la musique. Plus loin, VI, xi, 2, il fait dire par Jonathas que David a chassé les mauvais esprits et les démonsqui hantaient Saûl, et qu’il lui a rendu la tranquillité.

2° Dans le Nouveau Testament. — 1. En général, lapossession est accompagnée de diverses maladies: laprivation de la vue et de la parole, Matth., xii, 22; Luc, xi, 14, ou de la parole seule, Matth., ix, 32; la contraction musculaire persistante, Luc, xiii, 11, 16; desmaladies non indiquées par les évaiigélistes. Matth., vm, 16; Marc, i, 32, 34, 39; Luc, iv, 41; vii, 21; viii, 2; Matth., xv, 22; Marc, vii, 25. — 2. Dans plusieurs cas, les démons produisent la paralysie et l'épilepsie (le maldes o-e).ïjvia! ; 6[ievoi ou lunatiques). Matth., IV, 24; Marc, m, 11; Luc, vi, 18. Certains démoniaques épileptiquesprésentent des caractères effrayants. Tel est le jeunehomme qu’on amène aux Apôtres, pendant que NotreSeigneur est sur la montagne de la Transfiguration. Ledémon le maltraite de toutes manières, le déchire, lejette dans le feu ou dans l’eau. Tour à tour le malheureux possédé écume, grince des dents, se roule à terre, tombe en prostration, perd la parole et pousse des cris.Matth., xvii, 14; Marc, ix, 16, 17; Luc, ix, 39. —3. Chez les démoniaques de Gadara, c’est la folie la plusfurieuse. Ils sont deux à habiter dans des sépulcres, toujours redoutables aux passants et brisant toutes les chaînesdont on veut les charger. L’un en particulier met touten pièces, crie sans cesse, ne souffre pas de vêtements, se frappe avec des pierres et court le désert sous l’impulsion du démon. Matth., viii, 28-32; Marc, v, 2-13; Luc, viii, 27-33. — 4. Le démon fait parler certainspossédés, déclarant par leur bouche qu’il reconnaît enJésus-Christ le Fils de Dieu. Marc, I, 24, 34; iii, 2; v, 7; Luc, iv, 34, 41; viii, 28; Matth., viii, 29. Voir Démon, IV, 2. À Philippes, en Macédoine, une fille possédée d’unesprit python poursuit saint Paul et Silas en criant: «Ceshommes sont des serviteurs du Dieu TrèsHaut, qui vousannoncent la voie du salut.» Act., xvi, 16-18. — 5. Enfinil arrive aussi que certains possédés tombent au pouvoirde plusieurs démons et non plus seulement d’un seul.Notre-Seigneur dit que quand l’esprit immonde est sortid’un homme, il va chercher sept autres esprits pires quelui pour reprendre possession de sa victime. Matth., xii, 43-45; Luc, xi, 24-26. Madeleine fut ainsi possédée desept démons. Marc, xvi, 9. Les démons étaient en sigrand nombre dans un autre malheureux, qu’ils s’appelaient eux-mêmes «légion». Marc, v, 9; Luc, viii, 30.

II. RÉALITÉ DES POSSESSIONS DIABOLIQUES. — On lait

valoir contre cette réalité certaines raisons qui se résument aux deux suivantes. — 1° Les possédés ne sontque des malades ordinaires atteints de folie, d'épilepsie, d’hystérie et de certaines affections que la science dutemps ne savait pas caractériser. Chez les Grecs, parexemple, 8<zi[iovàv signifiait simplement «avoir l’espritégaré». Euripide, Phœnic, 888; Xénophon, Memor., i, I, 9; Plutarque, Marcel., 23; Lucien, Philops., 16. Demême, dans l'Évangile, on dit à Jésus qu’il a un démon, pour marquer qu’il ne sait plus ce qu’il dit ni ce qu’ilfait. Matth., xi, 18; Joa., vii, 20; viii, 48, 52; x, 20. Sans

doute Notre - Seigneur parle de démons et semble leschasser; mais «il se conforme à la manière de parler deson temps, et guérit ces infortunés sans partager l’erreurpopulaire». Winer, BMisches Realwôrterbuch, Leipzig, -1833, 1. 1, p. 191. — 1. Il est vrai que plusieurs des symptômessignalés chez les démoniaques de l’Évangile, serencontrent chez certains malades. Ceci prouve seulementou que le démon a la puissance de produire dansles corps des maladies connues, comme il l’a fait pourJob, ii, 7, ou qu’il peut profiter soit d’une maladie préexistante, soit d’une prédisposition morbide qu’il développe, pour s’introduire dans un corps. — 2. Quand ondit de quelqu’un qui déraisonne qu’il a un démon, cetteexpression n’implique pas toujours le fait de la possession.Nous disons en français d’un homme vif et impétueux: «Il a le diable au corps.» Racine, Plaideurs, II, XI. Cette locution et beaucoup d’autres analogues, quisont dans le langage courant, ne supposent nullementqu’un homme bouillant, emporté, déraisonnable, soit unpossédé. Mais il ne suit nullement de là que les évangélistesne veuillent parler que de maladifs quand ils attribuentà la présence du démon l’état de certains hommes.Ils distinguent, au contraire, très bien entre ceux quisont simplement malades ou infirmes, Matth., viii, 14-17; xii, 9-14, etc., et ceux qui sont possédés. Quelquefois, dans la même circonstance, ils notent les guérisonsdistinctes des malades atteints de diverses affections etdes malheureux tourmentés par les démons. Matth., iv, 24; Marc, iii, 10, 11; Luc, vi, 18, etc. Ils ne confondentdonc pas les uns avec les autres. S’ils disent queJésus guérissait les démoniaques, Matth., xv, 28; Luc, ix, 43, c’est parce que la maladie concomitante à la possessionou produite par elle réclamait une guérison, etque cette guérison était l’effet le plus sensible de la sortiedu démon. — 3. Les Apôtres constataient chez les démoniaquesdes effets qu’on ne peut classer parmi ceux queproduit une simple maladie. Il n’y a pas de maladie qui, au moment de sa disparition, jette violemment à terre lemalheureux qu’elle abandonne, Luc, iv, 35, ou Je laissepour mort sur le sol, Marc, ix, 25; qui puisse passer ducorps d’un homme dans le corps des animaux. Matth., vili, 31, 32, etc. — 4. On ne saurait admettre queNotre-Seigneur se soit prêté à une feinte, en semblantchasser des démons là où il n’y avait que des maladies.Si la croyance aux possessions diaboliques eût été uneillusion populaire, le divin Maître l’eût contredite et rectifiée, plutôt que de laisser l’esprit de ses contemporainss’égarer sur une question aussi grave. C’est ce qu’il fit àpropos de l’aveugle-né. Se conformant à la croyance populaire, ses disciples jugèrent que cet aveugle devait soninfirmité soit à des péchés commis avant sa naissance, soit aux péchés de ses parents. Notre-Seigneur rectifiace jugement erroné, provenant d’une opinion qui avaitcours chez les Juifs. Joa., ix, 2, 3. Il eût certainementagi de même si la croyance aux possessions diaboliqueseût été une illusion. — 5. Enfin le divin Maître ne secontente pas de guérir ceux qui passent pour être possédésdu démon. Il adresse à ses disciples des instructionsexpresses sur les possessions diaboliques, Matth., xii, 43-45; xvii, 17-20; Marc, ix, 27, 28; Luc, x, 17-20; xi, 24-26, et il leur confère le pouvoir de chasser lesdémons. Matth., x, 1; Marc, vi, 7; xvi, 17; Luc, ix, 1.Non seulement donc il tolère la croyance à la réalité despossessions diaboliques, mais encore il l’accrédite lui-mêmepar ses actes et par ses paroles.

2° Si les cas de possession étaient réels, on en trouveraitdes exemples nombreux dans toute l’Écriture. Orc’est à peine s’il s’en rencontre un seul dans l’AncienTestament. Quant aux démoniaques dont parle l’Évangile, ils vivent presque tous en Galilée, et en tout cashors de Judée, et leurs guérisons ne sont racontées quepar les synoptiques, tandis que saint Jean les passe soussilence. — 1. Si la possession était un phénomène d’ordre

purement naturel, on pourrait s’attendre à la constaterd’une manière régulière à certaines époques et dans certainspays, comme la lèpre, par exemple, ou les diversesmaladies avec lesquelles on a chercné à identifier la possessionelle-même. Mais s’il y a là une action diabolique, il faut bien admettre que cette action s’exercera dans desconditions exceptionnelles, déterminées à la fois par lavolonté perverse de Satan et par la permission que Dieului accorde. Aussi, remarque Frz. Œlitzsch, System derbiblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 305, «la manièredont Satan fait valoir sa domination sur l’humanitévarie réellement suivant les temps et les circonstances.Dans l’Ancien Testament, c’est par l’idolâtrie, dont lefond véritable est l’adoration des dénions (sêdîm; Septante: 8at(i, 6vea), c’est par les différentes pratiques jointesà l’idolâtrie, magie, nécromancie, divination, que Satantenait en servitude tous les peuples, y compris Israëlinfidèle à Jéhovah avant l’exil. Exerçant ainsi sa dominationsur les grandes masses, il n’avait pas besoin demontrer son pouvoir sur les individus, puisqu’il était làdans son propre domaine. Mais lorsque le châtiment salutairede l’exil eut porté pour toujours le coup fatal à l’idolâtriedans Israël, le pouvoir qu’a le royaume des ténèbresde nuire aux âmes et aux corps humains prit une autreforme. Des phénomènes sporadiques de possession corporelleou plutôt à la fois spirituelle et corporelle commencèrentà s’y joindre. Si au temps de Jésus-Christ ilsavaient crû en intensité et en nombre d’une si effroyablemanière, c’est que le royaume des ténèbres mettait surpied toutes ses forces, pour tenir tête à son vainqueurqui venait d’entrer dans l’histoire, et pour susciter contrelui l’hostilité des hommes qu’il rachetait. Mais Dieu avaitson plan: faire reconnaître, à son triomphe éclatant surles démons, la venue du royaume de Dieu dans le Christet avec le Christ. Luc, xi, 20.» Dans la pensée de Dieu, ces possessions multiples dewaient servir à manifester sagloire, comme l’infirmité de l’aveugle-né, Joa., ix, 3; lamort de Lazare, Joa., xi, 4, etc. Notre-Seigneur semblele dire au démoniaque de Gadara, qui veut le suivreaprès sa délivrance. Marc, v, 19. — 2. On comprend dèslors que les possessions diaboliques se soient produitesde préférence en Galilée, où régnait un courant sympathiqueà la personne et à l’œuvre du Sauveur, tandisqu’en Judée l’orgueil des scribes, des pharisiens et desprinces des prêtres entretenait contre le divin Maître uneopposition qui pouvait satisfaire pleinement les vues deSatan, et qui aboutit à la condamnation finale de Jésus.Les synoptiques racontent les guérisons de possédés quise produisaient fréquemment en Galilée; saint Jean neparle pas de démoniaques, parce qu’il ne s’en rencontraitguère à Jérusalem et en Judée, où se passent lesévénements auxquels il borne à peu près exclusivementses récits. Toutefois il ne tait pas ce qui se disait à cesujet à Jérusalem même, où quelques-uns accusaientNotre-Seigneur d’avoir un démon et d’être atteint defolie, tandis que les autres répondaient avec une parfaiteraison: s Ces paroles ne sont pas d’un homme ayantun démon; un démon peut-il donc ouvrir les yeux desaveugles?» Joa., x, 20, 21. — 3. Les faits de possession diaboliquene se bornent nullement à ceux que rapportentles évangélistes. Les Pères relatent un grand nombre defaits de même nature, ayant un caractère public et inexplicableautrement que par l’intervention diabolique. Ustirent hardiment contre les dieux du paganisme un argumentbasé sur le pouvoir qu’ont les chrétiens de chasserles démons. Tertullien, Apologet., xxiii, t. i, col. 410; Minutius Félix, Octav., xxvii, t. iii, col. 323; S. Jérôme, Adv. Vigilant., 10, t. xxiii, col. 348, etc. Saint Justin, originairede Sichem, en Palestine, qui se trompe en disantque les démoniaques sont tout simplement des hommestourmentés par les âmes des morts, Apolog., i, 18, t. vi, col. 356, apporte en faveur de la divinité de Jésus-Christcette raison qu’en son nom on soumet tout démon, ce

que ne produit l’invocation d’aucun autre nom, si saintqu’il soit; et c’est contre un Juif que le philosophe chrétienfait valoir cet argument. Dialog. cum Tryph., 85, t. VI, col. 676. Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iv, 13; x, 19, t. xxxiii, col. 472, 685, rappelle également à sonauditoire palestinien la puissance du Christ sur les démons, sans craindre d’étonner personne. — 4. Même ànotre époque et dans nos pays catholiques, on constatede temps en temps des cas de possession diabolique, enface desquels la médecine est obligée d’avouer son impuissanceradicale. Ces cas ont toujours été nombreuxdans les pays de missions, où Satan a besoin de fortifiersa domination contre la propagande de l’Évangile.Cf. Waffelært, Possessions diaboliques, dans le Dictionnaireapologétique de la foi catholique de Jaugey, Paris, 1889, p. 2515-2541.— 5. Il n’est donc pas possible de contesterla réalité des possessions diaboliques. Sans doute, à la suite d’examens superficiels, on a pu confondre parfoiscertaines affections morbides avec la possession. Cetteconfusion ne se serait pas produite si l’on s’en était toujoursténu aux règles si prudentes que formule le Rituelromain en avant des prières prescrites De exorcizandisobsessis a dsemonio. Mais il n’y a rien à craindre de semblableau sujet des faits évangéliques concernant lesdémoniaques. L’autorité de Notre -Seigneur et celle desécrivains sacrés, celle de saint Luc en particulier, quiétait médecin, en garantissent absolument l’authenticitéet l’interprétation. Cf. Vigouroux, Les Livres Saints etla critique rationaliste, Paris, 1891, t. v, p. 386-395.

III. L’ÉTAT PHYSIOLOGIQUE ET PSYCHOLOGIQUE DES DÉ-MONIAQUES.— 1° Le démon cherche à exercer sa tyranniesur la créature humaine par l’obsession et par lapossession. Par l’obsession, il assiège le corps du dehors, afin d’effrayer, de dominer et de pervertir l’âme. Par lapossession, il s’empare du corps lui-même, le soustraitau pouvoir de l’âme, et s’en sert comme d’un instrumentdont il fait ce qu’il veut. Il lui est donc possible de communiquerà ce corps une énergie et des propriétés quilui manqueraient naturellement, lui faisant briser deschaînes, Marc, v, 4; Luc, viii, 29, lui infligeant d’étonnantesviolences sans qu’il en souffre, le soustrayant àl’empire des lois naturelles de l’espace, de la pesanteur, etc., mettant sur ses lèvres des propos que le sujet nesaurait proférer de lui-même. Act., xvi, 16-18, etc. Enun mot, c’est le démon qui anime le corps à la place del’âme et fait accomplir par ce corps des actes en rapportavec sa propre action satanique. Cette substitutionde l’action du démon à celle de l’âme dans la directiondu corps a ses analogies dans les phénomènes hypnotiques, comme la suggestion, etc. «La possession démoniaquedoit avoir les mêmes phases que la possessionmagnétique (aujourd’hui on dit: hypnotique); elle estfondée sur la même loi psychologique, sur la faculté pourl’âme humaine d’être privée de ses puissances sensitives, auxquelles se substitue une puissance étrangère.» Pauvert, La Vie de NotreSeigneur Jésus-Christ, Poitiers, 1867, t. i, p. 226. — 2° Les Pères enseignent que lesanges ne peuvent connaître ce qui se passe dans l’âmehumaine, Pétau, De angelis, I, vii, 5, et qu’à plus forteraison le démon ne peut pénétrer dans cette âme malgréelle. C’est un privilège que Dieu s’est réservé d’entrerdans une âme qu’il a créée. Cf. De spiritu et anima, 27; De ecclesiasticis dogmatibus, 50, dans les Œuvres desaint Augustin, t. XL, col. 799; t. xlii, col. 1221. Le démonne peut pas même atteindre l’âme directement pourviolenter sa liberté. S. Thomas, In 2 Sent., d. 8, g. 1, a. 5 ad 6. Il n’y a donc pas possession par rapport àl’âme, mais seulement obsession. Satan cherche à la terroriseret à l’amener à composition, en dérobant à soninfluence le corps auquel elle commande habituellement.Mais comme ce corps n’obéit plus à l’âme, on s’expliquepourquoi les démoniaques de l’Évangile, malgré la consciencequ’ils peuvent avoir de leur misérable état, neD1CT. LE LA BIBLE.

réclament jamais d’eux-mêmes leur guérison, comme lefont les autres malades. Aussi Notre-Seigneur ne s’adresset-iljamais à eux, mais au démon qui s’est emparé deleur ouïe comme de tous leurs sens. — 3° Les démoniaquesne sont nullement responsables des actes que ledémon accomplit au moyen de leurs corps. Il ne paraîtpas non plus que, pour les démoniaques de l’Évangile, la possession soit le châtiment de fautes antérieures.Notre-Seigneur se contente de chasser le démon, sansfaire aucun reproche à ces malheureux. Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, p. 301; Ribet, Lamystique divine distinguée des contrefaçons diaboliques, Paris, 1883, t. iii, p. 190 T 223.

IV. L’expulsion des démons. — Pour guérir les démoniaques, il fallait expulser les démons dont la présenceoccasionnait parfois la maladie. — 1° Les livres de l’AncienTestament ne parlent nulle part de démons expulsés par leministère d’un homme. Au livre de Tobie, viii, 3, on voitun ange, Raphaël, intervenir pour chasser le démon.L’ange commande, il est vrai, au jeune Tobie de fairebrûler sur des charbons le coeur du poisson qu’il a pris, en assurant que la fumée ainsi produite a la vertu dechasser toute espèce de démons. Tob., VI, 8; viii, 2. Maisil ne semble pas nécessaire de voir dans cette combustionautre chose qu’un moyen choisi par l’ange pourcacher sa personnalité et la puissance qui s’y attachait.Voir Collyre, col. 884. — 2° On lit dans Josèphe, Ant.jud., VIII, ii, 5, que Salomon avait reçu de Dieu le pouvoirde chasser les démons, et qu’il avait composé desformules d’adjuration très efficaces. «Cette manière deguérir, ajoute-t-il, est encore en grand usage parminous.» L’historien juif raconte qu’un certain Éléazarobtint la délivrance de possédés, en présence de Vespasienet de ses officiers, au moyen d’une racine très rare, indiquée dans les formules salomoniennes. On faisaitrespirer aux possédés cette racine enfermée dans unanneau, et le démon leur sortait par le nez. La précieuseracine, couleur de flamme, se rencontrait dans un lieuappelé Baaras et portait elle-même ce nom. Pour lacueillir, il fallait accomplir des formalités de toutes sortes.Josèphe, Bell, jud., VII, vi, 3. Les Juifs employaientcertaines incantations pour chasser les démons, Schabbath, xiv, 3; Abodah Zarah, fol. 12, 2; quelquefois enversant de l’huile sur la tête du malade soumis à l’incantation.Sanhédrin, x, 1. Ces procédés paraissent en partieinspirés par ceux qui avaient cours chez les Égyptiens etles Chaldéens, pour guérir les maladies attribuées à l’influencedes mauvais génies. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, 1. 1, p. 212, 683, 780. Toutefois il paraît certain que, chez les Juifs, certains hommes arrivaient à chasser les démùns au nomde Dieu. «Ce n’était pas le plus instruit qui était le pluspropre à cette œuvre de bienfaisance, mais le plus religieux.Plus on était pieux, plus on était apte à guérir lesmalades, c’est-à-dire à chasser les démons. Les rabbisavant tout, les scribes, les docteurs de la Loi, s’occupaientde chasser les démons, et quelques-uns y passaientpour fort habiles.» Stapfer, La Palestine au tempsde Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 243. C’est pourquoiNotre-Seigneur peut dire aux pharisiens qui l’accusentde chasser les démons au nom de Béelzébub: e Et vosfils, par qui les chassent-ils donc?» Matth., xii, 27; Luc, xi, 19. Si les exorcismes juifs n’avaient pas étéparfois efficaces, le divin Maître n’aurait point parlé dela sorte. II y avait des Juifs qui portaient le nom d’exorcistes.Act., xix, 13. Plusieurs même chassaient les démonsau nom de Jésus, sans cependant être de ses disciples.Marc, ix, 37; S. Irénée, Contr. hxres., II, vi, 2, t. vii, col. 725. — 3° Pour atténuer la portée des miraclesopérés par le Sauveur, les Juifs l’accusaient de chasserles démons par le prince des démons, Matth., )x, 34; par Béelzébub. Matth., xii, 24, 27; Marc, iii, 22; Luc, xi, 15, 19. À la rigueur, le démon pouvait se laisser

II. — 44 1379

DÉMONIAQUES - DENIEIl

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chasser par des hommes qui travaillaient à l’extensionde sa domination. Il y avait adresse de sa part à accréditerceux qui en définitive servaient sa cause. VoirMagie. Mais, par sa doctrine et par ses œuvres, Notre-Seigneurcombattait ouvertement le règne de Satan. Iln’était donc pas possible qu’il tint de Satan un pouvoirqui tendait à anéantir la domination des esprits de ténèbresparmi les hommes. «Si c’est Satan qui chasseSatan, il est divisé contre lui - même; comment doncsubsistera son royaume?» Matth., xii, 26. Jésus chassele démon par le pouvoir divin qui lui est propre, les filsdes Juifs par le pouvoir divin qui leur est communiqué.De part et d’autre, la cause de l’expulsion est la même.C’est pourquoi les exorcistes juifs auraient droit de s’élevercontre les calomniateurs qui attribuent à Satan lepouvoir qu’ils exercent eux-mêmes. — 4° Toutes les foisqu’il veut délivrer un démoniaque, Notre -Seigneur s’adresseimpérativement au démon. Il lui parle en Dieu, etle démon ne résiste pas. Dans le cas de la fille de la Chananéenne, la délivrance s’opère même â distance. Matth., xv, 22; Marc, vii, 25. Les démons se sentent au suppliceen présence de Jésus-Christ, Matth., v, 7; Luc, vin, 28, et ils lui disent qu’il vient les torturer avant letemps, Matth., viii, 29, c’est-à-dire les chasser des corpsoù ils ont la liberté de nuire et les refouler dans l’enfer, d’où il ne leur sera plus permis de sortir après le dernierjugement. Ils demandent, comme une sorte de compensation, d’être autorisés à entrer dans le corps depourceaux, et ils ne peuvent le faire qu’avec la permissiondu Sauveur. Matth., viii, 31, 32. — 5° Notre -Seigneurcommunique à ses Apôtres le pouvoir de chasserles démons. Matth., x, 1; Marc, vi, 7; Luc, ix, 1; il ledonne ensuite aux soixante-douze disciples, Luc, x, 17, et le promet à ceux qui croiront en lui. Marc, xvi, 17.Ce pouvoir ne constitue pourtant pas un mérite. Luc, xvii, 20. Parfois même il semble lié, pour l’humiliationde ceux qui l’ont reçu; les Apôtres ne peuvent chasserle démon du lunatique qu’on leur amène au pied de lamontagne de la Transfiguration, et Notre - Seigneur leurenseigne que certains démons ne sont expulsés que parla prière et le jeûne. Matth., xvii, 15, 20; Marc, ix, 27, 28; Luc, ix, 40. L’exorcisme au nom de Jésus n’estdonc pas toujours efficace par lui-même; il y faut joindrela pratique de certaines vertus particulièrement antipathiquesaux démons. Certains Juifs exorcistes d’Éphèse, les sept fils de Scéva, en firent l’expérience à leurs dépens.Us disaient aux démons: «Je vous adjure par Jésusque prêche Paul.» Un démoniaque très dangereux sejeta sur deux d’entre eux, en disant: «Je connais Jésus, je sais qui est Paul; mais vous, qui êtesvous?» il lesdépouilla et les blessa grièvement. Act., xix, 13-16. —6° Le pouvoir conféré par Notre -Seigneur aux Apôtreset aux disciples se conserva dans l’Église. Pendant lestrois premiers siècles, tous les chrétiens, clercs et laïques, réussissaient à conjurer les esprits. Tertullien, Apologet., xxiii, t. i, col. 410. Plus tard, l’Église institua unordre particulier, celui des exorcistes, auquel fut dévoluce pouvoir. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes,

Paris, 1877, p. 312.

H. Lesêtre.

    1. OÉMOPHON##

OÉMOPHON (Aï; |io?>wv), gouverneur syrien, quiresta en Judée après le départ de Lysias et la trêve faiteentre Antiochus Eupator et Judas Machabée. Commeles autres gouverneurs des provinces, il ne fut pas fidèleaux conditions convenues et ne cessa d’inquiéter lesJuifs. II Mach., XII, 2.

    1. DÉNABA##

DÉNABA (hébreu: Dinhâbâh; Septante: Aëwocgj), ville du roi iduméen Bêla, fils de Béor. Gen., xxxvi, 32; I Par., i, 43. Gesenius, Thésaurus, p. 347, suppose quele mot est composé de di, «maître,» c’est-à-dire «lieu», et de nehàbâh, «pillage,» et veut dire un «repaire devoleurs». Si l’interprétation était bien fondée, le nom

aurait une signification assez caractéristique. Quoi qu’ilen soit, il n’est pas inconnu dans les pays situés à l’orientde la Palestine. Ptolémée, v, 15, mentionne Âavâ6a dansla Palmyrène, et, suivant Zosime, Hist., iii, 27, il y avaitune Aavâ6n en Babylonie. Cf. Frz. Delitzsch, Genesis, Leipzig, 1887, p. 433. Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 114, 249, identifient «Dannaba, la ville de Balac, fils de Béor, roi d’Édom», avecune localité existant encore de leur temps, «le bourg(xûiu], villa) de Dannaia (Aoeweâ), à huit milles (prèsde douze kilomètres) d’Aréopolis (aujourd’hui Er-Rab bah), en allant vers l’Arnon.» Ils signalent en mêmetemps «une autre Dannaba sur le mont Phogor, à septmilles (plus de dix kilomètres) d’Esbus (Hésébon)». Cesdeux endroits, appartenant à Moab, ne sauraient désignerla capitale de Bêla. L’une ou l’autre pourrait tout au plusindiquer son lieu «d’origine», si tel est le sens qu’ilfaut donner au texte, d’après certains auteurs.

A. Legendre.

    1. DENIER##

DENIER (Bvjvotpiov, denarius), monnaie romaine, quià l’époque d’Auguste pesait 38’, 898 et valait en francs ꝟ. 87.

1° Le denier dans le Nouveau Testament. — Le denier(fig. 493) est souvent mentionné dans le Nouveau Tes493. — Denier de Tibère.

TI CAESAR DIYI AVG F AVGTSTVS. Tête lanrée de Tibère, à droite. — PONTIF MAXIM. Llvle (?) assise, ù droite, tenantun sceptre et une branche.

tament. Les dettes sont évaluées dans cette unité monétaire.Matth., xviii, 28; Luc, vii, 41. Le denier servaitde monnaie courante pour les payements. Marc, VI, 37; xiv, 5; Luc, x, 35; Joa., vi, 7; xii, 5; Apoc, vi, 6. Lataxe que chaque Juif était tenu de payer à l’empereurétait d’un denier. Matth., xxii, 19; Marc, xii, 15; Luc, xx, 24. C’était également le prix d’une journée de vigneron.Matth., xx, 2, 9, 10, 13.

2° Histoire du denier. — Les Romains commencèrentà frapper des monnaies d’argent en 268 avant J.-C, envertu d’une loi votée en 269. Pline, H. N., xxxiii, iii, 44; Tite Live, Epit. xv. La plus forte des pièces fut appeléedenarius, parce qu’elle valait dix as. Le poids du denierprimitif est de 4s r, 548, et sa valeur en francs de l ꝟ. 02.C’était la soixante-douzième partie de la livre romaine.Les Romains avaient emprunte ce système monétaire auxTarentins et aux Syracusains. Le poids du denier étaitun peu plus fort que celui de la drachme attique, c’est-à-direde la monnaie le plus en cours sur le marché.Th. Mommsen, Histoire de la monnaie romaine, trad.de Blacas, in-8°, Paris, 1865-1873, t. ii, p. 39. Les deniersde l’époque primitive portaient au droit la tête de Romecoiffée d’un casque ailé et le sigle X; au revers, lesDioscures à cheval, au-dessus de deux étoiles, avec lalégende: ROMA. Klugmann, Die Typen der âltestenBigati, dans la Zeitschrift fur Numismatik, t. v (1878), p. 62. Cf. Mommsen, Histoire de la monnaie, t. ii, p. 24.Bientôt s’introduisit un autre type sur le revers, celui dela Victoire, sur un char attelé de deux chevaux. Pline, H. N., xxxiii, iii, 46; Tite Live, xxiii, 15; xxxiii, 23, etc.En 217 avant J.-C, la valeur de l’as fut réduite, et ledenier valut désormais seize as. Pline, H. N., xxiii, m, 45. Il continua cependant à porter au droit le sigle X, parce qu’on le compta toujours pour dix as dans lepayement de la solde des troupes. Ce n’est que vers leI er siècle avant J.-C. qu’on mit le sigle XVI. Mommsen,

Histoire de la monnaie, t. ii, p. 67. Depuis la réformede 217, la monnaie d’argent fut la monnaie courante, etle cuivre ne servit plus que d’appoint. Sur le revers, onomit souvent la légende ROMA; la Victoire fut souventremplacée par d’autres divinités; enfin on vit apparaîtredes quadriges portant Jupiter ou d’autres dieux. Aussiles deniers prirent-ils dans le langage populaire le nomde quadrigali. Tite Live, xxii, 52, Pline, H. N., xxxiii, m, 46. En 91 avant J.-C, M. Livius Drusus fit passer uneloi qui permettait d’émettre un denier fourré sur huit.Pline, H. N., xxxiii, iii, 46. La quantité de monnaiefausse ne fit que s’accroître à partir de cette époque.En 84, le préteur M. Marius Gratidianus retira les piècesfourrées de la circulation, Cicéron, De offic, III, xx, 80; Pline, H. N., xxxiii, ix, 132; mais Scylla rétablit le coursforcé de cette monnaie. Digest., V, xxv, 1. Sous l’empireil fut également défendu de vérifier la valeur des pièces.Arrien, Epict., iii, 1. On continua, en effet, à frapperdes deniers sous l’empire. Ces monnaies portent au droitl’image de l’empereur et son nom, au revers soit la Victoireou une autre divinité sur un quadrige et l’inscriptionS(enqtus) P(opulus) Q{ue) R(omanus), soit d’autrestypes et d’autres légendes, variées à l’infini. Néron réduisitle denier au poids de la quatre-vingt-seizième partie dela livre, soit 39 r, 41, et sous ses successeurs l’alliage decuivre alla toujours en augmentant. Mommsen, Histoirede la monnaie, t. iii, p. 29. À l’époque républicaine, lamonnaie, était frappée sous la surveillance des très virimonetales. Suétone, Csesar., 41. Les questeurs étaientchargés dé surveiller cette opération. Mommsen, Histoirede la monnaie, t. ii, p. 41-54. Sous l’empire, lafrappe de la monnaie d’argent et d’or, fut réservée àl’empereur et placée sous la direction d’un procurateur.Mommsen, Histoire de la monnaie, t. iii, p. 14, n. 1.

E. Belrlier.

DÉNOMBREMENT. Voir Nombre, VI, t. iv, col. 1684, 4687.

E. Beurlier.

DENT (hébreu: Sên, de Sânan, «aiguiser,» etëinnayim, la double rangée de dents; metalle’ôt, Job, xxix, 17; Prov., xxx, 14; Joël, i, 6, et malfâ’ôt, Job, iv, 10; Ps. lvhi, 7, avec transposition de lettres, de fâla’, «mordre,» mots employés dans les passages poétiques; rèsén, mâchoire, mandibule du crocodile, Job, xli, 5; tohânôf, les molaires, de tâhan, «moudre,» Eccle., xii, 3; Septante: ôJoùc, jiOXoci; Vulgate: dens’, mola, molares), chacun des petit* os émaillés qui sont implantés dans lamâchoire de l’homme et de certains animaux, et serventà la mastication des aliments, quelquefois à l’attaque ouà la défense, etc.

I. Les dents au sens propre. — 1° La Bible parledes dents des animaux, surtout des bêtes féroces, Deut., xxxii, 24; Eccli., xxxix, 36; Dan., vii, 5, 7; du lion, Ps. lvii (lvhi), 7; Joël, i, 6; Eccli., xxi, 3; Apoc, ix, 8; du lionceau, Job, iv, 10; du crocodile, Job, xli, 5; desmonstres. Sap., xvi, 10. Sur les dents de l’éléphant, voirIvoire. — 2° Elle rappelle différents détails sur les dentsde l’homme. Ces dents sont blanches comme le lait. Gen., xlix, 12; comme des troupeaux de brebis. Cant., iv, 2; vi, 5. Elles servent à mâcher la viande, Num., xi, 33; mais le vinaigre, Prov., x, 26, et les fruits trop verts lesagacent. Jer., xxxi, 29, 30. Parfois elles se gâtent. Prov., xxv, 19. Dans la vieillesse, elles cessent leur travail, parce que leur nombre et leur force ont diminué. Eccle., xii, 3. D’après la Vulgale, Deut., xxxiv, 7, les dents deMoïse n’étaient pas ébranlées quand il mourut à centvingt ans. On lit dans l’hébreu: lô’-nâs lêfyoh: «sa vigueurn’avait pas disparu.» Au lieu de lêah, «vigueur,» de làfyah, être vert et vigoureux, les versions ont lu leJii, «mâchoire,» Septante: ^sXtJvta. — Dans les cas où l’on faisaitappel à la violence pour attaquer ou se défendre, il arrivaitqu’on brisait les dents de l’adversaire. Ps. iii, 8.Celui qui brisait ainsi une dent à son esclave était obligé

de le renvoyer en liberté. Exod., xxi, 27. — Grincer desdents est un signe de maladie nerveuse, Marc, îx, 17; de fureur, de rage ou de désespoir. Ps. xxxiv (xxxv), 16; cxi (cxii), 10; Job, xvi, 20; Lam., ii, 16; Act., vii, 54.C’est pourquoi Notre -Seigneur parle du grincement dedents comme accompagnant le supplice des damnés.Matth., viii, 12; xiii, 42, 50; xxii, 13; xxiv, 51; xxv, 30; Luc, xiii, 28.

II. Les dents a.u sens figuré. — 1° La formule «dentpour dent» est une de celles qui sont employées pourrappeler la loi du talion, en vertu de laquelle un coupablesubit la peine qu’il a infligée au prochain. Exod., xxr, 24; Lev., xxiv, 20; Deut., xix, 21; Matth., v, 38. — 2° Lesdents qui mordent ou déchirent désignent métaphoriquementla malice des calomniateurs et des persécuteurs.Job, xxix, 17; Ps. iii, 8; lvi (lvii), 5; cxxm (cxxiv), 6; Prov., xxx, 14; Mich., iii, 5. — 3° L’agacement des dentsmarque le chagrin et l’ennui. Eccli., xxx, 10. Jérémie, xxxi, 29, 30, et Ézéchiel, xviii, 2, emploient l’expressionproverbiale: «Les pères mangent des raisins verts, etles fils ont les dents agacées,» pour rappeler que les filsont parfois à porter la peine des crimes de leurs pères.Dans Amos, IV, 6, le Seigneur, d’après les Septante etla Vulgate, dit aux Samaritains qu’il leur enverra «l’agacementdes dents», yojiçiaajuSv ôSovtwv, stuporem dentium.Ces versions ont traduit comme si le mot hébreuniqeyôn venait de qdhâh, «être agacé,» en parlant desdénis. II vient en réalité dé nâqî, «pur,» et le texted’Amos signifie: «Je vous ai donné la pureté des dentset le manque de pain.» La pureté des dents marqueici la disette, qui laisse les dents nettes. Le parallélismeconfirme ce sens. — 4° Dans la phrase de Job, xiir, 14:

Je porte ma chair avec mes dents,

Et je tiens ma vie entre mes mains,

le second vers signifie «courir un danger de mort ous’y exposer». Jud., xii, 3; I Reg., xix, 5; xxviii, 21; Ps. cxviii, 19. En vertu du parallélisme, le premier versa un sens analogue. Job va s’adresser à Dieu même, etdéclare que pour en arriver là il court même le risquede sa vie; il la tient entre les dents ou dans les mains, comme un objet qu’on pourra lui arracher aisément. Lesversions traduisent par «lacérer» le verbe’eèsâ’, «porter.»

— Dans cet autre passage, xix, 20:

A ma peau et à ma chair adhèrent mes os,

Et je me suis échappé avec la peau de mes dents,

Job décrit l’état de maigreur extrême auquel son mal l’aréduit, et la multitude des plaies qui le.couvrent si biendes pieds à la tête, que seule la peau de ses gencivessubsiste encore intacte. — 5° Dans Zacharie, ix, 7, le Seigneurdit de la nation des Philistins: «J’éloignerai sonsang de sa bouche et ses abominations d’entre ses dents,» ce qui veut dire qu’il fera cesser chez ce peuple l’immolationdes victimes idolâtriques, dont on boit le sang etdont on mange la chair. — 6° La Sainte Écriture donnele nom de «dents» à des objets qui rappellent les dentspar leur forme, comme les pointes d’une fourche. IReg., il, 13. — Dans Job, xxxix, 28, le sommet des rocherssur lesquels l’aigle a son aire, ètt’èÇ&X*) rcÉtpac, in preeruptissilicibus, est appelé en hébreu sên séla’, «dent derocher.» — Au livre des Juges, xv, 19, on lit d’après lesSeptante: «Et Dieu fit jaillir la fontaine qui est dans lamâchoire,» et d’après la Vulgate: «Le Seigneur ouvritla dent molaire dans la mâchoire de l’âne, et les eaux ensortirent… C’est pourquoi le nom de ce lieu fut appelé: fontaine du suppliant à la mâchoire.» Dans leur traduction, les versions ont pris un nom propre pour un nomcommun. L’hébreu doit se traduire ainsi: «Dieu Creusaune alvéole (makpês, le creux de la mâchoire dans lequelse place une dent) à Lechi (léhi, «mâchoire» ), et leseaux en sortirent… C’est pourquoi on appela son nom: 1383 PENT — DKXV.- D’A I.I-.' À M> Il I F. 1384

fontaine (lu suppliant, qui c.-t à Lécln. - V-ar la oui d, ’.-.1.’pi- (». il du! fui> p.-ml.’,! Il p.-i -édition de

RwiATiii.r.au. Cf. Joseph.-, An t. j"el.. Y. Mil.’.; Ilol.uid. 1: mai.- s.up h I. - - 1 - i t -.lu pi,! ’. I, .pu heonduiPahi-iti.ia illus’rata. l’tiechl. 171 i, p..72. Il s’agit a. an’mlal a ïapo-pi-.. I l’ul’b-hw par h-. in -’ans. Kn -252,

ici d’un rocher qui p.irt. If nom de mâchoire.-naai.i i! a-i-la.au -Ma..I.’.-an -.pif. An! i… ia’. p. air condameause de sa forme, du moins a raison d’un souvenir lu-- iaa If -, lu-.1.- Vaan.ai. SouIf av" d, - alerien,

touque., lud.. XV, 11), 17. — Pendant que Saul eampaii -.mit ii.au-..ail’.--.! e…|i., _. u-e nie ni la fui devant le

à Cabaa. Joriathas s’introduisit dans le eamp des l’hipief, -: Kuuli.-n..pu 1,-xili.m lai. y. d’un il-e rendit

lislins en passant par deux roeh.aal.rupts en tonne danl.< M.uéoiide., ala Pu, |u l’année 21 ii, il rentra

de dents -.don! l’un s’appelait liosus, cs-és-,: re-pl.aia Alexandre-, .ai il i ul. pi ui..d, |f nifiit en 2bi ou 2tj, ">.

dissaut i et l’autre S--ue tué, .eh. pour sé, i. dont a — Il m- ]<--t, - pre-.|iiu inai.eq ihui.! >-< uaivreS de

I Keg.. XIV, J - Id’O local il.. vnisine de Masphat portait le s.ii lit 1 1. u s. f! un pal ta ai I a a. - lia.aax rv-g.-tiques ont

nom îiièirif do Seii. …’, <, dont o. sans doute a eaii-e etu peu ic-p.-clepar If Paup-.’.a. i, .-.pu a surnagé,

de la conformation d’un rocher plus saillanl dans lu couau point du m. -, i iplui.uif. Iial.ui.l un fiagineiit de

U-é-e. I Reg., VU. 12. Dans les pays de montagnes. If ii, au cm ntaiie soi 1 lie. |f-ia-lf. chipitre i. I a iii, 11.

do.. dents» se donne fréquemment a des sommets. Ou Mign, -, l’aie., /, -., I.. cl. I r>T."t- 13*7. I.e ear.lmal Pitra,

oonuait dans les Alpes leDents - Planches, la Peut du-lue. i; ; l., /, , .’I. i. p. û’iû; Anale, la „nvu. t. m. p. n’J7,

midi, la Dent du chat, et une trentaine d’aulies pics qui a publié un court li.pmriil du…min. ailaii.-ni l’hccléportent le nom. de dents. U. Liisp.tri: . Ma-te, vm. 5. et i. i. Lu.uile un pn-s.’-de un débris

.1’exposition-ur-aint Luc, wil. 12-iS. l’atr. r/r., t. X,

1. DENYS L’ARÉOPAGITE (A; ™-; ™- h’A?; o-ï- cl. lô’Joi.,; *; , l.V.ts- îcu-j. Danleoh. - des Pères,

v: ’tt,; i. Athénien, membre du tribunal de l’Aréopage, qui le noin de Pfiiys d’Alo au.lrif icvient IVéqiifmmont, itfut converti par saint Paul, à Athènes. Act., xvlil, ’.'A. plusieurs éditeurs ont extrait cecitation-; pour on enri-D’aprèsune tradition. Damans, qui se convertit en mémo chii le recueil dos nmrrde saint I iou -. Mai-; M. Ilartempsque lui. aurait été sa femme; mais ce n’est qu’une nack, tiese/ueltie, lee altehextll,! , e, i l.Hleratar his I-itsuppositionsans preuve. S. Jean Chrysostome, Ile sciée, ,! ., , -W/i»..-. l^’J-i. t. i, p. illi-’r27. a l’ait ju-l,-nient remarqueriv, 7, t. xlviii, col. (iOO. Une lettre de Denys de Corinthe que hun nombre de e.- exilait-.-nul douteux uti apoauxAthéniens, écrite vers 170 (dans L’usèbe, II. F.., m. i; ciyplu-s. Iii-nvs a é-ent coulio X.-po-. éu’-que d’Arsinoé, IV. 23, t. XX. col. 221.: -! S5 i, nous apprend que I’Aréopa-; qui défendait le chiliasiue, deux IIties - =; ’: jttï-, ’".’-'’">gite devint le premier évêque d’Athènes. Le Martyrologe II n’en reste ipie l’extrait i i t’paifùi-ohe. II. A"., vil, et le Bréviaire romains (au 9 octobre) identifient aujour- 21-25, t. xx, cl. (’.'.» 1 - T< iT. Le chapitre xxv e-l consacréd’hui suint blenys l’Aréopagite avec le premier évêque de tout entier à l’opinieii do..dut Peins sur l’auteur deParis. Cependant le Velus lïomanum Martijreilogiuni l’Apooalvp-o. Il ne peii-e pas que.-.- suit saint Jean, lilsles distingue l’un de l’autre. On y lit au 3 octobre: ’de Zébédée, rédacteur du qualiioine Kvangile. On peut’. Athenis, Plionysii AreopagiPo, sub Ailriauo diversis voir à ce sujet une dissertation de M-! ei.! ) Dioitijsii

tornientis passi, ut Aristides testis est in opère quod de Alernralriui eirea Aporah/ptin.l, „: i, , , , .i< xeutedtia, Co-Christianareligione composait. >i l’ut, -, lui., t. cxxiii, ’penliague, 182(1. l’a dos arguments que Denys donne decol. 1 (>’, ). iXous devons remarquer que la version syriaque: cetle opinion o-t tiré du stvle dedeux écrits. C’est unde l’apologie d’Aristide récemment retrouvée ne parle; des plus anciens exemples que l’on ait de critique internepas de Uenys. Voir J. R. Ilarris, The Apnlnr/ij i, f À ris-’, de l’ivriture. Le cardinal Mai a publié-, Script. Vel. novatiiles. dans les Te.rl.i vrai Stndies, t. i, n° 1, in-K", Coltertio, t, vii, p.’M. li.lS, ti-oifragments, qu’il croitCambridge. Itftll. p. Isi.) Plus loin, au! ) octobre, on lit: appartenir a l’ouvrage de Deips -: v. I; r;-v; i» iv. -Mais, .- Parisiis. Dionysii episcopi cum sociis suia l-’escen-. comme le remarque justement M. itaruack, nurr. cité, nino i-inn gladio animadvci-si. l’nlr. Int., t. cxxiir, p. tl2. ir> 311, cette attribution e-t bien problématique, col. 1, 1. La Chronique qui porlé le nom de l.urius Il serait peu piaulent, eu é-a-ad a la mine partie quiDexter (-; - il’u identilie. il est vrai, saint Denys de Paris nonest re>tée de l’, euvi-e exé-gé-lique de saint Denys, avec Denys l’Aréopagite (CUrnn., ami. l(JO, l’atr. Int.. d’émettre un jugement sur sa méthode ft s, -< principes, f. xxxi. col. 270-27L, mais on reconnaît communément.N’uus possédons pourtant sur ce point l’opinion de l’roquecet écrit n’est pas authentique. Le premier écrivain,-ope de (ia/.a, (..’ommcoL in (, ’c, icm’„<. e. iii, I. i.xxxvii.connu qui fait un seul personnage de saint Denys l’Aréocol. 221. Proèupe cite D,-ns parmi lePères qui ontpagitc et du premier évêque de Paris, esl’i(ildiui). re|e|, - lexplieatioii all.-aoi ique d, -- peaux do hé les dont seabbé de Saint-Denys († 8’iO, i. V, lu S. Iiin^/sii, 3. /’, , /, -. vélireut Adam et Kve api.-s l.air chute. Il-emble résulter’"'! evpcul. 15. Les Ile, la lhafaherti iMukhhi. lierd.- ce pa-age que saint Deuv-, dans,-ou Commentaire’""" - sV '/- Merur.. t. ii, |, . o’.l’Ji qui racontent la fou--in l’J-.c, l, ’--iasle. a l’ail aiis-i des n-maïques sur les prédationdu uioiia-tuiu d.- Samt-DfiiNs et ont été écrits sur nuerchapitres, 1, - la Ceue-e., t qu’il va réfuté les piauleslieux vois l’an Son au plus P’.t, ignorent eucao cipede Pé-cle.il|,-goi ique d’i Irigene, ’bien qu’il eut étécette identilicalion, quoique le lédacteiir connaisse la -, , n disciple. Cf. IPuaiacU, (ieschichte. p. i IS. n"-i. ïoutel’axsiu M, , „>/,; , et la viede. sainte i è-ni-viev, -. — Ln foidans un initie frag ni. l’ili a, hir, s cc’cs-. <jr., t. I.

laveur de 1 aréopagiti-me d, - saint peins, bParis, ou p..,; ., , |p m. -, , , |, , mèm, - puiul lovi.-iil aux explications

peut von treppel, Saint Irénée, m-*. Paris. iMll..db-go, Ique-’. D autre, , „ t. un lr, a-ié, o, - p., -âge attribué’' i l, -- Si -, ’"" t’-e oftléjdei.tificatjoii. A.la s, , , , , -/, , , -., , , , . a Denvs., „’, , 1 eumment, - t., ., , , ’-, -. u. S. P. e-t dit pal’"’lui’"- t. iv. p. OiMj-TliT. — Uuanl aux ouvrages qui Ana-la-, - PSin.nl, -, daiu-a 2a que-Pun., Pie lire ix ré.>v

p-u-lent le nom île saint Huns, on -’accord, - ^, ..„., -, dezï --, ’u., ,: ïVj.. lîrel-.-i. (), „. -, , ’A „„. /, , ., (’. p. 2nf>. C»

l, """ 1 -^nuiud’hlli a r.conliaitle (pl’ii-, , - seul Pas du fra-m.-nl loiil a l’ail identique a é-ie publié- par Caspali,

d’-p! -, lf sont Paul. p. Vi.a.rao, .X. (, ./, .! , -, /’., /., -, -, /„//, . / v -; , -/, e.Va. Pa-U, , -. t. v. P- -’71:

Dahce le.Xl.-. DeilV-, o, M |.al l’oPluioll d’Hl igcUf. <l’"

2. QENYS D’ALEXANDRIE, on Lgvplf. qiiato- /iel, , , - p|.„-, . le paladllerh-l|e, l, d. lie: -, de i. I--! , .-. Pc tous

"! l ’"’"'’' lli - > Vlt I" 1Il Vfi'> I Min du a--a. p.. i-, .. i, xt, -. M. II., , nack „, , .., .i.. p. 12: 1, ciic-lul’{ lh’'! )! i ! l! - l-i-e-iH. i; fut é-ao-ili a 1 M a, -|, i, li, M „. |i, i, -, s, , , , , , |., ---if, , - p, ,! , , , - -, , - l’-.! lé- a deiiie-i aux

! : . J J..u.Ui.i.-nt n., , - i.iu., -; , …, p, , , i; i, |e-, ml ], p, , |, .., , ], , . ird--ne él., 1 i..ns -, npiur -, P(hi.-, , , - maiqu’en somme

lH ^! L! ’S’! i>’'I’1 --"’S -’'! "’"e. De, , .-.,; ; .. c. px, x. p, , [K, , .-..’i, , , ^, , , p, ,-n, „…, ., ., , , , , , , , , ), ., , e -, „ maillé.cl.l, , --4, s, o, p., a; , , ,; 1. J; Si; |.., , ., , ,: |i: | lî.-., .., , ., ., ^, , „, , p, Vij]1 i.; , , , , -, , , ^ n /- a.., , _.„ K; --, _ pp; a. |; ,; vil. 2,

_l-ifefi-’l.oclLéoled,-e., t, ’., -! , |-! es, a -„, P,-i. v, , d’.l-- xuir, . (i. 7. 11,-ai ->;-r, -: ’.s.-; , , ( x. col. 211-73-*:

ii: .- - quil occupi peud.ud d, x--, .pt an.-. Api es ir, À t[[U., i; , , , , , , ( p,; i. p., _. 1, . (l( <, tiuil, , , lti ULlo b. t. ii, p. a-130:

N.

4385

DENYS D’ALEXANDRIE — DERBÉ

1380

J. Mason Neale, À Ristory of the holy Eastem Church, t. i, p. 39-83; H. Hagemann, Die rômische Kircheund iiir Einfluss auf Disciplin und Dogma in denersten drei Jahrhunderten, Fribourg-en-Brisgau, 1864, p. 411-453; Th. Foerster, De doctrina et sententiis Dionysiimagni episcopi Alexandrini, Berlin, 1865, etZeitschrift fur die historiche Théologie, t. xii, 1871, p. 42-76; Dittrich, Dionysius der Grosse von Alexandrien, Fribourg-en-Brisgau, 1867.

J. VAN DEN GhEYN.

3. DENYS LE CHARTREUX, surnommé le Docteurextatique, né à Ryckel ( Belgique), de la famille de Leeuvis, en 1402, mort le 12 mars 1471. Après avoir pris ses gradesà l’université de Cologne, il entra chez les chartreux deRuremonde (1423), et ne tarda pas à se distinguer parses vertus monastiques, son esprit d’oraison et son amourpour l’étude. Sa réputation de sainteté et de sciencefranchit l’enceinte du cloître, el il fut considéré commel’oracle de ses contemporains et la lumière de son siècle.On lui attribue plusieurs miracles. Son corps fut relevéen 1608: le pouce et l’index de la main droiteétaient sans corruption. — Les commentaires que Denysa écrits sur tous les livres de l’Ancien et du NouveauTestament sont remarquables par l’abondance et la profondeurdes sentiments pieux, et par l’explication variéequ’il a su donner au sens littéral, mystique et moral, du texte sacré. On peut signaler entre autres ses interprétionsdes Psaumes, du Cantique des cantiques et detout le Nouveau Testament. Pendant le xvie siècle sesouvrages eurent une grande vogue, et furent souventTéimprimés à Cologne, à Paris, à Venise et ailleurs. Denos jours, les amateurs des études sérieuses sur la Biblerecherchent ses commentaires. L’ordre des Chartreux arésolu de faire imprimer ses œuvres complètes. Cetteédition est en cours de publication à la chartreuse deMontreuil-sur-Mer. — Ses œuvres exégétiques sont: 1° Enarrationes in quinque Mosaicx legis libros, in-f», Cologne, 1534, 1548 et 1566; — 2° Enarrationes in librosJosue, Judicum, Ruth, Regum, Paralipomenon, in-f°, Cologne, 1535, 1552, 1577; — 3° Enarrationes in librosJob, Tobise, Judith, Esther, Esdrse, Nehemise, Macliabxorum, in-f°, Cologne, 1534, 1551, 1572; — 4° Commentariain Psalmos et Cantica, in-f°, Cologne, 1531, 1534, 1558; Paris, 1539, 1542, 1547, 1553, etc.; — 5° Super septemPsalmos pœnitentiales, in-f», Cologne, 1530, 1532; —6° Enarrationes in quinque libros Sapientiales, in-f» etîn-8°, Cologne, 1533, 1536, 1539, 1555; Paris, 1541, 1548, 1549; — 7° Enarrationes in IV Prophetas majores, in-f», Cologne, 1534, 1543, 1548, 1557; — 8° Enarrationes inXII Prophetas minores, in-f", Cologne, 1533, 1539, 1549, 1568; — 9° In IV Evangelia, in-f», Cologne, 1532, 1533, 1538, 1543; in-f" ou in-8°, Paris, 1536, 1539, 1541, 1542, 1545, 1548, 1549, 1552, 1554, 1555; Venise, Lyon, etc.; —10° In Acta Apostolorum. In omnes utriusque Testamentilibros Epitome, in-8°, Cologne, 1532; — 11° InJZpistolas divi Pauli, in-f° ou in-8°, Paris, 1531, 1535, 1537, 1538, 1539, 1542, 1543, 1545, 1548, 1551, 1555; in-8°, Cologne, 1530; in-f», 1532, 1533, 1538, 1545; in-8°, Venise, 1573; — 12° In Epistolas canonicas et in Apocalypsim, in-8°, Cologne, 1530. Le même avec le commentaire surles Actes des Apôtres et les hymnes du bréviaire, in-f» ou in-8°, Paris, 1537, 1539, 1540, 1541, 1542, 1548, 1551, 1552, 1554, 1555; in-f», Cologne, 1533, 1536, 1545, 1546, 1565. — 13° Les mêmes réunis avec l’explication desïpltres de saint Paul: deux tomes en un volume in-f», Taris, 1537, 1539, 1540, 1543, 1548, 1551; in-4°, Cologne, 1565; Venise, 1573, — 14° Monopanton, id est unum exomnibus Epistolis S. Pauli ad materias certas contractumopusculum, Cologne, 1531; Venise, 1534; Lyon, 1547, 1549, 1555; Paris, 1551, 1631, 1642; Anvers, s. a.Traduit en français: Concorde de saint Paul avec lesautres Apôtres, in-12, Paris, 1663; et en portugais, parle chartreux D. Victor Nabantino, in-12, Napoles, 1844.

— 15° Passio D. N. J. C. juxta textum IV Evangelistarumpiissime enarrata. Publiée avec les sermons suivants; — 16° Epistolarum ac Evangéliorum dominicalium(et de Sanctis) enarratio, adjunctis homiliis etsermonibus variis tam ad plebem quant ad religiosos, in-f», Cologne, 1533, 1537, 1542; Paris, 1544. — VoirDom Mougel, Denys le Chartreux, in-8°, Montreuil-sur-Mer, 1896. M. Autore.

    1. DEPOT##

DEPOT (hébreu: piqqâdôn, de pâqad, «confier, déposer;» Septante: 7tapa8rjx7); Vulgate: depositum), ceque l’on confie à la garde d’un autre. — 1° Dans l’Exode, xxii, 7-13, se trouve formulée la législation concernantles dépôts, et différents cas sont prévus. — 1. Le dépôtconsiste en argent ou en objets meubles. Si le dépôt disparait, c’est par le fait d’un voleur ou du dépositaire lui-même.Si on trouve le voleur, celui-ci est condamné àrestituer le double. Si on ne le trouve pas, le dépositairecomparaît devant les juges en même temps que le possesseurdu dépôt. Les juges examinent l’affaire et, s’ilsle décident ainsi, le dépositaire est condamné à restituerle double, ou bien c’est le réclamant injuste qui encourtla même peine. Il n’y avait sans doute aucune condamnation, quand le dépositaire pouvait prouver qu’il avaitveillé consciencieusem*nt sur le dépôt et qu’il n’étaitpour rien dans sa disparition. Les Septante et la Vulgateintroduisent dans le ꝟ. 8 les mots: «il jurera que…» Il y a seulement dans l’hébreu actuel: «Le maître de lamaison se présentera devant les juges, ( pour que ceux-ciexaminent) s’il n’a pas mis la main sur la chose de sonprochain.» La phrase est elliptique, et il faut suppléerles mots placés entre parenthèses ou d’autres analogues.

— 2. Le dépôt consiste en un animal mis en garde chezquelqu’un. Si l’animal est victime d’un accident ou bienest enlevé sans témoin, le dépositaire prête serment «parJéhovah s qu’il n’est pour rien dans l’accident ou le larcin, et l’affaire est terminée. Si l’animal a été enlevé, probablement grâce au défaut de surveillance du dépositaire, celui-ci doit réparer le dommage causé. Si l’animala été dévoré par une bête féroce, le dépositaire en recueilleles débris, pour servir de témoignage, et n’a rienà restituer. — 2° Dans le Lévitique, VI, 2, 4 (hébreu: v, 21, 23), se lit une disposition complémentaire concernantle dépôt. Celui qui trompe le prochain au sujet d’undépôt, en se l’appropriant injustement d’une manièrequelconque, doit rendre ce qu’il a gardé, avec une majorationd’un cinquième, avant de pouvoir offrir le sacrificepour son péché. — 3° La Sainte Écriture parle unefois de dépôts.. Dans le second Temple, les ressourcesdestinées aux veuves et aux orphelins sont gardées endépôt; et, quand Héliodore veut s’en emparer, le grandprêtre Simon et les autres prêtres en appellent à Dieu, qui a fait la loi sur les dépôts. II Mach., iii, 10, 15. —Le serviteur de l’Évangile qui garde «enveloppée dansun linge» la mine que son maître lui a confiée, a letort d’avoir regardé comme un simple dépôt la sommed’argent qu’il avait à faire valoir. Luc, xix, 20. — 4° SaintPaul donne le nom de «dépôt» au trésor doctrinal qu’ilconfie à la garde de Timothée, II Tim., vi, 20; I Tim., i, 14, et à la somme de mérites par lesquels il a cherché àacquérir la récompense que Dieu lui tient en réserve. II

Tim., i, 12.

H. Lesêtre.

DÉPOUILLES. Voir Butin.

    1. DERBE##

DERBE (Aép6r)), ville de Lycaonie. — Dans son premiervoyage à travers la province romaine de Galatie, saint Paul, pour échapper aux persécutions dont il futl’objet à Icône, puis à Lystre, se réfugia avec saint Barnabeà Derbé, qui était dans la même province de Lycaonie.Act., xiv, 6, 20. Tous deux évangélisèrent cetteville et y firent de nombreuses conversions, mais ils yrestèrent peu de temps. Act., xiv, 21. Dans son second

voyage, saint Paul passa de nouveau par le même endroitpour affermir la foi des fidèles. Act., xvi, 1. — Le site deDerbé n’a pas été jusqu’iei déterminé d’une manière sûre.Strabon, XII, I, .4; VI, 3, la place aux confins de l’Isaurieet de la Cappadoce. Elle fit partie du royaume d’Amyntas, dernier roi de Galatie, qui s’en empara sur un célèbrechef de brigands nommé Antipater, dont elle était la principaleforteresse. Strabon, ibid.; Dion Cassius, xlix, 32.Elle fit ensuite partie de la province de Galatie. DionCassius, lui, 26. Ptolémée, v, 6, la place avec Larandadans un district qu’il appelle Antiochana, du nom d’Antiochede Pisidie, et qui comprenait la région située entrela Lycaonie et la Tyanitide. "W. Leake, Journal of a tourin Asia Minor, in-8°, Londres, 1824, p. 101, conclut delà que cette ville était placée dans la grande plaine lycaonienne, non loin du Taurus de Cilicie, sur le versantcappadocien de Laranda, à un endroit où se trouve unmonticule appelé «les mille et une églises». Hamilton, Researches in Asia Minor, in-8°, Londres, 1842, t. ii, p. 313, pense que Derbé occupait l’emplacement appeléaujourd’hui Divlé, au sud du lac Ak-Gieul. M. J. R. Stilington-Sterret, The Wolfe expédition in Asia Minor, in-8°, Boston, 1888, p. 23, place Derbé entre les villagesde Bossola et de Zosta, distants l’un de l’autre de troiskilomètres environ. Les ruines de ces villages lui paraissentêtre celles d’une même cité ancienne. M. B.amsay, visitantla même région, en 1890, a reconnu que Bossolan’était qu’une station seljoucide, et que les ruines deZosta sont des pierres transportées d’ailleurs. D’après lui, le seul site qui puisse correspondre à celui de l’ancienneDerbé est Gudelissin, situé à quatre kilomètres et demià l’ouest-nord-ouest de Zosta. M. Sterret avait déjà remarquéce monticule, qui ressemble aux tells assyriens, et où l’on trouve de nombreuses traces d’une ville ancienne; mais il avait cru à tort y voir des ruines chrétiennes.W. Ramsay, The Church and the Roman empirebefore 170, 3e édit., in-8°, Londres, 1894, p. 54-56.

E. Beurlier.

    1. DERCON##

DERCON (hébreu: Dqrkôn; Septante: Aapxwv), chef de Nathinéens, I Esdr., ii, 56; le même personnageque la Vulgate appelle plus justement Darcon. II Esdr., vu, 58. Voir Darcon.

DÉSERT. Ce nom traduit dans la Vulgate quatre motshébreux, qui, avec un sens général commun, offrent desparticularités différentes, mais dont aucun ne répond àl’idée, que nous représente ordinairement le terme français.Le «désert» évoque à nos yeux l’aspect de vastesplaines déroulant leurs champs arides de sables jaunes oude pierres grisâtres, sans eau, sans verdure, sans arbres, sans l’ombre d’un être humain, sinon celle du voyageurqui les traverse rapidement. Tels le Sahara ou les désertsafricains dont on aperçoit, du haut des Pyramides, lesrégions désolées. Ce sont des pays non seulement inhabités, mais encore inhabitables. L’Écriture ne connaîtaucune de ces contrées, et la péninsule du Siuaï elle-même, où le peuple de Dieu erra pendant quarante ans, est loin d’avoir cette physionomie. Dans sa généralité, ledésert biblique est une terre plus ou moins inculte, peuou point habitée, plus ou moins désolée, vaste ou peuétendue; c’est le «steppe» ou la «lande», plutôt que larégion des sables ou des cailloux.

I. Les noms du désert dans la Bible. — Voici, avecleur signification propre, les quatre termes qui le désignentdans nos Saints Livres.

1° Midbâr, iaiD. C’est le mot usuel, le plus fréquemmentemployé pour désert. Les Septante le rendent toujourspar è’pTiiio; ; la Vulgate le traduit le plus souventpar desertum, plusieurs fois par solitudo, dans quelquespassages seulement par eremus. Il vient de la racinedâbar, «mener» [pattre], comme l’allemand Trift, «pacage,» vient de treiben, «conduire» [le bétail]. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 318. L’étymologie en indique doncbien le sens. Il désigne une région non cultivée, mai» apte à nourrir le menu bétail, brebis, chèvres, etc., commecelle où nous voyons Moïse avec les troupeaux de Jéthro, son beau - père. Exod., iii, 1. Loin d’être un terrain absolumentstérile, le midbâr revêt parfois, surtout après lespluies printanières, la brillante parure d’une végétationque les prophètes et les poètes sacrés appellent «lesbeautés», c’est-à-dire «les oasis du désert», speciosadeserti, hébreu: ne’ôt midbâr. Ps. lxiv (hébreu, lxv), 13; Jer., ix, 10; xxiii, 10; Joël, i, 19; ii, 22. Mais à côté desbruyères ou de maigres arbustes, Jer., xvii, 6; xlviii, 6, on y voit aussi les épines et les ronces, Jud., viii, 7, 16, ainsi que le bois desséché. Num., xv, 32; Eccli., VI, 3.Si les cours d’eau n’y fécondent pas le sol, Is., xxxv, 1, 6; xliii, 20, on y rencontre de temps en temps des sourcesrafraîchissantes, Gen., xvi, 7, et les hommes ont eu soind’y creuser des citernes pour y recevoir la pluie du ciel.Gen., xxxvii, 22; II Par., xxvi, 10. Tantôt il est inhabité, Job, xxxviii, 26; tantôt il n’est occupé que parl’Arabe nomade et pillard, Jer., iii, 2; ix, 26, terreur dumoissonneur paisible, Thren., v, 29; mais il possèdeaussi des villes, Is., xlii, 11, comme celles que Josué, xv, 61, mentionne dans le désert de Juda. C’est en mêmetemps la demeure des bêtes sauvages: lions, Eccli., xiii, 23; onagres, Job, xxiv, 5; Jer., ii, 21; Eccli., xiii, 23; serpentset scorpions, Deut., viii, 15, ou de certains oiseaux, comme le pélican, Ps. ci (hébreu, eu), 7, et l’autruche.Thren., iv, 3. C’est du désert enfin que vient le vent brûlant.Ose., xiii, 15. Tels sont les principaux traits qui, dans la Bible, caractérisent le désert. — Avec l’article, ham-midbâr désigne un désert particulier, déterminé parle contexte, ou le plus souvent le désert du Sinaï, témoinde tant de merveilles, par exemple, Ps. xciv (hébreu, xcv), 9; evi (cvii), 4, etc.

En somme, le midbâr biblique est opposé au terraincultivé, aux jardins fertiles, par exemple, comme on levoit d’après Isaïe, xxxii, 15. C’est une région plus ou moinsvaste, dont l’aspect, comparé à celui des champs ensem*ncésou des plaines bien arrosées, est celui de la stérilité.Si ce n’est pas uniquement une nappe uniforme desable, cependant tout ce qui constitue le charme des payshabités par l’homme, l’eau abondante, une luxuriantevégétation, les cultures variées, les villes et leurs monuments, y fait défaut. Tantôt ce sont, comme dans la pénin rsuie sinaïtique, des vallées plus ou moins arides, resserréesentre de hautes montagnes et des pics dénudés.Tantôt, comme vers Bersabée, à la limite du désert, leterrain se compose de blocs brisés d’un calcaire crétacégris jaunâtre, entre lesquels poussent de maigres chênes, épineux et des arbousiers. Les villages disparaissent peuà peu, et l’on ne voit plus que des plaines ondulées, desgraviers et des rocailles, qui se continuent au sud par leBâdiet et-Tih (désert de l’Égarement). Tantôt enfin, comme dans le désert de Juda, c’est une chaîne de collines, déchiquetée par des ouadis presque toujours desséchés, dont le lit est rempli de cailloux: ce ne sont queravins et grottes sauvages qui servent d’asile aux chacalset aux pigeons, rochers escarpés escaladés par d’agilesbouquetins. Cependant, sur les parois de ces rochers, ontrouve souvent de gracieuses gerbes de fleurs qui secachent dans une anfractuosité, des arbustes où les oiseauxfont leurs nids. Pendant la plus grande partie de l’année, dans ces régions brûlées, le sol semble mort; mais, viennela pluie, la vie apparaît soudain. Le fond des vallées surtouts’enrichit d’une végétation qui, bien qu’assez maigre, nourrit néanmoins de nombreux troupeaux de chèvres etde moutons, les chameaux et les ânes. Si l’eau est raredansle désert par excellence, celui du Sinaï, les sourcessont cependant assez nombreuses dans la région granitique, et spécialement dans le voisinage du Djebel Mouça.La plus grande et plus belle oasis est celle de Feiran, quis’étend, pendant une heure et demie de marche environ»

suivant les sinuosités d’un petit ruisseau, ombragé parun bosquet de palmiers. Les arbres les plus communssont le palmier-dattier, l’acacia et le tamaris. Les mêmescaractères généraux se retrouvent dans l’immense régionqui borne à l’est les pays transjordaniens, et qui s’appelleBàdiet esch-Schdm, «le désert de Syrie» ou le Hamad.Une grande partie de la contrée n’est qu’un steppe oùles Bédouins nomades nourrissent leurs troupeaux; maisil est aussi des parages qui sont entièrement couverts depierres, cailloux semblables à ceux d’une grève, fragmentsde granit, de grès, de silex, calcaires unis commepar une espèce de mortier; en d’autres endroits, des sablesse déroulent en longues vagues, séparées par des lèdesde galets. Les déserts qui avoisinaient certaines villes, comme Jéricho, Gabaon, Maon, etc., en portaient le nom; on peut les comparer à nos landes de Bretagne. Les caractèresparticuliers à chacun des déserts que nous énuméronsplus bas sont décrits dans les articles spéciauxqui les Concernent.

2°’Arâbâh, nany. Ce nom, suivant Gesenius, Thésaurus, p. 1066, dérive de la racine’ârâb ou’àrêb, «êtrestérile, aride.» La signification est au fond la même quecelle de midbâr, avec cette différence que le dernier motconsidère le désert par rapport à l’homme, dans l’usageque celui-ci peut en faire, tandis que le premier l’envisagedans ses conditions physiques. La communauté desens fait que, dans les parties poétiques de la Bible, lesdeux expressions sont plus d’une fois mises en parallélisme.Cf. Is., xxxv, 1, 6; xli, 19; li, 3, etc. L’arabahcependant sert aussi à marquer l’opposition avec la plainefertile ou «Saron», Is., xxxiii, 9, et «le jardin délicieux».Is., li, 3. Dans les livres historiques, et avec l’article, hâ’Arâbâh a un sens local bien précis. C’est le nom decette extraordinaire dépression qui s’étend des pentesméridionales de l’Hermon au golfe d’Akabah, par la valléedu Jourdain, la mer Morte et l’ouadi Arabah. Cettelongue plaine, étroite et surtout aride dans sa partie inférieure, resserrée entre deux chaînes de hauteurs, sansville et presque partout sans culture, mérite bien le nomde «désert». Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 487. Le pluriel’Arbôt uni à Yerêhô, «Jéricho,» Jer., xxxix, 5, indique la partie déserte qui avoisine cetteville et n’est qu’un prolongement du désert de Juda. Demême, ’Arbôt Mô’âb désigne les contrées incultes de cepays, par opposition au Sedêh Mô’âb, ou les hauts plateauxcultivés. Le mot’arâbâh, traduit de plusieursmanières par les Septante, est rendu par la Vulgate tantôtpar solitudo, Deut., iii, 17; iv, 49; Jos., iii, 16; IV Reg., xiv, 25, etc.; tantôt par desertum, II Reg., iv, 7; Jer., xvii, 6, etc., en sorte que la mer Morte, qui porte si justementen hébreu le nom de yâm hâ-’Arâbâh, «mer del’Arabah,» est appelée en latin mare solitudinis, Deut., iv, 49; IV Reg., xiv, 25, etc., et mare deserti. Deut., m, 17; Jos., xii, 3, etc. Pour tous les détails, voir Arabah, t. i, col. 820-828.

3° Iforbâh, nain, pluriel, fforâbôf; état construit,

IJorbôf. Cette expression, qui ne se rencontre dans aucunlivre historique, est surtout employée par les prophètes.Elle dérive de hârab ou hârêb, «être desséché, dévasté.» Elle renferme donc aussi l’idée générale d’aridité, dedésolation, avec celle plus particulière de «ruines».

Il est facile de la rapprocher du À>.â>i khirbet arabe,

ou «lieu ruiné», qui caractérise actuellement tant denoms de la géographie palestinienne. Ainsi, tandis quemidbâr représente le «désert» par rapport à l’homme, qu’'arâbâh le désigne par ses qualités physiques, horbâhnous le montre comme la conséquence de certains événementsterribles. C’est ainsi que Dieu dit de Jérusalem: «Je ferai de toi un désert (fyorbâh),» Ezech., v, 14, etqu’en disant, au contraire: «Je relèverai ses déserts(horb6{),» il promet de «relever ses ruines», Is., xliv, 26.

Cf. Is., lii, 9; Lvm, 12; lxi, 4. Du reste la Vulgate, enquelques endroits, a traduit ce mot par ruinée, Is., Lxrv, 10, et ruinosa. Ezech., xxxiii, 24, 27; xxxvi, 10, 33. Ailleurselle le rend par desertum, Is., v, 17; xliv, 26; xux, 19; lu, 9; Ezech., v, 14; xiii, 4; solitudo, Jer., xxii, 5; xxv, 9, 11, 18; Ezech., xxvi, 20; desolatio, Jer., vii, 34; xliv, 22, et une fois par domieilium, Ps. ci (hébreu, en), 6.Dans les Septante, on trouve: epimo; , Is., v, 17; xliv, 26; xlvih, 21; xlix, 19; lii, 9; lviii, 12; lxi, 4; Ezech-, v, 14; xm, 4; ip-f[iuaaii, Jer., vii, 34; xliv, 22; ripr^ay-évai, Ezech., xxxiii, 24, 27; xxxvi, 10; ôvetSti[iô{, Jer., xxv, 9; dbav «r[i.6{, Jer., xxv, 11, et oîxoTtéSov, Ps. Ci, 6. Le désert «ruiné» est la demeure des chouettes, Ps. ci, 6, et deschacals. Ezech., xiii, 4.

4° Yesimôn, f d’ï». C’est le terme le moins usité. La

racine yâsam indique, comme la précédente, l’idée de «dévastation». Les versions grecque et latine ont vu dansle YeSimôn (plusieurs fois avec l’article, Num., xxi, 20; xxiii, 28; I Reg., xxiii, 19, 24; xxvi, 1, 3), une «vastesolitude», Deut., xxxii, 10; une, «terre sans eau ï, ytàvvSpoe, Deut., xxxii, 10; Ps. lxxvii (hébreu, lxxviii), 40; cv (cvi), 14; cvi (cvh), 4; Is., xliii, 19, 20; inaquosum, Ps. lxxvii, 40; cv, 14; cvi, 4, et «sans chemins», invium, Is., xliii, 19, 20; c’est le «désert», Êpr, |ju>; . Num., xxi, 20; xxm, 28; Ps. lxvii (lxviii), 8. Elles en ont aussi fait unnom propre: 6’Ie<j<jai[i(i{, I Reg., xxiii, 19, 24; à’haat(iô{, I Reg., xxvi, 1, 3; Jesimon. I Reg., xxiii, 24. Et, en effet, si cette expression, principalement dans les passagespoétiques, désigne le désert de l’Égarement, Deut., xxxii, 10; Ps. lxvii, 8; lxxvii, 40; cv, 14; cvi, 4, ellereprésente aussi une partie du désert de Juda, du côté deceux de Ziph et de Maon, I Reg., xxiii, 19, 24; xxvi, 1, 3; mais elle détermine particulièrement la petite plainedu Ghôr el-Belqa, au nord-est de la mer Morte, nonloin du Phasga, et dans laquelle se trouvait Bethjésimoth(hébreu: Bêfhayesimôf), «la maison des déserts,» aujourd’huiSouéiméh. Num., xxi, 20; xxiii, 28. Cependant, d’une façon générale, le Yesimôn peut désigner lescontrées désertes et plus ou moins désolées qui bordentà l’est et à l’ouest le lac Asphaltite.

II. Principaux déserts bibliques. — Les déserts mentionnésdans la Bible se trouvent au sud et à l’est, dela Palestine. Nous ne faisons que les énumérer, renvoyant, pour la géographie et l’histoire, aux articles spéciaux.

i. déserts du sud. — Au sud, la zone désertique comprendd’abord toute la péninsule du Sinaï; puis, des limitesde la Terre Sainte, elle élève une pointe vers le nord, surle versant des montagnes qui bornent à l’ouest la nierMorte, et vient se terminer au-dessus de Jéricho. Elle seprolonge même plus haut par la vallée du Jourdain; maisnous ne parlons pas ici de l’Arabah. Nous distinguonsdonc deux groupes dans cette première partie.

I" groupe. — Presqu’île sinaïtique et limites méridionalesde la Palestine. Déserts de:

1. Étham (hébreu: midbâr-’Êfâtn, Num., xxxiii, 8), «à l’extrémité du désert,» Exod., xiii, 20; Num., xxxiii, 6, c’est-à-dire à la pointe nord-ouest de la péninsule, toutprès de l’Egypte. C’est la partie du désert de Sur qui avoisinaitla ville d’Étham.

2. Sur (hébreu: midbâr-Sûr; Septante: ïpruioi; 20t3p)iExod., xv, 22, également au côté nord-ouest du triangle.

3. Sin (hébreu: midbâr-Sin; Septante: spruioç Sîv), Exod., xvi, 1; xvii, 1; Num., xxxiii, li, «entre Élim etle Sinaï.» Exod., xvi, 1. C’est la plaine actuelle d’El-Markha, qui longe la rive orientale du golfe héroopopolite: commençant à seize kilomètres au sud de l’ouadiTayibéh, elle s’étend sur une longueur d’environ vingt-deuxkilomètres entre les montagnes à l’est et la merRouge à l’ouest. C’est le désert de la manne; il ne lautpas le confondre avec un autre qui porte le même nomdans la Vulgate, et que nous citons plus loin.

4. Sinaï (hébreu: midbâr Sînâî; Septante: ïpvjiioçtoO Sivâ ou SivS), Exod., xix, ’1, 2; Lev., vii, 38; Num, , I, 1; xxxiii, 15, etc. C’est la plaine A’Er-Rahah, qui, avecune aire d’environ trois cent douze hectares, s’étend aupied et au nord-ouest du Ras-Soufsaféh, dans le massifdes monts sinaïtiques: elle formait un excellent théâtrepour la scène mémorable de la promulgation de la Loi.

5. Pharan (hébreu: midbâr-Pâ’rân; Septante: ëpïi|io; 4>Bpiv), Gen., xxi, 21; Num., x, 12; xiii, 1, 4, 27. Il estsitué au cœur même de* l’Arabie Pétrée, et porte encoreaujourd’hui le nom de Bàdiet et - Tîh ou «désert del’Égarement», en souvenir du long séjour qu’y firent lesIsraélites, qui le parcoururent dans toutes les directions.Il s’étend entre le massif du Sinaï au sud et les limitesméridionales de la Palestine au nord, se rattachant àl’ôuadi Arabah à l’est.

6. Cadès (hébreu: midbârQâdcs; Septante: ’Épr)(io; KiSr,; ), Ps. xxviil (hébreu: xxix), 8. Il s’agit ici dessolitudes qui avoisinent Cadès ou Cadèsbarné (’Aïn Qadis), à l’extrémité sud de là Terre Promise. Elles formentune partie du désert suivant, si elles ne se confondentavec lui.

7. Sin (hébreu: midbâr-Sin; Septante: ’Épr É (io; Sîv), Num., xiii, 22; xx, 1; xxvii, 14; xxxiii, 36, etc. Le nomhébreu est complètement distinct de celui du désert deSin, représenté par la plaine à’El-Markha. Ce derniers’écrit par un samech, tandis que le premier commencepar uii tsadé. La position n’est pas la même non plus.Celui dont nous parlons, associé à Cadès, Num., xx, 1; xxxm, 36, se trouvait au nord du désertde Pharan.

8. Bersabée (hébreu: midbâr Be’êr Sâba’; Septante: xaïà tt]v 6p7)|iov, xarà tô çpéap toû Spxou; Vulgate: solitudeBersabée), Gen., xxi, 14. Bir es-Séba’se trouve àdix ou onze lieUes au sud-ouest d’Hébron, sur la route del’Egypte. Les terrains incultes de ces parages marquentla limite des déserts: plus haut, vers le nord, commencentJes pays habités et cultivés.

Il* groupe. ^- Déserts de Juda et de Benjamin.

1. Désert de Juda (hébreu: midbâr Yehûdâh), Jos., xv, 61; Jud., i, 16; Ps. lxii (hébreu, lxiii), 1 (la Vulgateet les Septante mettent faussem*nt ici «désert d’Idumée» ).’C’est, dans son ensemble, le distrioi; sauvage et inhabitéqui comprend le versant oriental des montagnes de Juda, à l’ouest de l’Arabah, de la mer Morte et du Jourdain, jusque vers Jéricho. Il est appelé «désert de Judée» dansl’Evangile. Matth., iii, 1. Il se subdivise en plusieurs parties, qui sont les déserts de:

2. Maon (hébreu: midbâr -Ma’on; Septante: e’py)|ioçM «(iv), I Reg., xxiii, 24, 25, à l’est de Khirbet Ma’in, quise trouve au sud d’Hébron.

3. Ziph (hébreu: midbâr -Zîf; Septante: lv ttj ëp^ûèv tu opet Zî?), entre Tell ez-Zif, également au sudd’Hébron, et la mer Morte.

4. Engaddi ( hébreu: midbâr’En Gédî; Septante: epr)(ioi; ’EvfaBJt), I Reg., xxlv, 2, dans les environsde’Aïn Djidi, sur la rive occidentale de la mer Morte.

5. Thécué (hébreu: midbâr Teqô’a; Septante: ’épinioç©exwé), II Par., xx, 20, à l’est de Khirbet Teqou’a, localitésituée au sud de Bethléhem.

6. Jéruel (hébreu: midbâr Yerû’él; Septante: É’prijioç’Ispt^X), II Par., xx, 16, entre le désert de Thécué et lamér Morte.

7. Jéricho (hébreu: ’arbôp Yerêhô; Septante: àpaëo>6’Ispt/ii; Vulgate: campus solitudinis Jerichontinx), Jer., XXXIX, 5; la partie de l’Arabah qui a voisine cetteville; C’est la partie septentrionale du désert de Juda.

Dans Benjamin, nous trouvons mentionnés deux désertsseulement:

8. Béthaven ( hébreu: midbâr Bêt’Avén; Septante: MaëSoipïTtî Baifltiv; Vulgate: solitudo Béthaven), Jos, , xviii, 12, l’aride contrée qui s’étend au sud-est de Béthel(Beitin), aux environs et au-dessus de Machmas (Moukhmas).C’est comme le prolongement du désert de Juda, «la solitude qui monte de Jéricho à la montagne de Béthel.» Jos., xvi, 1.

9. Gabaon (hébreu: midbâr Gib’ôn; Septante: spr p [ioçraëa<ov), II Reg., ii, 24, steppes qui s’étendent à l’estd’El-Djib.

IL déserts de vest. — À l’est, les déserts ne sontmentionnés qu’incidemment et sont loin d’avoir la mêmeimportance historique; plusieurs même sont inconnus.

1. Désert d’Idumée (hébreu: midbâr’Edôm; Septante: epiruio; *E6ti(i), IV Reg., iii, 8, au sud-est de lamer Morte.

2. Désert de Moab (hébreu: midbâr Mô’âb; Septante: £p71(io; Moio), Deut., ii, 8, un peu plus haut que le précédent; probablement les contrées peu habitées qui s’étendentau-dessous de l’ouadi Aïn el-Frandji et confinentau désert arabique.

3. Désert d’Arabie. Il n’est pas expressément nommédans le texte sacré; cependant il semble bien indiquédans le passage où Jérémie, xxv, 23, 24, après avoir parléde Dédan, de Théma, de Buz et d’autres peuples arabes, mentionne «les rois d’Arabie» ( selon la Vulgate) et «les rois du mélange (selon l’hébreu, hâ-’éréb) qui habitentdans le désert». Il s’agit des peuples mélangés et nomadesqui occupaient les déserts syriens situés à l’est de la Palestine, et dont Palmyre était une oasis. III Reg., ix, 18; II Par., viii, 4.

Quelques déserts particuliers rentrent dans cette zoneorientale. Ce sont ceux de:

4. Cadémoth (hébreu: midbâr Qedêmôt; Septante: £pr)(ioç KeSatuiS), Deut., ii, 26, peut-être à l’est d’un desbras supérieurs de l’Arnon (ouadi Modjib), confinant audésert syroarabe.

5. Déblatha (hébreu: midbâr Diblâfàh; Septante: ’ipry.t>( £ëX «6à), Ezech., v, 14. La position est incertaine, par suite de l’obscurité du texte.

6. Bosor (s’; tïjv è’p7)[j.ove! ç Bouop; Vulgate: desertumBosor), I Mach., v, 28, probablement aux environsde Bosra dans le Hauran. Voir Bosor 3, t. i, col. 1858.Une autre Bosor, de la tribu de Ruben, était égalementsituée «dans le désert». Deut., iv, 43; Jos., xx, 8; xxi, 36; I Par., vi, 78. Voir Bosor 1, t. i, col. 1856.

ni. autres déserts. — En dehors des frontières de laPalestine, le seul désert mentionné est celui «de la HauteEgypte», c’est-à-dire de la Thébaïde, t>ù l’ange Raphaëllia le démon. Tob., viii, 3.

Il en est d’autres qui ne sont pas cités par leurs noms, mais sont suffisamment indiqués par telle ou telle circonstance: ainsi Callirrhoé, à l’est de la mer Morte, lasource «d’eaux chaudes» trouvée par Ana, appartenaità un midbâr. Gen., xxxvi, 24. De même la citerne danslaquelle fut jeté Joseph, Gen., xxxvii, 22, était «dans lasolitude» de Dothaïn, où les fils de Jacob faisaient paîtreleurs troupeaux. Le «désert de la Tentation», dont parlentles évangélistes, Matth., iv, 1; Marc, I, 12; Luc, IV, 1, est celui que domine le mont de la Quarantaine, toutprès de Jéricho. Si, comme le pensent plusieurs auteurs, la ville d’Éphrem, où se retira Notre - Seigneur, Joa., xi, 54, ne différait pas d’Ophéra ou Éphron de l’AncienTestament, aujourd’hui Et - Taiyibéh, au nord-est deBéthel, le désert voisin est celui de Béthaven. La régiondéserte où eut lieu la seconde multiplication des pains, Matth., xv, 23, se trouvait à l’est du lac de Tibériade.

III. RÔLE ET SYMBOLISME DU DÉSERT DANS LA BlBLE.

— 1° Si certains pays, comme l’Egypte et l’Assyrie enparticulier, ont eu leur rôle providentiel dans l’histoiredes Israélites, le désert, lui aussi, a eu sa part dans leplan divin. Il a été pour les enfants de Jacob un berceauet une école: ils y sont nés à la vie sociale, y ont reçules enseignements de Dieu, leur maître et leur législateur, s’y sont formés aux qualités et aux vertus qu’engendrentl’épreuve et les leçons aussi frappantes quemultipliées de la Providence. Sortis de la terre des pharaonssans autres liens que ceux du sang, de la souffrance

et de quelques communes traditions, ils deviennent aupied du Sinaï un peuple admirablement organisé, avecun code de lois religieuses et civiles qui subsistera sanschangements à travers de longs siècles. Si Dieu a misquelque temps sa nation choisie en contact avec la brillantecivilisation égyptienne, ce n’est cependant pas au-sein de ce pays merveilleux qu’il la façonnera. Il l’amène-dans le désert, soustraite à toute influence, et la fait vraimentsienne, unique au monde. Il la nourrit d’un painmiraculeux, lui parle à chaque instant, par la voix de lasévérité et des châtiments comme par celle de la douceuret des plus brillantes promesses. Aussi n’est-il pas desouvenir plus profondément gravé dans le cœur desHébreux, pendant tout le cours de leur histoire, que celuidu désert, du Sinaï. La bonté divine d’un côté, leursprévarications de l’autre, sont présentes à leur mémoire, et, s’ils viennent à les oublier, les poètes sacrés et lesprophètes sont là pour les leur rappeler. La vieille générationsema ses ossem*nts sur tous les chemins de cetteterre de l’Égarement; mais du désert sortit une générationnouvelle, forte, unie et prête à la conquête de laTerre Promise, si longtemps attendue.

Ce que le désert a été pour la nation elle-même, il l’aété aussi pour les âmes privilégiées, appelées à quelquegrande mission. Il a toujours eu, pour les cœurs religieuxen particulier, un attrait irrésistible. La solitude, en effet, rapproche de Dieu, et, en reposant l’espritdans la méditation et la prière, en épurant le cœur, elletrempe le courage et prépare aux nobles entreprises.C’est là que Moïse vient chercher Dieu et que Dieu serévèle à lui. Exod., iii, 1. David, poursuivi par Saùl, y prend les rudes leçons de l’adversité, mais y apprendaussi d’une manière plus efficace la confiance en Dieu.

I Reg., xxiii, 14, 21, etc.; Ps. lxii (hébreu, lxiii). Éliey cherche un abri contre les persécutions et s’y entretientavec le Seigneur. I[[ Reg., xix. JeanBaptiste y.grandit, puis il y attire les foules, qu’il baptise, instruit

  • t prépare au royaume messianique. Matth., iii, 1-13;

Marc, 1-8; Luc, iii, 1-18. Le Sauveur lui-même, audébut de son ministère, y vient prier, jeûner, lutter contre.Satan, Matth., iv, 1-11; Marc, i, 12, 13; Luc, iv, 1-3, comme plus tard il conseillera la solitude, en la pratiquant.Matth., xiv, 13; Marc, i, 35, 45; Luc, vi, 12.Enfin saint Paul, après sa conversion, s’isole dans lesrégions inhabitées de l’Arabie, pour y recevoir les enseignementsde celui qui l’a terrassé sur le chemin de

— I)amas. Gal., i, 17.

2° Le désert est l’image de la mort et de la désolation.Aussi Dieu s’en sert-il pour peindre le châtiment réservé àcertaines villes ou à certaines contrées, et pour plusieursla prophétie s’est accomplie à la lettre: Babylone, Jer., l, 23; Memphis, Jer., xlvi, 19; Bosra, Jer., xlix, 13; Ascalon, Soph., ii, 4; l’Egypte, Ezech., xxix, 9; l’Humée.Joël, iii, 19. C’est pour cela également que, dans laJîible, le désert est représenté comme la demeure desmauvais esprits. Is., xiii, 21; Tob., viii, 3; Matth., xii, 43; Luc, xi, 24; Apoc, xviii, 2. Il répond, en effet, à lanature de ces êtres déchus, qui, séparés par leur fautede la source primitive de la vie, n’ont d’autre ambitionque de ravager ou détruire l’œuvre de Dieu, semant sur

leurs pas la perdition et la mort,

A. Legendre.

    1. DESSAU##

DESSAU (Aecro-aoù; Codex Alexandrinus: Ataaaa-i), village (x(i|iïi, castellum) de Judée, près duquel se rencontrèrentles troupes de Judas Machabée et de Nicanor.

II Mach., xiv, 16. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3= édit., Goettingue, 1864, t. iv, p. 419, note, pense qu’ilest peut-être identique à Adarsa. I Mach., vii, 40. Nous

n’avons ici aucun renseignement précis.

A. Legendre.

    1. DETTE##

DETTE (hébreu: hôb; massa’, de nâsâ’, «prêter,» d’où nose", «créancier;» maSsâ’âh, de nâsàh, «prêter,» d’où nôséh, «prêteur;» neU; masséh; Septante: ànaiTïiffiç, Sâvsicv, ScpEtWiiia; Vulgate: debitum), ce qu’on estobligé de rendre après l’avoir reçu à titre de prêt. L’habituded’emprunter de l’argent se rencontre chez lesHébreux comme chez les autres peuples. L’Écriture signaleles différents usages qui présidaient aux rapportsentre le créancier et le débiteur.

1° Le créancier. — Is., L, 1. Il lui était interdit depresser son débiteur et de l’accabler d’usures. Exod., xxil, 25. Il ne pouvait pas exiger plus qu’il n’avait prêté.Lev., xxv, 36, 37. Voir Usure. L’année sabbatique, durantlaquelle les terres n’étaient pas cultivées, la législationimposait au créancier certaines obligations. Il pouvaitexiger le payement de la dette contractée par l’étranger, mais ne devait rien réclamer à l’Israélite. L’approche del’année sabbatique faisait hésiter le prêteur, qui redoutaitun trop long délai pour le recouvrement de son avance.Mais il lui était recommandé de se montrer charitableenvers son frère et de lui prêter même alors la sommedont il avait besoin. Deut., xv, 1-3, 7-10. Plusieurs auteursont interprété la loi en ce sens que la dette s’éteignaitd’elle-même à l’année sabbatique. Cette interprétationparait excessive. S’il en eut été ainsi, on n’auraitjamais trouvé de prêteur. Il est beaucoup plus probableque l’année sabbatique imposait un simple sursis et quela créance était prorogée d’un an. Josèphe, Ant. jud., III, XII, 3, ne mentionne la remise des dettes qu’à l’annéejubilaire. Dans la Mischna, Schebiilh, 10, 1, il est vrai, on prétend que l’année sabbatique éteignait les dettes, etqu’en cela elle valait mieux que l’année jubilaire. Maison ne trouve rien dans le texte du Deutéronome qui favorisecette idée. La loi défend d’exiger le payement desdettes, parce que, cette année - là, la terre ne produit passes récoltes ordinaires; mais, l’année suivante, la terreest cultivée à nouveau, et le débiteur retrouve le moyende satisfaire aux obligations qu’il a contractées. Il estdonc juste qu’il rende ce qu’on lui a prêté; il est mêmedans son intérêt qu’il le fasse, s’il tient à se ménager lamême assistance dans une autre occasion. Cf. Rosenmûller, Scholia in Deuleronomium, Leipzig, 1798, p. 427; Bâhr, Symbolik des mosaischen, cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 570; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 210; Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 118. La loi du Deutéronomefut toujours en vigueur. On en constate l’observationaprès le retour de la captivité. II Esdr., x, 31. —Dans un moment de détresse, Néhémie fit la remise dece qu’on lui devait, et décida par son exemple les grandsdu peuple à en faire autant. II Esdr., v, 10, 12. — Notre-Seigneurparle, dans une parabole, d’un créancier généreux, qui remet à un de ses débiteurs cinq cents denierset à un autre cinquante. Luc, vii, 41, 42. Il se représenteensuite lui-même comme le créancier divin, qui remetaux hommes leurs péchés. Luc, vii, 47-49. — Dansl’Oraison dominicale, le pardon des péchés est assimiléà la remise d’une dette. Matth., vi, 12. — La parabole dumauvais serviteur met en scène un débiteur à qui l’on aremis sa dette et qui, devenu créancier à son tour, maltraiteindignement le compagnon qui lui doit une sommeminime. Matth., xviii, 26-30.

2° Le débiteur. — Son devoir est de payer sa dette.Eccli., iv, 8. Mais il ne le peut pas toujours. Quand Davidse dérobait aux poursuites de Saûl, il fut rejoint à Odollampar bon nombre de débiteurs insolvables, que harcelaientleurs créanciers. I Reg., xxii, 2. Dans les tempsde calamité, le créancier n’était pas-en meilleure situationque le débiteur. Is., xxiv, 2. Les relations de créancierà débiteur n’étaient pas toujours agréables. Jérémie, xv, 10, se plaint que tout le monde le maudit, bien qu’ilne soit ni créancier ni débiteur. Le débiteur chargeait demalédictions le créancier trop pressant, le créancier traitaitde même le débiteur négligent.

3° Le gage. — Le créancier pouvait exiger un gage decelui auquel il prêtait. La loi prévoyait le cas, pour empêcherque la garantie fournie par l’emprunteur pauvre

ne lui fût trop onéreuse. Le prêteur n’avait pas le droitde pénétrer dans la maison de son obligé pour y choisirun gage à sa convenance. Il devait se tenir à la porte, cequi permettait à l’emprunteur de soustraire à sa vue certainsobjets auxquels il pouvait tenir davantage. Deut., xxrv, 11, 13. C’était une cruauté de prendre en gage lebœuf d’une veuve. Job, xxiv, 3. S’il s’agissait d’un pauvreet que le gage fourni fût un vêtement, le créancier devaitle rendre avant le coucher du soleil, Exod., xxii, 26, pourque l’emprunteur pût se garantir contre la fraîcheur dela nuit. Les Bédouins d’aujourd’hui passent encore la nuitenveloppés dans leur manteau. Il leur sert de couverture, et ils ne pourraient s’en passer pour dormir. Peut-êtrele créancier reprenaitil le gage le lendemain matin, sansquoi la garantie eût été assez précaire. Mais la Bible nedit rien à ce sujet. En tout cas, la dette payée, le créancieréquitable rendait son gage au débiteur. Ezech., xviii, 7.Parfois on ne se contentait pas de donner en gage desobjets matériels; on allait jusqu’à aliéner la liberté decertaines personnes. Poussés par la nécessité, après leretour de Babylone, des gens du peuple engageaient nonseulement leurs champs, leurs vignes et leurs maisons, pour se procurer du blé pendant la famine, mais mêmeleurs fils et leurs filles, ainsi réduits en servitude.II Esdr., v, 2-5. Cette pratique était contraire à la loi; car, s’il était permis de se vendre soi - même commeesclave en cas d’extrême pauvreté, il n’est point dit qu’onpût aliéner la liberté de ses enfants. Lev., xxv, 39.

4° La caution. — Quand une personne digne de confiancerépondait pour un emprunteur et se portait caution, ’ârubbâh, c’était le meilleur des gages. Pour seporter caution, comme pour stipuler un engagementquelconque, on se donnait la main, ou les deux partiesse frappaient mutuellement dans la main. Prov., vi, 1; xvii, 18; xxii, 26; Ezech., xvii, 18. Dans le livre des Proverbes, les auteurs sacrés dissuadent fortement de rendrecette sorte de service: se porter caution, c’est faire acted’insensé, XVII, 17; s’exposer à mal, xi, 15; se laisserprendre par ses propres paroles, VI, 1; courir le risquede se voir enlever son vêtement, xx, 16; xxvii, 13, ouson lit. xxii, 26. Ceci prouve que ceux pour lesquels onrépondait ne se mettaient pas fort en peine de remplirleurs engagements. Un peu plus tard, ce genre de servicedevint sans doute moins périlleux; l’Ecclésiastique, vin, 16, recommande seulement de ne pas se portercaution au delà de ses moyens et, le cas échéant, desonger à payer.

5° Le billet. — Au livre de Tobie, i, 17, il est dit queTobie confia une somme d’argent à Gabélus moyennantun billet de reconnaissance, sub chirographo. Le textegrec ne dit rien de ce détail. Il est possible que le texte hébreuait présenté la locution masséh yâd (cf. Deut., xv, 2), «dette à la main.» On peut supposer qu’il s’agit alorsd’argent confié en se frappant mutuellement la main, comme il faut l’entendre pour le texte du Deutéronome, ou qu’un écrit fut rédigé pour constater la dette, commeil est permis de le conjecturer à raison des usages suivisen Babylonie. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 921. — Dans unedes paraboles relatées par saint Luc, xvi, 5-7, il est formellementparlé d’un écrit, YP=W», cautio, par lequelle débiteur reconnaît le montant de sa dette. L’intendanta en sa garde les billets de cette nature qui constatent cequ’on doit à son maître. Il fait venir les débiteurs et leurordonne de modifier les chiffres inscrits sur leurs billetsprimitifs. Cette opération ne put se faire qu’en rédigeantd’autres billets, pour éviter des surcharges ou des grattagesqui auraient trahi la fraude.

6° La saisie. — Quand le débiteur ne s’acquittait pasà temps, le créancier perdait patience et faisait vendreou saisir le bien du retardataire. Cette extrémité était redoutéecomme un malheur très grave. P.s. CVlii (Cix), 11.

— La veuve du prophète que visite Elisée’ne peut payerses dettes; elle u’a plus rien chez elle, et le créancier se

dispose à prendre ses deux fils pour en faire ses esclaves.IV Reg., iv, 1-7. — Dans la parabole du mauvais serviteur, celui-ci ne peut payer sa dette, et son maîtreordonne de le vendre, lui, sa femme, ses fils et tout cequ’il a, afin que le produit de la vente acquitte la dette.Matth., xviii, 25. Ce mauvais serviteur obtient un répit; mais, à son tour, il se tourne vers son débiteur, et le faitmettre en prison. Matth., xviii, 30. Informé du fait, lemaître livre le mauvais serviteur aux exécuteurs pourqu’ils le torturent jusqu’à ce qu’il ait payé sa propredette. Matth., xviii, 34. La loi mosaïque, qui autorisaitle débiteur à se vendre lui-même, Lev., xxv, 39, 47, nedit nullement qu’il soit permis d’exercer cette rigueur àl’égard d’un autre. Le fait que mentionne la parabolefait donc allusion à des coutumes étrangères. Chez lespeuples qui entouraient les Juifs, on châtiait volontierstoute une famille pour le méfait d’un seul. Esth., xvi, 18; Dan., VI, 24; Hérodote, iii, 119. La torture était infligéeau débiteur pour l’obliger à révéler où il recelait sonargent, s’il en avait. Tite-Live, ii, 23; Aulu-Gelle, XX, i, 42-45. Notre-Seigneur mentionne les traitements sévèresinfligés au débiteur insolvable comme une figure desrigueurs exercées dans l’autre vie contre les pécheurs.

Matth., v, 25, 26; xviii, 35.

H. Lesêtre.

    1. DEUIL##

DEUIL (hébreu: ’êbél, de’âbal, «avoir du chagrin;» ’ânîyâh et ta’àniyâh, de’ânâh, qui a le même sens; Septante: jtsvOoç; Vulgate: luctus), manifestation extérieuredu chagrin que l’on éprouve à la suite d’un malheur, et spécialement à la mort d’une personne aimée.Le deuil est inévitable dans la vie humaine, et souvent «c’est par le deuil que finit la joie». Prov., xiv, 13. Malgréles répugnances de la nature, le spectacle du deuilest salutaire, et «mieux vaut aller à la maison du deuilqu’à celle du festin». Eccle., vii, 3. C’est au ciel seulementque cessera le deuil. Apoc, xxi, 4. — Comme tousles Orientaux, les Hébreux ont toujours donné à l’expressionde leur chagrin des formes très sensibles. Leursusages à cet égard sont fréquemment mentionnés dansla Bible.

I. Deuil a la suite d’un malheur. — Ce deuil a pourexpression différents actes, les uns spontanés et d’usageuniversel, les autres conventionnels et plus spéciaux auxHébreux. — 1° Pleurer et se lamenter. I Reg., xxx, 4; Judith, xiv, 18; I Esdr., iii, 13; Joël, ii, 17; Mal., ii, 13, etc. Cf. IV Esdr., x, 4. — 2° Se tenir assis, comme pourmarquer qu’on n’a plus la force d’agir. Jud., xx, 26; Job, n, 13; II Reg., xii, 16; xiii, 31; Is., iii, 26; Lam., i, 1; n, 10; Ezech., III, 15; I Esdr., ix, 3; Ps. cxxxvi, 1, etc.

— 3° Garder le silence. Job, ii, 13. Cf. Tob., v, .28. —4° Déchirer ses vêtements, comme à l’occasion de la perted’un parent. Voir Déchirer ses vêtements (Usage de), col. 1336. — 5° Revêtir le cilice. Voir col. 760-761. —6° Prendre des vêtenients sombres. On est alors qodêr, noir et lugubre. Les versions rendent ce mot par âuxo-TuOrjv, «j’ai été couvert de ténèbres,» uxuepwnâÇuv, «ayantl’air sombre,» obscuratus, contristatus. Jer., viii, 21; xiv, 12; Ps. xxxiv (xxxv), 14; xxxvii (xxxviii), 7; xii(xlii), 10; xlii (xliii), 2. Dans Malachie, iii, 4: ixÉTai, «suppliants,» tristes. Ce sont ces vêtements sombres quisont appelés dans le livre d’Esther, xiv, 2, «des vêtementsqui conviennent aux larmes et au deuil.» — 7° Omettreles soins de la toilette, et prendre une attitude négligéequi donne à penser qu’on est trop préoccupé de sa douleurpour songer à autre chose. Exod., xxxiii, 4; II Reg., xix, 24; Ezech., xxvi, 16; Dan., x, 3. Aux jours de pénitenceet de jeûne, les pharisiens affectaient un air défaitet lugubre, afin d’attirer l’attention publique sur leuraustérité. Notre-Seigneur recommande à ses disciples defaire tout le contraire ces jours-là, d’oindre leur tête etde laver leur visage. Matth., vi, 16, 17, — 8° Se couvrirla tête, c’est-à-dire se voiler la face, parce que la têten’était pas ordinairement découverte. Cf. col. 828. Se voiler

la face, c’était comme s’isoler des choses-visibles pourn’être pas distrait de son chagrin. II Reg., xv, 30; Jer., xiv, 4; Mich., nr, 7. — 9° Se couvrir de cendres. Voircol. 407. — 10° Se couper les cheveux, voir col. 690, oula barbe, t. i, col. 1455. — il" Aller pieds nus, II Reg., xv, 30, et plus ou moins dépouillé des vêtements ordinaires.Is., xx, 2, 4; Mich., i, 8, — 12° S’abstenir denourriture. Voir Jeûne. — 13° Ne point participer auxfestins des dîmes ou des sacrifices, comme si on se considéraitdans un état qui rendit indigne d’approcher duSeigneur. Deut., xxvi, 14; Joël, i, 9, 13, 16.

II. Deuil après la mort d’une personne. — 1° Ledeuil funèbre en général. — La Bible signale plusieursdeuils mémorables: celui de Sara, avec des lamentationset des pleurs, Gen., xxiii, 2; celui de Jacob, que l’onpleure soixante-dix jours dans toute l’Egypte, Gen., l, 3; celui de Moïse, avec trente jours de pleurs et delamentations dans les plaines de Moab, Deut., xxxiv, 8; celui de Samuel, sur lequel pleure tout Israël, I Reg., xxv, 1; celui de Saül et de Jonathas, sur la mort desquelsDavid compose une élégie, II Reg., i, 17-27; celuide Judas Machabéè, au sujet duquel tout Israël pleure etse lamente de longs jours. I Mach., ix, 20, etc.

2° Les pratiques du deuil funèbre. — Ces pratiquesreproduisaient la plupart de celles qui étaient en usageà la suite d’un malheur quelconque: 1° On pleurait eton se lamentait, on avait même des pleureuses chargéesde faire entendre publiquement des lamentations. Ecele., XII, 5; II Par., xxxv, 25; Jer., ix, 17; Amos, v, 16. VoirPleureuses. Job, xxvii, 15; Ps. lxxvh (lxxviii), 61; Jer., ix, 1; xxxi, 15; xli, 6. Ces lamentations ne consistaient, pas seulement en cris inarticulés. On répétait certainsmots qui rappelaient le défunt. En ensevelissant unprophète de Juda, mis à mort par un lion, on s’écriait: «Hélas I hélas! mon frère.» III Reg., xiii, 30. Jéréinie, xxii, 18, prophétise en ces termes, au sujet de la mort deJoakim: «On ne dira pas sur lui la lamentation: Hélas! frère, hélas! sœur; pas de lamentation: hélas! seigneur, hélas! majesté.» Il annonce au contraire à Sédécias qu’ilaura sa lamentation: «Hélas! seigneur.» Jer., xxxiv, 5.Cf. Amos, v, 16; Horace, De arle poet., 431, 432. Deslamentations analogues sont encore en usage en Palestine.Chez les anciens Égyptiens, on en faisait entendrede pareilles. Cf. Maspero, Histoire ancienne, 1897, t. ii, p. 516, 518. — 2° On se jetait à terre, Job, i, 20; II Reg., xm, 31, on s’asseyait, et l’on recevait les visites silencieusesdes amis. I Par., vii, 22; Joa, , xi, 19, 28, 31; Act., ix, 39; Rom., xii, 15. Ces visites ressemblaient à cellesdes amis de Job, ii, 13, et l’on n’y prenait la parole quesi les personnes en deuil commençaient à parler les premières.On suivait un cérémonial particulier à ces occasions. «Quand on revient du sépulcre, on s’avance et ons’assied les uns pour consoler, les autres pour pleurer, lesautres pour méditer sur la mortalité. Puis on se lève, ons’approche un peu et on s’assied, et ainsi de suite septfois.» Baba bathra, ꝟ. 100 b. Encore aujourd’hui, «dansla plupart des pays d’Orient, à la mort d’un membre dela famille, les amis et connaissances se rendent à la maisonmortuaire, saluent en silence les parents du défunt, s’asseyent devant eux sur des sièges rangés autour de lasalle, y restent parfois fort longtemps et se retirent sansavoir dit un mot. Ces réceptions silencieuses durent septjours. s Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 259. — 3° Ondéchirait ses vêtements. Gen., xxxvii, 34; II Reg., iii, 31.Dans une cantilène funèbre, encore en usage en Palestine, les pleureuses répètent les paroles suivantes:

Le scheikh arabe dort

Enveloppé dans sa couverture:

Quand le sommeil l’a pénétré de sa douceur.

Elles ont déchiré leurs vêtements à cause de lui.

A. Legendre, Une scène de deuil, dans la Correspondancecatholique, Paris, 1894, t. ii, p. 397. — 4° On revêtait le cilice, les vêtements sombres, II Reg., xiv, 2; Judith, x, 2; on cessait de s’oindre d’huile, II Reg., xiv, 2; on se voilait la tête, II Reg., xix, 4, etc. — 5° Encertains cas, on se faisait des incisions sanglantes, Jer., xvi, 6, d’ailleurs défendues par la loi. Lev., xix, 28; xxi, 25; Deut., xiv, 1. Voir Incisions. — 6° Enfin, aprèsles funérailles, on assistait d’ordinaire à un repas funèbre.II Reg., iii, 35; cf. Bar., vi, 31. Il était offert par les amisaux parents du mort. On y mangeait le pain de deuil.Jer., xvi, 7, 8; Ezech., xxiv, 17; Ose., ix, 4. On y buvaitla coupe des consolations. Jer., xvi, 7. Cette coupe finiten réalité par en comprendre dix, deux avant le repas, cinq pendant et trois après. Jerus. Berakhoth, ꝟ. 60.A la suite de certains excès, le nombre fut réduit à trois.Babyl. Berakholh, ꝟ. 18 a. Le repas funéraire existaitaussi chez les Égyptiens, et là il était accompagné dedanses dont les monuments ont conservé plus d’une représentation.Champollion, Monuments de l’Egypte etde la Nubie, pi. clxxxvii; Rosellini, Monumenti civili, pi. lxxviii, lxxix, xcvi, xcviii, xcix. — Dans plusieurspassages de la Sainte Écriture sont mentionnées à la foisplusieurs des conditions du deuil. Jérémie, XVI, 4-7, parle en ces termes des Israélites que va châtier leSeigneur: «Ils n’auront ni lamentation ni sépulture…Voici ce que dit le Seigneur: N’entre pas dans la maisondu festin funèbre, n’y va pas pour pleurer ni pour lesplaindre… Grands et petit* mourront en ce pays, on neles ensevelira pas, on ne se fera pas d’incisions, on ne serasera pas pour eux, on ne distribuera à personne le painde deuil pour le consoler de la mort d’autrui, on n’inviterapas à la coupe de consolation, même aux funéraillesd’un père ou d’une mère.» Le Seigneur dit de même àÉzéchiel, xxiv, 16, 17: «Je vais t’ènlever par un coupsubit la joie de tes yeux (ta femme): point de lamentation, ni de pleurs, ni de larmes. Gémis en silence, neporte pas le deuil funèbre. Que ta bandelette reste attachée, garde tes chaussures aux pieds, ne te voile pas levisage, et n’accepte pas le festin des autres.» Dans cesdeux passages, l’énumération des choses qui sont omisesexceptionnellement indique celles qui se pratiquaientd’habitude. Voir Funérailles. — Des recommandationsrelatives au deuil sont adressées par le fils de Sirachdans l’Ecclésiastique, xxxviii, 16-24: «Mon fils, versedes larmes sur le mort et mets-toi à pleurer, commequelqu’un qui a été cruellement atteint… Pour éviter lesmauvais propos, porte amèrement son deuil pendant toutun jour, puis console-toi dans ta tristesse. Porte son deuilpendant un jour, selon son mérite, ou deux jours, pouréviter les mauvais propos. Car la tristesse fait hâter lamort, enchaîne l’énergie, et le chagrin du cœur faitcourber la tête. Quand on emmène le mort, la tristessepasse aussi. La vie du pauvre est contraire à son cœur, [et pourtant il la supporte]. N’abandonne donc pas toncœur à la tristesse, mais chasse-la loin de toi et souvienstoide ta fin. Ne l’oublie pas, il n’y a point de retour, et, sans lui être utile, tu te nuirais à toi-même… Quand lemort repose, laisse reposer son souvenir, et console - loidu départ de son âme.» Ces conseils, traduits d’après letexte grec, tendent à modérer le deuil par la pensée del’inutilité des démonstrations extérieures, et du dangerd’un chagrin prolongé. Pour arriver au même but, saintPaul évoque un motif d’un ordre supérieur: «Ne vousattristez pas, au sujet des morts, comme les autres quin’ont pas d’espérance.» I Thess., IV, 13.

3° Deuil des prêtres. — Par cela même qu’ils étaientattachés au service du Dieu vivant, les prêtres ne pouvaientporter comme les autres le deuil des morts. Toutsigne de deuil était interdit au grand prêtre, même pourla mort de son père ou de sa mère. Lev., xxi, 10, 11; Num., vi, 7. Il continuait alors à remplir ses fonctions, mais toutefois ne mangeait pas la chair des victimes pendantson deuil. *Lev., x, 19; Deut., xxvi, 14. Les simplesprêtres portaient le deuil de leurs proches, père, mère, 11399

DEUIL — DIACONESSE

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fils, fille, frère et sœur non mariée, Lev., xxi, 1-4, auxquelson ajouta l’épouse. Siphra, ꝟ. 222 6. Sitôt qu’ilsapprenaient la mort de l’un des leurs, ils ne pouvaientcontinuer le serviee commencé. Cf. Reland, Antiquitatessacrse, Utrecht, 1741, p. 79.

4° Durée du deuil. — Jacob porta «. un long temps» le deuil de Joseph qu’il croyait mort. Gen., xxxvii, 34.Le sien fut prolongé pendant soixante-dix jours, dontsept pour les funérailles. Gen., L, 3, 10. Pour Aaron etMoïse, il y eut trente jours de deuil. Nutn., xx, 29; Deut., xxiv, 8. Le deuil de sept jours, qui suivit la mort de Saûl,

I Reg., xxxi, 13, devint le grand deuil ordinaire. Eccli., xxii, 13. Cf. Ezech., iii, 15, 16. Ce fut celui qu’Archélaùsconsacra à son père Hérode, «car la coutume des ancêtresréclame ce nombre de jours, si Josèphe, Anl. jud., XVII, viii, 4. Cet auteur ajoute qu’à la suite des septjours de deuil, on offrait au peuple un festin funèbre, àmoins de vouloir passer pour impie. Bsll. jud., III, ix, 5.Pour le père et la mère, le deuil durait un mois. Deùt., xxi, 13. Les veuves portaient le deuil plus longtemps, etquelquefois toute leur vie. Gen., xxxviii, 14; II Reg., xiv, 2; Judith, viii, 5; Luc, ii, 37. Voir Veuve. Chacunavait la liberté de prolonger plus ou moins son deuil.Josèphe, Bell, jud., III, ix, 5, prétend que, quand on lecrut mort, il y eut trente jours de pleurs et de lamentationsà Jérusalem. — Dans le deuil de trente jours, onobservait les règles suivantes, d’après les talmudistés. Lepremier jour, on ne portait pas les phylactères. Les troispremiers jours, le travail était défendu et l’on ne répondaitpas aux salutations. Les sept premiers jours, il étaitinterdit de mettre des chaussures, de se laver, de s’oindred’huile, de se couvrir la tête, de lire la Loi, la Mischnaou les Talmuds. Tous les parents du défunt portaient lesaq ou cilice pendant sept jours. La s’arrêtait le granddeuil. Mais, pendant trente jours, on ne pouvait ni seraser, ni recoudre la robe déchirée, ni se servir de vêtementsneufs ou nouvellement blanchis. À la mort d’unpère ou d’une mère, on gardait le cilice pendant lestrente jours. Certaines veuves ne. le quittaient pas detoute leur vie. Cf. Lightfoot, Horse hebraicse et talmudicx, Leipzig, 1674, p. 1072; Geier, De Hebrseorum luctulugentiumque ritibus, Leipzig, 1656, et dans Ugolini, Thésaurus, t. xxxm; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 381, 382, 386, 387; Stapfer, La Palestine au tempsde Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 164, 165.

III. Le deuil public. — On le prenait à l’occasion dela mort d’un homme marquant, Jacob, Gen., L, 3; Aaron, Num., xx, 29; Moïse, Deut., xxxiv, 8; Samuel, I Reg., xxv, 1; Saûl, I Reg., xxxi, 13; Il Reg., i, 11, 12; Abner,

II Reg., iii, 31; Abia, III Reg., xiv, 13, 18; Josias, Il Par., xxxvi, 24; Judas Machabée, I Mâch., ix, 20, etc. D’autresfois le deuil avait pour cause un calamité publique.I Reg., vii, 3-6; II Par., xx, 3-13; Jon., In, 5-8; Jer., XIV, 2. À la suite d’une invasion de sauterelles qui avaitdétruit toutes les récoltes, Joël, 1-11, décrit le deuil nationaldans des termes qui peuvent nous donner l’idée dece qui passait en pareil cas: «Réveillez-vous, vous quiavez bu, pleurez, lamentez-vous, buveurs de viii, ausujet du vin doux, car il vous est enlevé de la bouche…Lamente-toi comme une jeune femme revêlue du cilice, après avoir perdu l’époux de sa jeunesse. La farine et levin font défaut pour être offerts à la maison du Seigneur; les prêtres, ministres du Seigneur, sont dans le deuil…Prêtres, revêtez le cilice et pleurez! Poussez des cris, ministres de l’autel! Entrez dans le temple, passez la nuitsur le cilice, ministres de mon Dieu, car il n’y a plus nifarine ni vin à offrir dans la maison de votre Dieu. Proclamezle saint jeûne, convoquez l’assemblée, réunissezles anciens, tous les habitants du pays, dans la maisondu Seigneur, votre Dieu. Criez vers le Seigneur et dites: Hélas! quel jour! … Sonnez de la trompette en Sion, quevos cris retentissent sur la montagnesainte, que tousles habitants du pays soient en mouvement! … Déchirez

vos cœurs, et non vos vêtements, et convertissezvousau Seigneur votre Dieu… Rassemblez le peuple, réunissezune sainte assemblée, convoquez les vieillards, amenez les enfants, même ceux qui sont à la mamelle.L’époux hors de sa chambre, et l’épouse hors de son lit! Que les prêtres et les ministres du Seigneur pleurententre le vestibule et l’autel et qu’ils disent: Pardon, Seigneur, pardon pour votre peuple.» Toute la populationétait, donc mise en mouvement en pareil cas, les plaisirscessaient, et la désolation pesait sur toute la nation.

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    1. DEUTÉROCANONIQUES##

DEUTÉROCANONIQUES (LIVRES). Voir Canon, col. 137.

    1. DEUTÉRONOME##

DEUTÉRONOME, cinquième livre du Pentateurjue.Voir Pentateuque.

DEVIN. Voir Divination.

    1. DIABLE##

DIABLE (StdtgoXo; ), mot qui vient du grec et signifieproprement «celui qui se met en travers», SiaêâXXet; mais est généralement employé dans le sens de «calomniateur, accusateur». — I. Ancien Testament. — Il estemployé six fois par la Vulgate, dans la traduction del’Ancien Testament: 1° pour rendre les mots hébreuxbel’ial, «méchant, vaurien,» III Reg., xxi, 13 (voir BÊlial); Satan, «accusateur, adversaire,» Ps. cix, 6 (voirSatan); réséf, «feu» et par métaphore «peste» quibrûle, Hab., iii, 5. (S. Jérôme, In Hab., iii, 5, t. xxv, col. 1314, nous apprend qu’il a traduit par «diable», parce que, «d’après les Hébreux, Réseph est le nomd’un prince des démons» ). — 2° Dans les livres que nousne possédons qu’en grec, SiâëoXo? signifie simplement «unennemi», dans 1 Mach., i, 38; dans Sap., ii, 24, il désignele démon qui séduisit nos premiers parents. Aulivre de l’Ecclésiastique, xxi, 30. nous lisons: «Lorsquel’impie maudit le diable (grec: Saravâv),» c’est-à-direson adversaire ou bien le démon, «il se mauditlui-même,» il est cause de son propre malheur et nedoit pas s’en prendre à d’autres. — IL Nouveau Testament.— Le mot SiâêoXos, diabolus, y a toujours lesens de «démon» ou Satan (excepté dans un seul passage, Joa., vi, 10, où Notre -Seigneur appelle Judas, qui devait le trahir, diabolus). Comme ce mot s’appliqueindividuellement à Satan, 81â60Xoç dans le texte originalest ordinairement déterminé par l’article (les seulesexceptions sont Act., xiii, 10; I Petr., v, 8; Apoc, xx, 2).Il a péché dès le commencement, I Joa., iii, 8; il tenteNotre-Seigneur dans le désert, Matth., iv, 1-11; Luc, iv, 2-13; il tente les hommes et cherche à leur faire du mal, Matth., xiii, 39; Luc, viii, 12; Joa., xiii, 2; 1 Tim., vi, 9; Hebr., ii, 14; I Petr., v, 8; Apoc, ii, 10; xii, 12; xx, 9; c’est lui qui tourmente lès possédés, Act., x, 38; c’est luiqui a séduit nos premiers parents, Apoc, xii, 9; xx, 2; lespécheurs sont comme ses fils, Joa., viii, 44; Act., xhij’IO; 1 Joa., iii, 8, 10; les fidèles doivent lui résister de toutesleurs forces. Ephes., iv, 27; vi, II; I Tim., iii, 6,?; U Tim., ii, 26; Jacob., iv, 7. Le Seigneur est venu dansce monde pour anéantir les œuvres du diable, I Joa., m, 8; c’est pour lui et pour les anges, ses compagnonsde révolte, qu’a été préparé l’enfer. Matth., xxv, 45. SaintJude, y. 9, dit que «t l’archange Michel disputa avec lediable au sujet du corps de Moïse». — Dans le texte grecdu Nouveau Testament, le mot StttêoXo; est employé troisfois, non pour désigner une personne, mais comme adjectif, dans le sens de «calomniateur, médisant». I Tim., III, 11 (Vulgate: detrahentes); II Tim., iii, 3 (crimvnatores); Tit., ii, 3 (criminatrices). — Voir Démon, Satan. F. Vigouroux.

    1. DIACONESSE##

DIACONESSE (rjSiâxovo; , une fois, Rom., xvi, l.Lemot 81ax6vi<T<ja n’a été usité que plus tard. Const. apost., vi, 17; viii, 19, 20, t. i, col. 957, 1116). Ce mot désigne

les femmes, vierges ou veuves, qui étaient officiellementchargées, dans les premiers siècles de l’Eglise, de certainesfonctions attenant au ministère ecclésiastique.L’Écriture donne peu de renseignements sur cette institution.Saint Paul est le seul qui la mentionne. — 1° Parlantdes évêques et des diacres dans sa première Épitreà Timothée, il intercale au milieu du passage qu’il consacreaux diacres un verset où il dit: «Que les femmeségalement soient graves, exemptes de médisance, sobreset fidèles en toutes choses.» iii, 11. Il est clair quel’Apôtre ne parle pas des femmes en général, maisd’une catégorie spéciale parmi elles. A-t-il voulu désignerles épouses des diacres, comme le pense saint Thomas, ou même celles des prêtres et des évêques, commele veut Estius? C’est possible. Toutefois une grandepartie des interprètes catholiques croient qu’il s’agit làdes diaconesses. — 2° Un autre passage concerne lesveuves: «Pour être inscrite comme veuve, il fautn’avoir pas moins de soixante ans, n’avoir eu qu’unmari, mériter bon témoignage sous le rapport des bonnesœuvres, avoir bien élevé ses enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les affligés, accomplitoutes sortes de bonnes œuvres. Mais écartez [de cenombre] les jeunes veuves.» I Tim., v, 9-11. Selon plusieursinterprètes, ce passage concernerait les veuvespauvres en général, qui étaient nourries aux frais de lacommunauté chrétienne. Mais d’autres pensent, et noussommes de leur avis, qu’il s’agit là d’un collège de veuvesconsacrées à Dieu, qui aidaient plus ou moins les ecclésiastiquesdans leur ministère. Autrement, on ne s’expliqueraitpas la sévérité des conditions posées par l’Apôtre.Il serait exorbitant d’exiger à la fois un âge si avancé etune perfection si haute pour l’admissibilité à des distributionsde secours matériels. En revanche, ce sont desconditions toutes naturelles pour faire partie d’un collèged’élite. Tel était précisément le cas des diaconesses. Aussiplusieurs interprètes les identifient avec les veuves dontparle saint Paul. Cf. entre autres: Tertullien, Ad ûxorern, i, 7, t. i, col. 1286; saint Épiphane, Hmres., lxxix, 3-4, t. xlii, col. 744-745. Peut-être cependant y aurait-illieu de les distinguer. Des personnes de soixante ans oudavantage auraient pu difficilement remplir toutes lesfonctions que l’histoire des premiers siècles chrétiensattribue aux diaconesses. Le collège des veuves en questionétait plutôt, selon nous, un collège parallèle, quiaidait celui des diaconesses et servait en partie à le recruter.Cf. Van Steenkiste, Actus Apostolorum illustrati, Bruges, 4e édit., 1882, append. vi, De diaconissis.

— 3° Enfin saint Paul mentionne une certaine Phœbé, comme «employée», in ministerio, oùo-av Btâxovov, dansl’église de Cenchré. Rom., xvi, 1. Mais nous n’avonsaucun renseignement sur son ministère. — Voir Pien(Pinius), De Ec.clesix diaconissis, dans les Acla sanctorumdes Bollandistes, en tête du premier tome de septembre.J. Bellamy.

    1. DIACRE##

DIACRE (grec: Siâxovoç; Vulgate: diaconus). Legrec êiixovoç, «serviteur,» a dans le Nouveau Testamentdeux acceptions, qui sont bien diflérenciées en latin parles mots minister et diaconus. La première, celle qui correspondà minister, «serviteur, ministre,» est une acceptionlarge, qui s’applique à toutes sortes de services oufonctions, par exemple, au service des anciens, II Cor., XI, 23, etc. La seconde, celle qui correspond à diaconus, «diacre,» est une acception stricte, qui désigne uniquementles clercs placés au troisième rang de la hiérarchieecclésiastique, c’est-à-dire après les évêques et les prêtres.Quand il s’agit de ces clercs, la Vulgate emploie toujoursle mot diaconus.

1° Origine des diacres. — Rien n’appuie l’opinion deVitringa, De synag. vet., p. 895, qui croit que le diacrecorrespond au hazzân (ùotipéttk, Luc, iv, 20) ou «serviteurs de la synagogue. L’occasion et le but de l’institution du diaconat sont clairement racontés dans les-Actes.Un abus qui s’était glissé dans la distributiondes secours matériels que donnait aux veuves la primitiveÉglise de Jérusalem fut l’occasion de leur institution.Les Apôtres, estimant avec raison qu’il leur étaitimpossible de sacrifier le double ministère de la prièreetde la prédication à des services économiques d’ordre inférieur, jugèrent à propos de s’adjoindre des auxiliairesd’élite, qui s’occuperaient à l’avenir «du servicedes tables», sans préjudice, bien entendu, de fonctionsplus importantes. Au lieu de choisir eux-mêmesleurs auxiliaires, les Apôtres préférèrent abandonner cechoix aux fidèles, afin sans doute d’avoir comme auxiliairesdes hommes jouissant de la confiance publique.Ils fixent néanmoins le nombre des exigibles (sept), enmême temps qu’ils se réservent la consécration des élus~Act., VI, 1-6. Ces derniers eurent-ils immédiatement hrtitre officiel de «diacres»? Le texte ne leur donne pasce nom; mais il caractérise pourtant leurs ionctions parles mots Seaxovîâ et Siaxovetv, ministeriuni, ministrare.

— En comparant ce passage des Actes aux autres endroitsoù il est question nommément des diacres, I Tim., iii, 8-10; Philip., i, 1, on voit qu’il s’agit non d’un ministèretransitoireet d’origine purement humaine, mais d’uneinstitution plus haute, ayant un caractère définitif et suggéréeaux Apôtres par l’Esprit-Saint. Autrement on nes’expliqueraitbien ni l’importance majeure qu’attachentles Apôtres au choix des sept premiers diacres, ni lapréoccupation visible qu’ils apportent à marquer les conditionsque doivent remplir les futurs élus, ni la solennitédont ils entourent l’institution nouvelle, ni l’énumérationdes rares qualités qu’exige saint Paul de la partdes diacres, ni l’étroite association qu’il établit entre euxet les évêques.

2° Fonctions des diacres. — La Bible n’en mentionneque trois: le service des tables, Act., VI, 2; la prédication, Act., vii, 2-53; viii, 5; l’administration du baptême.Act., viii, 38. Encore la dernière est-elle un faitisolé; et il n’y a que deux exemples bibliques de prédicationou de controverse par des diacres, saint Etienneet le diacre Philippe. Act., viii, 5; vii, 2-53. «Dans lapremière Épître à Timothée, où il est encore parlé d’euxassez longuement, il n’est pas donné de détails bien précissur la nature de leurs fonctions; mais les qualitésque l’Apôtre requiert en eux sont bien celles qui conviennentà des ministres sacrés préposés au soin deschoses extérieures. I Tim., iii, 8-13.» Leurs fonctionsprimitives sont clairement marquées dans les Pères apostoliqueset les apologistes. Voir De Smedt, Organisationdes églises chrétiennes jusqu’au milieu du m" siècle, dans le Congrès scientifique international des catholiques, Paris, 1888, t. ii, p. 297-338.

3° Ordination des diacres. — À l’instar des évêques, ils étaient constitués dans leurs fonctions par une cérémoniequi comprenait deux choses principales: la prièreet l’imposition des mains. Act., vi, 6. Mais une épreuvepréalable était nécessaire. Avant d’être ordonnés, ilsdevaient être jugés «irréprochables, àvéy>n)XTOi 6’vte;».I Tim., iii, 10.

4° Qualités des diacres. — Saint Paul les énumèredanssa première Épitre à Timothée, iii, 8-10, 12. Lesunes, exprimées sous forme négative, exigent surtoutl’absence de défauts qui sont incompatibles avec l’étatecclésiastique. «Que les diacres ne soient pas doublesdans leurs paroles, ni adonnés au viii, ni à la recherched’ungain sordide.» Les autres, exprimées sous formepositive, sont au nombre de quatre: l’honnêteté ou ladignité de la vie en général, o-e^oûc; la connaissance desmystères chrétiens, la pureté de la conscience, et enfinla continence, sinon absolue, du moins relative, qui exclutles secondes noces. L’opinion protestante, qui voit seulementdans ce dernier passage l’exclusion de la bigamiesimultanée, est inadmissible. Voir Bigamie, 1. 1, col. 1792.

Au fond, ce sont les mêmes qualités que demandent lesApôtres pour les sept premiers diacres. Act., vi, 3. Avoir «bon témoignage du public» ou «être irréprochable», c’est tout un. Être «remplis de l’Esprit-Saint et pleinsde sagesse», c’est la même chose qu’avoir «la dignité dela vie et la connaissance des mystères chrétiens dans uneconscience pure». — Yoir Seidl, Der Diakonat in derkathol. Kirche, Ratisbonne, 1884. J. Bei.lamy.

DIADÈME. Voir Couronne.

DIAMANT. Hébreu: sâmîr; Septante: àSaixavrivo; ; Vulgate: adamas, adamantinus.

I. Description. — La première des pierres précieusespar sa rareté et ses qualités exceptionnelles de brillantet de dureté, le diamant (fig. 494) est une substance minérale (du carbone pur) qui cristallise en octaèdre ou en dodé494. — Diamant de l’Afrique du Sud, dans sa gangue.Il’après M. Bauer, Edelsteinkunde, in-8°, Leipzig, 189C, pi. i.

caèdre et en bon nombre de dérivés de ces deux formes.Sa densité moyenne est 3, 5. Il est le plus dur de tousles corps; il coupe le verre, raye et perce tous les autresminéraux. Les diamants les plus estimés sont entièrement blancs; mais on-en trouve aux couleurs les plusdiverses: toutefois un certain éclat particulier ne permetpas de les confondre avec les autres pierres précieusesde la même nuance. Les anciens connaissaient le diamant, Théophraste, De lapid., 19; Pline, H. N., xxxvii, 15; les auteurs grecs et romains l’appellent à8a(», a; , adamas, «indomptable,» à cause de sa dureté. Il faut diretoutefois qu’assez souvent ces auteurs emploient ce nomcomme un terme générique, pour désigner les corps trèsdurs ou un métal excessivement résistant. Hésiode, Theogon., 161, 168; Eschyle, Prometh., 6; Ovide, Métam., vu, 104. (Théophraste est le premier à employer lemot àSâtia? au sens particulier de diamant.) — Les anciens ignoraient la taille du diamant; aussi n’ont-ils passoupçonné l'éclat incomparable que pouvait revêtir cettepierre précieuse. Avec les diamants les plus transparents, à l'état de nature ou obtenus par le frottement, ils ornaient des bagues, des vases de prix. Ils l’utilisaientsurtout pour sa dureté, et s’en servaient pour graver oupercer les gemmes les plus résistantes. Dans leurs descriptions du diamant se mêlent de nombreuses légendessur ses propriétés: en particulier sur l’impossibilité dele brûler en le soumettant au feu le plus intense, etsur sa résistance aux chocs les plus violents. Pline, H. N., xxxvii, 15. Il brûle, au contraire, facilement etest très fragile. Avant la découverte de l’Amérique tousles diamants venaient de l’Inde. Quand Pline, H. N-, xxxv, 15, signale l’Ethiopie comme un des gisem*nts dudiamant, c’est par suite d’une confusion de nom: toutce qu’il dit à ce sujet s’applique à l’Inde. Voir Jannettazet Fontenay, Diamant et pierres précieuses, in-8°, Paris, 1881; Ch. Barbot et Baye, Guide pratique du joaillier, sans date, 4e édit., p. 116 et suiv.

II. Exégèse. — Dieu dit au prophète Ézéchiel, iii, 9: «Je t’ai fait un front dur comme le Sâmîr, qui est plusdur que le rocher;» image marquant qu’il lui donnera laforce de résister invinciblement à ses ennemis. Zacharie, vu, 12, emploie une image semblable: «Les Juifs ontrendu leur cœur dur comme le Sàmir,» c’est-à-dire ontrésisté à toutes les avances divines. Enfin d après Jérémie, xvii, 1, «le péché de Juda est écrit avec un stylet defer et une pointe de Sâmîr.» Dans ces textes il est question d’une pierre excessivement dure, dont on arme lapointe du stylet pour graver ou percer les corps les plusrésistants. Or ces propriétés sont excellemment cellesdu diamant. Le mot sàmir vient d’une racine signifiant «creuser, percer»: il aurait été donné au diamant parcequ’on l’employait pour graver ou percer les corps lesplus durs. Cf. Pline, H. N., xxxvii, 15. «Adamas (lediamant), dit saint Jérôme (Comm. in Zach., vii, t. xxv, col. 1463; cf. Comm. in Amos, col. 1073), est une pierretrès résistante, qui s’appelle samir en hébreu; elle est sidure, qu’aucun métal ne lui résiste, tandis que tous sontimpuissants à la réduire; aussi est-elle appelée indomptable par les Grecs.» La Vulgate traduit aux trois endroitscités le mot sâmîr par adamas, adamantinus. Les Septante omettent le mot dans Ézéchiel, iii, 9, et Zacharie, vu, 12. Quant au passage de Jérémie, xvii, 1, et auxquatre versets suivants, ils sont omis dans le Codex Vaticanus. Mais dans le Codex Alexandrinus, dans l'éditionde Complute, on lit les cinq versets avec l’expression: êvovy^i «èajjiâvTivM. Par contre, les Septante introduisentle mot «diamant» dans un passage d’Amos, vii, 7, 8, oùil est question de iil à plomb dans l’original. Dans deuxmanuscrits cursifs de l’Ecclésiastique, dans l'édition deComplute, le syriaque et l’arabe, il est fait aussi mentiondu diamant au chapitre xvi, 16: «Il (Dieu) a séparé lalumière des ténèbres avec un diamant. s Mais les principaux manuscrits n’ont pas cette addition. — Le texte deJérémie, xvii, 1, signale un usage particulier du Sâmîrqui convient à merveille au diamant; il parle d’un styletde fer armé d’une pointe de diamant, destinée à graverles pierres les plus dures. C’est un emploi bien connudes anciens. Les fragments d’un diamant concassé sont, dit Pline, H. N., xxxvii, 15, «recherchés des graveurs, qui les enchâssent dans du fer, et par ce moyen entamentaisément les substances les plus résistantes.» En cet endroit la Vulgate porte: in ungue adamantino; traduction littérale de be-sippôrén sâmîr. La pointe est appelée «ongle» parce que le stylet en est muni comme le doigtde son ongle, et que par cette pointe il entre dans lescorps durs comme une sorte de griffe ou d’ongle. Enrésumé, les qualités et l’emploi du sâmîr conviennentdonc admirablement au diamant. — Cependant l’identification est loin d'être certaine; car il est douteux que lediamant fût bien connu des Égyptiens et des Assyriens, et par conséquent des Hébreux; et les comparaisons oùil entre dans l'Écriture supposent une pierre assez répandue. D’autre part, les propriétés du sâmîr conviennentégalement à une espèce de corindon, le corindon limpide, le yaqout blanc des Arabes, pierre plus connue, qui est employée dans l’Inde pour graver les corps durs.Selon Teifaschi, Le livre lumineux sur la propriété desgemmes et des pierres royales, cité par Clément Mullet, Essai de minéralogie arabe, p. 41, 45: «Il attaque toutesles autres pierres, comme fait le diamant. On adapte unmorceau de corindon à un foret en fer, puis on opère laperforation, comme on fait sur le bois.» Le même auteursignale un des défauts de cette pierre, le ver. «Le verest une fente qu’on observe dans l’intérieur du corindonet que surmonte certaine portion de la terre du gisem*nt.Souvent on voit dans cette fente un vermisseau, qui s’agiteet qui meurt aussitôt qu’il a été exposé à l’air.» Il estcurieux de rapprocher de ces paroles une ancienne légenderabbinique, d’après laquelle Moïse aurait gravé les pierresdu ralional au moyen d’un ver appelé sàmir. Cholin, c. au; Sota, c. ix; Guttim, c. vi; J. Braun, Vestitus sacerdotum hebræorum, in-8°, 1680, p. 618. D’autre part, on sait que l’émeri est un corindon réduit en poudre, qui sert à polir les métaux et les pierres précieuses. Or le nom grec de ce corindon, σμίρις, et son nom égyptien, [Image à insérer], âsmir, rappellent le šâmîr hébreu d’une façon frappante. Ces raisons permettent de croire que le nom de šâmîr s’applique de préférence à cette espèce de corindon; mais comme il désigne une pierre très dure, il a pu ensuite se donner également au diamant, parce qu’il lui ressemblait pour la dureté et servait aux mêmes usages. C’est ce qui a eu lieu pour le mot adamas.

Quelques auteurs, à la suite d’Aben-Esta et d’Abarbanel, ont voulu identifier la pierre yaḥalôm avec le diamant. Braun, De vest. sacerd., lib. II, c. xiii, p. 688. Mais cette pierre est plutôt une espèce de béryl ou d’aigue-marine orientale, — Voir Pinder, De adamante commentatio antiquaria, in-8° Berlin, 1829; Clément Mullet, Essai de minéralogie arabe, in-8°, Paris, 1868, p. 99-111.

E. Lesveque.

DIANE (grec: Ἄρτεμις; Vulgate: Diana), déesse grecque honorée dans un grand nombre de villes et en particulier à Éphèse.

1o Pendant le séjour que saint Paul fit à Éphèse, dans sa troisième mission apostolique, éclata une émeute, excitée par un orfèvre nommé Démétrius, qui fabriquait des petit* temples de Diane en argent. Cet homme souleva les artisans qui exerçaient le même métier que lui en leur disant que les discours de saint Paul ruineraient leur commerce. Act, xix, 23-27. Voir Démétrius 3, col. 4364. Ce discours remplit les artisans de colère, et ils se mirent à crier en manière de protestation:«Grande est la déesse des Éphésiens!» Toute la villefut remplie de confusion; la foule courut au théâtre ety entraîna Gaius et Aristarque, compagnons de saintPaul. Lui-même voulait se rendre au même endroit,mais des Asiarques de ses amis l’en empêchèrent. VoirAsiarques, t. 1, col. 1091. Un Juif, nommé Alexandre (voirAlexandre 5, t. 1, col. 350), obtint le silence etvoulut défendre ses coreligionnaires; mais sa nationalité fut reconnue, et pendant prés de deux heures on n’entendit que le cri: «Grande est la Diane des Éphésiens!» Enfin le secrétaire de la ville calma le peuple et leur dit: «Éphésiens, qui ignore dans le monde que la ville d’Éphèse est néocore, c’est-à-dire vouée d’une façon particulière au culte de la grande Diane tombée du ciel? Puisque personne ne peut le contester, il faut que vous vous calmiez; car ces gens ne sont ni sacrilèges ni blasphémateurs de la déesse.» Et il congédia l’assemblée, après avoir fait remarquer que si Démétrius et les artisans qui exerçaient le même métier que lui avaient à se plaindre, ils pouvaient s’adresser au proconsul. Act., xix, 28-40.;

2o Le nom de Diane ou plutôt d’Artémis appartient chez les Grecs à plusieurs divinités d’origine et de caractères différents. Ils appelaient ainsi et la déesse de Tauride, à laquelle on offrait des victimes humaines, et la Dictynna des Crétois, et l’Anaïtis des Mèdes et des Perses, et la fille de Latone, sœur d’Apollon, et la grande déesse des Éphésiens et d’autres divinités. P. Decharme, Mythologie de la Grèce antique, 2° édit., in-8°, Paris, 1886, p. 135-148; W.H. Roscher, Ausführlisches Lexicon der Griechischen und Römischen Mythologie, in-8, Leipzig, t. 1, 1884-1886, col. 558-608. La déesse d’Éphèse ne rappelait en rien le type élégant de beauté que les arrières grecs ont donné à la fille de Latone. C’était une statue informe, noircie par le temps, et dont la partie inférieure était couverte d’une sorte de maillot ou de bandelettes qui lui donnaient l’aspect d’une momie égyptienne. Selon Pline l'Ancien, H. N., xvi, 79, elle était en bois de vigne et percée de trous dans lesquels on versait un parfum.Cf. E. Curtius, Ephesos, in-4°, Berlin, 1874, p. 30 et 38. M. Wood, Discoveries at Ephesus, including the site and remains of the great temple of Diana, in-8°, Londres, 1877, p. 75, croit que c’était un aérolithe, qui avait une forme humaine. C’est aussi ce que paraît dire le secrétaire de la ville d’Éphèse dans le discours qu’il adresse à la foule. Act., xix, 45. Le sein de la déesse est couvert de nombreuses mamelles. De là l’épithète de πολύμαστος ou multimammia, que lui donnaient les anciens. S. Jérôme, Præfat. in Epistolam ad Ephesios, t. xxv, col. 414. La tête de la statue est couverte d’une couronne de tours ou d’un boisseau. Voir Boisseau, t. i, col. 1841. Derrière la tête est un disque, qui représente la lune. Sur ses bras rampent des lions. Les bandelettes sont ornées de têtes de taureaux, de griffons ou de béliers, de fleurs et de fruits, symboles de la fécondité. Les pieds apparaissent au bas des bandelettes (fig. 495). Voir 3. T. Wood, Discoveries, p. 266, 269, 270; M. Collignon, Mythologie figurée de la Grèce, in-8°, Paris, 1883, p. 113, fig. 41; Clarac, Musée de sculpture, édit. Salomon Reinach, in-8°, Paris, 1897, pl. 361, 562 B, 563, 1195, 1198 B et C, 1199. Près de la statue se trouvaient souvent des biches. Wood, Discoveries, suscriptions from the great Theater, p. 10, 1. 21. Le nom primitif de la Diane d’Ephèse était Oupis. Callimaque Hymnus ad Dianam, 204; Macrobe, Saturnal., v, 22. D’après la légende, son culte avait été introduit par les Amazones.Pausanias, II, vii, 4; VIII, xi, 1. E. Curtius a démontré qu’elle n’était autre que l’Astarté phénicienne. Die griechische Gôtterlehre von geschichtlichen Standpuncte, in-8°, Berlin, 1875. Cf. G. Perrot, Histoire de l’art antique, t. iii, gr. in-8, Paris, 1885, p. 319.

[Image à insérer]495. — Diane d’Éphèse, Musée de Naples.

Les Éphésiens considéraient Diane-Oupis comme la fondatrice de leur cité, ἀρχηγέτις. Wood, Discoveries, suscriptions from the great Theater, n° 1, col. i. l. 17, p. 4. C’était pour eux la grande déesse, la reine d’Éphèse. Corpus inscriptionum græcarum, n°5 2963 c, 6797; Wood, Discoveries, suscriptions from the great Theater, n° 1, col. i. l. 9-10, p. 2; col. vi, l. 80-81, p. 36; cf. col. iv, l. 48-49, p. 16; col. v, l. 85, p. 24; col. vi, l. 34, p. 30. La piété des Éphésiens à l’égard de leur divinité protectrice est attestée par les inscriptions et les médailles. Wood, Discoveries, Inser. from the gr. Theat., n° 1, col. 11, l. 24-95, p. 6; col. vi, l. 78-79, p. 36; suscriptions from the Temple of Diana, n° 47, p. 19, etc. Nombreuses sont également les médailles où la ville porte le titre de néocore de la déesse. Lebas-Waddington, Voyage archéologique en Asie Mineure, n° 147 b; Mionnet, Description des médailles, Supplément, t. vi, p. 164, n° 561; cf. p.159, n° 524; Revue de numismatique, 1859, pl. xii, n° 4; Wood, 'Discoveries, suscriptions from the great Theater, n° 6, p. 50-52; G. Büchner, De Neocoria, in-8o,

[Image à insérer] 496. — Temple de Diane sur une monnaie d’Éphèse
ΑΥ. ΜΑΡ ΑΥΡ ΑΝΤΩΝΕΙΝΟϹ. Buste de Caracalla lauré, à droite. ꝶ. ΔΙΣ ΝΕΟΚΟΡΩΝ. ΕΦΕΣΙΩΝ. Temple à huit colonnes, au milieu desquelles on voit la statue de la Diane d’Éphèse.

Giessen, 1888, p. 22-24, Ils lui faisaient de nombreuses offrandes et célébraient des fêtes pompeuses en son honneur, en particulier les Artemisia, pendant le mois d’Artemision, qui lui était consacré. Corpus inscript, graecar., n° 2954; Wood, Discoveries, suscript, from the gr. Theat., col. vii, 1. 14-15 et 29, p. 40; Inscript, from the Temple of Diana, n° 17, p. 19. Des redevances étaient assignées pour l’entretien et l’ornementation de la statue, des fondations étaient faites dans le même dessein par des particuliers ou des magistrats. Wood, Discoveries, suscript, from the gr. Theat., n° 1, p. 2; col. iii, l. 15, p. 10; col. iv, l. 39, p. 14; col. vi, l. 46, p. 32, col. vii, l. 30-42, p. 42; cf. col. ii, l. 20-30, p. 6-8. Les jours de fête tous ces trésors étaient portés en procession.

Un temple magnifique était consacré au culte de la déesse. Ce monument, tel qu’il était sous l’empire, est représenté sur un grand nombre de médailles (fig. 496). Il avait huit colonnes de lace et était d’ordre ionique. D’après Pline, H. N., xxxvi, 14, il avait en toutcent vingt-sept colonnes, de soixantepieds romains, c’est à-dire de vingt mètresde haut. Trente-sixd’entre elles étaientornées à la base dehauts-reliefs. Lesinscriptions qu’ellesportent montrentqu’elles avaient étéoffertes par des adorateurs de la déesse.Le temple était bâtisur un marais. Ilavait été élevé auxfrais de l’Asie toutentière, et sa construction avait duré plus de deux siècles, ou même plus de quatre, d’après certains manuscrits. Un grand nombre de rois avaient offert les colonnes. La plate-forme sur laquelle il était bâti avait 137 mètres 40 de long sur 71 mètres 85 de large. Le monument lui-même avait 104 mètres de profondeur sur 50 mètres de façade. Les fouilles ont amené la découverte de trois pavements superposés. Au-dessous du plus bas, on a trouvé une couche de charbon, entre deux couches d’une sorte de béton. Ce sont les couches dont parle Pline, H. N., xxxvi, 14, et qui étaient, selon lui, destinées à garantir l’édifice contre les tremblements de terre. Cf. E. H. Plumptre, St. Paul in Asia Minor, in-16, Londres, sans date, p. 98-99; W..T. Conybeare et J. S. Howson, The Life and Epistles of St. Paul, nouv. édit., in-8°, Londres, 189), p. 419-423.

Les fouilles les plus importantes et les plus fructueuses qui aient été faites à Éphèse ont été dirigées, de 1863 à 1874, par J. T. Wood, et consignées dans le livre cité plus haut: Discoveries, etc. Le temple de Diane avait été plusieurs fois reconstruit. Le premier monument, qui était en marbre de Prion, avait été édifié par l’architecte Chersiphron. Strabon, XIV, I, 22. Toutes les cités grecques d’Asie avaient concouru aux frais de l’édifice. Crésus, roi de Lydie, y avait également contribué. Le travail n’avait pas duré moins de cent vingt-cinq ans, sous la direction d’habiles architectes, notamment de Pœonius. La dédicace du monument fut célébrée par le poète Timothée, contemporain d’Euripide. Peu après, la nuit même où naissait Alexandre le Grand (356 avant J.-C), Érostrate mit le feu au temple. Le roi de Macédoine, après la victoire de Granique, célébra à Éphèse une fête solennelle en l’honneur de la grande déesse, et offrit de reconstruire le temple à ses frais, à condition qu’il y inscrirait son nom. Les Éphésiens refusèrent, et Alexandre dut se contenter de faire diriger les travaux par l'architecte Dinocrate, et d’y placer son portrait peint par Apelles. Strabon, XIV, 1, 23; Pline, H. N., vii, 38. Cet édifice était celui qui subsistait encore au temps de saint Paul. C’était un des chefs-d’œuvre du style ionique.

Le temple de Diane était desservi par de nombreux prêtres. Les inscriptions nous font connaître des grands prêtres, ἀρχιερεῖς. Corpus inscript. graecarum, n°2955; cf. n° 2987, I. 7. Ces grands prêtres portaient aussi le nom d’ἐσσῆναι, c’est-à-dire de rois. Wood, Inscriptions from the great Theater, VI, 1. 56-57. Sous ses ordres: étaient les μεγάβυζοι ou μεγαλόβυζοι, qui étaient eunuques. Strabon, XIV, 1, 23; Pline, H. N., xxxv, 93. Il y avait aussi des devins ou théologiens, θεολόγοι; des chanteurs d’hymnes, ὑμνοδοί; des porteurs de sceptres, σκεπτοῦχοι, Wood, Inscript. from the gr. Theat., p. 22, 1. 61; des purificateurs, καθαρσίοι, l. 84-85; des interprètes d’oracles, θεσμῳδοί, ibid., et des acrobates, ibid., p. 36; cf. col. vii, 1. 13, p. 40; des sacrificateurs,ἐπιθυμίατροι ou ἀκριτοβάται, Corpus inscript. graec., n° 2983;des hérauts sacrés,ἱεροκήρυκες, Corpus inscript. graec.,n° 2982, 2983, 2990;Wood, Inscript,from the Augusteum, vi, 8; descurateurs du temple,etc. Les prêtressesétaient aussi trèsnombreuses; ellesportaient le nom deμελλιέραι ἱέραι ou παριέραι. Corpus inscript. graec. n° 3001-3003. Enfin des femmes, qui portaient le titre de κοσμητεῖραι ou femmes de chambre de la déesse, étaient chargées de prendre soin de la statue, Wood, Inscript. from the city and suburbs., n° 14, p. 36, et des joueuses d’instruments prenaient part aux fêtes. Corpus inscript. graec. n° 2983. Il y avait donc un personnel considérable attaché au temple, et l’on comprend l’émoi de tout ce monde à la pensée que la prédication de saint Paul allait ruiner le culte de la déesse.

De plus, les pèlerins avaient l’habitude d’emporter en souvenir des objets qui leur rappelaient le sanctuaire et la divinité. Les commentateurs ont beaucoup discuté sur la question de savoir quelle était la nature de ces objets. Saint Jean Chrysostome pense qu’il s’agit de petit* coffrets contenant des amulettes, des statues de Diane ou des lettres magiques appelées lettres éphésiennes (voir t. 1, col. 528), qui étaient censées protéger contre les maladies, les dangers et le mauvais sort. Baronius croit qu’il s’agit de statues de Diane enfermées dans des sortes de niches. Cornélius à Lapide, In Act., xix, 24, édit. Vives, t. xvii, p. 357, est d’avis que les objets en question étaient des réductions du temple. Il en donne pour preuve l’emploi du mot ναούς par saint Luc. Les découvertes archéologiques modernes ont jeté une vive lumière sur la question. On a trouvé, en effet, un grand nombre de ces objets, en marbre ou en terre cuite, se rapportant au culte de Cybèle ou d’Artémis. La déesse est représentée dans une niche. Les ναοί d’Éphèse devaient être semblables (fig. 497). E. Curtius, Mitinctiongen des deutschen archâologisch. Institut in Athen, t. ii, 1877, p. 49, pl. iii. Cf. Journal of Hellenic studies, t. iii, 1882, p. 45. C’étaient de véritables petit* sanctuaires, et le mot ναός s’applique très exactement; car le vase est à proprement parler la niche dans laquelle est placée la divinité. Une peinture de Pompéi représente un ναός de ce genre porté par des ναοφοροί. Th. Schreiber, Kulturhis

torischer Bilderallas, in-8°, Leipzig, 1885, pi. xvii, fig. 10; Archâologische Zeilung, t. xxxviii, 1880, p. 1-10, pi. 1 à 4. Cf. W. Ramsay, The Churchin the Roman Empire, in-8°, Londres, 1893, p. 123-129. Les inscriptions, notammentla longue inscription de Salutaris, J. T. Wood, Inscript, from the Gr. Theat., i, col. m-iv, p. 11-25,

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497. — Naos portatif de Cybèle.

D’après E. Curtius, Mitlheilungen, t. ii, 1877, pi. in.

parlent de vaoî en argent et en or, pesant de trois à septlivres, et représentant des figures d’Artémis avec deuxcerfs et d’autres figures emblématiques. On les offrait enex-voto à Artémis, et elles devaient être placées dans letemple. J. T. Wood, On the antiquities of Ephesushaving relation to Christianity, dans les Transactionsof the ^ociety of Biblical Archseology, t. vi, 1878, p. 328.

— Voir pour tout cet article, outre les ouvrages cités, F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertesarchéologiques modernes, 2e édit., in-12, Paris, 1896, p. 273-311. E. Beurlier.

OIBON. Nom de deux villes de Palestine.

1. DIBON (hébreu: Dîbôn; Septante: Aaigiiv, AeSwv, AT, g(iv), ville du pays de Moab. Le prophète Isaïe, xv, 9, parle des «eaux de Dibon.». Il est vrai que d’après le textehébreu et les Septante il emploie ici la forme Dîmôn: «les eaux de Dimon sont pleines de sang;» mais ce n’estqu’en vue d’une paronomase avec dâm, «sang.» La villede Dibon est mentionnée dans les Nombres, xxxiii, 45, 46, comme une des stations des Israélites dans leur marchevers la Terre Promise, après qu’ils eurent contourné lepays de Moab. Peu après elle fut occupée et rebâtie parla tribu de Gad, Num., xxxii, 34, ce qui explique l’originedu nom composé, Dibon [de] Gad; mais cettetribu doit l’avoir cédée aux Rubénites. Jos., xiii, 17; cf.y. 9. Avec Aroer elle était la ville la plus méridionaledu. pays israélite au delà du Jourdain, n’étant qu’à une


lieue et demie de l’Arnon, qui séparait les possessionsisraélites du royaume de Moab.

Dans les temps des prophètes, elle était tombée auxmains des Moabites, avec plusieurs autres villes au nordde l’Arnon. Sur ce point les renseignements bibliques, Is., xv, 2, 9; Jer., xlvhi, 22, sont confirmés par la stèlede Mésa, trouvée dans les ruines mêmes de Dibon. VoirMésa. Ce roi moabite s’y appelle «fils de Kemos Gad, roide Moab, le Dibonite». Il parle ensuite d’une Qarha, oùil érigea une bâmdh (ligne 3); et plus loin il dit avoirbâti à Qarha des murs, des portes, des tours, des prisons

jiifigifls^-’îlp’498. — Ruines de Dibon.

D’après Tristram, The Land of Moab, 1873, p. 138.

et un palais, et y avoir fait creuser des citernes. Il lefortifia encore par un fossé, qu’il fit exécuter par descaptifs israélites (lignes 21-26).

Il y a des savants qui voient dans la première Qarhal’acropole de Dibon, la colline sur laquelle la stèle futtrouvée, et dans la seconde la ville de Qir Moab, leKérak actuel. Voir Sayce, Fresh Light from the ancientMonuments, Londres, 1886, p. 77-81. D’autres rapportentles deux passages à la seule acropole. Et de fait, en considérantle plan des ruines de Dibon dressé par Schick, Zeitschrifl des deutschen Palâslina-Vereins, t. ii, pi. i, il est difficile de ne pas adhérer à cette dernière opinion.La partie nord-ouest de l’ancienne ville y constitue uneforteresse à part, sur une colline entourée de profondesvallées et défendue en outre par des murailles en partiedoubles, avec un fossé taillé dans le roc vif, mais restéinachevé, et une espèce de citadelle dominant la collineinférieure méridionale, qui doit avoir porté la ville primitive.Les citernes aussi, mentionnées par l’inscription, n’y manquent pas. Deux portes, au sud-est et au nordouest, donnaient accès à la forteresse. Même la naturerocailleuse du sol est en rapport avec la signification dunom de Qarha, «endroit glissant ou sans végétation.»

Ces ruines (fig. 498) portent encore le nom de Dibân.Elles se trouvent à environ une demi-lieue à l’ouest de’Arâ’ir (voir Aroer, t. i, col. 1023-1024), et à peu dedistance au nord du profond Ouâdî el-Modjib (voir Arnon, t. i, col. 1020-1023). Nous venons de décrire la collineseptentrionale. C’est là, à l’ouest de la porte du midi, que futdécouverte la fameuse stèle de Mésa (voir Mésa), au milieud’un cercle de pierres que les Bédouins vénéraient comme’une espèce de sanctuaire, marquant le lieu de sépultured’un «prophète». Sur la colline inférieure on ne signaleque des débris sans importance et des citernes. Dans la vallée, à l’orient, il y a un ancien réservoir d’eau et plusieursgrottes. — Tous les débris ont l’air de dater d’une époque

II. — 45

1411

DIBON — DICTIONNAIRES DE LA BIBLE

1412

très reculée. Il n’y a que peu de traces de culture romaine.Cependant Schick y trouva une pierre marquéede deux croix. Et récemment Bliss, Expédition to Moaband Gilead, dans le Pal. Explor. Fund, Quart. Slatement, juillet 1895, p. 227-228, y a exploré une grandecaverne naturelle, appelée Magaret Abu Nathi, où il atrouvé des niches sépulcrales et un sarcophage, et uneautre chambre souterraine, dont les murs étaient bâtisen belles pierres de taille légèrement bossées, et ornésen haut d’une moulure romaine. J. van Kasteren.

2. DIBON, une des villes qui furent habitées par lesJuifs après le retour de la captivité de Babylone. Il Esd., xi, 25. C’est vraisemblablement la ville de Juda appeléeDimona, Jos., XV, 22. Voir Dimona.

    1. DIBON GAD##

DIBON GAD (hébreu: Dibôn Gâd; Aaiêwv râS), station des Israélites se rendant dans la Terre Promise, Num., xxxhi, 45, 46, identique avec Dibon. Voir DlBON 1, col. 1409.

DICTIONNAIRES DE LA BIBLE. Si Ion s’entient à l’étymologie, un dictionnaire est un recueil desmots d’une langue ou des termes d’une science, rangéspar ordre alphabétique et accompagnés de leurs différentessignifications. Il a pour synonymes vocabulaire, glossaire ou lexique. Mais on appelle aussi dictionnairesdes encyclopédies qui contiennent par ordre alphabétiquedes mots ou des matières tous les éléments d’une scienceou d’un art. On a fait au sujet de la Bible des dictionnairesde ces deux sortes: les uns concernent les motsdes langues dans lesquelles les Livres Saints ont été composés; les autres sont des recueils alphabétiques des matériauxde la Bible. Voir Glose III, t. iii, col. 253.

I. Dictionnaires des langues saintes. — On pourraiten distinguer autant d’espèces qu’il y a de langues saintes.Mais comme les mots du chaldéen biblique sont en petitnombre et ont une grande ressemblance avec les termeshébreux, on les a ordinairement réunis à ces derniers.Nous n’avons donc à- parler que: 1° des dictionnaireshébreux et chaldéens de l’Ancien Testament, et 2° desdictionnaires grecs des Septante et du Nouveau Testament.

I. DICTIONNAIRES HÉBREUX ET CHALDÉENS DE L’ANCIEN

testament. — 1° Ces livres, qui sont maintenant d’unemploi universel et qui facilitent tant l’étude de la languehébraïque, sont d’origine relativement récente. Les anciensn’en possédaient pas, et dans tout le cours du moyenâge les chrétiens n’eurent à leur disposition que deuxopuscules de saint Jérôme, le Liber de nominibus hebraiciset le Liber de situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 771-928. Ces opuscules contiennentla série alphabétique des noms propres et des noms delieux de chacun des livres de la Bible. Le premier n’estque l’édition latine d’un glossaire grec, commencé parPhilon et continué par Origène. Le second est la traductiond’un écrit d’Eusèbe de Césarée. Saint Jérôme n’adonc pas fait un travail original. Aussi a-t-il conservédes étymologies singulières et des allégories fantaisistes, qu’il a rejetées et réprouvées dans ses autres ouvrages.Cf. R. Simon, Lettres choisies, 2e édit., Amsterdam, 1730, t. i, p. 301-310. — Les interprétations de saint Jérômeont été retouchées et augmentées dans des glossaireshébreux-latins, hébreux-grecs-latins ou hébreux-français, dont il reste des spécimens du XIIe siècle. Leurs auteursparcouraient les œuvres de Philon et d’Origène et enrichissaientles traités de saint Jérôme de nouvelles explications hébraïques. Cf. A. Darmesteter, Glosses et glossaireshébreux-français du moyen âge, dans Reliquesscientifiques, Paris, 1890, t. i, p. 165. —Au xm «siècle, les docteurs de l’Université de Paris refondirent les interprétationshébraïques de saint Jérôme. Au lieu de les laisserdisposées livre par livre, ils les rangèrent dans l’ordre

alphabétique. Ils y ajoutèrent des «glosses i>, extraitesdes deux opuscules de saint Jérôme, De aliquot Palsestinm.locis et Liber hebraicarum qusestionum in Genesim, t. XXIII, col. 929-1010, ou des Qusestiones hebraicœin libros Begum et Paraliponienon, ibid., col. 1329-1402, faussem*nt attribuées au saint docteur. Cette compilationest faite sans ordre et sans critique; elle reproduit mêmeles explications que saint Jérôme avait rejetées. Cf. S. Berger, Quam notitiam linguse hebraicse habuerint c.hristianimedii sévi temporibus in Gallia, Paris, 1893, p. 1-4, 16-25.

2° Les premiers lexiques hébreux proprement ditsfurent l’œuvre des docteurs juifs du Xe siècle. On trouve, il est vrai, dans les Talmuds les rudiments de la lexicographiehébraïque, puisque les rabbins y comparaientl’hébreu aux autres dialectes sémitiques. Mais l’histoiredes véritables lexiques s’identifie avec celle de la grammaire.Or les premières études grammaticales régulièreschez les Juifs furent faites par les caraïtes, qui s’attachaientau texte biblique seul (voir col. 242-245), et ellessont dues à l’influence des Arabes. On ne peut affirmeravec certitude que l’ordonnance alphabétique du lexiquehébreu soit une imitation arabe; cependant les docteursjuifs citent le dictionnaire arabe Kitàb el-’Aïn. Les docteurscaraïtes avaient fait plusieurs lexiques sous le nomde Igaron, «Collection de mots.» Nous manquons derenseignements sur la nature et la disposition des premierslexiques hébreux. Quoique la date de leur publicationne soit pas certaine, ils sont du Xe siècle et presquecontemporains. Le plus ancien est celui de Rabbi Saadiaha-Gaon. Il était écrit en hébreu, et il a dû être perdude très bonne heure, ou du moins il n’est pas parvenuen Espagne, où il n’est cité que par ouï-dire et sous destitres différents: Tanns nsD ou rnana. Quatre autreslexiques ont été composés en arabe. Le premier, dontM. Neubauer a découvert un manuscrit dans la synagoguecaraïte de Jérusalem (bibliothèque Bodléienned’Oxford, Opp. add., fol. 25), est de R. David ben Abraham, de Fez. Ce manuscrit a 360 folios, écrits eh beauxcaractères hébreux carrés. L’ouvrage, précédé d’une introduction, est divisé en deux parties, dont la première vajusqu’au > inclusivement, et la seconde du; au n. C’estun vaste commentaire, comprenant des explications degenres très différents, et en particulier la significationgéographique et ethnographique de beaucoup de nomspropres de la Bible. L’auteur n’admet que des racinesd’une seule lettre; il suit l’ordre alphabétique des racines, excepté pour les noms propres. Trois autres lexicographesarabes ne nous sont connus que par la mention qu’en alaite Aben-Ezra. Ce sont: 1. un grammairien anonymede Jérusalem, v qui admettait des racines de deux lettreset dont le dictionnaire était intitulé Al-Mouschtamil; 2. Dounasch ben Tamim ou Adomim, en arabe AUSchefalghi, né à Kairouan, qui comparait l’hébreu aux autreslangues; 3, Jehouda ben Koreïsch, de Tàhort, en Barbarie, dont l’œuvre était très considérable.

Ces lexiques, écrits en arabe, ne pouvaient servir auxJuifs qui vivaient en dehors des pays musulmans. Dansles contrées où l’arabe n’était pas parlé, les Juifs avaientdeux dictionnaires, composés en hébreu: celui deMena’hem ben Sarouk, intitulé nruD rnana, et celui deDounasch ben Labrat, intitulé ûm rvuwn. Ils ont étéédités à Londres, en 1856, par Filipowski. Menahem étaitEspagnol et reconnaissait des racines bilittères. Souschaque racine il indique d’abord ses significations diverses, puis il les explique par un autre mot, ou bienil cite seulement les passages bibliques correspondants.Dounasch avait déjà quelque notion dij système trilittèredes racines hébraïques. Un caraïte, Abou Saïd Hal-leviben Al -’Hassan al-Baçri, abrégea le grand dictionnairede David ben Abraham. — Abou Zacarya Ya’hya benDaoud ou Yehouda’Hadjoudj, né à Fer, mais habitantCordoue, fut le chef d’une nouvelle école et développa

le premier le système trilittère des racines hébraïques.Il a adopté les principes des grammairiens arabes, et ilcomplétait’par un noun ou par les quiescentes les lettresqui manquaient dans les mots de deux consonnes. — EnOrient, R. Haya Gaon, fils de Scherira, composa en arabeun dictionnaire hébreu, intitulé» ]DND, «Compilateur.»

Les mots y sont rangés suivant l’ordre alphabétique de ladernière radicale. On ne peut établir si ce rabbin connaissaitle système trilittère. — Au XIe siècle, lbn-Djanaljperfectionna le système de’Hadjoudj. Son œuvre complète, qui a été publiée par Ad. Neubauer, in-4°, Oxford, 1875, est intitulée Kitâb al-tan’qih, «Livre d’examen,» et comprend deux parties. La première est une grammaire; la seconde, qui est le dictionnaire, a pour titreKitâb al-ousoûl, «Livre des racines.» Sous chaque racineon trouve ses différents dérivés, verbes, substantifs, etc.Les racines sont disposées alphabétiquement, et le dictionnaireest divisé en 22 chapitres. Il est très ample etcompare l’hébreu avec l’arabe. Il a été traduit deux foisen hébreu, et il est cité souvent par Gesenius. S. Munk, Notice sur Abou’l-Walid Menvan Ibn-Djana’h et surquelques autres grammairiens hébreux du x* et duxi* siècle, dans le Journal asiatique, 1850, 4e série, t. xv, p. 297-337, et t. xvi, p. 5-50, 201-247 et 353-427.

D’après Aben-Ezra, Abou Ibrahim Yiç’hak ben Baroun, de Cordoue, a fait un dictionnaire semblable à celui deKoreïsch, et intitulé «La balancé». L’hébreu y était comparéà l’arabe, au syriaque, au berbère et au latin. Lecaraïte Ali ben Soleïman a abrégé l’œuvre de David benAbraham, d’après le résumé d’Abou-Saïd. — SalomonPar’hon, de Kal’ah, a fait en hébreu, à Salerne, à l’usagedes Juifs napolitains, qui ne pouvaient consulter les dictionnairesarabes et n’avaient à leur disposition que lerecueil de Menahem, un extrait du dictionnaire d’Ibn-Djanalj.Il y a ajouté des explications d’autres commentateurs.Son ^=n7n mana a été publié en 1844, par Sal.Gottl. Stern.

Un dictionnaire hébreu éclipsa celui d’Ibn-Djanah; ilest l’œuvre de David Kimchi, de Narbonne, et il parut versl’an 1200. Son Y-on, «Perfection,» a été regardé pendanttout le moyen âge comme le chef-d’œuvre de laphilologie juive. Il comprend une grammaire et un dictionnaire.Celui-ci est connu ordinairement sous le nomde o>tfi!?, «Racines.» Il fut imprimé deux fois àNaples, en 1490 et 1491; deux fois à Constantinople, en 1513et 1530; trois fois à Venise, en 1529, 1545 et 1547, toujoursin-folio! Elias Lévite a joint des notes à l’éditionde 1545. Robert Etienne l’a publiée à Paris, en 1548: Thésaurus lingux sanctx ex R. David Kimchi contrattioret emendalior. Tous les chrétiens qui ont étudié lalangue hébraïque se sont servis des travaux de Kimchi, qui ont exercé sur l’exégèse une influence considérable.Histoire littéraire de la France, Paris, t. xvi, 1824, p. 363-365, et t. xxvii, 1877, p. 483.

D’autres lexiques hébreux parurent en arabe, en français, en italien et en allemand. Ce sont de simples vocabulaires, qui ne sont guère que la répétition ou l’abrégédes précédents. Il existe à la Bibliothèque Nationale deParis, ancien fonds 485 et 486, un dictionnaire hébreuprovençalet un dictionnaire hébreu-français. Le manuscritIV, 1, de la Bibliothèque de Turin renferme un lexiqueet une grammaire intitulés inp r>73, «Source sainte.» L’arrangement du lexique a un caractère particulier: lesmots hébreux que l’auteur explique en français se trouventrégulièrement avec la phrase biblique dans laquelle ilsfigurent. Le lexique est ordonné alphabétiquement, etl’explication en français est tantôt à droite, tantôt é gauche.Histoire littéraire de la France, t. xxvii, p. 487-488.Un spécimen a été reproduit par Ad. Neubauer, Rapportsur une mission dans le midi de la France et en Italie, dans les Archives des missions scientifiques et littéraires, Paris, 3 «série, t. i, 1873, p. 559-561. Le manuscrit n° 6

de Lyon contient une sorte de dictionnaire hébreu-latinet latin - hébreu avec une table des abréviations en usagechez les commentateurs de la Bible, composé par FrançoisBouton. Ad. Neubauer, Rapport, dans les Archivesdes missions, ibid., p. 564.

Joseph ben David Ha-Yevani, c’est-à-dire le Grec, estl’auteur du Menorath hamaor, dont des extraits ont étépubliés par Dukes, dans le journal Der Orient, 1847, p. 486. Son ouvrage est une belle compilation des lexiqueset des commentaires. Il en existe à la Bibliothèque d’Oxfordun manuscrit incomplet, qui ne va que jusqu’aumilieu du n. Moïse han-Naqdan, de Londres, a composéun lexique intitulé Drwn nsD, «Livre de la pierre précieuse,» dont on possède un manuscrit à Oxford. Histoirelittéraire de la France, t. xxvii, p. 484-487. Nousavons du savant logicien David ben Kaspi (1330) un dictionnairelogique, qui a pour titre *]D3 rmw "iw, «Chaînettesd’argent.» Selon lui, chaque racine n’a qu’unesignification principale, dont les autres ne sont que desparties ou des dérivations. Ce plan conduit l’auteur à desinterprétations minutieuses. Des extraits ont paru dansDer Orient, 1847, p. 482. Sur la fin du xv «siècle, Sa’adyahben Danân, fils de Maïmoun, écrivit en arabe un dictionnairehébraïque qui a une certaine originalité. Les articlessont très courts et paraissent être une compilation deslexiques précédents. On y remarque des explications ingénieuses.Cf. Ad. Neubauer, Notice sur la lexicographiehébraïque, avec des remarques sur quelques grammairespostérieures à Ibn-Djanàh, dans le Journal asiatique, 5° série, t. xviii, 1861, p. 441-476; t. xix, 1862, p. 47-81, et t. xx, 1862, p. 201-267.

3° Vers la fin du xve siècle et au commencementdu xvie, sous la double influence de la Renaissance et dela Réforme, les chrétiens, catholiques et protestants, étudièrentavec zèle la langue hébraïque. Ils se mirent naturellementà l’école des rabbins, et leurs premiers travauxsont fortement empreints de l’esprit de leurs maîtres.Leur science est toute rabbinique. Les deux premierslivres De rudimentis hebraicis, in-4°, Pforzheim, 1506, de Jean Reuchlin, sont un lexique, dont Sébastien Munstera donné une édition séparée, Dictionarium hébraicum, in-f", Bâle, 1537. — Un Juif converti, Alphonsede Zamora, composa le Lexicon hebraicum de la Polyglotted’Alcala, 1517, qui fut publié à part sous le titrede Vocabularium brève omnium fere primitivorumhebraicorum, in-4°, Alcala, 1526. Voir t. i, col. 420.

— Sébastien Munster rédigea un Dictionarium hebraicum, in-8°, Bâle, 1523. Une deuxième édition beaucoupaugmentée parut au même lieu et dans le mêmeformat, en 1525; elle fut reproduite en 1535, 1539, 1548 et 1564. Signalons encore son Dictionarium trilingue, latinum, grsecum et hebraicum, in-f% Bâle, 1530, 1543 et 1562. — Le dominicain Santé Pagnino publia

WTjîn jWS lïiN, hoc est, Thésaurus linguse sanctx, sive

lexicon hebraicum, in-f", Lyon, 1529 et 1536, d’aprèsKimchi. Cet ouvrage fut mis en ordre et augmenté parJean Mercier, Antoine Chevallier et Bonaventure-CorneilleBertram, in-f°, Lyon, 1575, 1577, et Genève, 1614. Il futaussi abrégé, Thésaurus linguse sanctx contractus etexcerptus ex David Kimchi, in-4°, Paris, 1548. F. Raphalengius(Ravlenghien) revit et corrigea cet abrégé et l’adjoignità la Polyglotte d’Anvers, in-f°, 1572. Cet Epitomethesauri lingux sanctx fut plusieurs fois réimprimé àpart, in-8°, Anvers, 1572, 1578, 1588, 1609 et 1616; Leyde, 1599. — André Placus fit un Lexicon biblicum, id est, grxcarum, hebraicarum et aliarum peregrinarum dictionumqux in sacris Litleris habeniur interpretatio, in-f», Cologne, 1536, 1543 et 1553.

Nous retrouvons des rabbins. Anschef est l’auteur duMirkébéf hammiméh, Le second char. Voir t. i, col.656. — Elias Lévite composa cnaT rnnif, id est, Nominarerum, traduit par Paul fa*ge, in-4°, 1542. Jean Drusius

le rangea par ordre alphabétique et y ajouta les motsgrecs, Nomenclator Elise Levitse in ordine alphabeticoredactus et grsecis vocibus auctus, in-8°, Franeker, 1652et 1681. — Jean Forster, élève de Reuchlin, s’écarta desrabbins: Dictionarium hebraicum novum, non ex rabbinorumcommentis, nec nostratium doctorum stultaimitatione descriptum, sed ex ipsis thesauris S. Bibliorumdepromptum, in-f», Bàle, 1557 et 1561. — AntoineReuchlin donna Lexicon hebraicse linguse, in quo singulacapita concordantiarum in linguam latinam conversasunt, in-f», Bàle, 1556, et in-8°, 1569. — Jean Avenariusavait les mêmes principes que Forster et étudiait lesmots de l’hébreu par une étude directe et sans recourirà la tradition rabbinique: Liber radicum, sive Lexiconhebraicum in quo omnium vocabulorum biblicorumproprise et cerise reddunlur significationes, in-f°, Wittemberg, 1568 et 1589. Voir t. i, col. 1288. — LucOsiander publia Dictionarium hebraicume concordantiisab Ant. Reuchlino lalinilate donatis, in-8°, Bâle, 1579. — François Junius fit, en 1586, un Lexicon hebraicum.

Un médecin juif, David de Pomis, est l’auteur d’ungrand dictionnaire biblique et talmudique; il donne lasignification des mots dans les trois langues, latine, italienneet hébraïque vulgaire. L’ouvrage est intitulé ncïTn, id est, germen Davidis. — Marc Marini, de Brescia, fit ru nan, id est, Arca Noë. Thésaurus linguse sanctsenovus, seu Lexicon hebrœo-latinum amplissimum, in-f°, Venise, 1593. — Nous avons de Fauste Veranius, Dictionariumlinguse sanctse, in-4°, Venise, 1595, et d’Élie Hutter, Cubus alphabeticus linguse sanctse, in-f», Hambourg, 1586, 1598; in-32, 1603. — Avec Jean Buxtorf le père, lascience rabbinique est mise en honneur: Epitome radicumhebraicarum, in-12, Bâle, 1600 et 1607; Lexiconhebraicum et chaldaicum cum brevi lexico rabbinico, in-8°, Bàle, 1607, 1615, 1621, 1631, 1645, 1655, 1663, 1667, 1689, 1698; Amsterdam, 1655; Bàle, 1710, 1735; Rome, 1845; Manuale hebraicum et chaldaicum, in-12, Bàle, 1602; 6e édit., 1658. Voir t. i, col. 1981. — Contentons-nousd’indiquer Te Dictionnaire hébreu-anglais deSimon Sturtevant, in-8°, Londres, 1602; — Jules ConradOtto, Usus Ebrsese linguse. vel expositio mystica omniumvocum hebraicarum Veleris Testamenti, Nuremberg, 1604; — Joseph Barbatus, Spéculum hebraicum, radiéeshebraicse, in-f°, Louvain, 1615; — Léon de Modène, Novo Dittionario hebraico et italiano, cioe dechiarationedi tutte le voci hebraiche piu difficili délie Scritturehebree nella volgar lingua italiana, in-4°, Venise, 1612; Padoue, 1640. Cf. Richard Simon, Lettres choisies, 2e édit., Amsterdam, 1730, t. i, p. 225-232. — George Cruciger, Harmonia linguarum 1 V cardinalium, hebraicse, grsecse, latinse et germanicse, in-f°, Francfort, 1616; —Marius a Calasio, Dictionarium hebraicum, in-4°, Rome, 1617; Cologne, 1640 (en italien; voir col. 55); — JeanMeelfuhrer, Manuale lexici hebraici, in-8°, Leipzig, 1617et 1657, dont la méthode diffère de celle des autres dictionnaires; — Philippe d’Aquin, juif converti, Primigeniœvoces seu radiées brèves linguse sanctse, cum thematuminvestiganda ratione, in-16, Paris, 1620; rvmyDn "Vud, «Celui qui dispose en ordre,» in-f°, Paris, 1629 (voir letitre complet, t. i, col. 813); — Christian Helvicus, LexiconEbrseo-didaclicum, in-4°, Giessen, 1621; — GrégoireFrancus, Harmonia quinque linguai~um hebraicse, grsecse, latinse, germanicse et gallicse, Francfortsur l’Oder, 1623; — Sébastien Curtius, Radiées linguse hebraicse, in-4°, Geismar, 1629, 1645, 1649; Cassell, 1648;

— Jean-Baptiste Martignac, Silva radicum hebraicarum, de Nicolas Riqueil, in-8°, Paris, 1622; — AntoineJordin, Radiées linguse hebraicse, seu Primigenise hebraismivoces centenis versuum decadibus comprehensm, in-8°, Lyon, 1624; Cologne, 1630; — -Jean Seger, Lexiconquadrilingue orthographicum, cognatas vocabulorumanalogias ac differentias in lingua hebraica, grseca,

latina et germanica exhibens, in-8°, Leipzig, 1625; —D. Schwenter, Manipulus linguse sanctse, seu Lexicon hebraicumad formam Cubi Hutteriani, in-18, Nuremberg, 1628, 1638; Leipzig, 1668; — Nicolas Petrseus, Nomenclatorhebraicus, in-8°, Copenhague, 1629, 1633; — ZacharieRosenbach, M oses omniscius, seu omniseientia mosaïcaexhibens supra 7000 Veteris Testamenti voces hebraicassecundum locos communes dispositas, in-4°, Francfort, 1633; — Jean Plantavit de la Pause, JS5 jru, id est, Plantavitis, Thésaurus synnnymicus hebraico-chaldaico-rabbinicus, in-f», Lodève, 1644; — Thomas Bang, Hermès etPanHebraicus, quo vivum absoluti hebraici lexicographiexemplar proponitur, in-4°, Copenhague, 1651. — EdouardLeigh est l’auteur de Critica sacra, or Philological andtheological Observations upon ail the Hebrew words ofthe Old and of the Greek of the New Testament in orderalphabetical, 2 in-4°, Londres, 1641-1646; in-f», 1650; avec un supplément, 1662. Henri de Middoch a traduitcet ouvrage en latin, Critica sacra, id est, Observationesin omnes radiées vel primitivas voces Hebrseas VeterisTestamenti juxta ordinem alphabeticum, etc., in-f», Amsterdam, 1678, 1688, 1696; in-4°, Leipzig, 1096; Gotha1701, 1707 et 1735. Louis de Wolzogue l’a traduit enfrançais, Dictionnaire de la langue sainte, in-4°, Amsterdam, 1703 et 1712; Migne l’a réédité à la suite duDictionnaire universel de Huré, in-4°, Paris, 1846, t. iv, col. 503-1104.

4° Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les étudeshébraïques devinrent plus indépendantes des rabbins; elles portèrent plutôt sur la structure grammaticale del’hébreu et sur sa comparaison avec les autres dialectessémitiques. Le changement de direction fut dû en partieaux dictionnaires polyglottes. Valentin Schindler avaitouvert la voie, Lexicon pentaglotton, in-f», Hanovre, 1612 et 1649; Guillaume Alabaster en fit un abrégé, in-f°, Londres, 1635. Voir t. i, col. 330. — Jean Ernest Gerhard, Enchiridion lexici pentaglotti harmonia linguarumhebraicse, chaldaicse, syrse, arabicm et ethiopicse, in-4°, Erfurt, 1647; — Guillaume Schickard, Harmonia perpétualinguarum Orientalium, hebrsese, chaldaicse, syrse, arabicse, ethiopicse, in-4°, Iéna, 1647; in-8°, Leipzig, 1678; — Jean Henri Holtinger, Lexicon heptaglotton, in-4°, Heidelberg, 1657; Francfort, 1661; — Jean Cocceius, Lexicon et commentarius sermonis hebraici et chaldaiciVeteris Testamenti hebraice, in-f», Amsterdam, 1669( voir col. 816); — Edmond Castell, Lexicon heptaglotton, hebraicum, chaldaicum, syriacum, samaritanum, sethiopicum, arabicum conjunclim et persicum, separalim, 2 in-f», Londres, 1669. La méthode comparativeest appliquée dans ce dernier lexique avec une remarquablefermeté.

Elle est appliquée aussi, mais à des degrés différents, dans la plupart des dictionnaires suivants: André Sennert, Compendium lexici Ebrxi plenioris concinnatum ex concordantiisJ. Buxtorfii, in-4°, Wittemberg, 1663; — JeanLeusden, Compendium biblicum continens S 389 versiculosVeteris Testamenti, in quibus omnes voces tamhebraice quant chaldaice cum interprelalione latinainveniuntur, in-8°, Utrecht, 1673; in-12, 1680, etc.; Clavis hebraica et philologica Veteris Testamenti, in-4°, Utrecht, 1683, 1686; Lexicon novum hebrseo-latinum admodum lexici Schreveliani grseci compositum, in-8°, Utrecht, 1687; — Antoine Hulsius, 13Tn nama, seu Compendiumlexici hebraici, Compendio biblico Leusdano subjunctum, continens sub 1 900 radicibus hebrseis voceslatinas 3268 quibus constat universus Veteris Testamentitexlus, Leyde, 1673; edit. 4°, in-32, Utrecht, 1679, 1683; Nomenclator biblicus hebrseo-latinus, in-8°, Brède, 1650; Scrùtinium mémorise, sive radiceslinguse hebraicse, in-12, Brède. — Jean Bagwh et André Simson achevèrentun Dictionnaire anglais de tous les mots de l’Ancien etdu Nouveau Testament, qu’avait commencé Thomas Wilson, et le publièrent, in-f», Londres, 1678; — Salomon di

Oliveyra fit un lexique hébreu-chaldeenportugais, intitulén» n y?; — Guillaume Robertson, w-npn fro^ isix,

Thésaurus lingux sanctx, compendiose scilicet contractas, plane tamen reseratus pleneque explicatus, siveConcordantiale lexicon hebrxo-latino-biblicum, 2 in-4°, Londres, 1686 (ce dictionnaire est fait d’après les Concordancesde Buxtorf); — Henri Opitz, Lexicon hebrseo-chaldseo- biblicum, in-4°, Leipzig, 1692; Hambourg, 1705et 1714; — Christian Louis, Hebraismus, chaldaismus etsyriasmus ad harmoniam et in compendium redacti, in-4°, Leipzig, 1696; — Christian Henning, Clavis lingusehebraicse, in-12, Francfort et Leipzig, 1697; — GaspardNeumann, Exodus lingux sanctse Veteris Testamenti excaptivitate Babylonica tentatus a Lexico etymologicohebrseo-biblico, in-4°, Nuremberg, 1697-1700; — LouisThomassin, Glossarium universale hebraicum, quod adhebraicse linguse fontes linguse et dialecti pêne omnesrevocantur, in-f°, Paris, 1697; — George Christian Burklin, Lexicon hebraico-mnemonicum cum radicibus, in-4°, Francfort-sur-le-Mein, 1699; — Jacques Gousset, Commentantlinguse ebraicm instar annotationum ad ManualeBuxtorfti, in-f", Amsterdam, 1702; 2e édit. par Clodius, in-4°, Leipzig, 1742; — Paul Martin Alberti, Porta lingusesanctx, hoc est, Lexicon novum hebrseo-latino-biblicum, in-4°, 1704 (voir 1. 1, col. 337); — Théodore Dassov, Lexiconhebrxum eniphaticum, in-f°, 1705; — Joachim Lange, Clavis Ebrsei codicis, in-8°, Halle, 1707; — Christian Reinecke, Lexicon hebrseo-chaldxum, in-8°, Leipzig, 1707; Janua hebrsex lingux Veteris Testamenti, in-12, Leipzig, 1756; — Jean Heeser, Tiiin p, id est, Lapis adjutorii, Lexici philologici hebrxo-chaldeo-sacri pars ï a continensNe/ 2; in-4°, 1716; — Christian Stock, Clavis lingusesanctse Veteris Testamenti, in-4°, léna, 1717; — domPierre Guarin, Lexicon hebraicum et chaldseo-biblicum, 2 in-4°, Paris, 1746, achevé par dom Nicolas Le Tournois, Philibert Girardet et Jacques Martin; — Houbigant, Racines hébraïques, versifiées sur le modèle des Racinesgrecques, in-8°, Paris, 1732 (Joubert, prêtre de Saint-Sulpice, a fait un travail semblable dont le manuscritinédit est conservé à la bibliothèque du séminaire de Saint-Sulpice); — Antoine Zanolini, Lexicon hebraicum, in-4°, Padoue, 1732; — Ferdinand Reisner, jésuite, Lexiconeruditionis hebraicse ad sacram paginam pro dignitatetractandam theologis, concionatoribus, ascetis opportunum, in-8°, Augsbourg, 1777 (extrait de Zanolini);

— Didace Quadros, jésuite, Enrichidion, seu Manualehebraicum ad usum regii seminarii Matritensis, in-4°, Rome, 1733; — Jean Bouget, Lexicon hebraico-chaldaicobiblicurn, 3 in-f", Rome, 1737 (ouvrage estimé); — FrançoisHaselbauer, jésuite, Lexicon hebraico - chaldaicumuna cum abbreviaturis in libris et scriptis Judxorumpassim occurrentibus, in-f, Prague, 1743; HebrâischteuschesWôrterbuch zum Nutzen derjenigen welcheohne die lateinische Sprache die hebrâische erlernenwollen, in-12, Dantzig, 1743. — Les particules avaient étéréunies par Jean Michælis, Lexicon particularum hebraicarum, in-8°, Francfort, 1689, et par Christ.Kœrber, Lexicon particularum hebrœarum, in-8°, léna, 1712.

5° À partir du milieu du XVIIIe siècle, l’étude philologiqueet rationnelle de l’hébreu influa sur la lexicographie, et les lexiques hébraïques furent dès lors rédigésd’après des procédés plus scientifiques. — 1. Jean Simonis, Lexicon manuale hebraicum et chaldaicum in quoomnium textus Veteris Testamenti vocabulorum hebraicorumet chaldaicorum significatus explicatur, in-8°, Amsterdam, 1757. Il a été corrigé et réimprimé par Eichhorn.— Plus tard, Wineren a fait une œuvre nouvelle, en la refondant d’après les travaux de Gesenius, 4e édit., Leipzig, 1828. — Ignace Weitenauer, jésuite, Hierolexiconlinguarum orientalium, hebraicx, chaldaicse et syriacse, in-8°, Augsbourg, 1750. — Un rabbin allemand, Muselli,

publia avec le P. Jean Marie de Saint -Joseph, carmedéchaussé, Lexicon hebraico-chaldaico-latino-biblicum, opus observationibus grammatico - Cfiticis conflatum, 2 in-f», Avignon, 1765. — Joseph Montaldi, dominicain, Lexicon hebraicum et chaldseo-biblicum, 4 in-4°, Rome, 1784. — J. D. Michælis, Supplementa ad lexica hebraica, in-4°, Gœttingue, 1785-1792. — Dn Lexicon hebraicumcontractum parut in-8°, Avignon, 1822. — Signalonschez les Juifs: Isaac ha-Lévi, dit Satanow, auteur d’undictionnaire hébreu-allemand, non nstf; Benzew, auteurd’un bon dictionnaire hébreu - allemand, D’unwn ixin; Marchand-Ennery, nnay nstf y >Sd, Dictionnaire hébreufrançais, in-8°, Nancy, 1827, pour les écoles juives.

L’ouvrage de Guillaume Gesenius, Hebrâisches undChàldaisches Handworterbuch ûber das Alte Testament, 2 vol., Leipzig, 1812, a eu un légitime succès et a étésouvent réimprimé. La 12e édition, revisée par A. Socin, II. Zimmern et F. Buhl, a paru in-8°, Leipzig, 1895. LeManuel a eu de nombreuses traductions. La l re et la2 8 éditions ont été traduites en anglais par J. W. Gibbs, in-8°, Andover, 1824, et par Christophe Léo, 2 in-4°, Cambridge, 1825. La 9e édition, revue par Mûhlau etVolck, in-8°, Leipzig, a été traduite en anglais d’abordpar Edouard Robinson, Boston, 1836, revue en 1854, etparvenue à sa 20e édition en 1872; puis par Samuel PrideauxTregelles, Londres, 1847 et 1857. L’abbé J.-B. Glaireen fit un abrégé qu’il disposa suivant l’ordre des racines, Lexicon manuale hebraicum et chaldaicum, in-8°, Paris, 1830; 2e édit. corrigée, 1843. Gesenius lui-même traduisiten latin la 3e édition allemande, Lexicon manuale hebraicumet chaldaicum in Veteris Testamenti libros, 1833, 2e édit. revue par A. Th. Hoffmann, in-8°, Leipzig, 1847.La première édition latine fut encore traduite en anglaispar Edouard Robinson, in-8°, New-York, 1843. L’ancienrabbin P. Drach l’a enrichie de notes et en a retranché lesinterprétations rationalistes, notamment dans les passagesmessianiques, Catholicum lexicon hebraicum et chaldaicumin Veteris Testamenti libros, iu-4°, Paris, 1859.(Migne a ajouté à cette édition le Lexicon hebraico-latinum, cui accessit appendix dictionum chaldaicarumqux in Veteris Testamenti leguntur, 1860, de l’abbéJ. du Verdier.) Mais Gesenius a publié un dictionnairehébreu plus complet et plus savant, Thésaurus philologicuscrilicus lingux hebrxx et chaldxse Veteris Testamenti, 3 in-4°, Leipzig, 1829-1853, qui a été achevé parRœdiger. On a reproché à Gesenius d’avoir exagéré lesrapprochements entre l’hébreu et l’arabe, et d’avoir cherchédans cette dernière langue Pétymologie de la plupartdes mots hébraïques. — E. F. Leopold suivit "Winer et publiaLexicon hebraicum et chaldaicum in libros VeterisTestamenti ordine etymologico compositum in usumscholarum, in-18, 1832; souvent réimprimé. — Jean FrédéricSchroeder utilisa les travaux de Gesenius, Novascriptorum Veteris Testamenti sacrorum Janua, id est, Vocum hebraicarum explicatio, cui notée, ad GeseniiEwaldique grammaticas spectantes, alixque adnotationes, sensutn locorumdifficiliorum eruendo servientes, sunt adjectæ, 3 in-8°, Leipzig, 1834-1835.

Autres dictionnaires hébreux - allemands: J. Fûrst, Hebrâisches und Chàldaisches Handworterbuch ûberdas Alte Testament, 2 in-8°, Leipzig, 1857-1860; 3e éditioncomplétée par V. Ryssel, 1876; 4e édit., 1892. Traductionanglaise par Samuel Davidson, Leipzig, 1865, 1866; 4e édit., 1871. Ce vocabulaire est regardé commeinférieur à celui de Gesenius, à cause des théories philologiquesde l’auteur. — E. Meier, Hebrâisches WurzeUwôrterbuch, etc., in-8°, Manheim, 1845. — David Cassel, Hebrâisch-deutsches Wôrterbuch, etc., in-8°, Breslau, 4e édit., 1889; 5e édit., 1891. — C. Siegfrid et B. Stade, Hebrâisches Wôrterbuch zum Alten Testamente, in-8°, Leipzig, 1893. — H. Strack, Hebrâisches Vocabular furAnfânger, 4e édit., Berlin, 1894. — M. Schulbaum, Neues, vollstândiges deutschhebrâisches Wôiteibuch

mit Berucksichtigung der talmudischen und neuhebrâischenLiteratur, Lemberg, 1881.

2. Dictionnaires hébreux - anglais. — J. Bâte, CriticaHebrsea, or a Hebrew -English Dirtionary. Voirt. i, col. 1505. — J. Andrew, Hebrew Dictionary, in-8°, Londres, 1823. Voir t. i, col. 565. — J. L. Potter, EnglishHebrew Lexicon; Index lo Gesenius HebrewLexicon, Boston, 1872. — Bagster, Pocket Hebreiv-EnglishLexicon, containing ail the Hebrew and Chaldeewords in the Old Testament, Londres, sans date. —B. Davidson, The analylical Hebrew Lexicon, Londres.Chaque mot de l’Ancien Testament est analysé et ramenéà sa conjugaison propre, à sa forme primitive ou à saracine, de sorte que toutes les difficultés grammaticalessont résolues. — B. Davies, Compendious and ComplèteHebrew and Chaldee Lexicon to the Old Testament; with EnglishHebrew Index revised, réimpression dela 3e édition anglaise, Andover, 1879. — Brown et Driver, A Hebrew and English Lexicon of the Old Testament, in-8, Boston, 1891. — A. Mayher, À sélect glossary ofBible words, in-8°, Londres, 1891. — Les noms propresont été spécialement réunis: À list of the proper Namesoccurring in the Old Testament, Londres, 1844; —Alfred Jones, The proper Names of the Old Testament, expounded and illuslrated, Londres, sans date; — Theproper Names of the Old Testament, with an Appendixof Hebrew and Aramaic names in the New Testament, Londres, 1859; — W. F. Wilkinson, Personal Names inthe Bible interpreted and illuslrated, Londres, 1865; —Beharrell, À complète alphabetically arrangea BiblicalBiography, Indianopolis, 1867; — William Henderson, A Dictionary and Concordance of the Names of persansand places… in the Old and New Testaments, Edimbourg, 1869.

3. Dictionnaires hébreux-français. — Beuzelin, Vocabulairehébreu-français, in-12, Paris, 1827; l’hébreuy est transcrit en caractères romains; — N.-Ph. Sanderet J. Trenel, Dictionnaire hébreufrançais, Paris, 1861; c’est en grande partie une simple traduction du ManualeLexicon de Gesenius; mais les passages bibliques sontreproduits et expliqués; des mots hébreux non bibliquesy ont été insérés.

Cf. J. C. Wolf, Historia Lexicorum hebraicorum, in-8°, Wittemberg, 1705; J. Lelong, B’bliotheca sacra, in-f», Paris, 1723, t. ii, p. 1184-1189; Calmet, Bibliothèquesacrée, 1™ part., art. iv, dans Dictionnaire de laBible, Paris, 1730, t. iv, p. 240-242; Fr. Delitzsch, lesurun, seu Isagoge in grammaticam et lexicographiamlinguse hebraicx contra G. Gesenium et H. Ewaldum, Grimm, 1838.

II. DICTIONNAIRES GRECS DES SEPTANTE ET DU NOU-VEAUTESTAMENT. — L’époque de la Renaissance vit refleurirl’étude du grec classique. Il ne semble pas queles savants aient porté tout de suite leur attention surla xocvtj SîaXwro; , sur ce grec populaire et postclassiquedans lequel les écrits de l’Ancien Testament ont ététraduits et ceux du Nouveau rédigés. C’est seulement aumilieu du xvi» siècle que nous trouvons des lexiques spéciauxsur cette langue sainte. Mais les premiers lexicographesn’en connaissaient pas exactement les caractères.Ils identifiaient le grec alexandrin avec le grec classique, et tenaient pour de simples incorrections les particularitésde la langue des Septante et du Nouveau Testament.Quelques-uns même étaient des puristes et prétendaient! retrouver le plus pur atticisme dans le grec biblique.La première série des lexiques du grec biblique manquede critique scientifique. Le progrès de la philologie comparéeet l’étude du développement historique des languesirent nettement distinguer le grec biblique du grec classique, et les plus récents dictionnaires grecs du NouveauTestament rendent compte des caractères particuliers dece dialecte populaire, devenu langue littéraire. Il fautdonc y recourir pour étudier le grec biblique. Nous nous

bornerons à grouper tous ces dictionnaires suivant leurcontenu et à lés placer, sous chaque groupe, dans l’ordrechronologique de leur publication.

1° Dictionnaires grecs de l’Ancien et du NouveauTestament réunis. — Jean Lithocome, Lexicon NoviTestamenti et ex parte Veteris, in-8°, Cologne, 1552.

— Élie Hutter, Dictionarium biblicum grsecum, in-4°, Nuremberg, 1598. — Mathias Martini, Epitome Lexici etEtymologici grseci, in-8°, Brème, 1616; Cadmus grsecoPhœnix, id est, Etymologicum vocum grsecarum Veteriset Novi Testamenti, in-8°, Brème, 1631.

2° Dictionnaires grecs de l’Ancien Testament. —Zacharie Rosemback, Lexicon grsecum in 10 interprèteset libros apocryphos, in-8°, Herborn, 1634. — Michel Crell.Lexicon brève in 10 interprètes, Altenbourg, 1646. —Christian Schotau, Lexicon in 10 interprètes, in-12, Franeker, 1662. — Jean Christian Biel, Novus thésaurusphilologicus sive Lexicon in lxx et alios interprètes etscriptores apocryphos Veteris Testamenti, 3 in-8°, LaHaye, 1779-1780. Voir t. i, col. 1791. — Ch. Gottl. Bretschneider, Lexici in interprètes Grseci Veteris Testamenti, maxime scriptorum apocryphorum spicilegium, in-8°, Leipzig, 1805. Voir t. i, col. 1927-1928. — E. G. A.Bockel, Novx clavis in Grsecos interprètes Veteris Testamentiscriptoresgue apocryphos ita adornatse utetiam Lexici in Novi Fœderis libros usum prsebérepossit atque edilionis lxx interpretum hexaplaris speciniina, in-4°, Vienne et Leipzig, 1820. Voir 1. 1, col. 1824.

— F. Schleusner, Novus thésaurus philologicus criticus, sive Lexicon in lxx et reliquos interprètes grsecos, 5 in-8°, Leipzig, 1820-1821. Cet ouvrage estimé a étéréimprimé, 3 in-8°, Glasgow, 1822. — C. A. Wahl, Clavislibrorum Veteris Testamenti apocryphorum philologica, in-4°, Leipzig, 1853.

fr Dictionnaires grecs du Nouveau Testament. —EilhardLubin, Clavis Novi Testamenti seu Brève omniumdiclionum quibus conscriptum est Lexicon, in-4°, Rostock, 1614. — Louis Lucius, Dictionarium Novi Testamentigrxco-latinum, in-8°, Bâle, 1640. — Martin PierreCheitomœus, Novi Testamenti voces grseco-barbarx quseorienti originem debent, in-12, Amsterdam, 1649. — Laseconde partie de la Crilica sacra de Leigh, mentionnéeparmi les dictionnaires hébreux, col. 1416, est un lexique duNouveau Testament. — George Pasor a publié: 1. Lexicongrsecolatinum in Novum D.N. J. C. Teslamentum, in-8°, Herbipolis, 1619; Herborn, 1622, 1626, 1632, 1648, 1663; Leipzig, 1646, 1686, 1702, 1717; Amsterdam, avec des additions de Sehœltgen, 1641, 1650, etc.; 2. Manuale Novi Testamenti, prseter indicemanomalorum et difficiliorum vocabulorum libel’.umquede accenlibus, Herborn, 1633, 1636; in-18, Amsterdam, 1683, augmenté par Schotanus; in-32, Leipzig, 1702, 1716, etc.; 3. Syllabits grseco - latinus omnium NoviTestamenti vocum, in-12, Amsterdam, 1632, 1633; augmentapar Leusden, 2e édit., in-18, Amsterdam, 1691, etc.Onomasticon Novi Testamenti mnemoniacum, in-8°, Giessen, 1653. — Jérémie Felbinger, Lexicon grxco-germanic*msuper Novum Testamentum, in-12, 1657.Gérard Maier, Disposilio methodica grsecorum NoviTestamenti vocabulorum, in-12, Francfort, 1663. — GeorgeCrauser, Phosphorus grsecarum vocum et phrasiumNovi Testamenti theoretico-practicus, id est, Observationesphilologico-theologicse théorise et praxi sacrseinservientes, etc., in-8°, Radstadt, 1664; in-4°, Francfortet Leipzig, 1676. — Jean Conrad Dieterich, AntiquitatesNovi Testamenti, seu Lexicon philologico-theologicogrseco-latinum, in-f°, Francfort, 1671 et 1680. — AndréReyer, Vocabularium seu Lexicon grseco-latinum etlatinogrsecum, in quo omnia Novi Testamenti grsecovocabularecensentur, in-8°, Gotha, 1672. — Jean Leusden, Novi Testamenti clavis grseca cum annotationibusphilologicis, in-4°, Utrecht, 1672; Compendium grsecumNovi Testamenti, continens ex 7 950 versiculis Novi

Testamenti tantum 1960 in quibus omnes vocei NoviTestamenti inveniuntur cum versione latina, in-12, Utrecht, 1675, 1677 et 1682. — Ad. Cocquius, Observationscriticosacrée in sacrum N. T. codicem, qui agit dephilosophia et doctrina morum, ubi prseler etyma etsignificationes verborum grsecorum, hominis beatitudo, affectus, virlutes et vitia ex sacris litteris eruta philologiceetpractice eruuntur, in-4°, Leyde, 1678. — Eb. vanderHoogt, Lexicon Novi Testamenti grseco-latino-belgicum, in-8°, Amsterdam, 1690. — Jean Knoll, Vocabulariumbiblicum Novi Testamenti grseco-lalinum, in-8, Radstadt, 1697, 1700; Leipzig, 1707. — Corneille Schrevel, Lexicon manuale Novi Testamenti grxco-latinum etlatino-grœcum, in-8°, Amsterdam, 1700. — Pierre Nicolasdu Mortier, Elymologim grmco-latinse, etc., in-i°, Rome, 1703. — Pierre Sigismond Papenius, Lexicon onomatophraseologicutnin codicem sacrum Novi Testamenti, in-4°, Leipzig, 1718. — Pierre Mintert, Lexicon grsecolatinumin N. T., 2 in-4°, Francfort-sur-le-Mein, 1728. —Jean Conrad Schwartz, Commentarii critici et philologicilinguæ grxcse N. T., in-4°, Leipzig, 1736. — MartinGaspard Woïfburg, Observationes sacrée in Novum Teslamentum, seu Annolationes philologico-criticm in vocesplerasque N. T. ordine alphabetïco et dicta prxcipuatant Veteris quam Novi Testamenti, in-4°, Copenhague, 1738. — Jean Gaspard Hagenbuch donna une nouvelle recensiondu Novi Testamenti glossarium grxco-latinumde Jean Gaspard Suicer, in-8°, Tigur, 1744. — Chr. Schœttgen, Novum Lexicon grseco-lalinum in Novum Testamentum, in-8°, Leipzig, 1746; corrigé et augmenté parJ. T. Krebs, in-8°, Leipzig, 1765, et par G. L. Sophn, in-8°, Leipzig, 1790. — Christian Stock, Clavis lingusesanctm Novi Testamenti, 5e édit. préparée par Fischer, in-8°, Leipzig, 1752. — Élie Palaieret, Prœve van eenOordelkundis Woordenbœck over de Heilige Bœken desNieiven Verbonds, in-8°, Leyde, 1754. — Jean Simonis, Lexicon Manuale grsecum N. T., in-8°, Halle, 1766. —Jean Gustave Herrmann, Grxechiscb.-teutscb.es Wôrterbuchdes N. T., in-8°, Francfort-sur-1’Oder, 1781. — CharlesFrédéric Bahrdt, Griechisch-teutsches Lexicon ûber dasN. 7, in-8°, Berlin, 1786. — Euchaire Œrtel, GriechischteutschesWôHerbuch des N. T., in-8°, Gœttingue, 1799.Cf. J. Lelong, Bibliotheca sacra, in-f», Paris, 1732, t. ii, p. 1197-1198. — Jean Frédéric Schleusner, Novum Lexicongrxcolatinum in Novum Testamentum, 2 in-8°, Leipzig, 1792, 1801; 4e édit., 1819. — C. A. Wahl, Clavis NoviTestamenti philologica, in-8°, Leipzig, 1822; 3e édit., 1843. — C. G. Bretschneider, Lexicon manuale greecolatinumin libros Novi Testamenti, 2 in-8°, Leipzig, 1829, 1840. Voir 1. 1, col. 1928. — C. G. Wilke, Clavis NoviTestamenti philologica usibus scholarum et juvenumtheologix studiosorum açcommodata, Dresde, 1839, 1851.Cet ouvrage a été revu par C. L. W. Grimm, Lexicongreecolatinum in libros N. T., Leipzig, 1867, 1879, 1888, 1896. J. H. Thayer l’a traduit en anglais et l’a revisé, A Greek-English Lexicon of the New Testament, beingGrimm’s Wilke’s Clavis Novi Testamenti, Edimbourg, 1886. — H. Cremer, Biblisch-theologischesWôrterbuchderncutestamentlichen Grâcitât, Gotha, 1867, 1862, 1882; 8e édit., 1895. Ce dictionnaire ne contient pas tous lesmots, mais il est utile pour l’exégèse. Il a été traduiten anglais avec des additions par William Urwick, Biblico-lheologicalLexicon of New Testament Greek, Edimbourg, 1872; 3e édit., 1880, 1892. — Schirlitz, GriechischdeutschesWôrterbuch zum Neuen Testamenle, in-8°, 2e édit., 1858; 5° édit., Giessen, 1893.— B. Kuhne, NeutestamentlischesWôrterbuch, Gotha, 1892.— F.W. Stellhorn, Kurzgef. Wôrterbuch zum griechischen N. T., Leipzig, 1886. — S. Th. Bloomfield, À Greek and EnglishLexicon of the New Testament, édition revue et augmentéepar E. Robinson, 1829; New-York, 1836; nouvelleédition revue, 1850. Voir 1. i, col. 1821. — E. W. Bullinger, Crilical Lexicon and Concordance to the English and Greek New Testament, Londres, 1877. — "W. J.Hickie, Greek English Lexicon to the New Testament, in-8°, Londres, 1893. Greenfield, Polymicrian GreekLexicon, in - 32, Londres. — The Analytical GreekLexicon to the New Testament, Londres, rédigé surle même plan que Y Analytical Hebrew Lexicon. Cf.Classical Review, t. i, 1887, p. 106-109, 403, 485.

11. Dictionnaires des matières bibliques. — Cesdictionnaires, qui rangent par ordre alphabétique lessujets de la Bible, sont de deux espèces: les uns sontspéciaux à la Bible, les autres sont des encyclopédiesthéologiques dans lesquelles la science biblique a sa part.

I. DICTIONNAIRES SPÉCIAUX DE LA BIBLE, — 1° Le

moyen âge a eu des résumés alphabétiques de la Bibleaussi bien que de la théologie. Leurs exemplaires manuscritsou imprimés existent en grand nombre.dans lesbibliothèques, et ces dictionnaires bibliques ont été jusqu’auxxive et xv 8 siècles les manuels ordinaires et laprincipale source de l’érudition exégétique des clercs etdes moines. Leur valeur va toujours en décroissant. Lesplus récents sont des compilations des plus anciens etleur sont inférieurs en exactitude.

Le premier est le Vêtus Glossarium, qui a été attribuépendant longtemps à Salomon III, abbé de Saint-Gall etévêque de Constance; mais qui paraît avoir eu pour auteurun évêque goth, nommé Ansileube. Il en existe unsuperbe manuscrit du vni" ou du IXe siècle, d’une belleécriture lombarde, à la Bibliothèque Nationale de Paris, lat. H529-H530. Le Glossaire d’Ansileube est une encyclopédiecomplète, dont la science est de bon aloi et dontles nombreux résumés ont fourni la matière de tous lesdictionnaires du moyen âge.

En 1053, le Lombard Papias refondit le Vieux Glossaire; mais son Rudimentum doctrinx, tout en contenant denouveaux éléments, reste un travail de seconde main.Il est moins imparfait dans les manuscrits que dansl’édition imprimée à Milan, en 1476. Le Pisan Uguccione, évêque de Ferrare, connu sous le nom de Hugution, rédigea vers l’an 1200, peut-être à l’abbaye de Nonantule, les Derivationes majores, qui contiennent de singulièresétymologies. Son ouvrage a servi pendant troiscents ans de guide pour l’étude de la Bible. La créationdes ordres mendiants multiplia le nombre des docteurset des manuels. Celui qui fut usité chez les Frères Mineursest court, pauvre et maigre. C’est la Summa Britonis, ou vocabulaire de la Bible de Guillaume le Breton, compilationdes Derivationes d’Hugution. On l’a parfois attribuéeà Adam de Saint -Victor. Voir t. i, col. 206-207.Jean Balbi, dit Jean de Gènes, travailla pour les Dominicains, et composa, en 1286, son Catholicon, que lui-mêmeavait intitulé Prosodia. Cette compilation indigestefut imprimée à Mayence, en 1460, et rééditée àAugsbourg, en 1469. Voir t. i, col. 1409.

Le xve siècle vit sortir des presses toute une bibliothèquede dictionnaires de la Bible: le Comprehensoriumde Jean, in-f°, Valence, 1475; — le Vocabulariumecclesiasticum de Jean Bernard le Fort, de Savone, augustin, in-f°, Milan, 1480, 1489, et Venise, in-8°, 1625; — V Elucidarius Scripturarum de Henri Jerung, syndic de Nuremberg, in-f°, Nuremberg, 1476; — leVocabularius brèviloquus, in-f°, Bàle, 1482 et 1501, qui est l’œuvre de Jean Reuchlin. — Mais le principalest Mammotrectus super Bibliam, «Le nourrisson,» composé par Marchisino, frère mineur de Reggio, entre1279 et 1312. Cet ouvrage, dont il existe beaucoup demanuscrits et qui a eu trente-quatre éditions, échelonnéesde 1470 à 1596, explique les mots difficiles de la Bible, livre par livre, aussi bien que ceux des leçons du bréviaire.Il a disparu de l’usage sous le mépris des lettrésde la Renaissance. Cependant un dictionnaire italien, publié en 1625, n’est guère qu’un résumé alphabétiquedu Mammotrectus. Cf. Samuel Berger, La Bible aujcne siècle, in-8°, Paris, 1879, p. 15-28; De glossariU

et compendiis exegeticis quibusdam medii sévi, in-8°, Paris, 1879.

2° Des dictionnaires analogues, expliquant le sens desmots de la Bible, reparaissent au xvii «et au xviii «siècle.François Lalouette publia Hierolexicon, seu Dictionariumvariorum Sacrse Scripturx sensuum, in-8°, Paris, 1694. Nous devons à Charles Huré le Dictionnaire universelde l’Écriture Sainte, dans lequel on marquetoutes les différentes significations de chaque mot del’Écriture, son étymologie, et toutes les difficulté! quepeut faire un même mot dans tous les divers endroitsde la Bible où il se rencontre. On y explique aussi les’Hébraïsmes, les phrases ou façons de parler particulièresdu Texte sacré, les contradictions apparentes, lesdifficultez de Chronologie, l’Histoire sainte, la Géographie, les noms propres des Hommes, des Villes, etc., avec tout ce qui peut faire entendre le sens littéral etmétaphorique, en sorte que rien ne puisse arrêter leLecteur qui y aura recours. On a mis aussi à la margele mot Grec des Septante qui répond à la significationde chaque mot Latin, avec l’explication de ce que portele sens de l’Hébreu, quand il est différent de celui duLatin de la Vulgate, 2 in-f°, Paris, 1715. Ce long tilrefait suffisamment connaître le contenu de l’ouvrage, quia été réédité par Migne, 4 in-4°, Paris, 1846, mais sansles mots grecs correspondants, sous le titre de Dictionnaireuniversel de philologie sacrée, revu et augmentépar Tempestini. — Pierre François Zanoni, Polygraphiasacra, seu Elucidarium biblicum historico-mysticum, Augsbourg, 1725. Tous les mots de l’Écriture sont expliquésau sens littéral, anagogique et moral, d’après lesoriginaux et les meilleurs interprètes, mais d’une façontrop prolixe. — Ignace Weitenauer’, jésuite, Lexiconbiblicon in quo explicantur Vulgatse vocabula et phrasés, in-8°, Augsbourg, 1758, 1780; Venise, 1760; Avignon, 1835; Paris, 1857, 1863; Naples, 1857, etc. On y trouvel’explication des métaphores et des passages difficiles dela Vulgate. — Frédéric de Jésus, carme, Lexicon scripturisticum, in-8°, Augsbourg, 1782, exposition suivantl’ordre alphabétique des. sens multiples de l’Écriture.

3° Une autre série de dictionnaires bibliques s’attacheprincipalement au sens littéral de l’Écriture et résumeen articles distincts, rangés alphabétiquement, l’histoireet la géographie de la Bible. Ce genre de recueils a étéinauguré par Richard Simon, ancien curé de Saint-Uze, dans le Dauphiné. Il publia Le Grand Dictionnaire dela Bible, ou Explication littérale et historique de tousles mots propres du Vieux et du Nouveau Testament, etc., in-f°, Lyon, 1693. Le titre complet, qui est trèsétendu, indique le contenu du dictionnaire, à savoir: lavie des principaux personnages, les noms des animaux, des fêtes, des provinces, des villes et des bourgs, des montagnes, des ileuves, des poids et mesures; en un mot, toutes les matières bibliques. Le succès de cet ouvrageencouragea l’auteur à le développer; il le compléta etl’augmenta du double. La seconde édition parut en 2 in-f°, Lyon, 1703. Ainsi étendue, elle est devenue un dictionnaireuniversel, qui contient beaucoup de choses étrangèresà la Bible. Par ailleurs, l’ouvrage est peu correct etpeu exact. L’auteur ne connaissait pas les langues orientaleset n’avait pas l’érudition suffisante pour réussir; ila eu le mérite d’ouvrir une voie dans laquelle d’autresl’ont suivi.

On avait conseillé à dom Calmet de retoucher le GrandDictionnaire de Simon. Le savant bénédictin comprit ladifficulté d’une revision et préféra faire une œuvre nouvelle, en empruntant le cadre à son prédécesseur et enle remplissant par les matériaux recueillis pour la compositiondu Commentaire littéral et en partie non employés.C’est à ce dessein que nous devons le Dictionnairehistorique, critique, chronologique, géographiqueet littéral de la Bible. Il comprenait d’abord seulementdeux volumes in-P, Paris, 1719. Il eut un Supplément,

aussi considérable, Paris, 1728. Tandis qu’une contrefaçonparaissait à Genève, 4 in-4°, 1729 et 1730, domCalmet préparait une deuxième édition, dans laquelle ilfondait le Supplément, en remaniant les anciens articles, en corrigeant et en augmentant le tout, 4 in-f°, Paris, 1730. Comme dans son Commentaire, l’auteur considéraitsurtout la lettre du texte sacré, l’histoire et la critique.Sur les rééditions et les traductions de cet ouvrage, quia été si longtemps consulté, voir col. 75. Ajoutons seulementque la version anglaise a été retouchée par E. Robinson, Boston, 1832.

Il parut ensuite des dictionnaires de même nature, mais plus sommaires et d’un moindre format. PierreChompré publia, sous le voile de l’anonyme, Dictionnaireabrégé de la Bible pour la connaissance des tableauxhistoriques tirés de la Bible et même de Flavius Josèphe, in-32, 1766. Il a été revu et augmenté par Petitot, 1806, 1816 et 1837. Tous les noms de personnages, d’animaux, de plantes, de lieux et d’instruments, qui se lisent dansla Bible, y sont accompagnés d’explications historiques.Voir col. 716. — Pierre Barrai, Dictionnaire portatif, historique, théologique, géographique. Voir t. i, col. 1468.Cet ouvrage a été traduit en latin par Jean-François Dalmase, Diclionarium manuale biblicum ex celebralissimispolissimum dictionariis (ceux de Simon et deCalmet), 2 in-8°, Augsbourg, 1776; cette édition est enrichiede notes, tirées de la version italienne faite parProsper d’Aquilée. — Jean Baptiste Sébastien Colomme, barnabite, édita Notice de l’Écriture Sainte, Descriptiontopographique, chronologique, historique et critiquedes royaumes, provinces, etc., dont il est fait mentiondans la Vulgate, in-8°, Paris, 1773, qui futréimprimé sous le titre de Dictionnaire portatif del’Écriture Sainte, 1775. Cet ouvrage est peu utile. Voircol. 851. — L. E. R[ondet], Dictionnaire historique etcritique de la Sainte Bible, in-4°, Paris et Avignon, 1776. Inachevé. Voir Barbier, Dictionnaire des ouvragesanonymes, Paris, 1872, t. iv, p. 977. — J. Brown, À Dictionaryof the Holy Bible, sur le plan de D. Calmet, 2 in-8°, Londres, 1769, souvent réimprimé. Voir t. i, col. 1950. — William Gurney, À handy Dictionary of theHoly Bible, containing an historical and geographicalAccount of the persons and places, and an explanationof the various terms, doctrines, laws, precepts, ordinances, institutions and figures in the sacred Oracles.La première édition est de l’an 1790 environ. Ce dictionnaire, qui joint aux renseignements biographiques, historiques, archéologiques, scientifiques, etc., l’explicationdes phrases et des figures de la Bible, a eu beaucoup desuccès. J. G. Wreng l’a revisé et réédité, in-8°, Londres, 1879, avec quelques illustrations sans valeur, représentantdes localités ou des paysages. — Dictionnaire généalogique, historique et critique de l’Écriture Sainte, oùsont réfutées plusieurs fausses assertions de Voltaire etautres philosophes du xviiP siècle, in-8°, Paris, 1804.L’auteur était mort dans les premiers jours de septembre1792. L’abbé Sicard revit son ouvrage, le corrigeaet le publia. C’est un résumé qui explique les noms depersonnes et de lieux. — Henri Braun ajouta à son éditionlatine et allemande de la Bible un Biblisches Universallexicon, 2 in-8°, Augsbourg, 1806 et 1836. C’est l’œuvred’Amand Mauch. Voir 1. 1, col. 381 et 1910. — A. Coquerel, Biographie sacrée, ou Dictionnaire historique, critiqueet moral de tous les personnages de l’Ancien et du NouveauTestament, in-8°, Amsterdam, 1825. Voir col. 954.

— Jourdain Vespasiano, Dizionario universale déliaS. Bibbia Volgata, 4 in-4°, Venise, 1853. — Henri JoachimJack, Allgemeines Volksbibel-Lexicon fur Katholiken, order allgemein fassliche Erlâuterung der h.Schrifldurch Wort und Bild, Leipzig, 1843-1848, pour fairesuite à sa version allemande. — A. F. Barbie du Bocagepublia dans La Sainte Bible en latin et en français, t. xiii, in-4°, Paris, 1834, un Dictionnaire des noms 1

hébreux, un Dictionnaire archéologique et historique(d’après Calmet), un Dictionnaire géographique de laBible. Voir t. I, col. 1456. — À Dictionary of the HolyBible, for gênerai use in the study of the Scripluries, New-York, 1859. Il a été publié par V American TractSociety et avait été originairement préparé par le savantexplorateur de la Palestine, Edouard Robinson. On ledonne comme un modèle de condensation et d’exactitude; mais il a vieilli. — A. Bost, Dictionnaire de la Bible, ou Concordance raisonnée des Saintes Écritures, contenant, en plus de 4 000 articles: 1° la Biographiesacrée; 2° l’Histoire sainte; 3° l’Archéologie biblique; 4° la Géographie biblique; 5° l’Histoire naturelle biblique, la Zoologie et la Géologie; 6° l’Esprit de la législationmosaïque; 7° des Introductions spéciales aux livresde l’Ancien et du Nouveau Testament; 8° des Essais surdiverses portions des Écritures; 9° l’Interprétation etl’explication d’un grand nombre de passages obscurs oumal traduits; 10° des Directions pour l’étude de la prophétie, etc., 2 in-8°, Paris, 1849; 2e édit., revue et augmentée, Paris, 1865. Voir t. i, col. 1867. — E. Spol, Dictionnairede la Bible, ou Explication de tous les nomspropres historiques et géographiques de l’Ancien et duNouveau Testament, in-12, Paris, 1877. Complet maistrès bref. — A.- P. Billot, Petit dictionnaire biblique, in-12, 1885.

L’Allemagne et l’Angleterre ont produit des dictionnairessemblables, plus développés. 1. George BenoitWiner, Biblisches RealWôrterbuch zum Handgebrauchfur Studirende, Candidaten, Gymnasiallehrer und Predigerausgearbeitet, 2 in-8°, Leipzig, 1820. La troisièmeédition, publiée en 1847-1848, est considérablement augmentée.Cet ouvrage est plein d’érudition et très utilepour l’indication des sources. — D. Schenkel, Bibellexicon, 5 in-8°, Leipzig, 1869. — Biblisches Handwôrterbuch, Calwer, 2e édition illustrée, revue par P. Zeller, 1893. — J. Hamburger, Real-Encyklopâdie fur Bibel undTalmud. Wôrterbuch zum Handgebrauche fur Bibelfreunde, Theologen, Juristen, 4 in - 8°, Strelitz et Leipzig, 1866-1892. — Herm. Zeller, Biblisches Wôrterbuchfur dos christl. Volk, 3e édition, 2 vol., Berlin, 1894. —2. J. Kitto, Cyclopxdia of Biblical Literature, 2 in-8°, Edimbourg, 1845. La première édition fut réimpriméeà New -York, la même année. Une deuxième éditionfut donnée à Edimbourg, par le D r Burgess, en 1856. Latroisième, complètement revue, notablement augmentéeet améliorée par le D r W. L. Alexander et un grandnombre de collaborateurs, comprend 3 in-8°, Edimbourg, 1862-1865. C’est le premier ouvrage de ce genre où l’onait réuni les travaux de spécialistes sous la direction d’unéditeur principal. — John Eadie, Biblical Cyclopxdia; or, Dictionary of Eastern Antiquities, Geography, naturalhislory, sacred Annals and Biography, theologyand biblical Literature, illustralive of the Old and NewTestaments. La préface de la première édition est datéede Glasgow, décembre 1848; celle de la quatrième édition, de la même ville, octobre 1853. — La sixième, quiest illustrée, a été publiée à Londres, par The ReligionsTract Society, sans date, in-8°. Cet ouvrage a eu pourbase The Union Bible Dictionary, prepared for theAmerican Sunday School Union, and revised by theCommiltee of Publication, Philadelphie, 1812, et dont lapremière édition, 1831, avait été préparée par A. Alexander.Voir t. i, col. 344. — William Smith, Dictionaryof the Bible, comprising ils antiquities, biography, geography and natural history, 3 in-4°, Londres, 1861-1863. C’est une œuvre historique plutôt qu’uneœuvre théologique. Il a été publié en Amérique, parH. B. Hackett et E. Abbott, avec la collaboration de plusieurssavants, en 4 in-4°, New -York, 1868-1870, uneédition rivale qui est plus correcte que celle de Londres.Le premier volume, augmenté d’environ du double, aparu en seconde édition, en 1893. — Ayre, The Treasury of Bible Knowledge, Londres, 1866; 2e édit., in-8°, 1868, ouvrage très bien fait, renfermant en unpetit espace une quantité considérable de renseignementsbien digérés. — Patrick Fairbain, The ImpérialBible -Dictionary, historical, biographical, geographicaland doctrinal: including the natural history, antiquities, manners, customs and religions, rites and cérémonies mentioned in the Scripturies, and an Account of the several books of the Old andNew Testaments, 2 in-i», Londres, 1867. Cet ouvrage, rédigé par plus de quarante collaborateurs et illustré, est plus populaire que le Dictionnaire de Smith. — TheBible Dictionary illustrated with nearly six hundredEngravings in two volumes, 2 in-4°, Londres (sans date).Ce dictionnaire, connu sous le nom de Dictionnaire deCassel, son principal éditeur, a pour but de résumer sousune forme succincte et populaire les résultats des travauxanciens et modernes sur l’Ecriture Sainte. Il est l’œuvred’un grand nombre de collaborateurs protestants anonymes.La rédaction et l’illustration sont médiocres. Il adéjà vieilli. — A. R. Fausset, The Englishman’s BibleCyclopsedia, Londres et NewYork, 1878; 2e édit., 1881.Cette encyclopédie est l’œuvre d’un seul auteur; elleexpose et discute les questions et peut suppléer en partieà un commentaire. — Schaff, À Dictionary of the HolyBible, including Biography, natural Hislory, Geography, Topography, Archxology and Literature, Philadelphie, 1880; 3e édit., 1882. Ce dictionnaire, publiépar V American Sunday School Union, renferme tousles noms bibliques et contient des cartes et de nombreusesillustrations. On y a mis à profit les fouilles etles découvertes des sociétés diverses qui ont exploré laPalestine. — Signalons enfin Bourazan, À sacred Dictionary, an explanation of Scripture names and terms, in-8°, Londres; — J. Macpherson, The universal Bibledictionary, based upon the latest authorities, in-8°, Londres, 1892; — Westoot et "Waad, Concise Bible dictionary, Londres, 1893; — Easton, Illustrated Bible dictionaryand treasury of biblical history, biography, geography, doctrine and literature, in-8°, Londres, 1893.4° Il nous reste à signaler quelques dictionnaires d’archéologieet de géographie biblique. L. de Saulcy, Dictionnairedes antiquités bibliques, traitant de l’archéologiesacrée, des monuments hébraïques de toutes lesépoques, de toutes les localités célèbres mentionnéesdans les Livres Saints, de l’identification des nomsmodernes avec les noms antiques cités dans la Bible, de la description des terres bibliques et en particulierdu bassin de la mer Morte et du Jourdain, in-4°, Paris, 1859. L’auteur résume ses propres travaux, expose sesidées personnelles et parle de découvertes qu’il auraitfaites, et que les savants venus après lui n’ont pas ratifiées.— Ed. Riehm, Handworterbuch der biblischenAltertums fiir gebildete Bibelleser, 2 in-8°, Bielefeldet Leipzig, 1875-1884; 2e édit., 1894, sous la directionde Fr. Bæthgen. — G. IL Withney, Handbook of BibleGeography, New-York, 1875; édition revue, 1879. —G. Armstrong, W. Wilson et R. Conder, Names andplaces in the Old and New Testament, 1889. — E. vonStarck, Palâstina und Syrien von Anfang der Geschichtebis zum Siège des Islam, in-8°, Berlin, 1895, petit lexique de géographie palestinienne.

II. DICTIONNAIRES OÊNÊRAVX, TBÉOLOGIQVES ET BI-BLIQUES.— Les sciences bibliques tiennent une placeimportante dans ces encyclopédies religieuses, qui ontpris naissance au xviiie siècle. La première est l’œuvredes dominicains Louis Richard et Giraud, Dictionnaireuniversel, dogmatique, canonique, historique, géographiqueet chronologique des sciences ecclésiastiques, 5 in-f°, Paris, 1760-1762; avec un 6e vol. de supplément, 1765. L’Écriture Sainte y occupe le premier rang. Tous lesnoms d’hommes et de lieux, sacrés et profanes, citésdans la Bible, y ont leur article. On y trouve un traité

sommaire de l’Écriture et une introduction à chacun desLivres Saints. Ces sujets sont exposés d’après dom Calmet.Une seconde édition a paru sous le titre de Bibliothèquesacrée, ou Dictionnaire universel des sciences, ecclésiastiques, 29 in-8°, Paris, 1822-1827. — L’abbéBergier avait préparé pour l’Encyclopédie méthodiquele Dictionnaire théologique, 3 in-4°, Paris, 1788-1790.Il a été publié à part, sous le titre de Dictionnaire dethéologie, 8 in-8°, Liège, 1789-1792. Sans vouloir copierle Dictionnaire de la Bible, l’auteur a donné une partsuffisante à la critique sacrée, et il a justifié les personnagesde l’Ancien Testament dont la vie et les vertusavaient été attaquées par les incrédules du xviiie siècle.Son Dictionnaire a été réédité, 8 in-8°, Toulouse, 1819; Besançon, 1826-1830 (avec des notes de l’abbé Gousset); 4 in-8°, Lille, 1814 (avec des notes de l’abbé Lesioir); 12 in-8°, Paris, 1873-1876. — J. Aschbach, Allgemeines Kirchen-Lexicon, Francfort-sur-le-Mein, 1846-1850. Ouvrageutile et digne de confiance, écrit par de savants catholiques.— Wetzer et Welte, KirchenLexicon, 12 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1847-1856; traduit en français parl’abbé I. Goschler, Dictionnaire de la théologie catholique, 26 in-8°, Paris, 1868. Une seconde édition a étéentreprise par Hergenrôther et Kaulen, Kirchenlexiconoder Encyklopâdie der Katholischen Théologie undihrer Hùlfswissenschaften. Elle comprend déjà 10 in-8°, 1882-1897 qusqu’à Saturnil). Les articles d’ÉcritureSainte exposent avec clarté les derniers résultats de l’exégèseallemande. — Joseph Schâfler, - Handlexicon derkatholischen Théologie, 4 in-8°, Ratisbonne, 1880 et suiv.

— J.-B. Jaugey, Dictionnaire apologétique de la foi catholique, in-8°, Paris (sans date).

Les protestants ont aussi bien que les catholiques leursencyclopédies théologiques. J. J. Herzog a publié (avecG. L. Plitt et A. Hauck) la seconde édition de Rial-Encyclopädiefur protestantische Théologie und Kirche, 18 in-8°, Leipzig, 1877-1888. La première édition avaitété imprimée par R. Besser, 22 vol., Hambourg, Stuttgartet Gotha, 1853-1868. C’est en Allemagne le grandarsenal de la théologie protestante dans toutes sesbranches. J. H. A. Bomberger en avait commencé unrésumé, The protestant Theological and EcclesiasticalEncyclopxdia, being a condensed translation of Herzog’sReal-Encyclopsedia, with additions from othersources, 2 in-8°, Philadelphie, 1856-1862, resté inachevé.Une troisième édition allemande est en cours depublication, sous la direction de A. Hauck. Les deux premiersvolumes ont paru, Leipzig, 1896 et 1897. — kirchenlexicon, theologisches Handwôrterbuch, 2e édit., revue par P. Zeller, 2 vol., Calwer, 1891-1892. — J. NewtonBrown, Encyclopœdia of Religions Knowledge, Brattleborough, 1835; édition revue par G. P. Tyler, en 1858; réimprimée à Philadelphie, 1875. Cet ouvrage a vieilli.

— Mac Clintock et Strong, Cyclopœdia of Biblical, Theological and Ecclesiastical Literature, 10 in-8°, New-York, 1867-1881, avec deux volumes supplémentaires, 1884-1887. Cet ouvrage, le plus complet de ce genrequi existe en anglais, fut commencé en 1857. Il renfermeenviron cinquante mille articles. — Philippe Schaff, SamuelM. Jackson et D. Schaff, À Religions Encyclopsedia: or Dictionary of biblical, historical, doctrinaland practical Theology, based on the Real-Encyklopâdiaof Herzog, Plitt and Hauck, 3 in-4°, Edimbourg, 1883.

Les protestants de langue française ont publié, sous ladirection de F. Lichtenberger, V Encyclopédie des sciencesreligieuses, 121n-8°, Paris, 1877-1882. L’histoire des religionsbibliques y occupe la place d’honneur. On y trouvel’explication de tous les noms géographiques et historiquesde l’Ancien et du Nouveau Testament de quelque importance, une introduction critique détaillée de chacun deslivrer canoniques, ainsi que des études d’ensemble sur lecanon, le teste, les versions, l’exégèse, la propagation

des Saintes Écritures et l’archéologie sacrée. Toutes lesfractions du protestantisme français ont fourni des collaborateurs.La doctrine n’est pas une, et parfois les résultatsde la critique rationaliste sont acceptés comme acquiset démontrés.

Le judaïsme lui-même a son encyclopédie religieuse: J. Hamburger, Real - Encyclopädie des Judenthums, Wôrterbuch fur Gemeinde, Schule und Haus, 2 in-8°, Neustrelitz, 1874-1888. C’est un dictionnaire juif composépar des juifs. Il traite par ordre alphabétique nonseulement les sujets historiques, géographiques et scientifiques, mais aussi les questions dogmatiques, moraleset juridiques qui intéressent les lecteurs de la Bible etdu Talmud. E. Mangekot.

    1. DIDRACHME##

DIDRACHME (SiSpa^iov; Vulgate: didrachma), monnaie grecque, en argent, de la valeur de deux drachmeset équivalente au demi-sicle juif. Voir Dhachme et Sicle.Le didrachme représentait la somme due par chaque Juifpour l’impôt de la capitation, qui’servit à l’entretien duTemple de Jérusalem jusqu’à la destruction du sanctuairepar les Romains. Cet impôt fut payé par Notre-Seigneur.Matth., xvii, 23-26. Voir Capitation, col. 217-219. Les piècesde cette valeur ont été frappées en grand nombre danstous les systèmes monétaires du monde grec. Parmi, lesprincipaux types, on peut citer le didrachme attique, du

499.. — Didrachme, d’Athènes.

Tête d’Athéné, à droite. — fy A@E. Chouette, à droite;

derrière elle, deux feuilles d’olivier. Monnaie de style archaïque

Poids: 8 «r, H.

poids de 8fl r, 70 (fig. 499). Cette pièce portait au droit latète casquée d’Athéné, à droite, et au revers une chouette, deux feuilles d’olivier, et dans le champ l’inscriptionA@E(vaiwy). Le didrachme des Séleucides portait au droitla tête d’Alexandre ou d’un roi, et au revers Jupiter assis, tenant dans la main droite un aigle pu une Victoire, et lamain gauche appuyée sur le sceptre, et dans le chample nom d’Alexandre ou du roi régnant. Les didrachmesrhodiens, également très répandus, portaient au droit latête de face et radiée du Soleil, et au revers la rose etl’inscription POAIÛN. Son poids était celui du didrachmeattique. — La Vulgate, II Mach., iv, 19, et x, 20, emploiele mot didrachma, là où le texte grec porte simplement «drachme». — Dans les Septante, Gen., xxiii, 15, 16; Exod., xxi, 32, etc., le grec JiSpaxttov traduit l’hébreuëéqél, «sicle.» E. Beuruer.

    1. DIDYME##

DIDYME (grec: StSuno; , «jumeau» ), surnom ouplutôt traduction grecque du nom araméen de Thomas.Il ne se lit pas dans les synoptiques, mais seulementdans saint Jean, xi, 16; xx, 24; xxi, 2. Voir Thomas.

    1. DIESTEL Ludwig##

DIESTEL Ludwig, théologien protestant allemand, néà Kœnisberg le 28 septembre 1825, mort à Tubingue le15 mai 1879. Il étudia la théologie et la philosophie àBerlin et à Bonn. En 1851, il fut privat-docent d’exégèseà Bonn, et, en 1858, professeur extraordinaire; il passa àGreifswald, en 1862, comme professeur ordinaire. En 1867, il devint professeur d’exégèse de l’Ancien Testament àIéna, et en 1872 à Tubingue. Il appartenait à l’école théologiquedite critique-libérale. Son œuvre principale estGeschichte des Alten Testaments in der christlichenKirche, in-8°, Iéna, 1868. On a aussi de lui: Der SegenJakobs in Genesis xlix hutorich erlâutert, in-8°, Brunswick, 1853, et la 4e édition du commentaire d’Isaïe

de Knpbel: Der Prophet Jesaia erklârt ( dans le Kurzgefasstesexegetisches Eandbuch x zum Allen Testament), in-8°, Leipzig, 1872; Die Sintflulh und dieFluthsagen des Alterthums, in- 8°, Berlin, 1871.

1. DIEU. Le nom de Dieu, applicable comme nomcommun au vrai Dieu et aux fausses divinités des polythéistes, est, dans l’hébreu de l’Ancien Testament, ’Elou plus fréquemment’Élôhîm. Le nom propre du vraiDieu est Jahvéh ou Jéhovah. Dans le Nouveau Testamentgrec, le nom divin est ©eé: . Voir El, Élohim et Jéhovah.

2. DIEU INCONNU. Voir ATHÈNES, t. i, col. 1213.

3. DIEUX (FAUX). "Voir Baal, Béelzébub, Dagon, Moloch, etc.

    1. DIÉVÉENS##

DIÉVÉENS (chaldéen: Déhâvê’; Septante: Aauaïoi; Vulgate: Dievi), captifs transplantés par les Assyriensdans l’ancien royaume d’Israël. I Esdr., iv, 9, nous apprendque, après le retour des Juifs dans leur patrie, ils tentèrent de s’opposer à la reconstruction des muraillesde Jérusalem; ils écrivirent dans ce sens à Artaxerxès.Mais leur nom ne figure plus I Esdr., v, 6, et vi, 6, parmi ceux qui firent une tentative analoguesous Darius, pour empêcher la reconstruction du Temple.Nous ne possédons sur eux aucun renseignement certain.Le texte biblique semble dire qu’ils furent implantés enSamarie avec les autres colons par Asénaphar (voir cemot), qui est Asaraddon ou Assurbanipal. On les confondgénéralement avec les Aôtoi d’Hérodote, 1, 125, édit. Didot, 1855, p. 43; Aiot dans Strabon, xi, 8, 2; 9, 3, édit. Didot, 1853, p. 438 et 442, et Arrien, 1. iii, c. x, traduction deChaussard, Paris, 1802, p. 97, dont on retrouve le nomdans le Daghestan, province du Caucase russe. Quinte-Curce, 1. iv, c. 12, édit. Nisard, Paris, 1843, p. 190, où ilssont mentionnés à côté des Susiens comme dans Esdras.Cf. Amiaud, dans les Mélanges Renier (Bibliothèque del’École des hautes études, sect. philol., fascic. 73), Cyrus, roi de Perse, p. 254, note 1; Keil, Esra, 1870, p. 437; Bertheau, Ezra, 1862, p. 62; Clair, Esdras et Néhémie, 1882, p. 24 et 25. — G. Rawlinson, The Sixlh greàt oriental Monarchy, 1873, p. 18, n. 6, fait remarquer que ces diversDahse ou Dai, mentionnés en tant d’endroits différents, Perse, Samarie, Thrace, Transcaspie, n’ont vraisemblablemententre eux rien de commun. — Comme, d’autrepart, ni Assurbanipal ni Asarhaddon ne firent de campagnedans des régions si septentrionales et si éloignées, il est peuprobable qu’ils y aient cherché des colons pour les transplanteren Palestine. — Frd. Delitzsch, dans Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the OldTestament, t. ii, 1888, p. 64, note 2, suppose que lesDiévéens sont les habitants de la ville de Du’ua, localitéassyrienne, mentionnée dans les contrats reproduits dansThe cuneiform Inscriptions of western Asia, t. iii, pi. 48, n. 1, 1.9; mais rien ne fait entrevoir pour quelles raisonson les aurait transplantés en Samarie. — On trouve unpays nommé Daii, conquis par Sennachérib. Inscriptiondu prisme de Taylor, dans Menant, Annales des roisd’Assyrie, p. 220; Schrader, Keilinschriftl. Bibliothek, t. ii, p. 98-99. Le pays est représenté comme montagneux, peu éloigné de la ville babylonienne de Nippour.

— Du reste, la liste des signataires de la lettre adresséeà Artaxerxès fait présumer que ces Diévéens sont destribus susiennes ou élamites; car ce nom est précédé decelui des Susanéchéens ou Susiens et suivi de celui desÉlamiles; et dès le temps de Sennachérib, père d’Asarhaddon, les monarques assyriens firent la guerre auxÉlamites, alliés des Babyloniens. Assurbanipal, son fils, ravagea tout ce pays et en déporta les habitants. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 265, 266, 267, etc.; Eb. Schrader, Keilinschriftl. Bibliothek, t. ii, p. 180, 194, 198; The cuneiform Inscriptions of the western

Asia, t. v, pi. 4, c. b, 1. 110; pi. 5, c. a, 1. 63. Voir aussiApharsatachéens, t. i, col. 724, et Apharséeks, col. 725.

E. Pannier,

    1. DILLMANN Christian Friedrich August##

DILLMANN Christian Friedrich August, orientalisteprotestant allemand, né le 25 avril 1823 à lllingen (Wurtemberg), mort à Berlin le 4 juillet 1894. Il fit ses étudesà Tubingue de 1840 à 1845, et les continua de 1846 à 1848à Paris, à Londres et à Oxford. À la fin de 1848, il devintrépétiteur au séminaire de théologie de Tubingue, en 1852, privat-docent, et en 1853, professeur extraordinaire d’exégèsede l’Ancien Testament. En 1854, il alla à Kiel commeprofesseur de langues orientales, et en 1864 à Giessen enqualité de professeur d’exégèse de l’Ancien Testament.En 1869, il succéda à Hengstenberg à l’université de Berlin.En 1877, il fut nommé membre de l’Académie dessciences de cette ville. Il avait été à Tubingue élève d’Ewald.Dillmann s’est surtout fait connaître par ses travaux surl’éthiopien, mais il a aussi publié plusieurs commentairessur les livres de l’Ancien Testament. Voici ses publicationsles plus importantes: Liber Henoch sethiopice, in-4°, Leipzig, 1851; Das Buch Henoch ûbersetzt underklârt, in-8°, Leipzig, 1853; Das christliche Adambuchdes Morgenlandes, aus dem âthiopischen mit Bemerkungenûbersetzt, in-8°, Gœttingue, 1853; Grammatikder âthiopischen Sprache, in-8°, Leipzig, 1857; Lexiconlinguse xthiopicx, in-4°, Leipzig, 1865; Chrestomathiamthiopica, in-8°, Leipzig, 1866; Liber Jubilseorum guiideni a Grsecis-f) Xeimi yévea-ii; inscribitur… ethiopiceprimum edidit, in-4°, Kiel, 1859; Ascensio Isaise ethiopiceet latine, in-8°, Leipzig, 1877. M. Dillmann a publiéune partie notable de la Bible en éthiopien. Voir Éthiopiennes(versions) de la Bible. On a aussi de lui, dansle Kurzgefasstes exegetisches Handbuch zum AltenTestament: 1° Die Genesis von der 3. Auflage nachKnobel an erklârt, 4e édit., in-8°, Leipzig, 1882; 5e édit., 1886; 6= édit., 1892; — 2° Die Bûcher Exodus und Leviticus, fur die S. Auflage nach Aug. Knobel, neu bearbeitet, in-8°, Leipzig, 1880; — 3° Die Bûcher Numeri, Deuteronomium und Josua, fur die 2. Auflage neubearbeilet, in-8°, Leipzig, 1887; — 4° Hiob, von der 3.Auflage an erklârt, in-8°, Leipzig, 1891; — 5° Der ProphetJesaia. Fur die 5. Auflage erklârt, in-8°, Leipzig, 1890. Enfin M. Dillman a aussi rédigé un certain nombred’articles bibliques dans la RealEncyklopâdie fur proteslantischeThéologie de Herzog, 1854, et dans le Bibellexiconde Schenkel, 1869-1875. — Voir W. Fell, dans laLiterarische Rundschau, 1° février 1896, col. 34-40.

    1. DIMANCHE##

DIMANCHE (-fi xuptaxT) ^pa). On appelle ainsi lepremier jour de la semaine, que l’Église a choisi pourcélébrer le culte divin, à la place du sabbat ou septièmejour, qui était officiellement consacré au repos et à laprière chez les Juifs. C’est ainsi qu’il est vraiment «lejour du Seigneur», dies dominica, d’où vient le mot «dimanche». — Le Nouveau Testament est très sobrede détails sur le dimanche. Voici les seuls textes qui nousfournissent à ce sujet quelques renseignements. 1° «Jefus ravi en esprit le jour du Seigneur, in die Dominica.» Apoc, i, 10. — 2° o Le premier jour de la semaine, pendantque nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, fit un discours qu’il continuajusqu’à minuit.» Act., xx, 7. — 3° «Que chacunde vous mette à part chez soi, en l’amassant peu à peule premier jour de la semaine, une portion de son gain, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour recueillir lesaumônes.» I Cor., xvi, 2. — De ces textes on peut tirerune conclusion certaine: c’est l’institution apostoliquedu dimanche, et par conséquent la substitution, en principe, du premier jour de la semaine au septième dansle culte chrétien. Il ressort clairement du fait qui estsignalé par les Actes, surtout si on le rapproche de larecommandation de saint Paul aux fidèles de Corinthe, que les chrétiens avaient l’habitude de se réunir le pre

mier jour de la semaine pour la fraction du pain, c’est-à-direpour la célébration de la liturgie eucharistique.Ce n’était pas là un événement accidentel, mais régulier; l’expression dont se sert saint Paul, xaxà (nav aaëëâxo-j, suppose un fait hebdomadaire, et qui avait lieu le premierjour de la semaine. La locution de l’Apôtre, que la Vulgatea traduite par per unam sabbali, contient deuxhébraïsmes: unam est mis pour primam, selon l’habitudedes Hébreux, qui se servaient de chiures cardinauxà défaut de nombres ordinaux; sabbatum est mis pourhébdomas, «semaine.» Saint Paul estimait avec raisonque le dimanche, autrement dit le jour où les fidèles seréunissaient spécialement pour les cérémonies de leurculte, était aussi le moment favorable pour accomplir lesœuvres de charité. De là la recommandation expressequ’il adresse aux Corinthiens de prélever pour les pauvres, «le premier jour de chaque semaine,» une portion deleurs gains ou de leurs revenus, «ce que chacun auraprospéré.» — Il est moins certain qu’on ait donné dèsl’origine le nom de dies dominica ou «dimanche» aupremier jour de la semaine chrétienne. Le texte de saintJean, fui in spiritu in die dominica, n’est pas un argumentdécisif en faveur de l’opinion affirmative. Cetteexpression peut désigner, par exemple, le jour de Pâques, qui était par excellence le jour du Seigneur. Ce qui donneà cette hypothèse une certaine vraisemblance, c’est d’abordl’absence d’uniformité dans la terminologie des premierssiècles pour désigner le premier jour de la semaine chrétienne, et ensuite le témoignage de l’historien NicéphoreCallixte, H. E., 1. vii, c. xlvi, t. cxlv, col. 1320, qui attribueà l’empereur Constantin l’honneur d’avoir fixé d’unemanière définitive la dénomination qui a prévalu depuis, «jour du Seigneur.» La question, on le voit, reste indécise.— L’Église s’est appuyée sur un fondement bibliquepour choisir le dimanche comme jour officiel de la célébrationdu culte chrétien. C’est, en effet, en ce jourqu’ont eu lieu les deux grands faits de la résurrectionde Jésus-Christ et de la descente du Saint-Esprit sur lesApôtres. Cf. Joa., xx, 1-18; Luc, xxiv, 1-12; Marc, xvi, 1-11; Matth., xxviii, 1-15, etvct., n. Le dimanche est ainsile mémorial de la Pâque’et de la Pentecôte chrétiennes.

J. Bellamy.

DÎME (hébreu: ma’âsêr, de’è'sèr, «dix;» Septante: S£xâT7), Séxiiov; Vulgate: décima), redevance d’undixième sur les fruits de la terre, les troupeaux ou toutesource de revenus.

I. Origine de la dîme. — 1° Chez plusieurs peuples del’antiquité, on constate un prélèvement du dixième surles biens de la terre et l’affectation de ce produit au cultede la divinité, ou à l’entretien de ceux qui la représententou la servent, le prince et le prêtre. En Egypte, l’impôtfoncier payé au prince s’élevait à la dime du produit brutdu sol. Il en était ainsi au temps des Ptolémées, comme «n fait foi l’inscription de Phila ( Lepsius, Denkmâler, Abth. IV, Bl. 27 b), et probablement aussi à l’époque desanciens pharaons. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, 1. 1, 1895, p. 330. Quand Josephannonce au pharaon sept années d’abondance que suivrontsept années de disette, il lui recommande de percevoirpendant les sept premières années le cinquièmedes produits du sol, c’est-à-dire la double dime, en prévisionde la période suivante durant laquelle les impôtsne pourront pas rentrer. Gen., xli, 34. — Abraham, quivenait de Chaldée, donne à Melchisédech, prêtre duTrès -Haut, la dime de tout ce qu’il possède. Gen., xiv, 20.Jacob promet au Seigneur la dime de tout ce qu’il recevrade lui. Gen., xxviii, 22. Cette même redevance seretrouve en vigueur chez les anciens peuples de Syrie, I Reg., viii, 15; chez les Grecs et les Romains, soitcomme impôt civil, soit surtout comme tribut payé auxdieux. Hérodote, i, 89; ii, 135; iv, 152; v, 77; vii, 132; ix, 81; Diodore de Sicile, v, 42; xi, 33; xx, 14; Xénophon, Anabas., V, iii, 9; Hellenic, III, v, 5; VI, iii,

20, etc.; Plutarque, Rornul., 18; Camill., 8; Pausanias, V, x, 2; X, x, 1; Macrobe, Sal., iii, 6; Justin, xvii, 7; xx, 3; Polybe, ix, 39; Cicéron, Verr., Il, iii, 6, 7; Pro leg. manil., 6; Pline, H. N., xii, 14, etc. Les Séleucides percevaientaussi la dime, I Mach., xi, 35, et César autorisaJean Hyrcan et ses enfants à se la faire payer par lesJuifs. Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 6. — 2° Rien ne permetde penser que cette offrande d’un dixième des récoltesou des biens acquis soit la conséquence d’unerévélation divine faite aux premiers hommes. La dîmeest donc d’institution purement humaine. Mais pourquoile choix de cette fraction, un dixième, plutôt que celuid’une autre fraction ou plus faible, comme un douzième, ou plus forte, comme un septième? Bàhr, Symbolik desmosaischen Cultus, Heidelberg, 1837, t. i, p. 175-183, cherche à démontrer que le nombre dix implique l’idéesymbolique de totalité, de plénitude et de perfection.Comme cette plénitude est en Dieu et vient de lui, toutesles fois que l’homme y participe en recevant dix portionsde biens, il en consacre une à Dieu pour témoigner desa reconnaissance; autrement dit, il offre la dîme desbiens qu’il a reçus. Mais ce symbolisme du nombre dixest surtout basé sur des exemples postérieurs à l’existencede la dime dans l’histoire du peuple de Dieu, etmême, malgré les exemples cités, la fixation de l’idée deperfection dans le nombre dix garde toujours quelquechose d’arbitraire. En réalité, bien que la dime apparaissetout d’abord dans l’histoire avec un caractère religieux, et qu’elle ne soit payée au prince et au prêtre qu’à raisonde leur qualité de représentants ou de serviteurs directsde la divinité à laquelle tous les biens de la terre appartiennentexcellemment, la quotité de cette redevancesemble tenir à une cause purement profane. Le systèmedécimal était exclusivement en usage dans la numérationdes Égyptiens; chez les Chaldéens, il se combinait avec lesystème duodécimal. Dans l’écriture cunéiforme, les chiffresétaient groupés par dizaines, comme dans notre systèmeactuel. Il est donc fort probable que, dès le principe, la fractiondu dixième se sera imposée comme d’un usage plusfacile pour des peuples qui employaient le système décimal.L’expérience montra d’ailleurs que ce prélèvementconstituait en général une offrande suffisamment respectueusepour Dieu, sans être trop onéreuse pour l’homme.II. La dîme d’après la loi mosaïque. — 1° Au Seigneurappartient la dîme de tout ce que produit la terre, grains ou fruits des arbres. Elle doit être payée en nature; mais si quelqu’un veut la racheter, c’est-à-dire laremplacer par sa valeur en argent, il doit majorer cettevaleur d’un cinquième. Cette majoration représentait soitles frais de transport dont s’exonérait le possesseur, soitla plus-value qu’il espérait recueillir des biens en nature.

— Sont également sujets à la dîme tous les animaux, bœufs, brebis, chèvres, qui passent sous la verge du pasteur, c’est-à-dire qu’on mène paître dans les champs.Quand on les comptait, le pasteur frappait chaque dixièmede son bâton, et celui-là appartenait au Seigneur, quel’animal fût d’ailleurs bon ou mauvais. Quand le nombredix atteignait une belle bête, le possesseur pouvait êtretenté de lui en substituer une autre de qualité inférieure.Pour punir cette déloyauté, le Seigneur revendiquaitalors les deux animaux, le bon et le mauvais, et interdisaiten même temps la faculté de rachat. Cette dernièreclause suppose que les animaux pouvaient être rachetés, aux mêmes conditions que les céréales et les fruits, bienque la loi ne le dise pas positivement. Lev., xxvii, 30-33.

— 2° Le produit des dîmes est attribué aux lévites etconstitue leur unique moyen d’existence, puisqu’ils sontconsacrés au service du Tabernacle. Â leur tour, leslévites doivent prélever la dixième partie de ce qu’ilsreçoivent, par conséquent la dime de la dime, et la donnerau grand prêtre, pour l’usage des autres prêtres.Seulement ils n’ont pas la faculté dont bénéficiait l’Israéliteordinaire de réserver au Seigneur même l’animal

mauvais sur lequel tombait le nombre dix. Tout ce qu’ilsoffrent doit être excellent et choisi. Num., xviii, 21-30.Les Israélites mâles, sans compter la tribu de Lévi, étaientau nombre de 603550, Num., i, 32, et les lévites aunombre de 22000. Num., iii, 39. Ces derniers formaientdonc environ un cinquantième de la population mâle, et recevaient un dixième des revenus totaux, par conséquentavaient, au moins en principe, une part cinqfois plus grande que celle des autres Israélites. Pour unpeuple comme étaient alors les Hébreux, il y avait là uneindication sensible de l’honneur que le Seigneur voulaitqu’on rendit à ses ministres. — À propos de l’attributionde la dîme, saint Taul, Hebr., vii, 5, dit que «ceux desfils de Lévi qui reçoivent le sacerdoce ont ordre de prélever, selon la loi, la dîme sur le peuple, c’est-à-diresur leurs frères». Ce passage ne contredit pas le texte dela loi, d’après laquelle les lévites percevaient le montantde la dîme. Ceux d’entre eux qui avaient reçu le sacerdocela percevaient par l’intermédiaire des simples lévites.Il est possible aussi que saint Paul fasse porter son raisonnementsur toute la tribu de Lévi, qui, d’une part, percevait les dîmes, et, d’autre part, recevait le sacerdoceen quelques-uns de ses membres. — 3° La loi parleencore de dîmes qu’il faut offrir dans le lieu qu’aurachoisi le Seigneur et manger en sa présence. Deut., xii, 5-7. En ce lieu, on en doit faire des festins avec sesenfants, ses serviteurs et le lévite de sa ville; ces festinsne peuvent être célébrés dans les autres villes. Deut., xii, 11, 12, 17, 18. Si la ville où l’on se trouve est trop éloignéedu lieu choisi par le Seigneur et que 4e transportdes dîmes du froment, du viii, de l’huile, soit trop difficile, on peut vendre ces objets, en apporter le prix au lieuchoisi parle Seigneur, et là acheter toute espèce de comestiblespour célébrer les festins prescrits. Deut., xiv, 22-27.

— 4° Enfin, chaque troisième année, indépendamment del’année sabbatique durant laquelle les dîmes ne peuventpas être payées, puisqu’il n’y a pas de récoltes, on doitmettre de côté une dîme que l’on garde à la maison, et aumoyen de laquelle on nourrit le lévite, l’étranger, l’orphelinet la veuve. Deut., xiv, 28, 29; xxvi, 12. Au momentde célébrer ce festin avec les pauvres, on adresse auSeigneur une prière, pour protester solennellement qu’onn’a rien gardé de la dîme prescrite et appeler les bénédictionsdivines sur Israël. Deut., xxvi, 13-15.

III. Interprétation et pratique de la loi. — 1° Lesquatre dîmes. — La tradition juive distinguait quatreespèces de dîmes: la première dîme, payée aux lévites; la dîme des dîmes, payée aux prêtres par les lévites; laseconde dîme, prélevée sur ce qui restait aux mains desIsraélites après le payement de la première, et consomméepar eux dans des festins à Jérusalem; enfin la dîmedes pauvres, imposée tous les trois ans. Tobie, i, 7 (Septante), témoigne de sa fidélité à verser la dîme aux filsde Lévi, puis ttjv SeuTÉpav 8exâiï)v, la seconde dîme dontle produit était envoyé à Jérusalem; enfin rr|v Tpmriv, latroisième, dont bénéficiaient les pauvres. — 2° La premièredîme. — 1. Elle était due par tout le pays d’Israëlet par les quatre régions voisines, Babylonie, Egypte, Ammon et Moab. Les Israélites résidant dans d’autrespays en étaient exempts. Echo. Rabbati, 57, 3; MidraschRulh, ii, 4. — 2. Cette dîme portait sur les animauxquadrupèdes qui pouvaient être offerts en sacrifice et dontles Israélites pratiquaient communément l’élevage, bœufs, chèvres, brebis, et sur les produits du sol nommés parla loi: froment, vin et huile. Deut., xiv, 23; II Esdr., xiii, 5, 12. Le froment est dimé à l’état naturel, le raisinet l’olive dans l’état où les a mis le travail de l’homme, et dans lequel ils peuvent être transportés et conservésaisément. Les autres produits non désignés par la loipouvaient être soumis ou soustraits à la dîme, au gré dupossesseur; mais on n’y soumettait en général que ce quipouvait se manger et se garder. Maaseroth, 1, 1; Demai, i, 1. Dans les derniers temps, les rabbins formalistes en

vinrent à prélever la dîme des légumes et des plus petitesplantes servant à donner du goût aux aliments, la menthe, ï’anis, le cumin, etc. Matth., xxiii, 23; Luc, xi, 42; xviii, 12; Babyl. Joma, ꝟ. 83, 2; Maaseroth, iv, 5; Demai, il, 1. Mais des docteurs plus récents, Maimonides, Abarbanel, Jarchi, ont déclaré depuis que cette dîme deslégumes et des herbes était d’institution rabbinique, etque d’après la loi mosaïque la dîme ne frappait que lefroment, le vin et l’huile. — 3. L’application de la dîmeaux animaux se faisait au mois d’élul (août-septembre), pour les animaux nés depuis la même époque de l’annéeprécédente. Au 15 sabath (janvier-février) commençaitla même opération pour les fruits de la terre. Pour dimerle troupeau, on le faisait passer par une petite porte, àl’entrée ou à la sortie du bercail, et chaque dixième animalétait marqué. Jer., xxxiii, 13. Il n’est pas prouvéque, comme l’ont dit certains rabbins, Bekoroth, ꝟ. 58, 2, on le marquât en rouge. Bochart, Hierozoicon, Leipzig, 1793, t. i, p. 459. — 4. La dîme était livrée aux lévites, qui s’en servaient pour leur nourriture et celle de leursfamilles. II Esdr., xiii, 5, 10-12. Mais on ne dit pas à quelendroit se faisait la livraison. Peut-être était-ce dans lesvilles lévitiques, comme le donne à supposer la facultéde payer en argent. — 5. On considérait la dîme commemoins sacrée que les prémices, et les prémices moinssacrés que les sacrifices. Aussi la dîme n’était-elle pastoujours fidèlement prélevée par les particuliers, et plusd’une fois l’on vendait comme dîmes des produits quine l’étaient pas. Gem. Hier. Maaser scheni, 56. C’estpourquoi les rigoristes avaient soin de prélever la dîmetant sur les produits qu’ils achetaient que sur ceux qu’ilsvendaient. — 6. La Sainte Écriture fait plusieurs foismention de la dîme, pour en constater la pratique, II Par., xxxi, 5, 6, 12; Eccli., xxxv, 11; Tob., i, 6, 7; Hebr., vii, 8, ou le rétablissem*nt. II Esdr., x, 37, 38; xii, 43; xiii, 5, 12; I Mach., iii, 49; x, 31. — 3 «Ladîme des dîmes. — 1. Saint Jérôme, In Ezech., iv, 45, t. xxv, col. 450, dit que cette dîme était appelée8suTSpo8exâ8ïi, «seconde dîme;» qu’il y en avait uneautre que l’on consommait à Jérusalem avec les prêtreset les lévites, et enfin des dîmes destinées aux pauvres, HTM^oSéxaSoci. Mais les rabbins réservaient le nom deseconde dîme à celle qui se portait à Jérusalem pour yêtre consommée, et le texte grec de Tobie, i, 7, paraitdevoir être entendu dans le même sens. — 2. Cettedîme était ordinairement versée aux prêtres par les léviteseux-mêmes. II Esdr., x, 38. Mais on pouvaitaussi la retenir sur la première dîme et la remettre directementaux prêtres. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 2; Vit., 15; Gem. Yebamoth, ꝟ. 86 a; Kethuboth, 26 a. —3. Des magasins étaient ménagés dans le Temple pourrecevoir le produit des dîmes payées en nature. Ézéchiasfit des travaux pour réparer les anciens magasins ou enconstruire de nouveaux. II Par., xxxi, 11. On en bâtitégalement dans le nouveau Temple, II Esdr., x, 38, et ily eut des fonctionnaires préposés à leur garde. II Esdr., xii, 43; Mal., iii, 10. —4. Josèphe, Cont. Apion., 22, citeun passage d’Hécatée d’après lequel, sous Ptolémée, filsde Lagus, quinze cents prêtres vivaient à Jérusalem desdîmes perçues et conservées dans le Temple. Il y eut plustard des grands prêtres, comme lsmaël, fils de Phabi, etAnanos, fils d’Ananos, qui ne craignirent pas de mettrela main sur les dîmes appartenant aux prêtres, au pointde réduire ceux-ci à mourir de faim. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8; ix, 2. — 4° La seconde dîme. — 1. On l’apportaiten nature à Jérusalem, et on l’employait en festinsauquels on invitait les prêtres et les lévites. On ne pouvaitparticiper à ces festins qu’à la condition de n’être nien deuil ni en état d’impureté légale. Deut., xxvi, 14.Tendant qu’il était en Palestine, Tobie ne manquait pasde s’acquitter de cette redevance dans les formes prescrites.Tob., i, 6. — 2. Quand cette dîme n’était pasprésentée en nature, le prix n’en pouvait être employé

qu’à se procurer le nécessaire pour le manger, le boireet l’onction. Schebiith, viii, 2; Maaser scheni, i, 7, 11.

— 3. On joignait d’ordinaire au produit de cette dîmeles fruits de l’arbre à sa quatrième année. Lev., xix, 24; Sephra, ꝟ. 210, 1; Gem. Hier. Peah, xx, 3. — 4. Cesfestins auxquels étaient invités les prêtres et les lévites, conjointement d’ailleurs avec les membres de la famillede celui qui payait la dlme, avaient sans doute pourbut de raviver les sentiments de confraternité entre lesIsraélites des autres tribus et les lévites. Dans ces conditions, la première dime n’était plus payée pour desinconnus, mais pour des hommes que l’on connaissait, dont on estimait le caractère et la fonction. Les rentréesn’en étaient que plus faciles. — 5° La dime des pauvres.— 1. Cette dime était due par tous sans exception, mêmepar les lévites et les prêtres, à raison des villes qu’ils possédaient.— 2. Elle se payait tous les trois ans, la troisièmeet la sixième année après l’année sabbatique. Pourcette raison, chacune de ces années portait le nom desénat hamma’âèêr, «année de la dime,» Deut., xxvi, 12.

— 3. La loi ne dit pas si cette nouvelle dîme s’ajoutait àla précédente, ou si elle se confondait avec elle, de façonque la dime des pauvres ne fût qu’une destination particulièreimposée à la seconde dîme. Josèphe, Ant.jud., IV, vin, 22, paraît croire qu’elle s’ajoutait aux deux autres.Quelques auteurs sont de cet avis; mais la plupart pensentque la dîme des pauvres n’était qu’une application triennalede la seconde dime à une certaine catégorie de personnes.Autrement la redevance eût atteint tous les troisans les trois dixièmes du revenu, ce qui paraît excessif, surtout pour la sixième année, qui précédait l’année sabbatique, durant laquelle l’Israélite ne tirait aucun profitde ses champs. À cette dime des pauvres avaient part leslévites, non plus seulement à Jérusalem, comme dans lesannées où l’on y faisait les festins légaux, mais partoutoù ils se trouvaient. Deut., xiv, 29. Cf. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 172. — 4. L’Israélite n’avait pas à murmurercontre ces redevances, car le Seigneur promettait sesbénédictions temporelles à ceux qui les acquittaient fidèlement.Deut., xiv, 29; xxym, 11, 12. D’autre part, les rabbinsdéclaraient digne dé mort celui qui mangeait desaliments soustraits à la dîme. Sanhédrin, ꝟ. 83 o. —5. Dans le repas qui terminait l’acquittement de la dîmedes pauvres, l’Israélite protestait devant le Seigneur qu’ilavait accompli son devoir. Il disait: «J’ai enlevé de mamaison tout ce qui était consacré, et je l’ai donné au lévite, à l’étranger, à l’orphelin, à la veuve, comme vous mel’avez recommandé; je n’ai pas trangressé vos ordres, jen’ai pas oublié votre loi, etc.» Deut., xxvi, 13. On prétendque, sur l’ordre de Jochanan, cette formule fut modifiée, sous prétexte qu’Esdras avait interdit de servir ladime aux lévites, pour les punir de n’avoir pas voulurevenir avec lui de Babylone. Sota, ix, 10; Maaser scheni, "V, 15. Mais Esdras n’a pu porter cette peine, puisque deslévites sont revenus avec lui à Jérusalem. I Esdr., viii, 15-20. — 6. Amos, IV, 14, s’adressant aux dix tribus d’Israël, qui adoraient les idoles, leur dit ironiquement: «Amenez vos victimes le matin, et vos dîmes aux troisjours.» Suivant les différents auteurs, ces jours désignentsoit les années, soit les trois grands jours de fête annuels, à moins que le prophète veuille se moquer des idolâtresen leur disant de faire pour leurs dieux tous les troisjours ce que les serviteurs du vrai Dieu ne font que tousles trois ans. — Voir Reland, Antiquitales sacrse, Utrecht, 1741, p. 205-208; Bàhr, Symbolik des mosaischen Cullus, t. ii, p. 36-38; les auteurs cités par Winer, BiblischesMealwôrterbuch, Leipzig, 1838, t. ii, p. 833-836.

H. Lesëire.

    1. DIMONA##

DIMONA (hébreu: Dimônâh; Codex Vaticanus: ’Psyiâ; Codex Alexandrinus: Ai|uov<i), ville de la tribude Juda, située à l’extrémité méridionale, «près des frontièresd’Édom.» Jos., xv, 22. Elle est mentionnée entreCina et Adada: la première localité est inconnue, mais

la seconde a été retrouvée de nos jours dans les ruinesde même nom, El-’Ad’adah, à l’ouest de la mer Morte, au sud-est de Tell Arad. Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 115, 250, citentDimona, Aeijiuvâ, sans en indiquer la situation, ce quiprouve que dès cette époque on avait perdu les traces del’antique cité: on les cherche encore aujourd’hui. Il estprobable que le nom reparait, avec une légère altération, dans un autre endroit de l’Écriture. II Esdr., XI, 25. Letexte original, il est vrai, porte Dibôn, Septante: Aceeêwv, Aigwv; mais il ne saurait être ici question de la villemoabite appelée aujourd’hui Dhibân, puisque l’auteursacré énumère les lieux réhabités par les enfants de Juda, après la captivité. Ensuite l’énumération comprend plusieursdes noms au milieu desquels Dimona se rencontredans Josué, xv, 21-32, comme Cabséel, Molada, Bethphaleth, etc., ce qui place bien Dibon dans le négéb ou «lemidi» de la Palestine. Enfin la permutation entre le a, beth, et le D, niem, s’explique très facilement. Aussiquelques auteurs sont-ils tentés de reconnaître notre citédans les ruines signalées par Van de Velde, Memoir toaccompany Ihe Map of tlie Holy Land, Gotha, 1858, p. 252, au nord-est d’Arad, et appelées Ed-Dheib, commeï’ouadi au sud duquel elles se trouvent. Cf. Keil, Josua, 1874, p. 124. Il faut dire cependant que Robinson, BiblicalResearches in Palestine, Londres, 1841, t. iii, indexarabe, p. 209, et 2e édit., 1856, t. ii, p. 102, écrit le motEhdeib. Il semble par ailleurs que cette double dénominationcorrespond au Khirbet et - Teibéh de la carteanglaise, Old and New Testament Map of Palestine,

Londres, 1890, feuille 14.

A. Legendre.

DINA (hébreu: Dînâh; Septante: Asiva), fille deJacob et de Lia. Elle fut peut-être la seule fille de cepatriarche. On ne saurait sans doute le conclure avec certitudede ce que Moïse ne parle d’aucune autre, carl’Ecriture ne fait pas d’ordinaire mention des filles dansles généalogies postdiluviennes; mais les détails danslesquels la Genèse entre en racontant successivement lanaissance des enfants que les quatre femmes de Jacoblui donnèrent, et la mention expresse qu’elle fait de lanaissance de Dina, ont fait croire à quelques-uns qu’il n’yeut pas d’autre fille qu’elle dans la famille du patriarche.Gen., xxix, 31; xxx, 24. Josèphe, Ant.jud., i, xxi, 1, l’affirme formellement. Elle naquit à Haran en Mésopotamie, Gen., xxx, 21, et fut le dernier enfant que Jacobeut de Lia. À peu près vers la même époque, Rachelmit au monde son premier fils, Joseph, Gen., xxx, 22-24; et l’on peut par là déterminer approximativement l’âgequ’avait Dina lorsque se passèrent les faits racontésGen., xxiv, 1-3. Elle, devait avoir quinze ou seize ans, puisque Joseph, qui était à peu près du même âgequ’elle, fut vendu environ un an après, à l’âge de dix-septans (Vulgate: «seize ans» ).’Gen., xxxvii, 2.

Lorsque Jacob revint de la Mésopotamie dans la TerrePromise, il alla d’abord s’établir à Soccoth, d’où il sedirigea plus tard vers Sichem, Gen., xxxiii, 17-19, etpendant le séjour du patriarche dans cette région, s Dina, fille de Lia, sortit pour voir les femmes de ce pays.» Gen., xxxiv, 1. Cette curiosité devait lui être funeste.Sichem, fils d’Hémor, roi du pays, l’ayant vue, conçutpour elle une violente passion; il l’enleva et lui fit violence.Il pria ensuite son père de la demander pour luien mariage à Jacob. Lorsque Hémor alla faire cette demandeau père de Dina, celui-ci était déjà instruit dumalheur, de sa fille; mais il avait voulu dissimuler sadouleur et son ressentiment jusqu’à l’arrivée de ses fils.Gen., xxxiv, 4-6. Les frères de Dina furent remplis d’indignationet de colère en apprenant cette nouvelle; cependantils se continrent et feignirent d’agréer la propositiond’Hémor et de Sichem, qui était venu appuyervivement la demande de son père. Ils mirent seulementà leur consentement une condition insidieuse, qui leur

permit de venger de la manière la plus terrible et la pluscruelle Y outrage fait à leiir sœur. Gen., xxxiv, 7-31. Onvoit par diverses circonstances du récit que Dina avait dûpasser plusieurs jours en la possession de son ravisseurlorsque ses frères la délivrèrent. Gen., xxxiv, 3, 11, 20, 25-26.

La faute et l’infortune de Dina ne sont qu’un épisoded’une importance fort secondaire dans l’histoire patriarcale; elles eurent néanmoins, dans les vues de la Providenceet pour seconder ses desseins, une grande influencesur la suite de cette histoire. Si Jacob s’était définitivementétabli au milieu des Sichémites, comme il paraiten avoir formé d’abord le projet, Gen., xxxiii, 17-19, ceséjour aurait été extrêmement dangereux pour la foi etles mœurs de ses enfants. C’est à ce péril que Dieu voulaitarracher les descendants d’Abraham en ne leur permettantde se fixer nulle part d’une manière permanentedans le pays de Chanaan avant d’être devenus un peuplecapable de résister, par la force du nombre et par l’organisationsociale et religieuse, aux influences corruptricesdu paganisme et de la civilisation des indigènes. La vengeancesanglante de Siméon et de Lévi (voir ces noms)servit à l’exécution de ce plan divin; elle rendit impossiblela prolongation du séjour de la famille de Jacob aumilieu d’un peuple désormais hostile. Gen., xxxiv, 25-30.Le patriarche replia donc ses tentes et reprit Je cours decette vie errante à laquelle Dieu l’appelait. Gen., xxxv, 1, 16, 21, 27; cf. xxxvii, 12, 17.

L’Écriture se tait sur la suite de l’histoire de Dina, etnous ne savons plus rien d’elle. La tradition juive, conservéedans la paraphrase chaldaïque, d’après laquellela femme de Job ne serait autre que la fille de Jacob etde Lia, n’a aucune vraisemblance. E. Palis.

    1. DINÉENS##

DINÉENS (chaldéen: Dînâyê’; Septante: Aetvaïoi; Vulgate: Dinsei), captifs transplantés par les Assyriensdans l’ancien royaume d’Israël. Nous voyons dans I Esdr., iv, 9, qu’ils voulurent s’opposer, après le retour desJuifs dans leur patrie, à la reconstruction des muraillesde Jérusalem; ils écrivirent dans ce sens à Artaxerxès.Mais ils ne sont plus mentionnés 1 Esdr., v, 6, et vi, 6, parmi ceux qui firent une tentative analogue sous Darius, pour empêcher la reconstruction du Temple. — Onplace généralement ces Dinéens à l’est ou au nord-estde l’Assyrie ou dans la Médie; mais on ne sait rien decertain sur ce sujet. Keil, Ezra, 1870, p. 437, croit queles Dinéens venaient de la ville mède de Deinaver, nomméepar Aboulféda; d’Herbelot, Bibliothèque orientale, Deinour; Bertheau, Ezra, 1863, p. 62, d’après Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 1866, t. iii, p. 727. — Clair, Esdras et Néhémie, 1882, p. 24-25, rapproche les Dinéensdes Dayaini ou Dayani des textes cunéiformes, qui habitaient aux environs du lac de Van et non loindes sources de l’Euphrate. Cf. Eb. Schrader, Keilinschriftenund Geschichtsforschungen, 1878, p. 134, 150154. Assurbanipal et Asarhaddon, en qui l’on croit voirl’Asénaphar d’Êsdras, ne les attaquèrent pas, ou du moinsne les mentionnent pus; mais on pourrait supposer qu’ilssont, en effet, compris parmi les Minni ou habitantsde l’Arménie, entre les lacs de Van et d’Ourmia, qu’Assurbanipalattaqua et subjugua dans sa campagne contreAhseri (iv «ou v «expédition, les chiffres variant suivantles textes). Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 279 et259; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 176.

— Leur mention à côté des Apharsatachéens et des Apharséenspermettrait aussi de les placer dans le voisinagede la Médie ou d’un district contigu, nommé Parsouadans les inscriptions assyriennes, ce qui ne les éloignepas beaucoup du pays des Minni. On sait qu’Asaraddonfit la conquête de ces provinces et en transplanta leshabitants dans le pays de Chanaan ou en Syrie. VoirApharsatachéens et Apharséens, t. i, col. 724 et 726.

E. Pannier.

    1. DIODATI Jean##

DIODATI Jean, théologien calviniste, né à Genève le6 juin 1576, mort dans cette ville en 1649. Il appartenaità une famille de Lucques, qui, ayant embrassé les erreursde Luther, avait dû abandonner l’Italie. Grâce à la protectionde Théodore de Bèze, il était à vingt et un ansprofesseur d’hébreu. Pasteur de l’église réformée, en 1608, il était l’année suivante appelé à enseigner la théologie.Ayant fait un voyage en Italie, il se lia avec Fra PaoloSarpi, et essaya, sans succès, de répandre à Venise leserreursde Calvin. Il prêcha à Nîmes pendant les années1614 et 1617. Quoiqu’il fût d’origine étrangère, il représental’église de Genève au synode de Dordrecht, dont ilfut chargé de rédiger les articles. On avait cependant à luireprocher ses violences contre ceux qui n’admettaientpas complètement les opinions de Calvin. Il traduisit laBible en italien, en accompagnant le texte de notes et decourts commentaires: La Biblia, cioe, i libri del Vecchioe del Nuovo Teslamento; nuovamente traslatati inlingua italiana da Giov. Diodati di Nation Lucchese, in-f°, Genève, 1644; la seconde édition a pour titre: LaSacra Biblia, tradotta in lingua italianae commentata, seconda editione, migliorata ed accresciuta, con l’aggiuntade’sacri Salini messi in rime, in-f°, Genève, 1641. Une traduction française fut publiée sous le titre: La Sainte Bible interprétée par J. Diodati, in-f°, Genève, 1644. Ces ouvrages eurent de nombreuses éditions, et les éditeurs publièrent séparément diverses parties dela Bible, avec les notes et les commentaires de cet auteur.

— Voir Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, p. 340; Tiraboschi, Storia délia letteratura italiana, t. viii, p. 227; Schotel (G. û. J.), I. Diodati, in-8°,

la Haye, 1844.

B. Heurtebize.

    1. DIODORE D’ANTIOCHE##

DIODORE D’ANTIOCHE, évêque de Tarse. Voirt. i, col. 684.

DIORYX. Mot grec, îiwpuÇ, employé dans la versiongrecque de l’Ecclésiastique, xxiv, 31, 33 (Vulgate, 41, 43).Dans le second passage, la Vulgate a traduit exactementle mot grec par trames, «chemin» suivi par l’eau; dansle premier, notre, version paraît reproduire deux fois lemême membre de phrase, la première en rendant le mot8101pu| par trames, la seconde en le transcrivant simplementen latin, diorix. Quelques commentateurs ontcru à tort que diorix était un nom propre de fleuve etdésignait l’Araxe, une des rivières du paradis terrestreauquel l’auteur sacré fait allusion. Voir J. Frd. Schleusner, Novus thésaurus philologico-criticus Veteris Testamenti, 1820, t. ii, p. 182; Calmet, Commentaire littéral, l’Ecclésiastique, 1730, p. 325.

    1. DIOSCORE##

DIOSCORE (grec: Aio<rxopfv910 «; Vulgate: Dioscorus), mois macédonien inconnu. II Mach., si, 21. Voir Mois.

DIOSCURES. Voir Castor.

    1. DIOTRÈPHE##

DIOTRÈPHE (grec: AiorpÉçr^, «élevé par Jupiter;» Vulgate: Diotrephes), personnage influent d’une Égliseà laquelle appartenait Gaïus, le destinataire de la troisièmeÉpitre de saint Jean. III Joa., 9-10. Cette Église paraîtêtre de l’Asie Mineure, mais on ne saurait préciser davantage.Tandis que Gaïus avait exercé une généreuse hospitalitéenvers les ouvriers évangéliques, Diotrèphe, aucontraire, les accueillait mal et ne souffrait pas qued’autres les reçussent, jaloux qu’il était de faire sentirson autorité. Dans ses paroles il ne ménageait pas l’apôtrelui-même. Cette situation influente, jointe au soin desétrangers, qui paraît lui incomber, permet de voir enDiotrèphe un des surveillants ou plutôt un des diacresde cette Église, dont la doctrine paraît avoir été irréprochable, mais qui manquait des vertus requises pour cesfonctions: l’humilité dans le commandement et l’hospitalité.E. Levesque.

1439

DIPLOIS — DISCIPLE

1440

    1. DIPLOÎS##

DIPLOÎS, mot grec, SinXotç, employé deux fois dansla Vulgate, Ps. cviii, 29, et Baruch, v, 25. Dans les deuxpassages, le traducteur latin a conservé le mot qu’il trouvaitdans le texte grec sur lequel il faisait sa version.L’hébreu, Ps. cix, 29, porte le mot me’ii, qui signifieune sorte de tunique. C’est probablement aussi le mot queportait l’original hébreu de Baruch, aujourd’hui perdu.Voir Tunique.

    1. DIPONDIUS##

DIPONDIUS, mot par lequel on désignait en latin, dans le langage courant, le double as. Cicéron, ProQuintio, xvi, 53. Il est employé dans ce sens par la Vulgate.Luc, xii, 6. Voir As, t. i, col. 1051.

E. Beurlier.

    1. DIPSAS##

DIPSAS (hébreu: èârâf, de èâraf, «brûler» ), serpentvenimeux dont la morsure produit une soif inextinguibleet mortelle. Les naturalistes appellent aujourd’huidu nom de «dipsade» une couleuvre qui vit sur lesarbres, dans l’Inde et en Amérique. Les anciens connaissaientsous le nom de Situas, tiré du substantif Stya, «soif,» un serpent dont la morsure causait une fièvreardente accompagnée d’une soif inextinguible. Nicandre, Theriac, 334; Élien, Nat. animal., vi, 51. Les serpentsde cette nature ne manquent pas dans la presqu’île Sinaïtique, et le sârâf hébreu appartient vraisemblablementà la même espèce que le dipsas d’Élien. Tristram, Thenatural history of the Bible, Londres, 1889, p. 277. —Quand les Hébreux se lassèrent au désert de la manneque leur envoyait le Seigneur, Dieu déchaîna contre euxdes nehâSim haèserâfîm, «serpents brûlants,» ô’çstç toÙç6avatoOzas, ignitos serpentes, qui en firent périr ungrand nombre. Num., xxi, 6. Les Hébreux contournaientalors par l’est le pays des Iduméens. La contrée rocheusequ’ils parcouraient abondait en reptiles venimeux. Lavengeance divine permit la multiplication de ces reptilespour la punition des coupables. On ne sait d’ailleurs àquelle espèce pouvait appartenir le sârâf de la Bible.D’après Aquila, il s’agit d’un l| «upirçaTJ)ç, serpent «quibrûle», et d’après la Veneta, d’un irp^arrip, serpent dontla morsure cause une grande inflammation. Dioscoride, Theriac., 13; Élien, Nat. animal., vi, 51. Le sens généralde êârâf n’en reste pas moins indiscutable: le sârâfn’est ni une couleuvre inoffensive, ni un serpent couleurde feu, maie un reptile dont la morsure a un doubleeffet: une soif cuisante, puis la mort. Pour guérir ceuxqui avaient été atteints, mais n’en étaient pas encorearrivés au dénouement fatal, Moïse reçut l’ordre de fabriquerun êârâf, ô’çiv, serpentent seneum, dont la vue suffisaità faire cesser le mal. Num., xxi, 8. Voir Serpentd’airain. Plus tard, il rappelait aux Hébreux qu’ilsavaient rencontré au désert «le serpent sârâf, le scorpion, la région desséchée (simmà’ôn) où il n’y a pointd’eau», Deut., viii, 15; Septante: «le serpent qui mord( Sâx/wv), le scorpion et la soif (8(>{/a), sans qu’il y aitd’eau;» Vulgate: «le serpent au souffle brûlant, le scorpion, le dipsas et absolument point d’eau.» Ce passagede la Vulgate est le seul où se rencontre le mot dipsas, qui devrait régulièrement traduire l’hébreu sârâf, déjàrendu par serpens flatu adurens, tandis qu’il correspondà simmà’ôn, «région de la soif,» nommée simplement5fy% par les Septante. — Dans sa prophétie contre lesPhilistins, Isaïe, xiv, 29, dit que «de la race du serpentsortira le sêfa’, et son fruit sera le èârâf volant», ôçe: çitExdc|j.Evoi, ce que la Vulgate traduit par absorbens volucrem, «qui dévore ce qui vole.» Dans un autre passage, Isaïe, xxx, 6, représente l’Egypte comme une terre d’affliction, «d’où sortent le lion et la lionne, la vipère etle Sârâf volant, s sxyova àanfôuv neTO|iiva>v, <t la race desaspics volants,» regulus volans. Dans ces deux passages, le èârâf apparaît comme un serpent très dangereux, puisqu’il est associé au sêfa’et à la vipère. Voir Serpents.Isaïe parle du èârâf volant. On ne connaît pasde serpents volants. Le seul reptile qui paraisse voler

est un saurien fort inoffensif, appelé dragon volant, et pourvu d’ailes analogues à celles des chauves-souris.Ces ailes sont formées par un repli de la peau que soutiennentles fausses côtes de l’animal: elles font plutôtoffice de parachute, pour le saut d’une branche à l’autre, que de véritables ailes. Le dragon se rattache ainsi à lasérie des sauriens paléontologiques appelés ptérodactyles.Isaïe ne saurait avoir en vue cet animal, qui habite lesforêts et est aussi inconnu en Palestine qu’en Egypte.On ne peut dire non plus qu’il admette l’existence deserpents volants, bien que des anciens y aient cru, Hérodote, il, 75; iii, 108; Élien, Nat. animal., ii, 38, sans doute en prenant pour des reptiles des poissonsvolants. Le prophète parle en figures, et, s’il prête desailes au sârâf, célèbre par ses ravages au désert, c’estpour montrer que le danger est prêt à fondre sur ceux

qui le méritent.

H. Lesêtre.

    1. DISAN##

DISAN (hébreu: Dîsân; Septante: ’Pktwv, et dansles Paralipomènes: Akjocv), le dernier des fils de Séiri’Horréen, qui fut chef d’une tribu de même nom. Gen., xxxvi, 21, 30; I Par., i, 38. Il eut pour fils Hus et Aram.ou Aran. Gen., xxxvi, 28; I Par., i, 42.

    1. DISCIPLE##

DISCIPLE (grec: natty-ri); , de iiavOâvw, «celui quiapprend» et reçoit des leçons du 818â<rxa).o; ou «maître» qui l’enseigne; Vulgate: discipulus).

I. Ancien Testament. — L’opposition entre maître etdisciple n’est pas marquée nettement dans la languehébraïque. Dans les Septante, on ne lit pas une seule foisle mot iia8YiTÎiç. Les mots hébreux qui se rapprochent dusens de disciple sont: limmûd, «enseigné,» Is., viii, 16; l, 4; liv, 13, expression qui désigne le prophète deJéhovah, et (almîd, «élève,» I Par., xxv, 8, appliquéà celui qui a besoin d’apprendre (Vulgate: indoctus).Ces deux termes sont rendus différemment par les traducteursgrecs: dans Is., viii, 16, par une périphrase(Vulgate: discipuli); dans Is., L, 4, par TuaiSec’a, «discipline» (Vulgate: erudita); dans Is., liv, 13, par 8e8axx6; , «enseigné» (Vulgate: doctus, «enseigné» ), etdans I Par., xxv, 8, par |j.av9âvo>v, «apprenant.» — LaVulgate, qui a employé le mot discipulus une premièrefois, Is., viii, 16, l’emploie une seconde, Mal., Il, 12, pour traduire l’hébreu’ônéh, «celui qui répond.»

II. Nouveau Testament. — L’expression grecque |xaOï)-Trjç, comme l’expression latine discipulus, n’est employéeque dans les quatre Évangiles et dans les Actes. On nela rencontre jamais dans les Épltres ni dans l’Apocalypse.Elle a cinq acceptions principales. — 1° Elle désignecelui qui apprend de la bouche d’un maître. Matth., x, 24; Luc, vi, 40. — 2° Par extension, celui qui adhère à ladoctrine d’un docteur ou d’une secte est appelé disciplede ce docteur ou de cette secte: «les disciples de Moïse,» Joa., ix, 28; de Jean-Baptiste, Matth., ix, 14; Luc, vii, 18; Joa., iii, 25; des pharisiens, Matth., xxii, 16; Marc, ii, 18; Luc, v, 33; de Jésus, Joa., vi, 66; vii, 3; xix, 30; Luc, VI, 17; vii, 11; xix, 37. — 3’Dans un sens plus restreint, le nom de «disciples» est réservé spécialement pourles Apôtres dans plusieurs passages des Évangiles. Matth. Tx, 1; xi, 1; xii, 1; xiii, 10; xiv, 19; Marc, viii, 27; x, 24; Luc, viii, 9; ix, 16; Joa., ii, 2; iii, 32; vi, 11, etc.

— 4° Dans les Actes, le mot de «disciple» tout court(l’expression «disciple du Seigneur» ne se lit qu’unefois dans les Actes, IX, 1) est devenu synonyme de «fidèle, chrétien». Act., vi, 1, 2, 7; ix, 1, 10, 19, 25, 26, 38; xi, 26, 29; xiii, 52; xiv, 19, etc. — 5° Dans le langagechrétien, on appelle en particulier «disciples» lessoixante-douze personnes qui s’étaient attachées de bonneheure à Jésus-Christ et qu’il envoya deux par deux prêcherau-devant de lui, en leur faisant diverses recommandations, comme le raconte saint Luc, x, 1-17. Letexlus receptus grec porte soixante et dix au lieu desoixante et douze, mais plusieurs manuscrits grecs et

la Vu] gâte ont ce dernier chiffre. Voir Tillemont, Mémoiressur l’histoire ecclésiastique, note 24 sur J.-C, 2e édit., 1701, t. i, p. 436-437. On possède plusieurs listesgrecques des soixante et dix disciples (Chron. paschal., et PseudoDorothée, Patr. gr., t. xcii, col. 521-524, 543-545 et 1061-1065); elles sont apocryphes et il est impossibled’y démêler avec certitude le vrai du faux. Dutemps d’Eusèbe de Césarée, au IV» siècle, H. E., i, 12, t. xx, col. 117, on n’avait aucun catalogue authentique.Cet historien mentionne seulement comme ayant été dunombre des soixante et dix disciples Barnabe, Sosthène, Matthias, Céphas, Thaddée et Jacques, frère du Seigneuret premier évêque de Jérusalem, mettant à tort ces troisderniers dans le nombre. Ces six noms se lisent aussidans les catalogues de la Chronique pascale et du Pseudo-Dorothée.F. Vigourodx.

DISETTE. Voir Famine.

DISON. Hébreu: Dîsôn, «gazelle.» Nom de deuxdescendants de Sëir l’Horréen.

1. DISON (Septante: A^oiin, et Paralipomènes: Àai<T<ôv), cinquième fils dé Séir, chef d’une tribu horréenne, au pays d’idumée. Gen., xxxvi, 21, 30. Au ꝟ. 26, l’hébreuporte DiSân au lieu de DiSôn, comme lisent la Vulgate, les Septante et le syriaque, et comme le demandentle contexte et aussi le passage parallèle I Par., i, 41. Lasituation précise du pays habité par la tribu de Dison estinconnue.

2. DISON (Septante: Aotiutiv), fils d’Ana et petit-filsde Séir. Gen., xxxvi, 25; I Par., i, 40 (hébreu, 41). Dansle passage de la Genèse, la Vulgate abrège l’hébreu, dansla pensée sans doute que l’Ana fils de Sébéon du ^. 24était le même personnage que l’Ana fils de Séir du ꝟ. 20.

1. DISPERSION DES PEUPLES. Voir Table

ETHNOGRAPHIQUE.

2. DISPERSION (JUIFS DE LA). On donne le nom deîiKTTiopdt tôv’EX^viov ( Vulgate: dispersio gentium)aux Juifs qui depuis la captivité de Babylone habitaientdispersés au milieu des gentils. Joa., vii, 35. Le mot’EMiiv, dans le Nouveau Testament, désigne toujours lesgentils polythéistes, jamais les Grecs proprement dits.Les mots tùv’EXXïjvojv furent supprimés peu à peu parl’usage dans cette locution, et Siaiitopà tout court désignaà lui seul, par abréviation, soit les Juifs proprementdits, soit les Juifs convertis au christianisme qui vivaienten pays païen. C’est ainsi que saint Jacques, i, 1, adresse son Épître aux convertis qui sont èv t>j SiauTcopS, in dispersione, et que saint Pierre écrit èxXextoïç…SiaanopSi; , electis dispersionis. 1 Petr., i, 1. L’emploide 81a<T7copà dans ce sens ou un sens analogue remonteaux Septante. Deut., xxviii, 25; xxx, 4; Is., xux, 6; Jer., xxxiv, 17; Judith, v, 18; Ps. cxlvi, 2; II Mach., I, 27. — Au i" siècle de notre ère, les Juifs étaient répandusdans tout le monde ancien. Cf. Act., ii, 9-11.Leur présence dans les différents lieux où les Apôtresallèrent prêcher l’Évangile fut un moyen préparé par laProvidence pour la propagation du christianisme. C’estdans les synagogues que les prédicateurs de la bonnenouvelle commençaient toujours par faire entendre leurvoix; ils trouvaient là une chaire et un auditoire toutprêts. Sous ce rapport comme sous tant d’autres, la synagoguefut comme le berceau de l’Eglise. Voir F. Vigouroux, Le nouveau Testament et les découvertes archéologiquesmodernes, 2e édit., p. 143.

    1. DISQUE##

DISQUE (grec: Sîaxoç; Vulgate: discus), plaquecirculaire en métal ou en pierre, qu’on lançait à une certainedistance. Lorsque Jason, frère d’Onias, eut obtenu

à prix d’argent le souverain sacerdoce, les prêtres placéssous ses ordres abandonnèrent le service du Seigneurpour se livrer aux exercices en usage chez les Grecs etentre autres à celui du disque. II Mach., iv, 14. L’exercicedu disque remonte chez les Grecs à la plus hauteantiquité. On en attribuait l’invention à Persée. Pausanias, II, xvi, 2. Ulysse y est victorieux chez les Phéaciens.Odyss., viii, 186. Primitivement on se servait degrosses pierres rondes, qu’on lançait de façon à parcourirla plus grande distance possible. Dans la suite on enfit en plomb et plus ordinairement en bronze. Le Muséede Berlin possède un disque en plomb, Friedrichs, Berlinerantich. Bildwerhe, t. ii, n° 1274, et un autre enbronze, ibid., n° 1273. Deux autres de même métal setrouvent au British Muséum. Newton, À guide to thebronze room, in the department of Greeh and Romanantiquities, in-16, Londres, 1871, p. 15. Cf. Gazette archéologique, t. i, 1859, p. 18 et 131, pi. 35. Le poids des

500. — Discobole de Myron. Palais Masslml, à Home.’D’après Clarao, Musée de sculpture, pi. 860.’disques variait suivant l’âge et la force des concurrents.L’athlète, au moment de lancer le disque, le frottaitd’abord dans la poussière, pour avoir plus de prise. Ensuiteil se plaçait sur une petite élévation, où il n’y avaitde place que pour une seule personne. Il portait la jambedroite et le bras droit en avant, mesurait la distance, etrejetait la jambe gauche en arrière. Ramassant alorstoutes ses forces, il faisait décrire à la main droite unmouvement rotatoire et, entraîné par l’élan, faisait lui-mêmequelques pas en avant. Stace, Thebaid., vi, 670-672; Philostrate, Imagines, 124. À la place où était tombé lepremier disque on faisait une marque, et ainsi de suitepour les autres. Le vainqueur était celui qui avait lancéle disque le plus loin. Stace, Thebaid., vi, 709. Plusieursstatues célèbres de l’antiquité représentent des discoboles.Les plus connus sont le discobole du Vatican, quel’on attribue à Alcamènes; le discobole de Myron, quiest au palais Massimi, à Rome (fig. 500). Pline, H. N.,

U. — 46

1443

DISQUE — DIVINATION

1444

xxxiv, 80. Clarac, Musée de sculpture, édil. S. Reinach, in-8°, Paris, 18° 7, pi. 860, n» 2191 B; pi, 862, n° «2194 C, 2195; pi. 863, n" 2194 A, 2193, 2196 À; cf. pi. 579, n» 1251, etc.; M. Gollignon, Histoire de la sculpture grecque, in-8°, Paris, 1895-1897, t. i, p. 473; t. ii, p. 124. Le jeudu disque est également représenté sur un certain nombrede peintures de vases. Monuments de l’Institut archéologiquede Rome, t. i, pi. xxii, 16; ArchâologischeZeitung, 1881, pi. îx; 1884, pi. xvi, etc.; Collection Dutuit, in-8°, Paris, 1879, n° 79. Voir Gûhl et Kôner, La vie desGrecs, trad. Trawinski, in-8°, Paris, 1884, p. 314-316.- E. Beurlier.

    1. DIVINATION##

DIVINATION, art réel ou supposé de découvrirl’avenir ou les choses cachées. Cet art était en grandhonneur chez les anciens peuples de l’Orient, et les auteurssacrés ont eu fréquemment l’occasion d’en parler.

I. Les différents procédés de divination mentionnésdans la Bible. — 1° Les terâfim, eïStaXa, idola, sontdes idoles domestiques, des espèces de dieux pénates, qu’on interrogeait d’une certaine façon pour en obtenirdes oracles. Outre leur rôle protecteur, les terâfimétaient donc censés exercer une action divinatoire. Ilsapparaissent pour la première fois au temps d’Abraham, et Laban, qui en possède, les appelle ses dieux. Gen., xxxi, 19, 30. Voir Teraphim. Il n’est pas encore dit, dansce passage de la Genèse, que les ferâjïm soient consultéscomme des oracles, bien que, d’après la conjectured’Aben-Esra, Rachel les ait soustraits pour empêcherLaban de les interroger et de savoir par eux le cheminque Jacob avait pris pour fuir. Cf. Rosenmûller, Scholiain Genesim, Leipzig, 1795, p. 272. Mais, dès l’époque desJuges, la puissance divinatoire leur est attribuée par lacrédulité populaire. L’Éphraïmite Michas se fabrique unéphod et des terâfim, qui excitent l’envie des Danites etque ceux-ci emportent de vive force. Jud., xvii, 5; xviii, 18-26. Le rapprochement entre l’éphod et les terâfimindique déjà que ces derniers ne sont pas des idolesmuettes. Au temps de Josias, on trouve joints ensembleles’obôf ou nécromanciens, les yîdd’onim ou devins etles (erâfîm. IV Reg., xxiii, 24. Dans Osée, iii, 4, lesterâfim sont encore nommés en même temps que l’éphod.Enfin Zacharie, X, 2, dit positivement que «les ferâfimont proféré de vaines choses», et Ézéchiel, xxi, 26, montrele roi de Babylone «consultant les (erâfîm». On ignorede quelle manière s’obtenaient ces consultations. Le moyendevait être simple, puisque les (erâfîm paraissent avoirété des idoles domestiques, que chaque particulier interrogeaità son gré. Cette forme de divination était d’originechaldéenne. Les ferâfim sont aux mains de Laban, qui vient de Chaldée, et, à l’époque d’Ézéchiel, ils serventencore au roi de Babylone.

2° L’art des hartummim, Gen., xli, 8, 15: lir l’(r i xal, conjectures; ailleurs: ItcocoiSo; , çaf|xaxoî, malefici, arioli.Les hartummim sont les devins que le pharaon d’Egypteappelle à lui pour expliquer ses songes. Ils appartiennentvraisemblablement à cette classe sacerdotale que le textebilingue de Canope désigne sous les noms de refy hetu, iepoYp «|i|xaTEÎç, les sages, les savants, les scribes sacrés.Comme le mot hartummim est également employé parDaniel pour désigner des devins de Babylone, il n’est pasnécessaire d’en chercher l’étymologie dans la langueégyptienne. Il peut très bien venir de hèrét, «stylet àécrire,» d’où hartummim, les écrivains sacrés, les hiérogrammates.Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 520; de Hummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p, 545.Dans la mythologie égyptienne, c’est le dieu Thot qui adécouvert le secret de toutes les incantations et qui ena transcrit les formules. Ces formules doivent être récitéessuivant certaines intonations, et l’art du rel} hetuconsiste à les connaître à fond, à les transcrire fidèlementet à les appliquer selon les règles. La plupart deslivres magiques égyptiens renferment des formules pourenvoyer des songes; il en existait d’autres pour les interpréter. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orientclassique, Paris, 1895, t. i, p. 145, 213. Les interprètesappelés par le pharaon ne peuvent expliquer ses songesà l’aide de leur art, et la supériorité de Joseph consiste àen donner l’interprétation sans le secours d’aucune formulemagique. Gen., xli, 8-25. Les hartummim reparaissentà la cour du pharaon au temps de Moïse, nonplus pour expliquer les songes, mais pour opposer desprestiges magiques aux miracles opérés par l’envoyé deDieu. Exod., vii, 11, 22; viii, 7, 18, 19; ix, 11; Sap., xvii, 7. Voir Magie. On trouve dans la Bible plusieursautres exemples d’oniromancie ou interprétation dessonges, tantôt par magie ou tromperie, Eccli., xxxiv, 5, 7; Jer., xxiii, 32; xxix, 8; tantôt avec le concours plus oumoins formel de l’assistance divine. Jud., vii, ’13; Esth., xi, 12; Job, xxxiii, 14-16; Dan., ii, 26-31; iv, 16; v, 11, 12.Voir Songes. — À la cour de Babylone sont aussi mentionnésdes hartummim, Dan., i, 20; II, 2, 10, 27; iv, 4, 6; v, 11, qui sont encore désignés sous le nom dekasdim, «chaldéens.» Dan., ii, 2, 4, 10; iii, 8, 48; iv, 4; v, 7, 11. Ils faisaient partie de ce personnel sacerdotal quientourait les rois et exerçait pour le compte des princesles divers arts magiques et divinatoires. Leurs formulesétaient empruntées à l’astrologie.

3° La fyokmah ou «sagesse» entendue dans le sensparticulier d’habileté à pratiquer la divination. Le nomde hâkâmîm, ao ?oi, sapientes, est donné aux devinsd’Egypte, Gen., xli, 8; Is., xix, 11, 12; d’Idumée, Abd., 8; de Tyr et de Byblos, Ezech., xxvii, 8, 9; de Perse, Esth., i, 13, et de Babylone. Jer., l, 35; li, 57. Ces derniersportent en chaldéen le nom de hakkîmîn. Dan., ii, 13; iv, 3; v, 15, etc.

4° Le qésém ou le miqsâm, le sortilège, l’oracle ou ladivination en général, ixavtei’a, divinatio, de qâsam, exercer l’art divinatoire, d’où qôsêm, hocvtîs, ariolus, augur, divinus, incantator, le devin. Le mot qésémn’est pris qu’une seule fois en bonne part dans la Bible.Prov., xvi, 10. Le qésém comprend différentes pratiquesdivinatoires. Les Philistins s’en servent pour connaîtrele parti à prendre. I Reg., vi, 2. La pythonisse d’Endorfait du qésém pour évoquer Samuel après sa mort. I Reg., xxviii, 8. Ézéchiel, xxi, 26, 27, dit du roi de Babylone: «Le roi de Babylone se tient au carrefour où se divisentles routes pour faire de la divination, liqesom qésém; ilagite les Uèches, consulte les terâfim, examine le foie; dans sa droite il tient le qésém: Jérusalem.» Plusieursprocédés de divination sont indiqués dans ce texte. Lepremier consiste à agiter ensemble, pour les mêler, desflèches sur lesquelles sont inscrits des noms. Saint Jérôme, In Ezech., vii, 21, t. xxv, col. 206, explique ainsicette pratique: «Il consulte l’oracle à la façon de sonpays, en mettant des Uèches dans son carquois et en lesmêlant. Celles-ci portent des noms ou des signes indiquantle nom de chaque ville, et il voit, par la Uèche qui sortla première, la ville qu’il doit attaquer tout d’abord. C’estce procédé que les Grecs nomment fteXo(iavria (divinationpar le trait) ou paêSonavtfa (divination par la baguette).» Le premier qésém qui sort est celui qui portele nom dé Jérusalem; cette ville sera donc la premièreattaquée. Le prophète indique par là quelle est l’imminencedu danger. — Osée, iv, 12, fait allusion à la rhabdomanciequand il dit: «Mon peuple consulte son bois(c’est-à-dire son idole de bois, les terâfim), et sa baguettelui indique» ce qu’il doit faire. En pareil cas, onprenait deux ou plusieurs baguettes, et, d’après la positionqu’elles occupaient en tombant, on jugeait du partiqu’il fallait prendre. Le Coran, iii, 39; v, 4, mentionnela manière dont les Arabes pratiquaient la rhabdomancie.On préparait trois Uèches, la première avec l’inscription: «le Seigneur veut,» la seconde avec l’inscription: «leSeigneur ne veut pas,» et la troisième sans inscription; on les plaçait dans un vase, et celle qui venait la premièreétait censée indiquer la volonté divine. Cf. Gese

nius, Thésaurus, p. 1224; Rosenmûller, Ezeckiel, Leipzig, 1810, t. ii, p. 46; - Hoseas, 1812, p. 136; Bas alte undneue Morgenland, 1818, t. iv, p. 334; Hérodote, iv, 67; Tacite, Germ., 10. — La divination employée par le roide Babylone comprend encore l’examen du foie des animaux.Cet examen est appelé r, naro(rxoirta par les Grecs, et extispicium par les Romains. Artémidore, Onirocril.,

II, 74; Hérodien, viii, 3, 17; Cicéron, De divinat., i, 16; il, 12, 13; Suétone, August., 95, etc. De l’état du foie desvictimes se déduisaient certaines conclusions divinatoires.Diodore de Sicile, II, 29, atteste que l’hépatoscopie étaiten grand usage chez les Babyloniens. Quelques auteursanciens ont pensé que les gâzzerin de Daniel, ii, 27; iv, 4; v, 7, 11, étaient des hépatoscopes. La Vulgate traduitce mot par aruspices, et Symmaque par 8ÛTa; , «sacrificateurs.» Saint Jérôme, In Daniel., ii, t. xxv, col. 502, dit que les gâzzerin sont ceux qui examinent les entraillesdes animaux pour en tirer des conjectures. Il est plusprobable que ce nom désigne des astrologues. Voir 11°.

— Les conclusions que ces devins tiraient de leurs observationsétaient aventureuses, ambiguës dans la forme, Ezech., xii, 24, et trompeuses dans le fond. Les prophètesinsistent fréquemment sur ce point. Jer., xiv, 14; xxvii, 9; xxix, 8; Ezech-, xiii, 6, 23; xxii, 28; Mich.,

III, 6, 7; Zach., x, 2. Néanmoins les devins n’exerçaientpas leur art gratuitement. Num., xxii, 7. Michée, iii, 11, accuse les faux prophètes de faire de la divination à prixd’argent, de même que Sophocle, Antig., 1055, diraà son tour: tô (lavtixôv nav çiXàpYUpov YV °S> (< race dedevins, race d’argent.» La même cupidité animait lesdevins de Chaldée. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 780.

5° Le nahas, le présage, l’augure, oiomapidç, augurium, omen, du piel de nâhas, faire la divination, oidivi’ÇeuÔai, ôpv.60<rxo7cstv, augurari. La traduction queles versions donnent du mot nahaS supposerait qu’ildésigne la divination par l’observation du vol des oiseaux.Mais ce genre de divination, familier aux Grecs et auxRomains, Xénophon, Memor., i, 13; Ovide, Metam., v, 549, etc., ne paraît pas avoir été à l’usage des Orientaux, ou n’a été pratiqué que par des Juifs grécisants dela dernière époque. Quelques auteurs ont pensé que nahaSdoit se rattacher à nâhas, «serpent,» et désigner la divinationpar les serpents ou opliiomancie. Voir Charmeurde serpents, col. 595. Mais le substantif nahaS vientbeaucoup plus probablement du verbe nâhas, qui signifieau piel «murmurer, siffler comme le serpent», parceque dans leurs incantations les devins murmuraient leursformules d’une voix sifflante. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 875. De fait, dans la Bible, nahas n’a jamais le sensd’ophiomancie. Ainsi Laban, déjà connu par ses terâfim, déclare qu’il a appris par nahaS, oîtovurâfiriv, expérimente) didici, que la présence de Jacob lui est favorable.Gen., xxx, 27. Il a évidemment employé une pratiquedivinatoire quelconque pour savoir s’il devait permettreou empêcher le départ de Jacob. La divination attribuéeà Joseph est également appelée nahas, Gen., xliv, 5, 15, et, dans ce cas, il s’agit de culicomancie ou divinationparla coupe. Voir Coupe, col. 1075; S. Augustin, De Civit.Dei, vii, 35, t. xli, col. 223; Rosenmûller, Das alte undneue Morgenland, t. i, p. 212. Balaam, qui consulte Dieupar le nahaS, Num., xxiv, 1, exerce la divination aumoyen d’un holocauste de veaux et de béliers. Num., xxiii, 1, 2, 15. La divination ainsi nommée reparaît sousAchaz, IV Reg, , xvii, 17, et sous Manassé. IV Reg., xxi, 6; II Par., xxxiii, 6. Le mot nahaë est même pris dans lesens très général de bon augure. III Reg., xx, 33. Lesaugures sont trompeurs, comme toutes les pratiques analogues.Eccli., xxxiv, 5. Voir Augures.

6° Les keSâfîm, les incantations, que fait le devinkaîSaf, çapixoxô; , maleficus. Les mekassefîm que Moïsetrouve en face de lui à la cour du pharaon, Exod., vii, 11, sont des espèces de magiciens qui ne se contentent pas

de chercher les secrets de l’avenir, mais exécutent desprodiges. Voir Magie. Saint Paul, II Tim., iii, 8, nommedeux des principaux, Jannès et Mambrès. Cf. Pline, H. N., xxx, 2. Les pharaons comptaient au nombre deleurs officiers les plus importants les khri-habi, «hommesau rouleau» ou «maîtres des secrets du ciel», qui possédaientà fond toutes les recettes des devins, des prophèteset des magiciens. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 281. La divination du kassaf est aussi trompeuseque les autres. Jer., xxvii, 9. Les kesâfîm sont mentionnéscomme employés par Jézabel, IV Reg., IX, 22; àNinive, Nah., iii, 4; à Babylone, Is., xlvii, 12, et mêmeà Jérusalem, d’où le Seigneur les bannira. Mich., v, 11.

7° La nécromancie, pratiquée par le’ôb. Le mot’ôb, qui tout d’abord signifie «outre», désigne aussi le nécromancienet l’esprit qui l’inspire. Ainsi est-il dit que Saùla chassé les’ôbôf, les magiciens qui évoquent les morts, et qu’ensuite il cherche une femme ayant un’ôb, nû6wv, pytho. I Reg., xxviii, 3, 7, 9. Voir Évocation des morts.Manassé rassemble autour de lui des nécromanciens.IV Reg., xxi, 6; II Par., xxxiii, 6. Isaïe, viii, 19, parledes consultations qu’on leur adresse, et il montre Jérusalemdésolée faisant entendre sa voix de terre, commeles’ôbôf. Is., xxix, 4. Les Septante traduisent ordinairementle mot hébreu par lYYa<rtpt(i.u90î, «ventriloques;» Vulgate: magi, pythones. Beaucoup d’anciens devins seservaient de la ventriloquie pour abuser ceux qui lesconsultaient. Ils faisaient croire qu’ils voyaient les mortssans les entendre, tandis que leurs clients les entendaientsans les voir. Les traducteurs grecs se sont sansdoute référés à cette supercherie quand ils ont vu dansles’ôbôf de simples ventriloques. Il est à remarquer quela nécromancie était à la fois une pratique de magie etun moyen de divination; car, si l’on évoquait les morts, c’était pour obtenir d’eux la révélation de l’avenir.

8° La science du yîdd’onî, mot qui vient de yâda’, «savoir;» YvuMrdjc, èitaoï’îo; ; ariolus. Les yedd’onimsont des espèces de sorciers qui rendent de prétendusoracles et que la Bible associe ordinairement aux’ôbôf.I Reg., xxviii, 3; IV Reg., xxi, 6; II Par., xxxiii, 6; Is., vm, 19; xix, 3, etc.

9° L’art du me’ônên. Le verbe’ônên (forme pohel), d’oùvient ce mot, paraît désigner l’exercice de la divinationsous diverses formes. Les Septante traduisent ordinairementpar xXr)Sovi<j[i.ô; , présage tiré de ce qu’on entend, x>7j-Stov; une fois par opv160<jxoné&>, «observer les oiseaux,» Lev., xix, 28, et une autre fois par oîwvtirjia, présage tirédu vol ou du cri des oiseaux. Jer., xxvii, 9. La Vulgatetraduit par augurari, augures, Is., ii, 6; lvii, 3; divinationes, Mich., v, 11, et ailleurs par observans somnia.On a donné à ce mot différents autres sens: le présaged’après les nuées, de’innên, «assembler les nuages;» le mauvais œil, de’ayîn, «œil;» l’observance des temps, etc. Le plus probable est que l’art du me’onên est unedivination quelconque, ordinairement jointe à des pratiquesidolâtriques. Le genre de divination qu’indique cemot se rencontrait fréquemment en Syrie. On la signalechez les peuples de Chanaan, Deut., xviii, 14, et chezles Philistins. Is., ii, 6. Il est question, au temps d’Abimélech, Jud., ix, 37, d’un chêne des augures, me’ônenim, ainsi nommé probablement parce qu’on venait ychercher des présages. L’origine chananéenne des me-’ônenîmles rendait particulièrement odieux aux vraisIsraélites. Isaïe, lvii, 3, appelle les impies «fils de devineresse», ’onenâh. Michée, v, 11, annonce que le Seigneurchassera ces devins du milieu de son peuple.

10° Le lahaS, de lâhaê, «siffler,» l’incantation imitantle sifflement du serpent. Elle sert à charmer les serpents.Eccle., x, 11; Jer., viii, 17. Voir col. 597, 2°. Isaïe, m, 3, nomme parmi ceux que le Seigneur chassera deJérusalem le nebôn lahaS, «l’habile dans l’incantation,» qui se fait en sifflant doucement; Aquila: tov auve-rôvifiifluptup. j> i «l’habile au chuchotement;» Vulgate: prur

dentem eloquii mystici. Plus loin, Isaïe, iii, 20, rangeparmi les parures des femmes les lehâsim, que les versionsappellent des boucles d’oreilles, èvci-cia, inaures, et qui paraissent avoir été en même temps soit des serpentsporte-bonheur, soit des talismans contre la morsuredes serpents, soit des amulettes sur lesquelles on a prononcéles formules du lahas. Voir t. i, col. 531; t. ii, col. 594. Chez les Chaldéens, ces sortes d’objets enchantesse portaient couramment. À la suite des maladiesplus ou moins guéries par les recettes magiques, on donnaitau patient des amulettes, nœuds de corde, coquillagespercés, plaques ou figurines de bronze ou de terrecuite, qu’il attachait à son cou ou à son bras. «On y dessinaittant bien que mal une image, la plus terrible qu’onput imaginer; on y griffonnait une incantation en abrégé, ou l’on y gravait des caractères extraordinaires: les espritsse sauvaient dès qu’ils les apercevaient, et la maladieépargnait le maître du talisman.» Maspero, Histoireancienne, t. I. p. 782.

11° L’astrologie des gâzzerîm. Ce nom vient du chaldéengezar, «trancher, décréter,» et il désigne les astrologueschaldéens qui, d’après l’inspection des astres, donnaient leurs décisions sur la conduite à tenir par leshommes. Dan., ii, 27; iv, 4; v, 7, 11. Les Septante rendentle mot tel quel: ya.Ça.p-r-<ioi; Vulgate: aruspices. LesChaldéens avaient accumulé de longue date une multituded’observations sur les coïncidences entre les phénomènescélestes et les événements terrestres. Toutes cesobservations étaient consignées dans des codes astrologiques, auxquels les gens du métier se reportaient fidèlementpour interpréter tous les événements ou accidentsde la vie, chercher la cause et le remède des maladies, déterminer les faits et gestes du roi, la guerre, la chasse, le voyage, etc. Aussi les astrologues formaient - ils àBabylone une corporation puissante par son influence.Cf. Fr. Lenormant, La divination et la science des présageschez les Chaldéens, Paris, 1875, p. 1-75; Sayce, The Astronomy and Astrology of the Babylonians, dansles Transactions of the biblical Archœology, 1874, t. iii, p. 145-339; Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 777-780.

12° À l’époque de la prédication évangélique, lesApôtres se trouvent parfois en face de devins et de magiciensqui tentent de les imiter ou de les combattre.Ainsi saint Luc mentionne à Jérusalem Simon le magicien, Act., viii, 9; à Salamine, le devin Barjésu ou Élymas, Act., xiii, 6-8; à Philippes, la jeune fille qui estpossédée par un esprit, un python, et qui pratique ladivination au profit de ses maîtres, Act., xvi, 16; à Éphèse, les Juifs exorcistes, et particulièrement les sept fils deScéva, qui essayent d’agir sur les démons au nom deJésus. Act., xix, 13. Saint Jean parle aussi du faux prophète, qui travaille pour le compte de la bête et de l’Antéchrist, et qui exerce la magie et la divination. Apoc, xix, 20.

II. La législation mosaïque relativement aux devins.

— 1° Les devins pullulaient chez tous les peuples aveclesquels les Hébreux se trouvèrent en rapport, Chaldéens, Égyptiens, Syriens, Chananéens, etc. D’autrepart, la divination se rattachait très étroitement au culteidolâtrique. Il était donc nécessaire que la loi mosaïqueen interdit sévèrement les nratiques au peuple choisi.C’est ce qui fut fait. La loi prohibe très expressément dese livrer à la divination, et même de souffrir la présenceou d’écouter les paroles du qôsêm, Num., xxiii, 23; ûeut., xviii, 10, 14; de l’augure qui exerce le nahas, Lev., xix, 26; Num., xxiii, 23; Deut., xviii, 20; des’ôbôt etdes yedd’onîm. Lev., xix, 31; xx, 6; Deut., xviii, 11.Quant à l’Israélite lui-même, s’il pratiquait la divination, il était puni de la lapidation. Exod., xx, 27. Aussi était-ceun principe absolu qu’il n’y avait «pas de nahaS en Jacob, pas de qésém en Israël». Num., xxiii, 23. Cette prohibitionsévère contribuait à distinguer nettement les Hébreuxd’avec les peuples qui les entouraient, et constituaitune nouvelle barrière entre les uns et les autres. —

2° On regardait comme un péché la pratique de la divinationà un titre quelconque. I Reg., xv, 23. Il ne pouvaiten être autrement. Hormis les prophètes directementinspirés par Dieu ou les hommes favorisés de révélationsperticulières, personne ne peut connaître l’avenir nidécouvrir certaines choses secrètes d’une manière certaine.Cicéron, De divinat., i, 18, dit que les devins sontde deux sortes: les uns connaissent le passé par l’observationet l’avenir par conjecture; les autres procèdentpar une sorte de pressentiment et d’excitation mentale.Les premiers ne sont pas répréhensibles s’ils s’en tiennentaux moyens naturels de connaissance et ne communiquentla certitude que dans la mesure où ils la possèdenteux-mêmes. Il était bien rare que les devins semaintinssent dans ces limites. D’ordinaire, leur art impliquaitsoit la communication avec les démons, par lemoyen desquels on apprenait certains secrets; soit lasuperstition, qui portait à attribuer une signification préciseà des effets purement fortuits; soit enfin la supercherie, à l’aide de laquelle les devins faisaient croire àleurs dupes ce qu’eux-mêmes avaient intérêt à inventer.A ce triple point de vue, la divination était condamnable.Sa condamnation s’imposait même d’autant plus que, dans l’idée des peuples, elle supposait toujours une communicationdu devin avec dos êtres surnaturels, toutautres que le vrai Dieu. Cf. S. Thomas, Summ. theol., II" II», xcv, 1-8. — 3° La loi mosaïque qui proscrivait ladivination ne fut pas toujours strictement observée. Lesdevins, nombreux chez les peuples voisins, sollicitaientla curiosité naturelle des Hébreux, et ceux-ci succombaientà la tentation dans la proportion où s’accentuaientleurs défaillances idolâtriques. Il y eut de graves abussous ce rapport pendant les règnes d’Achaz, IV Reg., xvii, 17; Is., iii, 3, et de Manassé. IV Reg., xxi, 6; II Par., xxxiii, 6. Josias chassa tous les devins accourus sous sesprédécesseurs. IV Reg., xxiii, 24. Il n’est plus questionde divination après le retour de la captivité. — 4° Notre-Seigneuravait prédit que les faux prophètes se multiplieraientà l’époque de la ruine de Jérusalem. Matth., xxiv, 24. On en vit un grand nombre apparaître en cetempslà, séduire des multitudes et les entraîner à laruine. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 1; viii, 6; Bell, jud., II, xiii, 4; VI, v, 2; VII, xi, 1. Cf. Tacite, Hist., v, 13.

H. Lesêtre.

    1. DIVORCE##

DIVORCE (hébreu: keritôt, de kârat. «couper, trancher;» Septante: àitoati.at.ot; Vulgate: repudium), rupturelégale du mariage.

I. À l’époque patriarcale. — Le mariage fut primitivementindissoluble. Notre-Seigneur, parlant du divorceen vigueur sous la loi mosaïque, fait cette remarque: «Dans le principe, il n’en fut pas ainsi.» Matth., xix, 8.L’institution divine ne tarda pas à être altérée grâce à lacorruption des hommes, et, bien que l’Écriture n’en fassepas mention expresse, le divorce arbitraire doit comptersans doute parmi les abus criminels qui motivèrent le déluge.Postérieurement à cet événement, nous voyons ledivorce régner plus ou moins généralement parmi les ancienspeuples. En Egypte, il paraît avoir été assez rare, àraison de la situation assurée aux épouses. Celles-ci, quandelles étaient de même rang que le mari, occupaient chacuneune maison où elles agissaient en maîtresses absolues, si bien que les maris semblaient plutôt être chezleurs femmes que les femmes chez leurs maris. Dans cesconditions, le divorce n’avait pas grande raison d’êtrefréquemment appliqué. Chez les Chaldéens, il en était toutautrement. L’homme achetait sa femme, quoique celle-ciapportât d’ailleurs une dot. Mais le mari pouvait la répudierà son gré. II lui restituait alors à peu près l’équivalentde sa dot et lui disait: «Tu n’es pas ma femme, toi!» Ensuite il la renvoyait à son père avec un écritconstatant la rupture du lien matrimonial. Quant à lafemme, elle ne possédait nullement le même droit.Qu’elle osât dire à son mari: a Tu n’es pas mon mari,

toi!» c’était la mort assurée pour elle. Mais comme lafemme gardait la gestion de ses biens propres et que lemari jouissait du bien-être qui en résultait, il se gardaitd’ordinaire de prononcer le divorce, à moins de raisonmajeure. S’agissait- ii, au contraire, de femmes de ranginférieur, esclaves ou prisonnières de guerre, elles étaientà la merci complète du mari qui les avait acquises etqui pouvait les garder ou les chasser suivant son caprice.Ce dernier usage était général en Egypte, en Chaldée etdans tout le monde antique. Cf. Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient, Paris, 1895, 1. 1, p. 52, 735-738; OppertMenant, Documents juridiques de l’Assyrie etde la Chaldée, Paris, 1877, p. 54. — Quand Ismaël, lefils qu’Abraham avait eu de son esclave, Agar, se mità persécuter Isaac, Ga]., iv, 29, le patriarche chassa lamère et le fils à la demande de Sara. Il procéda alorscomme on faisait chez les peuples environnants et ne secrut obligé à aucune compensation envers l’épouse répudiée.Il lui donna seulement les provisions nécessaires.Gen., xxi, 9-14. C’est là le seul exemple de divorce quisoit mentionné dans l’histoire patriarcale.

II. Sous la loi mosaïque. — Le divorce était entrédans les mœurs de tous les peuples anciens, quand Moïseeut à constituer les Hébreux en corps de nation. Il dutse préoccuper de la question et réglementa très nettementles conditions du divorce. Deut., xxiv, 1-4. —1° La cause. La femme, après avoir été traitée en épouse, déplaît au mari à cause d’une’érvâh, auxiiwv npây[j.a, aliqua fœditas. La’érvâh est en général une impuretéhonteuse. Elle ne peut désigner ici l’adultère, qui étaitpuni par la mort, non par le divorce. Lev., xx, 10; Deut., xxii, 22. C’est donc une impureté physique, uneplaie, une infirmité capable d’inspirer le dégoût au mari.Quelques auteurs croient que la chose honteuse pouvaitêtre d’un autre ordre, comme la mauvaise conduite, lecaractère détestable, etc. La nature précise de la’érvâhne paraît pas avoir été déterminée de façon indiscutable, puisque l’accord n’était pas encore fait sur ce point àl’époque de NotreSeigneur. L’esprit de la législationmosaïque porte cependant à penser que la’érvâh nécessairepour motiver le divorce devait être quelque défauttrès grave. Il paraît également plus probable que cedéfaut devait être ordinairement d’ordre physique, lesdéfectuosités morales ne se prêtant pas à une appréciationaussi facile à justifier. — 2° La formalité. Elle étaitsimple. Le mari, peut-être après avoir fait constater lemotif de sa résolution, donnait à la femme qu’il renvoyaitun acte de répudiation, sêfér kerî(ôt, [JiëXfov âiro<rca<T! ov, libellus repudii. C’est ainsi qu’on procédait en Chaldée.L’acte délivré à l’épouse répudiée constatait qu’elle étaitlibre désormais. En conséquence, la qualification d’adultèrecessait d’être applicable à l’union contractée ultérieurementavec elle. On trouve dans le Talmtid, Giltin, f. vii, 2; IV, 1, et IX, 3, la formule ordinairement employée.Elle est ainsi conçue: «Au jour … de la semaine …du mois de …, an du monde … selon la supputation enusage dans la ville de …, située auprès du fleuve … (ou

de la source …), moi, , fils de …, et de quelque

nom que je sois appelé, présent aujourd’hui,

originaire de la ville de …, agissant en pleine libertéd’esprit et sans subir aucune pression, j’ai répudié, renvoyéet expulsé toi …, fille de …, et de quelque nom quetu sois appelée, de la ville de …, et qui as été jusqu’àprésent ma femme. Je te renvoie maintenant toi, fillede … De la sorte tu es libre et tu peux, de ton pleindroit, te marier avec qui tu voudras et que personne net’en empêche. Tu es donc libre envers un homme quelconque.Ceci est ta lettre de divorce, l’acte de répudiation, le billet d’expulsion, selon la loi de Moïse et d’Israël.» (Suivent les noms des témoins.) Josèphe, Ant.jud., IV, viii, 23, résume en deux mots l’acte de répudiation: le mari «affirmera par écrit qu’il ne veut plusavoir aucun rapport avec elle; elle recevra ainsi la faculté d’habiter avec un autre». Il est fait allusion àl’acte de divorce par lsaïe, l, 1; par Jérémie, iii, 8, et parNotreSeigneur. Matth., v, 13; xix, 7; Marc, x, 4.

— 3° La condition du mari. La loi de Moïse ne donnequ’à lui, et non à l’épouse, le droit de divorcer. Ellene supprime ce droit que dans deux cas: si le mari aporté une fausse accusation d’inconduite contre la jeunefille qu’il épouse, ou s’il l’a violentée avant le mariage.Deut., xxii, 19, 29. Quand la femme répudiée avait étéépousée par un autre, le premier mari ne pouvait lareprendre en aucun cas. Deut., xxiv, 4. Il semble résulterde cette clause qu’il pouvait la reprendre avant qu’elleeût contracté un second mariage. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 205, signale l’opposition de cette loi avecla coutume arabe, consacrée par l’islamisme, Coran, il, 230, d’après laquelle le mari ne peut reprendre lafemme répudiée qu’après qu’elle a été remariée avec unautre. Moïse déclare que cette pratique est une «abominationdevant le Seigneur». Il est incontestable qu’il atrouvé le divorce en vigueur chez son peuple, et sa législationne vise qu’à en restreindre l’usage. L’interdictionde reprendre la femme répudiée et remariée tend à fairerélléchir le premier mari avant qu’il prenne sa décision.Il est à remarquer aussi que, dans le texte du Deutéronome, le premier mari est appelé ba’al, «maître,» tandisque le second est simplement nommé’iS, «homme.»

— 4° La condition de la femme. Elle redevient libre etpeut se remarier, ce qui suppose que la cause invoquéepour le divorce pouvait, au cas où elle persévérait, paraîtrerédhibitoire à l’un et négligeable à l’autre. Après ledivorce et avant le second mariage, la femme jouissaitde son indépendance, et devait en conséquence acquitterses vœux, sans avoir à demander l’autorisation de personne.Num., iii, 10. La femme divorcée ne pouvait seremarier avec un prêtre. Lev., xxi, 7, 4; Ezech., xiiv, 22.Si elle était elle-même fille d’un prêtre et sans enfants, elle pouvait retourner à la maison de son père et mêmey prendre sa part des aliments sacrés. Lev., xxii, 13. Laprisonnière de guerre, prise pour épouse par un Israélite, recouvrait sa liberté totale si celui-ci la répudiait.Deut., xxi, 14. Dans lsaïe, liv, 6, le nouvel Israël est comparéà une épouse répudiée que reprend le Seigneur. —L’Écriture n’enregistre aucun exemple de divorce mémorable.Le cas de Michol promise par Saül à David, I Reg., xvii, 25; xviii, 20, 21, puis donnée par Saùl à Phalti,

I Reg., xxv, 44, et enfin reprise à Phalli par David,

II Reg., iii, 14-16, implique plutôt une nullité du premiermariage qu’un divorce. Malachie, ii, 14-16, réprouvela fréquence des divorces après le retour de la captivité: «Le Seigneur est le témoin entre toi et l’épouse de tajeunesse, vis-à-vis de laquelle tu exerces ta perfidie, alors qu’elle est ta compagne, et l’épouse avec laquelletu as passé contrat… Prenez donc garde à vous, pour nepoint vous montrer perfides envers les épouses de votrejeunesse. Si l’on hait, que l’on répudie, dit le SeigneurDieu d’Israël.» La dernière phrase, ainsi traduite par lesversions, se présente sous la forme suivante en hébreu: kî-sànê’sallah, ce qui peut vouloir dire également: «caril hait le renvoyer,» le divorce, ou, en lisant le participesonê’au lieu de l’indicatif iânê’: «car [je suis] haïssantle divorce, dit le Seigneur.» Cette dernière traductions’harmonise mieux avec le contexte que celle des versions.Cependant l’auteur de l’Ecclésiastique, xxv, 36, dit formellement, en parlant de la mauvaise femme: «Retranche-lade tes chairs,» c’est-à-dire chassela loin de toi.

III. Le divorce d’après l’interprétation rabbinique.

— Peu à peu, probablement au contact de la civilisationgrecque et romaine, le divorce avait pris chez les Juifsune extension déplorable. Josèphe, Ant. jud., XV, vii, 10, enregistre comme tout à fait contraire à la loi juive, quine permet le divorce qu’à l’homme, celui de Salomé, quienvoie un acte de répudiation à son mari Costobare. Usignale aussi le divorce de Phéroras, frère d’Hérode, Ant.

jud., XVI, vii, 3; cf. XVIII, v, 4. À peu près à l’époqueoù vivait Notre -Seigneur, deux courants contraires semanifestaient parmi les docteurs sur la question du divorce.Les uns tendaient à le rendre rare et difficile.Sous leur influence, on fixa l’usage du contrat de mariageassurant les droits de la femme et lui ménageantune indemnité en cas de divorce. Ketuboth, 82 b; Schabbath, 14 b. Certains pharisiens en vinrent à dire: «L’autellui-même pleure sur celui qui répudie sa femme.» Gittin, 10 b; Sanhédrin, 22 a. Des deux grands docteurscélèbres au temps de Notre - Seigneur, Hillel etSchammaï, le second se montrait sévère sur la questiondu divorce, La’érvâh réclamée par Moïse ne pouvaitplus être, d’après lui, que l’adultère. Jerus. Solah, ꝟ. 16, 2.On sait qu’alors la peine de mort avait cessé d’être appliquéepour ce crime. Joa., viii, 5-11. Un peu plus tard, Gamaliel, quoique petit-fils de Hillel, partagea les idéesde Schammaï. Il voulut que la dissolution légale du premiermariage précédât la célébration du second, et àcette époque fut dévolu à la femme le droit au divorce, jusque-là réservé au mari. Yebamoth, 65 a, b; Ketuboth, lia. Hillel, au contraire, et les docteurs de l’école opposéeà la précédente, permettaient le divorce non seulementpour cause d’antipathie, mais encore pour les motifsles plus futiles: un plat mal préparé, un rôti brûlé, une maladresse, Gittin, IX, 10; la sortie delà femme nonvoilée, une parole adressée au premier venu, des secretsdivulgués. Ketuboth, vii, 6. Le rabbi Akiba osa mêmeautoriser le divorce en faveur du mari qui trouvait uneautre femme plus belle que la sienne. Gittin, IX, 10.Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 23, admet le divorce pourn’importe quelles causes, xa6’3; 8/; 7roToCv aîxîaç, et ilajoute ingénument que les hommes en trouvent à volonté.Lui-même déclare, Vit., 76, qu’il renvoya sa femme, déjàmère de trois enfants, mais dont les manières ne luiplaisaient pas, et qu’il en prit une autre. — Une fois l’actede répudiation rédigé, et au besoin, sur la demande de lafemme, enregistré aux archives du Sanhédrin, l’épouserépudiée était libre de se remarier, à moins que lemari n’eût inséré dans l’acte une clause destinée à l’enempêcher. Les enfants en bas âge restaient à la garde deleur mère, jusqu’à l’âge de six ans pour les garçons, à perpétuité pour les filles; mais le père était obligé depourvoir à leur entretien. Ketuboth, 65 b. Cf. Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 148-151; Selden, Vxor hebraica, in-8°, Francfortsur-l’Oder, 1673, p. 309-396.

IV. D’après la loi évangélique. — La question dudivorce, agitée en sens divers, fut portée devant le divinMaître par des pharisiens, qui lui demandèrent malicieusem*nts’il est permis de répudier sa femme pourn’importe quelle cause, xoexà rcàtrav œirîav. Matth., XIX, 3.C’est à peu près la formule que reproduit Josèphe. Notre-Seigneurétablit par sa réponse trois points d’importancecapitale en la matière. — 1° Dieu a créé l’homme et lafemme pour qu’ils soient «deux en une seule chair»; en principe, la femme ne peut donc pas plus se séparerde son mari pour se donner à un autre, que la chair nepeut être arrachée d’un corps pour faire partie d’unautre corps. De là la loi primitive: ( Que l’homme nesépare pas ce que Dieu a uni.» Matth., xix, 5, 6. L’unionindissoluble des époux est donc une règle d’institutiondivine, datant de l’origine même du genre humain. —2° À l’objection des pharisiens: «Pourquoi donc Moïsea-t-il prescrit l’acte de répudiation et le renvoi de lafemme?» NotreSeigneur répond que Moïse a donnécette permission à cause de la dureté du cœur des Israélites, mais qu’à l’origine il n’en a pas été ainsi. Matth., xrx, 7, 8. Le divorce, sous l’ancienne loi, a donc été unpis-aller; on l’a permis pour empêcher les graves séviceset les haines homicides. Le divorce accuse ainsiune décadence morale par rapport à l’état primitif dugenre humain. — 3° Le divin Maître formule ensuite la

loi qui devra désormais régir le mariage: «Quiconquerenverra sa femme, sauf le cas de fornication (napexxô; Xôyou rcopvei’aî, nisi ob fornicationem), et en épouseraune autre, commet l’adultère, et celui qui épouse cellequi a été renvoyée commet l’adultère.» Matth., xix, 9.Il avait déjà dit, en une autre occasion: «Quiconquerenverra sa femme, hormis le cas de fornication (mpextô; X<Syov nopvEtaî, excepta fornicationis causa), lui faitcommettre l’adultère, et celui qui épousera celle qui aété renvoyée commet l’adultère.» Matth., v, 32. L’incisenapsxTo; Xô-you itopviia; ne se lit pas dans les passagesparallèles de saint Marc, x, 11, et de saint Luc, xvi, 18, ni dans saint Paul, I Cor., vii, 10, 11. La défense de seremarier du vivant de sa première femme y est absolue.Les textes de saint Marc, de saint Luc et de saint Paul, ne peuvent être compris dans un autre sens. Celui desaint Matthieu serait en contradiction formelle avec euxsi l’incise portait à la fois sur les deux verbes dimiseritet duxeril, ce qui signifierait que l’infidélité conjugaleest le seul cas autorisant le divorce et le second mariage.On ne s’expliquerait pas alors que les autres écrivainssacrés aient passé sous silence un membre de phrase sicapital. Mais la contradiction disparaît si l’effet de l’inciseest restreint au premier verbe. Le sens est alors: «Celui qui renverra sa femme, [ce qui n’est permisqu’en cas de fornication, ] et qui en épousera une autre, commet l’adultère.» Ce sens est imposé par le contexte.Notre -Seigneur veut ramener la loi à sa perfection primitive; or à l’origine la loi était absolue. «Que l’hommene sépare pas ce que Dieu a uni.» L’homme le sépareraitsi, grâce à l’infidélité conjugale, il pouvait en venirau divorce et au second mariage, et, dans ces conditions, les paroles de Notre -Seigneur se contrediraient elles-mêmes.Les Apôtres comprennent fort bien qu’il y a dansla réponse du Sauveur un retour à l’austérité primitivede la loi conjugale, et ils en font la remarque: «Si teldoit être le cas de l’homme vis-à-vis de la femme, il n’ya pas d’avantage à. se marier, a Matth., xix, 10. Si Jésus-Christavait permis le divorce dans le cas de l’adultère, il s’en serait tenu à la décision que préconisait Schammaï, et les auditeurs ne se fussent point étonnés. C’estparce qu’il va au delà, proscrit absolument le divorce etne tolère la séparation qu’en cas d’infidélité de la partde l’épouse, que les Apôtres jugent le célibat d’un usageplus facile que le mariage. Saint Augustin, De adulter.conjug., i, 9, t. XL, col. 456, affirme que tel est bien lesens de la parole du Sauveur: «Il y aurait absurdité ànier qu’il y ait adultère à épouser celle que le maria renvoyée pour cause de fornication, quand on taxed’adultère celui qui épouse une femme répudiée sansqu’il y ait eu fornication. L’un et l’autre commettentl’adultère. Aussi quand nous disons: C’est être adultèreque d’épouser la femme renvoyée par son mari sansqu’il y ait eu fornication, nous parlons de l’un des deuxcas, sans nier pour~cela qu’il y ait adultère à épouser lafemmerenvoyée pour cause de fornication.» En somme, il y a adultère dans les deux cas, avec cause atténuantedans le second. — Le mot uopveia, qui signifie «fornication» en général, ne peut vouloir dire ici qu’entre lesépoux en question il n’y a que fornication, parce queleur mariage n’est pas valide; NotreSeigneur parle, eneffet, d’épouse et non de femme libre. Il ne s’agit pasnon plus de fornication antérieure au mariage. La rcopvsfoen’est pas autre chose ici que l’infidélité conjugalegravement coupable, par conséquent l’adultère. Ainsil’ont compris avec raison les Pères et les versions syriaqueet éthiopienne, qui traduisent par «adultère».Saint Augustin, De adult., ii, 4, t. XL, col. 473, résumeclairement la doctrine du Sauveur en ces simples mots: «Il est donc permis de renvoyer l’épouse pour cause defornication, mais le lien précédent subsiste, de tellesorte que c’est se rendre coupable d’adultère que d’épousercelle qui a été renvoyée même pour cause de forni

cation.» Cette interprétation a été fixée sans retour parle concile de Trente, sess. xxiv, cap. 7. Cf. Fillion, SaintMatthieu, Paris, 1878, p. 371-374; Knabenbauer, Evang.sec. S. Matlhxum, Paris, 1892, t. i, p. 225-230; t. ii, p. 140-145; Hurter, Theologise dogmaticæ compendium, Innsprùck, 1879, t. iii, p. 458-463; Corluy, Spicilegiumdogmatico-biblicum, 2 in-8°, Gand, 1884, t. ii, p. 480-488.V. Le cas de l’Apôtre. — On donne ce nom à la décisiondonnée par saint Paul, I Cor., vii, 12-15: «Si unfrère a une épouse infidèle (c’est-à-dire n’appartenantpas à la foi chrétienne), et qu’elle consente à habiteravec lui, qu’il ne la renvoie pas. Si une femme fidèlea un mari infidèle, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne renvoie pas son mari… Mais si l’infidèle s’éloigne, qu’il s’éloigne; car ni un frère ni une sœur nesont soumis à la servitude dans ce cas.» La servitudedont il s’agit est le lien matrimonial; car telle est bienla servitude par excellence qui peut enchaîner un fidèleà un infidèle. Y a-t-il là une loi divine établie parJésus-Christ et simplement promulguée par saint Paul, ou un privilège de droit humain formulé par saintPaulen faveur des Corinthiens, étendu ensuite à toute l’Églisepar l’autorité souveraine et impliquant un pouvoir dedissolution dévolu à cette autorité sur le mariage desinfidèles? Les théologiens discutent encore cette question, mais Benoît XIV, De synod., VI, iv, 3, est pourla première hypothèse. En vertu du principe posé parl’Apôtre, il est admis que le divorce n’est pas plus permisaux infidèles qu’aux autres; que, quand l’un des deuxépoux devient chrétien, le mariage subsiste, à conditionque la partie infidèle veuille vivre en paix avec leconjoint converti; que, dans le cas contraire, le mariageest rompu, mais seulement au moment où le fidèle contracteune nouvelle union; que la première union subsisteen droit, tant que le fidèle n’a pas contracté unnouveau mariage, même si l’infidèle en contracte unsecond; que le fidèle ne peut cependant contracter uneunion nouvelle sans s’être authenliquement assuré quel’infidèle ne consent pas à vivre en paix avec son conjointconverti. Cf. Perrone, Prselect., t. IX, de matrimon., ii, pr. 2 et 4; Gasparri, De matrimonio, Paris,

1893, t. ii, p. 244-277.

H. Lesêtre.

    1. DIZAHAB##

DIZAHAB (hébreu: Dizâhâb; Septante: KaTotxP’Jiea; Vulgate: ubi auri est plurimum), nom de lieu appartenantà la péninsule sinaïtique, mentionné une seule foisdans la Bible, Deut., i, 1, et de tout temps resté obscur.Les Septante et la Vulgale l’ont traduit en le décomposantd’après le chaldëen et l’hébreu: dî zàhâb, «qui a de l’or, doré,» ou «lieu de l’or». Le Targum d’Onkélos a, commela version latine, rapporté ces mots à Haséroth, avec uneparaphrase relative au «veau d’or». La Peschito en faitplus justement un nom propre; dans le texte original, eneffet, il est uni aux précédents par la conjonction vav, «et.» Il fait donc partie au même titre que Pharan, Thophel, Laban et Haséroth, des localités traversées ouhabitées par les Hébreux avant leur campement dansles plaines de Moab, et désignées en abrégé dans leprologue du Deutéronome. Cependant on ne le trouvepas dans la liste des stations des Israélites au désert.Num., xxxiii. La courte énumération de Deut., i, 1, vaen remontant la suite des stations, à partir des rivesorientales du Jourdain jusqu’au Sinaï, ce qui place Dizahabau delà d’Haséroth, dont le nom survit encore aujourd’huidans celui d’Ain el-Houdhérah, au nord-estdu Djebel Mouça, sur la route d’Akabah. Aussi quelquesauteurs, comme K. von Raumer, Palâstina, Leipzig, 1850, p. 443, l’identifient avec «les Sépulcres de concupiscence», qui viennent immédiatement avant dans la liste, Num., xxxiii, 17, et le mettent au sud-est d’Ain el-Houdhérah, à Dahab, sur le bord occidental du golfe Élanitique. Lelieu appelé en hébreu Qibrôt hatta’âvdh, «Sépulcres deconcupiscence,» a été d’une manière plus vraisemblable

indiqué par les explorateurs anglais à Erouéis-el-Ebéirig, à quarante-huit kilomètres du Djebel Mouça. Mais, quoiqu’il en soit de l’assimilation proposée, un certain nombrede voyageurs et d’exégètes, à la suite de J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 523, ont cru reconnaître Dizahab dans le cap de Dahab(Mersa-Dahab ou Mina-Dahab, «havre d’or» ), que nousvenons de mentionner. Cf. Robinson, Biblical Researchesin Palestine, Londres, 1855, t. ii, p. 187, note 1; Gesenius, Thésaurus, p. 334. D’autres trouvent cette positiontrop loin vers le sud, et L. de Laborde, Commentairegéographique sur l’Exode et les Nombres, Paris, 1841, p. 8, rejette cette hypothèse comme fondée sur un tropfaible rapport onomastique. Au fait, nous ne sommes icique dans les conjectures, et l’on se demande en outre sice chemin n’offrait pas aux Israélites de grandes difficultés.Cf. Keil, Deuteronomium, Leipzig, 1870, p. 409.

A. Legendre.

DOCH (grec: Atox; dans Josèphe: Aiytiv). La formeoriginale hébraïque ou araméenne semble avoir été Dûqou Dûqâ, mot conservé en syriaque avec le sens de spécula, scopus, «lieu de garde.» — Ce nom, qui ne se litqu’une seule fois dans la Sainte Écriture, désigne unpetit fort (munitiuncula, J-^uptonaTcov), bâti par Ptolémée, fils d’Abob et gendre du grand prêtre Simon Machabée.Cet homme, lisons-nous I Mach., xvi, étantconstitué par son beau-père Simon gouverneur du districtde Jéricho, «son cœur s’enorgueillit, et il vouluts’emparer de [tout] le pays; et il méditait une trahisoncontre Simon et contre ses fils pour les perdre.» Simonétant venu à Jéricho avec ses deux fils Mathathias etJudas, «le fils d’Abob les accueillit avec perfidie dansun petit fort appelé Doch, qu’il avait fait bâtir, et il leurprépara un grand festin… Et quand Simon fut enivré, ainsi que ses fils, Ptolémée se leva avec les siens…, et ilsle tuèrent, ainsi que ses deux fils et quelques-uns de ses serviteurs.» ꝟ. 13-16. C’est ainsi que périt Simon, le derniersurvivant des Machabées, fils de Mathathias, au mois desebât de l’an 177 de l’ère des Séleucides, c’est-à-dire enfévrier 135 avant J.-C. — Peu de temps après, Ptoléméefut assiégé dans son fort de Doch par un troisième filsde Simon, Jean Hyrcan, dont la mère était aussi tombéeaux mains de Ptolémée. La piété filiale, qui amena Jeanà entreprendre ce siège, le força aussi de le lever bientôt; car Ptolémée fit flageller la mère sur les murs, etmenaçait de l’en précipiter toutes les fois que Jean sepréparait à donner l’assaut. Quand celui-ci se fut retiré, Ptolémée n’en finit pas moins par faire périr la mère.Mais, ne se croyant plus en sûreté à Doch, il se réfugiaau delà du Jourdain, chez Zenon Corylas, tyran de Philadelphie(’Amman). Ces détails nous sont donnés parJosèphe, Ant. jud., XIII, viii, 1; Bell, jud., i, ii, 3-4.

Des savants du moyen âge ont cherché le petit fort dePtolémée à quelques lieues au nord de Jérieho. AinsiBrocard, Descriptio Terrm Sanctee, ch. vii, dans UgClini, Thés, antiq. sacr., t. vi, col. mxlii, le place à unelieue de Phasellum (Phasaëlis, Khirbel Fasâil). Cetteopinion est suivie dans les cartes de l’époque. Celle deMarino Sanuto, publiée par Tobler, Descriptiones TerneSanctse, Leipzig, 1874, a un Dotum au nord-est de Phasaëlis.Une autre carte, de l’an 1300 environ, conservée àFlorence et reproduite par Rôhricht, dans la Zeitschriftdes deutschen Pâlastina-Vereins, 1891, t. xiv, pi. i, montre au même endroit une localité qu’elle appelleDothaim; mais avec cette légende: Hic captus fuitSimon Machabeus, qui évidemment n’a rapport qu’àDoch. Il nous semble donc qu’ils ont cherché le fort dePtolémée à Dômeh, qui est à huit kilomètres ouest-nordouestde Khirbet Fasâil. D’après Conder, Survey ofWestern Palestine, Memoirs, t. ii, p. 387; t. iii, p. 173, ils auraient eu en vue la haute montagne appelée QurnSartabeh. Mais peu importe; car, en tous cas, ils se sont, égarés trop loin vers le nord. En effet, le texte sacré nous

mène plutôt dans le voisinage immédiat de Jéricho: «Simon… descendit à Jéricho… Et le fils d’Abob lèsaccueillit… dans un petit fort appelé Doch.» Là aussi lenom ancien est conservé dans celui du’Ain el-Dûq, source située à six kilomètres au nord-ouest du villageactuel d’Irifyâ, au pied nord du Djebel el-Qaranfel, «montagne de la Quarantaine.» C’est par conséquentdans les environs de cette source que les savants modernesont cherché l’emplacement de Doch. Malheureusem*ntleurs descriptions, mises en regard l’une del’autre, ne semblent pas assez claires. V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 218, décrit «des ruines voisines [de la source]» sous le nom de Khirbet Nasbeh; Conder, Memoirs, t. iii, p. 173, 209, parle d’un Khirbet Abu Lahm, situé également «près de la source», ou plutôt sur une colline voisinedominant le sanctuaire musulman Maqâm Irnâm’Ali; Clermont-Ganneau, Archœological Iiesearches inPalestine, Londres, 1896, t. ii, p. 21; cf. Conder, p. 231, indique une colline «d’une grande importance stratégique», dont la source «n’est pas loin», sous le nomde Muedden Eblâl, du à une légende musulmane, empruntéeà l’histoire de Josué. L’imam’Ali, dans unebataille contre les infidèles, aurait fait retourner le soleil, prêt à se coucher, vers l’horizon oriental; après quoi sonserviteur Eblâl aurait donné sur ladite colline le signal(iddn) de la prière du matin. Il n’est pas impossible queles trois noms ne désignent qu’une seule localité. Mais, quoi qu’il en soit, nous préférons une autre hypothèseque Conder lui-même a mentionnée, Memoirs, t. iii, p. 205, comme une opinion «probable». Il s’agit desrestes d’une petite forteresse sur le sommet de la montagnede la Quarantaine, qui s’élève à 450 ou 500 mètresau-dessus de la plaine et à 114 mètres au-dessus de laMéditerranée. Ces ruines portent maintenant le nom deTâhûnet el-Hawâ, a. moulin à vent.» Le fort était protégéan nord et au sud par des vallées à pente raide, à l’estpar un précipice immense. À l’ouest un fossé en formede croissant, mesurant de sept à huit mètres de large, a été taillé dans le roc pour séparer le fort du reste dusommet. Les fondations ne sont guère visibles, mais laconstruction paraît avoir occupe un rectangle d’environcent mètres de long et quarante mètres de large. On ytrouve aussi les restes d’une chapelle avec abside. Conder.pense que ces restes datent du moyen âge; mais évidemmentcela n’exclut pas une occupation antérieure.

Quant aux raisons qui nous font préférer cette dernièrehypothèse, notons d’abord que les ruines près de’AïnedDûq semblent répondre plutôt au village de Neâpx, mentionné par Josèphe, Ant. jud., XVII, xiii, 1, d’oùArchélaùs, au moyen d’un aqueduc, tira l’eau nécessairepour arroser ses plantations de palmiers dans la plaine; quelques-uns l’identifient avec la Naaralha de Josué, xvi, 7, et avec le Noran de I Par., vii, 28. Voir Clermont-Ganneau, Researches, p. 21-22. — En second lieu, il y ades preuves certaines que la montagne de la Quarantainea porté le nom de Dûq avant et après l’occupation arabe.Le fait est constaté par Clermont-Ganneau, Researches, p. 21, sur l’autorité d’un manuscrit arabe, qui le ditexpressément, — et c’est en nous appuyant sur cettesource, où le nom est écrit avec qof, que nous suivonsla même orthographe pour le nom de la fontaine, quoiquetous les auteurs récents que nous connaissons emploientle kaf. — La littérature chrétienne en fournit d’autrespreuves. Au VIIIe siècle, saint Etienne le Thaumaturgehabita quelque temps «les cavernes de Douka, toù Aouxâ»; il y retourna quelques années plus tard, pour y passerquarante jours de jeûne en l’honneur de saint Sabas, encompagnie de quelques autres anachorètes, parmi lesquelsse trouvait l’hagiographe Léonce, qui nous raconteles faits dans sa Vie de saint Etienne. Acta sanctorum, Paris, 1867, julii, t. iii, p. 540, 559. Il s.’agit évidemmentdes cavernes qu’on voit encore sur les lianes du Djebelcl-Qarantel, et dont quelques-unes, par leurs inscriptions

en couleurs et leurs fresques religieuses, gardent encorele souvenir des pieux solitaires d’autrefois. — Le nom seretrouve encore dans les Actes de saint Elpide, Actasanctorum, sept., 1. 1, p. 385; mais, par suite d’une confusionde deux lettres très semblables, À et A, il y est transforméen Aouxâ, et sous cette forme corrompue il a passéen latin dans VHistoria Lausiaca de Pallade, ch. cvi, Patr. lat., t. lxxiii, col. 1193. De fait, le saint abbé Elpide, au rv «siècle, avait déjà habité la même laure, et sous saconduite il s’y était établi une nombreuse communautéd’anachorètes. Aussi dans le Pré spirituel, cuv (Patr.lat., t. lxxiv, col. 198), la laure porte tout simplement lenom du saint. Et comme elle retenait en même temps lenom de «la laure de Dùq» (toj Ao-jxâ, toî) Aovxô; [?]), des moines postérieurs ont fini par y reconnaître le motSoOÇ (dux, «chef d’armée» ), et en faire une épithètede saint Elpide. En effet, le biographe anonyme de saintChariton nous raconte, Acta Sanctorum, sept., t. vii, p. 578, que saint Elpide «avait reçu le nom de 600Ç, parce qu’ilavait pris le commandement de la laure comme un 8001; , en la défendant contre les attaques des Juifs d’une localitévoisine, appelée Noepôv»: ce dernier nom rappelantsans doute la Neapà de josèphe, dont nous avons parlé.Il paraît donc établi que la montagne de la Quarantaine, avant de recevoir son nom moderne d’origine franqué, portait le nom de Dûq, qui est resté attaché depuis à lasource qui en baigne le pied. Ce point étant admis, il estdifficile de ne pas retrouver l’ancien château de Dochdans le fort dont le sommet garde les ruines.

J. van Kasteren.

DOCTEUR DE LA LOI. Voir Scribe.

    1. DODANIM##

DODANIM (hébreu: Dôdânim, G tn., X, 4; Iïôdânîm, I Par., i, 7; Septante: T<S8toi, dans les deux passages), quatrième fils de Javan, fils de Japheth. Gen., x, 4; I Par., i, 7. La forme plurielle indique un nomethnique, celui d’une peuplade descendant de Javan, pèredes Ioniens ou des Grecs. Mais quelle est cette peuplade?La difficulté d’une détermination précise vient des divergencesdu texte sacré, et les opinions émises à ce sujetroulent autour des deux variantes que nous allons expliquer.

I. Variantes du texte. — L’hébreu massorétique porteo>rn, Dôddnîm, dans la Table ethnographique, Gen.,

x, 4. La critique des manuscrits signale à peine deux outrois exceptions présentant Rôdânîm. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentum hebr. cum variis lectionibus, Oxford, 1776, t. i, p. 15; J. B. de Rossi, Varix lectiones Vet.Testant., Parme, 1784, t. i, p. 13. Mais au premier livredes Paralipomènes, i, 7, le texte actuel offre D>rm,

Rôdânîm. Cependant un assez grand nombre de manuscritset d’éditions ont Dôdânim, comme la Genèse.Cf. B. Kennicott, Vet. Test., t. ii, p. 644; J. B. de Rossi, Variée lect., t. iv, p. 168. La confusion entre le i, daleth, et le i, resch, se comprend facilement et se retrouve enmaint endroit de la Bible. Faut-il l’admettre pour la leçondes Paralipomènes, et les textes opposés sont-ils une correctioninspirée par celui de Moïse? Nous n’avons aucunélément certain pour trancher la question; nous ne pouvonsque constater les données positives des documents.Les versions anciennes sont elles-mêmes en désaccordet sont partagées entre les deux variantes. On trouveainsi: dans le Targum d’Onkelos, Dôdânim; dans laPeschito, Dûdânîm, Gen., x, 4, et I Par., 1, 7; dans laVulgate, Dodanim; dans le Targum de Jonathan benUziel, N’JTii, Dôrdanyâ’; tandis qu’on lit Rôdânîm

dans le samaritain, et que les Septante, dans les deuxendroits, portent’Pôêiot, sans variantes, à deux exceptionsprès, AwSavetpt, AuSaviv. Cf. R. Holmes et J. Parsons, Vêtus Testam. grsecum cum variis lect., Oxford, 1798-1824, t. i et u (sans pagination); H. B. Swete, The

Old Testament in Greek, Cambridge, 1895, t. i, p. 15; t. ii, p. 1. En somme, ces autorités comparées et additionnéessembleraient faire pencher la balance en faveurde Dôdânîm. Malgré cela, les exégètes, comme nousallons le voir, ont gardé à Rôdânîm son degré de probabilité.

11. Identifications. — «Aux deux lectures Dôdânîmet Rôdânîm se rattachent deux systèmes d’interprétationanciens du quatrième fils de Yàvàn, entre lesquels la entiquecontemporaine hésite encore et ne saurait se prononcerd’une manière absolument affirmative, car tousles deux sont en mesure de faire valoir de sérieux argumentsen leur faveur.» F. Lenormant, Les origines del’histoire, Paris, 1884, t. ii, 2 «part., p. 143.

1° Dôdânîm = Dardaniens. — Le premier système estcelui de Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Giessen, 1850, p. 104-109, d’après le Targum de Jonathanben Uziêl et le Talmud de Jérusalem, Megillah, i, fol. 11, qui rendent Dôdânîm par Dardanya, c’est-à-dire lesDardaniens. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 424. Au point de vue linguistique, on explique l’assimilation par la contraction assezfréquente en hébreu et en phénicien de la syllabe aren ô. On cite particulièrement, en hébreu, la forme verbaleirrégulière ye’ô'êrû, pour ye’ar’ërû, de’ûr, «éveiller, exciter,» dans Is., xv, 5, celle de hasâsêr pour hasarder(d’où hasôsrâh, «trompette» ), d’un verbe hâsar; enfinJe nom géographique Arô’êr, contracté de’Arar’ér ( de’ârar), qui conserve encore ses trois r dans la transcriptionégyptienne du temps de Thotmès III, Harhorar. Enphénicien, le nom lyarba’al, transcrit en latin Jarbas, Hiarbas, se contracte en Yoba’al, lobai, Jubal. Ontrouve de même Bomilcar pour Barmilcar, Himilcopour Himilcar, comme Auvergne vient de Arverni.Historiquement l’identification présenterait assez de vraisemblance.Les Dardaniens sont un des grands peuplesde la haute antiquité. Nous les voyons des deux côtés del’Hellespont, une partie ayant franchi ce détroit et passéen Asie Mineure, tandis qu’une autre restait en arrièresur le sol de l’Europe. Cette dernière nation, sauvage etguerrière, Strabon, vii, p. 316, habitait le sud-ouest dela Mysie européenne ou Mœsie, touchant à l’est auxThraces, au sud aux Macédoniens et aux Péoniens, ets’étendant sur une partie de l’Illyrie. Ceux d’Asie Mineure, dont Diodore de Sicile, v, 48, affirme la parentéavec ceux d’Europe, disparurent de bonne heure commepeuple distinct, mais après avoir atteint un bien autredegré de civilisation et d’importance. Au temps de Strabon, xii, p. 565; xiii, p. 596 et 606, le peuple dardaniende Troade et son canton de Dardania n’étaient plus qu’unsouvenir, et les limites du canton, situé au nord d’ïlion, n’étaient pas très exactement définies. Mais la mémoires’en perpétuait dans le promontoire Dardanis ou Dardanionet dans la ville éolienne de Dardanos, d’après laquelle, à son tour, le détroit des Dardanelles a reçu lenom qu’il porte encore aujourd’hui. — On objecte à cetteopinion que les Dardaniens sont un peuple thraco-illyrien, et non pas gréco-pélasgique. Par leurs affinitésethniques, ils devraient donc appartenir à la descendancede Gomer, non à celle de Javan. Le peuple dardanienest un frère d’Ascenez ou des Phrygiens, et il est difficilede croire que ce n’est pas ainsi que l’aurait représentél’auteur de la Table ethnographique, s’il l’avait comprisdans ses généalogies. Cf. Fr. Lenormant, Les origines del’histoire, t. ii, 2° part., p. 142-153. Cette hypothèse estadmise par Gesenius, Thésaurus, p. 1266, et Frz. Delitzsch, Neuer Commentar ûber die Genesis, Leipzig, 1887, p. 208. Malgré ses difficultés, elle est certainementpréférable à celle de J. D. Michælis, Spicilegium geogr., t. I, p. 120; de Rosenmùller, Bibl. À Iterthumskunde, t. i, 1° part., p. 225, et dé Krûcke, Erklârung der Vôlkertafeln, p. 34 (cf. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, p. 105), qui proposent un rapprochement entre Dôdânîm et Dodone, la célèbre ville d’Épire, comme étantle plus ancien centre religieux et national des Hellènesproprement dits. Le chapitre x de la Genèse désigne despeuples ou des pays, et non pas de simples localités dece genre. Ensuite il nous montre les fils de Javan habitantles îles et les côtes de la Méditerranée plutôt que lesrégions continentales.

2° Rôdânîm — habitants de Rhodes. — Le secondsystème se rattache à la leçon Rôdânîm et’/oit dans cepeuple les habitants de l’Ile de Rhodes, comme les Septante, qui ont traduit par’PôStot, et saint Jérôme, Liberhebr. qusestionum in Genesim t. xxiii, col. 952, quiexplique le nom par Rhodii. Il semble s’accorder mieuxavec le texte biblique, qui, par l’expression Kiffîm ve-Rôdânim, indique un lien spécial et étroit entre cesdeux groupes géographiques, c’est-à-dire Chypre etRhodes. Le peu de place que cette dernière lie tient surla carte ne saurait être, comme l’a pensé Bochart, Phaleg, lib. iii, cap. vi, Cæn, 1646, p. 181, un obstacle à cequ’elle figure à elle seule sous un nom particulier dansla généalogie des fils de Javan. Elle a pu devoir ce privilègeà son importance historique de premier ordredans les annales primitives des contrées grecques. Dèsle temps de la composition des poèmes homériques, occupée par des Doriens, elle constituait un des principauxÉtats helléniques. Strabon, xiv, p. 654, parle dudéveloppement de ses colonies et navigations commercialesjusque dans le lointain occident, longtemps avantcelles de la plupart des autres cités de la Grèce. Maisson insertion dans la Table ethnographique serait surtoutjustifiée par ce fait que la grande île de la côte de Cariea été de très bonne heure connue et fréquentée par lesPhéniciens. Elle devint même le siège d’un de leursprincipaux et de leurs plus anciens établissem*nts dansles mers grecques. On peut voir dans F. Lenormant, Lesorigines de l’histoire, t. ii, 2e part., p. 155-165, le fondementde ces rapports historiques entre les Phénicienset l’île de Rhodes. Outre ce dernier savant, plusieursauteurs admettent cette opinion, entre autres J. Halévy, Recherches bibliques, Paris, 1895, t. i, p. 261, et A. Dillmann, Die Genesis, 6e édit., Leipzig, 1892, p. 177, quiétendles Rôdânîm d’une façon générale aux habitantsdes lies de la mer Egée. — La même leçon Rôdânîm afait naître une autre hypothèse que nous ne nous arrêteronspas à discuter, car elle est universellement rejetée: c’est celle de Bochart, Phaleg, lib. iii, cap. vi, p. 183-188, qui reconnaît ici les habitants des embouchuresdu Rhône, Rhodanus; elle est historiquement etgéographiquement impossible.

A l’identification Rôdânîm = Rhodiens on objectel’ignorance où nous sommes du nom primitif de l’île, puis le manque de pleine conformité entre les deuxmots, puisque le noun ou l’ra de Rôdânîm fait délautdans Rhodes, Rhodii. Un commentateur récent, F. deHummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p. 311, qui formule cette objection, préfère, à cause de la correspondanceexacte entre les noms, assimiler les fils deJavan dont nous parlons aux Rotennu, qui payèrenttribut aux pharaons de la XIXe à la XXI» dynastie, et, au temps de Thotmès III, possédaient plusieurs villesconfédérées depuis les rives de l’Oronte jusqu’au torrentde Cison et de là jusqu’à l’Euphrate. Les Rtnu, Rotanouou Lotanou, sont, en effet, les Syriens du nord; cf.W. MaxMùller, Asien und Europa nach altâgyptischen Senkmâlern, Leipzig, 1893, p. 143-147. Mais les égyptologueset les exégètes ne sont pas d’accord pour savoir quelpeuple biblique ils représentent. Les uns ont pensé auxLudim, Gen., x, 13; d’autres à Lud, fils de Sem, Gen., x, 22; d’autres à Lotan, fils d’Édom. Gen., xxxvi, 20, 22.On les a ainsi rattachés tantôt à la race de Cham, tantôtà celle de Sem, plutôt qu’à celle de Japheth. Cette opiniond’ailleurs est-elle bien conciliable avec l’ensembleet la nature des territoires assignés par l’Écriture aux fils

de Javan, Gen., x, 4, 5? Elle se heurte à des difficultés «thnographiques et géographiques qui ne sont pas clairement

élucidées.

A. Legendre.

    1. DODAU##

DODAU (hébreu: Dôdâvâhû; Septante: AwSt’a), pèredu prophète Éliézer de Marésa, qui vécut sous Josaphat.H Par., XX, 37. D’après une tradition juive, Dodaù étaitfils de Josaphat. S. Jérôme, Qusest. hebr., in Par., t. xxiii, «ol. 1393.

DODD "William, théologien protestant, né en juin 1729à Bourne, dans le Lincolnshire, mort le 27 juin 1777.Il fit ses études à Cambridge, où il publia quelquespoèmes facétieux, puis vint à Londres, et épousa, le15 avril 1751, Mary Perkins, dont le luxé et la folle dépenselui furent fatals. Entré dans les ordres le 19 octobre1751, il se fit vite une grande réputation commeprédicateur, tout en publiant certains écrits d’un caractèrepeu ecclésiastique, et en s’abandotinant de plus enplus à ce penchant pour les plaisirs mondains et pour laprodigalité, qu’il partageait avec sa femme. Il s’occupaitnéanmoins activement de plusieurs travaux fort sérieux, et surtout d’un commentaire de la Bible, ouvrage demérite, qu’il fit paraître d’abord par semaines et parmois, en 1765, et qu’il réunit ensuite en trois volumesin-folio. Mais il fit des dettes, et sa position empira deplus en plus. Après de nombreuses aventures, il finitpar faire un faux pour se procurer de l’argent: le 1 er février1777, il signa une traite du nom de son ancienélève, Philippe Stanhope, devenu lord Ghesterfield, et seprocura ainsi une somme de quatre mille deux cents livres.La fraude ne tarda pas à être découverte, et, malgré lesefforts que l’on fit pour le sauver, il fut arrêté, jugé, condamné à mort, et exécuté le 27 juin 1777. Parmi sesnombreux écrits, le plus célèbre est À new commentaryof the Bible, 3 in-f», Londres, 1765-1770, qu’Adam Clarkedisait, non sans exagération, être le meilleur commentairequ’on eût publié en anglais. Voir W. Orme, Bibliothecabiblica, 1824, p. 152. A. Regmer.

DODDR1DGE Philip, théologien anglais non conformiste, né à Londres le 26 juin 1702, et mort à Lisbonnele 26 octobre 1751. Son éducation fut commencée par samère, qui lui enseigna l’histoire sainte d’après les peinturesde la cheminée. Il étudia d’abord à Londres, puisà Saint-Albans. Il suivit les leçons du ministre presbytérienSamuel Clarke, puis de Jennings, qui professaitune grande indépendance de doctrine. Il succédaà ce dernier comme professeur à Kibworth, où il exerça «n même temps les fonctions de prédicateur, de 1723à 1729. À cette époque, il alla enseigner la théologie àHarborough, et peu après fut nommé prédicateur à Northampton.Mais sa sauté l’obligea de se retirer à Lisbonne, où il mourut. On lui a reproché d’avoir trop écrit.Citons parmi ses œuvres: The family Expositor. Or, aparaphrase and version of the New Testament, withcritical notes and a practical improvement of eachsection disposed in order of an harmony, 3 in-f°, Londres, 1738. A. Régnier.

    1. DÔDERLEIN Johann Christoph##

DÔDERLEIN Johann Christoph, théologien luthérien, né àWindheim en Franconie, le 20 janvier 1745, mortà léna le 2 décembre 1792. Il fit ses études à l’universitéd’Altorf, où il devint professeur de théologie, en 1772.De là il passa en la même qualité à léna, où il demeurajusqu’à la fin de sa vie. Il fut un des pères du rationalismeen Allemagne. Voir Am. Saintes, Histoire du rationalisme, 2e édit., Hambourg, 1843, p. 169-170. Parmi sesouvrages, on remarque: Esaias ex recensione textushebraici, in-8°, Altorf et Nuremberg, 1775, 1778, 1780, 1789; Die Sprûche Salomonis ûbersetztund mit Anmerkungen, in-8°, Altorꝟ. 1778, 1782, 1786; Das hohe Lied, -in-8°, léna, 1781, 1792, etc. Il édita avec des additions î

les tomes il et m des Annotationes de Grotius in VêtusTestamentum, in-4°, Halle, 1775-1776, et publia Annotationumin Velus Testamentum auctuarium in librospoeticos, in-4°, Halle, 1779. Son édition de la Biblehébraïque mérite aussi d’être mentionnée: Bïblia hebraica, olim ab Chr. Beineccio édita et ad optimoscodices recensita, nunc denuo édita a J. C. Dœderleinioet J. H. Meisner, in*, Leipzig, 1793; Halle, 1818. Il fautenfin citer celui de ses ouvrages qui eut le plus de succèsen Allemagne et où il enseigne qu’on doit expliquer lesÉcritures d’après la seule raison: Institutio theologi christianiin capitibus religionis theoreticis nostris temporibusaccommodata. Pars I», Altorꝟ. 1780. Pars ii», in-8°, Altorꝟ. 1781. Réimprimé en 1781, 1784, 1787 et 1797. —Voir H. Dôring, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopàdie, sect. î, t. xxvi, 1835, p. 251-255.

DODO (hébreu: Dôdô), nom de trois personnages.Ce nom propre se trouve déjà sous la forme Dûdu dansles tablettes cunéiformes de Tell el-Amarna, antérieuresà l’exode. Becords of the past, nouv. série, t. iii, p. 57.

1. DODO (Septante: TtaTpiSAcpo; aù-roû; Vulgate: patruus Abimélech), père de Phua et grand-père ouancêtre de Thola, juge d’Israël, de la tribu d’Issachar. LaVulgate, en suivant lés Septante, a pris Dôdô de l’hébreupour un nom commun, c oncle paternel,» et elle insèreici le nom d’Abimélech pour donner un sens à la phrase.

2. DODO (Septante: AouSi et AwSios; Vulgate: patruusejus), père d’Elchanan de Bethléhem, un des ïàlisim, «officiers supérieurs» de l’armée de David. II Reg., xxiii, 24; I Par., xi, 26. Voir t. î, col. 977.

3. DODO (Septante: AioSîa; Codex Alexandrinus: Awæa), père d’Éléazar, un des quatre gibborîm, quiavaient l’emploi de sâlisîm en chef. I Par., xi, 25. LaVulgate a pris le mot Dôdô pour un nom commun: patruus ejus, «son oncle.» Au passage parallèle, II Reg., xxiii, 9, le texte hébreu porte: au ketib, Dodoy, et aukeri, Doday. D’après I Par., xi, 12, c’est Dodo qu’il fautlire. Les Septante ont traduit d’abord le nom comme unnom commun, puis on l’a ajouté comme un nom propre: vl’iç Tta-paSéXyou aù-roO, u: b; AouSi. Dans’I Par., xxvii, 4, il est dit que le chef de la garde royale pendant le secondmois était Doday (Vulgate: Dudia) l’Ahohite; en rapprochantce texte des deux précédents, on constate qu’il adû être altéré, et qu’il devait porter originairement: Éléazar, fils de Dodo l’Ahohite. E. Levesque.

DŒG (hébreu: Dô’êg; Septante: Aw^x), serviteurde Saûl, que la Vulgate qualifie d’iduméen, tandis queles Septante et Josèphe après eux, Ant. jud., VI, xi, 1, l’appellent Syrien, c’est-à-dire Araméen, par suite duchangement du d en r. Il était le chef des bergers deSaûl, I Reg., xxi, 7, et l’un de ses principaux serviteurs.I Reg., xxii, 9. Les Septante, par une fausse interprétation, lui donnent, I Reg., xxi, 7, le titre de «gardien desmules de Saül». — Doeg se trouvait dans le Tabernacle, à Nobé, le jour où David, fuyant définitivement la courde Saül pour sauver sa vie, vint demander au grandprêtre Achimélech quelques aliments pour lui-même etpour ses compagnons, et en reçut, avec les pains de proposition, l’épée de Goliath. La Vulgate dit que Doeg «étaitdans l’intérieur du Tabernacle du Seigneur». I Reg., xxi, 1 -D. L’hébreu et les autres versions diffèrent de la Vulgateen cet endroit; ils portent: «Il y avait un homme(Doeg) lié devant le Seigneur.» Les exégètes ont exprimédivers sentiments sur la raison pour laquelle Doeg étaitainsi «lié» ou «retenu» dans le Tabernacle. Les unsont pensé qu’il y accomplissait quelque purification légale, les autres qu’il était venu pour s’acquitter d’unvœu, cf. Act., xju, 26; d’autres, qu’il était soupçonné d’être

lépreux, Lev., xiii, 4-5, ou qn’il avait quelque maladiedont il demandait la guérison. Voir Cornélius a Lapide, Comment., t. iii, Paris, 1895, p. 396. Les traducteursalexandrins paraissent croire qu’il avait fait un vœu deNazaréen: (mvexôpevoc Nes<r<rapàv Ivcamov Kupïo’j. —Quoi qu’il en soit, Doeg observa tout ce qui se passait etgarda bon souvenir de ce qu’il avait vu et entendu pouren faire usage à l’occasion. Cf. I Reg., xxii, 22. Cetteoccasion ne tarda pas à se présenter. Saül avait apprisque David, ayant réuni autour de lui quatre cents hommes, s’approchait à la tête de cette troupe. I Reg., xxii, 2, 5-6.Il se plaignit un jour amèrement à ses officiers qui l’entouraientde ce qu’aucun d’eux ne l’informait des menéesdu fils d’Isaï. Alors, pour faire acte de bon courtisan oupour perdre David, ou plutôt pour ces deux motifs à lafois, Doeg raconte au roi ce dont il avait été témoin àNobé, en commençant par le récit d’un fait qui n’estpas rapporté I Reg., xxi, 1: c’est que le grand prêtreAchitnélech avait consulté le Seigneur au nom de David.1 Reg., xxii, 6-10. L’Iduméen pensait avec raison quec’était là le grief le plus grave aux yeux de Saül; Saûlrie pouvait redouter rien tant que de voir le Seigneurrendre quelque oracle en faveur de celui qu’il regardaitcomme un rival acharné à sa perte. I Reg., xxil, 13. Ona prétendu que Doeg avait calomnié David et Achimélechen ce qui regarde la consultation divine; mais Achimélech, à qui il était si facile de se justifier sur ce point, le confirme indirectement. I Reg., xv, 15. Le résultat durapport de Doeg fut que Saùl, ayant mandé à GabaonAchimélech et les prêtres de sa famille, ordonna à des «coureurs» (voir ce mot, col. 1080) de les tuer tous.Cf, IV Reg., x, 25. Mais les coureurs se refusèrent à cetteexécution barbare, et le roi commanda à Doeg de les immolerlui-même. L’Iduméen, qui les avait dévoués à lavengeance de Saûl, ne pouvait reculer; il massacra doncces prêtres au nombre de quatre-vingt-cinq, probablementavec l’aide de ses serviteurs. Cette horrible boucheriefut suivie d’une autre plus horrible encore; on fitpérir à Nobé tout ce qui avait vie: hommes, femmes etenfants et jusqu’aux animaux. 1 Reg., xxii, 16-19. Abiathar, fils d’Achimêlech, put cependant échapper au massacre, et il vînt apporter à David cette nouvelle. David, qui connaissait Doeg, ne fut pas surpris de sa conduite; il avait prévu, en le voyant entrer dans le Tabernacle, à Nobé, qu’il le dénoncerait. I Reg., xxii, 20-22. Ladouleur et l’indignation qu’il éprouva à cette nouvelle luiinspirèrent le Psaume ii, qui commence par cette viveapostrophe à Doeg: «Quid gloriaris in malitia, qui potenses in iniquitate?» Les Pères ont vu dans Doeg unefigure du traître Judas et des impies, persécuteurs desjustes et des amis de Dieu. S. Augustin, In Ps. li, 3, 13, t. xxxvi, col. 601 et 608. E. Palis.

DOIGT. Hébreu: ’ésba’; Septante: SbxtuXoç; Vulgate: digitus.

1. DOIGT, l’une des cinq parties articulées qui terminentla main. — 1° Dans le sens propre. L’Écriturementionne un guerrier philistin de Geth, qui avait sixdoigts à chaque main et à chaque pied. II Reg., xxi, 20; I Par., xx, 6. — Dans les cérémonies du Temple, lesprêtres trempaient leur doigt dans le sang des victimespour en toucher ensuite les cornes de l’autel ou fairedes aspersions. Exod., xxix, 12; Lev., iv, 6-34; IX, 9; xiv, 16, 27; xvi, 14, 19; Num., xix, 4. — Il est encorequestion des doigts de l’épouse, qui sont pleins de myrrhe, Cant., v, 5; des doigts des idoles, qui ne servent de rien, comme s’ils n’existaient pas, Sap., xv, 15; des doigtsmystérieux qui écrivent sur la muraille du palais de Baltassar, Dan., v, 5; du doigt avec lequel Notre-Seigneurguérit le sourd, Marc, vii, 33, et écrit par terre, Joa., vin, 6; du doigt de Lazare, dont le damné attend envain un léger rafraîchissem*nt, Luc, xvi, 24; des doigts

que saint Thomas est invité à mettre dans les plaies duSauveur. Joa., xx, 25. — Certains mouvements des doigtsmarquent la duplicité, Prov., vi, 13, ou la moquerie.Is., lviii, 9. — 2° Dans le sens figuré, le doigt se prenden hébreu pour la main, qui représente elle-même lapuissance de Dieu ou l’activité de l’homme. Ainsi c’estle doigt de Dieu qui fait les cieux, Ps. viii, 4; qui semanifeste par des prodiges, Exod., viii, 15; qui écrit lestables de la loi, Exod., xxxi, 18; DeuV, ix, 10; qui chasseles démons. Luc, xi, 20. Le doigt de l’homme fabriquedes idoles. Is., ii, 18; xvii, 8. Roboam dit aux Israélitesque son petit doigt, qotén, de qâtan, «petit,» sera plusgros que les reins (le dos) de son père, pour indiquerque sa main sera beaucoup plus lourde, ses exigencesbeaucoup plus onéreuses que celles de Salomon. III Reg. rxii, 10; Il Par., x, 10. Former les doigts à la guerre, c’est donner à quelqu’un le courage et l’habileté militaires.Ps. cxliv (cxliii), 1. On lie la loi à ses doigtspour que l’esprit ne l’oublie pas et que la main l’exécutetoujours. Prov., vii, 3. Ne pas toucher un fardeau dubout des doigts, c’est se refuser à tout acte de vertupénible. Matth., xxiii, 4; Luc, xi, 46. Les versions seservent même du mot «doigt» dans quelques passagesoù l’hébreu parle de «main». Jud., xviii, 19; Job, xxi, 5; xxix, 9; Prov., xxxi, 19; Is., ux, 3. Elles disent aussique le Seigneur «prend la terre avec trois doigts», làoù l’hébreu porte: «Il mesure la terre avec un Mltt.» ls., XL, 12. Le SâlîS est le tiers de l’éphi. Voir Éphi.

H. Lesêtre.

2. DOIGT, mesure de longueur. — Dans le textehébreu, le’ésba’ne désigne une mesure proprementdite que dans un seul passage. Jer., lii, 21. Ce prophètenous apprend que les colonnes du Temple de Jérusalem, Jachin et Booz, qui étaient creuses à l’intérieur, avaientquatre doigts d’épaisseur de métal. La mesure ainsinommée était égale au quart du téfafy ou palme, etéquivalait à l’épaisseur du doigt (environ m 0218). VoirCoudée, col. 1060. Maimonide, Mischné Thora, II, iii, 9, 9, dit que 1’'ésba’est égal à la longueur de sept grainsd’orge moyens. — Deux fois, la Vulgate traduit le mottéfafy par «quatre doigts». Exod., xxv, 25; xxxvii, 12.

H. Lesêtre.

    1. DOLFINI Jean-Antoine##

DOLFINI Jean-Antoine, dit de Casalmaggiore, bienqu’il soit né à Pomponesce, en Lombardie, après avoirfait ses humanités à Crémone, étudia à l’université deBologne, et là revêtit l’habit des Mineurs Conventuels.Son assiduité à l’étude lui imposait des veilles prolongées, en raison desquelles on le surnommait «Mezzanolte». Il fut appelé en qualité de théologien au concilede Trente, par Paul III. Ses confrères l’élurent provincialde Bologne, en 1546. L’université de la même villele réclama pour professeur de physique, en 1553. Il futélu général de son ordre en 1559, et il conduisait sessujets «avec un fil de soie, tant était suave et forte sadouceur», lorsque la mort vint le leur enlever, à Bologne, le 5 septembre 1560. Il a laissé: Commentaria in Epistolamad Hebrseos, in-8°, Rome, 1587; Commentariain Evangelium S. Joannis, opéra et cum additionibuscardinalis Sarnani, in-8°, 1587. — Sbaraglia fait observerque Possevin, Wadding et Jean de Saint-Antoine ont faitde cet auteur deux personnes différentes, sous les nomsd’Antoine et de Jean-Antoine, celui-ci étant le véritable.On l’appelle aussi Delphini et Dauphin.

P. Apollinaire.

    1. DOMESTIQUE##

DOMESTIQUE (<> oêxei’o; ), celui qui lait partie de lamaison. Ce mot, dans l’Écriture, ne désigne pas un serviteur, comme en français, mais quiconque fait partie dela maison (bêt, oixtf; ), soit enfant, fils et fille, soit esclave.II Sam. (II Reg.), xvi, 2; Prov., xxxi, 15, 21; Eccli., rv, 35; vi, 11; xxx, 2; xxxii, 26; Is., iii, 6; Mich., vi, 6; Matth., x, 25, 36 (oîxiaxô; , «celui qui est soumis à l’autoritédu père de famille» ); Act., x, 7 (ohiÉTri; , motqui signifie quelquefois spécialement un esclave. Luc, 1463 DOMESTIQUE — DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES Stes ÉCRITURES 1464

xvi, 13; Rom., xiv, 4; I Pet., ii, 18); Rom., xvi, 5 (xat’oïxov); 1 Cor., xvi, 19 (xat’olxov); Gal., vi, 10; Ephes., Il, 19; I Tim., v, 8. Les chefs de famille doivent prendreun soin particulier de tous ceux qui appartiennent à leurmaison, spécialement de leur salut. Gal., vi, 10; I Tim., v, 8.

    1. DOMINICAINS##

DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES

SAINTES ÉCRITU RES. — L’ordre a été fondé en 1216, par saint Dominique, sous le nom de Frères Prêcheurs, pour la défense de la foi catholique, avec, pour missionprincipale, la prédication et l’enseignement des sciencessacrées. Il a exercé au moyen âge une prépondérancemarquée dans le domaine intellectuel, étant le premierinstitut établi dans l’Église avec une mission spécifiquementdoctrinale. On peut répartir son action dans l’histoirede la Bible en deux périodes: 1° le moyen âge; 2° la Renaissance et les temps modernes.

I. Moyen âge. — I. place de la bible dans l’osdre.

— Le couvent dominicain étant conçu comme un groupeessentiellement scolaire en vue de la diffusion de lascience sacrée, chaque couvent possède un docteur oulecteur, chargé de lire et commenter le texte des Écrituresaux religieux et aux étudiants du dehors. La Bibleau moyen âge est le texte officiel de la théologie, et ilen est pareillement dans les écoles dominicaines. Dansquelques grands couvenls, spécialement à Paris, où lesécoles furent incorporées à l’Université dès 1229 (Revuethomiste, t. iv, 1896, p. 153), les écoles portent le titrede studia generalia, ou hautes études. Les maîtres qui yenseignent sont les plus célèbres, et leurs leçons formentles meilleures productions scripturaires du temps. LesPostilles de Hugues de Saint -Cher représentent Je typedes leçons sur la Bible à l’Université de Paris pendantla première moitié du xme siècle, les commentaires desaint Thomas et d’Albert le Grand montrent ce que cetenseignement est devenu dans la seconde moitié du siècle; il s’est d’ailleurs maintenu sous la même forme pendantles siècles suivants. Le caractère relevé des leçons scripturairesdes maîtres dans les studia generalia nécessital’adjonction d’un auxiliaire destiné à donner aux commençantsune connaissance d’ensemble mais élémentairedu texte de la Bible; ce furent les baccalaurei biblici.Denifle, Rev. Thom., t. ii, 1894, p. 149. Cette institutionfut introduite vers la fin du xin» siècle dans lescouvents importants qui n’étaient pas des studia generalia, mais auxquels on donnait le nom de studia solemriia.Ces sortes de maîtres en second y furent appeléslectores biblici. Douais, Essai sur l’organisation desétudes dans l’ordre des Frères Prêcheurs, in-8°, Paris, 1884, p. 116.

Une culture biblique aussi intensive (car tous les religieuxd’un couvent, même le prieur, étaient tenus d’assisteraux leçons) conduisit comme conséquence naturelleles Dominicains à introduire avec surabondance lescitations de l’Écriture dans toutes leurs productions littéraires, spécialement dans leurs ouvrages théologiques etleurs sermons. La tendance est d’ailleurs générale aumoyen âge. Mais il semblait alors qu’il ne pouvait pasy avoir d’excès dans l’usage de la parole de Dieu.

L’usage incessant que les Dominicains durent faire dela Bible dans leurs écoles et la prédication les conduisitde très bonne heure à entreprendre de grands travauxdans le domaine scripturaire, et leur action se trouvemarquer le point initial des principales directions danslesquelles ont été engagées les sciences bibliques. Aussile savant barnabite L. Ungarelli a-t-il pu écrire: «L’onpeut dire que les bibles latines, manuscrites ou imprimées, depuis le milieu du xm «siècle jusqu’au concile deTrente, furent infiniment redevables aux travaux assiduset éclairés des Frères Prêcheurs.» Anal, juris pontif., 1852, col. 1321. Et son disciple, le P. Vercellone: «C’esta l’ordre dominicain que revient la gloire d’avoir, le premier, renouvelé dans l’Église les exemples illustres d’Origèneet de saint Jérôme par le culte ardent de la critiquesacrée.» Dissert, acad., in-8°, Rome, 1864, p. 48.

II. TRAVAUX POUR LA RECONSTITUTION DU TEXTE LATIN:

les cobbectoria. — Le texte latin de la Vulgate, au diredes écrivains du XIIe et du XIIIe siècle, était, grâce aurégime longtemps continué des manuscrits, fortementcorrompu. La reconstitution d’un texte latin correct étaitdonc un 2 œuvre préalable et urgente. Les premiers travauxde correction ont été l’œuvre exclusive des Dominicainsjusque vers 1267. Les prétendus correctoires del’Université et de la Sorbonne sont fictifs. Denifle, Archivfur Lilteratur und Kirchengeschichle, t. iv, p. 284. Lapremière correction dominicaine de la Bible a été faiteà Paris, sous la direction de Hugues de SaintCher, undes premiers professeurs de l’ordre à l’Université. VoirCorhectoires de la Bible, col. 1023-1024. La partie decette œuvre qui porta sur la collation du texte hébreufut exécutée par Theobaldus de Sexania, un juif convertidevenu dominicain et sous-prieur du couvent de Saint-Jacques.On possède aussi de lui un extrait des erreurscontenues dans le Talmud. Denifle -Châtelain, Chart.Univ. Paris., t. i, p. 211; S. Berger, Quam notitiamlinguse hebraicse habuerunt christiani tnedii sévi temporibus, Paris, 1893, p. 30-31.

III. utilisation manuelle du texte de la bible: les concordances. — La nécessité où étaient les prédicateurset les professeurs de recourir incessamment autexte sacré pour y chercher leurs autorités amena Huguesde Saint-Cher à l’idée de la confection d’un dictionnairecontenant par ordre alphabétique les mots de la Bible. Cetravail fut accompli au couvent de Saint-Jacques de Paris, d’où le nom de Concordantise S. Jacobi. voir Archiv, t. ii, p. 235. Voir Concordances de la Bible, col. 895-896.Le système adopté par Hugues de Saint-Cher pour sesconcordances avait l’avantage de donner un manuscritpeu volumineux, mais il avait l’inconvénient d’obliger derecourir à la Bible, sans qu’on pût comparer d’un seulcoup d’œil les passages contenant le même mot. On obviaà cet inconvénient en citant sous chacun des mots formantle dictionnaire des concordances les phrases entièresde la Bible qui contenaient ce mot. Ce systèmedonna des concordances très développées, chaque phrasede la Bible paraissant plusieurs fois en divers endroits; de là leur nom de Concordantise magnse. Elles furentl’œuvre des religieux que l’ordre envoyait étudier enAngleterre, c’est-à-dire à Oxford, où était le studiumgénérale. Voir Archiv, t. ii, p. 234. L’initiative semble enrevenir à Jean de Derlington. Richard de Stavenesby etHugues de Croyndon paraissent avoir été ses principauxcollaborateurs. Elles sont connues sous le nom deConcordantise anglicans. Elles ne sont pas antérieuresà 1246. Voir plus haut, col. 896. — Au commencementdu xive siècle, un dominicain allemand, Conrad de Halberstadt, simplifia les concordances anglaises en ne laissantdans les citations que les mots les plus importantspour déterminer le sens. C’est sous la forme que leur adonnée Conrad que les premières concordances ont surtoutété imprimées. Les éditions sans date de Strasbourgont été publiées vers 1470 et 1475. Voir col. 896. Échard, t. i, p. 610. Les concordances achevèrent leur évolutionau temps du concile de Bàle, sous l’action de Jean Stojkowich, plus connu sous le nom de Jean de Raguse. Voircol. 896-897. La création et le développement essentieldes concordances bibliques avaient donc été l’œuvre exclusivedes Dominicains. Au xvie et au xviie siècle, lesconcordances furent encore polies ou remises au point.La revision de Luc de Bruges a joui plus que les autres debeaucoup de faveur. Mais elle a continué à porter le nordde Hugues de Saint-Cher comme auteur principal.

IV. ÉTUDE ET SCIENCE DU TEXTE BIBLIQUE: LES COUMENtaibes. — La place fondamentale occupée par la Bibledans l’enseignement des maîtres dominicains en conduisit 1465 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1466

un grand nombre à écrire leurs leçons ou à composerdes travaux sur la totalité ou une partie de l’Écriture.Il serait à la fois impossible et même superflu de tenterici la seule énumération de ces auteurs. L’activité littérairede l’ordre s’étant exercée pendant deux siècles etdemi sous le régime des manuscrits, un grand nombrede ces travaux sont restés inédits. On peut voir le développementpris par cette étude en parcourant le cataloguede Bernard Gui (Archiv, t. ii, 1886, p. 226, etc.)ou les Scriptores Ordinis Prsedicatorum de Quétif etÉchard, quoique ces collections soient fort incomplètes.Tous les catalogues des manuscrits des grands dépôts desbibliothèques de l’Europe en contiennent des speciminafréquents. Il nous suffit de donner ici une vue généralede ceux qui ont joui d’une grande réputation ou qui ontété édités au moins en partie.

1° C’est encore Hugues de SaintCher qui ouvre lasérie des grands commentateurs dominicains de la Bible.Ses commentaires sont sous forme de postilles ou annotations: Postillse in universa Bibliajuxta quadruplicemsensum literalem, allegoricum, moralem, anagogicum(premières éditions, Venise et Bàle, 1487; la dernière, 8 in-f°, Venise, 1754). Hugues met à profit dans ses commentairesson travail sur les concordances, car il citeconstamment les textes parallèles de l’Écriture; c’est mêmelà sa méthode d’interprétation littérale. Pour l’expositiondes différents sens, il incorpore volontiers les autoritésqui constituent l’ancienne glose. Le développement principalest donné aux trois sens secondaires. La positionde Hugues comme commentateur est bien indiquée parun chroniqueur du commencement du xive siècle: Primuspostillator exstilit, et iotam Bibliam egregie postillavitet excellenter in tantum, quod hucusque secundumnon habuit. Henri de Hervordia, Chronicon, édit. Potthast, Gœttingue, 1859, p. 190-191.

2° Les commentaires de saint Thomas d’Aquin sur uncertain nombre de livres de l’Écriture (Job, Psalm., Cantic, Isa., Jerem., Thren., Matth., Joa., Ep. Pauli)marquent un nouveau moment dans l’histoire de l’exégèse.Il transporte dans la dissection et l’interprétationdu texte scripturaire la méthode qu’il a créée pour commenterles livres d’Aristote. Au lieu de la méthode d’annotationsou de postilles usitée avant lui, il dissèque lesparties du livre et des chapitres pour montrer leur ordreet leur dépendance, et arrive par un procédé d’analysede plus en plus circonscrit à l’examen des phrases et desmots. Il crée ainsi le véritable procédé exégétique. L’interprétationlittérale occupe presque exclusivement sescommentaires, si l’on comprend sous cette dénominationl’élément théologique qui découle immédiatement du texte.3° La carrière exégétique d’Albert le Grand comporte, comme sa carrière philosophique, une double manière, la seconde ayant été déterminée par l’influence de sonpropre disciple, Thomas d’Aquin. Albert avait d’abordcommenté toute la Bible par postilles, à la façon deHugues de Saint-Cher. Catalog. cod. hagiogr. biblioth.reg. Bruxellen., t. ii, p. 101. Ce travail est demeuréinédit. Albert commenta plus tard un certain nombre delivres de la Bible par un procédé analogue à celui de sescommentaires sur Aristote et dans lequel il se rapprochede saint Thomas. Mais ici comme ailleurs les écritsd’Albert n’ont ni la précision ni la sobriété de ceux deson disciple. Les éditions des œuvres complètes d’Albertne contiennent pas entièrement cette seconde catégoriede commentaires. Ceux sur les Psaumes, Jérémie, Baruch, Daniel, les petit* Prophètes, les quatre Évangiles etl’Apocalypse sont seuls publiés. Script. Ord. Prsed., 1. 1, p. 1745; Archiv, t. ii, p. 236.

4° La plupart des travaux sur le texte même de l’Écritureau moyen âge ont été exécutés sous forme de postilles, à la façon de celles de Hugues de Saint-Cher, oude commentaires comme ceux de saint Thomas d’Aquin.Au xme siècle, le système des postilles, plus simple et

plus facile, semble avoir prédominé. Parmi les religieuxqui ont écrit sur la Bible, soit sur une partie ou la totalitédu texte, nous pouvons nommer: Jourdain de Saxe, second maître général de l’ordre; Pierre de Tarentaise, archevêque de Lyon et pape sous le nom d’Innocent V; Nicolas de Gorran, confesseur de Philippe IV, qui a écritsur toute la Bible; Bernard de Trilla, provincial de Provence; Jean de Erdenbourg, maître de l’Université deParis; Thomas de Lentino, patriarche de Jérusalem. AuXIVe siècle: Thomas Jorg, professeur à Oxford et cardinal; Nicolas de Trevet, maître d’Oxford; Ptolémée deLucques, évêque de Torcello; maître Ekehart de Hochheim, le chef des mystiques allemands; Ludolphe deSaxe, dominicain pendant une trentaine d’années, puischartreux, connu par sa célèbre Vie de Notre-SeigneurJésus-Christ; Michel du Four, professeur à l’Universitéde Paris; Pierre de la Palud, patriarche de Jérusalem, etc., etc. (On peut consulter pour ces noms et un grandnombre d’autres le catalogue de Bernard Gui, Archiv, t. ii, p. 226, et Échard, Sript. Ord. Prsed.) Au xve siècle, l’ordre, travaillé pardes réformes qui portèrent leur idéalvers l’ascétisme et négligèrent l’étude, vit diminuer notablementla vie scientifique. Ce qu’il gagna en bienheureux, il le perdit en docteurs. On pourrait cependantnommer, à côté du célèbre cardinal et théologien Jeande Torquemada (Échard, t. i, p. 839), un certain nombrede commentateurs.

5° À côté des travaux sur le texte de la Bible sousforme de postilles et de commentaires, l’ordre en produisitdès la fin du xiii 9 siècle, mais surtout au xiv, unecatégorie spéciale, connue sous le nom de Lecturse. Lalectura est un produit scolaire de l’enseignement de laBible et représente la leçon telle qu’elle se donnait dansune école de théologie d’alors, en dehors des studiageneralia. Ces sortes de commentaires sur les différentslivres de la Bible sont distribués en leçons ou lectures, d’où leur nom. La leçon comprend l’explication d’uneportion du texte scripturaire, quelques versets ou unepartie du chapitre. L’interprétation en est donnée commedans les commentaires proprement dits. Le maître poseensuite une ou plusieurs questions de théologie proprementdite qui se rattachent plus ou moins directement autexte commenté. Une leçon comprend ainsi une partiepurement scripturaire et une autre purement théologique.Ces écrits, assez communs au xive siècle, ne sontque l’aboutissant du mode d’enseignement de la théologiepratiqué dès le XIIe siècle; le maître commentait l’Écriturecomme texte scolaire et y greffait à son gré desquestions dogmatiques ou morales.

Parmi les auteurs dominicains qui ont traité par ceprocédé l’Écriture, on peut nommer: Olivier, provincialde Dacie; Tullius, de la même province; Jean de Erdenburg, Albert de Lombardie. Archiv, t. ii, p. 234-235; Échard, Script; Ord. Prœd. Le célèbre commentaire surla Sagesse, de Robert de Holcot, professeur à l’universitéde Cambridge, si souvent imprimé (l re édit., Spire, 1483), est composé d’après cette méthode. Pareillement les lecturesde Dominique Grenier sur la Genèse et les livreshistoriques de l’Ancien Testament (Toulouse, Bibl. municip., mss. 28, 29, 31), dédiées à Jean XII et écrites surle conseil du général de l’ordre, Béranger de Landore(Échard, t. i, p. 613; Douais, Essai sur l’organisation, p. 117-119). Les leçons d’Arnaud Bernard sur l’Apocalypsedonnées dans les écoles épiscopales de l’archevêque deToulouse, Jean de Cardailhac, en 1379, appartiennentau même type (Toulouse, Bibl. mun., ms. 57; Douais, p. 119; Échard, t. i, p. 589).

6° On peut encore rapprocher des groupes de travauxprécédents, relatifs à l’intelligence du texte sacré, les écritsconnus aujourd’hui sous le nom de Chaînes. Voir col. 482.Ces extraits des Pères de l’Église et des auteurs ecclésiastiquesavaient déjà trouvé une première, réalisation dansla glose ordinaire de Walafrid Strabon (IXe siècle). Saint 4467 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1468

Thomas d’Aquin, par ordre d’Urbain IV (1161-1164), entreprit sur une base plus large et avec des ressourcesnouvelles une exposition des quatre Évangiles, par lajuxtaposition de textes patristiques formant une interprétationcontinue. Il avait donné lui-même à son ouvrage lenom d’Expositio continua, auquel on a substitué plus tardcelui plus prétentieux et moins clair de Catena aurea.Saint Thomas avait fait traduire directement du grec uncertain nombre de textes que l’on ne possédait pas encoreen latin, ainsi qu’il le déclare dans les préfaces. Sonconfrère Guillaume de Morbeeke, archevêque de Corinthe, qui se trouvait avec lui à la cour pontificale, ettraduisait du grec, sur sa demande, les œuvres d’Aristoteet d’autres philosophes, est selon toute vraisemblancel’auteur de ces traductions patristiques. L’utilité d’avoirainsi, juxtaposées au texte de la Bible, l’autorité et l’interprétationdes Pères était manifeste, en un temps où ilétait presque impossible de se procurer les travaux originaux.Aussi Humbert de Romans, cinquième maîtregénéral de l’ordre, dans son mémoire sur les questionsà traiter au second concile de Lyon (1274), demande-t-ill’exécution d’un travail de cette nature pour les livres dela Bible qui ne l’ont pas encore: Pro theologia videreturexpediens, quod biblia glossaretur continue de diclissanctorum in libris non glossatis. Martène, Ampl. coll., t. vii, p. 198. C’est vraisemblablement pour combler cettelacune que le dominicain anglais Nicolas de Treveth exécuta, au commencement du xiv* siècle, une expositionpatristique de cette nature pour toute la Bible. Echard, t. i, p. 562.

7° Le moyen âge n’a pas composé de travaux analoguesà ceux que nous appelons, depuis le xvie siècle, Introduclonsà l’Écriture, et qui renferment les questionsd’ordre général relatives à cette étude. On en retrouvecependant les éléments dispersés soit dans les préfacesdes commentaires, soit surtout dans les traités de théologieou d’apologétique, soit même dans quelques opusculesrelatifs à des questions scripturaires spéciales, comme le traité de Gilles de Lessines, De concordia lemporum, sur la chronologie biblique. Echard, t. i, p. 370.

V. VULGARISATION DU TEXTE DE LA BIBLE: LES TRA-DUCTIONS.— Dès la fin du xil» siècle, mais surtout ausiècle suivant, il se produisit dans les couches populairesune fermentation religieuse intense. Elle se traduit, entreautres manières, par un vif désir chez les laïques délirel’Écriture en langue vulgaire. Le mouvement vaudoisavait inauguré et développé cette tendance. Le goût dela discussion religieuse et la facilité d’errer chez desesprits sans culture avaient rendu l’autorité ecclésiastiquedéfiante à l’égard de la traduction de l’Écriture dans lesidiomes nationaux naissants. L’Église romaine ne semblepas avoir porté de défense positive contre la lecture dela Bible en langue vulgaire. Mais les évêques, qui se montrèrentplus antipathiques que les papes à l’égard desmouvements religieux laïques, furent aussi plus sévèresà l’égard d’une pratique qui semblait les susciter et lesentretenir. Au synode de 1210, l’évêque de Paris ordonnéqu’on lui remette les livres théologiques écrits en roman, sauf la Vie de saints, sous peine de se voir déclarer hérétique.Chart. univ. Paris., t. i, p. 70. Le concile provincialde Toulouse, en 1229, défend aux laïques de posséderles livres de l’Ancien et du Nouveau Testament; on leurconcède, pour leur édification, le Psautier, le Bréviaireou l’Office de la bienheureuse Vierge, mais non en languevulgaire. Mansi, Concil., t. xxiii, p. 715. Le concile deBéziers, en 1246, dans son règlement pour les inquisiteursde la Provence, refuse aux laïques tout livre théologique, et même aux clercs les livres théologiques enlangue romane. Mansi, t. xxxiii, p. 715.

Les. Frères Prêcheurs, voués à la prédication et à ladirection des âmes, exercèrent de très bonne heure uneaction étendue sur un grand nombre de personnes laïqueset de fraternités. Ils furent inévitablement conduits à

fournir un aliment à leur piété en mettant à leur portéedes traductions en langue vulgaire. Ces sortes de productionslittéraires avaient pris, en 1242, un développementassez considérable pour que le chapitre généraltenu cette année à Bologne cherchât à l’arrêter: Nec aliguisfrater de celero sermones, vel collationes, vel aliasSacras Scripturas de latino transférant (sic) in vulgare.Martène, Thésaurus anecdotorum, t. IV, col. 1684. Prisentre le besoin très réel de venir en aide aux fidèles etla défiance du monde ecclésiastique, les Dominicainshésitèrent un peu, mais sacrifièrent çà et là à la premièreconsidération, surtout à partir du xiv 8 siècle, oùle progrès des idiomes finit par nécessiter la constitutionde toute une littérature religieuse en langue vulgaire.Cette espèce d’incertitude doit expliquer, croyons-nous, en grande partie pourquoi si peu de noms de traducteurssont demeurés attachés à leur œuvre, spécialement dansle domaine de la vulgarisation des Écritures, les auteurspouvant avoir des ennuis à cause de leur paternité littéraire.Néanmoins aucun ordre religieux n’a à son actif, au moyen âge, une somme aussi forte de traductionsbibliques.

1° La traduction française de la Bible au xme siècleest d’une importance particulière à raison de l’influencequ’elle a exercée sur toute la suite des traductions françaises, catholiques et protestantes. M. S. Berger n’est paséloigné de conclure que «l’influence de la version duXIIIe siècle ne s’est pas bornée aux Bibles protestantes», mais encore que «bien peu de versions y ont échappé».La Bible française au moyen âge, Paris, 1884, p. 3li.Nous ne connaissons pas positivement les auteurs de cettetraduction; mais M. S. Berger arrive à cette conclusion: «La version qui nous occupe a été faite par plusieurs traducteurstravaillant sous une même direction, d’aprèsplusieurs manuscrits latins, dont le principal était un exemplairede la Bible corrigée par l’Université. Notre versiona été faite à Paris, dans l’Université, entre l’an 1226 etl’an 1250 environ.» Ibid., p. 156. Or avant 1250 il n’y aeu à Paris, dans l’Université, qu’une seule correction dela Bible, celle entreprise par les Dominicains sous ladirection de Hugues de Saint -Cher. On ne connaît d’ailleursaucun exemple d’un travail en collaboration à l’Universitéautre que ceux des Dominicains. L’état encoresporadique des professeurs qui n’appartenaient pas à descollectivités religieuses le rend absolument invraisemblablechez les sept maîtres séculiers de la faculté dethéologie. Il n’existe trace chez les Franciscains de Parisd’aucune entreprise scripturaire analogue. Les Prêcheurs, au contraire, ont, aux mêmes années, revisé le texte latin, créé les concordances et écrit le premier grand commentairesur toute la Bible; et quand le chapitre généralde 1242 défend de traduire à l’avenir les Saintes Écrituresen langue vulgaire, il vise évidemment un ou plusieursfaits analogues à celui qui s’est produit à Paris eta été signalé par M. Berger. Si donc quelqu’un est autoriséà présenter des titres à la traduction française dela Bible parisienne, nous croyons que les Dominicainspeuvent se mettre sur les rangs et même se présenterparmi les premiers, en attendant, s’il y a lieu, le derniermot de la critique. Nous trouvons au xiv «siècle plusieursnoms de Dominicains qui ont collaboré à la traductionde la célèbre Bible du roi Jean, cette «œuvreexécutée sous ses yeux et par son ordre, et si remarquableque le moyen âge n’en aurait pas produit quilui fût comparable, si elle eût été achevée». Berger, LaBible française au moyen âge, p. 238. Le travail de traductiondura une trentaine d’années et fut l’œuvre detoute une pléiade de travailleurs. En avril 1398, noustrouvons nommés «maistre Jehan Nicolas, frère GuillaumeVivien, frère Jehan de Chambly (tous trois dominicains), demourant à Poissy». En 1410, Jehan de Chamblyy travaillait encore. Ibid., p. 242. Nous ne mentionnonsque pour mémoire Jean de Blois (Echard, t. i, p. 908; 1469 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1470

Berger, La Bible française, p. 257) et Antoine du Four(Échard, t. ii, p. 22), dont les noms ont été aussi prononcésà l’occasion des traductions françaises de la Bible.2° C’est le nom d’un dominicain qui est le premier attachéà la traduction catalane de l’Écriture, celui de Romeude Sabruguera (Barthélémy de la Bruyère), maître àl’Université de Paris, en 1306, correspondant de Jacques IId’Aragon, supérieur de cette province en 1312, morten 1313. On n’est pas autorisé à affirmer positivementque Romeu ait traduit des parties de la Bible autres quele Psautier. En revanche, cette traduction est certaine.M. S. Berger détermine ainsi le procédé de travail del’auteur: «Le traducteur travaillait sur un texte latin, mais il avait le Psautier français, soit sous les yeux, soitdans la mémoire.» Berger, dans la Romania, t. xix(1890), p. 524-535. Voir plus haut, col. 346.

3° La première édition de la Bible en dialecte valenciena été publiée à Valence, en 1478, par les soins du dominicainJaime Borrell. Cette traduction avait été faite à lafin du xive ou au commencement du xv» siècle, à la chartreusede Portacæli, aux portes de Valence, par BonifaceFerrier, avec le concours d’autres personnes doctes. Boniface, frère du célèbre dominicain saint Vincent Ferrier, devint supérieur général des Chartreux dans l’obédiencede Benoit XIII, pendant le grand schisme. J. Borrell arevu, corrigé et publié l’œuvre primitive. «Il sembleavoir changé beaucoup de mots à son modèle, surtoutdans l’intention de le rapprocher du latin.» Berger, p. 530. La bibliothèque Mazarine possède, sous le n° 1228, un exemplaire de ce rare incunable. Calai, des incun.de la bibl. Mazar., Paris, 1893, p. 684; S. Berger, Romania, t. xix, p. 528-530.

4° Jean Lopez, dans la seconde moitié du xve siècle, a traduit en castillan les évangiles de l’année liturgique; la première moitié a été éditée: Los evangelios desdeAviento hasta la domenica in Passione, in-f°, Zamora, 1490. Échard, t. i, p. 826. Les Dominicains ont aussiparticipé aux traductions italiennes de la Bible. Sixte d^Sienne attribue la première traduction à Jacques de Voragine, archevêque de Gènes (Bibl. Sanct., lib. iv, ad verb.Jacob, arch. Gen., edit. Neapol., t. i, p. 397). C’est vraisemblablementsur cette autorité que s’est basé RichardSimon, quand il écrit: «Je croy que la plus anciennetraduction de la Bible en italien est celle de Jacques deVoragine, archevêque de Gênes: Possevin en parle commed’une version peu exacte; d’autres, au contraire, l’ontestimée.» Hist. crit. du Vieux Test., Paris, 1680, p. 598.Il n’est pas invraisemblable que le grand vulgarisateurde la légende des saints ait aussi songé à une vulgarisationde l’Écriture. Sixte de Sienne, qui était un spécialisteet a longtemps vécu à Gênes, comme l’observeÉchard (t. i, p. 459), a dû avoir de bonnes informations.Cette donnée concorderait avec le jugement de M. S. Bergerdéclarant «que l’original qu’a glosé Cavalca était trèsrapproché des textes usités dans le midi de la France».Romania, t. xxiii, 1894, p. 395.

Dominique Cavalca de Pise, un des vulgarisateurs lesplus féconds du commencement du XIVe siècle, a traduitou paraphrasé les Actes des Apôtres en italien. Il est undes trois dominicains toscans qui ont écrit en langue vulgaireà la même époque et que Gino Capponi, dans saStoria délia republ. di Firenze, 1875, t. i, p. 320, appellei sommi autori délia età prima. Il est fort curieux queles Vaudois se soient approprié l’œuvre de Cavalca; celanous place assez loin de la théorie des Vaudois initiateursdes vulgarisations de la Bible. M. S. Berger observe à cepropos: «Le tableau que nous voyons est tout différentde l’image que nous nous faisions d’ordinaire de l’œuvrelittéraire et religieuse des Vaudois. Un «barbet» s’appropriantsans scrupule la version d’un dominicain, n’est-cepas une chose étrange et inattendue? Il me semble, aucontraire, que rien n’est plus vaudois que cela. Les Vaudoisprenaient leur bien où ils le trouvaient; personne

n’a jamais eu une plus grande puissance d’accommodation.» Romania, t. xxiii, p. 393. «À la considérer deprès, sa version (de Cavalca) est moins une paraphrasaqu’une glose continue. Le traducteur juxtapose sans cessela traduction délayée au mot propre; en effaçant simplementles mots ajoutés au texte, on obtiendrait assez facilementune version à peu près littérale.» Ibid., p. 394.

Au xve siècle, les Dominicains italiens se livrent encoreàdes travaux de vulgarisation scripturaire. Marino deVenise réédite la Bible italienne en 1477, d’après la traductiondu càinaldule Nicolas Malermi. Il y ajoute desrubriques qui sont des résumés des chapitres selon l’expositionde Nicolas de Lyre et d’autres docteurs: Bibliavulgare… rubricata per me Fralre Marino da Venetiadell’ordine de’Predicatori de la sacra pagina humileprofessore, sequendo la expositione di Nicolao de Lyrae de li altri dolori, 2 in-f°, Venise, 1477. Vers le mêmetemps, Barthélémy de Modène, inquisiteur à Ferrare, traduit en italien les Psaumes et y ajoute un commentairedans la même langue. Échard, t. i, p. 807; t. ii, p. 823; Le Long, 1. 1, p. 354. En 1494, Frédéric de Venisetraduit l’Apocalypse en langue vulgaire et y joint descommentaires: La exposition dell’Apocalipsis per volgarcon le ghiose di Maistro Federigo da Veniexia del ordinede’Fratri Predicatori in mcccclxxxxiiii. L’ouvragea été édité en 1515 et 1519, sans nom de lieu, et l’on enpossède des manuscrits. Échard, t. i, p. 706; Propugnatore, 1880, t. i, p. 119; 1884, t. ii, p. 260; Romania, t. xxiii, p. 417.

Nous pouvons encore signaler à titre de renseignementquelques manuscrits italiens de la Bible dont l’existenceconfirme encore le fait que l’ordre s’est servi pour sesreligieuses de la Bible vulgaire et a travaillé à en répandrela connaissance. Tel est le manuscrit de la Marciana, àVenise, cl. i, it. 2. C’est un Nouveau Testament d’écriturebolonaise du xive siècle. Il est incomplet et suivid’un calendrier en italien, dont la présence indique ladestination usuelle de l’ouvrage. «Notre manuscrit, ditM. S. Berger, a été écrit dans un couvent de Dominicainsou de Dominicaines de la province de Ravenne. Il a étédonné, au xvp siècle, à la chartreuse de Venise; maison voit, par les notes qui sont sur ses marges, que de1363 à 1414 il appartenait au couvent de Saint -André deFerrare. Dans ce manuscrit, qui représente la versionordinaire, les leçons sont marquées en marge, de mêmeque les jours où elles doivent être lues, d’une écriture duXIVe siècle. Peut-être servait-il à la lecture publique, auréfectoire de Saint-André de Ferrare.» Romania, t. xxiii, p. 415. Pareillement la Bibliothèque Nationale possèdedeux volumes de la Bible italienne écrite par le dominicainnapolilain Nicolas de Nardo (ital. 3 et 4). Il achevaitd’écrire le livre d’Ézéchiel à la fin d’octobre 1466, et l’Apocalypse, par conséquent, comme il le dit, toute la Bible, le 15 mars 1472. Échard, 1. 1, p. 837; G. Mazzatinti, Invent, dei mss. ital. délie bibliol. di Francia, t. i, Rome, 1836, p. i; Romania, t. xxiii, p. 428. Il est donc manifeste que, au xve siècle surtout, la lecture de la Bible en languevulgaires’était remarquablement développée en Italie, etque l’ordre des Frères Prêcheurs s’y était activementemployé.

5° Un phénomène semblable s’observe en pays delangue allemande. Lorsqu’on connaît l’essor donné à lalangue nationale par les mystiques du XIVe siècle, dontle plus grand nombre et les plus célèbres appartiennentaux Frères Prêcheurs, on ne peut pas s’étonner de voirces derniers tenir une place exceptionnelle dans la questionde la vulgarisation de la Bible en Allemagne. Cettequestion de la traduction de la Bible en allemand a fait, un grand pas à la suite des récents travaux du D’F. Jostes, dont nous transcrivons les résultats. Nous constatonsd’abord dans les couvents des Dominicaines allemandesle même fait signalé plus haut pour les Dominicaines.d’Italie: la lecture de l’Écriture en langue vulgaire. L’iniportant catalogue des manuscrits possédés, au xve siècle, par les Dominicaines de Sainte Catherine de Nuremberg nous en fournit la preuve irrécusable. Cette collection d’environ 370 numéros, chiffre fort important pour l’époque, contenait les volumes suivants, en ce qui concerne l’Écriture: une Bible complète, un autre exemplaire complet de la Bible moins les Prophètes, cinqHarmonies évangéliques, un Cantique des cantiques, huit Psautiers, deux Actes des Apôtres, deux Apocalypses, onze exemplaires des péricopes (Prophètes, Épîtres, Évangiles, Passion). F. Jostes, Meister Eckhartund seine Jünger, dans les Collectanea Friburgensia, fasc. iv, 1895, p. xxrv. Mais le fait le plus important est celui de la découverte du premier traducteur de la Bible allemande préluthérienne. Jean Rellach, un dominicain du diocèse de Constance, s’étant rendu à Romeà l’occasion du jubilé de l’an 1450, et ayant pris connaissance du récit de la prise de Constantinople par les Turcs, écrit par Léonard de Chio, dominicain et archevêque de Mitylène (cette lettre du 16 août 1553, adressée à Nicolas V, non indiquée par Jostes, se trouve dans Migne, Patr. gr., t. clix, col. 923-934), résolut, avec quelques-uns de ses confrères, de traduire en langue allemande l’Écriture. Revenu dans son pays, il fut nommé prédicateur de la croisade contre les Turcs, et alla dans ce dessein en divers pays et jusqu’en Finlande. Le manuscrit de Nuremberg, qui contient plusieurs livres de sa traduction de la Bible et une préface où nous sont fournis ces renseignements biographiques, a permis au Dr Jostes d’établir que Jean Rellach a effectivement traduit toute la Bible, que son œuvre est, à part le Psautier, la première traduction allemande de l’Écriture avant celle de Luther, que c’est elle qui a eu les honneurs de l’impression après la découverte de l’imprimerie. F. Jostes, Die «Waldenserbibeln» und Meister Johannes Rellach, dans l’Historisches Jarbuch, t. xv ( 1894), p. 881; t. xviii (1897), p. 133.

6° Enfin nous devons signaler une traduction arméniennede la Bible latine faite en Orient, vers 1330, parles soins et sous la direction de Barthélémy Petit (Parvus).Ce religieux, originaire de Bologne et missionnaireen Arménie, évêque de Maraga (vers 1330) et de Nachivan(1333), fut assez heureux pour ramener à l’unitéromaine un bon nombre de moines arméniens schismatiques.Ils constituèrent, sous la règle de saint Augustinet les constitutions des Frères Prêcheurs, la congrégationdes Frères-Unis, transformée plus tard en une provincede l’ordre. Barthélémy traduisit en arménien, avec leconcours de quelques-uns des missionnaires dominicainset des nouveaux Frères-Unis, tous les livres de liturgieet les constitutions de l’ordre. Il entreprit un travail semblable pour la Bible latine. Galani, qui, au xviie siècle, voyagea en Orient et habita l’Arménie, trouva encore ces livres aux mains de ces religieux. De conciliatione Ecclesiæ Armenæ cum Romana, Rome, 1650, t. i, cap. xxx; Échard, t. i, p. 581. Au commencement du siècle passé, Échard signale dans son couvent de Saint-Honoré un exemplaire du Psautier arménien appartenant à cette traduction, donné à cette maison par Mathias Maracca, prieur du couvent de Charna, qui y avait reçu l’hospitalité lors de son séjour à Paris, en 1646.

VI. SCIENCES AUXILIAIRES DE LA BIBLE: LES LANGUES ORIENTALES. — 1° L’ordre se livra de bonne heure, auxiiie siècle, à l’étude des langues orientales et organisa tout un système d’enseignement, spécialement en vue de l’arabe et de l’hébreu. Dans cette entreprise, il poursuivait spécialement un but apostolique, l’évangélisation des înfidèles. Mais il est sorti aussi de ces écoles une littérature importante, et les études scripturaires en ont bénéficié.— En 1236, la province de Terre Sainte avait déjàorganisé dans chacun de ses couvents un studium linguarum pour les langues orientales, spécialement pourl’arabe. Les religieux prêchent dans cette langue, et il en est qui savent l’arménien et le chaldéen. Échard, t. i, p. 104. La province de Grèce a fourni les principaux hellénistes de l’ordre. C’est de ce milieu qu’est sorti Guillaume de Morbecke, le traducteur d’Aristote et de Procrus. Mais c’est en Espagne surtout qu’ont été organisés les studio linguarum mis au service de tout l’ordre. Le voisinage des Sarrasins et des Juifs y a fait spécialement cultiver l’arabe et l’hébreu. Saint Raymond de Pennafort s’est spécialement employé à organiser ces écoles.Il en établit, vers le milieu du siècle, à Tunis et à Murcie. Denifle, Die Universitäten des Mittelalters, Berlin, 1883, 1. 1, p. 495. En 1281, il y a un studium hebraicum à Barcelone, et un studium arabicum à Valence, et le chapitre de la province d’Espagne assigne neuf religieux à chacun. Douais, Acta cap. prov., Toulouse, 1894, p. 625626. En 1291, on établit cette double étude de l’hébreu et de l’arabe à Jativa. Denifle, Universitäten, p. 497. Les religieux des diverses provinces de l’ordre pouvaient y être admis sur l’autorisation du général. Martène, Thes. anecd., t. iv, col. 1725. En 1310, l’ordre élargit cette organisation primitive en établissant des études de langues dans quelques provinces centrales de l’ordre. Le chapitre général de cette année émet ce vœu: Rogamus magistrum ordinis quod ipse de tribus studiis, scilicet hebraico, greco et arabico provideat in aliquibus provinciis, et cum fuerint ordinata, ad quodlibet illorumqualibet provincia unum studentem aptum et intelligentemmittere curet. Martène, Thés, anecd., col. 1927.C’est ce développement des études orientales au commencement du xive siècle qui nous explique pourquoi le général de l’ordre, Aimeric de Plaisance, fait don, en 1308, d’un manuscrit hébreu au couvent de Bologne. Échard, t. i, p. 495. Deux ans plus tard, en 1310, le célèbre Jean de Paris donne aussi à la même maison une Bible hébraïque d’une grande valeur et d’une haute antiquité. Échard, t. i, p. 519. Il n’est pas douteux que le couvent de Bologne, qui possédait un studium generale, ait été une des écoles de langues dont parle le chapitre de 1310. C’est à ce même mouvement linguistique que se rattache le fait de voir un dominicain florentin du xive siècle écrire de sa main tout un psautier grec. Échard, t. i, p. 722.

Parmi les travaux se rattachant aux Ecritures produitspar l’activité de l’ordre au xiiie et au XIVe siècle, nous rappellerons le correctoire hébreu mentionné plus haut, de Théobald de Sexania, ainsi que ses extraits du Talmud; les écrits de Raymond Martini, formé dans les studia d’Espagne et où il fut professeur, spécialement son célèbre Pugio fidei, dans lequel paraît une connaissance approfondie du Talmud, et dont une bonne partie peut être considérée comme appartenant à la science de l’Introduction aux Écritures (Échard, 1. 1, p. 396; A. Neubauer, dans The Expositor, 1888, p. 81-105, 179-197; Rev. de l’hist. des relig., t. xviii, 1888, p. 136); les travaux de traduction de l’arabe, mais d’écrits juifs, relatifs à la loi mosaïque et au Messie, d’Alphonse Bonhomme, espagnol, dans la première moitié du XIVe siècle, et donton trouve un si grand nombre de manuscrits. Échard, t. i, p. 594; Catalogues des mss. latins de la Nat. de Paris et de la Hofbibl. de Vienne. Les écrits de Richard et d’Henri d’Allemagne, à la fin du xiiie siècle, De interpretationibus hebraicorum vocabulorum Bibliæ (Archiv., t. ii, p. 234), sont l’œuvre de religieux qui ont vraisemblablementpassé par les studia hebraica de l’ordre.Ricoldo de Monte Croce, auteur des plus célèbres travauxdu moyen âge sur le Coran et la littérature musulmane, portait aussi dans ses missions en Orient de véritablespréoccupations exégétiques, puisqu’il nous apprendqu’il a comparé le texte latin de l’Écriture avec l’hébreu, le grec, l’arabe et le chaldéen. Revue biblique, 1893, p. 201.

Dans le même ordre de choses, signalons, au xve siècle, le riche butin de manuscrits grecs rapporté par Jean de Raguse de sa mission à Constantinople (1435-1437), et Î473 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1474

laissé par lui en héritage au couvent des Dominicains deBàle. Trois manuscrits du Nouveau Testament ont unegrande importance. L’un, du Vin* siècle, est connu sousle nom de Codex E ou Basileensis (voir t. i, col. 1494); te second, du xii" siècle, a été utilisé par Érasme dansson édition du Nouveau Testament (Bâle, 1516); le troisième, de même âge que le précédent, le Codex Reuchlinianus, ainsi nommé parce que le prieur des Dominicainsen avait concédé l’usage jusqu’à sa mort au célèbrehébraïsant Reuchlin. Geiger, Iohan Reuchlin, p. 156-157; Id., Johann Reuchlins Briefwechsel, p. 15-21. Ces troismanuscrits appartiennent aujourd’hui à la bibliothèquede Bâle. Basler Jarhbuch, 1895, p. 80-81.

Dans la seconde moitié du xve siècle, Pierre Schwarz(Niger), de Wurtzbourg, a travaillé à la propagation deslangues sacrées, spécialement de l’hébreu, qu’il avait apprisen Espagne, de maîtres juifs. Le 3 août 1481, le généralde l’ordre lui concède différents privilèges avec le droitd’enseigner l’hébreu. Analecta Ord. Prsed., t. ii, p. 367.Il avait déjà publié, en 1477, son ouvrage contre les Juifs: De conditionibus veri Messiæ, à Nuremberg, et en allemand, la même année, à Esslingen. C’est parmi les appendicesà cet ouvrage que se trouve le premier rudimentde grammaire hébraïque imprimé. Ils sont au nombrede trois: Principia libroriim Veteris Testamenti secundumHebreos; — Ruditnentum lingue hebraicse et figuréeliterarum Hebraicarum; — Decem prsecepta legis latineet hebraice. Échard, t. i, p. 861. C’est dans cet ouvrage[Chochaf Hamochiach) qu’il se lamente sur l’oubli oùse trouve l’étude du texte sacré: «De nos jours beaucoupapprennent à versifier, mais peu approfondissent l’Évangile.Beaucoup étudient la jurisprudence, mais peu laSainte Écriture.» Jansen, Geschichte des deutschenVolkes, t. ii, p. 73, édit. de 1897.

2° Nous croyons devoir placer dans les sciences auxiliairesde la Bible quelques travaux relatifs à la géographiesacrée. — Burchard de Mont-Sion a composé, vers 1283, une description minutieuse de la Terre Sainte, avec des procédés de précision que l’on peut, pour sontemps, qualifier de véritablement scientifiques. C’estl’œuvre classique du moyen âge sur ce sujet. Son dernieréditeur, J. Laurent, Peregrinatores medii sévi quatuor, 2e édit., in-4°, Leipzig, 1873, p. 1-100, indique vingtéditions de l’œuvre de Burchard, et il en a donné deuxlui-même. L’ouvrage a été traduit en allemand (sept éditions), en hollandais (une édition), en français (uneédition). — La description que Ricoldo de Monte Crocea faite dans son Itinerarius (Laurent, Peregrinatores, p. 105-113) a de l’intérêt, mais est loin de l’importancede celle de Burchard. — Francesco Pipino, de Bologne, nous a laissé un mémoire sur les Lieux Saints, qu’il avisités pendant son pèlerinage, en 1320, et récemmentréédité par L. Manzoni. Di fratre Francesco Pipini, Bologne, 1896, p. 74-90; de Mas-Latrie, Trésor de chronol, Paris, 1889, col. 1325; Échard, t. i, p. 539. — L’Evagatoriumde Félix Fabri (Schmidt), de Zurich, du couventd’Ulm, est un des monuments les plus importantssur la Palestine, par son étendue, la multitude des détailset l’originalité des descriptions. Dans ses pérégrinations, commencées en 1480, Fabri nous fait une peinturecomplète de la Terre Sainte, de l’Arabie et del’Egypte. L’ouvrage a été publié en 3 in-8°, par le LiterarischesVerein de Stuttgart, 1843-1819.

II. Renaissance et temps modernes. — I. place de

LA BIBLE DANS L’ORDRE DES FRÈRES PRÊCHEURS. — Le

XVIe siècle est, avec le xin°, un siècle classique pour lavie doctrinale de l’ordre dominicain, dans le domainede la Bible comme dans celui de la théologie. Là commeau XIIIe siècle, les grands travaux des Frères Prêcheursouvrent la voie aux études bibliques dans les différentesdirections modernes qu’elles se sont frayées. La culturehumaniste du xve siècle, avec son goût pour les languesanciennes et ses travaux de critique pour la reconstitu

tion des textes, a avant tout conduit les Dominicains àtransporter les mêmes préoccupations dans l’étude dutexte sacré. La Réforme, à son tour, en limitant le principede l’autorité religieuse à la Bible, ne pouvait quefixer et accélérer ce mouvement; elle obligeait les catholiquesà se placer sur le terrain de la discussion scripturairecomme base de leur foi et de leur dogmatique.Mais il serait erroné de croire que la Réforme a déterminéen général le premier mouvement catholique vers lesétudes sacrées et spécialement l’activité des Dominicains.Ce que nous avons dit plus haut le démontre déjà, et ceque nous avons à dire l’établit encore, puisque de grandesentreprises comme celles de Giustiniani et de Pagninisont notablement antérieures à la révolution religieusedu xvi! siècle. Les faits établis dans le cours de cet articlemontrent ainsi le peu de portée de l’accusation dresséecontre les Dominicains d’avoir négligé l’Écriture auprofit de la théologie, dont ils avaient été les grands promoteursà travers le moyen âge. C’est, en effet, aux dernièresannées du XVe siècle que la tentative la plus énergiqueentreprise non seulement dans l’ordre, mais mêmedans l’Eglise, dans le dessein de ramener le peuple etles esprits cultivés vers la lecture et l’étude de la Bible, a été entreprise par Jérôme Savonarole. Dans sa luttecontre le paganisme littéraire qui avait envahi le siècleet l’Église, c’est la Bible qu’il propose incessammentcomme le grand moyen de retour à l’esprit chrétien. Sescélèbres prédications ne sont que des commentaires suivissur les divers livres de l’Écriture et adaptés à l’enseignementpopulaire. Les plaidoyers en faveur de l’Écritureréviennent en chacun de ses discours et de ses écrits.P. Luotto, Dello studio délia Scritlura Sacra secondoG. Savonarola, Turin, 1896, p. 6. Joignant l’exemple àla parole, Savonarole faisait de l’Écriture sa lecture la plusassidue. Villari, I. Savonarole, trad. Gruyer, in-8°, Paris, 1874, 1. 1, p. 156. Poussant ses idées dans l’ordre pratique, leréformateur organisa l’étude savante et assidue de la Bibledans son monastère de San Marco, où il finit par rassemblerprès de trois cents jeunes religieux appartenantpour la plupart aux premières familles de Florence. Unjuif converti, Blemet, qui avait enseigné l’hébreu à Picde la Mirandole et avait pris l’habit dominicain, dut êtreun des maîtres du couvent de Saint-Marc. Marchese, SanMarco, Florence, 1853, p. 112. Nous voyons Savonarolelui-même écrire, en 1497, à son frère Albert, médecin àFerrare, pour lui demander un nouvel envoi de six petitesbibles hébraïques. Archivio storico ital., t. vm (1850), app. 129. Dans son sermon sur Amos (mercredi aprèsPâques 1495), il nous apprend que dans son ordre onétudie à la perfection le latin, le grec et l’hébreu, voiremême l’arabe et le chaldéen. Marchese, San Marco, p. 112.Ce culte de la Bible alla même si loin parmi les religieuxde Savonarole, qu’il se traduisit par une pratique quipeut paraître excessive, celle de porter à peu près constammentavec soi, sous son bras, la Sainte Écriture.Burlamacchi, Vita, Lucques, 1764, p. 196. De cette directiondonnée par Savonarole et des écoles qu’il avait organiséessortirent des hommes remarquables, dont plusieursont pris une part importante aux travaux scripturairesdu temps: Santé Pagnino, le premier traducteur modernede la Bible d’après l’hébreu et le grec; ZénobioAcciajoli, helléniste et bibliothécaire de la Vaticane; SantéMarmochini et Zacharie de Florence, deux vulgarisateursde la Bible en italien.

II. ÉDITIONS ET CORRECTIONS DES TEXTES OFFICIELS. —

La préoccupation que les Dominicains avaient fait paraîtreau XIIIe siècle d’atteindre le sens primitif de l’Écriturepar la correction du texte de la Vulgate latine ne pouvaitque s’accroître en un temps où les questions philologiqueset littéraires primaient toutes les autres. C’estpourquoi ils se sont occupés de l’édition des textes originauxet du texte latin de la Bible. — 1° À la premièrecatégorie appartient l’œuvre entreprise par le Génois AuII. — 47 1475 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1470

gustin Giustiniani, évêque de Nebbio en Corse, et attirépar François I er à l’Université de Paris, où le premier ilenseigna pendant cinq ans la langue hébraïque. Giustinianiavait préparé la publication d’une grande polyglotte.Mais il lui fut impossible de réaliser intégralement leprojet, un particulier ne pouvant couvrir les énormesdépenses nécessaires pour un semblable travail. Le Psautierseul a été publié: Psalterium hebrseum, grœcum, arabicum et chaldaicutn, cum tribus latinis in interpretationibuset glossis, in-f°, Gênes, 1516. Ce sont desoctaples dont les huit colonnes sont distribuées sur unedouble page dans l’ordre suivant: 1° texte hébreu, 2° traductionlatine de l’hébreu par l’auteur, 3° Vulgate latine, 4° grec, 5° arabe, 6° Targum ou paraphrase chaldaïque, 7° traduction latine de la précédente, 8° scholies et brèvesannotations. L’ouvrage fut tiré à deux mille exemplaires, plus cinquante sur vélin. Une grande partie de l’ouvragetotal était achevée, spécialement le Nouveau Testament.C. Gessner a donné un spécimen de «e dernier, copié àRome, en 1517, dans sa Bibliotheca universalis, Zurich, 1549. La polyglotte de Giustiniani est la première en date.Non seulement son Psautier contient les versions chaldaïqueet arabe, qui ne sont pas dans la polyglotte d’Alcala; mais bien que l’impression de celle-ci ait été commencéeen 1514, les exemplaires n’en ont pas été mis endistribution avant 1522, comme le remarque Tischendorf, Novum Testamentum grxce, Leipzig, 1891, t. iii, p. 205.Échard, t. ii, p. 96; A. Giustiniani, Annali délia republicadi Genova, Gênes, 1834-1835, 2e édit, t. ii, p. 456-466.2° L’édition et la revision du texte de la Vulgate ont étél’objet de divers travaux. Jacques de Gouda, poète ethumaniste à Cologne, a publié un Correctorium Bibliæ jcum difficilium quarumdam dictionum luculenta in- }terpretatione, Cologne, 1508. Hain [Repert., 7498) donne, la date de 1500. Échard, t. ii, p. 44; Geiger, Joli. Reuchlin, p. 359. — Le Vénitien Albert Castellani a donné une éditioncorrigée de la Vulgate avec un appareil scientifique: Biblia latina cum pleno apparatu versissime et nitidissimeimpressa, Venise, 1506, 1519; Lyon, 1506. L’éditiondu texte est qualifiée de studiosissime revisa, correcta, emendata, et ad~ instar correctissimorum exemplariumtam antiquorum quam novorum incontracta, comparata et collata. Échard, t. ii, p. 48. — L’éditioncorrigée de la Vulgate latine de Jean Henten, hiéronymiteen Espagne, puis dominicain à Louvain, a été unedes plus célèbres du xvi" siècle; c’est celle du moins quia exercé le plus d’influence sur les corrections d’alors.A la suite de la suppression des Bibles réputées hétérodoxespar décret impérial, les théologiens de Louvainchargèrent Henten, qui appartenait à l’université, de préparercette édition. L’éditeur consulta les meilleurs exemplaireset une vingtaine de manuscrits, dont les plusanciens avaient six cents et plus d’années. Elle fut publiéeà Louvain, en 1547; puis à Anvers, 1567, 1569, 1570; Francfort, 1571. Elle est connue sous le nom de Bible deLouvain. Échard, t. ii, p. 196. Ungarelli déclare que «l’éditionde Louvain, en général, vaut mieux et mérite plus defoi que la Bible ordinaire», c’est-à-dire celle qu’accompagnela glose dite ordinaire de Strabon. Dans les Analect.jur. pont., 1852, p. 1334. Le travail de Henten fut reprisplus tard par les théologiens de Louvain, qui en développèrentl’appareil scientifique. Cette Bible fut publiée parPlantin, Anvers, 1573. Reusch, Die Selbstbiographie desCardinale Bellarmin, in-8°, Bonn, 1887, p. 112.

Au concile de Trente, les Pères et théologiens del’ordre de Saint -Dominique prirent une part importanteaux travaux et aux décrets sur l’Écriture (février-avril1546), comme le déclarent les légats au cardinal Farnèse.Vercellone, Dissert, acad., p. 82. Ce fut Févêquede Fano, Pierre Bertano, qui soutint la nécessité d’avoirdans l’Église un texte officiel, qui put servir de base doctrinaleet faire foi. Le Plat, Monuments, Louvain, 1781, t. iii, p. 398. Ambroise Catharin mit en évidence les difficultés relatives à l’état dans lequel se trouvait alors laVulgate. Theiner, Acta genuina SS. Concilii Tridentini, Zagrab, 1875, t. i, p. 49. Dominique Soto soutint que laVulgate latine était l’œuvre de saint Jérôme ( Pallavicini, Histoire du Concile de Trente, Paris, 1864, liv. vi, ch, xvii, 5), contrairement aux doutes émis déjà parSanté Pagnino et Cajetan.

Les Dominicains prirent aussi part aux travaux qui, pendant près de quarante-cinq années (1546-1592), furentconduits à Rome, avec des vicissitudes diverses, pouraboutir à l’édition de la Vulgate de Sixte -Quint. Lorsquesaint Pie V, un pape dominicain, réorganisa la.commission, en 1569, et donna une nouvelle vigueur à l’entreprise, trois des membres de la commission appartenaientà l’ordre: Sébastien Locatelli, procureur général; ThomasManriquez, maître du sacré palais, et maître Paolino.Sous Grégoire XIII, Pierre Chacon, dépuis cardinal, fournit une collaboration importante, ainsi que le constatePierre Morin, un des membres les plus actifs de lacommission. Ungarelli, Analecta, p. 1325. Sixte-Quint, quipublia l’édition romaine, ne tint compte que très partiellementdes travaux préparatoires, et ramena de sou proprechef son édition à celle de Louvain. Ungarelli, p. 1334.Ce point de vue fut encore maintenu quand Grégoire XIVreprit le travail de correction en sous-œuvre. Le premierdes canons qui réglaient la méthode de revision portait: Revoeanda esse Biblia Sixtina ad ordinarix textum, etLovaniensem prxcipue (Ungarelli, Anal., p. 1335), desorte que l’œuvre de Jean Henten, qui formait le fond dela Bible de Louvain, se trouva fournir l’élément essentieldans les éditions officielles romaines de la Vulgate.

/II. TRADUCTIONS LITTÉRALES LATINES DE LA BIBLE

D’après les textes obiginaux. — Le développement dela philologie et de la critique textuelle, plus la positionprise par la Réforme à l’égard de l’Écriture, motivèrentles grands travaux de traductions scientifiques entreprispar les Dominicains dès le commencement du xvi» siècle.La première et la plus célèbre des traductions littéralesest celle de Saute Pagnino, de Lucques, sorti des écolesde Saint -Marc de Florence, érigées par Savonarole. Ilavait travaillé vingtcinq ans à cette œuvre. Léon Xs’était engagé à faire les frais de la publication. Un commencementde publication avait même eu lieu, quand lepape mourut (1521). Pagnino publia son œuvre avec leconcours pécuniaire de généreux particuliers, ses parentset compatriotes, à Lyon, en 1527 (ancien style): Veteriset Novi Testamenti nova translatio. Elle est dédiée àClément VII. Rééditée à Cologne, 1541, et à Paris, 1557, cette traduction fut revue par Arias Montanus, qui maintinten marge les leçons primitives de Pagnino et la publiadans sa célèbre polyglotte, Anvers, 1572. Elle a ainsi parudans les nombreuses éditions de cette œuvre. Voir t. i, col. 954-955.

L’utilité de l’œuvre de Pagnino fut si manifeste, queles protestants l’adoptèrent et en donnèrent diverses éditions.Michel Servet la publia à Lyon, en 1542, avec unepréface et un appareil de sa façon. Les Genevois l’éditèrenten 1568 et 1586; les protestants de Zurich en 1579(Échard, t. ii, p: 117); B. Bertram l’introduisit dans lapetite polyglotte de Heidelberg, 1586. H.Vuilleumier, Leshébraïsants vaudois au xvi’siècle, Lausanne, 1892, p. 78.Il y a une édition de Francfort-sur-le-Main, 1600. R. Simon, Hist. crit. du V. T., p. 504, mentionne une éditionde Hambourg. La faculté de théologie de Leipzig joignaitaussi la traduction Pagnino -Montanus à sa Bible hébréogrecquede 1657, et l’on publiait encore à Bàle, en 1675, le Psautier hébraïque avec la version de Santé Pagnino.

Au moment où Pagnino achevait son œuvre, le cardinalCajetan se livrait à une entreprise similaire. Dépourvud’une connaissance personnelle des langues anciennes, il dirigea le travail de plusieurs spécialistes pour constituerune traduction littérale de toute l’Écriture. La tentativede Cajetan est fort remarquable, parce qu’à raison 1477 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1478

même des difficultés qu’il avait à la réaliser, elle témoignecombien l’ancien général des Dominicains, mêlé auxgrandes affaires publiques de son temps, se rendait comptedu rôle qu’allait jouer l’Écriture et des exigences qu’allaitimposer la nouvelle critique. Voir col. 47*50. — AugustinGiustiniani, qui a inséré dans son Psautier polyglotteune traduction latine de l’hébreu et de la paraphrasechaldaïque, avait aussi traduit la plus grande partie del’Écriture, sinon la totalité, dans son œuvre restée manuscrite.Il a publié une traduction littérale de Job, jointe à la Vulgate: Liber Job nuper hebraice veritati restitutuscum duplici versione latina, Paris, 1516. Échard, t. ii, p. 98. — Au xvii c siècle, Thomas Malvenda entrepritune nouvelle traduction littérale de l’Écriture, qu’ilcommença en 1621. Il la conduisit jusqu’au chapitre xvid’Ézéchiel. Elle a été imprimée à Lyon, 1650, 5 inP. Lapréoccupation de maintenir rigoureusem*nt la littéralitédu texte original a donné un caractère obscur et bizarreà la version. Échard, t. ii, p. 456.

IV. SCIENCES AUXILIAIRES ET TRAVAUX POUR L’ÉTUDE

des textes originaux ou officiels. — Le Thésauruslinguse sanctas, Lyon, 1529; Paris, 1548, de Santé Pagnino, est un ouvrage monumental et a joui d’un grandsuccès. Les professeurs protestants de Genève, Mercier, Chevalier et Bertram, en ont donné une édition, Genève, 1575 et 1614; la dernière mise à l’index romain. Le Thésauruss’est aussi vulgarisé sous forme A’Epitome, et aun cerlain nombre d’éditions. Échard, t. ii, p. 117. Gesenius, un bon juge en matière de lexiques hébreux, enluisait le plus grand éloge, quand il disait à Quatremère: «Je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui en Europe unseul homme en état de refaire un tel livre.» Journal dessavants, 1844, p. 20. Pagnino a aussi publié HebraicarumInstitutionum libri quatuor, Lyon, 1526; Paris, 1519; il existe plusieurs éditions de l’abrégé de ces Institutions(Échard, t. ii, p. 117); Enchiridion expositionisvocabulorum Haruch, etc., Rome, 1523; lsagogx grœcse, Avignon, 1525. — François Donati, religieux du couventde la Minerve, à Rome, missionnaire en Orient, où ilmourut martyr (1635), donna, n’étant pas encore âgé devingt ans, deux dissertations: De accentibus linguæ hebraicx, De illius abbreviaturis, sous le titre de Pomaaurea, Rome, 1618. — Pierre de Palencia, inquisiteur etprofesseur à l’université d’Alcala, rassembla sept millepassages destinés à montrer l’accord de la Vulgate et dutexte hébreu sur les points controversés. L. de Tena, Isagoga in totam S. Scripturam, Barcelone, 1620, 1026.On possède manuscrit du même auteur, Tratado delexpurgatorio sobre la leccion de la glosa de los Rabinos.Madrid, Bibl. Nation., A, 147. — Michel Vansleb (Wansleben), Saxon et luthérien, disciple de J. Ludolf, se renditen Angleterre pour se perfectionner dans l’étude deslangues orientales. Il publia à Londres le dictionnaireéthiopien de Ludolf, avec des annotations personnelles, et fut le collaborateur d’Edmond Castel pour la partieéthiopienne de son Lexicon heptaglotton (1661). Il remplitune mission pour le duc de Saxe en Egypte et enEthiopie (1663-1665), abjura à son retour le luthéranismeà Rome, et prit l’habit dominicain à la Minerve (1666).En 1670, il vient en France et entre au service de Colbert, qui lui donne une. mission scientifique pour l’Orient(1671-1676), de laquelle il rapporta un riche butin.Tombé en disgrâce à son retour, il mourut à Bourron, près de Fontainebleau, le 12 juin 1679. Pendant lesannées 1671-1673, Vansleb envoya pour la bibliothèqueroyale 457 manuscrits orientaux. A. Pougeois, Vansleb, in-8°, Paris, 1869, p. 408; Échard, t. ii, p. 693. — NoëlAlexandre a écrit contre le P. Frassen: De Vulgata Scripturseversione, dans ses Dissertationum ecclesiasticarwmtrès, Paris, 1678; Disserlatio ecclesiastica, apologeticaet anticrilica, seu dissertationis Alexandrime deVulgata Scripturse Sacrée versione vindicise, Paris, 1682.Alexandre établit que le concile de Trente, par sa déclaration d’authenticité de la Vulgate, n’a pas entendu laplacer au-dessUs des textes grec et hébreu. — MichelLequien a écrit une Défense du texte hébreu et de laversion Vulgate, servant de réponse au livre intitulé: L’antiquité des temps, Paris, 1690. L’auteur Ae L’antiquitédes temps était dom Paul Pezron. Lequien établit1° l’autorité du texte hébreu, 2° l’intégrité du même texteet de celui de la Vulgate en ce qui concerne la chronologie.Lequien écrivit un nouveau livre sur le même sujetpour répondre à la justification que son adversaire avaittenté de faire de son livre. Paris, 1693. Échard, t. ii, p. 808. — Henri délia Porta (a Porta), professeur d’ÉcritureSainte et de langues orientales à l’université de Paviedepuis 1751, a laissé un éloge vigoureux et savant deslangues orientales: De linguarum orientalium ad omnedoctrinx genus prsestantia, Milan, 1758. — De BenoitOlivieri, plus tard général de l’ordre, on a: De sacrohebraico textu, Parme, 1793; De linguarum eruditarumcullu graviorum disciplinarum studiis jungendo, Rome, 1806. Olivieri, Di Copernico et di Galileo, Bologne, 1872, p. xxii, xxix.

v. commentaires sur l’écriture. — Les commentairespubliés par l’ordre à partir du XVIe siècle suivent desdirections différentes. Les uns sont conçus au point devue de l’érudition textuelle et sont spécialement en dépendancedu mouvement philologique développé parl’humanisme; les autres ont spécialement des préoccupationsthéologiques et visent les nouvelles erreurs dela Réforme. De là la prédominance des commentairessur les Épîtres de saint Paul, spécialement sur celle auxRomains, dont la théologie protestante avait fait la basede sa dogmatique. D’autres enfin, les moins nombreuxet les moins importants, cherchent à rendre service auxprédicateurs ou aux fidèles. Nous nous bornons à donnerun catalogue chronologique de ces travaux. — * Anniusde Viterbe, Glossa super Apocalypsim de statu Ecclesise, Leipzig, 1490. — Clément Araneus, Expositio cumresolutionibusoccurrentium dubiorum, etiam lutheranorumerrores validissime confutantium, super EpistolamPauli ad Rornanos, Venise, 1547. — Dominique Soto, In Epistolam D. Pauli ad Rornanos comrnentarii, Anvers, 1550; Salamanque, 1551; Annotationes in J. Fericommentarios super Evang. Joannis, Salamanque, 1554.

— Ambroise Catharin, Comment, in omnes D. PauliEpist. et alias septem canonicas, Venise, 1551. Échard, t. a, p. 144. — Dominique Baltaflas, divers écrits enespagnol ayant surtout un but d’édification, Séville, 15551557. Échard, t. ii, p. 170. — Placide de Parme, Inomnes Davidis Psalmos commentaria, Venise, 1559; Bâle, 1569. — Jérôme da Azambuja (ab Oleastro), ambassadeurde Jean III de Portugal au concile de Trente, Commentariain Pentateuchum Mosi, Anvers, 1569; Lyon, 1586; les parties avaient paru séparément à Lisbonne, de 1556à 1558; In Isaiam prophetam comrnentarii, Paris, 1622, 1656. L’auteur a écrit ses commentaires d’après laversion de Santé Pagnino. Il a une science rabbiniqueconsommée. La manière dont il parle de la Vulgate dansla préface de ses commentaires du Pentateuque le fitinscrire dans l’index de Quiroga, 1583. Échard, t. ii, p. 183; Reusch, Der Index, t. i, p. 575; R. Simon, Lettres, t. i, p. 193. — Jean Viguier, professeur à l’université de Toulouse, Commentaria in D. Pauli ad Rornanos Epistolam, Paris, 1553, 1558, etc. Échard, t. ii, p. 137. — FrançoisForeiro, théologien du roi de Portugal à Trente, Isaise prophètes vêtus et nova ex hebraico versio, cumcommentaria, Venise, 1563, Anvers, 1565; Commentariain omnes libros Prophetarum, ac Job, Davidis et Salomonis, demeurés manuscrits. Inscrit à l’index de Lisbonnede 1624, comme n’étant pas assez respectueux de la Vulgate.Reusch, Der Index, 1. 1, p. 574. — Grégoire Primatici, Expositio litteralis omnium Epistolarum D. Paulipro incipientibus et minus peritis, Venise, 1564; Incatholicas vel canonicas Epistolas, Senis, 1573. Échard, 1479 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES 1480

t. ii, p. 823. — > Jacques Nacchiante, évéque de Chioggia, membre du concile de Trente, Enarrationes in EpistolasD. Pauli ad Ephesios, Venise, 1554; Enarrationesin Epistolas ad Romanos, Venise, 1567; les deux, Lyon, 1656. Échard, t. ii, p. 202. — Séraphin Capponi da Porretta, Verilates aurese super totam legem veterem tumlittérales tum mysticae (Pentateuque), Venise, 1590; Sacrorum Evangeliorum comrnentaria ( Matthieu), Venise, 1602; Comment, in Evang. sec. Joannem, Venise, 1601; Comment, in Psalterium Davidicum, Bologne, 1736-1745. Échard, t. ii, p. 392. — Alphonse Avendano, Comrnentaria in Psalmum cxrni, Salamanque, 1584 jVenise, 1587; Comment, in Evangelium D. Matthxi, Madrid, 1592-1593. — Raymond Pascual, Comment, inEpist. B. Pauli ad Romanos, Barcelone, 1597. — Louisde Sotomayor, théologien à Trente, Cantiei canticorumSalomonis interpretalio, Lisbonne, 1599; Paris, 1605; Ad Canticum canticorum notas posteriores et breviores, Paris, 1611; Commentarius in priorem et posterioremPauli apost. Epistolam ad Timoth. et ad Titum, Paris, 1610. — Antoine-Nicolas du Bois, Catholica B. Judée Epistolaad sensum litterx ordinatie explicata, Paris, 1644.

— Ange Pacciuchelli, Lezioni morali supra Giona projeta, Venise, 1658, 1664, 3e édit.; les mêmes en latin, Munich, 1672-1681, 3 vol.: Expositio in Epist. B. Paul, ad Romanos, Pérouse, 1656; Excilationes dormitantisanimx in Psalmum lxxxvi Misericordias Domini, canticumMagnificat, etc., Venise, 1659, 1680; Trattatodélia passione del Nostro Signor Gesù Cristo, Pérouse, 1662. — Innocent Pencini, Comrnentaria in Gènesim, etc. (Pentateuque), Venise, 1670; Comment, inMatthseum, etc. (quatre Évangiles), Venise, 1678, 1685.

— Antoine Salcedo, seize volumes de commentaires probablementdemeurés manuscrits. Échard, t. ii, p. 632.

— Emmanuel ab Incarnatione, Matthseus explanatus, s. commentarii litter. et morales in Evangel. sec. Mattheeum, 4 in-f", Lisbonne, 1695-1714. — Noël Alexandre, Expositio litteralis et moralis sancti Evangelii secund.quatuor evangelistas, Paris, 1704; Commentarius litteraliset moralis in omnes Epistolas sancti Pauli Apost.et in septem Epist. catholicas, Rouen, 1710. Échard, t. ii, p. 810. — Augustin Chignoli, Exercitationes inDanielem prophetam, in-4°, Venise, 1761.

On peut rapprocher des commentaires les chaînes etles traductions d’ouvrages scripturaires. — Zenobio Acciajuoli, Olympiodorus in Ecclesiasten (trad. du grec), Paris, 1511; Auct. Bibl. gresc. Patr., Paris, 1624.Patr. gr., t. xcm. Échard, t. ii, p. 44. — Augustin Giustiniani, Philonis Judsei centum et dues queestiones ettotidem responsiones morales super Genesim, Paris, 1520; Rabi Mossei JSgyptii dux seu director dubitantium autperplexorum in très libros divisus, Paris, 1520. — SantésPagnini, Catena argentea in Pentateuchum, Lyon, 1536; Catena argentea in totum Psalterium (inédit). Échard, t. ii, p. 118. — Jean Henten, Comrnentaria in sacrosanctaquatuor Christi Evangelia ex Chrysostomi aliorumqueveterum scriptis magna ex parle collecta auctorequidem Euthymio Zigabeno, confutatio judaicxcujusdam impostures, sive libelli «De ficto legali JesuChristi sacerdotio ex Suida desumpto», Louvain, 1544; Paris, 1547, 1560, 1602; Bibl. max. Patr., t. xix, Leipzig, -1792; Patr. gr., t. cxxviii; Enarrationes velustiss. theo.logorum ira Acta Apostolorum et in omnes D. Pauli, ac catholicas Epistolas ab Œcumenio; in Apocalypsimwero ab Aretha Ceesaras Cappadocias episc; Selectafragmenta ex Epiphanio Cyprensi, Theodoreto Cyrensiepisc. aliisque primée classis theologis; Remigii Altisisiodor.in undecim posterioris prophetas enarratio, Anvers, 1545; Paris, 1545, etc. Patr. lat., t. cxviii; Patr.gr., t. cxviii. — Sébastien Bravo, Collectanea aurea scripturssVeleris et Novi Testamenti ex diversis locis prssclariesimis expositionibus D. Thomas Aquinatis, Pars i^Peatateoque), Alcala, 1595. — Auguste Cermelli, Catena

ira Job et SS. Patrutn scriptorumque ecclesiasticortimsententiis concinnata, Gênes, 1636. — François Maciel, Expositiones sélects. SS. Patrum, doclorumque classicorumin totum historialem utriusque sacras paginaitextum, tom. primus, Opéra sex dierum. I Pars, opéraunius diei continens tria millia selectarum expositionum, Naples, 1631.

VI. INTRODUCTIONS À L’ÉCRITURE SAINTE. — Les travauxconnus sous le nom d’Introductions sont devenustrès nombreux depuis le XVIe siècle. Ils traitent soit del’ensemble des questions relatives à l’Écriture, soit dequelques points particuliers. — Aug. Giustiniani, Precatiopietatis plena ad Deutn omnipotentem composita exduobus et septuaginta nominibus divinis ebraicis etlatinis cutn interprète commentariolo, Venise, 1513; Victoria Porcheti adversus impios Hebreos, in qua tumex sacris litteris, tum ex diclis Thalmud ac cabalistarum, et aliorum omnium auctorum quos Hebrei recipiuntmonstratur veritas catholicx fidei, Paris, 1520. —Jean Dietenberger, Tractatus de canonicis scripturis, Confluentia, 1527. Wedewer, Joh. Dietenberger, in 8°, Fribourg-en-Brigau, 1888, p. 353, 397, 467. — Santé Pagnino, Isagoges seu introduction) s ad sacras lilteras liber unus, Lyon, 1528, 1526; Isagoges ad sacras litteras et ad mysticosscripturse sensus, Lyon, 1536 (avec le précédent); Cologne, 1543. — Ambroise Catharin, Claves dux ad aperiendasintelligendasve Sacras Scripturas, Lyon, 1543. — Sixtede Sienne, Bibliotheca sancta, Venise, 1566; nombreuseséditions, la dernière de Th. Milante, O. P., Naples, 1742.Cet auteur a été le véritable créateur de la science del’introduction. Cornely, S. J., Introductio in LibrosSacros, t. i, p. 6. — Dominique Baltanas, Concordanciasde muchos passos dificiles de la divina historia, Séville, 1556. — Melchior Cano, De locis theologicis(lib. ii, De aucloritate Sacrée Scriptural), Salamanque, 1563. — Joseph M. de Turre, Institutiones ad verbiDei scripti intelligentiam multis ab auctoribus collectée, Parme, 1611. — Dominique Gravina, Catholicasprsescriptiones adversus omnes veteres et nostri temporishœreticos, t. i, Prolegomena, Sacra analysis. Dedivina revelatione. De principiis sacrée doctrines. Desacris traditionibus, Naples, 1619; t. ii, De verbi Deiscripti, hoc est Sacres Scripturx aucloritate, versions, interpretalione, ex antiquitate, universitate, etc., Naples, 1627. — Bonaventure Pons, Difficultates Sacres Scripturminter SS. PP. controverses, Lyon, 1672 (?). —Guillaume Raynaud, Synopsis bibliorum folio patentiper tabulam expansam lingua latina, eademque deindeutraque lingua latina et gallicae regione paginarumin librum usu commodum conversos, Paris, 1692.

— Noël Alexandre, dans son Histoire ecclésiastique, apublié plusieurs dissertations qui appartiennent à l’introductionscripturaire. — Hyacinthe de Graveson, Tractatusde mysterils et annis Christi, Rome, 1711; Tractatus deScriplura Sacra, Rome, 1715; Venise, 1735. — J. HyacintheSerry, Exercitationes historicee, critiess, polemicœde Christo ejusque Virgine matre, Venise, 1719. — VincentNicolle, Synopsis variarum resolutionum in historiamsacram Veteris et Novi Testamenti, Douai, 1725.

— Vincent Awocati, Prasparatip biblica, Palerme, 1741.

— Th. Vincent Monelia, De annis Jesu Christi Servatoriset de religwne utriusque Philippi Augusti, Rome, 1741. — C. Innocent Ansaldi. (Voir t. i, col. 655.) —Gabriel Fabricy, Des titres primitifs de la révélation, ou Considérations critiques sur la pureté et l’intégritédu texte original des Livres Saints de l’Ancien Testament, Rome, 1772. Ouvrage rare, de grande érudition, destiné à préparer une édition du texte hébreu; rééditédans Migne, Cursus Scripturas Sacras. — Vincent Fassini, Divines libri Apocalypseos auctoritatis vindicias exinonumentis greecis, Lucques, 1778. — Benoît Olivieri, De voce p Chen in truncum, et trunco in crucem versis, unde incognita’hactenus de cru.ee vaticinia in hebraico 1481 DOMINICAINS (TRAVAUX DES) SUR LES SAINTES ÉCRITURES - DOMMAGE 1482

lextu cl. vir Franc. Ant. Baldi a se détecta exhibuit, lucubratiuncula, Rome, 1817; Sopra il luogo deWEgitto abitato dagli Isræliti quando ne uscirono sottola condotta di Mosè, dans les Annali di scienze religiose, t. viii, p. 45-61, 197-208, Rome, 1839. — Th. M. Borgetti, De nummo hebraico prope Corgaciam ( Cork) in Hiberniadelecto, Rome, 1820. — Zéphirin Gonzalez, cardinal, La Biblia y la ciencia, Madrid, 1891. — Jean Gonzalez-Arintero, El diluvio universal de la Biblia y de la tradition, Vergaras, 1891. — H. Denifle, Die Handschriftender Bibel - Correclorien des 13 Jahrdunderti, dans YArchivfur Litleratur und Kirchengeschichte, Fribourgen-Brisgau, 1888, t. IV. — H. Didon, Vie de Jésus-Christ, Paris, 1890. — H. Ollivier, Essai historique sur la passionde NotreSeigneur, Paris, 1892; Les amitiés deJésus, Paris, 1895. — Vinc. Zapletal, Hermeneutica biblica, Fribourg, 1897.

VII. TRADUCTIONS ES LAUTOUE VULGAIRE. — À CÔté des

traductions scientifiques latines que l’ordre fît de la Bibleau xvie siècle, il y eut aussi des traductions en languevulgaire. Le concile de Trente avait d’ailleurs officiellementréglé la condition de ces traductions, et on trouvel’exposition de ce point de vue chez les deux auteurs suivants: Esprit Rotier, De non vertenda Scriptura Sacrain vulgarem linguam, Toulouse, 1548; Paris, 1661; —Martin Harney, De Sacra Scriptura linguis vulgaribuslegenda, Louvain, 1693. — Jean Henten, le célèbre reviseurde la Vulgate latine, a collaboré à la traduction françaisede la Bible dite de Louvain, publiée en 1550. Latraduction du Nouveau Testament de René Benoist a étépubliée sous son nom, comme revue et corrigée par lui, Louvain, 1567; Rouen, 1579. — Nicolas Goeffeteau a traduitdu grec en français, au commencement du xviie siècle, une partie du Nouveau Testament demeurée inédite: Évangile selon saint Matthieu, chap. i-xviii (Mazarine, 2119), les Actes des Apôtres (Mazar., 2119, 707, 3053), les Épîtres de saint Paul (Mazar., 724, autogr.) aux Romainset première aux Corinthiens (Mazar., 707, 3053).Urbain, Nicolas Coeffeteau, Paris, 1894, p. 357. — JeanDietenberger a traduit la Bible en allemand au momentde la Réforme. Il a revu et publié le Nouveau Testamenttraduit par Jérôme Emser, Cologne, 1529; Tubingue, 1532.Wedewer, J. Dietenberger, p. 469. La première édition desa traduction de toute la Bible est de Mayence, 1534. L’historiende Dietenberger déclare qu’ «aucune traductioncatholique de la Bible depuis celle de Luther n’a à justetitre obtenu une plus haute considération, une plus grandediffusion et une plus fréquente réimpression» (p. 4).Wedewer donne la liste de cinquante-huit éditions complètesde cette Bible depuis 1534 à 1776 (p. 470-477).Mais Grasse écrit (t. i, p. 377) que «la dernière éditiona paru à Augsbourg, 1785°. Nous connaissons nous-mêmeune ou deux éditions qui ne figurent pas dans la liste.Wedewer cite encore quatorze éditious du NouveauTestament, quatorze du Psautier, six de l’Ecclésiaste(p. 477-479). Du même auteur, Episteln und Evangelienauf aile Sonntag und Feiertag durch ganze Jar, Coin, 1555, etc. (p. 419, 480). — Godefroi Stryrœde fut, avecPierre de Cort, collaborateur à la traduction en flamandde Nicolas van Wingh, d’après la Vulgate, éditée en 1548, à Louvain et Cologne. Kirchenlexicon, 2e édit., t. ii, p. 762. — François Joyeulx, Notée in translationembelgicam Novi Testamenti nuper Ambriacse evulgatum, auctore Mgidio de Witte, Anvers, 1701. — Santés Marmochinia traduit la Bible en italien: La Bibia nuovamentetradotta délia hebraica verità in lingua toscana, Venise, 1538, 1516. La traduction du Nouveau Testamentest d’après le grec. — Zacharie de Florence, Il NuovoTestamento tradotto in lingua toscana, Venise, 1536, 15 12; Florence, 1566. — Remigio Nanni, plus connu sousle nom de Remigio Florentino, Epistolee vangeli, chesi leggono tutto V anno alla messa secundo V uso déliatanta romana Chiesa ridotti ail’ordine del messale

nuovo, Venise, 1575; nombreuses éditions. — Jean Sylvester, évêque de Czanad. On lui attribue la traductionhongroise, imprimée à Novæ Insuloe, 1541, et Vienne, 1574. Kirchenlexicon, t. ii, p. 270.

Pour reprendre ses anciennes traditions, l’ordre de3Frères Prêcheurs a établi à Jérusalem, en 1892, une écolepratique d’études bibliques à laquelle sont admis les religieuxde l’ordre et les ecclésiastiques. J. Lagrange, SaintEtienne et son sanctuaire à Jérusalem, Paris, 1894. LaRevue biblique internationale est l’organe de l’école, tout en étant ouverte aux savants catholiques (Paris, 1892-1897). — L’imprimerie de la mission dominicainede Mossoul a édité, en 1887-1891, le texte syriaque dela Peschito, et, en 1874-1877, une traduction arabe de laBible. P. Mandonnet.

    1. DOMMAGE##

DOMMAGE (hébreu: ’âsôn; Vulgate: damnum), préjudice causé au prochain dans sa personne ou dansses biens. — 1° La loi mosaïque ne prévoit qu’un petitnombre de cas spéciaux, mais elle frappe toutes lesatteintes à la personne ou aux biens du prochain, mêmecelles qu’elle ne mentionne pas, de la peine du talionainsi formulée: «Œil pour œil, dent pour dent, mainpour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessurepour blessure, plaie pour plaie.» Exod., xxi, 24, 25.Cette loi a pour but d’établir l’équivalence entre la réparationet le dommage, tout en opposant un frein aux exigencesexcessives de celui qui a été atteint. Voir Talion.

— 2° Dommage causé aux personnes. — 1. Celui qui ablessé le prochain dans une rixe doit lui payer ce que leblessé n’a pu gagner par incapacité de travail (lucrumcessans) et ce qu’il a dépensé en frais de médecins(damnum émergeas). Exod., xxi, 18, 19. — 2. Celui qui, dans une rixe, a frappé une femme enceinte, doit unecompensation déterminée à la fois par les exigences dumari et l’appréciation des juges. Exod., xxi, 22. — 3. Celuiqui fait perdre à son esclave un œil ou une dent lui doiten retour la liberté. Exod., xxi, 26, 27. — 4. Quand uneblessure est faite par un animal et que la responsabilitédu propriétaire est engagée dans l’accident, celui-ci estobligé de payer en compensation tout ce qu’on lui réclame.L’indemnité n’est que de trente sicles d’argentquand le blessé est un esclave. Exod., xxi, 30, 32. —3° Dommages causés aux biens. — 1. Celui qui laisseune citerne ouverte doit le prix de l’animal qui y tombeet y périt. Exod., xxi, 34. — 2. Celui qui vole un bœuf, pour le vendre ou le tuer, doit rendre cinq bœufs. S’il s’agitd’une brebis, il en rend quatre. Exod., xxii, 1. — 3. Levoleur insolvable est lui-même vendu. Exod., xxii, 3. S’il aencore l’objet volé en sa possession, il en rend le double.Exod., xxii, 4. — 4. Le dommage causé par un animaldans un champ ou une vigne est réparé d’après estimation.Exod., xxii, 5. — 5. L’incendiaire indemnise de toutle tort qu’il a causé. Exod., xxii, 6. — 6. Celui quicherche à s’approprier frauduleusem*nt une chose confiéeou trouvée doit la rendre, avec une majoration ducinquième de sa valeur. Lev., vi, 2-5. D’après Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 29, celui qui trouvait un objet d’orou d’argent devait chercher le propriétaire et faire connaîtrepar le crieur public l’endroit de sa trouvaille. —Sur les dommages causés à l’occasion des dépôts, voirDépôt. Voir aussi t. i, col. 1831. — La loi ne visant queces quelques cas, il est à croire que les règles ainsi formuléesservaient à résoudre par analogie les nombreusescontestations auxquelles devaient donner lieu les atteintesvolontaires ou involontaires aux personnes et aux propriétés.— 4° Dans le Nouveau Testament, Notre -Seigneursemble abroger la loi du talion quand il recommandede tendre la joue gauche à celui qui a souffletéla droite, d’abandonner le manteau à celui qui veut s’emparerde la tunique, etc. Matth., v, 38-42. Mais, dans cepassage, Notre -Seigneur formule une loi de perfectionchrétienne, sans vouloir abroger la loi de la justice. Le

conseil de renoncer à son droit ne peut être suivi quedans certains cas particuliers. Les exemples donnés parle divin Maître lui-même, Joa., xviii, 22, 23; par saintPaul, Act., xvi, 37; xxxiii, 3, etc., le montrent assez. Ledevoir de réparer le dommage et le droit d’exiger cetteréparation subsistent donc sous la Loi évangélique, aussibien que sous l’ancienne. Seulement l’Évangile laisse auxpouvoirs humains le soin de régler l’application de ce

droit et de ce devoir.

H. Lesêtre.

    1. DOMMIM##

DOMMIM, localité ainsi appelée dans la Vulgate, I Reg., xvii, 1, mais dont le nom complet est en hébreu’Éfés Dammim (Septante: ’Eçeppilv; Codex Alexandiinus: ’A(p£(r50|i[isîv). Saint Jérôme a traduit’Éféspar in finibus, «sur les frontières» (de Dommim). Aupremier livre des Paralipomènes, xi, 13, nous retrouvonsle même nom de lieu sous la forme abrégée Pas Dammim(Septante: 4>a(jo80[iri; Vulgate: Phesdomim). —1° Le texte sacré nous apprend que l’endroit ainsi appeléétait situé entre Socho et Azéca, sur le versant d’unecolline. I Reg., xvii, 3. Les Philistins, du temps de Saûl, ayant avec eux Goliath, y avaient établi leur camp. Aubas de cette hauteur était la vallée du Térébinthe. Elleséparait les ennemis de la colline opposée, sur les lianesde laquelle campaient les Israélites. Voir Térébinthe(Vallée du). Quand David eut terrassé le géant, lestroupes de Saùl poursuivirent les Philistins, qui s’enfuirentde leur camp, depuis la vallée du Térébinthejusqu’aux portes d’Accaron. I Reg., xvii, 52. — 2° Dans

I Par., xi, 13, Phesdomim ou Dommim est nommé uneseconde fois, à l’occasion d’une défaite infligée aux mêmesThilistins par les gibborîm ou forts de David. Van deVelde, Narrative of a Journey through Syria, 21n-8°, Londres, 1854, t. ii, p. 193, a cru retrouver le site de Dommimdans les ruines de Dàmîm, près de la route deJérusalem à Beit-Djibrin, à une heure et demie au nordestde Socho (Schoueikéh).

DONS SURNATURELS. Cette expression comporte, dans la langue biblique, deux significations générales, qui ont entre elles une certaine affinité, mais sont néanmoinstout à fait distinctes. Elle désigne d’abord les donsqui ont pour objet la sanctification personnelle de celuiqui les reçoit, et que les théologiens caractérisent enconséquence par la formule générale de «grâce qui rendagréable à Dieu, gratia gratum faciens», terme calquésur un passage de l’Épître aux Éphésiens, I, 6. Elle désigneégalement certaines faveurs extraordinaires, quine sanctifient pas de leur nature, et ne sont accordéesqu’en vue de l’utilité du prochain. I Cor., xii, 7. Ces donssont bien inférieurs aux premiers. I Cor. 1, xii, 31. Lesthéologiens les appellent ordinairement «des grâces gratuitementdonnées, gratise gratis datas». Leur vrai nombiblique, du moins dans la Vulgate, et celui qui les spécifiebien, est charismata, I Cor., xii, 30, simple reproductiondu mot grec -/àpiij|iaTa. Cette expression sansdoute désigne aussi, dans le grec des Épitres, la premièrecatégorie des dons surnaturels: par exemple, Rom., v, 15-16; vi, 23; I Tim., iv, 14; II Tim., i, 6. Maisle contexte permet toujours de déterminer le sens; et laVulgate alors emploie le mot générique gratia, «grâce.»

II est donc facile de voir, dans le texte sacré, à quelleespèce de dons on a affaire. Notons d’ailleurs que lescharismata sont non seulement distincts, mais séparablesde la grâce sanctifiante. Saint Paul admet clairementla possibilité de cette séparation, quand il affirmeque ces dons ne sont rien sans la charité, qui est un deséléments essentiels de l’état de grâce. I Cor., xiii, 1, 2.Jésus-Christ le dit d’ailleurs dans l’Évangile. Matth., vii, 21, 22.

I. Première classe. — Il faut distinguer, dans la premièrecatégorie, une acception générale et une acceptionspéciale. — 1° Dons en général. — Celle-là s’applique

indifféremment à tout l’ordre surnaturel ou à l’une deses parties les plus importantes, comme l’Incarnation etla Rédemption. Les principales formules bibliques où ellese rencontre sont les suivantes: le don que Dieu a faitau monde de son Fils unique, Joa., iii, 16; le don duSaint-Esprit, Act., ii, 38; Rom., v, 5; I Joa., iii, 25, etc.; le don de la grâce, Ephes., iii, 7; le don de Dieu, Joa., îv, 10; le don inénarrable, II Cor., ix, 15; le don céleste, Hebr., vi, 4; le don (pur et simple) par opposition aupéché d’Adam, Rom., v, 15; le don de la vie éternelle(en principe et en espérance). Joa., x, 28; I Joa., v, 11.

— 2° Dons du Saint-Esprit. — L’acception spéciale dumot s’applique aux sept dons du Saint-Esprit. Si lateneur même de cette formule n’est pas strictement biblique, mais plutôt traditionnelle et théologique, il fautpourtant reconnaître que les Pères et les théologiens quil’ont employée n’ont pas fait autre chose, en définitive, que traduire en langage technique une doctrine quiest contenue dans l’Écriture. En effet, la Bible nousapprend deux choses: d’abord que tous les justes sontformés à l’image du Christ et configurés à sa ressemblance, Rom., viii, 29, ou, en d’autres termes, qu’ils reçoiventune participation du même Esprit -Saint qui aprésidé au mystère de l’Incarnation, Rom., viii, 9 et suiv.; en second lieu, que les grâces du Saint-Esprit se sontdéversées dans l’âme de Jésus-Christ, sous la formed’effusions particulières annoncées par le prophète Isaïe, xi, 2-3. Ces deux vérités, combinées entre elles, sontl’équivalent biblique de cette formule théologique: «Lesjustes reçoivent les sept dons du Saint-Esprit.» Or, de cesdeux vérités, la première est indiscutable et indiscutée.Quant à la seconde, elle a été contestée pour le nombredes dons. Voici le passage d’Isaïe: «Et sur lui reposeral’Esprit du Seigneur: esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété; l’esprit de la crainte du Seigneur le remplira également.» Étant donné que ce texte est certainement messianique(voir Almaii), il y a là, d’après beaucoup de théologiens, sept manifestations distinctes d’un seul et même principe, l’Esprit de Dieu, qui concernent le Messie ou leChrist. Le texte hébreu n’en contient que six, attenduque là où la Vulgate a mis l’esprit de piété et l’espritde crainte, il y a dans l’original un seul et même mot, yire’ap. Quelques interprètes catholiques, entre autresCalmet, Commentaire littéral, Isaïe, 1714, p. 142, n’admettenten conséquence que six dons dans l’hébreu. Voiraussi Huiler, Compendium theologise, in-8°, 1893, t. iii, n° 206, p. 165. — Un mot seulement de la significationparticulière des dons mentionnés par Isaïe. Pourquatre d’entre eux, voir Sagesse, Intelligence, Science, Crainte de Dieu. L’esprit de conseil est un don quinous aide pratiquement à tenir la meilleure conduite possibledans les circonstances critiques. C’est son influencequi explique l’admirable prudence du roi Salomon, quandil rendit le jugement célèbre qui l’a immortalisé. III Reg., m, 16-28. L’esprit de force est un don qui nous aide àtriompher des obstacles extraordinaires qui entravent lagloire de Dieu ou s’opposent à notre salut. L’action deDavid allant au combat contre Goliath, I Reg., xviii, 32, est une manifestation de l’esprit de force. L’esprit depiété est un don qui nous fait apporter un empressem*ntaffectueux au service de Dieu, et met dans notre cœurun désir ardent de lui plaire en toutes choses. C’est à sonimpulsion qu’il convient d’attribuer les élans d’amourqui apparaissent à chaque instant dans les Épitres desaint Paul.

IL Secomie classe: cbasisxata. — Les donnéesbibliques qui concernent les charismata sont assez obscures.Saint Jean Chrysostome en faisait déjà la remarque, Hom. in I Cor., xxix, 1, t. lxi, col. 239, attribuant cetteobscurité à la disparition des phénomènes dont parle saintPaul. Aussi ne fautil pas s’étonner des divergences quiséparent les interprètes, quand ils veulent expliquer,

classer et même simplement cataloguer les charismata.

— 1° Leur nombre. — Saint Thomas, Comment, inI Cor., lect. 2; Sum. theol., 2° 2°, q. 111, a. 4, et lescommentateurs qui le suivent, paraissent croire que lepassage de saint Paul, I Cor., xii, 8-10, énumère tousles charismata, qui seraient ainsi au nombre de neuf: le don de parler avec sagesse, sermo sapientise; le donde parler avec science, sermo scientix; la foi, fides; ledon de guérison, gratia sanitatum; le don des miracles, operatio virtutum; le don de prophélie, prophetia; ledon du discernement des esprits, discretio spirituum; le don des langues ou glossolalie, gênera linguarum; ledon d’interprétation des langues, interpretalio sermonum.Mais cette énumération est incomplète, comme leprouvent deux autres textes du même Apôtre. Rom., xii, 6-8; I Cor., XII, 28-31. En combinant les trois passagesensemble, on voit qu’il faut ajouter à la liste précédenteplusieurs dons spirituels, savoir: le don de gouvernement, gubemationes; le don d’assistance, opitulationes, que saint Paul distingue nettement du don de guérison, I Cor., xii, 28; et peut-être ce que l’Apôtre appelle distributioet misericordia. Rom., xii, 8. — 2° Leur classem*nt.— Saint Paul paraît établir un certain ordre entreles charismata. I Cor., xii, 28; cf. xii, 8-10, et Ephes., IV, 11. Malgré ces indications, un peu vagues d’ailleure, les Pères ne se sont guère préoccupés de leur classem*nt, non plus que les commentateurs des xvie et xvii» sièclesen général. Saint Thomas, en revanche, traite la questionet partage en trois groupes les neuf dons qui représententà ses yeux tous les charismata. Le premier groupe comprendtrois dons, sermo sapientise, sermo scientix, fides, qui sont destinés, d’après lui, à créer la persuasion dansl’esprit du prochain, en vue de son utilité spirituelle. Lesecond groupe est formé des quatre dons suivants, gratiasanitatum, operatio virtutum, prophetia, discretiospirituum, qui ont pour but de consolider la persuasionengendrée par les premiers. Et enfin le rôle du troisièmegroupe, gênera linguarum, interpretalio sermonum, consiste à favoriser l’œuvre des deux autres, par les facilitésqu’il offre sous le rapport des communications intellectuellesentre personnes étrangères. Cette théorie estplus ingénieuse que solide, comme on pourra s’en convaincreen lisant plus bas l’explication sommaire quenous donnons de chacun des charismata. Les commentateursmodernes ont adopté d’autres classem*nts, dontle meilleur, à notre avis, est le suivant, qui partage lesdons spirituels en quatre groupes. Dans le premier, ilplace les dons qui concernent l’enseignement des chosesdivines, sermo sapientix, sermo scientix; dans le second, ceux qui viennent à l’appui de cet enseignement, fides, gratia sanitatum, operatio virtutum; dans letroisième, ceux qui ont pour effet d’édiûer, d’exhorter, de consoler les fidèles, ou qui servent à confondre lesinfidèles et à manifester leur état d’âme, prophetia, discretio spirituum, gênera linguarum, inlerpretatiosermonum; enfin, dans le quatrième, les dons qui ontpour objet l’administration temporelle et les œuvres decharité, gubernationes, opitulationes, distributiones. —3° Leur explication sommaire. — Voici l’indication dusens qu’il convient d’attribuer à chacun d’eux. — 1. Il estparticulièrement difficile d’assigner les différences quiséparent le sermo sapientix et le sermo scientise. SaintAugustin sentait si bien la difficulté, qu’il a donné deces dons trois explications successives et différentes. AdSimplic, ii, q. 2, 3, t. XL, col. 140; De Trinit., xii, 14; xiu, 19, t. xlii, col. 1009 et 1033. Nous croyons, avec leP. Cornely, Comment, in I Cor., Paris, 1890, p. 369, que la sagesse désigne ici la connaissance des mystèresles plus relevés du christianisme, et que par conséquentle don de parler avec sagesse n’est autre chose que lafaculté de bien exposer ces mystères. Il est vraisemblableque cette faveur est la même que celle de l’apostolat, mentionnée par saint Paul en tête dé la seconde énumération qu’il fait des charismata. I Cor., xii, 28. Ce n’estpas, pensons-nous, la fonction des Douze qui est viséepar cette expression; mais un don extraordinaire quelconque, conféré à ceux qui aidaient les Douze dans laprédication de l’Évangile et dans la fondation de nouvelleséglises. Le nom d’apôtre a ce sens dans d’autrespassages de l’Écriture, Act., xiv, 4; Rom., xvi, 7, etc., ainsi que dans la Doctrine des douze Apôtres, xi, XII, xui, qui date de la fin du I" siècle ou du commencementdu IIe. Quant au don de parler avec science, il signifieprobablement le don d’exposer comme il faut l’ensembledes vérités chrétiennes, en faisant servir à cette expositionles ressources de la science humaine. C’est le donqui convient aux docteurs. I Cor., xii, 28. — 2. Les troisdons du second groupe concernent le pouvoir de fairedes miracles. Le premier, fides, est comme le genre dontles deux autres sont les espèces. Il désigne, non la vertuthéologale qui porte ce nom, mais la certitude moraleet la confiance invincible que Dieu veut faire un miracledans un cas déterminé. Le second, gratia sanitatum, -/apiuftata îapuxTtov, signifie le pouvoir de guérir les maladiesproprement dites. Le troisième, operatio virtutum, èvep-prifiaTa Swâjistov, est le pouvoir de faire desmiracles en général. Le pluriel du texte grec sembleraitindiquer que pour les deux derniers cas il y avait plusieursvariétés de thaumaturges. Mais nous n’avons aucunrenseignement là-dessus. — 3. Les quatre dons dutroisième groupe forment comme deux paires qui vontensemble et se complètent mutuellement: d’une part, prophetia et discretio spirituum; de l’autre, gêneralinguarum et interpretatio sermonum. La prophétie enquestion était surtout le don d’édifier, d’exhorter et deconsoler le prochain. I Cor., xiv, 3. Pour remplir cettefonction avec plus d’autorité et d’efficacité, le prophèterecevait quelquefois le pouvoir de pénétrer le secret desconsciences, I Cor., xiv, 25, et de prédire au besoinl’avenir. Le discernement des esprits était le don de reconnaîtrele caractère authentique et l’origine exacte dumerveilleux qui était alors fréquent, en distinguant lesurnaturel divin des contrefaçons diaboliques et des analogieshumaines. La glossolalie était, d’après l’interprétationvulgaire, le don de parler plusieurs langues, mais il ne faut pas confondre ce don avec la faveurtrès spéciale qui fut accordée aux Apôtres le jour dela Pentecôte. Saint Paul laisse entendre clairement quele glossolale ne comprenait pas toujours les languesqu’il parlait et n’était pas compris davantage de la foule, s’il ne possédait en même temps le don d’interpréterces langues. I Cor., xiv, 1-25. Ce n’est doue pas en vuede la prédication ou de l’enseignement qu’on recevaitla glossolalie, mais en vue de la prière et des louangesdivines. — 4. Restent les opitulationes, àvTtXïi[n]/eiç, etles gubernationes, ’xu6epvi)<rEiç. La plupart des ancienscommentateurs latins entendent par là, bien à tort, selonnous, certaines fonctions du ministère ecclésiastique ordinaire.Le premier nom désignerait, d’après eux, lespersonnes qui viennent en aide aux pasteurs spirituelsdans le gouvernement général des églises, comme lesarchidiacres pour les évêques; et le second s’appliqueraitau clergé paroissial. Nous croyons, avec saint Chrysostome, loc. cit., et la plupart des interprètes modernes, qu’il s’agit là de dons extraordinaires: le premier concerneprobablement le soin des pauvres et des malades; le second, l’administration temporelle des églises. Lecontexte, I Cor., xii, 28, ne permet pas de supposer quesaint Paul ait voulu intercaler des fonctions ordinairesdu ministère ecclésiastique dans une énumération descharismata..

S’il règne une certaine obscurité pour le détail de cesdons spirituels, leur signification générale, en revanche, est très claire, ainsi que leur raison d’être. En somme, ils ne sont pas autre chose qu’une manifestation extraordinairede la présence et de l’action perpétuelle de

l’Esprit-Saint dans l’Église. Cette manifestation était éminemmentutile à l’aurore du christianisme, pour deuxmotifs principaux. D’abord, c’était le seul moyen d’accréditercomme il faut les propagateurs de l’Évangile auprèsdes Juifs et des païens, tout remplis de préjugés oude superstitions difficiles à extirper. Les obstacles tombaientplus vite en présence d’une intervention divine sitangible. D’autre part, ces dons permettent de comprendrecomment les Apôtres pouvaient quitter presque aussitôtles chrétientés naissantes, qu’ils venaient de fonder, etporter ailleurs la sem*nce évangélique. En réalité, ils nelivraient pas ces jeunes églises à elles-mêmes; ils leslaissaient entre les mains de l’Esprit-Saint, qui communiquaitses dons les plus variés aux néophytes. La présencedes Apôtres était suppléée, en partie du moins, par les charismata. Il y avait sans doute dès le débutun commencement de hiérarchie ecclésiastique. Mais, comme elle venait elle-même de naître, elle ne pouvaitencore suffire à tous les besoins des jeunes chrétientés.Aussi la voit-on fonctionner, entre autres à Corinthe, parallèlement aux pouvoirs extraordinaires dont nousparlons. Ce n’est que plus tard, au fur et à mesure desdéveloppements de la hiérarchie ecclésiastique, que disparaissentpeu à peu les charismata, qui n’avaient plusguère leur raison d’être. — Voir Knabenbauer, Commentariusin Isaiam prophetam, Paris, 1887, t. ii, p. 269-273; Bodewig, Die Nothwendigkeil der G-aben des hl. Geisleszum Heile, dans la Zeitschrift fur kalholische Théologie, 1882, p. 113-140, 248-282; 1883, p. 124-147, 230-250; Cornely, Commentarius in sancti Pauli priorem Epistolamad Corinthios, Paris, 1890, p. 355 et suiv.; Godet, Commentaire sur la première Epitre aux Corinthiens, Paris, 1887. J. Bellamy.

DOR (hébreu: Dôr, Jos., xi, 2; xii, 23; Jud., i, 27; I Par., vii, 29; Dô’r, avec aleph, Jos., xvii, 11; III Reg., iv, 11; précédé de nâfaf, Jos., xii, 23; III Reg., IV, 11; nàfôt, Jos., xi, 2; de là en grec: Codex Alexandrinus, Nayeêwp, NaseOôwp; Codex Vaticanus, «JevæSSwp, Jos., xi, 2; Cod. Alex., NiçeSSwp; Cod. Vat., $evve68w?, Jos., xii, 23; Cod. Alex., NEyaBBrâp, IV Reg., iv, 11; on trouve aussi: «ÊswsaXBwp et NsçûocSûp; ailleurs, Awp, Jos., xvii, 11; Jud., i, 27; I Par., vii, 29; Cod, Vat., ’EXôw(i.; Cod. Alex., AÔSwp, Jos., xii, 23; Awpa, I Mach., xv, 11, 13, 25; Vulgate: Dor, Jos., xi, 2; xii, 23; xvii, 11; Jud., i, 27; I Par., vii, 29; Dora, I Mach., xv, 11, 13, 25; Nephath Dot; III Reg., iv, 11), cité royale chananéenne, Jos., xi, 2; xii, 23; assignée primitivement à la tribud’issachar ou à celle d’Aser, Jos., xvii, 11, plus probablementà cette dernière, et enfin donnée à Manassé occidental.Jud., i, 27; I Par., vii, 29. Elle était située surles bords de la Méditerranée, Jos., xi, 2; I Mach., xv, 11, 14, et sur son emplacement s’élève aujourd’hui Tantourah, entre Jaffa et le Carmel.

I. Nom. — Le mot-p, i, Dôr, ou int, Dô’r, signifie, enhébreu et en phénicien, «habitation, demeure;» c’estl’arabe A>, dâr. Le nom de cette très ancienne ville seretrouve, avec la même orthographe, sur les monumentsdes peuples voisins. Il paraît en assyrien sur une liste

géographique, sous la forme ^ij 4*~*"I £111 1 Du-’ru,

qui maintient l’aspiration médiale. Cf. II Rawlinson, 53, n° iv, ligne 57; E. Schrader, Die Keilinschriflenund dos Alte Testament, in-8°, Giessen, 1883, p. 167; Fried. Delitzsch, Wo lag das Paradies? in-8°, Leipzig, 1881, p. 285. L’inscription funéraire d’Eschmounazar, roide Sidon, le reproduit aussi exactement: 4X/*4> n>nCf. Corpus inscriptionum semiticarum, part. i, Paris, 1881, t. i, p. 13, 14, ligne 19. Le papyrus Golénischeff le

transcrit: n 1 ç., D-ira. Cf. W. Max Millier, Asien

und Europa nach altâgyptisçhen Denkmâlern, in-8°,

Leipzig, 1893, p. 388. Josèphe met tantôt le fémininAmpôc, tantôt le pluriel neutre, xi Ampi. Ant. jud., XIII, vu, 2; V, i, 22; Bell, jud., i, ii, 2, etc. Le mot nâfat, pluriel: nàfôt, qui le précède en quelques passages, aembarrassé les traducteurs et les commentateurs: lesSeptante, nous venons de le voir, l’ont uni à Dor pouren faire un nom propre, NaysOBiip, avec ses variantes, que la transposition des consonnes et le changement desvoyelles ont, en certains manuscrits, transformé en$ÊvæSB<op, $Evv£8811p, etc. La Vulgate l’a rendu parregiones, Jos., xi, 2; provincia, Jos., xii, 23; et Nephalh.III Reg., iv, 11. Eusèbe et saint Jérôme, Onomast irasacra, Gœttingue, 1870, p. 115, 142, 250, 283, ont: Aù>ptoû NaçàO, Naçeûôiip; DorNafeth, Nefeddor, et rapportentla traduction de Symmaque: napaXîa A<ip, Dormaritime. L’expression hébraïque, nàfah, a simplement, le sens de «hauteur, montée». Elle indique, suivant lesuns, le promontoire de Dor; suivant les autres, la régiondes collines avoisinantes. — Le nom actuel, l.^Xiï, Tantoura, selon V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 306; i.jij-ik, Tanfourah, suivant le Survey of Western

Palestine, Naine Lists, Londres, 1881, p. 141, rappellel’ancien, au moins par sa finale. Mais quelle peut êtreson origine? Les uns le regardent comme une corruptionde Dandoura, dérivé lui-même de Doura ou Dora.V. Guérin, loc. cit. D’autres, le rattachant au vieux motTortura ou Tartoura, qu’on trouve dans Poco*cke et lechevalier d’Arvieux (cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 274), cherchent à l’expliquerpar l’arabe.j> n>^, Tour Doura, «la montagne de

Dor.» Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 331. Les habitantsdu pays auraientils trouvé dans la configuration de lacôte en cet endroit ou dans quelque ruine un rapprochementavec le singulier ornement que les femmesdruses portent encore et qui, appelé tantoura, consisteen une corne creuse en argent, parfois assez haute, etfixée sur le sommet de la tête? Nous ne pouvons faireici que des conjectures plus ou moins plausibles. Ce quenous savons, c’est qu’un des historiens des croisades, Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana, lib. I, cap. xvii, t. clv, col. 851, désigne Dora sous le nom dePirgul, qui paraît être une corruption du mot grecTTJpYoç, «tour,» par lequel les Grecs désignaient peut-êtrealors ce lieu, à cause de la tour qui S’élevait sur lepromontoire septentrional du port et dont la vue attiraitde loin l’attention. La même localité s’appelait aussi Merlaau moven âge. Cf. E. Rev, Les colonies franques de Syrie, .in-8°, "Paris, 1883, p. 422.

II. Situation et description. — Si l’origine du nomactuel est incertaine, la situation de l’antique Dor estnettement déterminée. Elle se trouvait sur les bords dela mer, Jos., xi, 2; I Mach., xv, 11, 14, près du montCarmel, Josèphe, Conf. Ap., ii, 10, à neuf milles (treizekilomètres) de Césarée de Palestine, Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica, p. 115, 142, 283, sur la route de Ptolémaïde(Saint -Jean-d’Acre), dont elle était éloignée de-vingtmilles (vingt-neuf kilomètres), suivant la carte dePeutinger; ce dernier chilfre est un peu trop faible.Toutes ces indications conduisent incontestablement à lamoderne Tantourah. Ce gros village, de douze centshabitants environ, a été bâti en grande partie avec desmatériaux tirés de l’ancienne ville, au sud de laquelle ils’éiève. On y voit deux mosquées à moitié renversées, et: dans l’une d’entre elles plusieurs colonnes de granit évidemmentantiques. En avant s’arrondit une anse peuprofonde, protégée, du côté du large, contre les ventsd’ouest, par trois ou quatre ilôts, qui brisent la violencedes vagues; elle est, en outre, défendue au nord par unepointe rocheuse qui avance dans la mer en forme de promontoire.

Le port antique de Dora est au nord et à Une faible dis

tance de cette anse, délimité par deux promontoires, quijadis s’avançaient plus loin dans la mer, au moyen dedeux môles artificiels, aujourd’hui en partie détruits. Lepromontoire auquel s’adaptait le môle septentrional était’adis fortifié. Vers son extrémité et à son point culminant, on aperçoit les restes d’une haute tour, qui neparaît pas remonter au delà des croisades; cependant lessubstructions qui recouvrent les flancs du rocher sontbeaucoup plus anciennes, et prouvent que dès l’antiquitécette pointe a dû être protégée. À l’est de ces débris, surla plate-forme supérieure du cap, plusieurs fûts mutilés

actuellement en grande partie couvert de broussailles.Non seulement son ancienne configuration intérieure estméconnaissable, mais encore tous ses édifices publics etprivés ont été complètement détruits; néanmoins çà etlà encore sont épars quelques beaux blocs, ainsi qu’uncertain nombre de fûts brisés, rongés par le temps. À unkilomètre tout au plus de ces ruines, vers l’est, s’étendentde vastes carrières, dans la chaîne de collines qui couvre, du sud au nord, l’espace de trois kilomètres. C’est de làqu’ont été tirés tous les matériaux qui ont servi à bâtirla ville. Là aussi était la nécropole de cette cité. Un très

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501. — Vue de Tantourah (l’antique Dor). D’après une photographie.

de colonnes sont encore enfoncés dans le sol, et plusloin on distingue les vestiges d’un fossé aux trois quartscomblé. Au pied de la tour, vers le nord, une assez puissanteconstruction semble avoir servi de magasin maritime; c’est une enceinte rectangulaire, encore en partiedebout, bâtie avec de superbes blocs parfaitement équarris.Une autre construction de moindre dimension, maisbâtie de - la même manière, était attenante à celle-ci; elleest aux trois quarts renversée. Plus au nord, un petitcap fait saillie dans la mer; quelques gros blocs bientaillés y sont encore en place. En continuant à marcherle long de la plage, dans la direction du nord, on arriveà un long mur aboutissant à la mer, comme une sortede digue, et à un quai pavé de larges dalles. Puis autourd’une anse arrondie en demi-cercle, abritée par un Ilotcontre les vents d’ouest, une quinzaine de colonnes portantavec elles leur base carrée gisent dans le sable.

La ville de Dor s’étendait sur une longueur de douzecents mètres, et sa largeur, dans l’intérieur des terres, était d’environ six cent soixante-dix mètres. Le mur d’enceintequi l’environnait a été presque partout rasé defond en comble, et l’emplacement qu’elle occupait est

grand nombre de tombeaux sont encore bien conservés, mais tous ont été violés. Les uns sont simples, les autrescontiennent plusieurs chambres sépulcrales. L’entrée, étroite et rectangulaire, est ordinairement précédée d’unesorte de petit vestibule en forme d’auvent et s’arrondissanten plein cintre. Intérieurement ils renferment soitdes fours à cercueils, soit des auges funéraires, surmontéeschacune d’un arceau cintré. On trouve dans les environsdeux puits d’apparence antique. L’un porte le nomde Bit’Driméh. Ce nom, dit M. V. Guérin, à qui nousempruntons cette description, est selon toute apparenceun souvenir de celui de Ap-j|jLÔ; (lieu planté de chênes), donné par les Grecs à une région de la Palestine attenanteau mont Carmel, et à laquelle sans doute appartenaitla plaine de Dor. Cf. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 306-309; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 7-11; Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1874, p. 12; 1887, p. 84.

III. Histoire. — S’il faut en croire Etienne de Byzance, citant lui-même Claudius Iolaûs, Dor aurait été fondéepar des Phéniciens, qui s’étaient réunis en cet endroitparce que le rivage est bordé de rochers abondant eu

coquilles de pourpre. Ils y construisirent d’abord d’humblescabanes, qu’ils environnèrent de palissades et de fossés.Puis, comme leur entreprise marchait au gré de leursdésirs, ils taillèrent les rochers, et avec les pierres extraitesde ces carrières ils se bâtirent des murs et se flrent unport commode. Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 739. Lorsque les Hébreux entrèrent dans la TerrePromise, la ville était, avec le district qui en dépendait, gouvernée par un roi chauanéen, que Jabin, roi d’Asor, appela au combat contre Josué, et qui fut, comme lesautres, vaincu près du lac Mérom. Jos., xi, 1, 2, 5, 8; XII, 23. Elle échut en partage à la demi-tribu de Manasséoccidental, qui prit quelques lambeaux du territoire d’Issacharet d’Aser. Jos., Xvn, 11. Les habitants, épargnéspar les vainqueurs, demeurèrent au milieu d’eux, maisà titre de tributaires. Jud., i, 27. Josèphe, Ant. jud., V, I, 22, dit qu’elle marquait la limite occidentale de Manasséet la limite septentrionale de Dan: la premièreassertion est juste; la seconde est peut-être entachéed’une légère exagération. Nous devons au papyrus Golénischeffd’intéressantes révélations sur l’état de cette régionavant l’établissem*nt de la royauté en Israël. Enmême temps que Ramsès III plaçait les Philistins sur lacôte méditerranéenne, dans la Séphélah, il installait aunord, sur la lisière de la grande chênaie, de Dor au Carmel, la tribu des Ta-(k)-ka-ra ou Zakkala. C’étaitcomme une barrière vivante qui se dressait entre lavallée du Nil et les périls de l’Asie. C’est cette tribuqui occupait la cité maritime dont nous parlons quandHerhor, encore grand prêtre, envoya une galère égyptienneà Byblos chercher des cèdres du Liban. Tandisqu’elle se ravitaillait à Dor, un des matelots déserta, emportant la caisse. Le prince local, qui joua dans cetteaffaire un singulier rôle, portait un nom très importantà noter: il s’appelait Ba-d-ira ou Badilou. Ce nomparait être une de ces formes apocopées Badilou, Boudilou, Bodilou, pour Abdilou, «le Serviteur d’ilou,» qui sont si fréquentes dans l’onomastique phénicienne, Bodeshmoun, Bodashtoreth, etc. Cf. W. Max Mûller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmâlern, p. 388-389; G. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, 1£97, t. ii, p. 470, 582, 697.

— Sous Salomon, le riche district de Dor était administrépar Benabinadab, gendre du roi, et l’un des douzepréfets établis sur tout Israël, chargés de fournir auxdépenses de la table royale. III Reg., iv, 11; Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 3. — L’inscription d’Eschmounazarnous apprend que la ville fut, ainsi que Joppé (Jaffa), donnée aux Sidoniens par le roi des Perses en récompensede services rendus, probablement de victoires navalesremportées à son profit.

La cité maritime, bien fortifiée, eut dans là suite unrôle assez important, comme au temps des luttes entreles Ptolémées et les Séleucides. L’an 217 avant Jésus-Christ, dans la guerre d’Antiochus II le Grand contrePtolémée Philopator, elle fut vainement assiégée par lepremier, qui ne put s’en emparer, faute de vaisseauxnécessaires pour l’attaquer par mer. Quelque temps aprèscependant, elle retomba au pouvoir des rois de Syrie, eteur demeura soumise jusqu’à ce que Diodote, surnomméTryphon, eût usurpé le royaume (139 avant J.-C); maisbientôt Antiochus VII Sidètes le vainquit et le poursuivitjusqu’en Phénicie. Tryphon se réfugia à Dor, où il futassiégé par terre et par mer. I Mach., xv, 11-14. Cesquelques versets du livre des Machabées nous montrent. l’importance de cette place, puisque, pour s’en rendremaître, Antiochus dut employer, outre sa flotte, unearmée de terre qui ne comptait pas moins de cent vingtmille fantassins et huit mille cavaliers. Tryphon, réduità la dernière extrémité, parvint à s’échapper par mer etse rendit à Orthosia, d’où il gagna Apaméé, sa patrie, oùil fut pris et mis à mort. I Mach., xv, 37; Josèphe, Ant.jud., XIII, vii, 2. Pendant la guerre intestine qui éclata

entre les deux frères Antiochus VIII Gryphus et Antiochusde Cyzique, un certain Zoïle réussit à s’emparer deDora; après avoir quelque temps maintenu sa positioncontre Alexandre Jannée, il fut ensuite soumis par PtoléméeLathyre. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 2, 4. Laville retomba aux mains des Juifs, qui la possédaientlorsque Pompée pénétra en Syrie. Ce royaume ayant étéréduit en province romaine, Pompée accorda à Dor l’autonomie.Ant. jud., XIV, iv, 4; Bell, jud., i, vii, 7. C’està partir de cette époque, l’an 64 avant J.-C, que commencel’ère qui se trouve marquée sur ses monnaies.Cf. F. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1874, p. 143-144. Comme elle avait beaucoupsouffert de la part des Juifs, elle fut rebâtie, l’an 56avant J.-C, par Gabinius, proconsul de Syrie. Ant. jud., XIV, v, 3. La haine des habitants contre les Juifs, longtempsdissimulée, éclata, l’an 42 de l’ère chrétienne, lorsque plusieurs jeunes gens, pour insulter à la religionjudaïque, placèrent dans la synagogue une statue del’empereur Claude. Le roi Agrippa obtint le châtimentdes coupables. Ant. jud., XIX, vi, 3. À l’époque dePline, H. N-, v, 17, Dora n’était que l’ombre d’elle502. — Monnaie de Dor.

Tête de femme, voilée et tourelée, à droite. — R). AQPEITQ[N]N À YAP. Femme tourelée, debout et de I aee, tenant un mâtavec sa voile de la main droite et une corne d’abondance dansla main gauche.

même, et du temps de saint Jérôme, Onomastica, p. 115, elle était déserte. Elle fut cependant le siège d’un évêché, qui dépendait de l’église métropolitaine de Césarée.

— Il nous reste de Dora un assez grand nombre demonnaies, qui nous montrent son importance à l’époqueromaine. Elle y est appelée «Dora la sainte, inviolable, autonome», AÛP. IEP. ACYA. AYT. NATAP. On voitsur quelques-unes une femme tourelée debout et de face, tenant de la main gauche une corne d’abondance, et dela main droite un mât muni de sa voile, qui paraît serelier au titre de NAYAPXIS, qu’on trouve sur plusieurspièces appliqué à la ville (fig. 502). Cf. F. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, p. 142-148, 405.

A. Legendre.

DORA, nom de la ville de Dor dans I Mach., xv, 11, 13, 25. Voir Dor.

    1. DORCAS##

DORCAS (grec: Aopy.i; , «gazelle» ), traductiongrecque du nom araméen de Tabitha, chrétienne deJoppé. Act., ix, 36, 39. Voir Tabitha.

    1. DORDA##

DORDA (hébreu: Darda’; Septante: Àapoi).a), undes quatre personnages renommés par leur sagesse etque le texte sacré met en comparaison avec Salomon, qui les surpassait tous. III Reg., iv, 31 (hébreu, v, 11).Il était fils de Mahol. Voir Chalcal. Au passage parallèle, I Par., ii, 6, il est appelé Dara*. Quelques auteurs ontcontesté cette identité. Voir Éthan.

    1. DORSCHE Jean Georges##

DORSCHE Jean Georges, théologien luthérien, néà Strasbourg le 13 novembre 1597, mort à Rostock le25 décembre 1659. Après avoir étudié dans sa ville nataleet à Tubingue, il fut, eh 1622, nommé pasteur à Ensisheim.Cinq ans plus tard, il fut appelé à enseigner lathéologie à Strasbourg, et, en 1654, il remplit les mêmesfonctions à Rostock. Il a laissé un grand nombre d’ou! vrages, parmi lesquels: VindicUn. et animadversionesj ad cap. i, u et m Exodi contra Bellanninum, in- 4°,

Strasbourg, 1630; Ad cap. iv Exodi dissertatumcs xi, in-4°, Strasbourg, 1643; VindicUe quatuor priorumcapitum Exodi, in-4°, Francfort, 1654. Ces trois ouvragesont été réunis en un seul sous le titre: Sïllogevindiciarum et animadversionum ad Bellarmini inquatuor tomis controversiarum fadas allegationes exExodi Mosaicse capitibus i, ii, iii, ir, in-4°, Strasbourg, 1659. Dorsch est encore l’auteur de: Dissertatio theologicade Spiritu, aqua et sanguine in terra, I Joa., r, 8, sive de verbo et duobus Novi Testamenti sacramentis, in-4°, Strasbourg, 1637; Synopsis theologim Zacharianse, in-4°, Strasbourg, 1637; De lxx hebdomadibus Danielis, xi, 24, in-4°, Strasbourg, 1640; Dissertatio de agnopaschali, in-4°, Strasbourg, 1644; Dispulatio de operariisin vinea Domini, Matth., xx, in-4°, Rostock, 1657; Tunica Christi inconsutilis ex Ps.xxii, 19; Joa., xix, 23, explanata, in-4°, Rostock, 1658. Les ouvrages suivantsfurent publiés après la mort de leur auteur: Discussioexplicationis Hugonis Grolii de sanguine et suffocato, Act., xv, 20, in-4°, Rostock, 1665; Biblia numerala, seu Index biblicus specialis in omnes Veteris et NoviTestamenti libros, auctus a Joa. Grambsio, in-f°, Francfort, 1674; Admirandorum Jesu Christi septenarium inquo ejus nalivitatis, passionis, mortis, regni arcanacrationibus academicis illustrantur, in-12, Strasbourg, 1687; Zr)Tr]|iiTa in Epistolas I et II D. Johannis apostolidisputationibus rui a Joa. Nie. Quistorpio publiéeventilata, in-4°, Rostock, 1697; Fragmenta commentariiin Epislolam Judse, in-4°, Leipzig, 1700; Ad enthéaslesaise prophetias earunique singula capita analysis, ex operose collatis pêne multis optimisque tam ebrseis, quam christianis interpretibus, adeo ut commentariivicem prœstare possit, prœmissa ubique apodixi, in-i", Hambourg, 1703; In quatuor evangelistas commentariusper solidam apodixin, analysin, exegesim, harmoniamitem ac parallelismum, verum sensum exhibent, falsum réfutons. Subjungilur chronotaxis ActorumApostolicorum ex recensione Joa. Fechtii, in-4°, Hambourg, 1706; In Epistolam Pauli ad Ebrseos commentariuspluribus hypomnematibus apodiclico-analytico-exegeticisjuxta seriem capitum commatumqueféliciter cœptus, ad dimidium capilis decinii perductuset a Joa. Chr. Pfaffio absolutus, in-4°, Francfort, 1717.—Voir Le Long, Bibliolh. sacra, p. 703; Walch, Biblioth.theologica, 1. 1, p. 95, 664; t. iv, p. 372, 537, etc.; Fecht (J.), dans la préface du commentaire In quatuor evangelistas, mentionné plus haut; Quistrop (J.), Programmain J. G. Dorschei, obitum, in-4°, Rostock, 1660; Ridensann(Nie), Concio funebris in J. G. Dorschei obitumcum curriculo vitx, in-4°, Rostock, 1669.

B. Heurtebize.

    1. DORYMINE##

DORYMINE (Septante: Aopujisvr]; ; Vulgate: Doryminus), père de Ptolémée (de Ptolémée surnommé leMaigre, d’après l’opinion commune mais non certaine).1 Mach., iii, 38 (et II Mach., iv, 45, teste grec). C’est probablementle même Dorymine qui défendit la Cœlésyriecontre Antiochus le Grand. Polybe, v, 61.

DOS (hébreu: gab, gav, gêv, gaf; sekém, la partiedu dos qui est entre les épaules; Septante: vùto; ; Vulgate: dorsum, tergum), partie postérieure du corpshumain qui s’étend entre les épaules et les reins. —1° Le dos sert à porter les fardeaux. Le mot Sekém esttoujours employé en pareil cas. Gen., xlix, 15; Jos., iv, 5; Jud., ix, 48; Is., x, 27; Ps. lxxxi (lxxx), 7. C’est surson dos, sekém, sur ses épaules aussi par conséquent, que le Messie porte sa principauté, c’est-à-dire probablementl’insigne de sa puissance, et la clef de la maisonde David. Is., rx, 5; xxii, 22. Voir col. 803. — Job, xxxi, 22, eût préféré que son bras se détachât du Sekém plutôtque de frapper la veuve ou l’orphelin. — Servir Dieud’un seul dos, Soph., iii, 9, c’est porter ensemble le jougde son service. — 2° Le dos reçoit les coups. Le bâton

menace le dos, Sekém, Is., rx, 3; il frappe le dos, gév, de l’insensé. Prov., x, 13; xix, 29; xxvi, 3; Éccli., xxxv, 22. — Lé patient tend son dos aux coups. Is., L, 6.Son dos est alors comme une terre sur laquelle on passe, que chacun foule aux pieds brutalement. Is., li, 23. Lepersécuté se plaint que sur son dos «les laboureurs ontlabouré et ont tracé leurs longs sillons», Ps. cxxix(cxxviii), 3; ils l’ont labouré de coups et ont tracé dessillons sanglants sur son corps. — 3° Tourner le dos, c’est s’en aller. I Reg., x, 9. Faire en sorte que lesennemis soient dos, Ps. xxi (xx), 13, c’est les mettre enfuite. — Jeter derrière son dos, c’est mépriser, oubliervolontairement quelqu’un ou quelque chose: Dieu, III Reg., xiv, 9; Ezech., xxiii, 35; ses paroles, Ps. l(xlix), 17; la loi divine, II Esdr., ix, 26; les préceptesdes sages. Eccli., xxi, 18. Dieu jette les péchés del’homme derrière son dos, Is., xxxviii, 17, c’est-à-direles pardonne et les efface; car s’il jette derrière son dosc’est pour ne plus voir, et ce qu’il ne voit plus n’existeplus. — 4° Métaphoriquement, «le dos, gaf, des hauteursde la ville» est la partie la plus élevée de la cité. Prov., ix, 3. — 5° Les versions traduisent par «dos» tantôt’oréf, «cou,» Exod., xxiii, 27; Jos., vii, 8; Ps. xvii, 41; II Reg., xxii, 41; II Par., xxix, 6; Jer., ii, 27; xviii, 17; Bar., ii, 33; tantôt mâtnayim, «reins.» Deut., xxxiii, 11; III Reg., xii, 10; Ps. lxv, 11; lxviii, .24; Rom., xi, 10; Is., xlv, 1; Je… xlviii, 37; Am., viii, 10.Voir Cou, Reins. — 6° Il est question du dos des animaux, Ezech., x, 12; Dan., vii, 6. Au Psaume lxviii(lxvii), 14, où les versions traduisent: «Les extrémitésde son dos ont la pâleur de l’or,» il s’agit en hébreu dela colombe, «dont les plumes ont l’éclat de l’or.» Voir

Colombe, col. 849.

H. Lesêtre.

DOSITHÉE. Nom de trois personnages.

1. DOSITHÉE (Septante: Ao<r16so; ; Vulgate: Dosithxus).La quatrième année du règne de Ptolémée et deCléopàtre, ce Dosithée, se disant de la race de Lévi etprêtre, vint en Egypte avec son fils Ptolémée, pour yapporter le livre d’Esther, traduit en grec par Lysimaque, à Jérusalem. Esth., XI, 1 (grec, 1-2). On admet communémentque le Ptolémée qui régnait alors en Egypte estPtolémée VI Philométor (181-146 avant J.-C). Josèphe, Cont. Apion., ii, 5, parle d’un Dosithée qui commandaitles forces de ce roi d’Egypte; mais rien ne prouve qu’ilsoit le personnage nommé dans Esther.

2. DOSITHÉE (grec: Auxjfesoc; Vulgate: Dosilheus), un des principaux chefs de l’armée de Judas Machabée, qui prit une forteresse au général syrien Timothée et enmassacra la garnison de dix mille hommes. Il fit Timothéelui-même prisonnier, et le relâcha sur la promesse quecelui-ci rendrait à la liberté les Juifs qu’il retenait prisonniers.II Mach., xii, 19, 24.

3. DOSITHÉE, cavalier de l’armée de Bacénor, d’uneforce prodigieuse, qui fut sur le point de s’emparer deGorgias; mais il reçut d’un cavalier thrace un coup àl’épaule qui lui fit lâcher prise. II Mach., xii, 35.

E. Levesque.

DOT (hébreu: Silluhîm, de sâlah, «renvoyer, laisseraller;» Septante: çspvr), et III Reg., ix, 16: ùiioax()r; Vulgate: dos), biens qu’une jeune fille ou un jeunehomme apportent en se mariant.

I. Dot proprement dite. — La dot apportée en mariagepar une jeune fille est chose très rare chez les peuples del’antiquité. On n’en trouve qu’un exemple chez les Hébreux.Quand Axa, fille de Caleb, est donnée en mariageà Othoniel, elle reçoit de son père une terre peu fertile, et en obtient ensuite une meilleure. Jud., xv, 18. VoirAxa. Beaucoup plus tard, il est vrai, on voit Raguel donnerau jeune Tobie la moitié de ses biens, à la suite de

l’heureux mariage de sa fille avec son parent. Mais il s’agitbeaucoup moins ici d’une dot que d’une donation entrevifs. Raguel n’offre pas son présent à condition que Tobieépouse sa fille, sept fois victime de la malice du démon.Content que le huitième mariage ait été enfin béni deDieu, il fait don au jeune époux de la moitié de sa fortune, et promet de lui laisser l’autre moitié après sa mort.Tob., viii, 24. — Chez les Égyptiens, l’usage de la dotexistait, au moins dans les hautes classes de la société.Dans les grandes familles, chaque femme recevait en dotune portion de territoire, qui accroissait le domaine deson mari. Mais celui-ci à son tour, en mariant ses filles, était obligé de morceler son fief pour leur assurer unedot. Ainsi, sous Osortésen 1 er, la princesse Biqlt épousaNouhri, un des princes d’Hermopolis, et lui apporta endot le fief de la Gazelle. Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient classique, Paris, 1895, 1. 1, p. 300, 523.Par la suite, le pharaon contemporain de Salomon se conformadonc aux usages de son pays quand il donna en dotà sa fille la ville de Gazer, au moment de son mariage avecle fils de David. 1Il Reg., ix, 16. À l’époque des Ptolémées, Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe, apporta de tellesrichesses à Antiochus Théos, roi de Syrie, en se mariantavec lui, qu’on la surnomma <pepvo<p<>po{, «porte-dot.» —Chez les Grecs, on voit Agamemnon promettre sept bonnesvilles à celui qui épousera sa fille. Iliad., ix, 146-157.

II. Le mohar. — 1° Son usage en Orient. — En règlegénérale, dans tout l’Orient et particulièrement chez lesHébreux, ce n’était pas la jeune fille qui apportait une dot, mais le jeune homme ou ses parents qui donnaient unesomme ou des présents aux parents de la jeune fille, pourobtenir celle-ci en mariage. Ce prix offert par le jeunehomme porte en hébreu le nom de mohar. «Dans unpays où tous les citoyens considèrent le mariage commeun devoir, et où, dans certains cas, les mœurs et la loipermettent de prendre une seconde femme, les pères placerontfacilement leurs filles sans les doter, et ils pourrontmême en réclamer un certain prix.» Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 203. Aussi, presque toujours, chezles anciens peuples, le premier préliminaire du mariageétait l’achat de l’épouse. Chez les anciens Chaldéens, lajeune fille apportait avec elle une dot et des cadeaux provenantde la générosité des membres de sa famille. Maisle mariage «était à vrai dire une vente en bonne forme, et les parents ne se dessaisissaient de leur fille qu’enéchange d’un présent proportionné aux biens du prétendant.Telle valait un [sicle] d’argent pesé, et telle autreune mine, telle autre beaucoup moins; la remise du prixs’accomplissait avec une certaine solennité. Lorsque lejeune homme ne possédait rien encore, sa famille luiavançait la somme nécessaire à cet achat». Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 734. Les auteurs mentionnentplusieurs fois l’existence de la même coutume chez lesanciens peuples. Homère, Iliad., xi, 244; Odyss., iii, 281; vin, 318; Hérodote, I, 196; Élien, Var. Hist., iv, 1; Strabon, XVI, 745; Tacite, Mor. Germ., 18. Une des formesdu mariage reconnue par le droit romain était la coemptioou achat d’une femme pour laquelle on payait au pèreun prix convenu. La loi salique considérait aussi le mariagecomme un marché. Ozanam, Études germaniques, Paris, 6e édit., 1894, t. i, p. 120, 121. Chez les Arabesmodernes, «on traite du prix de la fille, que le gendredoit payer au beau-père en chameaux, en moutons ou enchevaux… Il faut proprement qu’un garçon qui veut semarier achète sa femme, et les pères parmi les Arabesne sont jamais plus heureux que quand ils ont beaucoupde filles. C’est la première richesse de la maison. Ainsilorsqu’un garçon veut traiter lui-même avec la personnedont il désire épouser la fille, il lui dira: Voulez-vous medonner votre fille pour cinquante moutons, pour six chameaux, etc.? S’il n’est pas assez riche pour faire de semblablesoffres, il lui proposera de la donner pour unecavale ou pour un jeune poulain, le tout enfin selon le

mérite de la tille et la considération de sa maison, et selonle revenu de celui qui veut se marier.» De la Roque, Voyage en Palestine, Amsterdam, 1718, p. 221, 222. Cescoutumes sont encore en vigueur chez les Arabes de laPalestine actuelle. Les pères vendent leurs filles commeils vendent leur bétail. «Dans les villes, le prix ordinairedes jeunes filles varie entre deux mille et quatre millepiastres (environ 500 ou 1000 francs), et quelquefoisdavantage chez les riches; mais dans les campagnes ilest presque constamment entre deux mille et trois millepiastres. Les pères des deux parties, assistés de leursproches parents et de leurs amis, conviennent entre euxde la somme à payer, absolument comme s’il s’agissait dela vente d’une jument ou d’un chameau… Il arrive quelquefoisque l’acquéreur ne peut payer immédiatement lasomme arrêtée; on lui permet alors d’acquitter sa detteen plusieurs payements, et on ne lui livre la fille quequand il l’a payée entièrement. Cela fait, il reste encoreà convenir des cadeaux que l’époux fera à sa futureet aux proches parents de celle-ci; mais cela se règlefacilement par les pratiques et usages traditionnels.» Pierotti, La Palestine actuelle dans ses rapports avecl’ancienne, Paris, 1865, p. 244.

2° Le «mohar» dans la Bible. — 1. Ce mot et l’idéequ’il exprime reviennent plusieurs fois dans les LivresSaints, les Hébreux ayant toujours suivi la coutume orientaleen ce qui concerne la dot à payer par l’époux auxparents de la future. Le mot mohar implique bien, dureste, une affaire d’argent. Le verbe mâhar, «acheter uneépouse,» Exod., xxii, 15, est apparenté aux deux autresverbes mûr, «échanger,» pour vendre ou acheter, etmàkar, «vendre.» Gesenius, Thésaurus, p. 773. —2. Quand Éliézer vient demander Rébecca pour Isaac, ilne manque pas d’offrir de riches présents à la jeune fille, à ses frères et à sa mère. Gen., xxiv, 22, 53. — Sichem, fils de Hémor, qui veut à tout prix posséder Dina, fillede Lia, dont il a d’ailleurs abusé, dit au père et aux frèresde la jeune fille: «Exigez un fort mohar, réclamez desprésents, je donnerai volontiers ce que vous demanderez; accordez-moi seulement cette jeune fille pour épouse.» Gen., xxxiv, 12, — Quand on parle à David d’épouser lafille de Saûl, il répond qu’il est trop pauvre pour devenirle gendre du roi. I Reg., xviii, 23. Il sait bien que pouracquérir une pareille épouse, il aurait à verser un moharconsidérable. — Osée, iii, 2, reçoit l’ordre d’épouser unefemme adultère, pour signifier que la nation d’Israël estinfidèle au Seigneur auquel elle est unie. Le prophètepaye pour avoir cette femme un mohar de quinze siclesd’argent (environ 45 francs), un homer (environ quatrehectolitres et un demi-cor (deux hectolitres) d’orge. Leprix n’est pas très élevé, à cause de la condition de lafemme. Celui d’une esclave mise à mort était de trentesicles. Exod., xxi, 32. Le prophète verse la même sommemoitié en argent, moitié en orge, dont la farine était employéedans le sacrifice pour l’adultère. Num., v, 15. —Quand Isaïe, iii, 25-iv, 1, veut marquer l’état lamentableauquel la Judée sera réduite à cause de ses péchés, il ditque les hommes les plus vaillants périront par le glaive; il en restera alors si peu, que sept femmes, c’est-à-direplusieurs femmes à la fois, en nombre indéterminé, solliciterontle même homme de devenir leur mari. Pourl’y déterminer, chacune d’elles dira: Je me nourrirai àmes frais, je me vêtirai de vêtements à moi. La suppressiondu mohar supposait donc un état de grande calamitépublique. — 3. Parfois le mohar, au lieu d’être payéen argent et en nature, consistait en certains servicesrendus. Ainsi Jacob doit servir chez Labari pendant septans pour obtenir Lia, et sept autres années pour obtenirBachel. Gen., xxix, 18-27; xxxi, 15, 41. — Caleb prometsa fille Axa à celui qui prendra la ville de Cariath-Sépher, et Othoniel devient l’époux de la jeune fille. Jos., xv, 16, 17. — Pour obtenir Michol, fille de Saûl, David doitfournir la preuve qu’il a tué cent Philistins. I Reg., 1497

DOT

DOTHA1N

1498

xviii, 25; II Reg., iii, 14. — Saint Paul faisait sans douteallusion à l’usage du mohar, quand il représentait l’Églisecomme l’épouse de Jésus-Christ, achetée par lui au prixde son sang. Act., xx, 28; I Cor., vi, 19, 20; Ephes., v, 25.

— Dans les derniers temps avant J.-C, on ne connaissaitpoint d’autre dot que celle qui était fournie par le jeunehomme. Aussi les Septante traduisent - ils mohar par(pepWj; Vulgate: dos. Gen., xxxiv, 12; Exod., xxii, 16, il.Plus tard, les rabbins établirent l’usage d’une dot payéepar le père de la jeune fille. Ketoùbolh, ꝟ. 52 a. Le moharn’en continuait pas moins à subsister, et son minimumétait fixé à deux cents zouz (environ 180 francs), tandisque le minimum de la dot était quatre fois plus faible.Mischna, Ketouboth, vi, 6. — 4. La loi intervenait dansun cas particulier au sujet du mohar. Le séducteur d’une

Judith, iv, 7; vii, 3; viii, 2; AwOiîa, Judith, iii, 9), villede la Samarie.

I. Nom et identification. — Cette ville est nomméeDothan dans la Vulgate, IV Reg., VI, 13. La significationde ce nom est contestée. La plupart, à la suitede Gesenius, le croient le duel du chaldéen dot, «puits, source.» Voir Castell, Lexicon heptaglotton, Londres, 1769, t. i, col. 792; Fûrst, Hebràisches Handwôrterbuch, in-4°, Leipzig, 1876, p. 310. — Cette localitésemble avoir été située au nord de Sicbem, puisqueJoseph, venant d’Hébron, c’est-à-dire du sud, dut allerplus avant pour rencontrer ses frères. Gen., xxxvii, 14-17.Elle est implicitement indiquée au nord de Samarie parle récit de IV Reg., VI, 13-24, nous montrant le prophèteElisée amenant les Syriens aveuglés de Dothaïn à Sama503. — Tell-Dotâii. D’après une photographie de M. L. Heidet.

jeune fille devait donner au père de celle dont il avaitabusé un mohar de cinquante sicles d’argent (un peuplus de 140 francs), et le divorce lui était interdit pourtoujours. Deut., xxii, 29. Le père de la jeune fille n’étaitcependant pas tenu de consentir à cette union, et, s’ils’y refusait, le séducteur n’en avait pas moins à verserle mohar accoutumé. Exod., xxii, 16, 17. — Dans unautre passage, Exod., xxi, 10, il est dit, d’après la Vulgate, que si un homme a acheté la fille d’un autre Hébreupour en faire son esclave, et qu’il ne la donne pas enmariage à son fils, «il est obligé de pourvoir au mariagede la jeune fille, sans lui refuser ni les vêtements ni leprix de sa virginité.» D’après les Septante, il ne lui refusera «ni le nécessaire, ni le vêtement, ni la familiarité».En hébreu: «Il ne retranchera pas la viande ( c’est-à-direla nourriture de qualité supérieure), le vêtementet la cohabitation, ’ônâh.» Il ne s’agit donc pas de donnerun mohar à la jeune esclave, comme semble le dire laVulgate, mais seulement de la garder dans la maison aumême titre qu’avant l’arrivée de l’épouse de premier rang.

Voir col. 906.

H. Lesêtre.

    1. DOTHAÏN##

DOTHAÏN (hébreu: Do(ainâh, Gen., xxxvii, 17, avec

hé local; Dofân, ibid., et IV Reg., vi, 15; Septante:

.AuBasin, Gen., xxxvii, 17; AwBaiii, IV Reg., vi, 13;

rie. D’après le livre de Judith, iii, 9-10 (grec), et IV, 5-6 Vulgate), Dothaïn était située au sud de Scytbopolisou Bethsan et au commencement des montagnes de laSamarie, dans le voisinage de Béthulie, de Belma et deChelmon. Judith, iv, 6-7 (grec); vii, 3 (grec et Vulgate); vin, 3 (grec). Voir Béthulie, 1. 1, col. 1751-1752; Belma, t. i, col. 1570; Chelmon, t. ii, col. 647. — Appuyés surla convergence générale de ces données bibliques, lesinterprètes s’accordent à voir désignée, dans les trois passagesde la Bible où Dothaïn est nommée, une seule etmême localité, située dans la tribu occidentale de Manassé.Cf. Math. Polus, Synopsis crilicorum, in-f°, Francfort-surle -Mein, 1712, t. i, col. 1719. Eusèbe etsaint Jérôme, De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 890, la placent à douze milles au nordde Sébaste. — Les pèlerins du moyen âge la cherchaientaux environs de Tibériade. Les relations du XIIe siècleindiquent généralement Dothaïn à quatre milles vers lesud de cette ville. Cf. Fretellus, De Lotis Sanctis, t. clv, col. 1044; Jean de Wurzbourg, Descriptio Terrée Sanclx, t. clv, col. 1071; un anonyme, dans de Vogué, Les églisesde la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 423; Théodoricus, Libellus de Lotis Sanctis, édit. Tobler, in-12, Saint-Gall, 1865, p. 102. Les récits du xme siècle et dessuivants la placent, au contraire, du côté du nord, à

quatre kilomètres du lac de Génésareth, sur la route deTibériade à Damas, à un ancien caravansérail ou dansses environs. Ainsi Burkard, dans Peregrinationes mediisévi quatuor de Laurent, 2e édit., in-4°, Leipzig, 1873, p. 39; Ricoldo, ibid., p. 106, et la plupart des descriptionsjusqu’à notre siècle. Des identifications erronées deBéthulie avec des localités rapprochées de Tibériade, lenom de Khân Gibb-Yûsef, «Khàn de la fosse» ou «dela citerne de Joseph», attaché au caravansérail dont nous"venons de parler, probablement du nom de son fondateur, auront introduit et entretenu ces opinions, auxquellesil n’est guère possible de reconnaître quelque valeur. —La tradition onomastique locale conservait dans le mêmetemps, chez les populations indigènes, le nom de Dôtân

dans Tell-Dotàn le sile où il faut chercher la Dothaïn dela Bible. Cf. Robinson et Smith, Biblical Researches inPalestine, in-8°, Boston, 1841, t. iii, p. 316-317; VictorGuérin, La Samarie, t. ii, p. 219-222; de Saulcy, Dictionnaireabrégé de la Terre Sainte, in-12, Paris, 1876, p. 219; Rich. von Riess, Biblische Géographie, in-f", Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 18; Id., Bibel-Atlas, ibid., p. 9; Survey of Western Palestine, Memoirs, in-4°, Londres, 1882, t. ii, p. 218; Armstrong, Names andPlaces in the Old Testament, in-8°, Londres, 1887, p. 50.IL Description et histoire. — La colline nomméeTell-Dotân s’allonge dans la direction de l’est à l’ouestet s’élève de vingtcinq à trente mètres au-dessus duSahel’Arrabéh. Elle est isolée, peut être facilement et

[[File: [Image à insérer]|300px]]
504. — Bir Hasan et Sahel Arrabéh. D’après une photographie de M. L. Heideî.

dans la région déterminée par les indications bibliqueset par V Onomasticon d’Eusèbe. D’après Jean de Wurzbourg, en effet, dans sa Description, déjà citée, col. 1058, «entre Genuin et Sébaste, on montrait une plaine appeléede Dothaym, où, sur le bord du chemin, se voyait laciterne dans laquelle avait été jeté Joseph.» Entre Djénînet Sébastiéh, on rencontre la plaine appelée aujourd’huiSahel’Arrabéh, du nom d’un grand village qui la domineau sud-ouest; vers la limite sud de cette plaine est unecolline nommée aujourd’hui encore, par tous les habitantsdu pays, Tell-Dofân (fig. 503). Cette colline est à dix-huitkilomètres, distance équivalente à douze milles romains, au nord de Sébastiéh, l’ancienne Samarie, la Sébasted’Hérode; elle est à sept kilomètres et demi au suddu Merdj-’lbn’Amer, la plaine d’Esdrelon; à six kilomètreset demi au sud-est des ruines portant le nom deBel’améh, communément identifié avec Belma du livrede Judith; à huit kilomètres au sud de Yamôn, probablementla Kyàmon ou Chelmon du même livre. À causede l’identité du nom et de la correspondance de sa situationavec les indications de l’Écriture et de la traditionlocale, les palestinologues sont d’accord pour reconnaître

entièrement environnée par une armée et répond bienau récit du quatrième livre des Rois, Vi, 11-19. Le prophèteElisée ne cessait de mettre le roi d’Israël en gardecontre les embûches du roi de Syrie. Celui-ci vouluts’emparer de la personne du prophète. Il envoya de nuitun fort détachement de cavalerie avec des chariots deguerre. Les soldats syriens arrivèrent devant Dothan, oùse trouvait alors l’homme de Dieu, et le cernèrent detoutes parts. Le lendemain matin, le serviteur d’Elisée, voyant la ville enveloppée par les Syriens, vint, saisi defrayeur, l’annoncer à son maître. Elisée lui dessilla miraculeusem*ntles yeux, et le jeune homme vit le prophèteprotégé et environné par une multitude de chevaux et dechariots de feu, qui couvraient toute la montagne. Dothanne paraît pas avoir été en état d’opposer de la résistance, car les soldats l’envahirent aussitôt, pour se saisirdu prophète. Elisée demanda au Seigneur de les frapperd’aveuglement. «Ce n’est pas ici, leur dit-il, le cheminni la ville; suivez-moi, et je vous ferai voir l’homme quevous cherchez.» Et il les conduisit à Samarie. — Unbouquet de térébinthes, ombrageant un ouêly musulmanà moitié ruiné, couronne le sommet de la colline. Elle:

est livrée à la culture, mais la terre est mêlée de nombreusespierres de construction de modeste appareil etd’innombrables fragments de poterie; ce sont les témoinsde l’existence d’une ville ruinée en cet endroit. Au pieddu tell, au sud, au milieu d’un jardin planté d’orangers, de citronniers, de grenadiers, de figuiers, et entouréd’une haie de cactus, se dressent une blanche maisond’origine récente et un moulin. Non loin jaillit une sourceabondante; une seconde, un peu plus bas vers le sud, forme un petit ruisseau qui, se dirigeant vers l’ouest, arrose un instant la plaine, puis se perd dans les terres.La verdure persiste assez longtemps en cet endroit, etc’est peut-être ici que les fils de Jacob faisaient paîtreleurs troupeaux, quand Joseph, leur frère, vint de lavallée d’Hébron pour prendre de leurs nouvelles. «Voicile rêveur, se dirent-ils, tuons-le et jetons-le dans unevieille citerne. — Ne le tuez pas et ne versez pas sonsang, répliqua Ruben; mais jetez-le en cette citerne, dansle désert.» Lorsque Joseph les eut rejoints, ils le dépouillèrentde sa robe aux diverses couleurs, et le déposèrentdans une vieille citerne qui n’avait point d’eau. Gen., xxxvii, 19-24. Les vieilles citernes ne font pas défaut àTell-Dotàn, sur la colline, dans la plaine et les montagnesqui la bordent. La Société anglaise d’exploration, dans Map of Western Palestine in 26 sheets, Londres, 1880, sheet xi, en signale plusieurs, et l’on m’en a montréd’autres; il n’est pas possible cependant d’assurerque c’est de l’une d’elles dont parle l’Écriture. Les frèresde Joseph s’assirent ensuite pour manger, lorsqu’ils Virentvenir des marchands ismaélites se rendant de Galaad enEgypte. Gen., xxxvii, 25. La route suivie par la caravaneétait selon toute apparence celle qui vient de la plained’Esdrelon, passe par Djénin et près des ruines de Bel-’àméh, traverse toute la plaine du nord-est au sud-ouest, pour s’engager dans les montagnes de la Samarie, prèsde Tell-Dotân, et se diriger vers la mer. Une seconderoute vient d’Esdrelon, passe sous le village de Burqin, par une étroite vallée où en plusieurs endroits il estimpossible à deux cavaliers de passer de front, traversele Sahel’Àrrabéh, à l’ouest de l’autre chemin, et entredans les montagnes non loin du village d"Arrabéh. Legrand prêtre Éliachim semble faire allusion spécialementà cette voie, dans sa lettre aux habitants des villes situéesaux alentours de «la plaine qui est près de Dothaïn», pour les engager à garder les passages étroits par oùl’on pouvait se diriger vers la Judée et pour en empêcherl’accès à l’armée du roi d’Assyrie, conduite parHolopherne. Judith, iv, 5-7. Si le Dotân actuel doit êtreidentifié avec la Dothaïn biblique, «la plaine qui est présde Dothaïn,» it), ï]<jiov Au>6ain, ne semble pas pouvoirêtre différente du Sahel’Arrabéh moderne. Les habitantsde Béthulie, dont la ville.était située sur un des côtés dela plaine de Dothaïn, xxtà jtp<Suanrov toû neSCou toO ttXt]<yiov AwfJaiy, s’étant mis en état de résistance, les Assyrienss’avancèrent contre eux et inondèrent la plaine.L’armée d’IIolopherne se composait de cent vingt millefantassins et de vingt-deux mille cavaliers, sans compterles captifs. Le Sahel pouvait les contenir facilement: dans sa longueur d’est à ouest, il a plus de dix kilomètresd’étendue, et n’en mesure guère moins de six du nordau sud: c’est une surface d’environ trente millions demètres carrés. Le camp de l’ennemi s’étendit près de lafontaine qui est sous Béthulie, vraisemblablement Blr-Hasan(fig. 504), jusqu’à Dothaïn, jusqu’à Belma et jusqu’àChelmon ou Kyamon. Judith, vii, 3 (grec et Vulgate). Laplaine de Dothaïn devait être le théâtre d’une des plusgrandes victoires remportées par le peuple de Dieu surses ennemis. La foi et le courage de Judith devaient enêtre l’instrument. Voir Béthulie, t. i, col. 1751. — Lesdocuments font défaut pour déterminer l’époque de laruine de Dothaïn; du récit de Jean de Wurzbourg, citéplus haut, il semble qu’elle n’existait plus au xiie siècleen tant que localité habitée, L. IIeidet.

DOTHAN. La Vulgate écrit ainsi IV Reg., vi, 13, lenom de lieu qu’elle écrit ailleurs Dothaïn. Voir Dothaïn.

    1. DOULEUR##

DOULEUR (SIGNES DE). Voir Deuil.

    1. DOUZE##

DOUZE (LES) (o: ôwôexa), expression par laquelleles Apôtres sont plusieurs fois désignés par abréviationdans le Nouveau Testament, parce qu’ils étaient au nombrede douze. Matth., xxvi, 14, 20 (la Vulgate, Matth., xxvi, 20, ajoute le mot «disciples» ); Marc, iv, 10; vi, 7; ix, 35(Vulgate, 31); x, 32; xi, 11, etc.; Luc., viii, l; ix, 12; xviii, 31; xxii, 3, etc.; Joa., vi, 67 (Vulgate, 68), etc.; Act., vi, 2.Après la mort de Judas Iscariote, les Apôtres sont désignésquelquefois sous ce nom: «les onze,» Luc, xxiv, 9, 33; mais l’habitude de les désigner par leur nombre primitifétait alors si bien prise, qu’on les appelait aussi quelquefois «les douze», comme le fait saint Paul, I Cor., xv, 5, oùl’expression serait inexacte, si elle n’avait pas été justifiéepar l’usage: les Apôtres n’étaient, en effet, alors queonze; mais la locution «les douze» désignait tous lesApôtres alors vivants. Voir R. Cornely, In priorem Epistolamad Corinth., 1890, p. 454. (La Vulgate et quelquesmanuscrits grecs portent, I Cor., xv, 5, «les onze,» aulieu de: «les douze,» qu’on lit dans le textus receptuset dans la plupart des manuscrits grecs.) — Le nombredouze était comme un nombre sacré chez les Juifs, parcequ’il était celui des tribus d’Israël et aussi celui des moisde l’année. Il avait encore pour eux uue importance particulièreà cause du système arithmétique des Chaldéens, qui était, au moins en partie, le système duodécimal. LesHébreux, originaires de Chaldée, l’avaient conservé etl’appliquaient non seulement aux mois de l’année, maisaussi aux mesures. Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., t. i, n° 188, p. 324. Voir Mesures et Nombre.

    1. DRACH Paul Auguste##

DRACH Paul Auguste, exégète français, d’originejuive, né à Paris, le 12 août 1821, mort dans cette ville le29 octobre 1895. Après avoir étudié à Rome, au collège dela Propagande, il revint à Paris, où il reçut la prêtrise, en 1846, étant professeur au petit séminaire de Saint-Nicolas.Successivement vicaire à Clichy, à Boulognesur-Seine, à SaintMerry, à Saint-Jean-Saint-François, à Saiut-Médard, curé de Sceaux, il mourut chanoinede Notre-Dame de Paris. On a de lui: Épitres de saintPaul, introduction critique et commentaires, in-8°, Paris, 1871; Epitres catholiques de saint Jacques, saintPierre, saint Jean, saint Jude, introduction critique etcommentaires, in-8°, Paris, 1879; Apocalypse de saintJean, introduction critique et commentaires, in-8°, Paris, 1879. O. Rey.

    1. DRACHME##

DRACHME (Spoexîiiî), monnaie grecque, en argent, d’un poids et d’une valeur variables suivant les époques, mais valant toujours un peu moins d’un franc de notremonnaie. — I. 1° Dans II Esdras, vii, 70, 71, 72, la Vulgatetraduit par drachma le mot hébreu darkèmôn. Ils’agit là de dariques, voir Dariqtje. — 2° Dans II Machabées, xii, 43, il est dit que Judas fit une collecte destinéeà offrir des sacrifices pour les morts, et dont le montants’éleva à douze mille drachmes d’argent. — Dans le NouveauTestament, Notre -Seigneur, voulant montrer combienest grande la joie que cause dans le ciel la conversiond’un seul pécheur, se sert de la parabole suivante: «Si une femme a dix drachmes et qu’elle en perde une, elle allume sa lampe et cherche avec soin jusqu’à cequ’elle retrouve la pièce de monnaie, et, lorsqu’elle l’aretrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines et leurdit: Réjouissez-vous, car j’ai trouvé la drachme quej’avais perdue.» Luc, xv, 8-9. Dans ces deux passages, il est question de la drachme proprement dite.

IL Le mot «drachme», que les Grecs faisaient venir duverbe Spi-rTojiai, et auquel ils donnaient le sens originairede poignée de grains, Scholiaste de Théocrite, x, 14,

Tient plus probablement du mot daragmana, divisionde la mine. Voir Darique. Il désigne chez tous les peupleshelléniques l’unité-monétaire d’argent. La plus anciennede toutes les drachmes est la drachme d’Égine, qui pesaitenviron six grammes. En Asie, on se servit dès l’époquede Crésus d’une autre drachme, qu’on appelle phénicienne, du nom du pays où elle a eu le plus d’extension, et qui pesait 39 r, 540. Cette unité fut adoptée par les Ptolémées, dans les pièces qu’ils firent fabriquer par les ateliersde Tyr et de Sidon. La mieux connue de toutes lesdrachmes est la drachme attique (fig. 505), qui se répanditdans tout le monde ancien, surtout après Alexandre.

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505. — Drachme d’Athènes.

Tête d’Athéné, à droite. — i^. Chouette sur un vase, dans unecouronne d’olivier. Autour de l’oiseau: A0E TIMA N1KAPXE. — Poids: i&, 30. Frappée vers l’an 200 avant J.-C, d’après E. Beulé, Les monnaies d’Athènes, 1858, p. 372.

Elle pesait 4a r, 36. C’était la six millième partie du talenteuboïque. Après Alexandre, ce poids s’abaissa jusqu’àcelui de l’étalon des Ptolémées, c’est-à-dire jusqu’à39 r, 54. Voir J. Wex, Métrologie grecque et romaine, trad. franc., in-16, Paris, 1886, p. 49-71 et 77.

E. Bedrlier.

1. DRAGON (FONTAINE OU) ( hébreu: ’En hattannin; Septante: izrifi] tûv uuxûv; Vulgate: Fons Draconis), source ou dérivation d’eau d’une fontaine desenvirons de Jérusalem. Elle est mentionnée une seulefois sous ce nom dans l’Écriture. Néhémie raconte qu’étantsorti la nuit pour inspecter les murs en ruine de Jérusalem, il sortit par la porte de la Vallée (dans les environsde la porte de Jaffa actuelle, d’après un grand nombred’exégèles, mais sa situation est douteuse) et passa prèsde la Fontaine du Dragon pour rentrer par la porte duFumier, au sud de la ville. II Esdr., ii, 13. L’identificationde cette fontaine est incertaine. D’après l’opinionla plus commune, elle était située à l’ouest de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom, et l’eau qui l’alimentaitdevait venir d’ailleurs, amenée probablement par quelqueaqueduc, car il n’existe aucune source connue dans lavallée de Hinnom. Les uns l’identifient avec le Bir-Éyoubde nos jours, les autres avec la piscine du Birket Mamillaou du Birket es -Sultan. D’autres encore, à causedu nom de’en, «source,» qui lui est donné, croientque la Fontaine du Dragon est la fontaine appelée aujourd’huiFontaine de la Vierge, au sudest de Jérusalem, la seule véritable source des environs de la ville. Josèphe, Bell. jud., y, iii, 2, nomme une tûv "Oçeuv xoXuu, ë7|6pa, «piscine des Serpents.» L’analogie du nom a portéà penser que c’était la Fontaine du Dragon; mais cen’est pas certain, et l’emplacement de la piscine mentionnéepar Josèphe est d’ailleurs aussi douteux que celuide la Fontaine de Néhémie.

2. DRAGON, animal fabuleux, à formes monstrueuses, -que l’imagination des anciens avait composé à l’aide^’éléments empruntés à la constitution de différentesbêtes féroces ou sauvages. Les versions de la Bible emploientassez souvent le mot ôpàxwv, draco; mais c’estpour traduire des noms qui dans le texte original désignent, dans le sens propre, des animaux réels. Lestermes hébreux rendus par dragon sont les suivants: 1° nâbal, c serpent,» Exod., vii, 15; — 2° tannin, «serpent,» Exod., vii, 12; Deut., xxxii, 33; II Esdr., ii, 13; Ps. xci

(xc), 13; Jer., Ll, 34; dans Daniel, xiv, 22-27, le «serpent» adoré dans le temple de Bel, à Babylonè.; — parfois «le crocodile» désigné par le même mot hébreu, Ps. lxxiv (lxxv), 13; Is., li, 9; Ezech., xxix, 3; xxxii, 2; ou un cétacé, Ps. cxlviii, 7; — 3° tan, «chacal,» Job, xxx, 29; Is., xxxiv, 13; xxxv, 7; xliii, 20; Jer., ix, 11; x, 22; xiv, 6; xlix, 33; li, 37; Mich., i, 8; Mal., i, 3; —4° livyâtdn, «crocodile,» Ps. lxxiv (lxxv), 14; ou cétacé, Ps. civ (cv), 26; — 3°’ohïrti, «bêtes hurlantes,» Is., xiii, 21;

— (y’siyyîm, «bêtes du désert.» Jer., L, 39. — Dans Esther, x, 7; xi, 6, le nom de «dragons» s’applique à des animauxque Mardochée voit en songe et qu’on ne peutdéterminer en l’absence du texte hébreu. — Dans la Sagesse, xvi, 10, il désigne les serpents qui firent périr lesIsraélites au désert, et dans l’Ecclésiastique, xxv, 23, une bête féroce quelconque. — Saint Jean se sert dumot «dragon» pour nommer le démon, Apoc, xii, 3-17; xiii, 2-11; xvi, 13, qu’il identifie expressément avec le «serpent antique» du paradis terrestre. Apoc, xii, 9;

xx, 2. Voir t. i, col. 612.

H. Lesêtre.

3. DRAGON, constellation (hébreu: ndhdS bâriah; Septante: Spâxcov ànouiàrr^; Vulgate: coluber tortuosus).L’auteur de Job, xxvi, 13, célébrant la puissance du Seigneursur la création, écrit:

Son esprit a fait la splendeur des cieux, Et sa main a formé le Serpent bâriah.

Il s’agit ici d’une constellation du ciel. Le mot bâriahvient du verbe bârah, . «traverser» et c< fuir». Quelquestraducteurs s’en sont tenus à ce dernier sens, et ont rendul’hébreu par «serpent qui fuit». Septante: àitoc-raT» ); , «qui se retire;» syriaque: «qui fuit;» Frz. Delitzsch, Dos Buch lob, Leipzig, 1876, p. 339, etc. D’autres ontlu beriah, «traverse,» ou «verrou», au lieu de bâriah.Symmaque]: oçiç <rJfy.).£i(ov, «le serpent qui ferme;» dansIsaïe, xxvii, 1, où se trouve le même mot, Aquila traduit: oytc (io/Xôs; Vulgate: serpens vectis: «serpentverrou;» Rosenmùller, lobus, Leipzig, 1806, t. ii, p. 619, etc. Aupremier abord, le nom de fugitive semble peu convenirà une constellation qui reste toujours à sa place relativedans le firmament. Il est donc plus probable que l’auteursacré a voulu parler d’un serpent qui s’étend à traversles autres constellations et les traversé comme un verrou.Mais comme les étoiles qui composent cette constellationne sont pas en ligne droite, et forment même unefigure assez sinueuse, on comprend l’épithète tortuosusde la Vulgate. — La constellation dont il est ici parlé estcelle du Dragon, connue des Arabes sous le nom d’elhajja, «le serpent;» des Grecs sous celui d’6'91?, Aratus, Phænomen., 82; des Latins sous celui d’anguis. Cicéron, De nat. deor., 11, 42; Virgile, Georg., i, 244. Cicérontraduisant Aratus, au passage cité, appelle le Serpenttorvus draco, à peu près dans les mêmes termes que laVulgate. La constellation du Dragon compte quatrevingtsétoiles principales, dont deux de deuxième grandeur, et presque toutes les autres de cinquième. Elles’étend, dans l’hémisphère boréal, entre les constellationsde la Grande et de la Petite Ourse, de Céphée, duCygne et d’Hercule. Elle occupe pour nous différentesstations autour de la polaire, selon les mois de l’année.Dans l’astronomie égyptienne, le Dragon était représentéà peu près par la constellation appelée Birît, ou hippopotame, que les monuments figurés montrent dressé surles pattes de derrière et soutenant un crocodile sur sesépaules. Voir Cg. 330, col. 924. Des études de Biot, Becherches sur plusieurs points de l’astronomie égyptienne, Paris, 1823, p. 87-91, il résulte, en effet, quele Birît correspondait probablement au Dragon, augmentéd’un certain nombre d’étoiles environnantes. VoirMaspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 94, 95r Il est à croire que le C6

ntihâS bàriak de Job s’identifiait plutôt avec le Rirîtégyptien qu"avec le Dragon, tel qu’on le délimitait enOccident, et qu’il comprenait certaines étoiles plus éclatantesde son voisinage. Ainsi s’explique la mention quefait l’auteur de Job de cette constellation, comme spécialementcapable de donner une idée de la puissancedivine. — Quelques auteurs traduisent le vers de Job decette autre manière:

Sa main transperce le Serpent bâriah.

Le mot hollâh ne viendrait pas alors de hûl, «former» au pilel; mais de hâlal, «transpercer» au poel. Le versferait allusion à une croyance générale chez les ancienspeuples, actuellement encore admise par les Chinois.D’après eux, le soleil et la lune sont attaqués dans leurcourse par des monstres vivants, qui ne sont autres queles animaux qui peuplent le firmament et dont on a faitdes constellations. Les éclipses des deux astres sont duesaux victoires momentanées de ces adversaires. Cf. Ozanam, Études germaniques, Paris, 1894, 6e édit., t. i, p. 79. Chez les anciens Égyptiens, c’était un serpentgigantesque, Apôpi, qui s’élançait du Nil pour attaquerRâ, le soleil. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 90-93.Certains commentateurs estiment que l’auteur de Job, m, 8, se réfère à ces croyances quand il parle de «ceuxqui maudissent le jour et savent faire lever Léviathan», le monstre qui combat le soleil et produit les éclipses.Cf. Dillmann, Hiob, Leipzig, 1869, p. 27. Dans cette interprétation, Dieu, qui crée la splendeur et la sérénité descieux, serait considéré comme le tout - puissant Maîtrequi réduit le Dragon à l’impuissance en le transperçant.Il convient de dire toutefois que, si l’auteur sacré faitvraiment allusion à cette croyance de son époque, c’està titre purement poétique, et sans autoriser pour le fondune théorie qui serait en contradiction avec tout le reste

de son livre.

H. Lesêtre.

DRAPEAU. Voir Étendard.

    1. DRECHSLER Christoph Moritz Bernhard Julius##

DRECHSLER Christoph Moritz Bernhard Julius, théologien protestant conservateur, né à Nuremberg leIl août 1804, mort à Munich le 19 février 1850. En 1825, il expliqua l’Ancien Testament à Erlangen, en qualité deprivâtdocent. Il devint, en 1833, professeur extraordinairede langues orientales dans cette même ville, et professeurordinaire, en 1841. En 1848, il fut obligé de donnersa démission et se retira à Munich, où il demeura jusqu’àsa mort. On a de lui: Die Unwissenschaftlichkeitim Gebiete der aîtestamentlichen Kritik betegt aus denSchriften neuerer Kritiker besonders der Herren vonBohlen und Vatke, in-8°, Leipzig, 1837; Die Einheitund Aechtheit der Genesis oder Erklârung derjenigenErscheinungen in der Genesis, welche wider den mosaischenUrsprung derselben gélten gemacht werden, in-8°, Hambourg, 1838; Der Prophet Jesaja, ùbersetztund erklârt, travail inachevé dont il publia lui-même lapremière partie (ch. i-xii), in-8°, Stuttgart, 1844-1845, et la première moitié de la seconde partie (ch. xiil-xxvii), in-8°, Stuttgart, 1849. Les chapitres xxviii-xxxix, trouvésdans ses papiers après sa mort, furent publiés in-8°, àBerlin, 1854, par Frz. Delitzsch et Aug. Hahn. Pour laseconde partie d’Isaïe, Drechsler n’avait laissé que quelquesnotes, qui furent utilisées pour l’achèvement du commentairepar les mêmes éditeurs, qui le publièrent à Berlin, endeux fascicules in-8°, 1856 et 1857. — Voir H. Ewald, Jahrbûcherder biblischen Wissenschaft, t. ii, 1849, p. 60-63; AUgenieine deutsche Biographie, t. v, 1877, p. 387.

    1. DROITE##

DROITE (MAIN). Voir Main.

DROMADAIRE. Voir Chameau, col. 520.

    1. DRUSILLE##

DRUSILLE (Apovio(XXa), fille dllérode Agrippa I"

et femme de Félix, gouverneur de Judée. — Les Actesdes Apôtres, xxiv, 24, mentionnent Drusille dans le récitde la comparution de saint Paul devant son mari Félix, après son arrestation à Jérusalem par le tribun Lysias.Saint Luc dit seulement qu’elle était Juive. Elle naquiten l’an 38 après Jésus-Christ, et, en 43, elle fut fiancéeà Antiochus Épiphane, fils d’Antiochus IV Épiphane, roide Commagène; mais le mariage n’eut pas lieu, parcequ’Épiphane refusa de se faire circoncire. Joséphe, Ant.jud., XX, vii, 1. Elle fut mariée à Azizus, roi d’Émèse, à l’âge de quatorze ans. Josèphe, Ant. jud., XIX, IX, 1; XX, vii, 1. Peu après son mariage, Félix, qui venait d’êtrenommé gouverneur de Judée, devint épris d’elle et résolutde l’épouser. Il réussit, à l’aide d’un magicien deCypre, nommé Simon, à lui faire abandonner son mari, et la prit pour femme, malgré la loi qui défendait à uneJuive d’épouser un païen. Josèphe, Ant. jud., XX, vii, 2.Drusille eut de Félix un fils nommé Agrippa, qui péritdans une éruption du Vésuve. Josèphe, Ant. jud., XX, vu, 2. On ignore l’époque de la mort de Drusille. —Tacite, Hist., v, 9, dit que la Drusille femme de Félix étaitpetite-fille de Cléopâtre et d’Antoine; mais les indicationsdonnées par Josèphe concordent mieux avec le passagedes Actes, qui dit que Drusille était Juive. Il n’y a dureste dans l’histoire ancienne aucune trace de l’existenced’une Drusille petite-fille d’Antoine. Il n’y a non plusaucune raison d’admettre l’existence de deux Drusille, successivement femmes de Félix. E. Beurlier.

    1. DRUSIUS Jean##

DRUSIUS Jean, théologien protestant, dont le vrainom est Van der Driesche, né à Oudenarde le 28 juin 1550, mort à Franeker le 12 février 1616. Après avoir étudiéà Gand et à Louvain, il se rendit, en 1567, en Angleterre, où son père, convaincu d’erreurs calvinistes, avait trouvéun refuge. En 1571, à l’âge de vingt-deux ans, il futnommé professeur de langues orientales à Oxford. Ilretourna ensuite dans les Pays-Bas. Le 30 juin 1577, ilfut nommé professeur de langues orientales à l’universitéde Leyde, qu’il quitta en 1585, pour aller enseignerà Franeker. Toute sa vie fut consacrée à l’étude de laBible, et il fut un des premiers qui prit soin de rechercherles fragments des versions grecques autres que lesSeptante qui se rencontrent dans les Pères. Ses coreligionnairesl’accusèrent tantôt de tendances arminiennes, tantôt de trop favoriser le catholicisme. Nous mentionneronsparmi ses ouvrages: In psalmos Davidis veteruminterpretum ques exstant fragmenta, in-4°, Anvers, 1581; Ad voces ebraicas Novi Testamenti commentarius, in quo prœter explicationem vocum varias neclevés censures, in-4°, Anvers, 1582; Queestionum acresponsionum liber, in quo varia Scriptures loca explicanturaut emendantur, in-8°, Leyde, 1583; Ebraicarumqueestionum, sive qusestionum ac responsionum libriduo, videlicet secundus ac tertius, in-8°, Leyde, 1583; Animadversionum libri duo: in quibus prestér dictionemebraicam plurima loca Scripturse interpretumqueveterum explicantur, emendantur, in-8°, Leyde, 1585; Esthera ex interpretatione S. Pagnini et Joh. Drusiiin eam annotationes. Additiones apocryphes ab eodemin latinum sermonem conversas et scholiis illustrâtes, in-8°, Leyde, 1586; Historia Ruth ex ebreso latine conversaet commentario explicata. Ejusdem historiés translatagrssca ad exemplar complutense et notes in eamdem.Additus est tractalus: an Reuben mandragorasinvenerit» in-8°, Franeker, 1586; Miscellanea locutionumsacrarum, tributa in centurias duas: in quibus prseterScripturas varia iheologorum loca, Augustini preecipueillustrantur aut emendantur, in-8°, Franeker, 1586; Parallela sacra, id est locorum Veteris Testamenti cumiis quse in Novo citantur conjuncta commémorationebraice et gresce, in-4°, Franeker, 1588; Proverbiorumclasses dues in quibus explicantur proverbia sacra etex sacris orta; item sententies Salomonis et allegorisc,

II. - 48

in-8°, Franeker, 1590; Lectiones in prophetas Nahum, Habacuc; Sophoniam, Joelem, Joriam, Abdiam. Ingrsecam editionem conjectanea et interpretum veterumqux exstant fragmenta, in-8°, Leyde, 1595; Ecclesia-, sticus, grsece ad exemplar romanum, et latine ex inter-ipretaiioneJ. Drusii: cum castigationibus sive notisejusdem, in-4°, Franeker, 1596; Proverbia Ben-Sirx, authoris antiquissimi, in latinam linguam conversa, scholiisque aut potius commentario illustrata. Accesseruntadagiorum ebraicorum decurix alujuot numquamantehac éditas, in-4°, Franeker, 1597; In prophetamHoseam lectiones. In grsecam editionem LXX conjectaneaet veterum interpretum qux exstant fragmenta, in-8°, Franeker, 1599; Quxstionum ebraicarum libritrès, in quibus innumera Scripturx loca explicanturaut emendantur, in-8°, Franeker, 1599; In prophetamAmos lectiones; in grsecam editionem conjectanea etveterum interpretum quse exstant fragmenta, in-8°, Franeker, 1600; Liber Hasmonseorum, qui vulgo priorMachabxorum, grxce ex editione romana, et latine exinterpretatione J. Drusii, cum notis sive commentariolo, in-4°, Franeker, 1600; De nomine Dei Elohim, in-8°, Franeker, 1603; De Hasidseis quorum mentio inUbris Machabseorum libellus, in-8°, Franeker, 1603; De nomine Dei proprio quod Tetragrammaton vocant, in-8°, Franeker, 1604; Responsio ad Serarium Jesuitamde tribus sectis Judseorum, in-8°, Franeker, 1605; Annotationumin totum Jesu Christi Testamentum, siveprxteritorum libri decem. In quibus prseter alia consensusostenditur Synagogx isræliticse cum Ecclesiachristiana, in-4°, Franeker, 1615; Henoch, sive de patriarchaHenoch, ejusque raptu et libroe quo Judasapostolus testimonium profert. Ubi et de libris in Scripturamemoratis qui nunc interciderunt, in-4°, Franeker, 1615; Ad voces ebraicas Novi Teslamenti commentantduo, in-4°, Franeker, 1616; In Novum Testamentumannotationum pars altéra, in-4°, Franeker, 1616. Des nombreux ouvrages manuscrits que cet auteurlaissa en mourant un petit nombre seulement fut publié, parmi lesquels: Commentarius ad loca difficiliora Pentateuchi, in-4°, Franeker, 1617; Commentarius ad locadifficiliora Josuss, Judicum et Samuelis, in-4°, Franeker, 1618; Veterum interpretum grsecorum, Aquilse, Symmachi et Theodotionis in Vêtus Testamentum fragmenta, ex antiquis veterum scriptorum libris collecta, ndditis nonnullise propria Patrum lectione collectis, in-4°, Arnheim, 1622; Commentarius in Prophetas minoresxii, quorum vin antea edili nunc auctiores: reliqui IV jam primum prodeunt, in-4°, Amsterdam, 1627; In Coheleth sive in Ecclesiasten annotationes, in-4°, Franeker, 1635; Scholia in librum Job, in-4°, Franeker, 1636. La plupart des ouvrages précédents setrouvent dans les Critici sawi, 13 in-f°, Amsterdam, 1628(voir col. 1119); on y rencontre en outre: Notse majores inGenesim, Exodum, Leviticum, et priora xyin cap. Numerorum, t. i et il; Scholia in versionem HieronymiPsalmorumpriorum liv, t. iv; Commentatio in xixPsalmospriores in qua veterum editiones examinantur, corriguntur, explicantur, t. iv; Salomonis Sententimjuxta ordinem alphabeti per locos communes digestx, t. IV; Adnolationes in versionem Vulgatam Hosex, Joelis, Amosi, Michsese, Habacuc et Sophonise, t. v; Lectiones ad Michxam, Habacuc, Zephaniam et Zathariam, t. v. — Voir A. Curiander, Vitse operumqueDrusii delineatio, in-4°, Franeker, 1616, et Critici sacri, t. vi, p. xxxiii; Richard Simon, Histoire critique du’Vieux Testament (1685), p. 236, 443; Paquot, Mémoirespour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. v(1765), p. 104; L. Diestel, Geschichte des Alten Testamentesin der christlicken Kirche, in-8°, Iéna, 1869,

p. 422-424..

B. Heurtebize.

    1. DRUTHMAR Chrétien##

DRUTHMAR Chrétien, moine bénédictin, né en

Aquitaine, mort dans la seconde moitié du ix «siècle.Après avoir fait profession de la vie religieuse à l’abbayede Corbie, en Picardie, dont les écoles étaient célèbres, il fut envoyé au monastère de Stavelot, dans le diocèsede Liège, où il enseigna l’Écriture Sainte. Nous n’avonsde cet auteur qu’une Expositio in Matthseum et quelquescourts fragments sur les Évangiles de saint Luc et desaint Jean. Ses ouvrages, imprimés pour la première foisen 1514, se trouvent dans le t. cvi, col. 1259-1520 de laPatrologie latine de Migne. — Voir Histoire littérairede la France, t. v, p. 84; Ziegelbauer, Historia rei litt.Ord. S. Benedicti, t. ii, p. 26; t. iv, p. 47, 48, 79, 708; Fabricius, Biblioth. latina médise setatis (1858), t. i, p. 345; dom Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés

(1862), t. xii, p. 419.

B. Heurtebize.

    1. DUBLINENSIS##

DUBLINENSIS (CODEX), manuscrit de la versionlatine de la Bible antérieure à saint Jérôme. Il appartientà la bibliothèque de TrinityCollège, à Dublin, où il estcoté A. 4. 15. Dans l’appareil critique du Nouveau Testament, il est désigné par la lettre r. Il a appartenu àl’évêque anglican Ussher, et de là son nom de CodexUsserianus. L’écriture est du vi «siècle selon M. Gregory, du vu’selon M. S. Berger. Hauteur: 18 cent.; largeur: 13.Le manuscrit contient les quatre Évangiles dans l’ordreMatthieu, Jean, Luc, Marc. Le texte, préhiéronymien, appartient à la famille des textes «européens»; mais, selon M. Berger, il représente une recension particulièreet certainement irlandaise. Il a été publié parM. T. K. Abbott, Evangeliorum versio antehieronymianaex Codice Usseriano, Dublin, 1884. Voir Gregory, Prolegomena, p. 963, et Samuel Berger, Histoire de laVulgate, p. 31 et 381. P. Baiiffol.

DUC, oiseau appartenant à la famille des rapacesnocturnes et au genre Chouette. Voir Chouette. Lesducs ont autour des yeux un disque incomplet de plumesqui peuvent se redresser. Leur bec est recourbé depuisla base. On distingue trois espèces de ducs: le grand-duc, strix bubo; le moyen-duc, strix otus, et le petitduc, strix scops.

1° Le grand-duc a soixante et quelques centimètresde hauteur et près de un mètre cinquante d’envergure.Son plumage est tacheté de raies brunes. Son bec et sesongles sont noirs, très crochus et très forts. Avec sesgrands yeux fixes, le grand-duc supporte mieux la lumièreque les autres nocturnes; aussi il sort plus tôt lesoir et rentre plus tard le matin. Il est très courageuxet lutte même avec l’aigle. Il se nourrit de lièvres, delapins, de mulols, d’oiseaux, de batraciens, de reptiles, etc. Il pousse un cri, houhou, d’un caractère lugubre, qui, retentissant au milieu de la nuit, épouvante les animauxdont le rapace doit faire sa pâture. Il vit, par pairessolitaires, dans les forêts d’Europe et d’Afrique, et préférablementdans les anfractuosités des rochers et lescrevasses des monuments en ruine. — Tristram, Thenatural history of the Bible, Londres, 1889, p. 195, signale comme très répandu en Egypte, en Arabie et enSyrie, le bubo ascalaphus, analogue au bubo maximusd’Europe. Ce grand-duc fréquente les anciens templeségyptiens et établit son nid sur les pyramides. Les rocherset les ruines de Pétra en abritent en très grandnombre. On le rencontre en Palestine, de Bersabée auCarmel, et partout où se dressent des ruines, à RabbathAmmon, à Baalbek, etc. Dans le désert de Juda, où lesruines font défaut, il habite et fait son nid dans les monticulesde sable. Mais il est très sauvage, et jamais on nel’aperçoit ni dans les villes ni dans les endroits oùl’homme réside. — Selon toute probabilité, c’est le grand-ducqui est désigné dans la Bible sous le nom de yan-Sûf, Lev., xi, 17; Deut., xiv, 16, ou yaniôf, Is., xxxiv, 11.Cf. l’assyrien esSepu, qui désigne un oiseau du genrechouette. Le yanèûf est rangé parmi les animaux impurs,

comme les antres râpa ces, et Isaïe le nomme parmi lesoiseaux qui habiteront les ruines désolées de l’Idumée, cequi convient parfaitement au grand-duc, encore aujourd’huisi abondant dans les ruines de Pétra. Bochart, Rierozoicon, Leipzig, 1793, t. ii, p. 281, fait venir yansûfdenéséf, «crépuscule,» étymologie qui concorde bien avecle genre de l’oiseau en question. Gesenius, Thésaurus, .p. 923, préfère tirer yansuf du verbe nâsaf, «souffler, respirer,» et en faire le nom d’une espèce d’ardea ougrue à cris gutturaux. Cette étymologie est moins probableque la précédente. Les anciennes versions ont tra--duitle mot hébreu par ïg-.ç, ibis. Mais pareille traductionest absolument inacceptable, au moins dans le passaged’Isaïe, xxxiv, 11. L’ibis est un oiseau qui ne vit que dansles marais et au bord des fleuves. Il lui serait impossibled’habiter dans les ruines de Pétra, où le prophète signalela présence du yansôf.

2° Le moyen-duc ou hibou. Voir Hibou.

3° Le petitduc, ou scops, est le plus petit des oiseauxdu genre chouette; il n’a pas plus de dix-huit à vingtcentimètres. Il a de longues touffes de plumes aux oreilles.Son plumage est élégamment nuancé de gris, de rouxet de noir. Cet oiseau est très familier et il s’apprivoiseaisément. Il détruit beaucoup de mulots, de souris etd’animaux nuisibles à l’agriculture. Il est très commundans l’Europe méridionale et surtout en Italie. — EnPalestine, on rencontre dans les ruines le scops giu, queles Arabes appellent marouf. Tristram, loc. cit., conjecturequ’Isaïe, xxxiv, 15, parle de cet oiseau sous le nomde qippôz. Ce nom reproduirait à peu près, par onomatopée, le cri du petit-duc. Les anciennes versions ontrendu qippôz par ë^îvoç, ericius, «le hérisson.» Mais leprophète dit que le qippôz fait son nid, qinhên, verbequi n’est employé qu’à propos d’oiseaux. Ps. civ, 17; Jer., Xlviii, 28; Ezech., xxxi, 6. Il ajoute qu’il pond, temallêt, et qu’ensuite il brise ses œufs pour en faire sortir lespetit*, bâq’âh. Le qippôz est donc un oiseau. Bochart, Mierozoicon, t. iii, p. 19, en fait un reptile, le serpensjaculus. Rien ne justifie cette identification. Le parallélisme, si tant est qu’il soit sensible dans ce chapitred’Isaïe, réclame plutôt un oiseau pour correspondre auvautour, mentionné immédiatement après. Quelques auteursont supposé que qippôz est une faute de transcriptionpour qippôd, «butor.» Voir Butor. Mais le qippôdest déjà nommé dans la même prophétie d’Isaïe, xxxiv, 11, et le prophète, qui dans tout ce passage fait une énumérationd’animaux sauvages, n’a pas dû revenir deuxfois sur le même oiseau. Le plus probable est donc que

le qippôz et le petit-duc ne font qu’un.

H. Lesêtre.

    1. DUDIA##

DUDIA (hébreu: Dodaï; Septante: AuSta), père d’Éléazar, un des chefs de l’armée de David. I Par., xxvii, 4.Son Vrai nom est Dodo. I Par., xi, 25. Voir Dodo 3.

DUEL (hébreu: De’û'êl; Septante: ’PaYoijTJ}.), pèred’Éliasaph, de la tribu de Gad, à l’époque du dénombrementdes Israélites au pied du Sinaï. Num., i, 14; vi, ’42, 47; x, 20. Au chapitre ii, 14, il est appelé, dans laplupart des éditions du texte hébreu, Re’û'êl, par lechangement du t, daleth, en i, resch. Il est difficile dedéterminer avec certitude ce que devait porter l’original, -à cause de la divergence des autorités. Si les Septante etle syriaque ont partout R, la Vulgate, le samaritain, leTargum de Jonathan, l’arabe (édition de Paris), ont D.Un" bon nombre de manuscrits hébreux ont De’û'êl dansNum., ii, 14. E. Levesque.

DU FOUR Jean Vital, docteur de l’Université deParis, ministre provincial des Frères Mineurs d’Aquitaine, crée cardinal et évêque d’Albano par Jean XXII, mort le 16 août 1326, a laissé plusieurs ouvrages, dont’quelques-uns ont dû à leur mérite d’être livrés au public «deux siècles après la mort de l’auteur. 1. Spéculum

morale totius Sacrée Scripturse, in quo universa fermeloca Veteris et Novi Testamenti rmjstice explanantur.Une première édition de ce livre fut donnée par le libraireJean Moylin (le lieu, non indiqué par les bibliographes, nous semble devoir être Lyon); une seconde parut àLyon, en 1563, in-4°; une troisième à Venise, chez Fioravanti, en 1594, in-f°; une quatrième encore à Venise, «apud Minimam Societatem,» in-4°, et celle-là le bibliographefranciscain Jean de Saint -Antoine assure l’avoirexplorée. 2. Conimentaria in Proverbia Salomonis; 3. In quatuor Evangelia; 4. In Apocalypsim. Ces ouvragesont longtemps subsisté en manuscrit chez lesDominicains de Bologne, puis ont été publiés à Venise, par les soins du cardinal Sarnano. 5. Quelques bibliographesattribuent encore au même auteur des Commentairessur les Psaumes ii, lxvii, cxiv, dont ils n’indiquentpas le sort. P. Apollinaire.

    1. DUGONG##

DUGONG, mammifère marin (fig. 506) appartenantà l’ordre des sirénides, comme le lamantin actuel etl’halithérium fossile.

I. Histoire naturelle. — Les sirénides ont un corpspisciforme, terminé par une nageoire caudale disposéehorizontalement et pourvu de mamelles pectorales. Ils sedistinguent des phoques par l’absence de membres postérieurs.Leurs membres antérieurs ont une espèce demain dont les doigts sont enfermés dans une gaine depeau, de manière à former une sorte de rame natatoire.Le dugong a la queue échancrée en croissant. De samâchoire supérieure descendent deux incisives de quinzecentimètres de longueur en forme de défenses. La tête serattache au corps par un cou gros et court et forme enavant un museau arrondi. Tout le corps est couvert degros.poils. La. taille peut atteindre quatre à cinq mètresde long et même plus. Les mœurs du dugong, commed’ailleurs celles des sirénides en général, sont très douces.Ces animaux vivent en troupes, et l’on remarque un trèsvif attachement entre le mâle, la femelle et les petit*d’une même famille. Les nègres de l’archipel Indienappellent la femelle du dugong «mama di l’eau», à causede la tendresse qu’elle a pour ses petit*. On met à profitcet attachement pour capturer ces mammifères; car, sitôtque l’un d’eux est harponné, les autres membres de lafamille accourent pour le défendre et partager son sort, et il est alors facile de s’en emparer. Les dugongs ne serencontrent que dans l’archipel Indien et dans la merRouge. Ils fréquentent principalement l’embouchure desrivières et ne quittent pas les eaux peu profondes danslesquelles les algues marines leur fournissent la nourriture.Le nom de «dugong» viendrait, croit-on, du malaisdoûyoung, qui se retrouve dans d’autres langues de l’archipelIndien sous la forme roudjong ou rouyong.M. Devic, Dictionnaire étymologique, à la suite du Dictionnairede la langue française de Littré, Paris, 1884, p. 32. Le nom scientifique de l’animal est «halicore», c’est-à-dire «vierge dû mer», de même que les lamantinssont appelés «femmes de mer», probablement par allusionà la fable antique des sirènes, moitié femmes etmoitié poissons.

H. Identification avec le tahas biblique. — 1° Ilest plusieurs fois question, à l’époque de Moïse, depeaux de takaS, Num., iv, 6, 8, 10-12, 14, ou de (ekôsîm, Exod., xxv, 5; xxvi, 14; xxxv, 7, 23; xxxvi, 19; xxxix, 34, qui sont employées pour couvrir le Tabernacle, et envelopper, pendant les marches, l’arche d’alliance, la tablede proposition, le chandelier et les différents ustensilesdu culte. Au lieu de’or ou’ôrôt tahai, «peau» ou a peauxde tahas», on emploie même, pour désigner ces peaux, le seul mot de (ahaë. Num., IV, 25. En dehors de l’Exodeet des Nombres, (ahaS ne se retrouve plus que dansÉzéchiel, xvi, 10, qui l’emploie seul comme dans ce dernierpassage des Nombres. Le prophète, décrivant lesbienfaits du Seigneur sous la figure de magnifiques pa

rures, dit à Jérusalem que Dieu lui a donné des souliersde tahaS. — 2° Les anciens ont pris ce mol pour la désignationd’une couleur, Septante: Bipftara ûaxivOtva, ûâxiv60v; Josèphe, Ant. jud., III, vi, 1, 2: àâxiOov; Aquila, Symmaque: îàvOivoc; chaldéen et syriaque: sasgônâ’, «rouge écarlate;» Vulgate: pelles ianthinx, ianthinum. Bochart, Hierozoicon, Leipzig; 1793, t. ii, p. 387, et Rosenmûller, Ezeckiel, Leipzig, 1808, p. 420, regardent aussi fahaS comme le nom d’une couleur tirantsur le pourpre. Celte opinion a contre elle d’abord l’usagedu pluriel ïehàsim, qui ne s’explique pas si tahaS est lenom d’une couleur, et qui est pourtant répété six fois dansl’Exode. De plus, les peaux qui servent à couvrir le tabernaclesont de deux sortes: des peaux de bélier teintes enrouge et des peaux de fahas. Exod., xxvi, 14; xxxv, 7, 23, etc. Pourquoi, d’une part, l’indication de l’animal quifournit la peau, et, de l’autre, la simple indication de lacouleur? — 3° Les talmudistes les premiers soutinrentque le mot taliaS était le nom d’un animal et que cetanimal ressemblait au furet. Schabbath, ii, 28. D’aprèsRoberlson, Thésaurus linguse sanctse, Londres, 1680,

gine étrangère, si même on l’a tiré de l’hébreu tahas, ce que rien absolument ne démontre, il n’y aurait pasencore là de preuve pour identifier le taxus avec l’animalnommé par Moïse. — 4° D’autres auteurs ont reconnudans le tahaS un mammifère marin. D’après Rau, Commentatiode Us qux ex Arabia in usum Tabernaculifuerunt petita, Utrecht, 1755, et Faber, Archâologie derHebràer, Halle, 1773, p. 115, ce mammifère serait lephoque. Sans exclure le blaireau, Gesenius pense que letahaS peut être identifié avec le lukas arabe, c’est-à-dire, le dauphin ou le phoque. Les phoques abondaient dansla Méditerranée, Strabon, xvi, 767, et chez les ancienson couvrait les tentes de peaux de phoque qui avaient, croyait-on, la propriété de les préserver de la foudre.Plutarque, Sympos., v, 9; Pline, H. N., ii, 56; Suétone, Octav., 90. On a présumé aussi que le (ahaS pourraitêtre le trichecus, «morse» ou «vache marine», identificationimpossible, puisque le morse ne fréquente queles mers glaciales. Les voyageurs qui, depuis le siècledernier, ont visité les bords de la mer Rouge et ont pu.étudier sur place les coutumes des riverains, comme

EOG. — Le dugong.

p. 1299, et quelques autres interprètes, le tairai doits’identifier avec le blaireau. Mais ce dernier, communen Palestine, est très rare dans la presqu’île Sinaïtique.Des raisons de diverse nature devaient d’ailleurs empêcherMoïse de l’employer. Voir Blaireau. Wood, Bibleanimais, Londres, 1884, p. 72, trouve cependant que larareté du blaireau et la difficulté de le capturer en grandnombre rendaient sa peau plus précieuse, plus dignepar conséquent d’inspirer au peuple une haute idée desobjets recouverts d’une pareille enveloppe. Mais cetteraison est sans valeur. Il s’agissait pour Moïse de faireun toit pour le Tabernacle, et ce qui importait ici, c’étaitbeaucoup moins la richesse de la matière que sa solidité.Cette toiture devait, en effet, résister pendant de longuesannées non seulement à la fatigue du transport, maisaussi à l’effet des intempéries, et particulièrement de cespluies torrentielles qui fondent tout d’un coup sur lesdifférents points de la presqu’île. Cf. Zschokke, Historiasacra antiqui Testamenti, Vienne, 1888, p. 105. D’autrepart, le toit du Tabernacle était formé de deux espècesde peaux: de peaux de béliers, qui étaient en dessous, etde peaux de (ahas, par-dessus les premières. Exod., xxvi, 14; xxxvi, 19. Il va de soi que les peaux les plus résistantesétaient celles du dehors, et que les peaux de béliersauraien* été placées par-dessus les peaux de blaireaux, si ces ornières avaient été employées. Le nomdu blaireau, miles taxus, ne saurait être un argumentpour confondre le taxus avec le (ahaS. Le mot taxus estrelativement récent. On le lit pour la première fois, sousla forme taxon, dans le De mirabilibus Scripturx, impriméparmi les œuvres de saint Augustin, t. xxxv, col. 2158, mais bien postérieur à ce Père. Si, commel’insinue Gesenius, Thésaurus, p. 1500, le mot a une oriRûppel, Burckhardt, Ed. Robinson, etc., ont constatéqu’on utilisait la peau du lamantin et du dugong pourfaire des chaussures, et en ont conclu que ces mammifèrespourraient être le tahas biblique. Cf. Rœdiger, dans leThésaurus de Gesenius, p. 1501. — 5° Aujourd’hui l’onadmet communément que le tahaS n’est autre que ledugong. Cet animal abonde dans le golfe d’Akabah etsur les bords de la mer Rouge, et il est d’une facile capture.Rûppel l’avait appelé halicore tabernaculi, estimantque c’était l’animal dont la peau avait servi à couvrir leTabernacle; ce dugong est probablement le même quecelui qui est connu sous le nom de halicore hemprichii.Les Arabes des environs du Sinaï l’appellent tûn. Sapeau, grossière et commune, peut fort bien servir decouverture. On en fait des chaussures, dont se serventencore les Bédouins de nos jours. Les sandales fabriquéesavec une autre peau, même celle de chameau, seraient vite coupées par les arêtes de rochers. Cf. Robinson, Biblical researches in Palestine, mount Sinaï andArabia Petrœa, Londres, 1867, 1. 1, p. 116; Jullien, Sinaïet Syrie, Lille, 1893, p. 149; Tristram, The naturalhistory of the Bible, Londres, 1889, p. 44, 45. Les peauxde dugong ont été très propres à l’usage qu’indiqueMoïse, à raison de leur épaisseur et de leurs dimensions.Il n’est pas impossible non plus, bien que l’Écriture n’en, parle pas, que les Israélites se soient fait des chaussuresde même matière. — Le dugong ne se trouvant que surles rivages de la presqu’île Sinaïtique, on s’explique trèsbien que l’emploi de sa peau ait cessé à partir de l’établissem*ntdu peuple en Palestine. — 6° Les souliers defemme, dont parle Ézéchiel, xvi, 10, sont également en, peau de tahaS. Cette peau semble à Robinson, loc. cit., bien grossière pour qu’on en puisse fabriquer des chaus

sures élégantes. Aussi quelques auteurs pensent-ils quele mot tahaê pourrait s’appliquer d’une manière généraleà quelques autres mammifères marins, dont plusieurspeuvent fournir une peau plus line. Mais il n’est pasnécessaire de recourir à cette supposition pour expliquerle texte d’Ézéchiel. Il est fort concevable qu’à l’époquedu prophète la peau de lahas ait été considérée commed’une certaine valeur à Jérusalem, soit à cause de soncaractère exotique, soit à raison de la perfection avec laquelleelle était ouvrée par les Égyptiens ou par les Phéniciens.— Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et lacritique rationaliste, 4e édit., t. IV, p. 397-399.

H. Lesêtre.

    1. DUGUET##

DUGUET, DU GUET André Jacques Joseph, théologienjanséniste français, né à Montbrison le 9 décembre1649, mort à Paris le 25 octobre 1733. Entré dansla congrégation de l’Oratoire, il fut ordonné prêtre aumois de septembre 1677, et enseigna à Troyes et à ParisIl se montra toujours fort attaché aux doctrines jansénisteset refusa de se soumettre à la bulle Vnigenitus.En conséquence, il abandonna les Oratoriens au moisde février 1685, et se retira à Bruxelles, près d’AntoineArnaud. Il resta fort peu de temps en Belgique et revintà Paris. Très; lié avec le fameux P. Quesnel, il revit lemanuscrit des Réflexions morales sur le Nouveau Testament.Parmi ses nombreux écrits, qui forment plus decent volumes, nous citerons: Règles pour l’intelligencedes Saintes Écritures (avec une préface de M. l’abbéd’Asfeld), in-12, Paris, 1716; La Genèse en latin et enfrançais, avec une explication du sens littéral et du sensspirituel, tirée de l’Écriture Sainte et de la tradition(en collaboration avec l’abbé d’Asfeld), 2 in-12, Paris, 1732; Explication du livre de la Genèse où, selon laméthode des saints Pères, l’on s’attache à découvrir lesmystères de Jésus-Christ et les règles des mœurs renferméesdans la lettre même de l’Écriture (en collaborationavec l’abbé d’Asfeld), 6 in-12, Paris, 1732; le premiervolume de cet ouvrage avait été publié l’annéeprécédente: Commentaire sur l’ouvrage des six jours, in-12, Paris, 1731. Une autre édition en fut donnée sousle titre: Explication de l’ouvrage des six jours, où l’ona joint les explications des chapitres xxxviii et xxxixde Job et des Pseaumes xviii et ciii, qui traitent de lamême matière, in-12, Paris, 1736; Explication du livrede Job où, selon la méthode des saints Pères, l’on s’attacheà découvrir les mystères de Jésus-Christ et lesrègles des mœurs renfermées dans la lettre même del’Écriture, 4 in-12, Paris, 1732; Explication du livrede Saul, 4 in-12, Paris, 1732; Explication du livre desPseaumes, 7 in-12, Paris, 1733; Explication du livre deJob, 4 in-12, Paris, 1732; Explication de la prophétied’Isaïe, 6 in-12, Paris, 1734; Explication de cinq chapitresdu Deuléronome et des prophéties d’Habacuc etde Jonas, in-12, Paris, 1734; Préface sur le livre de Job, in-12, Amsterdam, 1734; Explication des livres des Roiset des Paralipomènes, 3 in-12, Paris, 1738; Le livre desJPseaumes avec des sommaires, in-12, Paris, 1740; Explicationdu Cantique des cantiques, de la prophétie deJoël, avec l’analyse du livre de Job, in-12, Paris, 1754; Explication du livre de la Sagesse, in-12, Paris, 1755; Explication de l’Épitre de saint Paid aux Romains, in-12, Avignon, 1756. — Voir André, L’esprit de M. Duguet, ou Précis de la morale chrétienne tirée de ses-écrits, in-12, Paris, 1764; Dictionnaire des livres jansénistes, t. III, p. 133; Quérard, La France littéraire, t. ii,

p. 652.

B. Heurtebize.

    1. DUHAMEL##

DUHAMEL, DU HAMEL Jean-Baptiste, astronomeet littérateur, né à Vire en 1624, mort à Paris le 6 août 1706.II fit ses études à Cæn et à Paris, et, âgé de dix-neuf ans, il entra dans la congrégation de l’Oratoire. II en sortitpour devenir curé de Neuilly-sur-Marne, où il resta jusqu’en1663. Trois ans plus tard, il était nommé secrétaire

perpétuel de l’Académie des sciences, qui venait d’êtrefondée par Colbert. Il accompagna le ministre plénipotentiaireColbert de Croissy pour la signature de la paixd’Aix-la-Chapelle, et le suivit ensuite en Angleterre.Latiniste distingué, il a écrit un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels: Institutiones biblicse, seu ScripturseSacrse prolegomena cum selectis annotationibusin Pentateuchum, in libros historicos Veteris Testamentiet in librum Job, 2 in-12, Paris, 1698. Le second volumede cet ouvrage porte le titre: Annotationes selectx indifficiliora loca Sanctse Scriptural tomus il qui continetannotationes in libros historicos et in librum Job, in-12, Paris, 1699; Liber Psalmorum, cum selectis annotationibusin loca difficiliora, in-12, Reims, 1701; Salomonislibri très Proverbia, Ecclesiastes et Canticum canticorum, item liber Sapientise et Ecclesiasticus cum selectisannotationibus, in-12, Reims, 1703; Biblia sacraVulgatse editionis, Sixti V et Clementis VIII Pont. Max.recognita, versiculis distincta, una cum selectis annotationibusex optimis quibusque interpretibus excerplis, prolegomenis, novis tabulis chronologicis, historicis etgeographicis illustrata, indiceque epistolarum et evangeliorumaucta, in-f», Paris, 1706. Les divers travauxde Duhamel se trouvent reproduits dans ce dernier ouvrage.— Voir Mémoires de Trévoux, 1706, t. ii, p. 618; Journal des savants du 22 mars 1706; Ingold, Essai de

bibliographie oratorienne, p. 41.

B. Heurtebize.

DUMA (hébreu: Dûmâh), nom d’un fils d’Ismaël etd’une ville de la tribu de Juda.

1. DUMA (hébreu: Dûmâh; Septante: Aou(iâ, Gen., xxv, 14; ’160u[iâ, I Par., i, 30; -J)’180u(jiaïa, Is., xxi, 11), fils d’Ismaël, cité dans les listes généalogiques, Gen., xxv, 14; I Par., i, 30, entre Masma et Massa. Ce nomdésigne en réalité une tribu ou un district de l’Arabieseptentrionale, dont il est possible, malgré l’assertion deReuss, Les Prophètes, Paris, 1876, t. i, p. 293, note 1, de déterminer la position géographique. On s’accorde, enelîet, généralement aujourd’hui à identifier -D’, i, Dûmâh,

avec l’oasis appelée J J^J-l ^o>), Doumat el-Djendel,

à sept journées de Damas, à treize de Médine et à quatreau nord de Téima. Cf. C. Niebuhr, Beschreibung vonArabien, in-4°, Copenhague, 1772, p. 344. C’est dansces contrées qu’habitaient d’autres peuplades ismaélites, les Nabatéens (Nabaioth), Cédar, Massa et Théma. VoirArabie, t. i, col. 856-866, et la carte, col. 857. Nous préféronscette opinion à celle de J. G. Wetzstein, Reiseberichtùber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 93, qui place cette tribu à l’est du Hauran. — Doumatel-Djendel, c’est - à - dire «Doumat la rocheuse», ouencore Doumat esch - Schâmiyéh, «Doumat de Syrie,» pour la distinguer de Doumat el-’Irâq, est la Aoù(ji; 9a, Ao-J(ia16a, de Ptolémée, V, xix, 7; la Aoii[i «6a d’Etiennede Byzance; la Domata de Pline, vi, 157 (cf. A. Dillmann, Die Genesis, 6e édit., Leipzig, 1892, p. 314). Cette oasisporte de nos jours le nom d’el-Djôf, et forme la ligne dedémarcation entre le Schâm ou «la Syrie» et Y Iraq, «laBabylonie».

Le Djôf, qui peut avoir en longueur, de l’ouest à l’est, envirç>n cent kilomètres, sur quinze à vingt de large, estsitué entre le désert septentrional, qui le sépare de l’Euphrateet de la Syrie, et le Néfoud méridional. Cependantpar sa situation, son climat, les produits de son sol, il appartient beaucoup moins à la région du nord qu’auxprovinces du centre de l’Arabie, dont il est en quelquesorte le vestibule. Si l’on traçait un triangle équilatéraltouchant par sa base d’un côté à Damas et de l’autre àBagdad, le Djôf en occuperait le sommet; en prolongeantles lignes dans une direction opposée, on rencontreraitMédine au sud-ouest, et Zulpha, vaste entrepôtcommercial du Nédjed, au sud-est. Cette position cen$

traie, non moins que la forme ae son territoire encaisséau milieu des plateaux plus élevés qui l’entourent, afait donner à la province le nom qu’elle porte, Djôf, «entrailles.» C’est le lit desséché d’une petite mer. Unelarge vallée, couverte de palmiers touffus, de groupesd’arbres à fruit, et dont les contours sinueux, descendantpar gradins successifs, vont se perdre dans l’ombreprojetée par des rocs rougeâtres; au milieu de cette oasis, une colline surmontée de constructions irrégulières; plusloin, une haute tour, semblable à un donjon féodal, etau-dessous de petites tourelles, des maisons aux toits enforme de terrasse, cachées dans le feuillage des jardins, le tout inondé par un flot de lumière: tel est l’aspect souslequel le Djôf se présente au voyageur qui arrive par laroute de l’ouest. La localité la plus importante, la seuleque l’on décore du titre de ville, est appelée Djôf-Amèr, du nom du pays même auquel est joint celui de la tribuqui forme la population principale de la ville. Elle a étéformée par la réunion de huit villages autrefois séparés, qui, avec le temps, se sont agrandis et confondus; salongueur totale est de six à sept kilomètres, mais sa plusgrande largeur n’excède pas huit cents mètres. Les jardinssont à juste titre renommés dans l’Arabie entière.On y voit le palmier-dattier, dont les fruits sont préférablesà tout ce que peuvent offrir l’Egypte, l’Afrique etla vallée du Tigre. Les pêches et les abricots, les raisinset les figues surpassent eu saveur et en beauté ceux deSyrie et de Palestine. Dans les champs, on cultive leblé, les plantes potagères, les melons,-etc. Des courantsd’eau limpide favorisent la végétation de ces plainesfécondes. Mais c"est la datte qui constitue l’une des richessesdu pays; elle joue dans l’existence de l’Arabe unrôle incroyable: elle est à la fois le principal élémentdu commerce, le pain de chaque jour, le soutien de lavie. Outre sa capitale, le Djôf contient plusieurs villages, qui obéissent au même gouverneur central. Ses habitantssont richement pourvus des dons extérieurs. Grandset bien faits, ils ont des traits réguliers, une physionomieintelligente, de longs cheveux noirs et bouclés, un maintiennoble et imposant; on retrouve en eux le pur typeismaélite. Leurs membres bien proportionnés, leur expressionpleine de franchise, forment un contraste frappantavec la petite taille, le regard soupçonneux et timide duBédouin. Les Djôiites ont aussi une santé robuste, etgardent jusque dans un âge avancé l’activité de la jeunesse.L’habitude de vivre au grand air, la salubrité duclimat, la sobriété, contribuent puissamment à maintenirla vigueur des Arabes. Cf. "W. G. Palgrave, Central andEastern Arabia, 2 in-8°, Londres et Cambridge, 1865, t. i, p. 46-89; traduction française, 2 in-8°, Paris, 1866, t. i, p. 48-85; Ch. Huber, Voyage dans l’Arabie centrale, dans le Bulletin de la Société de géographie, Paris, 7° série, t. v, 3 8 trimestre 1884, p. 318-326; ladyAnna Blunt, Pèlerinage au Nedjed, dans le Tour dumonde, t. xliii, p. 16-18.

Faut-il appliquer à la contrée que nous venons dedécrire la prophétie d’Isaïe, XXI, 11, 12? Elle est ainsiconçue:

Oracle sur Duma.

On me crie de Séir:

Gardien, où en eston de la nuit?

Gardien, où en est-on de la nuit?

Le gardien répond:

Le matin vient, et la nuit aussi;

Si vous cherchez, cherchez;

Convertissez-vous, venez.

Les commentateurs ne sont pas d’accord sur ce sujet.Quelques-uns prennent Dûmdh dans son sens étymologique, et lui donnent une signification symbolique: Oracle «du silence». Cf. E. Reuss, Les Prophètes, t. i, p. 293. Mais les versions anciennes ont vu ici un nompropre: paraphrase chaldaïque, Dûmâh; syriaque, Dûmâ’; arabe, Edûm. — La plupart des exégètes pensent

qu’il est question de ridumée. C’est ainsi que l’ont comprisles Septante en traduisant:-tô ôpxLa-rii; ’I80U(i.a; a; .Les manuscrits hébreux cependant ne présentent que-deuxvariantes avec’Edôm, et encore n’est-ce là qu’uneexplicationajoutée par les rabbins. Cf. B. de Rossi, .Varise lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1784-1798, t. iii, p. 23; Supplem., p. 49-50. L’opinion est donc plutôtfondée sur ce que la question, ou, si l’on veut, le cri d’angoisse, vient de Séir, c’est-à-dire des montagnes d’Édom.Le prophète aurait ainsi préféré le nom de Dûmâh à cedernier plus connu, afin de marquer par son sens mêmele sort réservé à l’Idumée, qui devait tomber un jour’dans «le silence» de la mort (cf. Ps. xcm [hébreu, , xciv], 17; cxiii [hébreu, cxv], 17). Cf. J. Knabenbauer, .Comment, in Isaiam, in-8°, Paris, 1887, 1. 1, p. 411-414; Trochon, haïe, in-8°, Paris, 1878, p. 119; Fillion, LaSainte Bible, Paris, 1894, t. v, p. 355; E. F. C. Rosenmùller, Scholia in Vet. Testam., Jesaia, Leipzig, 1833, t. ii, p. 88-91. — D’autres ne voient aucune raison pourdistinguer Duma d’Isaïe de Duma de la Genèse et des.Paralipomènes. Si le prophète s’adresse à un gardien de’Séir pour avoir des nouvelles de cette oasis, c’est que’de son temps la plupart des territoires ismaélites étaient; des possessions iduméennes. Lam., iv, 21; Abd., 1, 9.Cf. J. Halévy, Recherches bibliques, in-8°, Paris, 1895, t. i, p. 474, et Arabie, t. i, col. 863. Cette identité est’également admise par Gesenius, Thésaurus, p. 327, etDer Prophet Jesaia, in-8°, Leipzig, t. ii, p. 665-667. Et, , au fait, cette prophétie se relie bien à celles qui suivent, et terminent le chapitre. Voir Dadan2, co1.1203; Cédar2,

col. 357.

A. Legendre.

2. DUMA, nom, dans le texte hébreu, d’une ville de’Juda appelée Ruma dans la Vulgate et’PeLwi dans les; Septante. Jos., xv, 52. Voir Ruma.

    1. DUPIN Louis Ellies##

DUPIN Louis Ellies, né à Paris le 17 juin 1657, mortdans cette ville le 6 juin 1719. Il appartenait à une’ancienne famille de Normandie et fit ses études au collèged’Harcourt. En 1684, il était reçu docteur en Sorbonne, et obtint une chaire de philosophie au collègeroyal. L’ardeur qu’il déploya pour défendre les erreurs; jansénistes le fit exiler à Chàtellérault, et, lorsqu’il putrentrer à Paris, sa chaire ne lui fut pas rendue. Sonprincipal écrit: Bibliothèque universelle des auteursecclésiastiques, lui attira de vives réclamations; le parlementen décréta la suppression; il put toutefois continuercet important ouvrage, grâce à une légère modificationdu titre. Il aurait désiré amener un rapprochemententre l’Église romaine et l’église anglicane, et à ce propos; il a été accusé de se montrer trop favorable aux doctrines; de celle-ci. Clément XI juge très sévèrement cet auteur, qu’il appelle «un homme d’une très mauvaise doctrine, coupable de plusieurs excès vis-à-vis le siège apostolique». Il est certain que, mêlé fort activement à toutes, les controverses qui agitèrent l’Église de France à la findu xvii» siècle, il se laisse souvent entraîner par l’esprit: de parti. Nous citerons parmi ses écrits: Le livre desPseaumes en latin et en français, avec de courtes notespour faciliter l’intelligence du texte, in-12, Paris, 1691; Liber Psalmorum latini, ex duplici vevsione una Vulgata, altéra eadem ad textum hebraicum reformata, cum notis, in-8°, Paris, 1691; Le livre des Pseaumestraduit en françois selon l’hébreu, avec de courtesnotes, in-12, Paris, 1692; Prolégomènes sur la Bible, 3 in-8°, Paris, 1699: cet ouvrage est la dissertation, considérablementaugmentée, sur l’Ancien et le NouveauTestament, qui se trouve au commencement de la Bibliothèqueuniverselle des auteurs ecclésiastiques; PentateuchusMosis cum notis, quibus sensus litteralis exponitur, in-8°, Paris, 1701; Dissertations historiques, chronologiques, géographiques et critiques sur la Bible, ’m-8°, Paris, 1711; Analyse de l’Apocalypse contenant

une nouvelle explication de ce livre avec des dissertationssur les millénaires, in-12, Paris, 1714. — Voirabbé Qoujetj Bibliothèque des auteurs ecclésiastiquesdu xvin’siècle, pour servir de continuation à celle deM. du Pin (1736), t. i, p. 1; Hurler, Nomenclator litterarius

(2° éd.), t. ii, p. 814.

B. Heurtebize.

    1. DUPUY François##

DUPUY François, né à Saint-Bonnet, dans le Forez, vers 1450, mort le 17 septembre 1521. Il fut d’abordofficiai des évêchés de Valence et de Grenoble. Il avaitcinquante ans lorsqu’il entra chez les Chartreux; il sedistingua tellement par ses vertus, que ses confrèresn’hésitèrent pas à l’élire général de l’ordre (1503), malgréle court espace de temps qu’il avait passé en religion. Ona de lui: Catena aurea super Psalmos, in-f° ou in-4°, Paris, 1510, 1520, 1529, 1530, 1533 et 1534.

M. AUTORE.

DURA (chaldéen: Dura"; Septante: Asetpi), nomd’une plaine ou d’une vallée des environs de Babylone, où Nabuchodonosor fit élever la statue plaquée d’or queDaniel et ses compagnons refusèrent d’adorer. Dan., in.Ce nom est assez commun en Babylonie et en Assyrie: Ammien Marcellin, xxiii, 5, et xxv, 6, édit. Didot, 1855, p. 197 et 239, et Polybe, v, 48 et 52, édit. Didot, 1852, p. 294 et 296, mentionnent deux localités ainsi nommées, l’une en Assyrie, l’autre en Mésopotamie. — Les textescunéiformes en mentionnent également plusieurs, spécialementtrois en Babylonie. The Cuneiform Inscriptionsof the Western Asia, t. iv, pi. 38, obv. c. ii, 1. 9-11; Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 216; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the OldTestament, 1888, t. ii, p. 128 et 315. Ce nom, sous saforme babylonienne de duru, signifie «forteresse». —La localité mentionnée par Daniel doit être évidemmentcherchée dans le voisinage de Babylone. On la retrouve, sous son nom ancien de Doura, à huit kilomètres sudestde cette ville, où l’on voit les restes d’un ancien canalnommé Nahr-Doura, «fleuve de Doura,» et des collinesou amas de ruines nommées les tells de Doura. L’uned’elles, en briques séchées au soleil, est de forme si régulière, que les indigènes la nomment el-mohattat, «l’alignée,» haute de six mètres sur une base carrée de quatorzemètres de côté. M. J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, 1. 1, p. 238-240, a supposé que c’était le piédestalmême de la statue de Nabuchodonosor. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 303-304; J. Menant, Babylone et la Chaldée,

1875, p. 244, et la carte, p. 261.

E. Pannier.

    1. DUTRIPON François Pascal##

DUTRIPON François Pascal, correcteur à l’imprimerieAdrien Le Clère, à Paris, né à Nogent-sur-Seine(Aube), en 1793, mort à Paris le 13 décembre 1867.On doit à cet homme laborieux une bonne édition desconcordances verbales latines de la Bible: ConcordantixBibliorum Sacrorum Vulgatse editionis, notis historicis, geographicis, chronicis locuplelatse, in-4°, Paris, 1838; 2e édit., Bar-le-Duc, 1868, etc. (Voir Concordances, col. 899); Verba Christi gallice et latine ex sacrisEvangeliis aliisque Novi Teslamenti libris collecta, in-12, Paris, 1845. 0. Rey.

    1. DYSENTERIE##

DYSENTERIE (grec: Wêvrep/a, de S-jç, particuleinséparable impliquant l’idée de mal, de douleur, depeine, et d’sVrepoc, «entrailles» ), inflammation et ulcérationdes intestins, accompagnée de tranchées, tormina, comme les appelle Celse, et souvent aussi d’hémorragiesintestinales. C’est une des maladies les plus dangereuseset les plus meurtrières des pays chauds, où elle est presquetoujours épidémique. Il en est déjà parlé dans le très ancienPapyrus Ebers, ûberseizt von Joachim, in-8°, Berlin, 1890, p. 9-11. Hérodote, yni, 115, raconte que la dysenterieravagea l’armée perse en Thcssalie. Pendant la campagne d’Egypte (1798-1801), elle fit périr plus de soldatsfrançais que la peste qui sévissait alors dans le pays. En1887, au Caire, sur 16545 morts, 1328 décès ont été dusà la dysenterie, et en 1888, 1321 sur 17754. Kartulis, Dysenterie, p. 8.

1° Cette maladie est celle dont il est question dans lalettre que le prophète Elisée envoya à Joram, roi de Juda: «Voici que Dieu frappera d’une grande plaie ton peuple, tes enfants, tes femmes et tout ce que tu possèdes. Et tuseras [toi-même en proie] à la maladie, tu souffrirasd’un mal d’entrailles jusqu’à ce que tu rejettes tes entraillesjour par jour.» Joram perdit, en effet, sa familleet ses biens. «Et après tout cela, continue le texte sacré, Jéhovah le frappa dans ses entrailles d’une maladie incurable.Et les jours passèrent les uns après les autres, etau bout de deux ans ses entrailles sortirent par l’effet desa maladie, et il mourut de cette maladie mauvaise.» Il Par., xxi, 14-19. Ces paroles expriment très bien leseffets de la dysenterie. «Il semble au malade, dit Sydenham, que toutes ses entrailles vont sortir du corps.» Colin, Dysenterie, dans A. Dechambre, Dictionnaire encyclopédiquedes sciences médicales, i" série, t. xxxi, 1885, p. 27. Plusieurs médecins ont cru que les lambeaux dechair, appelés vulgairement «raclures de boyaux», renduspar les personnes atteintes de la dysenterie, n’étaientque «des productions exhalées à la surface de la muqueuseintestinale sans aucune altération de cette muqueuse, des pseudo - membranes, en un mot, absolumentcomme il s’en forme et comme il en est rejeté dans lesaffections diphtériques… Les autres, au contraire, n’ontvu en ces débris que le résultat de l’exfoliation, plus oumoins large, plus ou moins profonde, de la muqueuseintestinale, et parfois des tuniques sous-jacentes; telleest l’opinion qui a justement prévalu et qui a été, en finde compte, établie par les médecins français, spécialementpar ceux d’Algérie, et par les médecins anglais del’armée des Indes. Le microscope a nettement démontréla nature organisée de ces lambeaux et prouve que leurstructure était identique à celle des organes dont ils sontéliminés». Colin, Dictionnaire, p. 28-29. La dysenteriepeut devenir chronique; c’est la forme qu’elle prit dansle cas du roi Joram, et elle finit par amener sa mort.Colin, ibid., p. 50, 61-66; R. J. Wunderbar, BiblischestalmudischeMedicin, in-8°, Riga, 1850-1860, Abth. iii, p. 16-17.

2° Saint Paul, dans l’île de Malte, guérit de la dysenterie( SuffevTepfot) le père du «Premier», c’est-à-dire dugouverneur de l’Ile, Publius. Act, xxviii, 8. Saint Lucdit que cette dysenterie était accompagnée de fièvres, itupetoî, ce qui, en effet, arrive dans ce cas (aussi Hippocrate, Judicat., 55, 56, etc., joint-il souvent 8u<jEvï£pt’aavec luipetic), et c’est là un des passages qu’on peutapporter en preuve des connaissances médicales de l’auteurdes Actes. K. Hobart, The médical Language ofSt. Luke, in-8°, Dublin, 1882, p. 52-53. «Saint Luc emploiele pluriel (nupeToï; ) en décrivant cette fièvre, dit R. Bennett, The Diseases of the Bible, in-12, Londres, 1887, p. 71-72, et il le fait indubitablement avec son exactitudeordinaire. On ne voit pas cependant avec une entièreclarté ce que signifie ici l’emploi du pluriel. C’est un faitbien connu que la dysenterie est fréquemment accompagnéede fièvres intermittentes paludéennes. Il est doncpossible que le pluriel indique ici simplement cette intermittence.Mais il peut marquer aussi que, par additionaux signes fébriles de la maladie produite par la malaria, la gravité de la dysenterie entretenait cet état de fièvrequi accompagne toutes les formes de désordres inflammatoires, et que le patient avait ainsi une double formede fièvre, symptomalique et essentielle, comme on lesappellerait aujourd’hui.» — Voir Kartulis (médecin àAlexandrie d’Egypte), Dysenterie (Ruhr) mit 13 Abbildungen, in-8°, Berlin, 1896. F. Vigouroux.

E

4. EAU (hébreu: maîm, toujours au pluriel; Septante: flfitop; Vulgate: aqua), substance bien connue, qui se présente ordinairement à l’état liquide, mais peutprendre l’état solide, sous forme de glace, ou l’état gazeux, sous forme de vapeur, suivant la température. Elle secompose chimiquement en poids de 11, Il d’hydrogèneet de 88, 89 d’oxygène, et en volume de 2 d’hydrogènepour 1 d’oxygène, condensés en 2. — La mention del’eau est naturellement fréquente dans la Sainte Écriture.Nous n’indiquons ici que les passages les plus significatifsà différents titres.

I. Phénomènes naturels. — 1° Au début de l’organisationdu globe terrestre par le Créateur, «l’Esprit deDieu couvait les eaux,» c’est-à-dire exerçait sur la surfaceliquide de la terre une action particulière, analogueà celle de l’oiseau qui se tient sur ses œufs pour y entretenirla chaleur et y aider à l’éclosion de la vie. PuisDieu fit au milieu des eaux une étendue, râqîà’, quisépara les eaux supérieures d’avec les eaux inférieures, c’est-à-dire établit la distinction entre les eaux atmosphériques, nuées, pluies, etc., et les eaux condensées à lasurface de la terre, mer, fleuves, lacs, etc. Gen., i, 2, C, 7. — 2° À l’époque du déluge, «toutes les sources del’abîme sont violemment ouvertes et les cataractes duciel sont déchaînées,» ’Gen., vii, 11, c’est-à-dire quel’inondation semble produite à la fois par les sources quidébordent et les nuées qui se déversent. Voir Déluge. —3° Moïse, abandonné par sa mère sur les eaux du Nil, est sauvé par la fille du Pharaon, et pour cette raisonappelé moSéh, «sauvé de l’eau.» Exod., ii, 10. VoirMoïse. — 4° Les eaux des torrents et des cascades fontentendre un bruit majestueux, que la Sainte Écritureappelle la «voix des grandes eaux». Ps. lxxvi, 18; Is., xvii, 12; Ezech., xliii, 2; Apoc, i, 15. — 5° L’eau constituele breuvage naturel de l’homme, surtout en Orient.Geu., xxi, 14; Jud., iv, 10; Ruth, ii, 9; 1 Reg., xxx, 11; 1Il Reg., xix, 16; I Esdr., x, 6; Eccli., xxix, 28; Dan., I, 12; Ose., ii, 5, etc. Les sources de Palestine sont rareset deviennent parfois le sujet de contestations. Gen., xxvi, 20, etc. Voir Puits. On n’y laisse puiser parfois qu’à prixd’argent. Cf. Deut., ii, 6. Elles fournissent en général del’eau excellente. Celle qui se conservait dans une des citernesde Bethléhem paraissait si exquise à David, que troisde ses soldats ne craignirent pas de traverser le camp desPhilistins pour aller lui en chercher. II Reg., xxiii, 15-17.Voir Citerne, col. 787. L’eau sert à laver les pieds, Gen., xxiv, 32; Luc, vii, 44; Joa., xiii, 5, etc.; les mains, Malth., xxvli, 24, etc.; le corps, Lev., xv, 16, etc.; lesvêtements. Lev., xv, 13, etc. — 6° L’eau est employéepour le baptême de Jean, Matth., iii, 11; Marc, I, 8; Luc, iii, 16; Joa., i, 26, et pour le baptême institué parNotre-Seigneur, Act., viii, 38; x, 47; Eph., v, 20. Voirt. i, col. 1435. — 7° Quand le soldat frappa le côté duSauveur mort sur!?. croix, il en sortit du sang et del’eau. Joa., xix, 34. Cette eau était de la lymphe, liquideincolore, qui circule dans les veines lymphatiques ducorps humain, et se trouve assez abondamment dansl’enveloppe du cœur appelée péricarde. — 8° L’eau creuse

la pierre en tombant, Job, xiv, 10, grâce aux particulessolides qu’elle tient en suspension.

H. Phénomènes surnaturels. — 1° Les eaux du Nilsont changées en sang. Exod., vii, 20. Il y a trois manièresd’interpréter ce passage: 1. Le phénomène estpurement naturel. Le Nil revêt plusieurs apparences différentesdurant sa crue annuelle. Au commencement dejuin, ses eaux sont infectées de débris charriés des maraiséquatoriaux et à demi putréfiés qui les rendent très malsaines.Ces détritus végétaux font donner au ileuve lenom de «Nil vert». C’est l’avant-garde de la crue véritable.Peu à peu la grande crue monte, augmente, et àson contact les berges desséchées s’effondrent et sontemportées. «À mesure que les ondes successives se propagentplus fortes et plus limoneuses, la masse entièrese trouble et change de couleur. En huit ou dix jourselle a varié du bleu grisâtre au rouge sombre: à certainsmoments, le ton est si intense, qu’on dirait unecoulée de sang fraîchement répandu. Le «Nil rouge» n’est pas malsain comme le «Nil vert»; les boues qu’ilcharrie, et auxquelles il doit son apparence équivoque, ne lui enlèvent rien de sa douceur et de sa légèreté. Il batson plein vers le 15 juillet.» Maspero, Histoire anciennedes peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 23;

— Les données du texte sacré ne se prêtent nullementà l’identification de la première plaie d’Egypte avec lephénomène du Nil rouge. Le Nil rouge n’apparaît qu’enjuillet, tandis que la plaie se produisit vers le milieu defévrier. L’eau du Nil rouge est excellente, celle du fleuvefrappé par la verge d’Aaron faisait périr les poissons etne pouvait être bue par les Égyptiens. Le phénomène duNil rouge n’eût aucunement étonné le pharaon ni sessujets, habitués à le constater annuellement, et, au lieud’imiter par leurs incantations l’effet opéré par Moïse, les magiciens n’auraient eu qu’à se rire de la naïvetéavec laquelle il prenait pour une merveille une transformationconnue de tous dans le pays. Enfin le changementopéré par Moïse ne dut persister que peu de jours, autrementtous les Égyptiens seraient morts de soif; il fallaitd’ailleurs que les eaux fussent revenues à l’état normalpour que les magiciens intervinssent à leur tour; aucontraire, le phénomène du «Nil rouge» ne commenceà disparaître que vers la fin de septembre, quand la décroissancesuccède à la crue. — 2. Les eaux ont été véritablementchangées en sang, et la transformation portanon seulement sur la couleur, mais sur la nature mêmede la substance. Ainsi l’ont entendu les Pères, et, parmieux, ceux qui vivaient en Egypte et auxquels était familierle phénomène du «Nil rouge». Origène, Homil. ivin Exod., 6, t. xii, col. 321; S. Athanase, inter dubia, Synops. Script. Sacr., 6, t. xxviii, col. 297-298; S. Cyrilled’Alexandrie, Glaphyr. in Exod., ii, 4, t. lxix, col. 477478; t» Joa., IV, vi, 53, t. lxxiii, col. 576, etc. Il est certainque, puisqu’il s’agit ici d’un miracle, rien n’empêchede croire que Dieu a changé les eaux du Nil en un liquideayant la couleur et le goût du sang, et a ainsi rendu répugnantpour les Égyptiens un fleuve qu’ils honoraientcomme un dieu. — 3. Les eaux du Nil n’ont eu qu’une

coloration rouge analogue à celle du sang. Le miracle aconsisté en ce que le phénomène s’est produit en février, par conséquent â une époque insolite; ce serait un miracledu même ordre si, dans nos climats, l’eau desfleuves et des lacs gelait en plein été au commandementd’un homme. Rosenmûller, InExodum, Leipzig, 1795, p. 432. Quelques auteurs catholiques admettent cetteexplication. Glaire, Livres Saints vengés, Paris, 1874, t. ii, p. 9-10. — Mais, pour s’accorder avec le texte sacré, on ne peut pas se contenter de faire consister le miracledans une apparition du «Nil rouge» à une époque anormale.Il faut bien admettre de plus que les eaux ont étérendues malfaisantes, et que par conséquent il y a euquelque chose de changé dans leur nature. Exod., vii, 21.On est donc amené à conclure que les eaux du Nil, semblablesau sang par la couleur, sont devenues mortellespour les poissons et si répugnantes pour les Égyptiens, que ceux-ci ne pouvaient en boire. Cf. Vigoureux, LaBible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. ii, p. 314-322. — 2° Au passage de la mer Rouge, Exod., xiv, 21, 22, et plus tard au passage du Jourdain, Jos., m, 15, 16, les eaux furent divisées et formèrent commeune muraille solide de chaque côté des Israélites. —3° À trois jours de marche de la mer Rouge, les Israélitesparvinrent à un endroit où l’eau était tellementamère, qu’on ne pouvait la boire. Le Seigneur indiquaalors à Moïse un certain bois qui, plongé dans les eaux, les rendit immédiatement potables. Exod., xv, 23-25.Niebuhr, Beschreibung von Arabien, Copenhague, 1772, p. 403, rapporte l’assertion du naturaliste Forskal, d’aprèslequel il existerait un arbuste appelé par les Arabesyharkad, et par les botanistes Peganum retusum, quiaurait la vertu d’adoucir les eaux salées. Niebuhr ajouteque cet arbuste est inconnu aujourd’hui des Arabes dela péninsule Sinaïtique. Rosenmûller, In Exodum, p. 497, affirme de son côté qu’il se trouve plusieurs espèces debois capables de rendre douces les eaux amères, et ilremarque que le Seigneur n’aurait pas montré à Moïseun bois particulier, si ce bois n’avait pas eu une vertupropre. En réalité, les baies du gharkad n’ont sur l’eauaucune influence adoucissante, et personne, ni parmi lesArabes, ni parmi les explorateurs de la presqu’île, neconnaît ou n’a découvert de plante possédant cette propriété.Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, & édit., t. ii, p. 452-455. L’adoucissem*nt des eauxde Mara est donc du à un miracle, et le miracle est d’autantplus manifeste, qu’il porta sur la grande quantité d’eaunécessaire à tout un peuple et produisit instantanémentl’effet attendu. — 4° À Raphidim, puis plus tard auprèsde Cadès, Moïse fit jaillir l’eau du rocher en le frappantde sa verge. Exod., xvii, 6; Num., xx, 6-13. Voir Eau decontradiction. — 5° À Cana, Notre -Seigneur changeal’eau en viii, Joa., ii, 7-9, par un miracle qui porta à lafois sur la substance et sur les accidents de l’eau primitive.

. III. Locutions proverbiales ou symboliques. — 1° Êtreréduit à «acheter l’eau» est un signe de détresse.Lam., v, 4. — 2° V «eau d’angoisse», III Reg., xxii, 27, est la quantité d’eau strictement nécessaire pourvivre. Isaïe, xxx, 20, parle dans le même sens de 1’ «eaucourte». Dans un pays chaud comme la Palestine, ilest fort pénible de ne pas avoir l’eau suffisante pourétancher sa soif. Une terre ou un jardin sans eau sontle symbole de l’abandon dans lequel la justice de Dieusemble laisser les hommes coupables. Ps. cxlii, 6; Is., I, 30. — 3° L’ «eau de fiel», Jer., viii, 14; IX, 15, désigne l’épreuve amère à laquelle Dieu soumet quelqu’un.Comme les eaux des torrents submergent et entraînenttout sur leur passage au moment de leurscrues subites, le malheur est comparé à des eaux quiinondent. Job, iii, 24; xxii, 11; Ps. lxviii, 2, 15, 16; cxxiii, 4, 5; Lam., iii, 54. — 4° L’ «eau furtive» est lesymbole du plaisir défendu. Prov., ix, 17; cf. v, 15. —

5° La fluidité de l’eau donne lieu à plusieurs comparaisons. «Boire l’iniquité comme l’eau,» qui s’absorbe, facilementet à longs traits, Job, xv, 16; xxxiv, 7, c’estcommettre le mal avec fréquence et persévérance. «Répandrecomme l’eau,» c’est encore le signe d’une chosequi s’accomplit avec une aisance excessive. Deut., xii, 16, 24; xv, 23; Job, iii, 24; Ps. xxi, 15, etc. «S’en allercomme l’eau» marque l’énervement, la dissolution desforces. Jos., vii, 5; II Reg., xiv, 14. — 6° Enfin l’ «eauvive», Cant, iv, 15, est le gracieux symbole des grâcesdivines, Zach., xiv, 8, et de la vie surnaturelle communiquéeaux âmes par Jésus-Christ. Joa., iv, 13; vii, 38;

Apoc, xxi, 6; xxii, 1, 17.

H. Lesêtre.

2. EAU DE JALOUSIE (hébreu: mê hammàrîm; Septante: ta û8ù>p toû èXEY(j.oO; Vulgate: aquse amarissimse), eau dont on faisait usage dans le sacrifice dejalousie, minfyaf qenâ’ôt, 6u<ri’a Zrflotvmas, sacrificiumzelolypiœ. Num., v, 11-31. — Quand une femme étaitconvaincue d’adultère, elle encourait la peine de mort.Lev., xx, 10: Deut., xxii, 22; Joa., viii, 5. Quand elleétait seulement soupçonnée de ce crime, voici commenton devait procéder. Le mari citait sa femme devant leprêtre, qui offrait un sacrifice spécial à ce cas particulier, le «sacrifice de jalousie». Au cours de cette cérémonie, le prêtre prenait de l’ «eau sainte», c’est-à-direpuisée dans les vases du sanctuaire, et y mêlait «un peude poussière du sol du Tabernacle». Cette poussièreservait probablement à symboliser la pénitence et l’humiliation.Voir Cendre, col. 407, 2°. L’eau et la poussièreétaient recueillies dans le Tabernacle, pour indiquerl’intervention du Seigneur dans la révélation et lechâtiment du crime. L’adultère, en effet, intéressait d’autantplus la justice divine qu’il était le symbole de l’idolâtrie, de même que le mariage était celui de l’union deJéhovah avec la nation d’Israël. Le prêtre prononçaitensuite une malédiction qui appelait le châtiment surla femme coupable: «. Que le Seigneur fasse de toi unobjet de malédiction et un exemple pour tout son peuple; qu’il fasse que ta hanche tombe, et que ton ventre segonfle; que les eaux maudites entrent dans ton ventre, que ton sein se gonfle et que ta hanche tombe.» Num., îv, 21-22 La maladie ainsi appelée sur la femme coupableétait une sorte d’hydropisie, qui la rendait radicalementincapable de remplir désormais les devoirs qu’elleavait trahis. L’eau maudite semblait ainsi s’arrêter dansle corps pour le défigurer, et le châtiment se trouvaitêtre en rapport avec le crime. La femme répondait pardeux fois: Amen! comme pour se vouer elle-même à lajustice divine si elle était coupable. Alors le prêtre écrivaitla formule de malédiction sur un morceau de papyrusou d’autre matière appropriée, délayait cette écrituredans l’eau de jalousie, et faisait boire cette eau à la femmesoumise à l’épreuve. Saint Paul fait probablement allusionà cet usage quand il dit que le communiant indigne «mange et boit son jugement». I Cor., xi, 29. Le textede la loi mosaïque ajoute enfin que, si la femme est coupable, l’effet annoncé se produira sur elle. Num., v, 12-31.

— Ce rite avait pour but de calmer les doutes du maiet d’assurer la paix à la femme, au cas où celle-ci n’avaitrien à se reprocher. Mais, si l’adultère existait réellement, les menaces formulées par la Loi se réalisaient-ellestoujours? Certains auteurs ne veulent reconnaîtredans ce rite qu’une menace, ou tout au plus un appelsolennel à la justice divine, destiné à effrayer la coupableet à lui faire avouer son crime. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 205. Moïse n’aurait prescrit alors qu’une sorted’ordalie ou jugement de Dieu, analogue aux épreuvestentées pour la recherche de l’adultère chez les ancienspeuples, Rosenmûller, Das aile und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. ii, p. 226; Winer, Biblisches Reahvôrterbuch, Leipzig, 1833, t. i, p. 356, et souvent encorechez des peuples postérieure au christianisme. Ilergen

roither, Histoire de l’Église, trad. Bélet, Paris, 1886, "t. iii, p. 156-159. Mais si Moïse avait voulu se contenterd’une menace, il n’aurait pas présenté comme certainl’effet de la malédiction; or il proclame sans restrictionque la maladie annoncée se produira si la femme estcoupable, tandis qu’au contraire, si cell^-ci n’a rien à sereprocher, elle n’éprouvera aucun mal et aura des enfants.Num., v, 27, 28. Josèphe, Ant. jud., III, xi, 6, dit formellementde la femme adultère qu’à la suite de l’épreuve «elle subit une mort ignominieuse, la jambe lui tombantet l’eau remplissant son ventre». D’après la Mischna, Sotah, iii, 4, l’effet de l’eau maudite pouvait se faireattendre un, deux ou trois ans. — Il est de toute évidenceque Moïse n’entend pas attribuer à l’eau de jalousie laproduction de la maladie. Celle-ci ne peut être due qu’àune intervention directe de la justice divine. Cette interventions’est manifestée sous trop de formes diverses, dans l’Ancien Testament, pour qu’on puisse en contesterla possibilité, ni surtout en nier la réalité quand la SainteÉcriture l’affirme ou la suppose. Il est à remarquer toutefoisque le cas prévu par la loi mosaïque n’a pas dû seproduire très fréquemment. Le plus souvent l’adultère, déjà rare par lui-même à raison de la grave pénalité quile frappait, était manifeste; ou bien la femme coupableavouait, plutôt que d’encourir la honte d’être traînéepubliquement devant les prêtres et d’ajouter un parjureà son premier crime. Le rite mosaïque devait donc s’accomplirle plus souvent en faveur d’épouses injustementsoupçonnées. Il est possible aussi que l’Intervention divine, primitivement constatée dans les anciens temps, ne se soit plus produite aussi rigoureusem*nt par la suite, quand d’autres lois graves, par exemple celle de la peinede mort portée contre l’adultère, tombaient elles-mêmesen désuétude ou cessaient de pouvoir être appliquées.Dans les derniers temps, les rabbins s’appliquèrent d’ailleursà restreindre l’application de cette prescription, enopposant certaines difficultés au témoignage de ceux quifaisaient planer un soupçon d’adultère sur une femme, en exemptant de l’épreuve de nombreuses classes de personnes, enlin en stipulant que le rite mosaïque ne pourraitêtre célébré qu’en présence du grand sanhédrin.Sotah, i, 4; vi, 2-5. Cf. Bàhr, Symbolik des tnosaischenCultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 441-447.

H. Lesêtre.

3. EAUX DE CONTRADICTION (hébreu: Mê Meribah; Septante: tô û8a>p àvtiXo-ft’oç; Vulgate: Aquse contradietionis), nom d’une des stations des Israélites audésert de Sin. — Parvenus près de Cadès, au désert deSin, vers le nord-est de la presqu’île Sinaïtique, lesIsraélites se révoltèrent contre Moïse et Aaron, parce quel’eau leur faisait défaut. Le Seigneur commanda alorsà Moïse de frapper un rocher avec sa verge, afin d’enfaire jaillir l’eau. Moïse frappa le rocher par deux fois.Ce double coup de verge impliquait certainement unmanque de confiance de la part de Moïse, car le Seigneurl’en reprit et lui signifia qu’à raison de sa conduiteen cette circonstance il n’introduirait pas le peuple dansla Terre Promise. Quant à l’endroit lui-même, il reçutdu Seigneur le nom de Mê Merîbâh, c’est-à-dire «Eauxde la révolte», pour perpétuer le souvenir de l’ingratitudeet du soulèvement des Israélites. Num., xx, 1-13, 24.La Sainte Écriture rappelle à plusieurs reprises cet événement.Num., xxvii, 14; Deut., xxxii, 51; xxxiii, 8; Ps. lxxx, 8; cv, 32; Ezech., xlvii, 19; xlviii, 28.Sur le site de Mê Merîbàh, voir plus haut, col. 15-22.

— Déjà, au commencement du voyage, une scène analogues’était produite près de Raphidim, au nord duSinaï, vers lequel les Hébreux se dirigeaient à ce moment.L’eau manquant, Moïse avait reçu l’ordre de frapperdé sa verge le rocher d’Horeb, et, en souvenir desmurmures du peuple, l’endroit avait reçu le double nomde Massâh û-Meribâh, Massah et Meribah, c’est-à-dire «Tentation et Révolte». Exod., xvii, 1-7. Cf. Deut., vi, 16;

rx, 22; Ps. xcv (xciv), 9; cf. Hebr., iii, 8. Quelquesauteurs ont voulu voir dans ces deux récits une doublenarration d’un même fait. Mais la Sainte Écriture lesdistingue nettement l’un de l’autre. Près de Raphidim, la localité reçoit deux noms: Massa et Meribali, IIsipairiiô; xai AotSâpi)niç (la Vulgate ne reproduit que lepremier nom, Tentatio), près de Cadès, elle ne reçoitque le nom de Meribah, et, pour bien le distinguer dupremier, le texte sacré a soin d’y ajouter la mention «près de Cadès». Num., xx, 13, 21; Deut., xxxiii, 8, etc.D’autre part, il n’est nullement étonnant que, dans unpareil désert, on ait manqué d’eau à plusieurs reprises, et que, pour en procurer à son peuple, Dieu ait accomplipar deux fois le même miracle. Le rocher de Massa etMeribah se trouvait à Raphidim, dans l’ouadi Feiranactuel (voir Raphidim), mais on a essayé en vain de leretrouver; celui que les moines grecs du couvent dumont Sinaï montrent aux pèlerins n’est pas dans la régionoù le place l’Exode. Voir Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 482-486.

H. Lesêtre.

ÉBAL (hébreu: ’Êbâl), nom d’un Jectanide, d’unHorréen et d’une montagne de Palestine.

1. ÉBAL (hébreu: ’Ôbâl, Gen., x, 28; ’Êbâl, I Par., i, 22; Septante: EùdA, Gen., x, 28; TeiJiiâv, I Par., i, 22; omis dans ce dernier passage par le Codex Valicanus; Vulgate: Ebal, Gen., x, 28; Hebal, I Par., i, 22), huitièmefils de Jectan, descendant de Sem. Gen., x, 28; I Par., i, 22. L’orthographe du nom offre des variantesdans le texte primitif et les versions. Ainsi la Genèseécrit: Sa^y, ’Obâl, suivie en cela par la paraphrase chaldaïque, les versions syriaque et arabe. Le texte des Paralipomènes, I, 22, porte ba>y, ’Êbâl, imité par la Vulgate;

on trouve cependant onze manuscrits avec’Obâl. Cf.B. Kennicott, Vet. Testam. heb. cum variis lect., Oxford, 1776-1780, t. ii, p. 644. Les manuscrits grecs ou sontincomplets ou donnent deux noms dissemblables, bienque la première lettre de F£|itàv représente le’aïn oul’aspiration du mot hébreu. On lit "H6a).o; dans Joséphe, Ant. jud., i, vi, 4. — Il s’agit ici d’une tribu arabe occupantle sud de la péninsule, mais dont le territoire n’estpas encore exactement connu. Bochart, , Phaleg, lib. ii, cap. xxjii, Cæn, 1646, p. 139-144, guidé par la similitudedes noms, l’a identifiée avec celle des Avalites, habitantsur la côte africaine, au-dessous du détroit de Bab el-Mandeb, les environs du golfe appelé d’après eux SinusAbalites ou Avalites, Pline, vi, 29; Ptolémée, iv, 7.A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Giessen, 1850, p. 189, l’assimile avec plus de vraisemblance auxGébanites de Pline, vi, 32, établis à l’ouest du cantond’Uzal, sur les bords de la mer, avec Tamna pour capitale.Il est facile, en effet, de rapprocher les deux noms.Certaines éditions des Septante et quelques auteurs anciensont Vmil au lieu de’Êbdl. Même en maintenantl’orthographe hébraïque, on explique par de nombreuxexemples la transformation de 1’'aïn en y: c’est ainsi que’Azzâh est devenu Tàja; ’Amôrâh, rôjioppa; Sô’dr, Sd-fopa; Ra’mâh, ’Peyh «i etc. Le mont’Êbâl, qui s’écritexactement de même, est appelé Taiêik par les Septante, Deut., xi, 29; Jos., viii, 30, 33 (Voir Hébai.). D’un autrecôté, rien de plus commun que la permutation entre leslettres l et n. On peut donc admettre sans trop de difficultécette assimilation: ’Êbâl = Geban - Use. Telle estl’opinion de Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1881, t. i, p. 285. Ébal représenterait ainsi unetribu du sud-ouest de l’Arabie; ce qui d’ailleurs concordebien avec la situation ou certaine ou probable des peupladessœurs, Aduram, Uzal, Décla. Voir Décla, Uzal.D’après Halévy, cité par A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 6e édit., 1892, p. 199, ’Abil est encore aujourd’hui dansle Yémen le nom d’un district et de plusieurs localités.

On a retrouvé mentionnée dans les inscriptions sabéennesune «tribu de Gaban». Cf. J. Halévy, Inscriptions sabéennes, dans le Journal asiatique, juin 1872, p. 497.

A. Legendre.

2. ÉBAL (hébreu: ’Êbâl; Septante: ra16V)>, TutS^X), troisième fils de Sobal, un des descendants de Séir l’Horréen.Gen., xxvi, 23; I Par., i, 40.

3. ÉBAL, montagne de Palestine, dont le nom est toujoursécrit Hébal dans la Vulgate. Voir Hébal.

ËBED (hébreu: ’Ébéd, «serviteur,» sous-entendu: de Dieu), nom de deux Israélites. La Vulgate écrit leurnom Obed et Abed. Voir ces mots. — Le mot’ébéd entreaussi comme élément composant dans’Ebéd-mélek, eunuquedu roi Sédécias. Il est appelé Abdémélech dais laVulgate. Voir Abdémélech, t. i, col. 20.

ÉBEN. Le mot hébreu’Êbén, «pierre,» sert à désignerplusieurs noms de lieux où l’on avait élevé un monumentpour perpétuer la mémoire de certains événements: ’Ébén-Bôhan (Vulgate: Aben-Bohen); hâ’-Ébénhâ-’Ézél(Vulgate: lapis cui nomen est Ezel); ’Ebénhâ-Ézér(Vulgate: Lapis adjutorii); ’Ébén-haz-Zôhélét(Vulgate: Lapis Zoheleth). Voir Aben-Bohen, 1. 1, col. 34; Ében-Ézer, col. 1526; Ezel; Zoiiéleth.

ÉBÈNE. Hébreu: hôbnîm (ketib); hobnim (keri); Septante: toc; etaafofiivoi; ; Vulgate: hebeninos.

I. Description. — Ce nom désigne plusieurs sortesde bois usités dans les arts et remarquables autant parleurs teintes foncées que par leur extrême dureté. Cettedernière qualité permet de leur donner un poli parfait, qui ne laisse apercevoir aucune trace des fibres et rivaliseavec celui d’un miroir (fig. 507). Les arbres qui produisentl’ébène habitent les régions tropicales du monde entier; cependant les plus estimés, et les seuls anciennementconnus des Orientaux, viennent de l’Inde ou des îlesafricaines de l’océan Indien. Presque tous appartiennentau genre Diospyros, de la famille des Ebénacées, gamopétalesdioïques, à fruit charnu et pluriloculaire. Lachair conserve ordinairement jusqu’à la maturité la plusavancée une saveur âpre, qui la rend médiocre commecomestible; aussi l’intérêt réside-t-il spécialement dansle bois parfait, qui, une fois dépouillé des couches del’aubier, épaisses et blanchâtres, se montre d’une densitéet d’une finesse incomparables, avec des nuancesatteignant le plus beau noir. L’espèce principale est leDiospyros Ebenum, arbre de dix à quinze mètres, quicroit à Ceylan, en Malaisie et aux îles Mascareignes.

F. Hy.

II. Exégèse. — Dans son oracle contre Tyr, Ézéchiel, xxvii, 15, mentionne les habitants de Dedan (voir Dadan 1, col. 1202) comme venant apporter sur les marchés decette ville des dents d’ivoire et des hobnim. Ce nomd’origine étrangère désigne l’ébène; il s’est conservé dansl’i'ësvoc grec et Vebenus, hebenum latin. En égyptien,

on l’appelait aussi [j I *, habni. Saint Jérôme, dans

sa traduction de la Vulgate, Ezech., xxvii, 15, a bien vuqu’il s’agissait d’ébène, mais il a rapporté faussem*nthebeninos à dentés, qui précède. Symmaque a renduexactement, ëëevou; , en conservant la forme plurielle dutexte hébreu, qui paraît désigner des morceaux de boisd’ébène. L’arabe, le persan, abnus, nom emprunté àl’Inde. Si les Septante ont traduit par toÎc; cïtToefopiévoi; , c’est qu’ils ont lu probablement: cisa’D «à ceux qui

sont introduits» ou 3>ns’t «à ceux qui entrent». L’ivoire

et l’ébène sont souvent réunis, comme ici, dans les descriptionsque font les anciens du commerce de l’Inde oude l’Ethiopie. Bochart, Hierozoicon, part. 2, lib. i, c. 20, Opéra, 1692, t. iii, p. 141. Ce bois a toujours été fort

estimé. Théophraste, Hist. plant., iv, 5; Pline, H. N.?xii, 8. Dès le temps des pyramides, on l’employait enEgypte pour faire des statuettes, des coffres, des palettesde scribes, des objets de toilette, etc., comme on peutle voir dans les divers musées d’antiquités égyptiennes.Sous l’ancien empire, l’ébénier paraît avoir été cultiverautour de Memphis. Mais dés la XVIIIe dynastie on était

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507. — Hameau, fleurs et fruit de l’ébénier.

obligé d’aller chercher l’ébène au loin, par exemple au.pays des Somalis. *Du temps de Virgile, Georg., ii, 115, les Romains le tiraient de l’Inde:

Sola India nigrum

Fert ebenum.

Cependant Pline, H. N., xii, 8, parle aussi de l’ébèned’Ethiopie, tout en constatant que l’ébénier y était raredepuisSyène, limite de l’empire, jusqu’à Méroé».Lucain, Phars., x, 304, et Diodore de Sicile, i, 19, ledisentabondant dans l’Ile de Méroé. E. Levesque.

    1. ÉBEN-ÉZER##

ÉBEN-ÉZER (hébreu: hâ-’Ébén hâ-’Ézér, avecl’article devant les deux mots, «la Pierre du Secours,» I Reg., iv, 1: ’Ébén hâ-’Ézér, I Reg., v, 1; à la pause, ’Ébén hâ-’Azër, I Reg., vil, 12; Septante: ’AêevéÇep, Codex Alexandrinus: ’AëevvéÇî?, I Reg., IV, 1; CodexValicanus, ’AëEwVjp; Cad. Alex., ’AêsvvlÇïp, I Reg., v, 1; Vulgate: Lapis Adjutorii, dans les trois passages), nom de l’endroit où Samuel éleva une pierre commémorative, pour rappeler la victoire que Dieu lui fit remportersur les Philistins. I Reg., vii, 12. Vingt ans auparavant, les Israélites y avaient campé, au moment desoutenir contre les mêmes ennemis un combat danslequel ils furent vaincus. I Reg., iv, 1. L’arche d’alliance, qui y avait été apportée de Silo, fut prise par les vainqueurset transportée à Azôt. I Reg., v, 1. Dans ces deuxderniers passages, le nom est mis par anticipation; c’estainsi que plusieurs localités sont mentionnées dans la.

Bible sous l’appellation qu’elles eurent plus tard, maisqu’elles n’avaient pas à l’époque des événements racontés; par exemple: Hortna, Num., xiv, 45; xxi, 3, etc.

La situation d’Ében-Ézer est certainement un des plusdifficiles problèmes de la topographie biblique, parcequ’il n’a guère que des inconnues. Voici, en elfet, quellessont les données de l’Écriture. — 1° Cet endroit se trouvaitnon loin iï Aphec, mais un peu au-dessus ou plusavant dans le territoire d’Israël par rapport au pays desPhilistins, puisque les deux camps ennemis étaient enface l’un de l’autre: celui des Hébreux à Ében-Ézer, «elui des adversaires à Aphec. I Reg., iv, 1. — 2° Il étaitau-dessous, c’est-à-dire au sud ou au sud-ouest de Masphath, puisque le peuple de Dieu, vainqueur plus tardà son tour, poursuivit les Philistins depuis cette ville «jusqu’au lieu qui est au-dessous de Bethchar», évidemmentdans la direction de la Séphéla. I Reg., vii, 11.

— 3° Et c’est «entre Masphath et Sen» que Samuel plaça «la Pierre du Secours», en disant: «Le Seigneur estvenu jusqu’ici à notre secours.» I Reg., vii, 12. — 4° Enfinla distance qui le séparait de Silo ne devait pas être trèsconsidérable, puisqu’un courrier, parti à la fin du combat, put arriver dans cette ville «le jour même», avant la nuit.

I Reg., iv, 12, 13, 16, 17. La position d’Ében-Ézer est doncà chercher entre Masphath d’un côté, Sen, Aphec et Bethcharde l’autre. Or Masphath ou Maspha, localité de la tribude Benjamin, est elle-même l’objet de discussions entre lespalestinologues. Robinson, Biblical Besearches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 460, l’identifie avec le villageactuel de Nébi Samouïl, au nord-ouest de Jérusalem."V. Guérin, Judée, 1. 1, p. 395, l’assimile à Scha’fat, situéplus bas, directement au nord de la ville sainte. Enfinune opinion récente la rejette bien plus haut, jusqu’àEl-Biréh. Cf. L. Heidet, Maspha et les villes de Benjamin, Gabaa, Gabaon et Béroth, dans la Bévue biblique, Paris, 1894, p. 321-356. Sen (hébreu: hds-Sên, «ladent» ) semble indiquer un rocher pointu ou un villagesitué sur une sorte de pic; mais sa position est inconnue.On ignore également l’emplacement exact d’Aphec «t de Bethchar. — Dans la tradition, nous n’avons à releverque le témoignage d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 96, 226, quiplacent À bénézer «entre iElia et Ascalon, près de Bethsarnès» (aujourd’hui’Aïn Schems, au sud-ouest de Jérusalem).

Sur ces bases, quelles conjectures établir? Voici lesdeux principales opinions. — 1° M. Conder et M. Clermont-Ganneaucroient pouvoir reconnaître Ében-Ézerdans Deir Abân, à trois milles (environ cinq kilomètres)à l’est d’Aïn Schems. Si le premier mot Deir, «couvent,» nous reporte à une origine chrétienne, le second rappellebien l’un dés éléments du nom biblique. Ensuite, aupoint de vue topographique, cette identification sembleconcorder assez exactement avec le récit sacré, d’aprèslequel les faits mentionnés I Reg., iv, v, vi, vii, se passèrentsur les confins du pays philistin. Enfin elle estconforme au sentiment d’Eusèbe et de saint Jérôme.Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1876, p. 149; 1877, p. 154-156. Laissant de côté les autresassimilations proposées pour Maspha = Khirbet Schoufa, Bethchar =’Aqour, Aphec = Belled el-Foqâ, qui n’oatguère de fondement solide, on peut faire à cette hypothèseles reproches suivants. En supposant que le rapprochementonomastique soit suffisamment établi, ladistance qui sépare Deir Abân de Maspha (Nébi Samouilou Scha’fat, vingt ou vingt-cinq kilomètres) justifiet-ellela phrase de l’Ecriture: «Entre Masphath et Sen?» Les locutions de ce genre dans la Bible indiquent ordinairementdes localités plus rapprochées, par exemple: «entre Béthel et Haï,» Gen., xiii, 3; «entre Rama etBéthel,» Jud., iv, 5, etc. Mais la difficulté est plus grandeencore lorsqu’il s’agit du chemin de Deir Abân à Silo.

II n’y a pas moins de quarante-huit kilomètres entre les

deux endroits, et cependant le messager qui porta à Hélila nouvelle du désastre arriva «le jour même», c’est-à-direle soir de la bataille. I Reg., IV, 12. Comme il nepartit pas avant la fin du combat, ꝟ. 16, 17, et qu’il étaità Silo avant la nuit, ꝟ. 13, il est permis de regarder laroute comme trop considérable, même pour un bon coureur.

2° W. F. Birch et Th. Chaplin placent plus haut lechamp de bataille. Acceptant l’identification de Maspha =Nébi Samouïl, ils cherchent Sen à Deir Yesin, à cinqkilomètres vers le sud, et dont le nom répond exactementau Belh-Yasan des versions syriaque et arabe. Ében-Ézerest, pour le premier, Khirbet Samouïl, à seize centsmètres au sud de Nébi Samouïl, et, pour le second, BeitJksa, un peu plus bas: tous deux reconnaissent Aphecdans Kûsiûl ou Qastal, localité située au sud-ouest desprécédentes et au nord-ouest de Deir Yesin. Cf. PalestineExpl. Fund, Quart. Statement, 1881, p. 100-101; 1882, p. 262-264; 1888, p. 263-265. M. Chaplin, Quarterly Statement, 1888, p. 263 265, a montré comment on pourraitadapter au récit biblique les différents points de cettetopographie. Voir Aphec 3, t. i, col. 728-729. Si cettehypothèse s’éloigne de la tradition conservée par Eusèbeet saint Jérôme, elle rapproche à une distance convenableÉben-Ézer et Silo. Elle aussi cependant repose surdes conjectures qui sont loin de donner une solutionpleinement satisfaisante au problème que nous venons

d’exposer.

A. Legendre.

ÉBER. Nom de cinq personnages ("îay, ’ébér), dont

le nom est toujours écrit dans la Vulgate Heber. VoirHéber.

    1. ÉBIONITES##

ÉBIONITES (ÉVANGILE DES). Voir Hébreux(Évangile des).

    1. ÉCAILLE##

ÉCAILLE (hébreu: qaiqéiéf; Septante: Xeitf; ; Vulgate: squama), ensemble de lames minces et plates quicouvrent le corps de la plupart des poissons. — 1° Lesécailles des poissons sont mentionnées Lev., xi, 9, 10, 12, et Deut., xiv, 9, 10. Moïse permet de manger les poissonsqui ont des nageoires et des écailles, et interdit demanger ceux qui n’en ont pas. — 2° Ézéchiel, xxix, 4, comparant le roi d’Egypte à un crocodile, lui attribuemétaphoriquement des écailles, comme à cet amphibie.

— 3° Dans un sens figuré, les lamelles de métal de lacotte de mailles de Goliath sont désignées sous le nomd’écaillés (Vulgate: lorica squamata), I Sam. (I Reg.), xvii, 5. Voir Cotte de mailles, col. 1057. — 4° L’espècede taie qui tomba des yeux de saint Paul aveugle, lorsqu’ileut reçu le baptême et recouvra la vue, est comparéeà des écailles. Act., ix, 18. — Dans la Vulgate, Job, xli, 6, il est question des écailles (squamis) des crocodiles.Le texte original ne les désigne qu’indirectement, Job, xli, 7, en parlant du «fort bouclier» du crocodile.F. Vigouroux.

    1. ÉCARLATE##

ÉCARLATE, couleur d’un rouge vif. Les Hébrenxne distinguaient pas rigoureusem*nt les nuances descouleurs. De là vient que le même mot est rendu de différentesmanières par les divers traducteurs, selon qu’ilsjugent que la couleur dont il est question dans le textese rapproche davantage de telle ou telle nuance. Ainsil’hébreu sânî, Septante: xôxxivov; Vulgate: coccinum, est rendu dans les versions françaises tantôt par «écarlate», tantôt par «cramoisi». Il paraît désigner plutôtl’ëcarlate que le cramoisi, dont le rouge est plus sombre, dans Is., i, 18, etc. Voir Cochenille, col. 816-817; Couleurs, col. 1066.

    1. ECBATANE##

ECBATANE (chaldéen: ’Ahmefâ"; grec: ’Exgxrava; on trouve aussi dans les historiens grecs l’orthographe’AySâTav*, Hérodote^ I, 98; II, 153; Ctésias, dans Dio1529

ECBA’TÂNË

1530

dore de Sicile, II, xiii, 5), nom de deux villes de Médie, dont l’une était la capitale de la Médie du Nord ou MédieAtropatène; l’autre, située plus au sud, était la capitalede la grande Médie.

1. Ecba.ta.ne du nord. — I. Description. — L’Ecbatanedu nord est la capitale du royaume de Cyrus, la «citéaux sept murailles» dont parle Hérodote, i, 98-99; Il, 153. La plus ancienne description de cette ville nousest donnée par le Zendavesta, Vendidad, Fargard II.Cf. De Harlez, Avesta, t. i, p. 96-98. Elle est représentéecomme une ville fortifiée et très peuplée. Hérodoteen attribue la fondation au roi Déjocès. D’après lui, les sept murailles qui entouraient la ville se dépassaientl’une l’autre de la hauteur des créneaux. Ces créneauxétaient de diverses couleurs; les premiers, en commençantpar l’extérieur, étaient de pierres blanches, ceux de

O 100 ZOO 300mÀtres

[[File: [Image à insérer]|300px]]
508. — Bulnes de Takti - Soleiman.

la muraille suivante de pierres noires, ceux de la troisièmecouleur de pourpre, ceux de la quatrième bleus, ceux de la cinquième rouge de sardoine. Quant aux deuxderniers murs, ils étaient plaqués l’un d’argent, l’autred’or. Hérodote, i, 98. Le livre de Judith, I, 1-4, donneaussi une description de l’Ecbatane du nord. «Arphaxadentoura Ecbatane de murailles de pierres de taille de troiscoudées de largeur et de six coudées de longueur, et iléleva les murs à la hauteur de soixante-dix coudées etleur largeur fut de cinquante coudées. Il flanqua lesportes de tours de cent coudées de haut; leurs fondationsavaient soixante coudées de large. Il construisit aussides portes; elles s’élevaient à la hauteur de soixante-dixcoudées; leur largeur était de quarante coudées, pourla sortie des troupes et pour la mise en ordre de batailledes fantassins.» Plusieurs commentateurs ont identifiél’Arphaxad dont il est question ici avec le Déjocès d’Hérodote.Cf. Gillet, Judith, in-8°, Paris, 1879, p. 74, maisc’est à tort. Le mot grec <j>xo8d(jiï)<7s, comme le mot latinxdificavit qu’emploie la Vulgate, comme le mot hébreubânâh, dont ils sont la traduction, ont aussi le sensde rebâtir, de reconstruire, d’agrandir. Cf. Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, t. i, p. 215. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., in-12, Paris, 1891, t. iv, p. 568-569. Arphaxad, quiest très vraisemblablement le même que Phraorte, reconstruisitet agrandit Ecbatane. Voir Arphaxad, t. i, col. 1029-1031.

L’Ecbatane du nord a été identifiée par les géographesavec le lieu appelé Takti-Soleiman, que Moïse de Chorène, Hist. Armen., ii, 84, appelle la seconde Ecbatane, la cité aux sept, murailles. À cet endroit se trouve uneéminence conique couverte de ruines massives et d’un. caractère tout à fait primitif. On y voit une enceinte ovale

formée de larges blocs de pierres carrés (fig. 508). On yremarque un bassin irrégulier rempli d’une eau limpide etagréable au goût dont la source est cachée. La collinen’est pas~ entièrement isolée. De trois côtés, au sud, àl’ouest et au nord, la pente est assez raide, mais â l’estil y a peu de différence entre le niveau de la colline etcelui du plateau voisin. Quoique les ruines soient nombreuseson ne trouve aucune trace de remparts autresque celui que nous venons d’indiquer. H. Rawlinson, dansle Journal of Ihe geogr. Society, t. x, 1841, p. 46-53. Cf.Id., The History of Herodotus, 2e édit., in-8°, Londres, 1862, t. i, p. 185. L’Ecbatane du nord resta une placeforte jusqu’au xiii» siècle après JésusChrist. Sa décadencecommença à l’invasion moeole et sa ruine totale

oque’uine)

[[File: [Image à insérer]|300px]]
509. — Plan de la ville d’Hamadan.

date du xv» ou du xvi" siècle. H. Rawlinson, Journal ofthe geographical Society, t. x, p. 49.

IL Ecbatane dans l’Écriture. — L’Ecbatane du nordn’est point nommée dans les livres prolocanoniques del’Ancien Testament, mais elle l’est plusieurs fois dansles livres deutérocanoniques. Le livre de Judith, i, 1-4, en donne la description, comme on vient de le voir. Lelivre de Tobie en parle à plusieurs reprises. C’est là quedemeuraient Raguel et sa fille Sara, qui devint l’épousedu jeune Tobie, iii, 7 (texte grec; la Vulgate porte Ragesdans ce passage, mais c’est par erreur, comme le montrela suite du récit). Là se passèrent les événements racontésdans Tobie, iii, vii-vm. Cf. aussi le texte grec, vi, 6.Après la mort de ses parents, Tobie alla y habiter avecSara et ses enfants, et c’est là qu’il mourut. Tobie, xiv, 14-16. La Vulgate ne nomme pas Ecbatane dans son récit, mais le texte grec la désigne expressément, XIV, 12, 14.— Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique, t. iv, p. 553; H. Rawlinson, dans le Journal of the geographicalSociety, t. x, 1841, p. 65-158; Gutberlet, BasBuch Tobias, in-8°, Munster, 1877, p. 117-119, 200.

2. Ecbatane du sud. — 1° Il est question dans I Esdras, VI, 2, d’une ville dont la Vulgate traduit le nom parEcbatane. Il s’agit ici, selon toutes les probabilités, del’Ecbatane du sud, capitale de la grande Médie, quoiquedivers commentateurs y voient l’Ecbatane du nord. C’estlà que fut trouvé le volume sur lequel était inscrit ledécret par lequel Cyrus permettait aux Juifs de reconstruirele temple de Jérusalem. I Esdr., vi, 30. Le texteoriginal désigne la ville sous le nom de’Ahmetà*, les Septantetraduisent par iv nôXti, et selon plusieurs manusPage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/798 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/799

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